• volsunga saga

    ... lors du bain.

    Un jour où les reines allèrent se baigner à la rivière, Brunehilde avança loin dans le courant. Gudrun lui demanda ce qu'elle voulait signifier ainsi.

    Brunehilde dit : "- Et bien, pourquoi devrais-je être ton égale pour cela plus que pour le reste ? Je suis fondée à penser que mon père est plus puissant que le tien, et que mon véritable amour a accompli de nombreux exploits fort glorieux, et a en plus chevauché dans les flammes, tandis que ton mari n'était que le thrall du roi Hjalprek."

    C'est pleine de colère que Gudrun répondit : "- Tu te montrerais plus sage, si tu voulais vraiment maintenir la paix, plutôt que d'insulter mon époux. Et si l'on en croit ce qui se dit partout, il n'y a jamais eu dans ce monde un homme meilleur que lui, dans tous les domaines. Et il te sied peu de te moquer de lui, qui a été ton premier amour. Il a tué Fafnir, tout de même, et chevauché à travers ton feu, bien que tu aies cru qu'il s'agissait du roi Gunnar. Et il s'est couché à tes côtés, et a pris de ta main l'anneau Andvarinaut. Tu peux le voir distinctement à mon doigt."

     

    Sigurd donne Andvarinaut à Gudrun. Franz Stassen.

     Sigurd donne Andvarinaut à Gudrun. Franz Stassen.

     

    Alors Brunehilde vit l'anneau et le reconnut, et devint pâle comme une morte, retourna chez elle et ne dit plus mot de la soirée.

    Lorsque Sigurd rejoignit Gudrun au lit, elle lui demanda pourquoi Brunehilde avait perdu tout entrain.

    Il répondit : "- Je ne sais, mais j'ai l'impression que nous ne le saurons que trop bien dans peu de temps."

    Gudrun dit : "- Pourquoi n'aimerait-elle pas sa vie, elle a des richesses et de la joie, et l'éloge de tous, et l'homme qu'elle mérite ?"

    "- Ah oui ! dit Sigurd, et où qu'elle fût dans le monde, ne disait-elle pas qu'elle pensait avoir le plus noble des hommes, et le plus cher à son cœur ?"

    Gudrun répondit : "- Demain matin, je l'interrogerai à ce sujet, pour savoir qui est le plus souhaitable des hommes comme mari pour elle."

    Sigurd dit : "- Je dois te l'interdire formellement, et tu le regretteras à coup sûr amèrement si tu fais cela."

    Le lendemain matin, elles s'assirent dans le boudoir, et Brunehilde resta silencieuse. Alors Gudrun parla : "- Sois heureuse, Brunehilde ! Es-tu chagrine à cause de cette conversation que nous avons eue toutes deux, ou une autre raison a-t-elle anéanti ton bonheur ?

    Brunehilde répondit : "- Tu dis cela avec nulle autre intention que de nuire, car tu as un cœur cruel."

    "- Ne dis pas cela, dit Gudrun, mais raconte-moi plutôt toute l'histoire."

    "- Tu ne demandes de telles choses que parce qu'il te serait agréable de les connaître. Ces sujets intéressent les dames puissantes. Les bonnes choses sont agréables à aimer lorsque tout se déroule selon les désirs de son cœur."

    Gudrun dit : "- Il est trop tôt pour moi pour en tirer gloire. Mais tes mots semblent provenir de quelque prescience. Quel mal nous souhaites-tu ? Je n'avais pas l'intention de te blesser."

    Brunehilde répondit : "- Tu devras forcément payer, pour avoir gardé Sigurd pour toi. Parce que je ne te vois en aucune façon vivre dans le bonheur, bien que tu l'aies, lui, ainsi que sa richesse et sa puissance."

    Mais Gudrun répondit : "- Je ne savais rien alors de vos paroles et de vos engagements. Et mon père n'a probablement pas organisé mon mariage sans traiter avec toi auparavant."

    "- Nous n'avons eu aucun secret, rétorqua Brunehilde, bien que nous ayons échangé des serments, et tu savais certainement que tu étais sur le point de me trahir. En vérité, tu en récolteras les fruits."

    Gudrun dit : "- Tu es mieux mariée que tu ne le mérites. Mais ton orgueil et ta rage doivent être difficile à souffrir, et c'est beaucoup à payer, pour un homme."

    "- Ah, je serais fort contente, dit Brunehilde, si tu n'avais le plus noble des hommes !"

    Gudrun répondit : "- Tu as un mari de si grande valeur, qui connaît un plus grand roi ou un seigneur avec de plus grandes richesses ?"

    "- Sigurd a tué Fafnir, et rien que cela est plus glorieux que toute la puissance du roi Gunnar."

    Comme le dit la chanson :

    "Sigurd tua le Ver

    Et cette prouesse

    Est à l'épreuve du temps

    Tant que le monde durera.

    Mais ton frère le roi

    N'a pas osé, n'a pas avancé

    Pour chevaucher sur les flammes

    Pour traverser le feu."

    Gudrun répondit : "- Grani n'a pas voulu porter le roi Gunnar à travers les flammes, mais Sigurd a pu le faire, et ton cœur devrait se dispenser de te moquer de lui."

    Brunehilde répondit : "- Il n'entre pas dans mes intentions de cacher que je ne veux aucun bien à Grimhild."

    Gudrun dit : "- Non, ne dis aucun mal d'elle, car en toutes choses, elle se comporte avec toi comme avec sa propre fille."

    "- Ah, dit Brunehilde, elle est à l'origine de cette histoire qui tourne mal. Elle a servi une boisson maléfique à Sigurd, de manière qu'il en oublie jusqu'à mon nom."

    "- Tout le mal que tu pourras en dire est un mensonge éhonté !", rétorqua Gudrun.

    Brunehilde répondit : "- Puisses-tu avoir avec Sigurd une joie à la mesure des moyens grâce auxquels tu m'as trompée ! Tu as bassement conspiré contre moi. Que tout se passe pour toi ainsi que mon cœur l'espère !"

    Gudrun dit : "- J'aurai plus de joie avec lui que tes vœux ne m'en souhaitent. Mais il n'est venu à l'esprit de personne qu'il ait pris son plaisir avec moi avant l'heure. Pas une seule fois."

    "- Tu tiens des discours venimeux, dit Brunehilde, lorsque t'emporte ta colère, que tu vas regretter. Mais viens maintenant, cessons de nous jeter des paroles furieuses l'une à l'autre !"

    "- Tu as été la première à me lancer de tels mots, et maintenant, tu fais comme si tu voulais les retirer, mais un cœur dur et cruel et dur se cache derrière."

    "- Laissons derrière nous ces vains bavardages, dit Brunehilde. Longtemps je suis restée en paix au sujet des peines de mon cœur, et maintenant, c'est ton frère seul que j'aime. Parlons d'autre chose."

    Gudrun répondit : "- Ton cœur devrait regarder bien au-delà de tout cela."

    Et ce si déplaisant malaise était venu d'un moment passé à la rivière, et de la reconnaissance de l'anneau, d'où toute leur dispute avait découlé.

     

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    Après cette discussion, Brunehilde s'alita, et la nouvelle qu'elle était souffrante fut portée au roi Gunnar. Il se rendit à son chevet et lui demanda quels étaient ses maux, mais elle ne répondit rien et resta gisante telle une morte. Et lorsqu'il se montra dur avec elle pour obtenir une réponse, elle dit :

    "- Qu'as-tu fait de cet anneau que je t'avais donné, celui-là même que le roi Budli m'avait remis, lorsque toi et le roi Gjuki êtes venus le voir pour le menacer du feu et de l'épée, à moins que tu ne m'obtiennes pour épouse ? Oui, à cette époque, il m'a entretenue en privé, et m'a demandé lequel j'avais choisi parmi ceux de mes prétendants qui étaient venus. Mais je l'ai supplié de pouvoir continuer à monter la garde en son pays, et à être le chef du tiers de ses troupes. Alors j'ai eu le choix entre être mariée à celui qu'il déciderait, ou perdre mes biens et son amitié de ses propres mains. Et il a ajouté que son amitié serait préférable pour moi que sa colère. Alors je réfléchis que si je ne cédais par à sa volonté, je devrais tuer de nombreux hommes. Et enfin, il m'a semblé qu'il ne servirait à rien de l'affronter, et il se trouvait que j'avais promis d'épouser celui qui monterait le cheval Grani portant le butin de Fafnir, et chevaucherait à travers mon mur de flammes, et tuerait les hommes que je lui demanderais d'occire, et tout cela parce que nul autre n'aurait osé monter ce cheval dans les flammes, que Sigurd, parce qu'il avait assez de courage pour ce faire. Oui, il a vaincu le ver, et Reginn, et cinq rois en outre. Mais toi, Gunnar, tu n'as eu aucune audace. Tu es devenu aussi pâle qu'un mort, et tu n'es ni un roi, ni un champion. Ainsi, malgré la promesse faite à mon père de n'aimer que le plus noble des hommes, et qui n'est nul autre que Sigurd, j'ai maintenant brisé mon vœu et n'ai rien obtenu, puisqu'il n'est pas à moi, et c'est la raison pour laquelle je souhaite ta mort. Et j'ai aussi une rétribution maudite pour récompenser Grimhild. Jamais, je pense, une femme ne fut plus maléfique qu'elle, ni aussi dépourvue de cœur.

    Gunnar répondit de manière que personne d'autre ne puisse l'entendre : "- Tu as proféré bien des paroles méchantes, et tu es une femme au cœur mauvais, puisque tu vilipendes une femme bien meilleure que toi. Elle n'oserait jamais maudire sa propre vie comme tu le fais. Non, et elle n'a pas non plus tourmenté les hommes morts, ni n'en a tué. Mais elle vit sa vie bien-aimée de tous."

    Brunehilde répondit : "- Je n'ai jamais ourdi secrètement de maléfices, ni commis d'actes condamnables. Mais maintenant, je suis des plus encline à te tuer." Et ce disant, elle tenta de frapper le roi Gunnar, mais Hogni l'emprisonna dans des entraves. Gunnar reprit la parole : "- Non, je ne veux pas qu'elle soit mise aux fers."

    Alors elle dit : "- Aucune importance ! Plus jamais tu ne me verras heureuse dans ta halle, plus jamais je ne boirai, plus jamais je ne jouerai aux échecs, ni ne dirai de mots aimables, ni ne broderai d'or de beaux vêtements, ni ne te donnerai de bons conseils. Ah, quel chagrin pour mon cœur que Sigurd ne puisse être à moi !"

    Alors elle s'assit et frappa son ouvrage d'aiguille, et le déchira, et ordonna qu'on laisse ouverte la porte de son salon, pour que ses lamentations de chagrin puissent être entendues au loin. Alors s'élevèrent des gémissements et des soupirs de deuil, qu'on pouvait entendre de loin et dans l'ensemble de la demeure.

    Alors Gudrun demanda à ses suivantes pourquoi elles restaient assises sans joie et abattues.

    "- Que vous est-il arrivé, que vous vous comportiez comme des sottes, par quelle catastrophe secrète avez-vous été atteintes ?"

    Une grande dame, la noble Swaflod, répondit : "- C'est un jour néfaste, un mauvais jour, et notre halle résonne de sanglots."

    Alors Gudrun parla à une de ses suivantes : "- Lève-toi, car nous avons dormi longtemps. Va, éveille Brunehilde, et remettons-nous à nos travaux d'aiguille, et soyons joyeuses."

    "- Non, non, répondit-elle, en aucune façon je ne la réveillerai, car elle n'a bu ni hydromel ni vin depuis nombre de jours, et certainement, la colère des dieux s'est abattue sur elle."

    Alors Gudrun s'adressa à Gunnar : "- Va la voir, dit-elle, et fais lui savoir que je suis peinée de sa peine."

    "- Non, dit Gunnar, il m'est interdit de la voir ou de partager son destin."

    Pourtant, il se rendit auprès d'elle, et tenta de différentes manières d'avoir une discussion avec elle, mais n'obtint aucune réponse. Alors il partit et alla trouver Hogni, et le pria d'aller la voir. Il dit qu'il s'y refusait, mais y alla quand même, et n'obtint rien de plus de sa part.

    Alors ils vinrent à Sigurd, et le prièrent de lui rendre visite. Il refusa, et les choses en restèrent là pour cette nuit.

    Mais le lendemain, en revenant de la chasse, Sigurd alla voir Gudrun, et lui dit :

    "- Tels que les événements se présentent à moi, je sens que de grands malheurs vont provenir de ces troubles. Et que Brunehilde va certainement mourir."

    Gudrun répondit : "- O mon seigneur, elle est sous l'emprise d'un grand prodige, et voilà sept jours et sept nuits qu'elle dort, et personne n'a osé la réveiller."

    "- Non, elle ne dort pas, dit Sigurd, son cœur est certainement occupé par de terribles projets à mon intention."

    Alors Gudrun, pleurant, dit : "- Maudit soit le moment de ta mort ! Va la voir. Et juge s'il est possible de mettre un terme à sa fureur. Donne-lui de l'or, et étouffe son chagrin et sa colère avec!"

    Alors Sigurd se rendit à la chambre de Brunehilde, dont il trouva la porte ouverte. Il supposa qu'elle était au lit et qu'elle avait ôté ses vêtements, et dit :

    "- Eveille-toi, Brunehilde ! Le soleil brille à présent au-dessus de toute la demeure, et tu as assez dormi. Chasse toute ta peine, et laisse la joie revenir !"

    Elle répondit : "- Mais comment as-tu osé venir à moi ? Dans cette trahison, nul ne fut pire pour moi que toi."

    Sigurd fit : "- Pourquoi ne veux-tu parler à personne ? Quelle est la raison de ton chagrin ?"

    Brunehilde répondit : "- Ah, est-ce à toi que je vais parler de ma colère ?"

    Sigurd dit : "- Tu dois être sous l'effet d'un sortilège, pour penser qu'il y a dans mon cœur quoi que ce soit de cruel envers toi. Mais tu as pour mari celui que tu as toi-même choisi."

    "- Du tout, répondit-elle, Gunnar n'a jamais chevauché à travers les flammes pour me rejoindre, ni ne m'a donné le douaire de l'hôte des morts. Je me demande qui est l'homme qui est venu à ma halle. Parce qu'il me semble avoir reconnu tes yeux. Mais je n'ai peut-être pas bien vu, ou pas pu séparer le bon du mauvais, à cause du voile qui pèse sur mon destin."

    Sigurd dit : "- Il n'y a pas d'hommes plus nobles que les fils de Gjuki. Ils ont tué le roi des Danes, et un grand chef, le frère du roi Budli."

    Brunehilde répondit : "- Certainement, je dois les honorer pour leurs mauvaises actions. Ne me rappelle pas mes griefs envers eux. ! Mais toi, Sigurd, tu as tué le Ver, et chevauché à travers le feu, oui, pour moi, et non l'un des fils de Gjuki.

    Sigurd répondit : "- Je ne suis pas ton époux, et tu n'es pas ma femme. Et un très prestigieux roi t'a versé un douaire."

    Brunehilde dit : "- Je n'ai jamais considéré Gunnar d'une façon telle que mon cœur puisse lui sourire. Et je suis dure et sévère avec lui, même si je le cache aux autres."

    "- Il est prodigieux, dit Sigurd, de ne pas aimer un tel roi. Qu'est-ce qui te contrarie tant ? Certainement, son amour pour toi est plus précieux que l'or."

    "- La pire affliction pour moi, dit-elle, est que la plus amère des épées ne soit pas rougie de ton sang."

    "- N'en aies crainte ! dit-il, tu n'auras pas longtemps à attendre avant que la plus amère des épées ne transperce mon cœur. Et tu n'as pas besoin de prier pour toi-même, car tu ne me survivras pas. Les jours de nos deux vies sont désormais comptés."

    Brunehilde répondit : "- C'est assez de discours et de tenter d'éviter le mal, puisque tu m'as trahie et m'a éloignée de tout bonheur. Peu m'importe ma vie ou ma mort."

    Sigurd répliqua : "- Ah, vis et aime le roi Gunnar et moi de même ! Et je te donnerai toute ma fortune pour que tu ne meures pas."

    Brunehilde répondit : "- Tu ne me connais pas, ni le cœur qui bat en moi. Car tu es le premier et le meilleur des hommes, et je suis devenue la plus détestable des femmes à tes yeux."

    "- Ce qui est vrai, c'est que je t'aimais plus que moi-même, lorsque je suis tombé dans des pièges dont nos destins ne pouvaient pas s'échapper, car lorsque j'ai repris mes esprits et mes sentiments, je me suis grandement désolé que tu ne sois pas mon épouse. Mais j'ai tâché de garder mon problème pour moi, car c'est le devoir d'un roi. Et de plus, malgré tout, j'étais heureux que nous puissions être tous ensemble. Arrivera ce qui est prédit. Je n'en crains pas l'accomplissement."

    Brunehilde répondit : "- Tu m'avoues trop tard que cette peine t'a désolé. Je ne trouve plus de pitié en moi, maintenant."

    Sigurd dit : "- Mon cœur voudrait que toi et moi nous rejoignions dans le même lit. Et même que tu deviennes mon épouse."

    Brunehilde dit : "- De telles paroles ne devraient pas être prononcées, et je n'aurai pas deux rois dans la même halle. Je préférerais mourir que tromper le roi Gunnar."

    Après ça, elle lui rappela comment ils s'étaient rencontrés, tous deux, sur la montagne, et avaient prêté des serments mutuels.

    "- Mais maintenant, tout a changé, et je ne veux plus vivre."

    "- Je ne me rappelais même pas ton nom, dit Sigurd, ni ces moments, avant le jour de ton mariage. C'est là le plus grand des malheurs."

    Alors Brunehilde dit : "- J'ai juré d'épouser l'homme qui pourrait chevaucher dans mes flammes, et je dois tenir ce serment, ou mourir."

    "- Plutôt que tu ne meures, je vais t'épouser, et répudier Gudrun," dit Sigurd.

    Mais alors qu'il disait cela, son cœur se dilata entre ses côtes, si bien que les anneaux de son armure éclatèrent.

    "- Je ne veux pas de toi, dit Brunehilde, non, ni d'aucun autre !".

    Alors Sigurd s'en retourna.

     

    Ainsi le raconte la chanson de Sigurd :

    "Sigurd sortit alors,

    Le grand roi, bien-aimé,

    De la discussion et dans la peine,

    Plaie ouverte, si douloureuse,

    Que la chemise autour de lui,

    Celle du brave dans la bataille,

    Faite d'anneaux de fer,

    Rompit au-dessus de ses côtes."

     

    Puis, lorsque Sigurd retourna dans la grande salle, Gunnar lui demanda s'il avait réussi à prendre connaissance du grand chagrin qui pesait sur elle, et si elle était capable de parler. Et Sigurd répondit qu'elle n'était pas empêchée de discourir. Alors Gunnar retourna auprès d'elle, et lui demanda d'où venait son malheur, et s'il y avait quelque chose à faire pour l'atténuer.

    Gunnar et Brynhild. Maria Klugh

    Gunnar et Brynhild. Maria Klugh

     

    "- Je ne veux pas vivre, dit Brunehilde, puisque Sigurd m'a trahie, oui, et toi aussi, puisque tu as supporté qu'il me rejoigne dans mon lit. Mais je ne veux pas avoir deux hommes dans la même demeure. Et il en résulte la mort de Sigurd, ou la tienne, ou la mienne, parce qu'à présent, il a tout raconté à Gudrun, et elle doit se moquer de moi en ce moment."

     

    volsunga saga, gudrun

     

    Voir aussi le Sigurdarkvitha en skamma.

    Médaillon : Engelmann.

    Encadrement : Chantalou

     

     volsunga saga                                                                                                                       volsunga saga


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  • volsunga saga

    Par la suite, Brunehilde sortit et s'installa à l'entrée de son boudoir, et se plaignit longuement, et gémit que tout lui était odieux, le royaume et les seigneurs de même, puisqu'elle ne pouvait avoir Sigurd.

    Mais Gunnar revint à elle, et Brunehilde lui parla : "- Tu vas perdre à la fois ta richesse et ton royaume, et ta vie, et moi, car je vais rejoindre la demeure de mes parents, et y rester en deuil, à moins que tu ne tues Sigurd et son fils. Ne laisse pas vivre un louveteau."

    Gunnar sentit son cœur se serrer, mais ne pouvait nullement voir les conséquences terribles cachées derrière tout cela. Il était lié à Sigurd par serment, et son cœur balançait vers l'un ou l'autre choix. Mais à la fin, il considéra que ce serait une honte incommensurable pour lui si son épouse le quittait, et il se dit en lui-même : "- Brunehilde m'est plus chère que quoi que ce soit d'autre, et la plus belle de toutes les femmes, et j'aimerais mieux quitter la vie que perdre son amour."

     

    la décision de Gunnar

    Gunnar prend une décision. Erik Brate.

     

    Alors il appela ses frères pour leur parler : "- Je suis accablé par un lourd dilemme." et il leur raconta qu'il était dans l'obligation de tuer Sigurd, parce qu'il l'avait trompé alors qu'il lui faisait confiance. "- Ainsi, nous serions les maîtres de l'or et du royaume également."

    Hogni répondit : "- C'est une forme de châtiment et d'injustice qui nous échoit si nous devons rompre nos serments, et perdre en conséquence la grande aide que nous obtenions de lui. Aucun roi ne pourra être aussi grand que nous, si le roi des Huns continue à vivre. Nous n'aurons jamais plus un tel beau-frère, et considère combien il est bon d'avoir un tel beau-frère, et de tels fils pour notre sœur ! Mais je comprends bien comment se pose cette question que Brunehilde a soulevée chez toi, et certainement, sa demande nous plongera dans une honte immense et cinglante."

    Gunnar dit : "- Oui, mais nous devons y accéder, et prendre une décision. Chargeons notre frère Guttorm de cet acte. Il est jeune, inexpérimenté, et en outre libre de tout serment."

    "- Ah, c'est le placer en mauvaise posture. Et si sans doute cet acte peut bien être exécuté, nous nous retrouverons avec une contrepartie pour la trahison d'un homme tel que Sigurd."

    Gunnar dit : "- Sigurd doit mourir, ou je dois mourir".

    Alors il enjoignit Brunehilde à se lever et à être heureuse en son cœur. Alors elle se leva, et elle dit que Gunnar ne saurait la rejoindre dans son lit tant que l'acte n'aurait pas été accompli.

    Alors les frères recommencèrent à discuter, et Gunnar dit qu'un tel acte, la défloration de Brunehilde, méritait la mort. "- Allons maintenant, poussons Guttorm à le faire."

    Alors il lui parlèrent et lui offrirent de l'or et de vastes territoires, ainsi qu'ils avaient à le faire. Oui, et ils prirent un serpent, et une portion de viande de loup, et les laissèrent bouillir ensemble, et les lui donnèrent à manger, ainsi que chanta le poète :

    "Ils émincèrent pour Guttorm

    Le poisson des forêts sauvages,

    Le ver qui rampe souplement,

    Mélangé à de la viande de loup.

    Alors dans la carafe,

    Dans le vin sa bouche connut

    Qu'ils les avaient mis, accomplissant

    Œuvre de sorciers."

    Alors, en ingérant cette viande, il devint très farouche et avide, et par toutes les promesses, et par les mots pesants de Grimhild, il donna sa parole d'exécuter cet acte. Et il lui promirent en récompense qu'il en tirerait une grande gloire.

    Mais de ces projets néfastes, Sigurd ignorait tout, car il ne pourrait pas contrecarrer son destin déjà dessiné, ni la mesure de ses jours de vie, et il ne jugeait pas qu'il méritait un tel sort de leurs mains.

    Alors Guttorm se rendit auprès de Sigurd le lendemain matin, tandis qu'il était étendu sur son lit, mais il n'osa rien tenter contre lui, et se retira. Puis il s'en retourna une deuxième fois, tant étaient brillants les yeux de Sigurd qu'il osa fixer fort peu de temps. Mais la troisième fois qu'il vint, Sigurd dormait. Alors Guttorm tira son épée et la lui passa à travers le corps de telle manière que sa pointe transperce aussi le lit en-dessous de lui. Cette blessure éveilla Sigurd, et Guttorm se replia vers la porte. Mais Sigurd saisit l'épée Gramr, et la lança vers lui, et le frappa dans le dos, le coupant en deux par le milieu de telle façon que ses pieds tombèrent d'un côté, et sa tête et ses bras de l'autre, vers la chambre.

     

    l'assassinat de sigurd, volsunga saga

     

    Gudrun dormait sur la poitrine de Sigurd, mais elle s'éveilla dans une indicible douleur, baignant dans son sang, et, en larmes, sanglota des paroles de chagrin telles que Sigurd se redressa sur l'oreiller et dit : "- Ne pleure pas, car tes frères vivent ta joie. Mais j'ai un jeune fils, trop jeune pour se garder de ses ennemis. Et ils ont joué un mauvais tour à leur propre fortune. Car plus jamais ils n'auront un si puissant beau-frère pour chevaucher au loin avec eux. Non, ni un meilleur fils pour leur sœur que celui-ci, pour peu qu'il parvienne à l'âge d'homme. Et maintenant va advenir ce qui m'a été prédit depuis longtemps déjà, mais qui est resté caché à mes yeux, car personne ne peut lutter victorieusement contre son destin. Voici ce que Brunehilde a provoqué, elle qui m'a aimé plus que tout autre homme. Mais je peux te jurer ceci : je n'ai jamais eu de mauvaises intentions à l'égard de Gunnar, j'ai toujours respecté mon serment envers lui, et je ne me suis pas non plus montré trop amical avec son épouse. Et maintenant, si j'avais été prévenu, et avais été debout avec mes armes, nombreux à perdre leur vie auraient été les hommes, avant que je ne tombe, et tous tes frères auraient été tués, et m'occire eût été une tâche plus difficile que de tuer le plus puissant des taureaux ou le plus fort des ours des forêts profondes."

    Et sur ces paroles, la vie abandonna le roi. Mais Gudrun gémit et poussa un soupir las, et Brunehilde le perçut, et rit en entendant ses lamentations.

    Alors Gunnar dit : "- Tu ne ris pas parce que les racines de ton cœur sont heureuses, ou sinon pourquoi ton visage est-il devenu si blême ? Tu es certainement une créature mauvaise, et plus sûrement, tu es proche de ta mort ! Et vraiment, tu te sentirais ainsi si tu voyais ton frère Atli tué sous tes yeux, et que tu devais te tenir auprès de lui une fois mort. Car nous devons maintenant veiller notre beau-frère, qui est à la fois notre beau-frère et le meurtrier de notre frère."

    Elle répondit : "- Il n'est nul besoin de se moquer par avance d'un meurtre qui n'a pas été commis. Atli n'a pas à craindre votre colère ou vos menaces. Oui, il vivra plus longtemps que vous, et sera un homme encore plus puissant que vous."

    Hogni parla et dit : "- Maintenant doit se réaliser la prophétie de Brunehilde. Une mauvaise action ne peut pas être réparée."

    Et Gudrun dit : "- Mes parents ont tué mon mari. Mais vous, lorsque vous irez à la guerre et que vous retrouverez dans la bataille, vous le chercherez des yeux, et vous vous rendrez compte que Sigurd n'est ni d'un côté ni de l'autre, et vous saurez qu'il était votre chance et votre force. Et que s'il avait vécu et avait eu des fils, vous auriez pu être renforcés par sa descendance et sa race."

     

    l'assassinat de sigurd, volsunga saga

     

    Voir ausi le Brot af Sigurdarkvitha, et le Sigurdarkvitha en skamma.

     

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