• Chapitre 28 : comment les reines se querellèrent...

    volsunga saga

    ... lors du bain.

    Un jour où les reines allèrent se baigner à la rivière, Brunehilde avança loin dans le courant. Gudrun lui demanda ce qu'elle voulait signifier ainsi.

    Brunehilde dit : "- Et bien, pourquoi devrais-je être ton égale pour cela plus que pour le reste ? Je suis fondée à penser que mon père est plus puissant que le tien, et que mon véritable amour a accompli de nombreux exploits fort glorieux, et a en plus chevauché dans les flammes, tandis que ton mari n'était que le thrall du roi Hjalprek."

    C'est pleine de colère que Gudrun répondit : "- Tu te montrerais plus sage, si tu voulais vraiment maintenir la paix, plutôt que d'insulter mon époux. Et si l'on en croit ce qui se dit partout, il n'y a jamais eu dans ce monde un homme meilleur que lui, dans tous les domaines. Et il te sied peu de te moquer de lui, qui a été ton premier amour. Il a tué Fafnir, tout de même, et chevauché à travers ton feu, bien que tu aies cru qu'il s'agissait du roi Gunnar. Et il s'est couché à tes côtés, et a pris de ta main l'anneau Andvarinaut. Tu peux le voir distinctement à mon doigt."

     

    Sigurd donne Andvarinaut à Gudrun. Franz Stassen.

     Sigurd donne Andvarinaut à Gudrun. Franz Stassen.

     

    Alors Brunehilde vit l'anneau et le reconnut, et devint pâle comme une morte, retourna chez elle et ne dit plus mot de la soirée.

    Lorsque Sigurd rejoignit Gudrun au lit, elle lui demanda pourquoi Brunehilde avait perdu tout entrain.

    Il répondit : "- Je ne sais, mais j'ai l'impression que nous ne le saurons que trop bien dans peu de temps."

    Gudrun dit : "- Pourquoi n'aimerait-elle pas sa vie, elle a des richesses et de la joie, et l'éloge de tous, et l'homme qu'elle mérite ?"

    "- Ah oui ! dit Sigurd, et où qu'elle fût dans le monde, ne disait-elle pas qu'elle pensait avoir le plus noble des hommes, et le plus cher à son cœur ?"

    Gudrun répondit : "- Demain matin, je l'interrogerai à ce sujet, pour savoir qui est le plus souhaitable des hommes comme mari pour elle."

    Sigurd dit : "- Je dois te l'interdire formellement, et tu le regretteras à coup sûr amèrement si tu fais cela."

    Le lendemain matin, elles s'assirent dans le boudoir, et Brunehilde resta silencieuse. Alors Gudrun parla : "- Sois heureuse, Brunehilde ! Es-tu chagrine à cause de cette conversation que nous avons eue toutes deux, ou une autre raison a-t-elle anéanti ton bonheur ?

    Brunehilde répondit : "- Tu dis cela avec nulle autre intention que de nuire, car tu as un cœur cruel."

    "- Ne dis pas cela, dit Gudrun, mais raconte-moi plutôt toute l'histoire."

    "- Tu ne demandes de telles choses que parce qu'il te serait agréable de les connaître. Ces sujets intéressent les dames puissantes. Les bonnes choses sont agréables à aimer lorsque tout se déroule selon les désirs de son cœur."

    Gudrun dit : "- Il est trop tôt pour moi pour en tirer gloire. Mais tes mots semblent provenir de quelque prescience. Quel mal nous souhaites-tu ? Je n'avais pas l'intention de te blesser."

    Brunehilde répondit : "- Tu devras forcément payer, pour avoir gardé Sigurd pour toi. Parce que je ne te vois en aucune façon vivre dans le bonheur, bien que tu l'aies, lui, ainsi que sa richesse et sa puissance."

    Mais Gudrun répondit : "- Je ne savais rien alors de vos paroles et de vos engagements. Et mon père n'a probablement pas organisé mon mariage sans traiter avec toi auparavant."

    "- Nous n'avons eu aucun secret, rétorqua Brunehilde, bien que nous ayons échangé des serments, et tu savais certainement que tu étais sur le point de me trahir. En vérité, tu en récolteras les fruits."

    Gudrun dit : "- Tu es mieux mariée que tu ne le mérites. Mais ton orgueil et ta rage doivent être difficile à souffrir, et c'est beaucoup à payer, pour un homme."

    "- Ah, je serais fort contente, dit Brunehilde, si tu n'avais le plus noble des hommes !"

    Gudrun répondit : "- Tu as un mari de si grande valeur, qui connaît un plus grand roi ou un seigneur avec de plus grandes richesses ?"

    "- Sigurd a tué Fafnir, et rien que cela est plus glorieux que toute la puissance du roi Gunnar."

    Comme le dit la chanson :

    "Sigurd tua le Ver

    Et cette prouesse

    Est à l'épreuve du temps

    Tant que le monde durera.

    Mais ton frère le roi

    N'a pas osé, n'a pas avancé

    Pour chevaucher sur les flammes

    Pour traverser le feu."

    Gudrun répondit : "- Grani n'a pas voulu porter le roi Gunnar à travers les flammes, mais Sigurd a pu le faire, et ton cœur devrait se dispenser de te moquer de lui."

    Brunehilde répondit : "- Il n'entre pas dans mes intentions de cacher que je ne veux aucun bien à Grimhild."

    Gudrun dit : "- Non, ne dis aucun mal d'elle, car en toutes choses, elle se comporte avec toi comme avec sa propre fille."

    "- Ah, dit Brunehilde, elle est à l'origine de cette histoire qui tourne mal. Elle a servi une boisson maléfique à Sigurd, de manière qu'il en oublie jusqu'à mon nom."

    "- Tout le mal que tu pourras en dire est un mensonge éhonté !", rétorqua Gudrun.

    Brunehilde répondit : "- Puisses-tu avoir avec Sigurd une joie à la mesure des moyens grâce auxquels tu m'as trompée ! Tu as bassement conspiré contre moi. Que tout se passe pour toi ainsi que mon cœur l'espère !"

    Gudrun dit : "- J'aurai plus de joie avec lui que tes vœux ne m'en souhaitent. Mais il n'est venu à l'esprit de personne qu'il ait pris son plaisir avec moi avant l'heure. Pas une seule fois."

    "- Tu tiens des discours venimeux, dit Brunehilde, lorsque t'emporte ta colère, que tu vas regretter. Mais viens maintenant, cessons de nous jeter des paroles furieuses l'une à l'autre !"

    "- Tu as été la première à me lancer de tels mots, et maintenant, tu fais comme si tu voulais les retirer, mais un cœur dur et cruel et dur se cache derrière."

    "- Laissons derrière nous ces vains bavardages, dit Brunehilde. Longtemps je suis restée en paix au sujet des peines de mon cœur, et maintenant, c'est ton frère seul que j'aime. Parlons d'autre chose."

    Gudrun répondit : "- Ton cœur devrait regarder bien au-delà de tout cela."

    Et ce si déplaisant malaise était venu d'un moment passé à la rivière, et de la reconnaissance de l'anneau, d'où toute leur dispute avait découlé.

     

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