• volsunga saga

    L'histoire conte maintenant qu'une nuit, le roi Atli s'éveilla de son sommeil et parla à Gudrun :

    "- J'ai rêvé, dit-il, que tu me transperçais avec une épée."

    Alors Gudrun interprêta le rêve et dit que le feu était prédit dans les songes où l'on rêvait de fer.

    "- Il se trouve que ton orgueil est tel que tu te considères toi-même comme le premier des hommes."

    Atli dit : "- De plus, j'ai rêvé que poussaient ici deux scions de sorbiers, et j'étais content qu'ils n'aient pas à être incendiés de ma main. Alors ils se déchiquetèrent depuis les racines et furent rougis de sang, et portés sur les bancs, et je fus convié à en manger."

    "- Oui, et une autre fois, j'ai rêvé que deux faucons s'envolaient de mon bras, affamés et voraces, et qu'ils voyagèrent vers Hel. Il me sembla que leurs cœurs étaient mêlés de miel, et que je les mangeai."

    "- Puis j'ai rêvé que deux beaux renardeaux gisaient devant moi, glapissant fort, et que j'ai mangé leur chair, bien que n'en ayant pas le désir."

    Gudrun dit : "- Ces rêves sont de mauvais augure, et se réaliseront. Tes fils sont certainement proches de leur mort, et des événements graves vont peser sur nous."

    "- Une autre fois, dit-il, j'ai encore rêvé : j'avais l'impression d'être dans un bain et que des gens se concertaient pour me tuer."

    Puis ces songes s'estompèrent avec le temps, mais leur vie commune ne devint pas plus agréable.

     

    Atli finit par se demander où pouvait être retenu tout cet or que Sigurd avait possédé, mais dont le roi Gunnar et son frère étaient à présent maîtres.

    Atli était un grand roi, puissant et sage, et seigneur d'un peuple nombreux. Il réunit ses hommes en conseil pour décider de ce qui devait être entrepris à ce sujet. Il fit bien valoir que Gunnar et son frère avait plus de richesses que les autres n'en pourraient jamais posséder, puis il prit la décision de leur envoyer des émissaires et de les convier à une grande fête afin de les honorer de différentes façons. Le chef de ces messagers était le noble Vingi.

    Ensuite, la reine eut vent de cette conspiration, et se douta qu'elle avait pour but de dépouiller ses frères. Alors elle grava des runes, et prit un anneau d'or, y entortilla un poil de loup, et le mit dans les mains des messagers du roi.

     

    atli, volsunga saga

     

    Par la suite, ceux-ci prirent la route conformément aux ordres du roi. Et lorsqu'ils furent hors du pays, Vingi regarda les runes, et les modifia comme si Gudrun priait ses frères par ces signes de venir rendre visite au roi Atli.

    Ils arrivèrent à la halle du roi Gunnar, et lui-même leur fit bon accueil, de grands feux furent allumés en leur honneur, et c'est avec grande allégresse qu'ils burent la meilleure des boissons.

    Alors Vingi parla : "- Le roi Atli m'a envoyé ici parce qu'il serait heureux que vous vous rendiez en sa demeure et son pays en toute gloire, pour recevoir de lui de grandes marques d'estime, des heaumes et des boucliers, des épées et des cuirasses, de l'or et des équipements de bonne facture, des chevaux, des guerriers, et de vastes et fertiles terres, car, a-t-il dit, il est des plus satisfaits de remettre son royaume et sa seigneurie sous votre suzeraineté."

    Gunnar tourna alors la tête pour parler à Hogni :

    "- De quelle manière devons-nous comprendre cette invitation ? Il nous prie d'accepter richesses et puissance. Mais je ne connais aucun roi qui possède autant d'or que nous, puisque nous disposons de tout le butin autrefois caché sur la lande Gnita. Et vastes sont nos salles au trésor, pleines d'or, et d'armes pour frapper, de toutes sortes d'équipements de guerre, et je suis certain que parmi tous les hommes, c'est moi qui possède le meilleur cheval, et l'épée la plus acérée, et l'or le plus glorieux."

    Hogni répondit : "- C'est pour moi un prodige que cette invitation, car il ne s'est jamais comporté de cette manière, et ce serait être mal avisé que d'accéder à sa demande. D'autant plus qu'en regardant les présents que le roi nous a envoyé, je me suis interrogé en remarquant un anneau entortillé d'un poil de loup. Il me semble que Gudrun pense que sa tournure d'esprit à notre égard est celle d'un loup, et qu'elle nous prévient de ne pas faire ce voyage."

    Mais en même temps, Vingi leur montra les runes, disant qu'elles avaient été envoyées par Gudrun.

     

    A présent, la majeure partie des hôtes étaient couchés, mais certains étaient restés à boire. Et Kostbera, l'épouse d'Hogni, la plus digne des femmes, vint à eux et regarda les runes. Et l'épouse de Gunnar était Glaumvor, une femme au grand cœur. Les deux dames servirent la boisson, et les rois burent à s'en rendre ivres. Vingi le remarqua, et ajouta :

    "- Je ne peux pas vous cacher que le roi Atli n'a plus le pied si léger, et qu'il est trop vieux pour assurer la défense de son royaume. Et ses enfants sont si jeunes qu'ils comptent pour rien. Il veut en fait vous offrir de gouverner ses royaumes tant qu'ils sont jeunes, et serait heureux que vous en profitiez de préférence à tout autre."

    Et il se trouva à la fois que Gunnar était ivre lorsque cette proposition de domination lui fut faite, et qu'il ne pouvait œuvrer pour échapper à son destin. Alors il donna sa parole d'y aller, et dit à Hogni son frère de faire de même.

    Mais ce dernier répondit : "- Ta parole donnée devra être tenue, et je ne ferai pas défaut à t'accompagner, mais je répugne grandement à ce voyage."

     

    Voir aussi la Guthrunarkvitha en forna

     

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    Ainsi, lorsque les hommes eurent bu leur content, ils se retirèrent pour dormir. Alors il advint que Kostbera regarda les runes, et, jetant un charme par dessus les lettres, elle vit qu'autre chose était gravé, et que les runes étaient mensongères ; mais grâce à ses connaissances, elle avait la capacité de les lire correctement.

    Elle rejoignit son époux au lit. Et lorsqu'ils s'éveillèrent, elle parla à Hogni :

    "- Tu as dans l'idée de suivre la route loin de la maison – c'est un projet inconséquent -. Repousse-le à un autre moment ! Tu ne sais pas bien déchiffrer les runes, si tu penses que tu as vu en elles l'invitation de ta sœur à entreprendre ce voyage. Mais j'ai interprété ces runes, et m'émerveille de la sagesse de Gudrun, qui aurait pu les graver de travers. Mais ce qui est derrière renferme en soi ton malheur. Oui, soit elle a omis une lettre, soit d'autres ont fourbement trafiqué ces runes.

    Et maintenant, prête attention à mon rêve. Car dedans déferla sur nous une rivière en très forte crue, qui brisa jusqu'à la charpente de la halle."

    Il répondit : "- Très souvent, vous avez l'esprit mal tourné, vous, les femmes, mais pour moi, je n'ai pas été élevé de manière à supporter des hommes mauvais qui ne méritent que le mal. Peut-être qu'il nous donnera bon accueil."

    Elle répondit : "- Bien, il est nécessaire que tu constates toi-même la preuve qu'aucune amitié n'est à attendre de cette invitation. Mais à nouveau, j'ai rêvé qu'une autre rivière coulait ici dans un grand et sombre assaut, et fracassa l'estrade de la halle, et brisa vos jambes, à vous, les deux frères. Cela signifie certainement quelque chose."

    Il rétorqua : "- Il y a des champs tout au long de notre route, et tu as rêvé de rivière, parce que lorsque nous traversons les prés, les innombrables épillets du foin se prennent dans nos jambes."

    "- J'ai encore rêvé, dit-elle, que ton manteau était en feu, et que le brasier brillait au-dessus de la halle."

    Il dit : "- Bien, je suppose que ceci peut s'expliquer. Ici est posé mon vêtement magnifiquement teint; et il peut brûler et briller, ainsi que tu en as rêvé pour le manteau."

    "- J'ai cru qu'un ours entrait, dit-elle, et brisait le haut-siège du roi, et battait des pattes de telle manière que nous étions tous terrorisés, et il nous mit tous dans sa gueule, sans que nous ne puissions rien y faire, et nous avons tous sombré dans l'horreur."

    Il répondit : "- Quelque grande tempête va survenir, puisque tu as un ours blanc en mémoire."

    "- Il me sembla qu'un grand aigle de mer entrait, dit-elle, et soufflait la halle, et nous plongeait, moi et nous tous, dans un bain de sang, et cela doit signifier du malheur, car j'eus l'impression qu'il s'agissait du double du roi Atli."

    Il répondit : "- Très souvent, nous tuons librement des bêtes, et les abattons avec soin pour notre propre satisfaction, et le rêve de l'aigle est en fait relatif au bétail. Oui, le cœur d'Atli est entièrement tourné vers nous."

    Après cela, ils cessèrent de discuter.

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    A présent, l'histoire raconte qu'il advint la même chose à Gunnar. Lorsqu'ils s'éveillèrent, Glaumvor son épouse lui raconta plusieurs rêves qui lui semblaient prémonitoires d'une tromperie à venir. Mais Gunnar les interpréta tous dans un sens différent.

    "- L'un d'entre eux, dit-elle, fut qu'il me sembla qu'une épée sanglante était amenée dans la halle, sur laquelle tu étais embroché, et à chacune de ses extrémités, un loup hurlait."

    Le roi répondit : "- Nos chiens peuvent me mordre, peut-être. Les armes ensanglantées représentent souvent les morsures de chiens."

    Elle dit : "- J'ai rêvé à nouveau que des femmes venaient ici, pesantes et courbées, et te choisissaient pour époux. Il se pourrait qu'il s'agisse des femmes en charge de ton destin."

    Il répondit : "- Ceci est délicat à interpréter, et nul n'est à même de prendre la mesure de ses jours, de même qu'il n'est pas impossible que le temps qui m'est imparti soit bref."

    Puis ils se levèrent avec le matin, et s'affairèrent à préparer le voyage, mais quelques hommes les retardèrent sur place.

    Alors Gunnar cria à l'homme nommé Fjornir.

    "- Lève-toi et donne-nous à boire le meilleur vin des grands foudres, parce qu'il se pourrait que ce soit la toute dernière de nos fêtes. Peut-être que si nous mourons, le vieux loup surgira près de l'or, et cet ours ne se retiendra pas d'utiliser la morsure de ses crocs de guerre."

    Puis tous les habitants de la maison les accompagnèrent sur la route en pleurant.

    Le fils de Hogni dit : "- Soyez portés par une marée joyeuse."

    La majeure partie de leurs gens restèrent en arrière. Solar et Gnoevar, les fils de Hogni, voyagèrent avec eux, ainsi qu'un grand champion, nommé Orkning, le frère de Kostbera.

    Le peuple les suivit jusqu'aux navires, et tous les fêtèrent pour leur voyage, mais ne les touchèrent pas.

    Alors Glaumvor parla : "- O Vingi, tant de malheur va découler de ta venue, et des événements terribles et funestes vont advenir pendant ton expédition."

    Il répondit : "- Ecoute ma réponse, car je ne mens pas. Puissent les hautes potences et la plus grande fatalité avoir raison de moi, si je prononce un seul mot fourbe !"

    Alors Kostbera cria : "- Portez-vous bien en des jours heureux."

    Et Hogni répondit : "- Que vos cœurs soient heureux, et puissent-ils voyager avec nous !"

    Et ainsi, ils se séparèrent, chacun partant vers son propre destin. Ils ramèrent vers le large, si fort et si vite que presque la moitié de la quille se souleva, et tirèrent si dur sur les rames que dames de nage et plat-bord rompirent. Mais ils réparèrent en atterrissant, puis chevauchèrent longtemps sur leurs nobles montures à travers les ténèbres de sombres forêts.

    Et plus tard, ils virent l'armée du roi, et entendirent le grand tumulte du cliquetis des armes. Puis ils virent là un grand nombre d'hommes, et la variété de leurs équipements, ainsi qu'ils les avaient forgés là. Et toutes les portes de la ville étaient pleines d'hommes.

    Ils chevauchèrent jusqu'à la place forte. Et les portes en étaient fermées, alors Hogni les brisa, et ils entrèrent dans le château.

    Alors Vingi parla : "- Vous auriez peut-être mieux fait de vous abstenir. Avancez maintenant, restez ici pendant que je vais m'enquérir de votre potence. Doucement et patiemment, je vous ai amenés jusqu'ici, mais quelque chose de funeste s'y prépare. Avant peu, vous serez liés au même arbre !"

    Hogni répondit : "- Nous n'allons plus hésiter dans cette affaire. Car nous n'avons jamais tourné les talons lorsqu'il s'agissait de combattre. Et tu ne peux te prévaloir ici de rien qui nous fasse peur. Tu as œuvré pour un bien maléfique plan."

    Alors ils le jetèrent au sol, et le frappèrent avec leurs haches-marteaux jusqu'à ce qu'il meure.

     

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     Atli

     

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