• Skaldskaparmal

    XLV. L'or est métaphoriquement nommé Feu de la Main, ou du membre, ou de la jambe, parce qu'il est rouge. Mais l'argent est appelé Neige, ou Glace, ou Givre, parce qu'il est blanc. De la même façon, l'or et l'argent peuvent être désignés métaphoriquement comme bourse, creuset, ou écume, et les deux peuvent être nommés Pierre de la main, ou collier, parce que tout homme a l'habitude de porter un collier. Colliers et anneaux peuvent être d'or ou d'argent, si aucune précision n'est apportée.

    Comme chanta Thorleikr le Blond :

    L'aimable Prince des Fardeaux / Jette le fruit des creusets sur les sièges des faucons

    Des thanes, les poignets s'embellissent, / Il donne de l'ambre pour les coudes.

     

    Edda de Snorri

     

    Et comme chanta Einarr Ecaille-Sonore :

    Le Roi de la forte terre de Lurid / Brisa les branches marquées d'or.1

    Je pense que le prince des guerriers / Ne manquait pas de brillants galets du Rhin.

     

    Ainsi chanta Einarr Skúlason :

    La neige de la bourse et le feu de la mer / Gisent de part et d'autre de la tête des haches,

    Faire couler le sang est son affaire / Pour honorer celui qui châtie nos ennemis.

    Et plus loin :

    La lumière de la mer se tient chaque jour / Au-dessus de la neige mouvante du creuset,

    Et les boucliers, protecteurs des joues du navire, / Abritent un cœur des plus généreux ;

    Nul ne peut fondre la neige / Argentée des flacons à la flamme du feu

    De la route fluide des anguilles ; le héros / Brave des compagnons accomplit tous ces exploits.

    Ici, l'or est nommé feu de la route fluide des anguilles, et l'argent, neige des flacons.

     

    Edda de Snorri

    Edda de Snorri

     

    Ainsi chanta Thordr Scalde de Mæri

    L'heureux donateur du fardeau de la main / S'aperçut à la réduction de son or

    Que Hermodr du Nid du Serpent / Avait eu un père généreux.

     

    XLVI. L'homme est nommé briseur d'or, ainsi que le chante Ottar le Basané :

    Il faut que je parle du briseur / De l'éclat des batailles des hommes braves ;

    Regardez ici les vaillants guerriers / Assemblés par les rois de sagesse.

     

    Ou donateur d'or, comme chanta Einarr Ecaille-Sonore :

    Le donateur d'or permit / A la terre silencieuse d'écouter

    La chanson : j'ai rassemblé ses cadeaux, / Le prince réjouit ses jeunes gens.

     

    Ou dispensateur d'or, comme chanta Thorleikr

    Le dispensateur d'or s'attache la loyauté / De sa garde aux armures royales.

     

    Ou adversaire de l'or, comme chantait Thorvaldr Scalde Mêlé

    L'ennemi de l'or distribue le charbon brûlant / Des bras ; le roi donne la richesse rouge.

    Le consolateur du petit peuple / Distribue le fardeau de Grani.

     

    Ou le porteur d'or, comme il est écrit ici :

    J'eus l'amitié du porteur d'or / Et celle du guerrier,

    Fils des luisantes lames de la guerre, / Je leur chante une louange.

     

    On utilise pour les femmes des périphrases avec l'or, les nommant Saule d'Or ou Donneuse d'Or, comme chanta Hallarsteinn :

    Celui qui dispense l'ambre / De la boisson salée du frais Sanglier de Vidblindi

    Retiendra longtemps le Saule / de la Rivière dorée du serpent flûte.

    Ici, la baleine est nommée sanglier de Vidblindi ; ce Vidblindi était un géant qui a ferré des baleines hors de la mer comme s'il s'agissait de poissons. La boisson des baleines est la mer. L'ambre de la mer est l'or. La femme est le saule, ou la dispensatrice de l'or qu'elle donne. Et le saule est un arbre. Ainsi que nous le savons déjà, la femme est désignée sous des noms d'arbres féminins. Elle est également nommée utilisatrice de ce qu'elle donne ; et le mot pour utilisatrice est le même que pour rondin, arbre abattu dans la forêt.

    Ainsi chanta Gunnlaugr Langue de Serpent :

    Cette dame était née pour attiser des dissensions / Parmi les fils des hommes ;

    Le bosquet de la guerre a provoqué cela ; follement / Je brûlais de posséder le rondin de la richesse.

     

    Ici, la femme est nommée forêt. Ainsi chanta Hallarsteinn:

    Avec la planche bien équarrie de la chanson, / La langue, j'ai séduit ma dame,

    Dame du calice d'ale de la première chanson, / La blonde forêt des flacons.

     

    Ou fascine, comme chanta Steinn :

    Tu devrais, ô douce Sif / Du feu de l'or des flots, comme les autres

    Fascines des grèves de Hjadning, / Rompre avec ta bonne fortune.

     

    Ou pilier comme chanta Ormr Steinthórsson:

    Le Pilier de Pierre était vêtu / De parures propres et seyantes :

    Un nouveau manteau que le héros / Jeta sur les épaules de la radieuse valkyrie de l'hydromel.

     

    Ou soutien, comme chanta Steinarr

    Tous mes rêves des doux bras / Couverts de bracelets de la gracieuse déesse

    M'ont menti ; l'infidèle soutien / De la course lunaire m'a séduit.

     

    Ou bouleau, comme le chanta Ormr :

    Pour être remarqué du bouleau / Au brillant anneau creux,

    J'ai posé la flamme des paumes / Sur le flacon des nains, ma chanson.

     

    Le chêne est aussi souvent utilisé :

    Le beau chêne des richesses / Se lève, devançant notre gaité.

     

    Ou Tilleul, ainsi qu'il est écrit :

    O terrifiant, imposant orme / Des déluges d'armes assourdissants

    Notre courage ne doit pas s'affaiblir : / Ainsi l'a ordonné le tilleul des linons.

     

    On peut utiliser trois métaphores pour parler de l'homme, ainsi que nous l'avons écrit précédemment: il est appelé utilisateur, ou maître, des armes, ou des combats, ou des expéditions, ou des exploits, des vaisseaux, et de tout ce qu'il peut manier et contrôler. Ainsi chanta Ulfr Uggason :

    Mais la corde raide du bord du monde, aux yeux clignotants, / Regardait la terre au-delà du plat-bord,

    Vers le sorbier des oiseleurs du peuple / De la pierre, le Dominateur des géants.

     

    Ou arbre ou poutre, comme chanta Kormákr :

    Le madrier au rameau d'épée meurtrier / Est plus grand que beaucoup

    Dans le tintement des flèches ; les épées sont vainqueurs.  

    Pays de l'indomptable Sigurdr.

     

    Ou bosquet, comme chanta Hallfredr le Scalde Agité :

    Le bosquet puissant et loyal / Au bouclier meurtrier, aux cheveux longs,

    Se tint debout dans les terres de l'est / En sécurité avec les frênes-guerriers d'Ullr.

    Ici, il est également nommé Frêne.

     

    Ou buis, ainsi que chanta Arnorr

    Le buis des vaisseaux ordonna aux Rygirs2 / D'apporter les boucliers rassemblés

    Dans le crépuscule précoce : à travers la pluie de lances / Les nuages du combat traversaient la nuit d'automne.

     

    Ou Frêne, comme chanta Refr :

    Le seigneur de la bataille, généreux donateur, / Rechercha le lit semé d'or de la jeune fille ;

    Le frêne du grésil de la guerre d'Odin, / Conquit la fortune de la virilité.

     

    Ou Erable, comme ici :

    Salut, érable aux éclats de glace / De la main ! Ainsi parla l'homme en cuirasse.

     

    Arbre, comme chanta Refr :

     Alors j'ai décidé / D'offrir le jusant de la poitrine d'Odin,

    Les vers du dieu de la guerre, à Thorsteinn ; / Ainsi le veut l'arbre des épées.

     

    Bâton, comme chanta Ottarr:

    Toi, féroce bâton de guerre, a maintenu / Malgré deux rois, tes frontières

    A l'aide de la race des héros, là où les corbeaux / Ne jeûnèrent pas : que ton cœur reste vif.

     

    Epine, comme chanta Arnorr :

    Elle amassa, la jeune épine des richesses, / Des monceaux de cadavres

    Pour les aigles, et ses hommes d'armes / Guidèrent et aidèrent le héros.

     

    1 la coutume voulait que le roi donnât ses propres bracelets : il fallait souvent qu'il les ouvrît ou les brisât pour ce faire.

    2 peuple du Rogaland, Norvège

     

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  • Skaldskaparmal

    Heathen Foray, de Falkenbach 

     

    XLVII. "- Quelles périphrases utiliser pour la bataille ?''

    "- En l'appelant Tempête des Armes ou des Boucliers Protecteurs, ou d'Odin, ou des Valkyries, ou des Rois-Guerriers, et Vacarme et Cliquetis de tout cela.

    Ainsi chanta Hornklofi :

    Le roi combattit pendant une tempête de lances / Avec les héros, là où les aigles

    Crièrent au-dessus du vacarme de Skogül : / Les blessures rouges crachaient du sang.

     

    Edda de Snorri

    Valkyrie Skögull

     

    Ainsi chanta Eyvindr :

    Et ce héros / A la tempête de Haar

    Portait une tunique / De fourrure de loup gris.

    Ainsi chanta Hersi :

    Autrefois, je ne semblais pas / Utile aux bosquets guerriers de Gunn

    Dans le grésil de Hlokk, lorsque nous étions / Plus jeunes : ainsi, je l'avoue.

     

    Edda de Snorri

    Grésil de Hlokk

     

    Ainsi chanta Einarr :

    L'austère prince laissa les voiliers aux boucliers de Hildr / Affronter le plus sévère des vents de tempête

    Des Valkyries, où la grêle issue des arcs / Les conduisit : les lames d'épée frappent.

     

    Edda de Snorri

    Bouclier de Hildr. A. Kossilick

     

    Ainsi chanta Einarr Ecaille-Sonore :

    La cotte de maille des guerriers, / Tissée serrée, ne protégea pas

    Correctement les jeunes contre la volée / De flèches de Hogni pendant l'attaque de Hakon.

    Ainsi ici :

    Ils levèrent le large bord du piège à traits / A l'assaut du fracas des flèches empressées.

    (comme j'ai trouvé excellents les deux vers anglais correspondants, je vous les livre : They set the Point-Net's edge-band / Against the Point-Crash-Urger).

    Ou encore :

    Sous les serres des aigles les ennemis du roi / Sombrèrent au cours des heurts de Göndul.

     

    XLVIII. Armes et armures peuvent être nommées d'après les périphrases utilisées pour la bataille, et avec des références à Odin, aux Valkyries et aux rois concernés : on peut nommer un heaume cagoule ou capuchon, une cuirasse tunique ou chemise, un bouclier, tente, et un mur de boucliers est nommé halle ou toit, muraille ou sol. On utilise pour les boucliers les figures de vaisseaux de guerre, et ils sont également appelés soleil, ou lune, ou feuille, ou éclat, ou ferrure des navires. Le bouclier est aussi nommé bateau de Ullr, ou pied de Hrungnir, puisqu'il s'était tenu debout sur son bouclier. Sur les anciens boucliers, la coutume était de peindre un cercle, qui était nommé anneau, et les boucliers sont métaphoriquement appelés anneaux.

    Les armes de taille, haches ou épées, sont dénommées feux du sang, ou des blessures ; les épées sont les feux d'Odin ; mais les hommes baptisent les haches du nom de géantes, et utilisent les périphrases de sang, blessures, forêts ou bois. Les armes d'hast sont qualifiées de manière appropriées de serpents ou de poissons. Les armes de jets font souvent l'objet de métaphores en termes de grêle, grésil, ou tempête. De nombreuses variantes de ces figures sont utilisées, et elles sont principalement présentes dans les poèmes ou les prières, qui nécessitent de telles métaphores.

    Ainsi chanta Viga-Glumr :

    Avec la protection du Dieu Pendu, / Les hommes ont cessé de passer

    Par dessus-bord ; bien que ce soit désagréable / Les plus braves en prirent le risque.

    Ainsi chanta Einarr Ecaille Sonore

    A Bui au Heaume cabossé par les guerres héroïques / - Lui qui vint du sud

    Se jeter dans la bataille de Gunn - et prompt au fracas des armes / Sigvaldi offrit le combat.

    Chemise d'Odin, comme chanta Tindr :

    Alors vint Hakon le cuirassé / Pour rompre l'encerclement ennemi

    Vêtu de la chemise d'Odin, / Les oscillants coursiers des mers de Rodi furent repoussés.

    Tunique de Hamdir, comme chanta Hallfredr :

    Le grésil de la guerre, dur et ruisselant / Des armes d'Egill heurte

    Violemment les tuniques de Hamdir / Des premiers rangs des guerriers des cerfs des vagues.

    Vêtements de Sörli, comme il chanta plus loin :

    A ce moment, les brillants habits de Sörli / Devaient être rougis du sang des hommes ;

    J'entends cela distinctement ; le feu des blessures / Sous une averse d'acier tranchant.

    Les boucliers sont appelés Tentes de Hlökk, comme chanta Grettir :

    Les dresseurs des tentes de Hlökk se trouvèrent nez à nez / Les uns contre les autres, et les héros

    De la tempête de grêle sous le mur protecteur de Hildr / Se taillèrent mutuellement la barbe.

    Toit de Rodi, comme chanta Einarr :

    Le toit de Rodi, grand pan de glace, / Est encore augmenté par la pluie

    Des paupières de Freyja, ma brillante hache : / Mon seigneur a ainsi utilisé son temps.

    Est emplie de larmes d'or, / La pluie des yeux de l'épouse d'Odr ;

    Mur de Hildr, comme le chanta Grettir et ainsi que nous l'avons écrit précédemment,

    Soleil des navires, comme le chanta Einarr :

    Dans l'océan, les parents d'Olaf / Rougissent la flamme du soleil des navires.

    Lune des joues des navires, comme le chanta Refr :

    Le jour était levé, lorsque les dispensateurs / Du feu des bras ont placé la lune claire

    De la joue dans ma main fermée, / Chemin des rouleaux d'anneaux rouges.

    Ferrure des vaisseaux, comme ici :

    La houle vive du fracas des lances / Passa à travers la ferrure de proue maculée de taches

    Comme si c'était écorce de bouleau ; vraiment, / Ce fut une bataille amère.

    Frêne de Ullr, comme ici :

    Les rafales de neige des navires de frêne de Ullr / Passèrent sinistres et abondants, au-dessus de notre prince,

    A l'endroit où s'agitent / Les effroyables espars hérissés de pointes.

    Lame des plantes de pied de Hrungnir, ainsi que chanta Bragi :

    Daigne écouter, ô Hrafnketill, / Comment je devrais louer la lame des plantes de pied

    Du ravisseur de Thrudr, peint / Avec talent, et encenser mon roi.

    Bragi le Scalde chanta ceci au sujet de l'anneau du bouclier :

    Si ce n'est que le fameux fils / De Sigurdr aurait du obtenir un paiement

    De bonne nature pour la nef ronde / De la roue sonore de Hildr.

    Il appelle le bouclier la roue de Hildr et l'anneau nef de la roue.

    Anneau de Terre, comme chanta Hallvardr :

    Le chef des rangs au combat / Voit l'éclat rouge de l'anneau de terre

    Eclater en deux parties ; le disque blanc, / Le dessin, se fendit en deux.


    Il a aussi été chanté :

    L'anneau convient le mieux au bouclier ; / Les flèches conviennent à l'arc.

     

    Une épée est le Feu d'Odin, ainsi que chanta Kormákr :

    Le combat enfla, lorsque le guerrier vint, / Le joyeux ravitailleur du Loup, dans le tumulte

    Causé par les flammes sonores d'Odin ; / Urdr est sortie de son puits.

    Feu du gouvernail, comme chanta Úlfr Uggason :

    La très puissante vierge / Des montagnes fit rouler le coursier des mers

    Vers l'avant, mais les champions / Du feu du gouvernail d'Odin abattirent son destrier-loup.

    Feu des cuirasses, ainsi que chanta Glúmr Geirason :

    Alors le protecteur des terres / Fit crisser le feu ruisselant des cuirasses,

    Aiguisé sur la pierre, lui qui le défendait / Efficacement contre les guerriers.

    Glace des ferrures, et blessure des armes défensives, comme chanta Einarr :

    J'ai reçu la glace des ferrures de la mer, / Avec le dégel d'or des yeux de Freyia,

    Du noble prince au cœur magnanime : / Nous tenons en main la blessure du heaume.

     

    Une hache est nommée d'après le nom d'une femme-trolle et d'une arme défensive, comme chanta Einarr :

    Les chevaucheurs des Coursiers de la mer de Ræfill / Pourront voir comment, richement sculptés,

    Les dragons sont prêts à couver / Contre le front de l'ogresse des heaumes.

     

    Une lance est nommée serpent, comme chanta Refr :

    Mon furieux et sombre serpent / Marqueur du rebord du bouclier

    Se démène furieusement dans / Mes mains, quand les hommes combattent.

     

    Les flèches sont appelées grêle des arcs ou des cordes, ou des protections, ou de la bataille, ainsi que le chanta Einarr Ecaille-Sonore.

    Le percutant roi des épées frappa / Les voiles de Hlökk de la grêle des arcs :

    Bravement, le partisan du Loup / Sauvegarda sa vie dans la bataille.

    Et Hallfredr :

    Et l'armure sous l'averse de lances, / Tricotée de fer, ne sauva pas

    Ceux qui rassasient les corbeaux affamés / De la grêle des traits de la corde.

    Et Eyvindr Skaldaspiller :

    Ils dirent : ô gardien de la terre de Hörd, / Ton esprit ne vacille pas

    Lorsque la grêle des cuirasses éclate dans les blessures ; / Courbés étaient les arcs d'orme.

     

    Edda de Snorri

    Viking en armes.

     

    Skaldskaparmal                                                                                                                        Skaldskaparmal 


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  • Skaldskaparmal

    Storm of the blades, Battlelore

     

    XLIX. La bataille est appelée Tempête ou averse de neige des Hjadnings, et les armes, feu ou bâton des Hjadnings ; Et cela provient de la légende suivante : Le roi nommé Högni avait pour fille Hildr ; le roi Hedinn, fils de Hjarrandi, la prit pour butin de guerre, tandis que le roi Högni participait à une assemblée de rois. Mais lorsqu'il apprit ce qui s'était passé en son royaume et que sa fille avait été ravie, il partit avec ses hommes pour chercher Hedinn, et entendit des nouvelles de lui, qu'il progressait vers le nord en suivant la côte. Lorsque Högni arriva en Norvège, il apprit qu'Hedinn faisait voile vers l'ouest. Et Högni le pourchassa sur la mer, même jusqu'aux îles Orkneys. Et lorsqu'il atterrit à l'endroit nommé Hoy, Hedinn était déjà arrivé là avec ses guerriers. Alors Hildr alla rencontrer son père, et lui offrit un collier au nom de Hedinn, en signe de paix et de réconciliation ; mais il ne fut pas accepté, et elle dit que Hedinn était prêt au combat et que Högni ne devait s'attendre à aucune miséricorde de sa part.

    Högni répondit durement à sa fille ; et lorsqu'elle retourna auprès de Hedinn, elle lui dit que Högni ne souhaitait aucune réconciliation, et lui ordonna de se préparer à la guerre. Et il en fut ainsi pour les deux parties : ils vinrent sur l'île et mobilisèrent leurs troupes. Puis Hedinn nomma Högni son beau-père, lui offrant la réconciliation et plus d'or en compensation. Mais Högni répondit: ''- Tu as fait cette offre trop tard, si tu voulais vraiment faire la paix. Maintenant, j'ai tiré Dáinsleif, forgée par les nains, et qui doit tuer un homme à chaque fois qu'elle est dégainée, et qui ne manque jamais son coup ; de plus, les blessures qu'elle occasionne ne peuvent être soignées.'' Alors Hedinn dit : ''- Tu peux te vanter de ton épée, mais pas de la victoire. Je tiens toute épée pour bonne, qui ne fait pas défaut à son seigneur.'' Et ils commencèrent cette fameuse bataille qui s'appelle le combat des Hjadnings, et ils se battirent toute la journée, mais au soir, les rois retournèrent à leurs navires. A ce moment, Hildr rejoignit les morts pendant la nuit, et par magie, remit debout tous ceux qui étaient morts. Le lendemain, les rois regagnèrent le champ de bataille, et se battirent, ainsi que tous ceux qui étaient tombés la veille. Et l'enchas se poursuivit jour après jour : ceux qui tombaient et toutes les épées abandonnées sur le champ, et les boucliers également, se changeaient en pierre. Mais à l'aube, tous les hommes morts se relevaient et les armes étaient à nouveau neuves. Il est dit dans les chansons que de cette façon, les Hjadnings devraient continuer à se battre jusqu'au Destin des Puissances1.

    Bragi le Scalde a composé des vers sur cette légende dans les chansons de prière de Ragnarr Lodbrók :

    "La jeune fille bien-aimée / Du sang de ses veines,

    Projeta d'entraîner, pour prix de sa colère, / Son père dans la tempête des arcs :

    Ce fut lorsque la dame porteuse d'anneau, / La femme malivole

    Présenta le funeste collier de la guerre / Au combattant des coursiers du vent.

    Cette ambassadrice des blessures sanglantes / Offrit au glorieux monarque

    Le collier mais pas pour prix de sa peur filiale / Lors de la moisson des armes meurtrières :

    Bien qu'elle semblât toujours réfréner la bataille, / Elle aiguillonnait

    Les guerriers à emprunter la route des morts, / Vers la sinistre sœur du loup vorace.

    Le prince du peuple, Dieu de la terre, / Ne laissa pas le combat, joie des loups,

    S'arrêter, ni cesser le carnage sur le sable, / La haine, mortelle, s'installa chez Högni.

    Lorsque le sévère Seigneur du tumulte des épées / Défia Hedinn avec des armes acérées,

    Plutôt que d'accepter le pendentif d'anneaux de Hildr. / Et cette maléfique sorcière de femme

    Gaspillant les fruits de la victoire, / Prit la souveraineté de l'île

    Par-delà les haches, la ruine des cuirasses : / Tous les guerriers du roi des navires

    Vinrent, en colère, derrière les solides boucliers / De Hjarrajidi, marchant vivement

    Depuis la flotte des chevaux marins de Refinir. / Sur le brillant bouclier de Svölnir,

    On peut voir l'assaut : / Ragnarr me donna la lune du vaisseau,

    Avec de nombreuses légendes dessinées dessus."

     

    La bataille est aussi appelée tempête d'Odin, ainsi qu'écrit ci-dessus. Ainsi chanta Víga-Glúmr :

    J'ai clarifié ma manière d'autrefois, / Comme les comtes pacifient leurs terres ; le verbe venait

    Comme parmi les participants à la tempête / Les bâtons-épées de Vidrir.

     

    Ici la bataille est nommée tempête de Vidrir et l'épée est le bâton de la bataille ; les hommes sont les assistants de l'épée. Ici, donc, à la fois la bataille et les armes sont utilisées comme métaphores de l'homme. Cette manière d'écrire s'appelle l'incrustation.

    Les boucliers sont le pays des armes, et les armes sont la grêle ou la pluie de ce pays, si on emploie des figures plus tardives.

     

    1 Autrement appelé le Crépuscule des Dieux.

     

    Edda de Snorri

     Pierre historiée de Gotland. Scènes de batailles et voyage des morts vers la Valhöll.

     

    Skaldskaparmal                                                                                                                     Skaldskaparmal 


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  • busluboen

    Ce texte très court est un concentré de magie noire  faisant appel aux mêmes runes que celles exposées dans les Galdr du Ljodatal des Havamal, ou dans les bénédictions de Groa, mais avec l'intention de nuire. De même que dans les Skirnismal, la menace de la malédiction est suffisante pour faire fléchir celui qui risque d'en être l'objet.

     

    Seidr, par Hagalaz Runedance

     _____________________________________

        

    busluboen

     

    Traduction de la version anglaise de  L.M. Hollander et utilisation de la version française d'Yves Kodratoff.

     

    La malédiction de Busla

     

    La saga raconte comment, poussé par des circonstances fâcheuses, le jeune Herrauth et son compagnon d'armes, Bosi, combattent lors d'une bataille rangée contre le père d'Herrauth, le roi Hring. Ils sont capturés et emprisonnés, devant être mis à mort le lendemain; mais la vieille Busla, mère adoptive de Bosi, une sorcière des plus expérimentées en magie runique, approche le roi pendant la nuit et commence à incanter ces imprécations qui sont appelées depuis Malédiction de Busla. Ce texte est devenu célèbre. On y trouve beaucoup de formules qu'il est mal pour les chrétiens d'avoir dans la bouche.

     

    1- Ici tu gis, Hring, Roi des Goths

    Le plus entêté des hommes,

    Décidé à assassiner demain ton fils :

    Puisse cet acte ignoble être connu de tous.

     

    2- Ecoute la chanson de Busla, elle va bientôt être incantée toute entière ;

    Ainsi toute la terre en entendra parler,

    Elle sera néfaste à celui qui l'entendra,

    Mais plus funeste encore à qui je veux maudire.

     

    3- Que les esprits tutélaires redeviennent sauvages, que surviennent des prodiges,

    Que se fracassent les falaises, que le monde tremble,

    Que le climat se détériore, que surviennent des prodiges.

    Mais toi, Roi Hring, pardonne à Herrauth,

    Et ne menace jamais Bosi d'aucun mal.

     

    4- J'incante maintenant des malédictions au-dessus de ta poitrine,

    Que des vipères venimeuses te rongent le cœur,

    Que tes oreilles à jamais soient sourdes,

    Et que tes yeux louchent vers le dehors,

    Mais toi tu supporteras Bosi, dans l'avenir,

    Et ne montreras plus de haine non plus envers Herrauth.

     

    5- Si tu navigues en bateau, que se rompent les haubans,

    Si tu gouvernes un navire, que se brisent les dames de nage,

    Que les voiles se fendent et s'affalent,

    Et que tout l'équipement se casse en deux,

    Mais tu ne dois porter aucune haine à Herrauth,

    Et tu supporteras Bosi dans l'avenir.

     

    6- Que les rênes s'arrachent, si tu viens à chevaucher,

    Que tes chevaux bronchent et tes montures soient blessées,

    Que chaque grande route et chaque chemin creux

    Te mènent où les trolls pourront t'assaillir.

    Mais toi tu supporteras Bosi, dans l'avenir,

    Et ne montreras plus de haine non plus envers Herrauth.

     

    7- Que ton lit te soit comme un feu de paille

    Que ton haut-siège te soit comme la houle furieuse,

    Tu mérites encore bien pire ;

    Si tu désires satisfaire avec une fille ton désir d'homme,

    Alors perds-toi en chemin : veux-tu en entendre plus ?

     

    Le roi tente alors de la faire taire et de se lever de sa couche, mais se trouve lié par un charme à son lit et incapable de se redresser. Comme il n'est toujours pas décidé à céder, Busla chante la deuxième partie de son charme.

     

    8- Que les Nains, les Thurses et les Nornes sorcières,

    Les Lutins et les Trolls brûlent ta maison;

    Que les Géants te haïssent, que les étalons te piétinent à mort,

    Que tous les chaumes te piquent, que les tempêtes te secouent,

    Sois assailli de tous les maux si tu ne fais pas selon mon vouloir!

     

    Alors le roi est prêt à pardonner à son fils Herrauth, mais à déclarer Bosi hors-la-loi. Alors elle commence à chanter ce qu'on appelle les Syrpuvers ("les versets du Syrpa"), lesquels renferment la plus puissante des magies, de sorte qu'il n'est pas permis de les chanter une fois la nuit tombée, et à la fin, il en va comme ceci :


    9- Que viennent les six guerriers : je vais te dire leurs noms :

    Je vais te les montrer sans leurs entraves.

    Mais tu peux les deviner si bon me semble,

    Que les chiens voraces te déchirent en pièces,

    Et que ton âme sombre dans les flammes de l'enfer !

    Que ton esprit ne puisse plus voyager ! (raido)

    Que ma malédiction t'enchaîne pour toujours ! (ansuz)

    Que ton corps se glace ! (thurisaz)

    Que tu perdes tous tes amis ! (mannaz)

    Que ton corps pourrisse ! (kaunan)

    Que les Esprits des morts pourrissent ton âme ! (uruz)

     

    Puis, après avoir fait jurer au roi par serment qu'il reviendra sur sa décision, elle lève la malédiction

     

    busluboen, edda poétique

    Montage graphique à partir de "Byron sur son lit de mort", J.D. Odevaere

     

      busluboen                                                                                                                                              busluboen


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