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Skaldskaparmal XIV : l'or, l'homme et la femme
XLV. L'or est métaphoriquement nommé Feu de la Main, ou du membre, ou de la jambe, parce qu'il est rouge. Mais l'argent est appelé Neige, ou Glace, ou Givre, parce qu'il est blanc. De la même façon, l'or et l'argent peuvent être désignés métaphoriquement comme bourse, creuset, ou écume, et les deux peuvent être nommés Pierre de la main, ou collier, parce que tout homme a l'habitude de porter un collier. Colliers et anneaux peuvent être d'or ou d'argent, si aucune précision n'est apportée.
Comme chanta Thorleikr le Blond :
L'aimable Prince des Fardeaux / Jette le fruit des creusets sur les sièges des faucons
Des thanes, les poignets s'embellissent, / Il donne de l'ambre pour les coudes.
Et comme chanta Einarr Ecaille-Sonore :
Le Roi de la forte terre de Lurid / Brisa les branches marquées d'or.1
Je pense que le prince des guerriers / Ne manquait pas de brillants galets du Rhin.
Ainsi chanta Einarr Skúlason :
La neige de la bourse et le feu de la mer / Gisent de part et d'autre de la tête des haches,
Faire couler le sang est son affaire / Pour honorer celui qui châtie nos ennemis.
Et plus loin :
La lumière de la mer se tient chaque jour / Au-dessus de la neige mouvante du creuset,
Et les boucliers, protecteurs des joues du navire, / Abritent un cœur des plus généreux ;
Nul ne peut fondre la neige / Argentée des flacons à la flamme du feu
De la route fluide des anguilles ; le héros / Brave des compagnons accomplit tous ces exploits.
Ici, l'or est nommé feu de la route fluide des anguilles, et l'argent, neige des flacons.
Ainsi chanta Thordr Scalde de Mæri
L'heureux donateur du fardeau de la main / S'aperçut à la réduction de son or
Que Hermodr du Nid du Serpent / Avait eu un père généreux.
XLVI. L'homme est nommé briseur d'or, ainsi que le chante Ottar le Basané :
Il faut que je parle du briseur / De l'éclat des batailles des hommes braves ;
Regardez ici les vaillants guerriers / Assemblés par les rois de sagesse.
Ou donateur d'or, comme chanta Einarr Ecaille-Sonore :
Le donateur d'or permit / A la terre silencieuse d'écouter
La chanson : j'ai rassemblé ses cadeaux, / Le prince réjouit ses jeunes gens.
Ou dispensateur d'or, comme chanta Thorleikr
Le dispensateur d'or s'attache la loyauté / De sa garde aux armures royales.
Ou adversaire de l'or, comme chantait Thorvaldr Scalde Mêlé
L'ennemi de l'or distribue le charbon brûlant / Des bras ; le roi donne la richesse rouge.
Le consolateur du petit peuple / Distribue le fardeau de Grani.
Ou le porteur d'or, comme il est écrit ici :
J'eus l'amitié du porteur d'or / Et celle du guerrier,
Fils des luisantes lames de la guerre, / Je leur chante une louange.
On utilise pour les femmes des périphrases avec l'or, les nommant Saule d'Or ou Donneuse d'Or, comme chanta Hallarsteinn :
Celui qui dispense l'ambre / De la boisson salée du frais Sanglier de Vidblindi
Retiendra longtemps le Saule / de la Rivière dorée du serpent flûte.
Ici, la baleine est nommée sanglier de Vidblindi ; ce Vidblindi était un géant qui a ferré des baleines hors de la mer comme s'il s'agissait de poissons. La boisson des baleines est la mer. L'ambre de la mer est l'or. La femme est le saule, ou la dispensatrice de l'or qu'elle donne. Et le saule est un arbre. Ainsi que nous le savons déjà, la femme est désignée sous des noms d'arbres féminins. Elle est également nommée utilisatrice de ce qu'elle donne ; et le mot pour utilisatrice est le même que pour rondin, arbre abattu dans la forêt.
Ainsi chanta Gunnlaugr Langue de Serpent :
Cette dame était née pour attiser des dissensions / Parmi les fils des hommes ;
Le bosquet de la guerre a provoqué cela ; follement / Je brûlais de posséder le rondin de la richesse.
Ici, la femme est nommée forêt. Ainsi chanta Hallarsteinn:
Avec la planche bien équarrie de la chanson, / La langue, j'ai séduit ma dame,
Dame du calice d'ale de la première chanson, / La blonde forêt des flacons.
Ou fascine, comme chanta Steinn :
Tu devrais, ô douce Sif / Du feu de l'or des flots, comme les autres
Fascines des grèves de Hjadning, / Rompre avec ta bonne fortune.
Ou pilier comme chanta Ormr Steinthórsson:
Le Pilier de Pierre était vêtu / De parures propres et seyantes :
Un nouveau manteau que le héros / Jeta sur les épaules de la radieuse valkyrie de l'hydromel.
Ou soutien, comme chanta Steinarr
Tous mes rêves des doux bras / Couverts de bracelets de la gracieuse déesse
M'ont menti ; l'infidèle soutien / De la course lunaire m'a séduit.
Ou bouleau, comme le chanta Ormr :
Pour être remarqué du bouleau / Au brillant anneau creux,
J'ai posé la flamme des paumes / Sur le flacon des nains, ma chanson.
Le chêne est aussi souvent utilisé :
Le beau chêne des richesses / Se lève, devançant notre gaité.
Ou Tilleul, ainsi qu'il est écrit :
O terrifiant, imposant orme / Des déluges d'armes assourdissants
Notre courage ne doit pas s'affaiblir : / Ainsi l'a ordonné le tilleul des linons.
On peut utiliser trois métaphores pour parler de l'homme, ainsi que nous l'avons écrit précédemment: il est appelé utilisateur, ou maître, des armes, ou des combats, ou des expéditions, ou des exploits, des vaisseaux, et de tout ce qu'il peut manier et contrôler. Ainsi chanta Ulfr Uggason :
Mais la corde raide du bord du monde, aux yeux clignotants, / Regardait la terre au-delà du plat-bord,
Vers le sorbier des oiseleurs du peuple / De la pierre, le Dominateur des géants.
Ou arbre ou poutre, comme chanta Kormákr :
Le madrier au rameau d'épée meurtrier / Est plus grand que beaucoup
Dans le tintement des flèches ; les épées sont vainqueurs.
Pays de l'indomptable Sigurdr.
Ou bosquet, comme chanta Hallfredr le Scalde Agité :
Le bosquet puissant et loyal / Au bouclier meurtrier, aux cheveux longs,
Se tint debout dans les terres de l'est / En sécurité avec les frênes-guerriers d'Ullr.
Ici, il est également nommé Frêne.
Ou buis, ainsi que chanta Arnorr
Le buis des vaisseaux ordonna aux Rygirs2 / D'apporter les boucliers rassemblés
Dans le crépuscule précoce : à travers la pluie de lances / Les nuages du combat traversaient la nuit d'automne.
Ou Frêne, comme chanta Refr :
Le seigneur de la bataille, généreux donateur, / Rechercha le lit semé d'or de la jeune fille ;
Le frêne du grésil de la guerre d'Odin, / Conquit la fortune de la virilité.
Ou Erable, comme ici :
Salut, érable aux éclats de glace / De la main ! Ainsi parla l'homme en cuirasse.
Arbre, comme chanta Refr :
Alors j'ai décidé / D'offrir le jusant de la poitrine d'Odin,
Les vers du dieu de la guerre, à Thorsteinn ; / Ainsi le veut l'arbre des épées.
Bâton, comme chanta Ottarr:
Toi, féroce bâton de guerre, a maintenu / Malgré deux rois, tes frontières
A l'aide de la race des héros, là où les corbeaux / Ne jeûnèrent pas : que ton cœur reste vif.
Epine, comme chanta Arnorr :
Elle amassa, la jeune épine des richesses, / Des monceaux de cadavres
Pour les aigles, et ses hommes d'armes / Guidèrent et aidèrent le héros.
1 la coutume voulait que le roi donnât ses propres bracelets : il fallait souvent qu'il les ouvrît ou les brisât pour ce faire.
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