-
Vanaheim, de Therion
____________________
V- «- Quelles périphrases employer pour parler de Baldr ?»
«- En le nommant : fils d'Odin et Frigg, Epoux de Nanna, Père de Forseti, Propriétaire de Hringhorni et Draupnir, Victime de Hodr, Compagnon de Hel, Dieu des larmes»
Úlfr Uggason, en narrant l'histoire de Baldr, a composé un long passage dans la Husdrapa, et les exemples donnés ci-dessus y sont utilisés.
Baldr le Bon. Jacques Reich, 1900
VI- «- Quelles périphrases employer pour parler de Njord ?»
«- En le nommant : Dieu des Vanes, Enfant des Vanes, le Vane, Père de Freyr et Freya, Dieu qui offre la richesse.»
Ainsi chanta Thórdr Sjáreksson :
Gudrun dans sa souffrance, / Tua elle-même son fils ;
La sage épouse divine / Aux côtés du Vane
Se désola ; on dit qu'Odin / Dompta bien les rebelles.
Il avait été dit qu'Hamdir / Serait épargné par les champions des épées.
Il est ensuite indiqué que Skadi quitta Niord, ainsi qu'il a été écrit plus haut.
Njord et Skadi partant pour Noatun
VII- «- Quelles périphrases employer pour Freyr ?»
«- En le nommant Fils de Niord, Frère de Freya, Dieu des Vanes, Enfant des Vanes, Vane, Dieu de la saison fertile, Dieu dispensateur de richesses.»
Ainsi chanta Egill Skallagrímsson:
Pour cela, Freyr et Njord / Ont aimablement béni
Les biens et les objets / De Grjótbjörn.
Freyr est nommé Adversaire de Beli, ainsi que le chante Eyvindr Skaldaspiller :Lorsque l'ennemi du Seigneur / Voulut résider
Aux frontières extérieures / De celui qui abhorre Beli.
Il est le possesseur de Skídbladnir et du sanglier nommé Soies-d'Or, ainsi qu'il est dit ici :
Le descendant d'Ivaldi / Dans l'ancien temps,
Donna forme à Skidbladnir / Le meilleur des navires,
Evidemment fabriqué pour Freyr, / Choisi pour le fils de Njord.
Ainsi parla Úlfr Uggason:
Freyr l'intrépide dans la bataille chevaucha, / Parmi les premiers, le puissant sanglier
Aux soies d'or vers le feu du malheur / de Balder, et conduisit le peuple.
Le sanglier est également appelé Boutoirs Dangereux..
Freyr et Gullinbursti. Johannes Gehrts
VIII- «- Quelles périphrases employer pour Heimdallr ?»
«- En le nommant fils des neuf mères, Sentinelle des dieux, ainsi qu'il a déjà été noté. On peut également parler du Dieu Blanc, de l'Ennemi de Loki, du Quêteur du collier de Freya. On nomme une épée Tête de Heimdall, parce qu'il se raconte qu'il a été transpercé par la tête d'un homme. Cette légende est racontée dans le Galdr d'Heimdall, et ainsi, une tête est nommée mesure de Heimdall, une épée est nommée mesure de l'homme. Heimdall est le propriétaire de Gulltop, il est également le familier de Vágasker et Singasteinn, où il a affronté Loki pour la recherche du collier Brisingamen, Il est également nommé Vindlér.»
Úlfr Uggason a composé un long passage dans la Húsdrápa sur cette légende, et il y est écrit qu'ils étaient alors sous forme de phoques. Heimdall est également fils d'Odin.
Heimdall et Gjallarhorn.
IX. «- Quelles périphrases employer pour Tyr ?»
«- En le nommant Le Dieu Manchot, Eleveur du Loup, Dieu des Batailles, Fils d'Odin.»
Tyr nourrit Fenrir, qu'il est chargé d'élever.
X. «- Quelles périphrases employer pour Bragi ?»
«- En le nommant Epoux d'Idunn, Premier des Poètes, et Dieu à la longue barbe (d'après ce nom, un homme avec une grande barbe est surnommé barbe de Bragi), et Fils d'Odin.»
Bragi et son épouse Idunn
XI. «- Quelles périphrases employer pour Vidar ?»
«- En le nommant Dieu Silencieux, Porteur des chaussures de fer, Ennemi et Tueur du loup Fenrir, Vengeur des Dieux, Habitant Divin des Fermes des Pères, Fils d'Odin et Frère des Ases.»
Vidar met ses chaussures
XII. «- Quelles périphrases employer pour Vali ?»
«- En le nommant Fils d'Odin et Rind, Beau-fils de Frigg, Frère des Ases, Vengeur de Balder, Ennemi et Tueur de Hodr, Habitant divin des Fermes des Pères.»
Vali le Chasseur
XIII. «- Quelles périphrases employer pour Hödr ?»
«- En le nommant le Dieu Aveugle, le Meurtrier de Balder, Archer au gui, Fils d'Odin, Compagnon de Hel, Ennemi de Vali.
Loki guide la main de Hödr
XIV. «- Quelles périphrases employer pour Ullr ?»
«- En le nommant fils de Sif, Beau-fils de Thor, Dieu des Raquettes, Dieu Archer, Dieu de la chasse, Dieu au bouclier.»
Ullr
XV. «- Quelles périphrases employer pour Hœnir ?»
«- En le nommant Hôte des Bancs, ou Compagnon, ou Ami d'Odin, Fouet des Dieux, Celui aux longs Pieds, et Roi de l'Argile.»
Hoenir
XVI. «- Quelles périphrases employer pour Loki ?»
«- En le nommant Fils de Farbauti et Laufey, Fils du Néant, Frère de Býleistr et de Helblindi, Père du monstre de Van (Fenrir), Père du monstre géant (c'est à dire le Serpent de Midgard), et de Hel, et de Nari, et de Ari, Parent d'Odin, et son Oncle, son malfaisant compagnon, le Convive d'Odin et des Ases, Invité des Géants et Trompeur de Geirrod, Voleur des Géants, des boucs, du Brisingamen, et des pommes d'Idunn, Parent de Sleipnir, Epoux de Sygin, Ennemi des Dieux, Coupeur de la chevelure de Sif, forgeron du mal, Dieu Malin, Calomniateur des Dieux, Trompeur des Dieux, Concepteur de la mort de Balder, Dieu Insaisissable, Ennemi querelleur de Heimdall et Skadi.»
Ainsi que le chanta Úlfr Uggason ici :
Le glorieux défenseur de l'arc en ciel / Plein de sagesse, combattit
Loki à Singasteinn, / Le Rejeton du néfaste péché de Farbauti ;
Le fils des huit mères plus une / Très en colère, s'était saisi
De la Pierre avant que Loki n'arrive. / Je révèle des chants de prière.
Il est ici écrit qu'Heimdall est le fils des neuf mères.
Loki. Arthur Rackham.
votre commentaire -
XVII. Maintenant, il faut donner une explication quant à l'origine de ces métaphores, qui ont été seulement exposées et pour lesquelles nulle justification n'a jusqu'à présent été donnée. Ainsi, Bragi raconta à Aegir comment alors que Thor s'était rendu dans l'est pour combattre les trolls, Odin a chevauché Sleipnir jusqu'à Jotunheim et a rendu visite à ce géant nommé Hrungnir.
Hrungnir demanda quel genre d'homme cela pouvait être, qui portait un heaume en or et qui chevauchait dans les airs et sur la mer. Et il dit que l'étranger avait un fameux coursier. Odin lui répondit qu'il pariait sa tête qu'il n'existait pas dans Jotunheim de destrier le valant. Hrungnir rétorqua que c'était certainement une bonne monture, mais qu'il possédait un cheval bien plus rapide, nommé Crins-d'Or (Gullfaxi). Contrarié, Hrungnir prit la mouche, et sauta en selle sur son cheval pour le pourchasser et lui faire payer sa fanfaronnade.
Odin galopa si prestement qu'il fut le premier au but, sur la colline la plus proche, mais Hrungnir était si plein de la noire fureur des géants qu'il n'y prêta aucune attention jusqu'à ce qu'il arrive sous les murailles d'Asgard. Lorsqu'il s'arrêta vers la porte d'entrée, les Ases l'invitèrent à se désaltérer. Il entra et ordonna qu'on lui amène à boire, et les flacons furent prélevés dans la réserve personnelle de Thor, celle dans laquelle il avait l'habitude de se servir ; Hrungnir les assécha l'un après l'autre. Et lorsqu'il fut ivre, les grands mots ne lui manquèrent pas : il se vanta de saouler les hôtes de la Valhall et de l'emmener jusqu'à Jotunheim, et de faire sombrer Asgard, et de tuer tous les dieux, à part Freyja et Sif qu'il ramènerait chez lui. Freyja seule fut jugée digne de lui verser à boire. Il jura qu'il boirait toute la bière des Ases. Mais lorsqu'à la fin son insolence, dépassant les bornes, devint insupportable aux Ases, ils clamèrent le nom de Thor. Instantanément, Thor surgit dans la halle, brandissant son marteau, et il était très en colère, et il demanda qui avait permis à ce chien de géant de s'enivrer ici, qui avait conduit Hrungnir en toute sécurité dans la Valhall, et pourquoi c'était Freyja elle-même qui lui servait à boire à un festin des Ases. Alors Hrungnir, regardant Thor sans aménité, lui répondit qu'Odin l'avait invité à boire, et qu'il était capable d'assurer lui-même sa propre sécurité. Thor promit que Hrungnir se repentirait de cette invitation avant de quitter les lieux. Hrungnir rétorqua qu'Asa-Thor ne tirerait que peu de gloire à l'occire, désarmé comme il était ; que ce serait un plus grand défi pour son courage s'il osait l'affronter, lui Hrungnir, à la frontière de Grjótúnagard. «- Et c'était d'une grande sottise, dit-il, que de laisser chez moi mon bouclier et ma pierre à aiguiser. Si j'avais mes armes ici, nous pourrions tournoyer en combat singulier. Mais en l'état actuel, je déclare que tu es un lâche si tu me tues maintenant, alors que je suis désarmé.» Thor n'était pas le moins du monde anxieux de livrer ce combat sur un autre terrain, personne ne lui ayant jamais offert de duel.
Hrungnir chez les Ases
Ensuite, Hrungnir reprit la route et galopa furieusement jusqu'à rejoindre Jotunheim. La nouvelle de son voyage s'était répandue chez les géants, et l'arrangement d'un combat singulier entre lui et Thor faisait grand bruit. Les géants jugèrent qu'ils avaient beaucoup à perdre, qui que ce soit qui remporte la victoire, parce qu'ils seraient en grand péril aux mains de Thor si Hrungnir, le plus fort d'entre eux tous, périssait. Alors les géants fabriquèrent un homme d'argile à Grjótúnagard. Il faisait neuf miles de haut et trois de large entre les aisselles ; mais ils ne purent trouver de coeur assez gros pour l'animer, jusqu'à ce qu'ils prennent celui d'une jument. Il n'était même pas encore sec lorsque Thor survint. Hrungnir avait ce cœur si célèbre, de pierre dure et à trois angles aigus, identique au symbole que les hommes dessinent et nomment «cœur de Hrungnir». Sa tête était de pierre également, de même que son bouclier, large et épais, qu'il tenait devant lui tandis que campé à Grjótúnagard, il attendait Thor. De plus, il avait pour arme sa pierre à aiguiser, qu'il brandissait au-dessus de sa tête, et il était effrayant à voir. A côté de lui se tenait le géant d'argile, dénommé Mökkurkálfi : il était saisi de peur et on raconte qu'il se mouilla lui-même en voyant Thor.
Thor arriva bientôt au lieu du rendez-vous et Thialfi avec lui. Ce dernier courut devant vers l'endroit où était déjà Hrungnir et lui dit : «- Tu te tiens imprudemment, géant, de porter ainsi ton bouclier devant toi, parce que Thor t'a vu et vient ici par la terre, il arrivera sur toi par en-dessous.» Alors Hrungnir posa le bouclier à terre et se mit debout dessus, maniant son caillou à deux mains. Il vit bientôt les éclairs jaillir et entendit la déflagration du tonnerre, puis vit Thor, animé d'une fureur divine, se ruer vers lui depuis le ciel et donner de l'élan au marteau, le projetant vers lui de fort loin. Hrungnir leva la pierre et la lança vers lui ; elle frappa le marteau en plein vol, et éclata en fragments : certains tombèrent sur le sol, et d'eux proviennent tous les silex ; les autres explosèrent sur la tête de Thor, et il tomba au sol. Mais le marteau Mjöllnir frappa Hrungnir au milieu du front, et réduisit son crâne en petits morceaux, et à son tour, il chut juste devant Thor, sa jambe le coinçant par le cou.
Thialfi frappa Mökkurkálfi, qui s'effondra sans gloire, puis rejoignit Thor qu'il aurait dégagé du pied de Hrungnir s'il avait trouvé assez de force en lui. Immédiatement, dès qu'ils apprirent que Thor était tombé, les Ases se précipitèrent, et l'auraient bien libéré du pied de Hrungnir, s'ils l'avaient pu. Puis vint Magni, fils de Thor et Jarnsaxa, alors âgé de trois nuits. Il retira le pied de Hrungnir du cou de son père, et dit : ''- Voyez comment ça se passe mal, Père, lorsque j'arrive trop tard. J'aurais cogné ce géant mort de mes poings, je pense, si je l'avais rencontré.'' Thor se releva et accueillit son fils, lui disant qu'il allait sûrement devenir terrible. «- Et je vais te donner, ajouta-t-il, le cheval Crins-d'Or, qui appartenait à Hrungnir.» Alors Odin intervint, et reprocha à Thor d'avoir donné ce cheval au fils d'une géante plutôt qu'à son propre père.
Thor rentra chez lui à Thrudvangar, et un éclat de silex restait planté dans sa tête. Alors vint une femme sage, nommée Groa, épouse de Aurvandill le Vaillant : elle entonna son chant magique pour Thor afin de faire sortir la pierre de sa tête. Mais lorsque Thor s'en rendit compte, il pensa qu'il y avait un espoir de se débarrasser du silex, il voulut la remercier pour son soin et lui donner un peu de joie. Il lui raconta ceci : il avait lui-même pataugé depuis le grand Nord à travers les courants de glace et avait porté Aurvandill dans un panier sur son dos jusqu'au nord de Jotunheim. Et il ajouta qu'un des orteils d'Aurvandill avait crevé le panier, et que comme il avait gelé, Thor l'avait cassé et jeté dans les cieux, et en avait fait l'étoile qui se nomme l'Orteil d'Aurvandill. Thor assura qu'il s'écoulerait peu de temps avant qu'Aurvandill ne rentre à la maison. Mais Groa en fut si heureuse qu'elle oublia ses incantations, et la pierre resta en place, et se trouve toujours dans la tête de Thor. C'est pourquoi il est interdit de jeter une pierre à aiguiser par terre, car alors le silex bouge dans la tête de Thor.
Groa soigne Thor
Thjódólfr de Hvin a composé une chanson d'après cette légende dans le Haustlöng :
Sur la large surface peinte / Du bouclier rond, on peut aussi
Voir comment la Terreur des Géants / Rejoignit la demeure de Groa ;
Le fils de Iord, en colère, / Conduisit le jeu de l'acier ; devant lui
Retentissait la route baignée de lune, / La fureur bouillonnait
Dans le cœur du frère de Meili. / Tous les palais des Dieux Brillants
S'enflammèrent devant le parent de Ullr ; / La terre était cinglée de grêle
Le long de son parcours, lorsque les boucs / Bondissant emportaient le dieu au chariot luisant
A la rencontre du macabre géant : / La terre, épouse d'Odin,
Se fissura spontanément. / Le frère de Balder ne conclut aucune trêve
Avec le cruel ennemi du peuple de la terre. / Les rochers s'entrechoquèrent, les éboulis tremblèrent,
Le lumineux Ciel Supérieur / S'embrasa ; je vis le géant
Trembleur des récifs sous les voiliers, / Regardant son guerrier destructeur.
Rapidement, le bouclier à la ferrure étincelante / Glissa sous les semelles du gardien des falaises :
C'était la sage décision des dieux, / Les Valkyries de la bataille le voulaient.
Le champion des terres désolées / N'attendit plus très longtemps
Le prompt assaut lancé / Par l'ami de l'écraseur des groins de trolls.
Lui dont le souffle avait été coupé, / Le funeste mercenaire de Beli
Le démon des montagnes retentissantes / Tomba sur le bouclier cerclé de métal.
Mais le monstre des ravines avait riposté / Avant que le puissant marteau,
L'assommeur des étrangers des collines / N'ait mis à bas l'affreux lâche.
Alors un éclat de la pierre à aiguiser si difficile à briser / Projetée par l'amant des ogresses
Vrombit en se fichant aux marges du cerveau / Du fils de la Terre, si bien que l'affûteur
D'acier, inébranlablement planté / Dans le crâne du descendant d'Odin
Y resta, tout taché / Du sang d'Einridi,
Jusqu'à ce que la déesse de la bière, / Avec de merveilleuses préparations, n'enchante
Cette célèbre blessure, couleur de rouille, / Des tempes inclinées du Dieu au chariot ;
Je vois ces faits clairement dessinés / Sur les peintures de ce pavois,
Ce bouclier bosselé, où figurent / Ces légendes, et que je tiens de Thórleifr.
votre commentaire -
XVIII. Alors Ægir dit «- Je suppose que Hrungnir était d'une grande puissance. Thor a-t-il accompli des hauts-faits encore plus valeureux contre les trolls ?»
Et Bragi répondit : «- Il vaut la peine de raconter comment Thor s'est rendu à la demeure de Geirrodr. A ce moment là, il n'avait pas son marteau Mjöllnir avec lui, non plus que sa ceinture de force, ni ses gantelets de fer: et tout était de la faute de Loki, qui s'y rendit avec lui. Un jour, volant avec le plumage de faucon de Frigg, il est arrivé à Loki de se rendre par curiosité dans l'enclos de Geirrodr. Là, il vit une grande halle, et se posa sur le mur et regarda à travers une fenêtre ; Geirrodr leva les yeux et le vit, et ordonna qu'on l'attrape et qu'on lui amène. Mais celui qui avait été envoyé, si grand fut-il, pouvait difficilement atteindre le sommet du mur ; et il sembla amusant à Loki de regarder l'individu tenter de le rejoindre dans l'effort et la peine, et il pensa qu'il avait encore bien du temps avant de devoir s'envoler pour fuir celui qui s'était lancé dans cette périlleuse ascension. Quand l'homme le pressa de plus près, il déploya ses ailes pour s'envoler, et bondit vivement, mais ses pieds avaient déjà été saisis. Alors Loki fut pris et conduit devant Geirrodr le Géant ; mais Geirrodr s'aperçut que ses yeux pouvaient être ceux d'un homme, et lui ordonna de répondre, mais Loki garda le silence. Alors Geirrodr enferma Loki dans une cage et l'affama pendant trois mois.
Puis il l'en sortit et lui intima l'ordre de parler, et Loki révéla qui il était; pour prix de sa vie, il jura à Geirrodr avec des serments qu'il parviendrait à amener Thor chez Geirrodr dépourvu de son marteau et de sa ceinture de force.
Thor fut amené à passer une nuit chez la géante nommée Gridr, mère de Vidar le silencieux. Elle confia à Thor la vérité à propos de Geirrodr, qu'il était un géant habile et difficile à manœuvrer; et elle lui confia la ceinture de force et les gants de fer qu'elle possédait, ainsi que son bâton, nommé la Canne de Gridr. Alors Thor traversa la rivière nommée Vimur, la plus grande des rivières. Il ceignit la ceinture de puissance et s'arc-bouta à contre-courant sur la Canne de Gridr, pendant que Loki s'accrochait à sa ceinture. Lorsque Thor arriva au milieu du courant, la rivière était devenue tellement forte qu'elle se brisait contre ses épaules. Alors Thor se mit à chanter :
Ne te gonfle pas tant, Vimur, / Car je veux te traverser
Jusqu'à l'enclos du géant : / Si tu croîs, tu sais
Que je ferais croître en moi la force divine / Jusqu'au ciel.»
Puis Thor vit Gjalp, fille de Geirrodr, se tenant au-dessus du ravin, un pied de chaque côté, enjambant la rivière, et elle était l'origine de la crue. Alors Thor arracha un rocher de la rivière et le lui jeta en criant ces mots : «C'est à sa source que la rivière doit être endiguée.» Il ne manqua pas sa cible. Il arrivait à ce moment sur la rive, et saisit un bosquet de sorbier des oiseleurs pour s'extraire de la rivière, ce qui fait qu'à présent on nomme le sorbier des oiseleurs la délivrance de Thor.
Lorsque Thor arriva devant Geirrodr, lui et son compagnon furent accueillis dans l'entrée et invités au divertissement, et il fut convié à s'asseoir sur une chaise, et il s'assit sur ce siège. Alors il se rendit compte que la chaise bougeait sous lui et le projetait vers le plafond. Il arc-bouta alors la canne de Grid contre le plafond et poussa fort afin de faire tomber la chaise. Puis il y eut un grand fracas, suivi de hurlements. Sous la chaise se trouvaient les filles de Geirrodr, Gjalp et Greip; et il leur avait brisé le dos à toutes deux. Puis Geirrodr appela Thor dans la halle pour jouer à des jeux. Il y avait de grands feux sur toute la longueur de la halle. Lorsque Thor arriva en face de Geirrodr, ce dernier saisit une barre de métal portée au rouge avec des pinces et la lui jeta. Thor l'attrapa avec ses gants de fer et l'envoya dans les airs. Geirrodr esquiva derrière un pilier pour se sauver. Mais Thor tordit la barre et la jeta dans sa direction. La barre traversa la colonne, perfora Geirrodr et se planta dans le mur, puis dans la terre.
Eilífr Gudrúnarson a ciselé des vers sur cette histoire, dans la Thorsdrapa (traduite sur une autre page de ce blog).1
1 L'interprétation et la traduction de ce texte ancien sont sujettes à controverse sur plusieurs points. D'après Snorri, Thor n'avait pas ses objets. D'après d'autres traducteurs ultérieurs disposant de tous les Codex, il a tué les géants avec son marteau. De même, il aurait eu du mal à traverser la rivière Vimur, pour Snorri. Ultérieurement, l'étude comparée des textes laisse penser qu'il adresse sa menace à l'océan. D'un autre côté, Snorri avait probablement eu accès aussi à la mémoire orale de sa culture d'origine...
________________________________________________________________________________
Pour commencer le chapitre des Asynies, Frigga's web, d'Hagalaz Runedance
_________________________
XIX. «- Quelles périphrases employer pour Frigg ?»
«- En la nommant Fille de Fjorgynn, épouse d'Odin, Mère de Balder, co-épouse de Iord et Rind et Gunnlod et Gridr, Belle-mère de Nanna, Dame des Ases et Asynes, Maîtresse de Fulla et du plumage de faucon et de Fensalir.
Frigg, 1895, par H.E. Gerber
Frigg et Fulla, 1874, par A. Murray
XX «- Quelles périphrases employer pour Freyja ?»
«- En la nommant Fille de Njord, Sœur de Freyr, Epouse d'Odr, Mère de Hnoss, Maîtresse des morts, de Sessrumnir, des Chats, de Brisingamen, Déesse des Vanes, Dame des Vanes, Déesse de la beauté en larmes, Déesse de l'amour. Toutes les déesses peuvent être nommées ainsi : en les appelant par le nom d'une autre, mais en citant leurs attributs personnels, ou leurs œuvres, ou leurs enfants.
Freyja et Brinsingamen. John Penrose.
XXI. «- Quelles périphrases employer pour Sif ?»
«- En la nommant Epouse de Thor, Mère de Ullr, Déesse à la blonde chevelure, co-épouse de Jarnsaxa, Mère de Thrudr.
Loki rend sa chevelure d'or à Sif sous le regard de Thor
XXII. «- Quelles périphrases employer pour Idunn ?»
«- En la nommant Epouse de Bragi, gardienne des pommes. Et les pommes peuvent être appelées Elixir de jeunesse des Ases. Idunn est également nommée Butin du géant Thjazi, selon l'histoire qui a été narrée précédemment et qui raconte comment elle a été ravie aux Ases.
Idunn et les Ases, John Penrose, 1890.Thjódólfr de Hvin a composé des vers sur cette histoire dans la Haustlong.
Comment pourrais-je m'acquitter / Equitablement pour le don de ce bouclier,
Rempart de la Guerre, que me fit Thorleifr ? / J'observe la victoire incontestable
Du combat de trois des Dieux parmi les plus grands / Et de Thjazi, sur la joue brillante
Du pavois de la guerre. / Le ravisseur de la Dame
S'envola rapidement avec fracas / Pour rencontrer l'illustre Seigneur des Dieux,
S'en allant dans son plumage d'aigle ; / Autrefois, l'aigle de mer arriva
Lorsque les dieux eurent mis la viande / Sur le foyer ; le géant des rochers
Fut hélé sans arrière-pensée. / Habile à mystifier les dieux
Il se montra avec les Ases / Intraitable dans le partage
De la nourriture ; le grand Instructeur / Des Ases, la tête couverte d'un heaume,
Vit les puissances en bouillir de rage ; / L'oiseau de mer, plein de cautèle,
Leur parla du haut d'un vieux tronc; / Loki était mal disposé à son égard.
Le monstre vorace ordonna / Au père de Meili de lui donner
De la nourriture coupée par la trancheuse sacrée : / L'ami du Maître des Corbeaux
Fut choisi pour attiser le feu ; / Le roi des géants, avide de viande
Piqua vers le foyer où les dieux naïfs / Et sans malice s'affairaient ensemble.
L'aimable seigneur de toutes choses / Commanda rapidement à Loki
De partager la viande du taureau, abattu / Grâce à l'arc sonore de Skadi,
Entre tous les convives, mais prestement, / Le fourbe voleur de viande
Barbota à la barbe des Ases, les quartiers, / Tous les quatre, sur la large table.
Lors le seigneur des Géants, affamé, / Avala gloutonnement la bête à joug
Dans l'abri des branches du chêne. / Ceci se passa dans les temps anciens.
Puis Loki l'avisé / Gardien du butin de guerre, le frappa,
Le plus audacieux des ennemis du peuple de la terre, / Avec une perche, entre les épaules.
Le fardeau des bras de Sygin, / Dont tous les dieux étaient les obligés,
Se tint fermement fixé / Au père nourricier de Skadi ;
Jusqu'à la place forte de Jotunheim, / La perche resta coincée, et les doigts
De Loki aussi, compagnon de / Hœnir, aggripé au bout du bâton.
L'oiseau de sang a volé vers le haut, / (Allègre dans son élément)
Et fort loin avec Loki, / Le Dieu agile, Père du Loup,
En était presque écartelé; / Le compagnon de Thor dut demander merci,
Comme s'il pouvait négocier une telle paix, / Il supplia : quasi-mort était Loptr.
Alors l'engeance d'Hymir ordonna / Au Dieu Habile, fou de souffrance,
De lui procurer par ruse la Demoiselle / Gardienne de la jeunesse des Ases ;
Avant longtemps, le voleur du collier, / Le pilleur de Brisingr, leurra sournoisement
La Dame du Ruisseau de Brunnakr / Dans la demeure de Celui qui Dirige.
Les habitants des pentes humides / Ne ressentaient aucune inquiétude ;
C'est alors qu'Idunn / Fut enlevée par le géant
Arrivant du sud et revenu parmi eux. / Toute l'éminente famille d'Ingvi-Freyr,
Devenue chenue et âgée, tint conseil / En hâte ; hideux dans leurs manières
Et repoussants étaient tous les dieux (partie manquante).
J'ai entendu ceci, que le loyal ami / De Hœnir - souvent par la suite
Il trompa les Ases par ruse - / S'envola, camouflé sous des ailes de faucon ;
Et le vil Seigneur des Géants, / Possesseur d'ailes aux puissantes plumes,
Poursuivit sous forme d'aigle / Loki sous forme de faucon.
Vivement, les dieux avaient allumé / un feu ; et les dirigeants souverains
L'alimentaient avec des copeaux : / Roussi fut le géant volant,
Il s'abattit en plein essor.
Ceci est peint sur le bouclier, / Que Thorleifr me donna.
Thjazi et les Ases
Loki dupe Idunn. J. Bauer.Voici la manière correcte d'utiliser les périphrases pour les Ases : appeler chacun par le nom d'un autre, et de le qualifier des termes de ses propres œuvres, de ses propres possessions ou de ses descendants.
votre commentaire