• Première ligne : la Thrymskvitha

    Les Skirnismal relatent la quête de Skirnir pour dévoiler à Gerd les sentiments de Freyr et obtenir de la jeune géante son consentement pour cette union. Pour obtenir cet accord, il utilise successivement le cadeau, la menace physique, et la magie noire. La perspective de finir malheureuse, seule et démunie effrayant Gerd, elle en vient à accepter de céder au Vane. Malgré les moyens douteux employés par Skirnir, cette union sera heureuse.

     

    Skirnir, de Falkenbach 

     

    Skirnismal

    Les Dits de Skirnir

     

    Traduction de Régis Boyer modifiée à partir des versions anglaises de Bellows et Hollander.

     

    skirnismal, edda poétique

    Freyr assis sur Hlidskjolf

     

    Freyr, le fils de Njorth, s'était assis un jour dans Hlithskjolf, et observa de haut tous les mondes. Il regarda dans Jotunheim, et y aperçut une belle jeune fille, au moment où elle passait de la maison de son père à sa propre demeure. Aussitôt, il se sentit maladivement épris d'elle. Skirnir était le nom du serviteur de Freyr; Njorth lui enjoignit d'aller parler à Freyr. Il dit :

    1. ''Pars maintenant Skirnir !

    Va t'enquérir des mots que tait mon fils et vaincre son silence ;

    Et rapporte-moi ta victoire sur les graves chagrins

    Affectant sa si haute sagesse.''

     

    2. Skirnir parle

    ''Seules de sinistres réponses je pense obtenir

    De la rupture du silence de votre fils ;

    Et une triste victoire sur les graves chagrins

    Affectant sa noble et haute sagesse.''

     

    3. De retour près de Frey, Skirnir l'interroge

    ''Parlez-moi, Frey, vous le plus noble des Dieux,

    Puisque maintenant je demande instamment des réponses ;

    Pourquoi êtes-vous assis entre ces vastes murs,

    Ainsi, seul depuis de longs jours, mon Prince ?''

     

    skirnismal, edda poétique

    Frey malade d'amour. Collingwood.

     

    4. Frey répond

    ''Comment pourrais-je te dire, à toi jeune héros,

    A quel point grande est ma peine ?

    Bien que l’Elfe-Rayonnant se lève tous les jours,

    Il n'exauce jamais mon désir.''

     

    5. Skirnir compatissant

    ''Ces désirs, je pense, ne peuvent être si ardents

    Que vous ne puissiez me les narrer ;

    Autrefois, à nos premiers jours, nous étions déjà ensemble,

    Nous avions une profonde confiance l’un en l’autre.''

     

    6. Frey le regard lointain

    ''Sortant de la Halle de Gymir,1 j’ai vu

    Une Jeune Fille qui m'est désormais très précieuse ;

    Ses bras scintillaient et par leur éclat,

    Illuminaient le ciel et la mer.''

     

    7. Frey poursuit

    ''Jamais aussi précieuse depuis l’aube des jours

    Une Vierge n’aura été pour un Homme ;

    Mais aucun Dieu ou Elfe ne permettra

    Que nous puissions être réunis ensemble.''

     

    8. Skirnir décidé

    ''Alors donnez-moi un cheval qui traversera les ténèbres

    Et les vacillantes flammes enchantées ;

    Et aussi l’épée qui combat d’elle-même2

    Contre les sombres géants.''

     

    skirnismal, edda poétique

    Le cheval et l'épée. Frolich.

     

    9. Frey rassuré

    ''Je te donnerai le cheval qui traverse les ténèbres

    Et les dansantes flammes enchantées ;

    Ainsi que l’épée qui combat d’elle-même

    Si elle est brandie par un digne héros.''

     

    10. Skirnir parle au cheval

    ''L’obscurité règne au-dehors et j’ai peu de temps

    Pour parcourir les landes sauvages,

    (Pour passer entre les imposants Géants)

    Nous reviendrons tous les deux ou 

    Le terrible Géant nous prendra ensemble.''

    Skirnir chevauche sur les landes de Jotunheim jusqu’à la Halle de Gymir. Il aperçoit alors de féroces molosses devant la grille ouvrant sur l’enceinte de la demeure de sa fille. Il retourne auprès d’un berger qu’il avait vu assis au haut d’une colline et lui adresse la parole :

     

    skirnismal, edda poétique

    Skirnir et le berger. Frolich.

     

    11. ''Dis-moi le berger, ainsi assis sur la colline

    Et scrutant tous les chemins alentours ;

    Comment puis-je porter un message à la Vierge

    En évitant les molosses de Gymir ?''

     

    12. Le Berger répond

    ''Es-tu destiné à mourir prochainement, ou déjà mort,

    Toi le cavalier chevauchant par ici ?

    Empêché tu seras à jamais de parler

    A la bonne fille de Gymir.''

     

    13. Skirnir relève le défi

    ''Le courage est préférable aux gémissements

    Pour celui que ses pas guident sur la bonne voie ;

    Le jour menant à ma destinée a déjà été scellé

    Et la durée de ma vie elle aussi décrétée.''

     

    14. La fille de Gymir

    ''Quel bruit peut être tellement sourd que je puisse

    L'entendre jusqu'au travers de notre Halle ?

    Le sol tremble et la demeure de Gymir,

    Elle aussi, branle de toutes parts autour de moi.''

     

    15. La Dame de compagnie lui répond

    ''Dame Gerth, un étranger vient de sauter de son coursier là au-dehors,

    Laissant ce cheval détaché et libre d'aller sur l'herbe.''

     

    16. Gerth réagit

    ''Offrez l'accueil à cet homme, et à boire le meilleur des hydromels,

      Ici même dans notre Halle ;

    Je crains cependant que là, au-dehors, ne se tienne

    L'assassin de mon frère !3''

     

    17. Gerth poursuit (face à Skirnir)

    ''Etes-vous parent des Elfes ou un enfant des Dieux,

    Ou bien encore l'un des Sages Vanes ?

    Comment avez-vous pu seul, au travers les flammes jaillissantes,

    Venir jusqu'au seuil de notre Halle ?''

     

    skirnismal, edda poétique

    Skirnir accueilli par Gerd. Collingwood.

     

    18. Skirnir parle

    ''Je ne suis pas parent des Elfes, ni enfant des Dieux

    Ni l'un des Sages Vanes ;

    Bien que je sois seul, au travers des flammes jaillissantes,

    Je vins jusqu'au seuil de votre Halle.''

     

    19. Skirnir poursuit

    ''Onze pommes, toutes d'or,

    Je vous fais ici offrande, Gerth,

    Pour gagner vos faveurs et qu'ainsi Frey

    Soit par vous considéré avec tendresse.''

     

    skirnismal, edda poétique

    Skirnir propose des cadeaux à Gerd. Frolich.

     

    20. Gerth farouche

    ''Jamais je ne prendrai ces onze pommes

    Quel que soit l'homme le souhaitant ;

    Pas plus que Frey et moi ne partagerons une Halle commune

    Aussi longtemps que nous vivrons !''

     

    21. Skirnir de nouveau

    ''Soit, j'ai apporté également l'Anneau4skirnismal, edda poétique qui fut jeté

    Sur le bûcher du fils défunt d'Odin ;

    De lui dégouttent huit anneaux de taille et poids égaux

    Toutes les neuf nuits.''

     

    22. Gerth ironique

     ''Je ne désire pas non plus l'Anneau, bien qu'il fût jeté

     Sur le bûcher du fils défunt d'Odin ;

     La Halle de Gymir ne manque d'aucun or

     Puisque mon père a grande fortune !''

     

    23. Skirnir agacé

     ''Soit Damoiselle, voyez donc alors cette épée vive et lumineuse

     Que je brandis dans ma main ?

     Et bien le cou de votre tête j'entaillerai sur le champ

     Si vous déclinez mes volontés !''

     

     24. Gerth se révolte

     ''Jamais par la volonté d'aucun homme, je ne souffrirai ainsi

    D'être soumise par la force ;

     Mais je pense, bien heureusement, que Gymir cherchera

     Le combat s'il vous trouve ici !''

     

    25. Skirnir passe à l'action

     ''Soit Damoiselle, voyez donc alors cette épée vive et lumineuse

     Que je brandis dans ma main ?

     Avant que le vieux Géant courbatu ne dresse sa lame,

     Votre père sera déjà condamné à mourir !''

     

    26. Skirnir exaspéré prononce alors un long Galdr de malédiction

     ''Soyez frappée, jeune Vierge, de mon bâton enchanté

     Qui vous dressera à obéir à ma volonté ;

     Il vous mènera là où jamais encore

     Les fils des Hommes ne vous ont vu aller.''

     

    27. Encore Skirnir

    ''Sur la colline de l'Aigle5 vous serez à jamais juchée,

     Regardant fixement les sombres grilles de Hel ;

     Plus répugnante encore que la vision du Serpent Luminescent

     Deviendra la vue de votre chair pour les hommes.

     

    skirnismal, edda poétique

    Skirnir menace Gerd de sa malédiction. Frolich.

     

    28. Skirnir davantage menaçant

     ''Effrayant à voir si vous vous en approchez,

     Hrimnir se tiendra là et vous regardera fixement ;

     (Les Hommes s'en étonneront alors)

     Plus légendaire encore vous serez que le Gardien des Dieux !

     Dévisagez-le, alors, de votre prison.''

     

    29. Skirnir furieux

     ''Folie et vif désir, chaînes et colère,

     Larmes et tourments sont désormais vôtres ;

     Alors ployez sous mon mauvais sortilège

     Frappant d’une double peine votre cœur.''

     

    30. Skirnir sournois

     ''Ainsi vous adviendra-t-il chaque jour du mal dans la demeure des Géants,

     L’avilissement en toutes choses et le maléfice sur les actes ;

     La peine vous y aurez en place et lieu de joie,

    Et la douleur avec des larmes de souffrance.''

     

    31. Skirnir n’en a pas fini

     ''Avec les Géants à trois têtes vous demeurerez pour toujours

     Là où vous ne rencontrerez jamais d’époux ;

     (Etreinte par un inutile désir, laissant au rebut cette perte)

     Devenant comme une cardère tombée dans la grange

     Puis écrasée en lambeaux !''

     

    32. Skirnir pensif

     ''Ainsi je suis parti dans les bois d’une forêt humide

     Pour trouver un bâton enchanté ;

     Celui-là même, pour vous faire plier à ma volonté,

     Que j'ai fini par réussir à trouver.''

     

    33. Skirnir élevant la voix

    ''La colère d’Odin grandit, le plus grand des Dieux est irrité ;

     Frey lui-même deviendra votre ennemi,

     Fille maléfique, qui aura attiré elle-même

    Sur elle la colère magique des dieux."

     

    34. Skirnir levant les yeux

     ''Prêtez-moi votre attention Seigneurs des Glaces, entendez ceci Géants,

     Fils de Suttung,

     Mais aussi vous les Dieux,

     Voyez comment j'interdis et comment j'empêche

     Les rencontres des Hommes avec la Vierge.

     (La joie des Hommes avec la Vierge)''

     

    35. Skirnir en revient à Gerth

    ''Hrimgrimnir6 sera là, le Géant qui vous prendra

     Dans les profondeurs devant les portes de Hel ;

     Chaque jour vous vous rendrez dans la halle des Thurses

     Et vous ramperez alors l'implorant en vain,

     Vous ramperez toujours sans nul espoir.''

     

    36. Skirnir prophétique

     ''Jamais de délicieux breuvages vous ne trouverez

    Car tout est misérable là-bas sous les racines de l'arbre,

     Seules s'y trouvent trois cornes à boire emplies de pisse de chèvre ;

     Aucun de vos souhaits n'y sera exaucé, jeune Vierge.

     (Seuls les miens le seront, jeune Vierge)''

     

     37. L'incantation maudite de Skirnir prend fin

    ''Ainsi j'ai gravé thurs7,

    Psalmodié trois charmes et gravé trois Runes pour les incarner :

     Fureur sexuelle, folie furieuse et héritage de ta race8;

     Mais ce que j'ai invoqué, je peux encore l'abjurer,

     Si la raison l'emporte pour ma requête !''

     

    38. Gerth vaincue

     ''Elle sera  la très-bienvenue, et pour elle

     Buvons la corne fraîche emplie d'hydromel ;

     Je n'aurai jamais pu pensé être ainsi l'objet d'un tel désir,

    De l'amour ardent d'un Dieu Vane.9''

     

    skirnismal, edda poétique

    Gerd acquiesce

     

    39. Skirnir satisfait

    ''Je dois fidèlement rapporter toutes ces bonnes nouvelles,

    Et retourner maintenant à bride abattue à sa demeure ;

    Quand au plus tôt pouvez-vous fixer votre rencontre

    Avec le Noble fils de Njord  ?''

     

    40. Gerth répond

    ''A Barri, bien connu de nous deux,

    Est une forêt merveilleuse et paisible;

    Dans neuf nuits, au fils de Njord, 

    Seront offerts les vœux de plaisir de Gerth.''

     

    Alors Skirnir s'en retourna en chevauchant vers sa demeure. Frey s'y tenait au-dehors, et aussitôt s'enquit de lui demander les décisions prises.

     

    41. ''Raconte-moi Skirnir avant de descendre de selle

    Ou d'aller plus avant à pied ;

    Qu'as-tu pu faire dans la demeure des Géants

    Pour nous rendre heureux toi ou moi ?''

     

    42. Skirnir rassurant

    ''A Barri, bien connu de nous deux,

    Est une forêt merveilleuse et paisible ;

    Dans neuf nuits, au Fils de Njord,

    Gerth offrira ses voeux de plaisir."
     

    43. Frey impatient mais heureux

    ''Longue est une nuit, plus longues encore en sont deux ;

    Comment en supporterais-je trois ?

    Il me semble déjà qu'un mois entier sera tout aussi long,

    Ne serait-ce que la moitié d'une nuit, à attendre de satisfaire ce désir…''

     

    1  Gymir était un Géant des montagnes, mari d'Aurbotha et le père de Gerth, la plus altière de toutes les femmes selon Snorri.
    2  L'épée de Frey qu'il donne à Skirnir le condamnera aux Ragnarök, alors désarmé face à Surt, le Démon du Feu… A noter que cette épée capable de se battre seule n'a aucun nom reconnu !
    3 La référence à “l'assassin de mon frère“ renvoie certainement au fait que Frey tuera aux Ragnarök Beli à mains nues et que Skirnir est associé au Dieu.
    4  L'Anneau est celui d'Odin, Draupnir. A noter qu'il est certainement aussi l'Anneau unique d'Andvarinaut et que nulle mention n'est faite sur la manière dont Frey l'a eu en sa possession pour le remettre à Skirnir !
    5  “La colline de l'Aigle“ est le lieu où se trouve l'aire de Hræsvelg à Helheim.
    6  Hrimgrimnir (Enveloppé-de-Gel ?) est un Géant seulement mentionné dans ce texte.
    7  rune des géants, de l'épine, de la force physique mâle, et accessoirement, du viol.
    8  Selon Y. Kodratoff, ces trois autres runes sont Iwhaz, Algiz et Othal. 
    9 Gerth sait que Freyr se met en danger : si la malédiction est effective, il perd Gerth, si elle échoue et lui revient, il la subira lui-même. Elle prend donc la mesure de ce risque et de la profondeur des sentiments du Vane. Il vaut donc mieux qu'elle acquiesce et arrête ça pendant qu'il est temps.

     

      Première ligne : la Thrymskvitha                                                                                                                     Première ligne : la Thrymskvitha


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  • La Brève Voluspa

    La Brève Voluspa 

     Traduction de la version anglaise de H.A. Bellows

     

    Il s'agit d'un fragment ainsi dénommé par Snorri Sturluson et généralement copié dans l'Hyndluljoth (strophes 30 à 45)

     

    30- Au nombre de onze restèrent les Ases connus

    Lorsqu'au-dessus de Baldr la colline de la mort s'arrondit ;

    Et Vali fut prompt à le venger,

    Lorsqu'il tua bientôt le meurtrier de son frère.

     

    31- Le père de Baldr était l'héritier de Bur

    …..............

     

    32- l'Epouse de Freyr était Gerd, fille de Gymir,

    De la descendance des géants, mise au monde par Aurbotha ;

    De celle-ci également était la race de Thjazi,

    Le géant épris d'obscurité ; sa fille était Skadi.

     

    33- Je t'ai révélé bien des choses, et peux t'en dire d'autres ;

    Mon savoir est grand ; Veux-tu en entendre davantage ?

     

    34- Heith1 and Hrossthjof2, les enfants de Hrimnir

    ….................

     

    35- Les sybilles naquirent de la race de Vitholf,

    Tous les voyants sont issus de Vilmeith,

    Et les artisans des charmes sont les enfants de Svarthofthi,

    Et d'Ymir descendent tous les géants.

     

    36- Je t'ai révélé bien des choses, et peux t'en dire d'autres ;

    Mon savoir est grand ; Veux-tu en entendre davantage ?

     

    37- Il en est un qui naquit autrefois

    De la race des dieux, et grande était sa force ;

    Neuf géantes, au bord du monde,

    Donnèrent naissance à l'homme si doué aux armes.

     

    Heimdall et ses neuf mères. Collingwood.

    Heimdall et ses neuf mères. Collingwood.

     

    38- Gjalp lui donna la vie, et Greip,

    Eistla lui donna la vie, et Eyrgjafa,

    Ulfrun lui donna la vie, et Angeyja,

    Imth et Atla, et Jarnsaxa.

     

    39- Il était pétri de la force de la terre

    Et de la mer froide comme la glace, et du sang de porc.

     

    40- Alors il est né, le meilleur de tous,

    Fort et pétri de la force de la terre ;

    Le plus noble est nommé Parent des Hommes,

    Par les souverains partout dans le monde.

     

    41- Je t'ai révélé bien des choses, et peux t'en dire d'autres ;

    Mon savoir est grand ; Veux-tu en entendre davantage ?

     

    42- Loki engendra le Loup avec Angerboda,

    Et donna naissance à Sleipnir des œuvres de Svadilfari ;

    Le pire des prodiges sembla celui

    Qui surgit du frère de Byleist ensuite.

     

    Svadilfari. H.A. Guerber.

    Svadilfari attiré par Loki métamorphosé en jument et retenu par son maître. H.A. Guerber.

     

    43- Loki mangea un cœur qui gisait dans les flammes

    Et il trouva moitié cuit le cœur de la femme ;

    Lopt se retrouva bientôt avec les enfants de cette femme,

    Et c'est de là que vinrent tous les monstres dans le monde des hommes.

     

    ---------------

    44- La mer, emmenée par la tempête, recherche le ciel lui-même,

    Et coule sur la terre, l'air devient stérile ;

    Alors suivent la neige et les vents furieux,

    Car les dieux sont condamnés, et leur fin est la mort.

     

    45- Alors en vient un autre, plus grand que tous les autres,

    Bien que jamais je n'ose prononcer son nom ;

    Ils sont peu nombreux à présent, ceux qui peuvent voir plus loin

    Que le moment où Odin rencontrera le Loup.

     

    1  Sorcière

    2  Voleur de chevaux

     

     La Brève Voluspa                                                                                                                                       La Brève Voluspa


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  • Svipdagsmal II : Fjolvinnsmal

    Swanheart (Oceanborn), Nightwish 

     

    volundarkvitha, edda poétique

     


    Le Chant de Völundr

     
    Traduction de Renauld-Krantz modifiée par une traduction de la version anglaise de Bellows et Thorpe

     

    Il y avait un roi de Suède nommé Nidud. Il avait deux fils et une fille, dont le nom était Bothvild. Il y avait trois frères, fils d'un roi de Finlande : l'un s'appelait Slagfith, le deuxième Egil et le dernier Volundr. Ils allaient en raquettes à la chasse aux bêtes sauvages. Ils se rendirent en Ulfdalir et s'y construisirent une maison ; à proximité se trouvait un lac nommé Ulfsjar. Tôt, un matin, ils trouvèrent sur les rives du lac trois femmes en train de filer du lin. Près d'elles étaient déposés leurs vêtements de cygnes, car elles étaient Valkyries1. Deux d'entres elles, Halguth le Cygne blanc (Svanvit) et Hervor la Très-Sage (Alvit), étaient filles du roi Hlothver, et la troisième Olrun, fille de Kiar de Valland. Ils les ramenèrent à leur halle avec eux. Egil choisit Olrun, Slagfith Cygne Blanc et Volundr la Très-Sage. Tous habitèrent là pendant sept hivers, puis elles s'envolèrent pour trouver des batailles, et ne revinrent plus2. Alors Egil chaussa ses raquettes pour suivre Olrun, et Slaghfith partit à la recherche de Cygne-Blanc, mais Volundr se trouvait alors dans Ulfdalir. Il était un homme des plus talentueux, comme on le sait à travers les anciens contes. Le roi Nidud s'empara de lui par la force, ainsi qu'il est dit dans ce poème.

     

    Volant depuis le sud, les jeunes filles traversèrent le Bois-Sombre,
    Jeunes et blondes, suivant leur destin.
    Au bord de la mer elles s'assirent pour se reposer
    Et les femmes du sud filèrent un lin pur.

     

    volundarkvitha, edda poétique

    ….............

    Hlathguth et Hervor, enfants de Hlothver,
    Et Olrun la sage était fille de Kjar.

    …....................


    L'une d'elles, la belle au blanc corsage,
    Prit Egil dans ses bras
    La seconde, Svanhvit, portait plumes de cygne

    …......................
    Mais la troisième, leur sœur,
    Au blanc col de Volund s'est enlacée...

    Elles demeurèrent ainsi durant sept hivers,

    Mais le huitième, elles se languirent,

    Mais le neuvième, le destin les sépara.

    Les filles aspiraient à retourner dans la Sombre Forêt,

    Les belles jeunes filles, pour suivre leur destin.

     

    Völund revint de la chasse

    Par une route fatigante, archer prudent dans la tempête,

    Avec Slagfith et Egil, trouvèrent la maison vide,

    Ressortirent, rentrèrent, cherchant de toutes parts.


    Egil partit vers l'est à la recherche d'Olrun,

    Et Slagfid vers le sud pour retrouver Svanhit,

    Et Völund resta seul dans Ulfdalir.
    …................................................

    Il y forgea l'or rouge avec des gemmes éclatantes,

    Enfilant bien tous les anneaux à la ficelle de raphia.

    Ainsi demeura-t-il longtemps, attendant que sa belle femme

    Revienne à leur logis.

     

    Or Nidud ouït dire, Souverain des Njars,

    Que Völund restait seul dans la vallée aux loups.

    Ses hommes s'y rendirent de nuit, dans leurs broignes cloutées,

    Leurs boucliers luisant au blême clair de lune.

     

    Ils descendirent de selle devant la façade,

    Et traversèrent la longue halle

    Là ils virent les anneaux enfilés sur le cordon,

    Le guerrier en possédait sept cents.

     

    Ils les défirent mais les laissèrent sur place,

    A l'exception d'un seul qu'ils emmenèrent.

    ….........................................

    Völund revint de la chasse

    Par une route fatigante, archer prudent dans la tempête,

    Il voulait rôtir de la viande d'ours au feu,

    Bientôt, le bois bien sec flamba haut

    Le bois séché au vent, celui de Völund.

     

    Assis sur la peau d'ours, il compta ses anneaux,

    Le compagnon des Alfes, mais l'un d'eux manquait ;

    Il crut que la fille de Hlothver l'avait pris,

    La jeune Alvit, et pensa qu'elle était revenue.

    Il resta si longtemps assis qu'il s'endormit,

    Mais à son réveil, toute joie s'était envolée ;

    Ses mains étaient étroitement entravées,

    Et ses pieds alourdis de chaînes.

     

    Völund :

    ''Qui sont les hommes qui m'ont ainsi couvert

    De cordes d'écorces et m'ont enchaîné ?''

     

    Lors Nidud, Souverain des Njars, s'écria :

    ''Où as-tu donc trouvé, Völund, Ami des Alfes,

    Cet or qui est à nous dans la Vallée aux loups ?''

     

    Völund :

    ''Cet or ne se trouvait pas sur le chemin de Grani

    Je croyais notre pays loin des collines du Rhin.

    Je crois que nous possédions plus de trésors

    Lorsque nous vivions heureux ensemble dans notre foyer.''

     

    Hladgud et Hervör étaient nés de Hlödver ;

    Ölrún était connue, fille de Kiar.

     

    Dehors se tenait la sage épouse de Nidud,

    Et elle s'avança du fond de la halle,

    Debout sur le sol, elle parla avec douceur :

    ''N'est-il pas joyeux ainsi, l'homme des bois ?''.

     

    Le Roi Nidud avait donné à sa fille Bothvild l'anneau pris à la corde de Völund, et lui même portait au côté l'épée ayant appartenu à Völund.

     

    Il grince des dents en voyant son glaive,

    Et ses yeux menacent comme ceux des serpents

    En reconnaissant la bague au doigt de Bothvild

    ''Qu'on lui tranche les tendons et qu'on le laisse à Sævarstad.''

     

    Ainsi fut fait, les tendons de ses genoux furent coupés, et il fut déporté dans une île, à proximité du continent, nommée Sævarstad. Là, il forgea pour le roi toutes sortes de choses précieuses. Aucun homme n'osait se rendre chez lui, hormis le roi lui-même.

     

    Volundr, Wieland ou Wayland

     

    Völund parla :

    ''Au flanc de Nidud fulgure le glaive

    Dont j'affûtai moi-même le fil de tout mon art,

    Et que je trempai du mieux que je pus.

    L'étincelante épée est perdue à jamais pour moi.

    Jamais plus je ne la verrai dans ma forge.

    Et Bothvilde aujourd'hui se pare

    De la bague rouge sans qu'on m'en paye le prix.

    C'était celle de mon épouse, et ne l'aura plus jamais.''

     

    Il était assis sans cesse ni repos,

    Sans trêve frappait du marteau

    (Il se forgeait des ailes)

    Et fomentait au plus vite sa vengeance contre Nidud.

    Les deux jeunes fils de Nidud

    Vinrent à sa porte pour le voir, à Sævarstad.

     

    Ils vont au coffre et en demandent la clé.

    Evidente fut leur envie en regardant à l'intérieur.

    Etaient là force parures semblant d'or rouge

    Aux deux garçons, et gemmes et joyaux.

     

    ''Revenez donc tous deux, venez un autre jour !

    Je vous donnerai cet or,

    Mais ne dites pas aux servantes ni aux gardes de la halle

    Ni à qui que ce soit d'autre, que vous m'avez vu.''


    Tôt le matin, les garçons s'appelèrent l'un l'autre.

    Le frère dit au frère : ''Allons voir les anneaux''.

     

    Ils courent au coffre, demandent la clé,

    Vide était l'écrin où leurs regards plongèrent.

    Alors il leur coupa la tête, et cacha leurs pieds

    Dans la suie sous les sangles du soufflet.

     

    Mais leurs crânes, autrefois couverts de leurs cheveux,

    Il les orna d'argent et les offrit à Nidud,

    Puis il fit de leurs prunelles des pierres précieuses

    Et les donna à la si sage épouse de Nidud.

    Puis des dents des deux jeunes gens, il forgea

    Pour Bothvilde des broches de corsage.


    Bothvilde paya ainsi le prix de l'anneau :

    Elle le porta à Völund après l'avoir brisé :

    ''A nul n'ose en parler, sinon à toi seul.''

     

    Bothvild et Volundr. Johannes Gehrts.

    Bothvild et Volundr. Johannes Gehrts.

     

    Völund parla :

    Je vais le réparer de façon à ce que l'or brisé

    Paraisse encore plus beau à ton père,

    Et magnifique à ta mère,

    Et à toi de la même manière.

    Alors il lui offrit de la bière - il était rusé -

    Jusqu'à ce qu'elle s'endorme profondément sur son siège.

    ''Maintenant je suis vengé de tous, et de tous les torts

    Qui ont été perpétrés contre moi dans les bois,

    Tous sauf un, de l'homme assoiffé de mal.''

    ''Je voudrais, dit Völund, me tenir debout

    Avec l'usage des tendons que les hommes de Nidud m'ont ravis.''

    En riant, Völund s'envola dans les airs.

    Bothvilde revint de l'île en pleurant

    Le départ de son amant et la colère paternelle.

     

    Dehors était la sage épouse de Nidud

    Et elle s'avança tout le long de la halle ;

    Mais lui, Völund, était assis sur le faîte de la salle :

    Elle parla : ''Es-tu éveillé, Nidud, Souverain des Njars ?''

     

    ''Sans trêve je veille, privé de toute joie,

    Je ne trouve plus le sommeil depuis que j'ai perdu mes fils.

    De glace est mon esprit, glacés sont tes conseils.

    Je voudrais à présent parler à Völund.

     

    Réponds-moi donc, Völund, Prince des Alfes :

    Que sont devenus mes robustes garçons ?''

     

    ''Tu dois auparavant prêter tous les serments,

    Sur le plat-bord du bateau, sur la monture du bouclier,

    Sur l'épaule du cheval et le fil de l'épée,

    Que tu ne supplicieras pas la femme de Völund,

    Que mon amante à la mort n'ira point,

    Fût-elle bien connue de toi, eussé-je un enfant sous ton toit !

     

    Rends-toi donc à la forge, celle que tu fis faire,

    Là tu trouveras leurs troncs couverts de sang.

    C'est là que je tranchai la tête à tes oursons,

    Que je cachai leurs pieds dans la suie sous les sangles du soufflet.

    Mais leurs crânes, autrefois cachés par leurs cheveux,

    Je les ornai d'argent et les offris à Nidud,

    Puis je fis de leurs prunelles des pierres précieuses

    Et les donnai à la si sage épouse de Nidud.

    Puis des dents des deux jeunes gens, je forgeai

    Pour Bothvilde des broches de corsage.

    Bothvilde, à présent, porte un enfant,

    Votre unique fille à tous deux.''

    ''Jamais tes paroles ne furent plus cinglantes pour moi,

    Jamais non plus n'ai-je autant désiré me venger de toi,

    Mais il n'y a pas d'homme assez grand pour t'attraper,

    Fut-il debout sur le dos de son cheval,

    Ni d'archer si habile qu'il puisse t'abattre

    Tandis que tu planes là-haut dans les nuages.''



    En riant, Völund prit son envol,

    Alors qu'abandonné à sa tristesse, Nidud restait assis.

     

    Alors Nidud parla : ''Lève-toi donc, Tharkad, mon meilleur serviteur,

    Prie Bothvilde, ma fille aux sourcils brillants

    De venir bien parée à son père parler."

     

    ''Est-ce vrai vrai, Bothvilde, ce qu'on raconte,

    Que Völund et toi étiez ensemble sur l'île ?''

     

    ''Ce qu'on t'a raconté est vrai, Nidud,

    Völund et moi étions ensemble sur l'île,

    En une heure funeste qui n'aurait jamais du venir.

    Je n'ai pas pu lui résister, je n'ai pas pu m'en protéger.''

     

    1 Cette affirmation n'engage que son auteur, certainement le copiste qui rédigea l'introduction, mais n'apparaît pas dans le décours du poème.

    2 Ce n'est pas ce qui est écrit dans le poème, mais il semblait apparemment nécessaire au copiste d'insister sur cette qualité mythique des jeunes femmes..

     

    volundarkvitha, edda poétique

    De gauche à droite : Bothvild, Volundr avec ses ailes, la forge, les deux fils de Nidud décapités et cachés dans le foyer. Pierre historiée d'Ardre.

     

      Svipdagsmal II : Fjolvinnsmal                                                                                                             Svipdagsmal II : Fjolvinnsmal


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