• baldrs draumar, edda poétique

    Ce poème, très court mais bien conservé, de style et de propos affins à ceux de la Voluspa serait selon les spécialistes du même auteur (ainsi que la Thrymskvitha) et daterait au plus tard de la première moitié du dixième siècle. Balder est le sujet de rêves prémonitoires néfastes, et Odin, son père, va en demander la raison à une puissante völva à Helheim.

     

    Baldrs draumar

    (d'après les versions anglaises de Bellows et Thorpe)

    Odin chevauche vers Hel. Collingwood.

    Odin chevauche vers Hel. Collingwood.


    Les Rêves de Baldr

     

    1. Une fois, les Ases se réunirent
    Et les Asynes tinrent conseil ;

    Les dieux si fameux cherchaient la vérité :
    ''Pourquoi Baldr était-il en proie à des rêves funestes ?''

     

    2. Odin se leva, le vieil enchanteur,
    Et sur Sleipnir plaça la selle

    Descendit en chevauchant jusqu'à Niflhel
    Et rencontra un chien qui sortait de Helheim.


    3. La bête était ensanglantée au poitrail
    Et contre le père de la magie, elle hurla longtemps ;
    Odin chevaucha outre, la terre résonna
    Jusqu'à ce qu'il parvienne à la vaste demeure de Hel. 


    4. Alors Odin chevaucha vers la porte de l'Est
    Là où il savait bien que se trouvait la tombe de la völve ;

    Il parla en runes et incanta un puissant charme
    Jusqu'à ce qu'elle se lève et parle depuis la mort :


    5. "Qui est cet homme inconnu de moi
    Qui m'a fait emprunter ces routes périlleuses ?
    J'étais noyée de neige et battue de pluie
    Et arrosée de rosée ; je restais longtemps morte.

    6. - Vegtam1 je m'appelle, je suis fils de Valtam2,
    Parle-moi depuis Hel, je t'entendrai depuis le ciel ;
    Pour qui sont les bancs parsemés d'anneaux,
    Ces estrades embellies d'or ?

    7. - Ici pour Baldr on a brassé l'hydromel,
    La boisson brillante, et placé un bouclier au-dessus ;

    Mais l'espoir a quitté les puissants Ases.
    J'ai parlé contre mon gré, à présent je me tairai.


    8. - Ne te tais pas, völve, je veux apprendre de toi
    Tout ce que je te demanderai.

    Qui, de Baldr sera le meurtrier
    Et du Fils d'Odin ravira la vie?


    9. - Hödr amènera ici le Rameau si renommé.
    C'est lui qui de Baldr sera le meurtrier

    Et du fils d'Odin ravira la vie.
    J'ai parlé contre mon gré, à présent je me tairai.


    10. - Ne te tais pas, völve, je veux apprendre de toi
    Tout ce que je te demanderai.

    Qui tirera vengeance de cette acte maléfique
    Et portera sur le bûcher le meurtrier de Baldr ?


    11. - Rind met Vali au monde dans Vestrsalir3,
    Celui-ci, âgé d'une nuit, terrassera le fils d'Odin
    Il ne se lavera pas les mains ni ne peignera ses cheveux
    Tant qu'il n'aura porté au bûcher l'ennemi de Baldr.
    J'ai parlé contre mon gré, à présent je me tairai.

    12. - Ne te tais pas, völve, je veux apprendre de toi
    Tout ce que je te demanderai.

    Qui sont ces vierges qui se lamenteront
    Et vers le ciel lanceront les vergues des voiles ?


    13. - Tu n'es pas Vegtam comme je le croyais d'abord,
    Mais tu es Odin, le vieil enchanteur.
    - Tu n'es pas völve, ni voyante,
    Mais tu es la mère des trois Thurses4.

    14. - Retourne chez toi, Odin, enorgueillis-toi !
    Nul ne viendra plus me rendre visite
    Jusqu'à ce que Loki ne vagabonde, libéré de ses entraves,
    Et que les dieux ne viennent au destin des Puissances.

     

    1 Familier des chemins

    2 Familier des morts

    3 Salles de l'Ouest

    4 Les Nornes

     

    Odin converse avec la volva. Frolich.

    Odin converse avec la volva. Frolich.  

     

     

    Odin converse avec la volva. Doepler.   

    C.E. Doepler

     

     baldrs draumar, edda poétique                                                                                                                                       baldrs draumar, edda poétique 


    votre commentaire
  • Première ligne : la Thrymskvitha

    Les Dits de Grimnir (Odin) sont un texte important récapitulant un grand nombre de données sur les Ases (noms de leurs demeures, noms d'Odin), les Valkyries, les rivières, et bien d'autres choses...

    Pour commencer, Grimnismol de Folkearth (album "Drakkars in the Mist")

      

    _________________________

    Grimnismal


    Les Dits de Grimnir

     
    Reprise et modification de la traduction de Régis Boyer pour la partie en prose,  traduction de la version anglaise de H.A. Bellows pour la partie en vers.
     

    Le roi Hraudung avait deux fils; l'un s'appelait Agnar, l'autre, Geirröd. Agnar avait dix hivers, et Geirröd, huit. Ils ramèrent en mer avec leurs lignes pour prendre du petit poisson. Le vent les chassa au large. Dans la nuit noire, ils s'échouèrent, montèrent à terre et rencontrèrent un paysan. Ils passèrent l'hiver chez lui. La vieille éleva Agnar, et le vieux Geirröd. Au printemps, le vieux leur procura un bateau. Et quand lui et la vieille les conduisirent au bateau, le vieux parla seul à seul à Geirröd. Ils eurent bon vent et arrivèrent au port de leur père. Geirröd était à la proue du navire ; il sauta à terre, repoussa le bateau vers le large et dit : "Va-t'en là où le démon te prenne!" Le vaisseau dériva vers le large et Geirröd monta vers la ville. On lui fit bon accueil. Mais son père était mort. Geirröd fut alors pris comme roi et devint un homme réputé.

    Odin et Frigg siégeaient à Hlidskjalf et regardaient de par les mondes. Odin dit. "Vois-tu ton fils adoptif, Agnar, en train d'engendrer un enfant à une géante dans une grotte ? Mais Geirröd, mon fils adoptif, est roi et gouverne son pays." Frigg dit: "Il affame tellement son peuple qu'il met ses invités à mort s'il estime qu'il en vient en trop grand nombre." Odin dit que c'était un très grand mensonge, et ils firent un pari là-dessus.

     

    grimnismal, edda poétique

    Frigg et Odin, le Pari. Lorenz Frolich.

     

    Frigg envoya sa suivante, Fulla, chez Geirröd. Elle demanda au roi de se tenir sur ses gardes pour qu'un magicien qui était arrivé dans le pays ne cause pas sa perte, et dit qu'on le reconnaîtrait au fait que les chiens les plus méchants n'osaient pas l'attaquer.

     

    Grimnismal

    Grimnir et les chiens. L. Frolich.

     

    Or c'était très grande calomnie que de dire que Geirröd était chiche sur la nourriture. Cependant, il fit saisir cet homme que les chiens ne voulaient pas attaquer. Celui-ci portait un manteau bleu, dit se nommer Grimnir, et n'ajouta rien de plus sur son compte quoiqu'on l'interrogeât. Le roi le fit torturer pour le faire parler, le fit placer entre deux feux, et il y resta huit nuits.

     

    grimnismal, edda poétique

     Le supplice de Grimnir. Collingwood.

     

    Grimnismal

     

    Le roi Geirröd avait un fils âgé de dix hivers, qui s'appelait Agnar, comme le frère de Geirröd. Agnar alla à Grimnir et lui donna à boire une corne pleine disant que le roi faisait mal de le faire torturer, innocent qu'il était.

     

    Grimnismal

    Agnar donne à boire à Grimir. L. Frolich.

     

    Grimnir but. Le feu avait tant progressé que son manteau brûlait. Il chanta :

    1. "Ardent tu es, feu, et beaucoup trop ; / Éloignez-vous, flammes,

    Mon manteau brûle bien qu'en l'air je l'écarte, / Le brasier roussit la fourrure.

     

    2. Huit nuits je suis resté entre ces flammes / Et nul ne m'a offert à manger

    Hormis le seul Agnar, et seul règnera / Le fils de Geirröd sur le pays des Goths.

     

    3. Salut à toi, Agnar, sois-tu prospère / Par la parole de Veratyr ;

    Pour une seule gorgée, tu ne recevras jamais / Meilleure récompense.

     

    4. Ce pays est sacré, que je vois s'étendre / Près des Ases et des Alfes,

    Mais à Trudheim Thor restera / Jusqu'au destin des Puissances.

     

    5. Ydalir se nomme la place où Ullr / S'est construit une halle ;

    Les dieux donnèrent à Freyr autrefois / Alfheim en cadeau.

     

    6. Il est une troisième demeure au toit chaumé d'argent / Offert par les dieux cléments ;

    Elle s'appelle Valasjalf, qu'autrefois / Un Ase bâtit pour lui-même.

     

    7. La quatrième s'appelle Sokkvabekk, où les froides vagues / Alentour clapotent doucement ;

    Là, Odin et Saga boivent jour après jour, / Joyeux, dans des coupes d'or.

     

    8. La cinquième est Gladsheim, et là, brillant d'or, / Valhöll s'étend largement ;      

    Et c'est là que Hroptr choisit chaque jour / Les preux occis par les armes.

     

    9. Cette salle est facile à reconnaître pour celui qui vient à Odin / Et loge en cette halle :

    Sa charpente est faite de lances, son toit de boucliers, / Ses bancs sont jonchés de cottes de mailles.

     

    10. Cette salle est facile à reconnaître pour celui qui vient à Odin / Et loge en cette halle: 

    Un loup pend à la porte de l'ouest, / Un aigle plane au-dessus.

     

    11. La sixième s'appelle Thrymheim où résidait Thjazi / Le tout-puissant géant ;

    Mais à présent, Skadi habite, lumineuse fiancée du Vane, / L'antique demeure de son père.


    12. La septième est Breidablik, où Baldr / S'est construit une halle :          

    Dans ce pays, je sais que tout est clair / Et que le malheur est absent.

     

    13. La huitième se nomme Himinbjörg, et là, Heimdall, dit-on, / Règne sur les temples des hommes ;

    Le Gardien du ciel, dans sa belle demeure, / Boit joyeusement le bon hydromel.

     

    14. La neuvième est Folkvang, où Freyja décide / De l'attribution des sièges dans la halle ;

    Elle choisit chaque jour la moitié des morts / Et l'autre moitié revient à Odin.

     

    15. La dixième est Glitnir, étançonnée d'or / Et couverte d'argent ;

    C'est là que Forseti demeure la plupart du temps / Et conduit tout litige à son terme.

     

    16. La onzième est Noatun, où Njörd, / S'est bâti une halle ;                          

    L'intègre Prince des hommes / Gouverne ses temples aux poutres élevées.

     

    17. Envahi de taillis et d'herbe haute / Est Vithi, pays de Vidar ;                            

    Mais c'est là que le fils descendra de cheval / Lorsqu'il aura à venger son père.

     

    18. Andhrimnir fait dans Eldhrimnir / Cuire Saehrimnir, la meilleure des viandes ;

    Mais peu d'hommes savent / De quoi se nourrissent les einherjar.

     

    19. Geri et Freki sont nourris par Herjaföder, / Le plus glorieux des antiques guerriers :

    Parce que d'hydromel seulement, le Dieu des Armes, / Odin, vivra toujours.

     

    20. Hugin et Munin volent chaque jour / Au-dessus de Midgard ;

    Je m'inquiète que Hugin n'en revienne pas, / Et plus encore je m'inquiète pour Munin.

     

    21. Thund rugit, et le poisson de Thjodvitnir / Prospère joyeusement dans les flots; 

     Il paraît difficile aux einherjar / De guéer dans ce fleuve sauvage.

     

    22. Valgrind s'appelle la grille sacrée / Qui se dresse devant les portes saintes ;

    Antique est cette grille, mais rares sont ceux qui savent / Comment en actionner le verrou.

     

    23. Cinq centaines de portes et quarante en outre / Je crois qu'il y a à Valhöll ;

    Huit centaines d'einherjar sortiront en même temps par chaque porte / Quand ils iront combattre le Loup.

     

    24. Cinq centaines de chambres et quarante en outre, / Je crois, renferme Bilskirnir ;

    De tous les édifices que je connais  / Celui de mon fils est le plus grand.

     

    25. Heidrun s'appelle la chèvre qui se tient sur la halle de Herjafödr / Et broute les rameaux de Laerad ;

    Elle emplit une cuve du plus pur hydromel. / Cet élixir écumeux ne saurait manquer.

     

    Tables des Matières

    Heidrun. Frolich.

     
    26. Eikthyrnir s'appelle le cerf qui se tient sur la halle de Herjafödr / Et broute les rameaux de Laerad ;

    De ses cornes, l'eau ruisselle dans la source de Hvergelmir, / D'où viennent toutes les rivières :

     

    27. Sid et Vid, Saekin et Eikin, / Svöl et Gunnthro, Fjörn et Fimbulthul, Rin et Rennandi,

    Gipul et Göpul, Gömul et Geirvimul, / Elles ceignent les domaines des dieux,

    Thyn et Vin, Thöll et Höll, Grad et Gunnthrin,

     

    28. L'une s'appelle Vina, l'autre, Vegsvinn, / Une troisième, Thjodnunma, Nyt et Nöt,

    Nönn et Hrönn, Slid et Hrid, Sylgr et Ylgr, Vid et Van, / Vönd et Strönd, Gjöll et Leipt,

    Elles coulent chez les hommes / Et de là tombent dans Hel.

     

    29. Körmt et Ormt, et les deux Kerlaug, / Doit guéer Thor chaque jour,

    (Quand il va rendre verdict sous le frêne Yggdrasill), / Car le pont des cieux est tout enflammé,

    Et les eaux sacrées bouillonnent.

     

    30. Glad et Gyllir, Gler et Skeidbrimir, / Silfrintoppr et Sinir, Gisl et Falhofnir, Gulltoppr et Lettfeti,

    Ce sont les coursiers que chevauchent les Ases chaque jour / Quand ils vont rendre verdict sous le frêne Yggdrasill.

     

    31a. Les trois racines du frêne Yggdrasil / Partent en-dessous dans trois directions;

    Hel demeure sous la première, sous la deuxième, les Thurses du givre. / Sous la troisième, l'espèce humaine.

     

    31b. Un aigle siège sur les rameaux du frêne, / On le dit très savant ;

    Un faucon entre ses yeux veille, / Qui s'appelle Vedrfölnir.

     

    32. Ratatosk se nomme l'écureuil qui arpente / Le frêne Yggdrasill ;

    Il rapporte d'en haut les paroles de l'aigle, / Et les délivre à Niddhog tout en bas.

     

    grimnismal, edda poétique

     

    33. Il y a aussi quatre cerfs qui grignotent, tête renversée, / Les plus hauts rameaux : 

    Dainn et Dvalinn, / Duneyrr et Durathror.

     

    34. Il y a plus de serpents sous le frêne  / Que ne soupçonnent les singes malavisés.

    Goinn et Moinn, ce sont les fils de Grafvitnir, / Grabakr et Grafvöllud, Ofnir et Svafnir,

    Rogneront toujours, je pense, les rameaux de l'arbre.

     

    35. Le frêne Yggdrasill endure plus de tourments / Que ne soupçonnent les hommes :

    Les cerfs le broutent en haut, son tronc pourrit, / Nidhögg le ronge en bas.

     

    36. Hrist et Mist, m'amènent la corne à ma demande, / Skeggjöld et Skögul, Hlid et Thrud, Hlökk et Herfjötur,

    Göll et Geirönul, Randgrid et Radgrid, et Reginleif; / Servent la bière aux einherjar.

     

    37. Arvakr et Alsvidr, tirent là-haut, / Rapides, le poids du soleil .  

    Mais les dieux cléments ont placé / Un soufflet de fer sous leur joug.

     

    38. Devant le soleil se tient Svalin / Le bouclier du dieu rayonnant ;

    Mers et montagnes s'embraseraient, / S'il tombait de sa place.

     

    39. Sköll s'appelle le loup qui jusqu'aux forêts noires / Pourchasse le dieu à face brillante;

    Et l'autre, Hati, fils de Hrovitnir, / Poursuit l'éblouissante épouse du ciel.

     

    40. De la chair d'Ymir fut façonnée la terre, / Et la mer de son sang,

    Les montagnes, de ses os, les arbres, de ses cheveux, / Et de son crâne, le ciel.

     

    41. Mais de ses cils, les clémentes puissances firent / Midgard pour les fils des hommes;

    Et de sa cervelle furent façonnés / Tous les nuages menaçants.

     

    42. Il a la faveur d'Ullr et celle de tous les dieux, / Le premier à atteindre la flamme ;

    Les fils des Dieux voient toute la demeure / Quand on place le chaudron de côté.

     

    43. Les fils d'Ivaldi fabriquèrent autrefois / Skidbladnir, le meilleur des bateaux 

     Pour le brillant Frey, / L'irréprochable fils de Njörd.

     

    44. Le frêne Yggdrasill est le plus grand des arbres, / Skidbladnir, le meilleur des bateaux,

    Odin, le plus éminent des Ases, / L'idéal des étalons, Sleipnir,                      

    Bifrost, le meilleur des ponts, Bragi, des poètes, / Habrok, des autours, et des chiens, Garm.

     

    45. J'ai à présent élevé mon visage devant les fils des dieux de la victoire, / Ainsi faut-il agir pour en susciter le secours ;

    Que tous les Ases en reçoivent la nouvelle, / Que je siège sur les bancs d'Aegir, que je bois dans la halle d'Aegir.

     

    46. Je m'appelle Grimr, je suis Ganglari, / Herjan et Hjalmberi,

    Thekkr et Thridi, Thud et Ud / Helblindi et Har,

     

    47. Sad et Svipall et Sanngetall, / Herteitr et Hnikarr,

    Bileygr, Baleygr, Bölverk, Fjölnir, / Grimr et Grimnir, Glapsvidr et Fjölsvidr

     

    48. Sidhötr, Sidskegrr, Sigfödr, Hnikud, / Alfodr, Valfodr, Atridr et Farmatyr,

    Je n'ai pas qu'un seul nom / Depuis que je voyage parmi les hommes.

     

    49. Je me suis appelé Grimnir chez Geirröd, et Jalk chez Asmund, / Mais Kjalar quand je conduisais une luge;

    Thror au thing, Vithur au combat, Oski et Omi, / Jafnhar et Biflindi, Göndlir et Harbard chez les dieux.

     

    50. Svidur et Svidir, je m'appelai chez Sökkmimir / Quand je trompai ce vieux géant

    Quand, du fils de Midvitnir je fus seul le meurtrier, / Lorsque cet illustre thurse rencontra son destin.

     

    51. Ivre tu es, Geirröd, tu as trop bu, --- / Tu as beaucoup perdu en perdant mon aide :

    La faveur de tous les einherjar / Et celle d'Odin.

     

    52. Tu as peu retenu de tout ce que j'ai dit, / Et les paroles de tes amis étaient trompeuses ;        

    Maintenant, je vois l'épée de mon ami / Toute trempée de sang.

     

    53. Ton corps transpercé par l'épée va bientôt revenir à Ygg, / Car ta vie touche à sa fin;

    Les Dises sont hostiles, regarde maintenant Odin, / Approche-toi de moi si tu en as la force!

     

    54. Odin à présent je m'appelle, Ygg auparavant je me nommai, / Je m'appelai Thundr avant cela, Vakr et Hroptatyr,

    Gautr et Jalk parmi les dieux, / Ofnir et Svafnir, et tous, il me semble,            

    Ne font qu'un avec moi.

    Le roi Geirröd était assis, son épée sur les genoux, dégainée à demi. Quand il entendit que c'était Odin qui était là, il se leva et voulut le retirer des flammes. L'épée lui échappa des mains, la garde vers le sol. Le roi trébucha et tomba en avant, mais l'épée le transperça et il reçut la mort. Odin disparut alors. Et Agnar fut ensuite roi pendant longtemps.

     

    Grimnismal 

     

       Première ligne : la Thrymskvitha                                                                                                                      Première ligne : la Thrymskvitha


    votre commentaire
  • Première ligne : la Thrymskvitha

    Puisque j'ai commencé une sorte de cycle donnant à parole à Odin, je vais poursuivre avec les Vafthrudnismal. Il s'agit encore d'une joute verbale entre Odin et son interlocuteur, un géant nommé Vafthrudnir et réputé comme étant le plus savant des géants. Odin poursuit sa perpétuelle quête du savoir. A noter le caractère pédagogique de ce texte, très important pour notre connaissance de cette mythologie, et le fait qu'Odin, comme beaucoup, n'écoute pas sa femme qui lui demande de rester à la maison...

     

    Vafthrudnismal 

      Reprise et modification des traductions françaises de Bergman et Boyer.

    Les Dits de Vafthrunir

     

    vafthrudnismal, edda poétique

    Odin et Vafthrudnir. Frolich.

     

    ODIN : Que me conseilles-tu, Frigg ? Il me tarde de partir pour aller voir Vafthrûdnîr ; J'ai, je l'avoue, une grande curiosité de converser des antiques savoirs avec ce lote qui sait tout.

    FRIGG : Père des Combattants, je voudrais te retenir chez toi, dans les palais des dieux : Car aucun lote, je pense, n'est égal en force à ce Vafthrûdnir.

    ODIN : J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, j'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances: Je veux donc aussi savoir comment Vafthrûdnir tient son ménage.

    FRIGG : Que ton voyage soit heureux ! Que ton retour soit heureux ! Que tu reviennes heureux auprès des Asynîes ! Puisse ta sagesse t'aider, ô notre Père de l'Univers, quand il te faudra disputer avec ce lote.

     

    Odin partit donc pour éprouver la sagesse de ce lote qui sait tout ; Il arriva à la demeure qu'habitait le père d'Imr; Le Circonspect y entra aussitôt.

    ODIN  

    Je te salue Vafthrudnir, je suis entré dans ta demeure pour voir ta personne :

    Je voudrais surtout savoir si tu es savant et versé en tout, lote!

    VAFTHRUDNIR.

    Quel est cet homme qui, dans ma halle, me provoque si brusquement ?

    Tu ne sortiras pas de ma demeure si tu n'es pas plus savant que moi.

    ODIN

    Je me nomme Gangrade, je viens de quitter la route,

    Altéré que je suis, pour entrer dans ta demeure :

    J'ai fait un long voyage, j'ai besoin de ton hospitalité et de ton accueil , ô lote !

    VAFTHRÛDNIR.

    Pourquoi, Gangrade, parles-tu là, debout dans le vestibule ?

    Viens prendre place dans la halle :

    Alors nous éprouverons lequel est le plus savant,

    De l'hôte ou de ce vieillard parleur.

    GANGRADE.

    Le pauvre qui entre chez le riche

    Doit parler avec discrétion ou se taire :

    La loquacité, je pense, porte malheur

    A quiconque se trouve avec un homme sévère.

    VAFTHRÛDNIR.

    Dis-moi, Gangrade : — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom du cheval qui amène

    Chaque fois le jour au genre humain?

    GANGRAÐE.

    Il se nomme Skinfaxi; c'est lui qui apporte

    Le jour lumineux au genre humain :

    Il est réputé pour le meilleur de tous les chevaux ;

    La crinière du coursier brille continuellement.

    VAFTHRUDNIR.

    Dis-moi, Gangrade : — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom du cheval qui amène, de l'orient,

    La nuit aux Grandeurs Bénignes ?

    GANGRADE.

    Hrimfaxi est le nom du cheval qui apporte

    Chaque fois la nuit aux Grandeurs Bénignes :

    Chaque matin il laisse tomber l'écume de son mors,

    D'où provient la rosée dans les vallées.

    VAFTHRUDNIR.

    Dis-moi, Gangrade :

    — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom du fleuve qui partage la terre

    Entre les fils des lotes et les dieux ?

    GANGRADE.

    Ilfing est le nom du fleuve qui partage la terre

    Entre les fils des lotes et les dieux 

    Sans jamais geler, il coulera éternellement ;

    Jamais il ne sera couvert de glace.

    VAFTHRÚDNIR.

    Dis ceci , Gangrade : — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom de cette plaine où se rencontreront au combat

    Surtur et les dieux paisibles ?

    GANGRADE

    Vigridr est le nom de la plaine où se rencontreront au combat- 

    Surtur et les dieux paisibles :

    Elle a cent journées de chemin en longueur et en largeur; 

    Voilà le champ de bataille qui leur est assigné.

    VAFTHRÛDNIR.

    Je vois, étranger, que tu es savant ; viens t'asseoir sur mon banc

    Et discutons ensemble étant assis.

    Etranger! Gageons nos têtes ici dans la salle,

    C'est à qui aura le plus de savoir.

    GANGRADE.

    Si ton esprit est assez fort et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette première question :

    D'où sont venus, au commencement, la terre et le ciel ?

    Dis cela, savant lote!

    VAFTHRÛDNIR.

    La terre a été créée de la chair d'Ymir,

    Les montagnes ont été formées de ses os,

    Le ciel a été fait du crâne de ce lote glacé,

    Et la mer a été produite par son sang.

    GANGRADE.

    Si ton esprit est assez fort et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette seconde question :

    D'où est venu Mâni qui passe par dessus les hommes ?

    D'où est venue encore Sol?

    VAFTHRÛDNIR.

    Mundilfoeri est le nom de celui qui est

    Le père de Mâni et de Sol également ; Chaque jour ils feront tous les deux le tour du ciel

    Pour compter aux mortels la durée de l'année.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes. la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette troisième question :

    D'où sont venus le Jour qui passe par dessus les peuples,

    Et la Nuit avec la nouvelle lune?

    VAFTHRÛDNIR,

    Delling est le nom de celui qui est le père du Jour ;

    Mais la Nuit est la fille de Norvi :

    Les Grandeurs bénignes ont créé la nouvelle lune et le premier quartier

    Pour compter aux mortels la durée de l'année.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette quatrième question :

    D'où sont venus au commencement l'Hiver et l'Été chaleureux

    Parmi les Grandeurs intelligentes?

    VAFTHRÛDNIR.

    Vindsvale est le nom de celui qui est le père de l'Hiver,

    Mais Svasuder est le père de l'Été :

    L'Hiver et l'Été alterneront toujours dans l'année,

    Jusqu'à ce que les Grandeurs périssent.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette cinquième question :

    Qui a été, au commencement des siècles,

    Le premier des Ases et le premier des enfants d'Imir ?,

    VAFTHRÛDNIR.

    Dans la rigueur des hivers,

    Avant que la terre fût créée, Bergelmir naquit;

    Thrudgelmir était son père,

    Et Aurgelmir son aïeul.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrùdnir, à cette sixième question :

    D'où est venu , au commencement,

    Orgelmir parmi les fils des lotes, dis cela, savant lote

    VAFTHRÛDNIR.

    Des gouttes de venin , jaillissant des fleuves Elivâgar,

    Se congelèrent jusqu'à ce qu'il en naquit un lote :

    A lui remontent toutes nos familles ;

    C'est pourquoi toute cette race est si robuste.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette septième question :

    Comment engendra-t-il des enfants, ce géant robuste,

    N'ayant point la jouissance d'une géante?

    VAFTHRÛDNIR.

    Sous le bras, dit-on, de ce Thurse se formèrent

    Ensemble un garçon et une fille :

    Un pied de ce lote intelligent engendra avec l'autre

    Un fils qui avait une tête à soi.

    GANGRADE

    Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnîr, à cette huitième question :

    Quel est ton plus ancien souvenir ?

    Jusqu'où remonte ta science ? Réponds, toi, lote qui sais tout !

    VAFTHRUÐNIR.

    Dans la rigueur des hivers, avant que la terre fut créée, Bergelmir naquit :

    Mon plus ancien souvenir, c'est que ce lote intelligent s'est mis dans une barque.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette neuvième question :

    D'où vient le vent qui passe par-dessus les flots,

    Et qui est toujours invisible aux hommes?

    VAFTHRÛDNIR.

    Hræsvelg est le nom de celui qui est assis à l'extrémité du ciel

    C'est un lote sous un plumage d'aigle :

    De ses ailes provient, dit-on,

    Le vent qui souffle par-dessus le genre humain.

    GANGRADE.

    Puisque tu connais l'origine de toutes les divinités,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette dixième question :

    D'où venait Niordur chez les fils des Ases?

    Il préside à quantité d'enceintes et de sanctuaires.

    Et pourtant il ne descend point des Ases.

    VAFTHRUDNIR.

    Les Grandeurs intelligentes l'ont fait naître dans Vanaheim

    Et ils l'ont envoyé comme otage aux dieux :

    A la fin du monde, il s'en retournera chez les Vanes intelligents.

    GANGRADE.

    Puisque tu connais l'origine de toutes les divinités,

    Réponds, Vafthrudnir, à cette onzième question :

    Que font les Monomaques chez le Père des Combattants,

    Jusqu'à ce que les Grandeurs périssent ?

    VAFTHRUDNIR.

    Tous les Monomaques dans les enclos d'Odin, se livrent combat chaque jour ;

    Ils choisissent leur victime, reviennent à cheval du combat,

    Et s'assoient ensemble cordialement à table.

    GANGRADE.

    Comment as-tu pu connaître l'origine de toutes les divinités, 

    Réponds, Vafthrudnir, à cette douzième question :

    Sur les mystères des lotes et de tous les dieux,

    Tu viens de parler parfaitement bien, toi , lote qui es versé en tout !

    VAFTHRUDNIR.

    Je puis parler des mystères des lotes et de tous les dieux ;

    Car j'ai parcouru chaque monde,

    J'ai visité les neuf mondes, même Niflhel en bas,

    Où descendent les ombres venant de Hel.

    GANGRADE.

    Moi aussi, j'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Quels sont les hommes qui vivront,

    Quand ce grand et terrible hiver passera sur la terre?

    VAFTHRUDNIR.

    Ce seront Lif et Lifthrasir ;

    Ils seront ensevelis dans la colline de Hoddmimir ;

    Ils auront pour nourriture la rosée du matin :

    C'est d'eux que naîtront les hommes.

     

    vafthrudnismal, edda poétique

    Lif et Lifthrasir. Frolich.

     

    GANGRADE.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures.

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Comment Sol pourra-t-elle revenir dans le ciel désert

    Quand Fenrîr l'aura saisie ?

    VAFTHRUDNIR.

    Âlfrodull mettra au monde une fille avant d'être prise par Fenrir :

    Quand les Grandeurs auront péri,

    La vierge parcourra les routes de sa mère.

    GANGRADE.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Quelles sont ces vierges qui au-dessus de la mer des peuples

    Volent douées d'un esprit de sagesse ?

    VAFTHRUDNIR.

    Au-dessus des hameaux volent trois compagnies de filles de Mogthrasir :

    Toutes génies tutélaires de ceux qui habitent le monde,

    Bien qu'elles soient élevées parmi les lotes.

    GANGRAÐE.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, 

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Quels sont les Âses qui présideront aux possessions des dieux

    Quand la flamme de Surt sera éteinte?

    VAFTHRUDNIR.

    Vidar et Vali habiteront les palais sacrés des dieux,

    Quand la flamme de Surt sera éteinte :

    Modi et Magni auront le Marteau,

    Et mettront fin au combat.

    GANGRADE.

    J'ai beaucoup voyagé , j'ai eu beaucoup d'aventures,

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances ;

    Quel sera le sort d'Odin à la fin des siècles,

    Quand les Grandeurs périront?

    VAFTHRUDNIR.

    Le Loup engloutira le Père du Monde qui sera vengé par Vidar :

    Luttant avec Vitnir,

    Vidar lui fendra sa gueule pernicieuse.

    ODIN.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Qu'a dit Odin à l'oreille de son fils avant de le monter sur le bûcher ?

    VAFTHRÛDNIR.

    Personne ne sait ce qu'au commencement des siècles

    Tu as dit à l'oreille de ton fils.

    J'ai prononcé mon arrêt de mort en parlant de ma science du passé

    Et de l'origine des Grandeurs;

    Car j'ai osé rivaliser de sagesse avec Odin.

    Toi, tu es toujours le plus sage des hommes.

     

    vafthrudnismal, edda poétique

    Les derniers mots d'Odin à Baldr. Collingwood.

     

      Première ligne : la Thrymskvitha                                                                                                Première ligne : la Thrymskvitha


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique