• La Volundarkvitha

    Svipdagsmal II : Fjolvinnsmal

    Swanheart (Oceanborn), Nightwish 

     

    volundarkvitha, edda poétique

     


    Le Chant de Völundr

     
    Traduction de Renauld-Krantz modifiée par une traduction de la version anglaise de Bellows et Thorpe

     

    Il y avait un roi de Suède nommé Nidud. Il avait deux fils et une fille, dont le nom était Bothvild. Il y avait trois frères, fils d'un roi de Finlande : l'un s'appelait Slagfith, le deuxième Egil et le dernier Volundr. Ils allaient en raquettes à la chasse aux bêtes sauvages. Ils se rendirent en Ulfdalir et s'y construisirent une maison ; à proximité se trouvait un lac nommé Ulfsjar. Tôt, un matin, ils trouvèrent sur les rives du lac trois femmes en train de filer du lin. Près d'elles étaient déposés leurs vêtements de cygnes, car elles étaient Valkyries1. Deux d'entres elles, Halguth le Cygne blanc (Svanvit) et Hervor la Très-Sage (Alvit), étaient filles du roi Hlothver, et la troisième Olrun, fille de Kiar de Valland. Ils les ramenèrent à leur halle avec eux. Egil choisit Olrun, Slagfith Cygne Blanc et Volundr la Très-Sage. Tous habitèrent là pendant sept hivers, puis elles s'envolèrent pour trouver des batailles, et ne revinrent plus2. Alors Egil chaussa ses raquettes pour suivre Olrun, et Slaghfith partit à la recherche de Cygne-Blanc, mais Volundr se trouvait alors dans Ulfdalir. Il était un homme des plus talentueux, comme on le sait à travers les anciens contes. Le roi Nidud s'empara de lui par la force, ainsi qu'il est dit dans ce poème.

     

    Volant depuis le sud, les jeunes filles traversèrent le Bois-Sombre,
    Jeunes et blondes, suivant leur destin.
    Au bord de la mer elles s'assirent pour se reposer
    Et les femmes du sud filèrent un lin pur.

     

    volundarkvitha, edda poétique

    ….............

    Hlathguth et Hervor, enfants de Hlothver,
    Et Olrun la sage était fille de Kjar.

    …....................


    L'une d'elles, la belle au blanc corsage,
    Prit Egil dans ses bras
    La seconde, Svanhvit, portait plumes de cygne

    …......................
    Mais la troisième, leur sœur,
    Au blanc col de Volund s'est enlacée...

    Elles demeurèrent ainsi durant sept hivers,

    Mais le huitième, elles se languirent,

    Mais le neuvième, le destin les sépara.

    Les filles aspiraient à retourner dans la Sombre Forêt,

    Les belles jeunes filles, pour suivre leur destin.

     

    Völund revint de la chasse

    Par une route fatigante, archer prudent dans la tempête,

    Avec Slagfith et Egil, trouvèrent la maison vide,

    Ressortirent, rentrèrent, cherchant de toutes parts.


    Egil partit vers l'est à la recherche d'Olrun,

    Et Slagfid vers le sud pour retrouver Svanhit,

    Et Völund resta seul dans Ulfdalir.
    …................................................

    Il y forgea l'or rouge avec des gemmes éclatantes,

    Enfilant bien tous les anneaux à la ficelle de raphia.

    Ainsi demeura-t-il longtemps, attendant que sa belle femme

    Revienne à leur logis.

     

    Or Nidud ouït dire, Souverain des Njars,

    Que Völund restait seul dans la vallée aux loups.

    Ses hommes s'y rendirent de nuit, dans leurs broignes cloutées,

    Leurs boucliers luisant au blême clair de lune.

     

    Ils descendirent de selle devant la façade,

    Et traversèrent la longue halle

    Là ils virent les anneaux enfilés sur le cordon,

    Le guerrier en possédait sept cents.

     

    Ils les défirent mais les laissèrent sur place,

    A l'exception d'un seul qu'ils emmenèrent.

    ….........................................

    Völund revint de la chasse

    Par une route fatigante, archer prudent dans la tempête,

    Il voulait rôtir de la viande d'ours au feu,

    Bientôt, le bois bien sec flamba haut

    Le bois séché au vent, celui de Völund.

     

    Assis sur la peau d'ours, il compta ses anneaux,

    Le compagnon des Alfes, mais l'un d'eux manquait ;

    Il crut que la fille de Hlothver l'avait pris,

    La jeune Alvit, et pensa qu'elle était revenue.

    Il resta si longtemps assis qu'il s'endormit,

    Mais à son réveil, toute joie s'était envolée ;

    Ses mains étaient étroitement entravées,

    Et ses pieds alourdis de chaînes.

     

    Völund :

    ''Qui sont les hommes qui m'ont ainsi couvert

    De cordes d'écorces et m'ont enchaîné ?''

     

    Lors Nidud, Souverain des Njars, s'écria :

    ''Où as-tu donc trouvé, Völund, Ami des Alfes,

    Cet or qui est à nous dans la Vallée aux loups ?''

     

    Völund :

    ''Cet or ne se trouvait pas sur le chemin de Grani

    Je croyais notre pays loin des collines du Rhin.

    Je crois que nous possédions plus de trésors

    Lorsque nous vivions heureux ensemble dans notre foyer.''

     

    Hladgud et Hervör étaient nés de Hlödver ;

    Ölrún était connue, fille de Kiar.

     

    Dehors se tenait la sage épouse de Nidud,

    Et elle s'avança du fond de la halle,

    Debout sur le sol, elle parla avec douceur :

    ''N'est-il pas joyeux ainsi, l'homme des bois ?''.

     

    Le Roi Nidud avait donné à sa fille Bothvild l'anneau pris à la corde de Völund, et lui même portait au côté l'épée ayant appartenu à Völund.

     

    Il grince des dents en voyant son glaive,

    Et ses yeux menacent comme ceux des serpents

    En reconnaissant la bague au doigt de Bothvild

    ''Qu'on lui tranche les tendons et qu'on le laisse à Sævarstad.''

     

    Ainsi fut fait, les tendons de ses genoux furent coupés, et il fut déporté dans une île, à proximité du continent, nommée Sævarstad. Là, il forgea pour le roi toutes sortes de choses précieuses. Aucun homme n'osait se rendre chez lui, hormis le roi lui-même.

     

    Volundr, Wieland ou Wayland

     

    Völund parla :

    ''Au flanc de Nidud fulgure le glaive

    Dont j'affûtai moi-même le fil de tout mon art,

    Et que je trempai du mieux que je pus.

    L'étincelante épée est perdue à jamais pour moi.

    Jamais plus je ne la verrai dans ma forge.

    Et Bothvilde aujourd'hui se pare

    De la bague rouge sans qu'on m'en paye le prix.

    C'était celle de mon épouse, et ne l'aura plus jamais.''

     

    Il était assis sans cesse ni repos,

    Sans trêve frappait du marteau

    (Il se forgeait des ailes)

    Et fomentait au plus vite sa vengeance contre Nidud.

    Les deux jeunes fils de Nidud

    Vinrent à sa porte pour le voir, à Sævarstad.

     

    Ils vont au coffre et en demandent la clé.

    Evidente fut leur envie en regardant à l'intérieur.

    Etaient là force parures semblant d'or rouge

    Aux deux garçons, et gemmes et joyaux.

     

    ''Revenez donc tous deux, venez un autre jour !

    Je vous donnerai cet or,

    Mais ne dites pas aux servantes ni aux gardes de la halle

    Ni à qui que ce soit d'autre, que vous m'avez vu.''


    Tôt le matin, les garçons s'appelèrent l'un l'autre.

    Le frère dit au frère : ''Allons voir les anneaux''.

     

    Ils courent au coffre, demandent la clé,

    Vide était l'écrin où leurs regards plongèrent.

    Alors il leur coupa la tête, et cacha leurs pieds

    Dans la suie sous les sangles du soufflet.

     

    Mais leurs crânes, autrefois couverts de leurs cheveux,

    Il les orna d'argent et les offrit à Nidud,

    Puis il fit de leurs prunelles des pierres précieuses

    Et les donna à la si sage épouse de Nidud.

    Puis des dents des deux jeunes gens, il forgea

    Pour Bothvilde des broches de corsage.


    Bothvilde paya ainsi le prix de l'anneau :

    Elle le porta à Völund après l'avoir brisé :

    ''A nul n'ose en parler, sinon à toi seul.''

     

    Bothvild et Volundr. Johannes Gehrts.

    Bothvild et Volundr. Johannes Gehrts.

     

    Völund parla :

    Je vais le réparer de façon à ce que l'or brisé

    Paraisse encore plus beau à ton père,

    Et magnifique à ta mère,

    Et à toi de la même manière.

    Alors il lui offrit de la bière - il était rusé -

    Jusqu'à ce qu'elle s'endorme profondément sur son siège.

    ''Maintenant je suis vengé de tous, et de tous les torts

    Qui ont été perpétrés contre moi dans les bois,

    Tous sauf un, de l'homme assoiffé de mal.''

    ''Je voudrais, dit Völund, me tenir debout

    Avec l'usage des tendons que les hommes de Nidud m'ont ravis.''

    En riant, Völund s'envola dans les airs.

    Bothvilde revint de l'île en pleurant

    Le départ de son amant et la colère paternelle.

     

    Dehors était la sage épouse de Nidud

    Et elle s'avança tout le long de la halle ;

    Mais lui, Völund, était assis sur le faîte de la salle :

    Elle parla : ''Es-tu éveillé, Nidud, Souverain des Njars ?''

     

    ''Sans trêve je veille, privé de toute joie,

    Je ne trouve plus le sommeil depuis que j'ai perdu mes fils.

    De glace est mon esprit, glacés sont tes conseils.

    Je voudrais à présent parler à Völund.

     

    Réponds-moi donc, Völund, Prince des Alfes :

    Que sont devenus mes robustes garçons ?''

     

    ''Tu dois auparavant prêter tous les serments,

    Sur le plat-bord du bateau, sur la monture du bouclier,

    Sur l'épaule du cheval et le fil de l'épée,

    Que tu ne supplicieras pas la femme de Völund,

    Que mon amante à la mort n'ira point,

    Fût-elle bien connue de toi, eussé-je un enfant sous ton toit !

     

    Rends-toi donc à la forge, celle que tu fis faire,

    Là tu trouveras leurs troncs couverts de sang.

    C'est là que je tranchai la tête à tes oursons,

    Que je cachai leurs pieds dans la suie sous les sangles du soufflet.

    Mais leurs crânes, autrefois cachés par leurs cheveux,

    Je les ornai d'argent et les offris à Nidud,

    Puis je fis de leurs prunelles des pierres précieuses

    Et les donnai à la si sage épouse de Nidud.

    Puis des dents des deux jeunes gens, je forgeai

    Pour Bothvilde des broches de corsage.

    Bothvilde, à présent, porte un enfant,

    Votre unique fille à tous deux.''

    ''Jamais tes paroles ne furent plus cinglantes pour moi,

    Jamais non plus n'ai-je autant désiré me venger de toi,

    Mais il n'y a pas d'homme assez grand pour t'attraper,

    Fut-il debout sur le dos de son cheval,

    Ni d'archer si habile qu'il puisse t'abattre

    Tandis que tu planes là-haut dans les nuages.''



    En riant, Völund prit son envol,

    Alors qu'abandonné à sa tristesse, Nidud restait assis.

     

    Alors Nidud parla : ''Lève-toi donc, Tharkad, mon meilleur serviteur,

    Prie Bothvilde, ma fille aux sourcils brillants

    De venir bien parée à son père parler."

     

    ''Est-ce vrai vrai, Bothvilde, ce qu'on raconte,

    Que Völund et toi étiez ensemble sur l'île ?''

     

    ''Ce qu'on t'a raconté est vrai, Nidud,

    Völund et moi étions ensemble sur l'île,

    En une heure funeste qui n'aurait jamais du venir.

    Je n'ai pas pu lui résister, je n'ai pas pu m'en protéger.''

     

    1 Cette affirmation n'engage que son auteur, certainement le copiste qui rédigea l'introduction, mais n'apparaît pas dans le décours du poème.

    2 Ce n'est pas ce qui est écrit dans le poème, mais il semblait apparemment nécessaire au copiste d'insister sur cette qualité mythique des jeunes femmes..

     

    volundarkvitha, edda poétique

    De gauche à droite : Bothvild, Volundr avec ses ailes, la forge, les deux fils de Nidud décapités et cachés dans le foyer. Pierre historiée d'Ardre.

     

      Svipdagsmal II : Fjolvinnsmal                                                                                                             Svipdagsmal II : Fjolvinnsmal


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