• La Rigsthula

    Ce texte explique en se basant sur la notion de destin la partition de la société en castes (esclave, paysan, guerrier), la dernière étant celle du prêtre-chamane, représentée par Kon. Il est particulier en ce sens qu'il serait d'origine celtique irlandaise. Il est manifestement incomplet, mais nul ne sait combien de strophes manquent à la fin. Pour plus d'informations : article de Wikipédia, plutôt documenté, notamment sur l'interprétation de Dumézil.

      

    La Rigsthula


    Le chant de Rig


     Traduction de la version anglaise de H.A. Bellows

    Il est narré, dans les anciennes légendes, que l'un des dieux, dont le nom était Heimdall, arriva au cours de ses voyages sur certaine grève, et parvint à une habitation, où il se fit connaître comme Rig. Ce poème raconte cette histoire :

     

    1. On dit qu'autrefois s'en vint,
    Par les vertes routes,
    Puissant et vénérable,
    L'Ase savant et sage,
    Valeureux et vigoureux,
    Rig, en cheminant.

    2. Il allait alors
    Par le milieu du chemin ;
    Il arriva à une maison,
    Le portail ouvert ;
    Il entra sans façons
    Le feu brûlait dans le foyer ;
    Un vieux couple était assis là :
    Aïeul et Aïeule
    Vêtus à l'ancienne mode.

    3. Rig avait bien
    Des conseils à leur donner ;
    Ensuite il s'assit
    Au milieu du banc,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.

    4. Alors l'Aïeule prit
    Une miche compacte,
    Epaisse et pesante,
    Et pleine de son ;
    Elle la posa
    Au milieu de la table
    Avec du bouillon dans une écuelle ;
    C'était du bouillon de veau,
    Le plus grand des régals ;
    Il se leva de table,
    Alla se mettre au lit.


    Rigsthula, edda poétique

    Rig chez Aïeul et Aïeule. Collingwood, 1908


    5. Rig avait bien
    Des conseils à leur donner ;
    Alors il se coucha
    Dans le milieu du lit,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.

    6. Il y resta
    Trois nuits pleines ;
    Il reprit alors son chemin
    Au milieu de la route ;
    Et neuf mois
    Furent bientôt passés.

    7. L'Aïeule enfanta d'un garçon,
    D'eau il fut aspergé,
    Ses cheveux si noirs couverts d'un linge,
    Et Thraell il fut appelé.

    8. Il se mit à grandir
    Et à gagner en force ;
    La peau de ses mains se rida
    Devint toute rugueuse,
    Jointures noueuses.
    Doigts épais,
    Visage repoussant,
    Dos voûté,
    Talons forts.

    9. Bientôt de ses forces
    Il fit bon usage
    A lier des écorces,
    A porter des charges ;
    Il porta à la maison
    Des fagots à longueur de journées.

    10. Arriva à l'enclos une fille,
    Dégingandée, jambes arquées,
    Pieds salis,
    Bras brûlés de soleil,
    Nez busqué ;
    Son nom était Thir.

    11. Au milieu du banc
    Ensuite elle s'assit ;
    S'assit auprès d'elle
    Le fils de la maison ;
    Parlèrent et conversèrent
    Thraell et Thir.
    Puis firent leur lit
    A la fin du jour.

    12. Ils eurent des fils
    - Ils vécurent contents - .
    Je crois qu'ils s'appelaient
    Hreim et Fjosnir,
    Klur et Kleggi,
    Kefsir, Fulnir,
    Drumb, Digraldi,
    Drött et Hösvir,
    Lut et Leggjaldi
    Réparèrent les enclos,
    Fumèrent les champs,
    Soignèrent les porcs,
    Gardèrent les chèvres,
    Récoltèrent la tourbe.

    13. Ils eurent des filles : 
    Drumba et Kumba,
    Okkvinkalfa,
    Et Arinnefja,
    Ysja et Ambatt,
    Eikintjasna,
    Tötrughypja
    Et Tötrubeina.
    De là provient
    La race des esclaves.

    14. Rig alla ensuite
    Par les chemins droits,
    Il arriva à une halle,
    Le portail était entrouvert,
    Se prit à entrer ;
    Il y avait du feu dans le foyer;
    Un couple était assis là,
    Vaquait à ses affaires.

    15. L'homme taillait dans le bois
    Une navette pour tisserand;
    Il avait la barbe faite,
    Les cheveux coupés sur le front,
    Une chemise ajustée;
    Il y avait un coffre sur le plancher.

    16. Une femme était assise là,
    Tournait une quenouille
    Déployait les bras,
    Préparait une étoffe;
    Elle avait un fichu sur la tête,
    Une blouse sur la poitrine,
    Un foulard autour du cou,
    Tenu par des broches aux épaules.
    Grand-Père et Grand-Mère
    Possédaient cette maison.

    17. Rig avait
    Des conseils à leur donner.

    18. Ensuite il s'assit
    Au milieu du banc,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.
    Grand-Mère emplit les assiettes
    De viande de veau bouillie
    Le meilleur des régals.

    19. Rig avait
    Des conseils à leur donner ;
    Se leva de table
    Alla bientôt dormir ;
    Ensuite il se coucha
    Au milieu du lit,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.


    Rig chez Grand-Mère. Carl Larsson.

    Rig chez Grand-Mère. Carl Larsson.

     
    20. Il y resta
    Trois nuits pleines ;
    Puis il s'en fut
    Par le milieu de la route
    Et neuf mois
    Furent bientôt passés.

    21. Grand-mère enfanta un garçon,
    L'enfant fut aspergé d'eau,
    Fut nommé Karl,
    Une femme l'emmaillota de linge
    Il était roux, les joues rosées,
    Les yeux vifs.

    22. Il se mit à grandir
    Et gagna en force.
    Il se mit à dresser les b
    œufs,
    A fabriquer les araires,
    A charpenter les maisons,
    A construire des fenils,
    A fabriquer des charrettes
    Et à mener la charrue.

    23. Arriva alors à la maison une fille,
    Clefs pendantes au côté,
    En tunique de cuir de chèvre,
    A Karl fut mariée ;
    Elle s'appelait Snör,
    S'enveloppa du voile de la mariée;
    Echangèrent des anneaux,
    Firent leur lit,
    Déployèrent des couvertures
    Et fondèrent un foyer.

    24. Ils eurent des fils
    - Et vécurent heureux -
    Qui se nommaient Hal et Dreng,
    Hauld, Thegn et Smid,
    Breid, Bondi,
    Bundinskeggi,
    Bui et Broddi.
    Brattskegg et Segg.

    25. Ils eurent des filles
    Dont les noms furent :
    Snot, Brud, Svanni,
    Svarri, Spraki,
    Fljod, Sprund et Vif,
    Feima, Ristill.
    De là proviennent
    Les races des hommes.

    26. De là Rig alla
    Par les chemins droits ;
    Il arriva à une salle :
    Vers le sud étaient tournées les portes,
    Le portail était clos,
    On l'ouvrait par un anneau.

    27. Il y pénétra.
    Le plancher était jonché de paille,
    Un couple était assis,
    Se regardaient dans les yeux,
    Père et Mère,
    Travaillant de leurs doigts.

    28. Le maître de maison était assis
    Et tressait une corde,
    Courbait un arc,
    Emmanchait des flèches ;
    Mais la maîtresse de maison
    Brossait des habits,
    Empesait des manches de chemises.

    29. Elle portait coiffe recourbée,
    Broche sur la poitrine,
    Ample manteau,
    Tunique bleue;
    Front plus brillant,
    Seins plus clairs,
    Cou plus blanc
    Que la plus pure des neiges.

    30. Rig avait
    Des conseils à leur donner;
    Puis il s'assit
    Dans le milieu du banc,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.

    31. Alors Mère prit
    Une nappe brodée
    De lin blanc,
    La plaça sur la table ;
    Elle prit ensuite
    De minces pains
    De blanc froment,
    Les posa sur la nappe.

    32. Elle avança
    Des tranchoirs pleins,
    Bordés d'argent, sur la table,

    De la viande de porc
    Et des oiseaux rôtis ;
    Il y avait du vin dans les cruches,
    Des coupes à rebords dorés ;
    Ils burent et causèrent;
    Le jour s'écoula.

    33. Rig avait
    Des conseils à leur donner;
    Rig se leva ensuite,
    Firent le lit
    Il y resta
    Trois nuits pleines ;
    Puis il s'en alla
    Au milieu de la route ;
    Et neuf mois
    Furent bientôt passés.

    34. Mère enfanta un garçon,
    Il fut enveloppé de soie,
    Et fut aspergé d'eau,
    Ils l'appelèrent Jarl ;
    Blond pâle étaient ses cheveux.
    Brillantes, ses joues,
    Perçants étaient ses yeux
    Comme ceux d'un serpenteau.

     

    La Rigsthula, jarl

    Jarl. Albert  Edefelt.

     

    35. Jarl grandit là,
    Sur les bancs de la maison;
    Il se mit à brandir les écus de bois de tilleul,
    A tresser les cordes d'arcs,
    A courber les arcs,
    A emmancher les flèches,
    A lancer les traits,
    A brandir les lances,
    A monter les chevaux,
    A détacher les chiens,
    A manier les épées,
    A pratiquer la natation.

    36. Bientôt arriva de la forêt touffue
    Rig marchant,
    Rig marchant,
    Qui lui enseigna les runes ;
    Lui donna son nom,
    Le reconnut comme son fils ;
    Le pria de s'approprier
    Les champs allodiaux,
    Des anciennes contrées.

    37. Alors il chevaucha
    Par les sombres forêts,
    Les montagnes de givre
    Jusqu'à ce qu'il arrive à une halle ;
    Il agita sa lance,
    Brandit l'écu de bois de tilleul,
    Lança son cheval au galop
    Et dégaina son épée;
    Il se mit à combattre,
    A rougir la plaine,
    A abattre les guerriers,
    A conquérir le pays par les armes.

    38. Il posséda à lui seul
    Dix-huit domaines
    Se mit à répartir ses richesses,
    A tous accorda
    Trésors et bijoux
    Coursiers élancés ;
    Il éparpilla les anneaux.
    Ouvrit les bracelets.

    39. Ses messagers allèrent
    Par les routes humides,
    Ils parvinrent à la halle
    Où habitait Hersir,
    Il avait une fille
    Aux doigts déliés,
    Blanche et sage,
    Qui s'appelait Erna.

    40. Ils la demandèrent en mariage
    Et la ramenèrent à la maison,
    Où ils la donnèrent à Jarl ;
    Elle prit le voile de mariée ;
    Ils vécurent ensemble
    Dans un grand bonheur,
    Eurent des enfants
    Et coulèrent des jours heureux.

    41. Burr fut l'aîné,
    Et Barn, le second,
    Jod et Adal,
    Arfi, Mogr,
    Nidr et Nidjung,
    - Ils apprirent bientôt -
    Son et Sveinn,
    - A jouer aux tables et à nager -
    L'un s'appelait Kund,
    Kon était le plus jeune.

    42. Ils grandirent vite,
    Les fils de Jarl;
    Ils dressèrent les chevaux,
    Courbèrent les boucliers,
    Polirent les flèches,
    Entrechoquèrent les lances de frêne.

    43. Mais Kon le jeune
    Apprit l'usage des runes,
    Les runes salvatrices
    Et les runes de longue vie;
    Bientôt il sut
    Protéger les guerriers,
    Emousser les tranchants,
    Apaiser la mer.

    44. Il apprit le langage des oiseaux,
    A éteindre l'incendie,
    A endormir l'esprit,
    A calmer les chagrins ;
    Force et énergie
    De deux fois quatre hommes.

    45. Bientôt, il rivalisa
    En l'art des runes avec Rig-Jarl,
    Le dépassa en science
    Et en habileté ;
    Il réclama et obtint vite le droit
    De se faire appeler Rig
    Car il savait les runes.

    46. Kon le jeune alla
    Par les forêts et les fourrés,
    Lança les carreaux d'arbalète,
    Chassa les oiseaux.

    47. Alors une corneille chanta,
    Perchée sur un rameau :
    "Pourquoi veux-tu, Kon le jeune,
    Abattre les oiseaux?
    Il te siérait mieux
    De monter les chevaux
    Et d'abattre les guerriers."


    Kon et la Corneille. Collingwood.

    Kon et la Corneille. Collingwood.


    48. Dan et Danp
    Ont de précieuses halles,
    Patrimoine de plus grand prix
    Que celui que vous avez;
    Ils savent bien
    Mener les navires de combats,
    Eprouver les tranchants
    Et tailler les blessures.

     

    Il manque à l'évidence la fin du poème...

     

     La Rigsthula                                                                                                                                      La Rigsthula


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  • Première ligne : la Thrymskvitha

    Tout comme les Havamal ou les Grimnismal, la Voluspa, ou "prédictions de la voyante", apparaît comme un texte fondamental pour notre connaissance de la cosmogonie et de la religion des anciens scandinaves, même si sa rédaction est probablement postérieure à la christianisation du nord de l'Europe. Il décrit le déroulement des principaux évènements entre la Création et les Ragnarök, c'est à dire le passé et l'avenir du monde et des Puissances. Ce poème n'est pas tout à fait linéaire, et est quelquefois difficile à lire du fait que le texte saute de temps en temps du coq à l'âne (au loup, plutôt...). Mais il renferme des informations remarquablement précises, sur les lieux, les noms et le rôle de chacun.

    Et si les noms des nains vous rappellent quelque chose, c'est normal : JRR Tolkien était un spécialiste des textes médiévaux et lisait couramment le vieux norrois.

     

    When Gjallarhorn will sound. Falkenbach.

    __________________________________ 

     

    La Voluspa

    Les Prédictions de la Voyante


    Traduction de Régis Boyer modifiée à l'aide des versions de deux traductions anonymes et quelques retours au texte original.

     

    1. Silence je réclame de tous les êtres sacrés, humbles et grands,

    Enfants de Heimdall.

    Selon ta volonté, Valfadr1, je proclamerai

    Les antiques traditions des hommes,

    Les plus anciennes dont je me souvienne.

     

    2. Je me rappelle les géants de ces temps primordiaux

     Qui me donnèrent naissance autrefois :

    Je me rappelle les neufs mondes, neuf étendues immenses,

    Et le Glorieux Arbre du Monde

    Profondément planté en terre.

     

    voluspa, edda poétique

    Yggdrasil, par F.W. Heine

     

    3. Au commencement des siècles, quand Ymir s'établit,

    Il n'y avait rien, ni sable, ni mer, ni froides ondes ;

    De terre point n'y avait, ni de ciel au-dessus,

    Seul le vide béant et d'herbe nulle part.

     

    Esquisses

    Ginnungagap, Sigrid Santrom.

     

    4. Et puis les fils de Burr2 haussèrent la terre ferme,

    Eux qui créèrent la Glorieuse Midgard,

    Sol3 brilla du sud sur les dalles de la salle,

    Alors la terre fit croître le vert poireau.

     

    5. Sol du sud, compagne de Mâni4,

     Etendit son bras droit vers le rebord du ciel ;

    Sol ne savait où se trouvait sa demeure,

    Mani ignorait quelle puissance il avait,

    Les étoiles ne connaissaient pas leur place.

     

    voluspa, edda poétique

    Sol et Mani. Frolich.

     

    6. Alors les dieux siégèrent dans la salle du jugement,

    Les divinités suprêmes se consultèrent ;

    A la nuit et à la nouvelle lune, ils donnèrent un nom,

    Ils nommèrent le matin, le midi, la fraîche et la brune,

    Et comptèrent le temps par années.

    7. Les Ases s'assemblèrent dans la plaine d'Idi

    Erigèrent tertres et temples, y placèrent une forge,

    Forgèrent des bijoux, façonnèrent des tenailles,

    Fabriquèrent des outils.


    8. Joyeux, ils jouèrent aux tables dans l'enceinte,

    Rien ne manquait en fait d'or ;

    Jusqu'au jour où vinrent trois jeunes filles géantes

    Toutes puissantes, de Jötunheim.

     

    9. Alors les dieux siégèrent dans la salle du jugement,

    Les divinités suprêmes se consultèrent

    Pour savoir qui donnerait forme au peuple des nains,

    Issu du sang de Brimir et des os de Blain.

    10. Etaient présents Modsognir, devenu le plus grand de tous les nains,

    Et Durinn, le second ; ils façonnèrent un grand nombre

    D'êtres à forme humaine, les nains dans la terre,

    Comme Durinn le prescrivit.

    11. Nýi et Nidi, Nordri et Sudri,

    Austri et Vestri, Althjóf, Dvalinn,

    Nár et Náinn, Níping, Dáinn,

    Bívurr, Bávurr, Bömburr, Nóri,

    Ánn et Ónarr, Ái, Mjódvitnir.



    12. Vigg et Gandalf, Vindalf, Thraínn,

    Thekk et Thórinn, Thrór, Vitr, Litr,

    Nýr et Nýrá ; voici les nains

    Reginn et Rádsvinn- Justement dénombrés.

     

    voluspa, edda poétique

    Les nains de la Voluspa. Frolich.

     

    13. Fíli, Kíli, Fundinn, Nali

    Heptifíli, Hannar, Svíurr,

    Frár, Hornbori ; Fraegr et Lóni,

    Aurvangr, Jari, Eikinskjaldi.

     

    14. Il est temps d'énumérer aux humains

    La lignée des nains de Dvalinn

    Qui de Lofar descend

    Eux qui allèrent à Jöruvellir et à Aurvangar

    Depuis leurs gîtes sous la pierre.

     

    15. S'y trouvaient Draupnir et Dolgthrasir,

    Hár, Haugspori, Hlévang, Glóinn,

    Dóri, Óri, Dúf, Andvari,

    Heptifili, Har, Sviar.

    Skirfir, Virfir, Skáfid, Ái,

     

    16. Alf et Yngvi, Eikinskjaldi,

    Fjalar, Frosti, Finn et Ginnar

    Toujours remonteront, tant que les hommes s'en souviendront,

    Les générations jusqu'à Lofar.

     

    17. Alors trois Ases sortirent de la troupe,

    Puissants et bienveillants : revenant à la demeure des dieux.

    Ils trouvèrent sur la terre, sans force, sans destinée

    Ask5 et Embla6.

     

    18. Ils n'avaient ni souffle, ni sens, ni sang, ni voix,

    Ni couleurs de la vie.

    Odin leur donna l'esprit, Hœnir leur donna le sens,

    Lódur donna le sang et les couleurs de la vie.

     

    voluspa, edda poétique

    Odin, Lodur et Hoenir donnant vie à Askr et Embla. Frolich

     

    19. Je sais que se dresse le frêne qu'on nomme Yggdrasil7,

    L'arbre élevé, aspergé de blanche boue :

    De là vient la rosée tombant dans les vallées,

    Toujours vert, il s'élève au dessus du Puits d'Urdr.

     

    voluspa, edda poétique

     

    20. Là résident les vierges, savantes en maintes choses,

    Trois, issues du lac situé sous l'arbre.

    L'une s'appelle Urdr, l'autre, Verdandi,

    Elles gravaient le bois, et Skuld la troisième.

    Elles édictèrent les lois, elles fixèrent la vie

    Des fils des hommes et la destinée des mortels8.

     

    voluspa, edda poétique

    Les Nornes, Ludwig Burger.

     

    voluspa, edda poétique

    Les nornes aspergeant les racines d'Yggdrasil

     

    21. Elle se rappelle la première guerre du monde

    Lorsqu'ils percèrent Gullveig de lances

    Et la brûlèrent dans la halle de Har

    Trois fois la brûlèrent, trois fois elle naquit à nouveau,

     Brûlée encore, elle vit toujours.

     

    voluspa, edda poétique

    Le bûcher de Gullveig. Frolich.

     

    22. On l'appelait Heidur9, quelque maison qu'elle visitât,

    La Völva, habile prophétesse, maniant aisément la baguette ;

    Elle pratiquait la magie autant qu'elle pouvait,

    Ensorcelait les esprits charmés,

    Par les mauvaises femmes toujours bien accueillie.


    23. Alors les dieux siégèrent dans la salle du jugement,

    Les divinités suprêmes se consultèrent :

    Les Ases paieraient-il le tribut,

    Ou tous les dieux recevraient-il offrande ?

     

    24. Odin jeta sa lance sur le peuple,

    Et ce fut la première bataille du monde ;

    L'enceinte de la forteresse des Ases fut rompue,

    Les Vanes restèrent vainqueurs du champ de bataille.

     

    voluspa, edda poétique

    La première lance.

     

    25. Alors les dieux siégèrent dans la salle du jugement,

     Les divinités suprêmes se consultèrent :

    Qui avait empli l'air de venin

    Et promis aux géants l'épouse d'Odr10 ?

    26. Seul Thor combattit, gonflé de colère

    -Il reste rarement assis quand il apprend de telles choses-

    Rompues furent les promesses, brisés les vœux et les serments,

    Les solennels accords conclus entre eux.


    27. Elle sait aussi que le cor de Heimdall

    Est caché sous l'arbre sacré, familier du ciel clair ;

    Il est éclaboussé par la cascade boueuse du gage de Valfadr.

    En savez-vous d'avantage ? Ou quoi ?

     

    28. Elle était assise dehors, solitaire, quand arriva l'Ancien,

    L'Ase très farouche, et le regarda dans les yeux :

    ''Que me demandes-tu ? Pourquoi me mettre à l'épreuve ?

    Je sais fort bien, Odin, où tu as caché ton œil,

    Dans le puits de Mimir. Mimir boit l'hydromel,

    Chaque matin, dans le gage de Valfadr.''

    En savez-vous davantage ? Ou quoi ?

     

    Esquisses

     Odin et la tête de Mimir

     

    29. Mais le Père des guerriers lui donna anneaux et colliers,

    Lui fit don de sagesse, clairvoyance et art de la magie ;

    Elle voit toujours plus loin dans l'étendue des mondes.

    30. Elle vit les Valkyries arriver de loin,

    Prêtes à chevaucher jusqu'à la maison des dieux,

    Skuld portait le bouclier, Skögull en tenait un autre,

    Suivaient Gunn, Hild, Göndul et Geirskögul;

    Voici énumérées les servantes du Seigneur-des-Armées,

    Prêtes à chevaucher par la plaine, les Valkyries.

     

    voluspa, edda poétique

    Les Valkyries, E. Doepler.

     

    31. Je pus prévoir de Balder, le dieu ensanglanté,

    Le fils d'Odin, la destinée secrète ;

    Poussait, bien au-dessus de la plaine,

    Mince et très beau, le rameau de gui.

     

    32. Fut tiré de cet arbuste d'apparence si grêle

    L'amer et funeste trait que lança Hödr ;

    Né trop tôt, le frèrea de Balder n'avait qu'une nuit

    Lorsque fut tué le fils d'Odin.


    33. Il ne se lava plus les mains, ni ne peigna sa chevelure,

    Tant qu'au bûcher ne fut déposé le meurtrier de Balder ;

    Mais Frigg pleura dans Fensalir le malheur de la Valhöll.

    En savez-vous davantage ? Ou quoi ?

     

    34. Alors Vali sut comment tresser les chaînes de la bataille,

    Les forts et rêches liens faits d'entrailles.

     

    35. Elle vit, enchaîné dans Hveralund,

    Une forme aux traits fourbes semblable à Loki ;

    Là Sigyn est assise auprès de son époux,

    Bien que de son destin elle ne soit pas réjouie.

    En savez-vous davantage ? Ou quoi ?

     

    36. Depuis l'est, un fleuve déverse à travers les vallons venimeux

    Epées et Saxes : son nom est Slidr.

     

    37. Vers le Nord, à Nidavellir, se dressait la halle d'or

    Des enfants de Sindri ; une autre se tenait à Okolnir,

    La halle à bière du lote11voluspa, edda poétique dont le nom est Brimir.

    38. Elle en vit se dresser une autre loin du soleil, à Naströnd,

    Les portes tournées vers le nord ;

    Le poison s'écoule par ses lucarnes,

    Cette halle est charpentée d'échines de serpents.

     

    39. Elle y vit patauger dans d'épais courants

    Les hommes parjures, les loups meurtriers,

    Le suborneur de la femme d'autrui.

    Là Nidhogg suçait les cadavres des défunts,

    Que le loup dépeçait.

    En savez-vous davantage ? Ou quoi ?

     

    voluspa, edda poétique

    Racines d'yggdrasil , Nidhogg et Ratatosk.

     

    40. La vieille était assise à l'orient, dans la Forêt de Fer,

    Et y nourrissait l'engeance de Fenrir ;

    Parmi eux, il y a celui qui détruira le soleil

    Sous la forme d'un monstre.

    41. Il se goinfre des chairs des hommes promis à la mort,

    Empourpre la demeure des dieux de sang rouge ;

    Noir deviendra l'éclat du soleil les étés suivants,

    Epouvantables toutes les tempêtes.

    En savez-vous davantage ? Ou quoi ?

     

    voluspa, edda poétique

    Fenrir

     

    42. Assis là sur une hauteur, jouant de la harpe,

    Se tenait le joyeux Eggther, gardien des sorcières ;

    Non loin de lui, dans la forêt aux oiseaux,

    Chantait un beau coq vermeil du nom de Fjalar.

     

    43. Chez les Ases chante Gullinkambi.

    Il éveille les hommes du Père des Guerriers ;

    Mais un autre chante loin sous terre,

    Un coq rouge de suie, dans les halles de Hel.

    44. Garm aboie rageusement devant Gnipahellir,

    Sa chaîne va se rompre, le Vorace bondira.

    Je connais de nombreux charmes

    Au loin dans l'avenir je vois l'amer destin

    Des dieux de la victoire.

     

    45. Les frères se combattront et s'entretueront,

    Les parents souilleront leur propre descendance ;

    Une rude époque d'adultère universel,

    Temps des haches, temps des épées, des boucliers fendus,

    Temps des tempêtes, temps des loups,

    Avant que ne s'effondre le monde,

    Nul n'aura pitié de son prochain.

     

    46. Les fils de Mimir s'agitent, mais le destin s'embrase

    Dans l'explosion sonore de Gjallarhorn.

    Heimdall souffle fort, cor dressé ;

    Odin interroge la tête de Mimir.

     

    voluspa, edda poétique

    Heimdall souffle du cor

     

    47. Yggdrasil frissonne, le frêne vertical,

    Le vieux tronc gémit, le lote se libère ;

    Tous tremblent sur la route de Hel

    Avant que le parent de Surt ne consume l'arbre.

     

    48. Qu'en est-il des Ases ? Qu'en est-il des Alfes ?

    Tout Jötunheim résonne, les Ases tiennent conseil ;

    Les nains grommellent devant leurs portes de pierre,

    Les maîtres des falaises.

    En savez-vous davantage, ou quoi ?

     

    49. Garm aboie rageusement devant Gnipahellir,

    Sa chaîne va se rompre, le Vorace bondira.

    Je connais de nombreux charmes

    Au loin dans l'avenir je vois l'amer destin

    Des dieux de la victoire

     

    voluspa, edda poétique

    Garm et Hel. Johannes Gehrts

     

    50. Hrym vient de l'orient, tenant haut son bouclier,

    Jormungand se tord, pris de la fureur des géants ;

    Le Serpent hérisse les vagues, l'aigle glatit,

    Nidfölr déchiquète les cadavres, Naglfari est libéré.

     

    51. Le bateau vient de l'orient, amenant de la mer

    La progéniture de Muspell, Loki à la barre.

    Les enfants des monstres, alliés du Loup, voyagent,

    A leur tête s'avance le frère de Byleist.

     

    52. Surtur vient du sud avec la mort des branches,

    Le soleil luit de l'épée de Hel ;

    Les falaises s'écroulent, les monstres s'agitent,

    Les hommes foulent le chemin de Hel

    Et le ciel se lézarde.

     

    Esquisses

    Surt

     

    53. Un nouveau malheur fond sur Hlin

    Quand Odin s'avance contre le Loup12,

     Tandis que le brillant vainqueur de Beli fait face à Surtur.

    Alors périt le bien-aimé de Frigg.

    54. Garm aboie rageusement devant Gnipahellir,

    Sa chaîne va se rompre, le Vorace bondira.

    Je connais de nombreux charmes

    Au loin dans l'avenir je vois l'amer destin

    Des dieux de la victoire.

     

    55. A présent arrive le vaillant fils de Sigfödr,

    Vidar, pour tuer le charognard ;

    Il laisse dans la gueule du rejeton de Hverdrung

    L'acier plongé jusqu'au cœur.

    Ainsi, le père est vengé.

     

    voluspa, edda poétique

    Vidar et Fenrir

     

    55b. Gueule ouverte dans l'air, la ceinture du monde13,

     Le ver des hauteurs ouvre ses effrayantes mâchoires.

    Le fils d'Óðinn rencontrera le poison,

    Il tuera le monstre.

     

    voluspa, edda poétique

    Thor et Jormungand. Frohlich

     

    56. A présent arrive le glorieux fils de Hlodyn,

    Le fils d'Odin va combattre le serpent,

    En colère, le Gardien de Midgard l'occit ;

    Tous les hommes désertent leurs demeures ;

    Sans craindre la honte, le fils de Fjorgyn, agonisant,

    Recule de neuf pas devant la vipère.

     

    voluspa, edda poétique

     La mort de Thor. Frolich.

     

    57. Le soleil s'assombrit, la terre s'affaisse dans l'océan,

    Les brillantes étoiles vacillent dans le ciel ;

    Les fumées tourbillonnent, les flammes ronflent,

    L'immense incendie joue jusqu'au ciel.

     

    58. Garm aboie rageusement devant Gnipahellir,

    Sa chaîne va se rompre, le Vorace bondira.

    Je connais de nombreux charmes

    Au loin dans l'avenir je vois l'amer destin

    Des dieux de la victoire.

     

    voluspa, edda poétique

    Les Ragnarök

     

    59. Elle voit une seconde fois une terre

    Pour toujours verte émerger de l'onde ;

    Y courent des cascades, et au-dessus plane l'aigle

    Qui depuis les falaises pourchasse les poissons.

    60. Les Ases se rassemblent sur les plaines d'Idi,

    Parlent du puissant serpent,

    Se rappellent les grands événements

    Et les antiques runes de Fimbultyr14.

    61. Là, ils vont retrouver dans l'herbe verte

    Les merveilleuses tables d'or

    Qu'autrefois possédaient les peuples.

     

    62. Les champs non ensemencés porteront récoltes,

    Tous maux disparaîtront, Balder reviendra,

    Lui et Hodr résideront dans la halle de la victoire de Hroptr,

    Seigneur du séjour des morts.

    En savez-vous davantage ? - ou quoi ?

     

    63. Hœnir sait comment choisir la baguette du destin,

    Et les fils des deux frères bâtissent leur demeure

    Dans le vaste séjour des vents.

    En savez-vous davantage ? - ou quoi ?

     

    64. Elle voit se dresser une halle plus brillante que le soleil

    Couverte d'or, à Gimlé :

    Ici, à jamais, habiteront dans la joie les peuples fidèles,

    Et pour l'éternité jouiront du bonheur.

    65. Alors en chevauchant arrive d'en haut

    Pour le dernier jugement,

    Le puissant, le magnifique

    Celui qui tout gouverne.

     

    Tables des Matières

    Après Ragnarök. E. Doepler

     

    1 Odin,
     2 Et de Bestla, géants : Odin, Vili et Vé,
     3 La soleil, 
     4 Le lune, 
     5 Frêne, 
     6 Orme,
     7 Monture d'Ygg = monture d'Odin, 
     8 Ce sont les Nornes, 
     9 La Brillante, autre nom de Gullveig, sujet de dissension entre Vanes et Ases et cause de la guerre des dieux.,
     10  Freya,
     11 géant,
     12 Fenrir,
     13 Jormungand,
     14 Odin
    a Vali

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Première ligne : la Thrymskvitha


    12 commentaires
  • Gripisspo  

    Le Gripisspo

     

    Les Visions de Gripir

    (Traduction de la version anglaise de Bellows)

     

    Gripir était le nom du fils d'Eylimi, le frère de Hjordis, il a régné sur les terres et a été de tous les hommes le plus sage et le plus devin. Sigurth, un jour, chevauchait seul et arriva à la halle de Gripir. Sigurth était facile à reconnaître ; il rencontra à l'entrée de la demeure de Gripir un homme nommé Geitir. Sigurth l'interrogea et lui demanda:

     

    Quel est le nom de celui qui réside ici ?

    Quel nom donnent les hommes au roi du peuple ?

     

    1. Geitir parla :

    "Gripir est le nom du bon chef

    Qui gouverne le peuple et gère bien la terre."

     

    2. Sigurth parla :

    "Le très sage roi est-il ici,

    Le monarque viendra-t-il me parler ?

    Un inconnu a besoin de son conseil

    Et si Gripir le veut, je l'obtiendrai bientôt."

     

    3. Geitir parla :

    "L'heureux maître de Geitir demandera

    Qui cherche à s'entretenir avec Gripir."

    Sigurth parla :

    "Je suis Sigurth, fils de Sigmund,

    Et Hjordis est le nom de la mère du héros."

     

    4. Alors Geitir alla et parla à Gripir :

    "Un étranger est venu et se tient à la porte ;

    Il est noble dans son apparence

    Et, Prince, désireux de vous voir."

     

    5. Le souverain des héros vint à travers la halle

    Et invita le guerrier à entrer :

    "Sigurth, bienvenue, ton attente a été longue ;

    Maintenant, Geitir, veux-tu prendre Grani."

     

    6. Alors ils discutèrent de maints sujets

    Que ces hommes si sages connaissaient.

    Sigurth parla :

    Dis-moi, frère de ma mère, si tu la connais,

    Quelle sera la vie de Sigurth.

     

    7. Gripir parla :

    "De tous les hommes, tu seras sur terre le plus puissant,

    Et le plus réputé de tous les héros ;

    Libéral dans le don d'or, long à t'enfuir,

    Noble à voir et sage en paroles."

     

    8. Sigurth parla :

    "Sage monarque, à présent, je demande plus ;

    Dis à Sigurth, si tu peux le voir,

    Quel sera mon destin immédiat

    Lorsque je quitterai ta demeure ?"

     

    9. Gripir parla :

    "D'abord, Prince, tu devras venger ton père

    Et châtier les Eylimi de leurs méfaits ;

    Puis les preux fils de Hunding tu devras

    Abattre, et conquérir la victoire."

     

    10. Sigurth parla :

    "Noble roi, ma race dit

    Que tu parles vrai, puisque nous ouvrons nos esprits :

    Pour ce puissant Sigurth, lequel de ses actes

    Te paraît le plus important de tous sous les cieux ?"

     

    11. Gripir parla :

    "Tu devras combattre seul le dragon ardent

    Qui, vorace, se terre à Gnitaheith ;

    Tu devras tuer aussi bien Reginn que Fafnir,

    C'est la vérité que te dit Gripir."

     

    12. Sigurth parla :

    "Je deviendrai riche si je remporte des batailles

    Telles que celles-ci, ainsi que tu l'as dit ;

    Regarde plus loin, et dis m'en plus :

    Quelle est la vie que je dois mener ?"

     

    13. Gripir parla :

    "Tu dois trouver l'antre de Fafnir

    Et de tout son trésor t'emparer,

    Charger l'or sur le dos de Grani

    Et le mériter en combattant, jusque chez Gjuki."

     

    14. Sigurth parla :

    "En paroles au guerrier, maintenant, si sage

    Et noble monarque, tu dois t'adresser ;

    Une fois l'hôte de Gjuki, et lorsque je le quitterai :

    Comment dois-je conduire ma vie ?"

     

    15. Gripir parla :

    "Sur ces rochers au loin dort la fille du souverain,

    Blonde en armure, depuis qu'Helgi est tombé ;

    Tu devras couper avec ton épée bien affilée

    Et fendre la cuirasse à l'aide de la tueuse de Fafnir."

     

    16. Sigurth parla :

    "La cotte de mailles est brisée, la jeune fille parle,

    La femme qui s'est éveillée de son sommeil ;

    Que dit la vierge à Sigurth ensuite,

    Quel destin heureux est promis au héros ?"

     

    17. Gripir parla :

    "Elle révèle les runes au guerrier,

    Tout ce que les hommes ont toujours cherché,

    Et t'enseigne à parler toutes les langues humaines,

    Et la vie en pleine santé ; tu seras heureux, Roi !"

     

    18. Sigurth parla :

    "Maintenant, c'est terminé, j'ai acquis la connaissance,

    Et je suis prêt à reprendre ma chevauchée ;

    Regarde plus loin, et raconte encore :

    Quelle vie vais-je mener ?"

     

    19. Gripir parla :

    "Alors tu iras à la demeure de Heimir,

    Et l'hôte du roi sera alors heureux ;

    C'est la fin, Sigurth, de ce que je peux voir,

    Gripir ne peut rien dire de plus."

     

    20. Sigurth parla :

    "Les mots que tu as dits me chagrinent,

    Car, monarque, tu as vu plus loin ;

    Triste est cette douleur car tu sais l'avenir de Sigurth,

    Pourtant, tu ne feras rien, Gripir, pour m'en informer."

     

    21. Gripir parla :

    "Devant moi s'étend, en pleine lumière,

    Toute ta jeunesse sous mes yeux ;

    Je ne suis pas nommé sage à bon droit,

    Je ne peux regarder plus loin, ma sagesse s'est enfuie."

     

    22. Sigurth parla :

    "Je ne connais aucun homme sur terre, Gripir,

    Qui prédit le futur aussi loin que toi.

    Tu ne dois rien me cacher, aussi difficile que ce soit,

    Et fonder les actions que je devrais faire."

     

    23. Gripir parla :

    "Ta vie ne sera jamais entachée de bassesse,

    Noble héros, sois-en sûr ;

    Eminent tant que le monde vivra,

    Porteur de Batailles sera ton nom."

     

    24. Sigurth parla :

    "Ce pourrait être pire, mais maintenant doivent se séparer

    Le Prince et Sigurth, puisque qu'il en est ainsi,

    Je demande mon chemin, l'avenir reste ouvert,

    Parle, Puissant, frère de ma mère."

     

    25. Gripir parla :

    "Maintenant je dois tout dire à Sigurth,

    Car à cela le guerrier contraint ma volonté ;

    Tu te rendras bien compte que je ne mens pas,

    Il y a un jour où surviendra ta mort."

     

    26. Sigurth parla :

    "Je n'ai aucun dédain pour le noble roi,

    Mais je requiers les bons conseils de Gripir ;

    Je saurai bien, même si le malheur m'attend,

    Ce que Sigurth pourrait voir devant lui."

     

    27. Gripir parla :

    "Une jeune fille réside en la demeure d'Heimir,

    Son nom Brynhild est connu des hommes,

    Fille de Buthli, le vaillant Roi,

    Et Heimir élève cette jeune fille sans peur."

     

    28. Sigurth parla :

    "Que peut représenter pour moi que cette jeune fille soit

    Si belle et la pupille de Heimir ?

    Gripir, tu dois me dire la vérité,

    Car tu vois mon avenir avant moi."

     

    29. Gripir parla :

    "Beaucoup de joie te dérobera cette jeune fille,

    Si agréable à voir, qu'élève Heimir ;

    Tu ne trouveras plus le sommeil, tu ne pourras cesser tes querelles,

    Ni ne chercheras la compagnie des hommes, tant que tu ne l'auras pas vue."

     

    30. Sigurth parla :

    "Que peut-on faire pour la guérison de Sigurth ?

    Dis-moi, Gripir, si tu peux le voir ;

    Dois-je acquérir cette vierge au prix du mariage,

    Cette belle fille pour un fameux chef ?"

     

    31. Gripir parla :

    "Tu devras prêter aux deux tous les serments

    Qui lient absolument, et peu les tenir ;

    Lorsque tu auras passé une nuit chez Gjuki,

    La pupille de Heimir s'effacera de ta mémoire."

     

    32. Sigurth parla :

    "Que dis-tu, Gripir ? Donne-moi la vérité,

    L'inconstance serait-elle cachée dans le cœur du héros ?

    Peut-il se faire que je rompe les vœux échangés avec la jeune fille,

    Dont je croyais être si épris ?"

     

    33. Gripir parla :

    "Tu seras trompé par une autre, Prince,

    Et tu paieras le prix des ruses de Grimhild ;

    Bien que tu veuilles la blonde jeune fille,

    Elle est sa fille, et te tire vers le bas."

     

    34. Sigurth parla :

    "Pourrais-je partager la fraternité avec Gunnar,

    Et prendre Guthrun pour épouse,

    Puisque le héros devra bien se marier,

    Si mes actes perfides ne me tracassent pas."

     

    35. Gripir parla :

    "Grimhild trompera parfaitement ton cœur,

    Elle t'enjoindra à partir et à séduire Brynhild

    Pour être l'épouse de Gunnar, seigneur des Goths ;

    Et la mère du prince remportera ta promise."

     

    36. Sigurth parla :

    "Le malheur m'attend, je le vois bien,

    Toute bonne sagesse a déserté Sigurth,

    Si je dois courtiser pour le compte d'un autre

    La belle jeune fille sont j'étais si épris."

     

    37. Gripir parla :

    "Vous prêterez serment tous les trois,

    Gunnar, et Hogni, et toi, le héros,

    Vous échangerez vos formes, autant que possible,

    Gunnar et toi ; Car Gripir ne ment pas."

     

    38. Sigurth parla :

    "Que veux-tu dire ? Pourquoi échangerions-nous

    Nos aspects et nos formes, autant que possible ?

    Il devra s'ensuivre une autre tromperie,

    Lugubre à tous points de vue ; Poursuis, Gripir !."

     

    39. Gripir parla :

    "Tu prendras forme et aspect de Gunnar,

    Mais l'esprit et la voix resteront les tiens,

    La main de la noble pupille de Heimir

    Tu obtiendras, et nul ne pourra l'empêcher."

     

    40. Sigurth parla :

    "Tout ceci semble très mal, et on dira

    De Sigurth qu'il est vil d'avoir agi ainsi ;

    Ce n'est pas de ma propre volonté que j'userai ainsi de ruses

    Envers l'élève du héros que je tiens pour le plus noble."

     

    41. Gripir parla :

    "Tu habiteras, éminent chef parmi les hommes,

    Avec la jeune fille comme si elle était ta mère,

    Noble aussi longtemps que ta vie dureras,

    Gouvernant des hommes, ton nom sera glorieux."

     

    42. Sigurth parla :

    "Gunnar aura-t-il une épouse respectable,

    Avec une bonne réputation - parle, maintenant, Gripir !-

    Bien qu'ayant passé trois nuits à mes côtés,

    La femme du guerrier ? Il n'en a jamais été ainsi."

     

    43. Gripir parla :

    "Le breuvage des noces sera bu pour les deux,

    Pour Sigurth et Gunnar, dans la halle de Gjuki ;

    Vous échangerez vos formes, puis retournerez à la demeure,

    Mais conserverez chacun votre propre esprit."

     

    44. Sigurth parla :

    "Une nouvelle fraternité verra-t-elle le jour,

    Bonne, entre nous ? Dis-moi, Gripir !-

    Dois-je donner la joie à Gunnar,

    Ou la prendre pour moi ?"

     

    45. Gripir parla :

    "Tu te rappelleras tes serments, tu garderas le silence,

    Et vivras avec Guthrun un heureux mariage ;

    Mais Brynhild considérera qu'elle est mal mariée,

    Et cherchera à se venger elle-même en intriguant."

     

    46. Sigurth parla :

    "Quelle pourrait être la revanche de la mariée ?

    De la femme que nous avons obtenue avec des ruses subtiles ?

    De moi, elle a reçu les serments que j'ai prononcés

    Et non tenus ; ils l'ont peu réjouie."

     

    47. Gripir parla :

    "A Gunnar sa femme dira bientôt

    Que tu n'a pas tenu tes serments,

    Alors que de bon roi, le fils de Gjuki,

    Fait de tout son cœur confiance au héros."

     

    48. Sigurth parla :

    "Que dis-tu, Gripir ? Dis-moi la vérité !

    Suis-je si coupable que ce que tu dis ?

    Ou la reine si fameuse raconte-t-elle des mensonges

    A mon sujet et au sien ? Parle encore."

     

    49.Gripir parla :

    "Dans sa colère et sa peine, avec peu de bonté

    Te traitera à présent la noble dame,

    N'éprouve aucune honte, glorieux prince,

    Car l'épouse du monarque usera de fourberies."

     

    50. Sigurth parla :

    "Gunnar le sage, et Gotthorm et Hogni

    Prêteront-ils foi aux paroles de la dame ?

    Les fils de Gjuki, dis-le moi, Gripir,

    Rougiront-ils leurs lames du sang de leur frère."

     

    51. Gripir parla :

    "Le cœur de Guthrun sera très lourd,

    Lorsque ses frères te donneront la mort.

    Elle ne connaîtra plus jamais le bonheur,

    Cette femme si juste ; C'est l'œuvre de Grimhild."

     

    52. Sigurth parla :

    "Maintenant, séparons-nous ! Nous ne devons pas esquiver notre destinée ;

    Et Gripir a parfaitement répondu à mon vœu ;

    Tu m'aurais révélé plus de bonheur

    Dans ma vie à venir si tu l'avais pu."

     

    53. Gripir parle :

    "Rappelle-toi toujours, prince des hommes,

    Que le destin réside dans la vie du héros ;

    Ne vivra jamais sous le soleil

    D'homme plus noble que Sigurth."

     

     Gripisspo                                                                                                                                                             Gripisspo


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