• Oddrunargratr    

    Oddrunargratr

    oddrunargratr, edda poétique

    Gunnar. B. Guth.

     

    La complainte d'Oddrun

    D'après les versions anglaises de H.A. Bellows et B. Thorpe.

     

    Heidrek était le nom d'un roi dont la fille s'appelait Borgny. Son amant s'appelait Vilmund. Elle ne put donner naissance à son enfant jusqu'à ce qu'Oddrun, sœur d'Atli, n'aille la visiter. Oddrun avait été aimée de Gunnar, fils de Gjuki. Ce poème narre cette histoire.

     

    1- J'ai entendu dire, dans les anciens contes,

    Comment une jeune femme vint du pays de l'Aube.

    Nul de ceux qui vivent sur terre

    N'avait pu aider la fille d'Heidrek.

     

    2- Alors Oddrun, la sœur d'Atli, apprit

    De quoi était malade la jeune fille,

    Et  elle sortit de sa stalle son cheval bridé

    Et sur le moreau posa la selle.

     

    3- Elle fit aller son cheval sur les paisibles chemins de terre,

    Jusqu'à une grande halle où elle se rendit.

    Ensuite elle ôta la selle du cheval affamé,

    Et avança le long de la vaste halle,

    Ecoutez maintenant ses paroles, lorsqu'elle parla :

     

    4- "- Quelles nouvelles du monde, au loin, dans le pays des Huns,

    Et qu'est-ce qui se passe d'intéressant, au pays des huns ?"

    La femme de chambre répondit :

    "- Ici gît Borgny, mise à mal par la maladie.

    Elle a besoin, Oddrun, de ton amitié et de ton aide ! "

     

    5- Oddrun dit :

    "- Lequel des seigneurs lui a causé un tel souci,

    Pourquoi l'angoisse de Borgny est-elle si grave ?

     

    La femme de chambre répondit :

    " - Il s'agit du noble Vilmund, ami des porteurs de faucons.

    Il a enlacé la demoiselle dans la chaleur de ses couvertures

    Durant cinq hivers sans l'accord de son père. "

     

    6- Elles n'en dirent pas plus que cela, il me semble.

    Elle s'installa doucement aux genoux de la demoiselle.

    Oddrun chanta fort des charmes de puissance

    Aux côtés de Borgny :

     

    7- Enfin naquirent un garçon et une fille, un fils et une fille

    Au meurtrier de Hogni1. Alors la femme se mit

    A parler faiblement, elle qui n'avait rien dit auparavant :

     

    8- "- Puissent t'aider les puissances sacrées,

    Frigg et Freya, et tous les dieux bienveillants,

    Puisque tu m'as délivrée du tourment qui m'étreignait."

     

    9- Oddrun dit :

    "- Je n'étais pas venue ici pour t'aider puisque jamais tu n'as mérité mon aide

    Mais j'ai tenu ma parole, que j'ai prêtée voilà longtemps,

    D'aider tous ceux que je pourrais.

    (Lorsque les nobles seigneurs ont partagé le patrimoine)"

     

    Borgny dit :

    " - Tu es vraiment féroce, Oddrun, et déraisonnable maintenant,

    Lorsque tu me parles avec tant de haine.

    Je t'ai suivie où que tu ailles

    Comme si nous étions nées de deux frères."

     

    Oddrun dit :

    11- "- Je me rappelle des méchancetés que tu dis un soir,

    Lorsque je proposai une rencontre à Gunnar.

    Tu déclaras qu'une telle chose

    N'avais jamais été faite par une jeune fille,

    Exceptée moi seule. 

     

    12- (Une fille se rappelle ses mauvais jours)." 

    Alors la femme peinée s'assit,

    Pour raconter le chagrin de ses grands soucis.

     

    13- "- Je grandis heureuse dans la halle du héros,

    Ainsi que le voulaient les guerriers, et ils m'aimaient bien.

    Je fus joyeuse des cadeaux de mon père,

    Pendant cinq hivers, tant qu'il vécut.

     

    14- Tels furent les mots de mon père épuisé2,

    Avant qu'il ne meure, ses tout derniers mots :

    Il ordonna que je sois dotée d'or rouge

    Et mariée au fils de Grimhild, dans le Sud.

     

    15 - Mais à Brunehilde, il dit de porter le heaume,

    Pour devenir une valkyrie lumineuse,

    Car plus noble jeune fille ne serait pas née

    Sur terre, dit-il, si la mort devait l'épargner.

     

    16- Brunehilde était à sa broderie dans ses appartements,

    Elle avait des terres et des gens.

    Le ciel et la terre résonnèrent fort

    Lorsque le vainqueur de Fafnir

    Arriva en vue de la ville.

     

    17- Alors la bataille fut livrée contre des épées étrangères,

    Et la ville que Brunehilde possédait fut détruite.

    Peu de temps après, mais bien trop tôt,

    Elle eut pleinement connaissance de leurs méchantes ruses3.

     

    18- Sa vengeance pour cette tromperie fut pleine de malheur,

    Ainsi que nous l'apprîmes, pour notre chagrin à tous.

    Chacun sait dans tous les pays

    Comment elle se tua elle-même aux côtés de Sigurd.

     

    19- Je donnais alors mon amour à Gunnar,

    Au briseur d'anneaux, comme Brunehilde aurait dû le faire.

    Ils offrirent à Atli des anneaux fort rouges,

    Et de somptueux cadeaux à mon frère.

     

    20- Il proposa de donner quinze demeures

    Pour m'avoir, et le fardeau que porta Grani.

    Mais Atli déclara qu'il n'accorderait jamais

    Un mariage pour de l'or à un fils de Gjuki.

     

    21- Nous ne pouvions lutter contre notre amour,

    Et j'ai posé ma tête sur l'épaule du héros.

    Nombreux furent mes parents

    Qui dirent qu'ils nous avaient vus ensemble.

     

    22- Atli déclara que jamais je n'ourdirais de méchants projets,

    Ou ne me conduirais de telle sorte. Mais nul ne peut affirmer ceci,

    Ou parler avec certitude, lorsque l'amour est partagé.

     

    23- Bientôt Atli envoya ses hommes

    Pour m'espionner dans la sombre forêt.

    Ils vinrent là où ils n'auraient pas dû,

    Où nous étions dans une cachette, étendus l'un contre l'autre.

     

    24- Nous offrîmes des anneaux roux aux guerriers

    Pour qu'ils ne disent rien à Atli.

    Mais dès qu'ils furent à la maison, ils se hâtèrent

    Vivement de tout aller lui raconter.

     

    25- Mais auprès de Gudrun, ils s'en cachèrent,

    Alors qu'en tout premier elle aurait dû savoir4

    ..............

     

    26- Eclatant fut le claquement des sabots dorés

    Lorsque les fils de Gjuki passèrent la porte du château.

    Ensuite ils arrachèrent le cœur de Hogni

    Et jetèrent l'autre dans la fosse aux serpents.

     

    27- Le sage héros joua alors de la harpe

    .......................

    Car il espérait encore en son cœur qu'une aide de ma part,

    Au roi bien né, pourrait être apportée.

     

    28- J'allais seule voir Geirmund alors,

    Pour préparer un plan et nous tenir prêts.

    Mais soudain j'entendis clairement depuis Hlesey

    Combien les cordes de la harpe sonnaient tristement.

     

    29- J'ordonnais aux servantes de se tenir prêtes,

    Car j'espérais encore sauver la vie du héros.

    Nous naviguâmes en bateau à travers le détroit

    Jusqu'à voir toute la demeure d'Atli.5.

     

    30- Alors en rampant la mauvaise femme vint,

    La mère d'Atli6 - Puisse-t-elle pourrir pour l'éternité -

    Et mordit sauvagement le cœur de Gunnar.

    Ainsi, je ne pus aider le courageux héros.

     

    31- Je me suis souvent demandé par la suite

    - Déesse du lit des serpents7 ! - comment continuer à vivre,

    Car j'aimais autant le vaillant guerrier,

    Le donneur d'épées, que moi-même. 

     

    32- Tu as vu et entendu, pendant que je parlais,

    Le grand malheur qui fut mien et leur.

    Chaque homme vit comme son destin le veut,

    La complainte d'Oddrun est à présent terminée."

     

    1 D'après ce texte, il s'agirait donc de Vilmund, ce qui n'est attesté nulle part ailleurs.

    2  Budli

    3  Donner Brunehilde à Gunnar mit fin à la guerre. Sigurd s'est alors fait passer pour Gunnar.

    4  Gudrun étant alors probablement déjà épouse d'Atli.

    5  La géographie locale semble un peu embrouillée. Tout cela justifie peut-être qu'elle soit arrivée trop tard.

    6  Plus sûrement la mère des serpents, mais Atli est peut-être considéré lui aussi comme un serpent par sa sœur. Ou alors il s'agit d'une erreur de copie. Qui fait sens tout de même.

    7  Borgny : lit des serpents = or, déesse de l'or = femme.

     

    Oddrunargratr

    Le Destin. Edward Burn-Jones

     

      Oddrunargratr                                                                                                                                     Oddrunargratr


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  • Sigurtharkvitha en skamma

    Sigurtharkvitha en skamma  

     Brunehilde. Gaston Bussière.

     Brunehilde. Gaston Bussière.

     

    Le lai court de Sigurd

     

    Traduction de la version anglaise de H.A. Bellows.

     

    1- Dans les temps anciens, Sigurd rejoignit Gjuki,

    Le jeune Volsung, victorieux dans la bataille.

    Il accorda sa confiance à ces deux frères,

    Se liant avec eux par de puissants serments.

     

    2- Ils lui donnèrent épouse et nombre de joyaux,

    La candide Gudrun, la fille de Gjuki.

    Ils burent ensemble, se parlèrent souvent,

    Le jeune Sigurdur et les fils de Gjuki.

     

    3- Ils partirent briguer la main de Brunehilde,

    Et pour les assister, Sigurd les escorta.

    Le jeune et vif Volsung, vaillant dans la bataille,

    L'aurait prise pour lui s'il avait su la suite.

     

    4- Le héros venu du Sud déposa entre eux

    Sa longue épée dégainée, nue, étincelante.

    (Il ne prit pas la jeune femme dans ses bras).

    Le roi des huns ne tint jamais entre ses bras

    Cette femme qu'il donna aux fils de Gjuki.

     

    5- Elle n'avait jamais eu de douleur dans sa vie,

    Ni aucun des soucis qui affectent les hommes,

    N'avait fait aucun mal ni pensé à en faire,

    Mais le sort qui les attendait était cruel.

     

    6- Assise en son boudoir en début de soirée,

    Elle livra son cœur en paroles ouvertes :

    "- Je devrais avoir Sigurd, le jeune héros,

    Même s'il avait à mourir entre mes bras.

     

    7- Les mots que j'ai dits, bientôt les regretterai,

    Son épouse est Gudrun, et je suis à Gunnar,

    De méchantes Nornes m'imposent un long désir."

     

    8- Souvent elle allait, avec un cœur douloureux,

    Sur la glace du glacier quand venait le soir,

    Alors que Gudrun était allée se coucher,

    Et qu'avec elle entre ses draps dormait Sigurd.

     

    9- "(Alors l'enfant de Gjuki rejoint son amant)

    Et le roi des huns est heureux avec sa femme.

    Moi, je suis sans joie et à jamais sans ami,

    Jusqu'à ce que hurle l'élan de mon cœur lourd."

     

    10- Seule, elle s'emporta dans sa soif de conflits :

    "- Gunnar, tu dois céans abandonner tes vues

    Sur les terres des miens et sur moi-même aussi,

    Je n'aurai jamais de joie avec le héros.

     

    11- Je dois m'en retourner où j'ai d'abord vécu,

    Parmi ma parenté, avec ceux de ma race,

    Pour attendre, en dormant, le terme de ma vie,

    Si tu n'oses pas donner la mort à Sigurd

    (Si tu ne deviens pas le meilleur des héros).

     

    12- Le fils devrait aller de même avec son père,

    Ne laisse pas non plus la vie au louveteau.

    Le prix de la vengeance est beaucoup plus léger

    Après l'évènement si le fils est défunt."

     

    13- Gunnar était triste, ployant sous le chagrin,

    Plongé dans ses pensées pour toute la journée.

    Cependant en son cœur n'est pas resté caché

    Ce qu'il pouvait trouver de plus approprié.

    (Ou ce qui pouvait être le meilleur pour lui

    Et qu'il devait chercher à tuer le Volsung,

    Avec un grand chagrin, Sigurd qu'il chérissait).

     

    14- Durant plusieurs heures, il hésita ainsi.

    Jamais auparavant on n'aurait pu penser

    Qu'une reine put abandonner son royaume. 

    Lors il sollicita l'opinion de Hogni

    (Car à la vérité, il lui faisait confiance)

     

    15- "Plus précieuse que toute autre m'est Brunehilde,

    La fille de Budli, la meilleure des femmes. 

    Plutôt perdre la vie que l'amour de ma dame. 

     

    16- Pour des richesses, trahirais-tu le héros ?

    Il était agréable d'avoir l'or du Rhin,

    Et de conserver la fortune dans la paix,

    Et d'ainsi gagner encore d'autres richesses."

     

    17- Les paroles de Hogni furent peu nombreuses :

    " Il est bien en-deçà de notre honneur commun

    De rompre par l'épée les serments que nous fîmes

    Les serments que nous fîmes et nos engagements. 

     

    18- Nous n'avons pas connu d'homme plus fort sur terre,

    Alors que nous régnions tous quatre1 sur le peuple

    Et tant que le héros hun est encore en vie,

    Nous ne pouvons trouver plus noble parenté.

     

    19- Si nous engendrons bientôt tous les cinq2 des fils,

    Notre race, je crois, continuera à croître.

    Je présage très bien d'où viendra le malheur.

    La rancœur de Brunehilde est par trop amère."

     

    Gunnar dit :

    20- " Nous devons éveiller Gotthorm à la colère,

    Notre plus jeune frère, à l'aveugle bravoure.

    Il n'a point partagé les serments que nous fîmes,

    Les serments que nous fîmes et nos engagements. "

     

    21- Il fut aisé de réveiller le téméraire,

    …............. 

     

    L'épée resta plantée dans le cœur de Sigurd.

     

    22- Le héros se redressa, vengeur, dans la halle,

    Et jeta son épée vers l'audacieux tueur.

    Vers Gotthorm s'envola le brillant acier

    De la si dure Gram depuis la main du roi.

     

    23- L'ennemi s'affala, coupé par le milieu,

    Les mains tombèrent en avant, et la tête aussi,

    Et les jambes et les pieds s'écroulèrent en arrière.

     

    24- Gudrun tranquillement sommeillait dans son lit,

    Près de la présence rassurante de Sigurd.

    Elle se réveilla, toute sa joie enfuie,

    Allongée dans le sang du compagnon de Freyr.

     

    25- Elle frappa ses mains si fort l'une contre l'autre

    Que le héros au cœur d'acier se redressa :

    " Ne pleure pas Gudrun, de larmes si amères,

    Ma jeune épouse, car tes frères sont vivants. 

     

    26- Trop jeune, je pense est encore mon enfant,

    Pour s'enfuir de la maison de ses ennemis.

    Redoutable et porteur de mort est leur projet,

    Le nouveau plan qu'ils ont aujourd'hui arrêté.

     

    27- Aucun fils ne chevauchera, seraient-ils sept,

    Vers l'assemblée du Thing comme fils de leur sœur.

    Je sais qui a ourdi d'abord tout ce malheur,

    Et seule Brunehilde doit être blâmée.

     

    28- Au-delà de tout, m'aimait cette jeune fille,

    Pourtant en faux Gunnar, ne m'a pas reconnu.

    J'ai tenu mes serments, juré fraternité.

    On ne peux me nommer l'amant de cette reine."

     

    29- Elle perdit conscience quand Sigurd mourut,

    Et frappa ses mains si fort l'une contre l'autre

    Que toutes les coupes tintèrent dans l'armoire,

    Et que les oies cagnardèrent fort dans la cour.

     

    30- Alors Brunehilde, fille de Budli, rit,

    Une seule fois, mais avec tout son coeur,

    Lorsqu'allongée au lit elle entendit si fort

    Le cri douloureux de la fille de Gjuki.

     

    31- Alors Gunnar, monarque des hommes, parla :

    "Tu ne devrais pas rire, amante de la haine,

    De joie en ce moment, et pour rien de joyeux.

    Pourquoi ton visage devient-il si livide,

    Mère du malheur ? Tu es condamnée d'avance.

     

    32- Tu serais devenue une femme plus digne,

    Si devant tes yeux nous avions tué Atli.

    Si tu avais vu le corps saignant de ton frère

    Et les blessures sanglantes dont tu mourras."

     

    33- Brunehilde dit :

    " Nul ne te raille, Gunnar, tu t'es bien battu,

    Mais Atli ne se soucie que peu de ta haine.

    Il vivra, il me semble, plus longtemps que toi,

    Et sera pour toujours le plus grand des puissants.

     

    34- A toi, je révèle, mais tu le sais toi-même,

    Que de ces maux tu es la cause première.

    Je n'avais ni tristesse ni obligation,

    Mais beaucoup de richesses en la maison d'Atli.

     

    35- Je n'ai jamais cherché à avoir un mari,

    Avant que les Gjukings ne débarquent chez nous.

    Ils étaient trois, ces souverains sur leurs montures,

    Et leur expédition n'était pas nécessaire.

     

    36- J'ai engagé ma foi auprès du grand héros,

    Qui paré d'or était assis sur le dos de Grani.

    L'éclat de ses yeux n'était pas semblable au tien,

    (Et tu n'es son semblable ni de corps ni de visage.)

    Bien que d'aspect royal vous sembliez tous deux.

     

    37- Alors Atli m'a dit

    Que je n'aurais pas de part de notre richesse,

    Ni d'or ni de terres, si je n'accordais pas ma main,

    (Plus difficilement encore, je renoncerai à la richesse)

    L'or qu'il me donnait dans mon enfance,

    (Sa richesse, que j'avais de lui dans ma jeunesse)

     

    38- Souvent, en pensée, je me demandais

    Si je devais continuer à me battre et à tuer des guerriers,

    Courageuse dans ma cuirasse, défiant mon frère.

    Ce qui se serait su dans le monde,

    Causant de la peine à plus d'un homme.

     

    39- Mais à la fin, je laissais le lien se nouer,

    car je désirais plus de richesses,

    Les anneaux qu'avait gagnés le fils de Sigmund.

    Nul autre trésor ai-je jamais désiré.

     

    40- Je n'en ai aimé qu'un seul,

    N'ayant jamais eu le cœur changeant.

    A la fin, Atli doit tout savoir,

    Et lorsqu'il l'apprendra, je voyagerai sur les routes de la mort.

     

     

    *    *    *    *    *    *

    41- Jamais une épouse volage

    Ne devrait pourtant céder à un autre homme.

    ….........................

    Alors la vengeance pour tous mes maux devrait être accomplie.

     

    42- Alors survint Gunnar, souverain du peuple,

    Qui jeta ses bras autour de son cou si beau.

    Et tous ceux qui venaient, qui fussent-ils

    Aspiraient à la garder, de tout leur cœur.

     

    43- Mais elle renvoya tous ceux qui l'approchaient,

    Et ne les laissa pas la retenir sur sa longue route.

    En conseil alors parla ainsi Hogni :

    "Grand est à présent notre besoin de sagesse.

     

    44- Laissons venir les guerriers en la halle,

    Les tiens et les miens, car la nécessité est puissante,

    S'ils peuvent empêcher la reine de mourir

    Jusqu'à ce que ses pensées effrayantes disparaissent. "

     

    45- (Peu nombreuses furent les paroles de Hogni :)

    Tu ne la retiendras plus à présent d'emprunter la longue route,

    Puisse-t-elle ne jamais être née !

    Corrompue elle est venue de sa mère,

    Et née elle est pour des actes mauvais

    (Pour causer des chagrins à plus d'un homme).

     

    46- De l'orateur Gunnar se détourna sombrement,

    Car la terre des joyaux3 partageait ses gemmes.

    Ses yeux regardaient fixement toute sa richesse,

    A donner à ses servantes et à ses esclaves à sacrifier.

     

    47- Elle revêtit sa cuirasse d'or, et sombre

    Etait son cœur à l'endroit où son épée le perça.

    Elle laissa à la fin aller sa tête sur le coussin

    Et blessée, réfléchit encore à son projet.

     

    48- " Je veux que viennent ici mes femmes,

    Si elles veulent que je leur donne de l'or,

    Je vais offrir à chacune d'elles des colliers ouvragés

    Et des robes, et des vêtements brillants. "

     

    49- Le silence était total pendant qu'elle parlait,

    Puis tous ensemble, elles répondirent :

    " Assez de tuerie, nous voulons vivre,

    Ce n'est pas ainsi que tes femmes doivent gagner leur honneur."

     

    50- Longtemps la femme, vêtue de lin, réfléchit -

    Elle était jeune – et pesa ses mots.

    " Pour l'amour de moi, nulle ne doit refuser de mourir,

    Ou répugner à abandonner sa vie. "

     

    51- Mais peu de joyaux pour briller à vos membres

    Vous trouverez lorsque vous partirez

    Pour me suivre, et peu de richesse de Menja. "

    ….................................... 

     

    52- "  Assieds-toi, Gunnar, car je dois parler

    De ta si belle épouse et si désireuse de mourir.

    Ton vaisseau ne rentrera pas au port4,

    Bien que j'ai maintenant perdu la vie."

     

    53- Tu devras t'acquitter auprès de Gudrun plus tôt que tu ne penses

    …........................ 

    Bien que la jeune fille sage pleure tristement,

    Elle qui vivait avec le roi, la mort de son époux.

     

    54- Une femme doit soutenir sa mère

    Bien au delà des jours heureux

    Svanhild le fera, ou les rayons du soleil.

     

    55- " Gudrun, tu auras un noble époux,

    Et elle apportera le malheur à plus d'un guerrier,

    Elle ne se considérera pas comme heureuse en mariage,

    Elle devra épouser Atli

    (Fils de Budli, et mon frère).

    56- Souvenez-vous bien comment vous m'avez traitée,

    Lorsque vous m'avez trahie avec des ruses perfides.

    …...........

    Enfuie était ma joie, tout le temps de ma vie.

     

    57- Oddrun sera l'épouse que tu voudras avoir,

    Mais Atli la retiendra loin de toi.

    Pourtant en secret vous vous aimerez tous deux.

    Elle aurait du t'avoir, comme je l'ai fait,

    Si un heureux destin nous était échu.

     

    58- Atli sera cause de ton malheur

    Lorsqu'il te jettera dans la fosse aux serpents.

     

    59- Mais peu de temps après, Atli aussi,

    Il me semble, perdra la vie comme toi.

    (Et sa fortune, et la vie de ses enfants).

    Gudrun, au cœur sombre,

    Le tuera dans son lit d'une lame acérée.

     

    60- Il serait bien meilleur que ta digne sœur

    Suive d'abord son mari dans la tombe,

    Si ce bon conseil lui était donné,

    Si elle avait un cœur de la trempe du mien.

     

    61- Je parle lentement, mais de mon fait

    Elle ne perdra pas la vie, je crois.

    Elle errera dans les vagues ondulantes

    Jusqu'au royaume où gouverne Jonak après son père.

     

    62- Elle portera ses fils,

    Les héritiers des biens de Jonak.

    Mais Svanhild sera envoyée au loin,

    La fille qu'elle donna au courageux Sigurd.

     

    63- Les paroles de Bikki causeront sa perte,

    Car la colère de Jormunrek sera terrible.

    Ainsi seront tués tous ceux du sang de Sigurd,

    Et le deuil de Gudrun deviendra plus profond.

     

    64- Maintenant comme une faveur, je te prie,

    De m'accorder le dernier privilège de ma vie :

    Fais dresser un grand bûcher dans la plaine,

    Assez vaste pour nous accueillir tous

    (Pour que ceux qui sont morts soient avec Sigurd)

     

    65- Couvre le bûcher de boucliers et de tapis,

    …...........................

    Avec des suaires éclatants, et les esclaves sacrifiés,

    Et brûle-moi auprès de Sigurd le héros.

     

    66- Auprès du héros hun, alors,

    Brûleront les esclaves, bien apprêtés,

    Deux à sa tête, deux à ses pieds,

    Une paire de chiens et un couple de faucons,

    Pour qu'ainsi tout soit fait convenablement.

     

    67- Placez alors entre nous

    L'acier si vif, tel qu'il était

    Lorsque nous étions au lit ensemble,

    Et appelés jeunes mariés par les hommes.

     

    68- La porte de la halle ne claquera pas sur les talons

    Du courageux héros aux anneaux étincelants,

    Si ma suite l'accompagne ainsi.

    Notre voyage ne doit pas être misérable.

     

    69- Cinq servantes le suivront aussi,

    Et huit de mes esclaves, bien nés,

    Qui furent enfants avec moi, et m'appartiennent,

    Cadeaux de Budli à sa sœur.

     

    70- Je t'en ai déjà beaucoup dit, et aurais bien d'autres choses encore,

    Si le destin me laissait le temps de parler.

    Ma voix s'affaiblit, mes blessures saignent.

    J'ai dit la vérité, et maintenant je meurs. "

     

    1 Gunnar, Hogni, Gotthorm et Sigurd.

    2 Le cinquième serait Sigmund, fils de Sigurd.

    3 La femme

    4 Expression proverbiale : Tes problèmes ne sont pas finis

     

    Brunehilde et le bûcher de Sigurd. Ludwig Burger.

     Brunehilde et le bûcher de Sigurd. Ludwig Burger.

     

      Sigurtharkvitha en skamma                                                                                                          Sigurtharkvitha en skamma


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  • Guthrunarhvot

    Guthrunarhvot 

    La Complainte de Gudrun

     D'après la version anglaise de H.A. Bellows.

     

    Gudrun se rendit au bord de la mer après avoir tué Atli. Elle se jeta à l'eau, désireuse de se noyer elle-même, mais ne put couler. Les vagues la portèrent sur la rive du fjord jusqu'aux terres du roi Jonak. Il la prit pour épouse, et leurs fils furent Sorli et Erp et Hamther. Là fut également élevée Svanhild, la fille de Sigurd. Elle fut promise au puissant Jormunrek. Mais auprès de lui se trouvait Bikki, qui conseilla à Randver, fils du roi, de la prendre pour lui. Et Bikki le rapporta au roi, lequel fit pendre Randver, et piétiner Svanhild à mort par ses chevaux. Et lorsque Gudrun apprit ceci, elle parla à ses fils.

     

    1- D'un mot terrible j'ai appris le pire de tout,

    Le discours du plus complet chagrin,

    Lorsque d'un cœur féroce et en termes sévères

    Gudrun aiguillonna ses fils au combat.

     

    2- "Pourquoi rester tranquillement assis, pourquoi votre vie dort-elle,

    Pourquoi ne pleurez-vous pas, dans votre joie de parler ?

    Car Jormunrek a fait piétiner

    Votre jeune sœur sous les sabots des chevaux,

    Noirs et blancs pour aller à la bataille,

    Gris pour les montures habituelles, les chevaux des Goths.

     

    3- Vous n'êtes pas comme le Gunnar de jadis,

    Et n'avez pas le même cœur que Hogni.

    Vous auriez dû pour elle accomplir la vengeance,

    Si vous aviez été braves tels mes frères autrefois,

    Ou vos cœurs robustes comme ceux des rois huns."

     

    4- Alors Hamther, au cœur noble, dit :

    "Tu aimais moins les actes de Hogni

    Lorsqu'ils éveillèrent Sigurd de son sommeil.

    Les draps blancs de ton lit étaient rouges du sang

    De ton époux, maculé des caillots de son cœur. 

     

    5- Tu as obtenu pour tes frères une vengeance sanglante,

    Malfaisante, douloureuse, car tu as dû tuer tes fils,

    Par ailleurs, nous pouvons encore tous sur Jormunrek

    Venger ensemble le meurtre de notre sœur.

     

    6- …................

    Donne-nous maintenant l'équipement des rois huns !

    Tu nous as tant poussés à la danse des épées."

     

    7- Gudrun gagna sa chambre en riant,

    Et prit les heaumes des rois dans les placards,

    Et les larges cottes de mailles, et les porta à ses fils.

    Les héros bondirent sur le dos de leurs chevaux.

     

    8- Alors Hamther au noble cœur parla :

    "Le dieu à la lance, tombé parmi le peuple Goth,

    Ne sera plus de retour pour voir sa mère.

    Tu devras boire une seule boisson funéraire pour nous,

    Pour Svanhild, et pour tes fils aussi."

     

    9- En pleurant, Gudrun, fille de Gjuki,

    Alla tristement s'asseoir à la porte,

    Et les joues maculées de larmes, raconta le récit

    De ses chagrins terribles et si nombreux.

     

    10- "J'ai connu trois demeures, j'ai connu trois foyers,

    Je fus accueillie par trois époux.

    Mais de tous, seul Sigurd me fut cher,

    Lui qui reçut la mort de mes frères.

     

    11- Je n'ai vu ni connu de plus profond deuil,

    Mais il semble pourtant que j'eus à souffrir encore

    Par les grands princes qu'Atli me donna.

     

    12- J'ai appelé ces gentils enfants pour leur parler secrètement

    Car je ne pus surmonter l'exigence de mes maux,

    Jusqu'à ce que j'ai coupé les têtes des Hniflungs.

     

    13- Je me jetai à la mer, le cœur tout endolori

    Pouvant à présent échapper à la colère des Nornes.

    Mais les hautes vagues me portèrent sans me noyer

    Jusqu'à la terre, et je dus continuer à vivre.

     

    14- Puis je finis au lit – autrefois, c'était mieux !-

    D'un roi des peuples, pour la troisième fois.

    J'ai porté des garçons pour être ses héritiers,

    Des héritiers si jeunes, les fils de Jonak.

     

    15- Tout autour de Svanhild se tenaient ses servantes,

    Elle m'était à jamais la plus chère de mes enfants.

    Ainsi dans ma halle Svanhild semblait

    Aussi agréable à voir que les rayons du soleil.

     

    16- Je lui ai offert de l'or et des vêtements brillants,

    Avant de la laisser partir chez le peuple des Goths.

    De mes plus lourds chagrins, le plus dur fut

    Lorsque les blondes tresses de Svanhild furent foulées

    Dans la boue par les sabots des chevaux sauvages.

     

    17- Le plus douloureux fut quand ils tuèrent

    Mon Sigurd sur son lit, lui volant la victoire.

    Et le plus sinistre de tous, quand vers le cœur de Gunnar

    Se glissèrent en rampant les serpents multicolores et luisants.

     

    18- Et le plus vif de tous, lorsqu'ils coupèrent le cœur

    De la poitrine vivante de ce roi si vaillant.

    Je me rappelle de tant de chagrins..............

    …....................

     

    19- Harnache, Sigurd, ta monture si noire,

    Laisse galoper jusqu'ici ton rapide coursier.

    Ici ne reste plus ni fils ni fille,

    A qui Gudrun pourrait maintenant offrir des cadeaux.

     

    20- Souviens-toi, Sigurd, ce que nous nous dîmes

    Une fois, lorsque nous étions tous deux au lit,

    Que tu viendrais certainement me chercher,

    Depuis l'enfer, et que moi j'irai à toi depuis la terre.

     

    21- Elevez, jarls, un bûcher funéraire de chêne,

    Elevez le plus haut qu'un héros n'ait jamais eu.

    Laissez le feu brûler ma poitrine pleine de douleur,

    Mon cœur comblé de chagrin, jusqu'à fondre mes souffrances."

     

    22- Puissent les nobles connaître moins de deuils,

    Et devenir moindres les souffrances des femmes,

    Si l'histoire de cette lamentation est contée.

     

    edda poétique

    La Pleureuse. Clodion.

     

     Guthrunarhvot                                                                                                                                                  Guthrunarhvot 


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