• Brot af Sigurtharkvithu

    Brot af Sigurtharkvithu

    Fragment du long Lai de Sigurd

     

    Ce fragment provient d'un poème à l'évidence beaucoup plus long et probablement écrit à l'origine sur les quatre pages manquantes du Codex Regius. Le Lai bref de Sigurd (Sigurdarkvitha en skamma) comprenant 70 strophes et étant un des plus longs poèmes de l'Edda, on imagine aisément l'importance de la perte.

    Le fragment commence au moment où Gunnar essaie de convaincre son frère Hogni de tuer Sigurd.

     

    Hogni dit :

    1- "- Quel acte malveillant a donc commis Sigurd

    Pour que tu veuilles ravir la vie du héros ?"

     

    Gunnar dit :

    2 "- Sigurd s'est engagé envers moi par des serments,

    Il a prêté serment, et les a tous rompus,

    Il m'a trahi alors que je croyais en lui,

    Et tous ses vœux, il me semble, il aurait du tenir."

     

    Hogni dit :

    3- "- Brunehilde a poussé ton cœur à la haine,

    Pour œuvrer vers le mal et blesser pour vaincre,

    Elle a de la rancune envers l'honneur fait à Gudrun,

    Et envers la joie que tu obtiens encore d'elle-même."

     

    4- Ils firent cuire un loup, découpèrent un serpent,

    Et donnèrent à Gotthorm l'appétissante viande,

    Avant que les hommes, l'esprit tout au meurtre,

    Ne lèvent la main sur le héros hardi.

     

    l'assassinat de sigurd, edda poétique

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    Brot af Sigurtharkvithu, mort de sigurd

    l'assassinat de sigurd, edda poétique

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    5- Sigurd fut tué au sud du Rhin.

    Depuis une branche, un corbeau cria à pleine puissance :

    "- Votre sang rougira la lame d'Atli,

    Et vos serments vous lieront ensemble dans les chaînes."

     

    6- Ailleurs se tenait Gudrun, fille de Gjuki,

    Ecoutez maintenant ses paroles lorsqu'elle parla :

    "- Où est Sigurd à présent, le noble roi,

    Qu'on précédé mes parents à leur retour ?"

     

    7- Hogni ne répondit que ceci :

    "- Nous avons tué Sigurd de nos épées.

    Le cheval gris veille son maître mort."

     

    8- Alors parla Brunehilde, la fille de Budli :

    "- Bien, vous êtes maintenant maîtres des armes et des terres.

    Sigurd aurait été le seul seigneur de tout cela

    S'il avait vécu un peu plus longtemps.

     

    9- Il n'eut pas été juste qu'il règne

    Sur les biens de Gjuki et le peuple des Goths.

    Cinq sont les fils1 pouvant gouverner,

    Et avides de combat, qu'il a engendrés."

     

    10- Alors Brunehilde rit - et la salle fit écho -

    Une seule fois, de tout son cœur.

    "- Jouissiez-vous longtemps des terres et du peuple,

    Maintenant que vous avez tué le noble héros."

     

    11- Alors Gudrun parla, fille de Gjuki :

    "- Tu tiens de bien méchants discours.

    Gunnar soit maudit, meurtrier de Sigurd,

    La vengeance viendra pour son cœur cruel."

     

    12- Le soir tomba vite, et la bière fut bue,

    Et ils parlèrent longuement et fort entre eux.

    Ils s'endormirent tous en rejoignant leur lit,

    Sauf Gunnar qui seul, resta longtemps éveillé.

     

    13- Ses pieds s'agitaient, il se parlait à lui-même,

    Et le tueur d'armées commença à se remémorer

    Ce que les deux lui avaient dit plus tôt depuis l'arbre,

    L'aigle et le corbeau, tandis qu'ils rentraient à la maison.

     

    14- Brunehilde s'éveilla, la fille de Budli,

    La fille du guerrier, avant le point du jour.

    "- Aime-moi ou hais-moi, le mal est fait,

    Et ma douleur doit hurler, ou je dois mourir."

     

    15- Tous ceux qui l'entendirent restèrent silencieux,

    Ignorant tout du cœur de la reine,

    Qui versa tant de larmes, pour dire les choses,

    Pour ce rire qu'une fois elle avait eu grâce aux hommes.

     

    Brunehilde dit :

    16- "- Gunnar, j'ai fait un rêve tout à fait sinistre :

    Des cadavres se tenaient dans la halle, mon lit était froid.

    Et Seigneur, tu chevauchais sans joie,

    Couvert de chaînes, parmi la foule de tes ennemis.

     

    17- …..........

    A présent, la race des Niflungs

    Va totalement disparaître. Tu as brisé tes serments."

     

    18- "- Tu as, Gunnar, oublié ce qui s'est passé

    Lorsque vous avez tous deux mêlé votre sang dans vos empreintes.

    Envers lui qui a fait de toi le premier des roi,

    Tu t'es acquitté en lui rendant du mal. 

     

    19- Il a pourtant bien prouvé, lorsqu'il chevaucha fièrement

    Pour me gagner et faire de moi ton épouse,

    Comment le vainqueur des armées a toujours tenu

    Les serments qu'il avait prêté au jeune monarque.

     

    20- - Le bâton des plaies alors, tout blessé d'or,

    Le héros l'a déposé entre nous.

    Le tranchant acéré en a été forgé avec le feu

    Et la lame trempée de gouttes de venin."

     

    Ce poème raconte la mort de Sigurd, et l'histoire dit ici qu'ils le tuèrent à l'extérieur de la demeure, mais certains rapportent qu'ils l'assassinèrent dans la maison, dans son lit, pendant son sommeil. Mais les Germains soutiennent qu'il fut tué dehors, dans la forêt. Et il est dit également dans l'ancien lai de Gudrun que Sigurd et les fils de Gjuki avaient chevauché jusqu'à la place du conseil, et qu'il fut tué là-bas. Mais toutes les versions s'accordent pour dire qu'ils trompèrent la confiance qu'il avait en eux, et l'assaillirent alors qu'il était allongé et désarmé.2

     

    1 Sigmund fils de Sigurd et de Gudrun, est le seul mentionné dans les textes.
    2  Ce dernier commentaire a été ajouté par le copiste, certainement troublé par les différences entre les poèmes et la version de la Volsunga saga et désireux de dégager sa responsabilité par une tentative de critique d'histoire de la littérature. En effet, nombre des poèmes relatifs à Sigurd semblent d'origine germanique, tandis que la Volsunga saga est plus manifestement scandinave.
     
     
      Brot af Sigurtharkvithu                                                                                                                                                    Brot af Sigurtharkvithu

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  • volsunga saga

     Blood brothers (Brave new world), Iron Maiden.

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    Attila. Hartmann Schedel.

    Attila. Hartmann Schedel.

     

    Alors le roi Atli exhorta ses gens à attaquer férocement, et ils se battirent de plus belle. Mais les Gjuklings les assaillirent si durement que le roi Atli se replia dans la salle, et le combat se déroula à l'intérieur, et fut la plus furieuse de toutes les batailles.

    Ce combat entraîna la mort de nombre d'hommes, mais à la fin, les frères eurent raison de tous les guerriers, et ils restèrent tous deux seuls debout sur leurs pieds, et beaucoup d'autres eurent encore à voyager vers Hel sous leurs armes. Puis d'autres encore tombèrent sur le roi Gunnar, et du fait du grand nombre d'hommes qui le saisirent, il fut capturé et mis aux fers. Puis Hogni continua à combattre, avec le plus courageux des cœurs et la plus grande vaillance. Et il mit à terre vingt des plus solides champions du roi Atli. Nombreux furent ceux qu'il jeta dans le feu qui brûlait au milieu de la halle, et tous furent d'avis qu'on avait rarement vu un tel homme. Mais à la fin, il fut plaqué au sol par plusieurs guerriers, et pris.

    Alors le roi Atli dit : "- Est prodigieux le nombre de ceux qui ont rencontré leur destin face à lui ! Arrachez-lui le cœur, tel sera son sort !"

    Hogni dit : "- Fais selon ta volonté. Je supporterai joyeusement ce que tu ordonneras contre moi. Et tu verras que mon cœur n'est pas apeuré, car j'ai déjà fait l'expérience de dures épreuves, et je me suis toujours accommodé de supporter tout ce qui peut éprouver un homme, tant que j'étais sauf. Mais à présent, je suis cruellement blessé, et il te revient, à toi seul, de régir nos relations."

    Alors parla un conseiller du roi Atli : "- J'entrevois une meilleure idée encore. Prenons l'esclave Hjalli, et donnons du répit à Hogni. Car ce thrall est destiné à mourir, puisque plus il vit, moins il a de valeur."

    L'esclave l'entendit, et se mit à hurler très fort, et s'enfuit, courant partout où il pensait trouver un espoir de protection, criant que c'était une décision dure pour lui, à cause de leur lutte et de leurs actes sauvages, et un jour funeste pour lui que celui où il allait être traîné vers la mort et arraché à la douceur de sa vie et à l'entretien des porcs. Mais ils le capturèrent, et tournèrent un couteau vers lui, et il supplia et brailla dès qu'il en sentit la pointe.

    Alors Hogni parla comme rarement parle un homme qui est tombé dans la plus dure nécessité, car il demanda grâce pour la vie de l'esclave, et dit qu'il ne pourrait jamais oublier ces cris, et que c'était moins difficile pour lui de jouer sa partie jusqu'à la fin. Mais l'esclave n'avait reçu la vie que pour ce moment-là. Alors Gunnar et Hogni furent tous deux mis aux fers.

     

    Puis le roi Atli s'entretint avec le roi Gunnar, et le somma de parler de l'or, de dire l'endroit où il se trouvait, s'il voulait la vie sauve.

    Mais il répondit : " - Non, je veux d'abord voir le cœur sanglant d'Hogni, mon frère. "

    Alors ils attrapèrent l'esclave à nouveau, et lui coupèrent le cœur, et l'amenèrent au roi Gunnar, mais il répondit :

    " - Ce que je vois là, c'est le cœur lâche de Hjalli, si peu semblable au fier cœur de Hogni, car il tremble encore au moins pour moitié de ce qu'il tremblait lorsqu'il était dans sa poitrine. "

    Alors les hommes prirent Hogni ainsi qu'Atli les en pressa, et lui arrachèrent le cœur, mais telle était la puissance de sa vaillance qu'il rit tandis qu'il souffrait un tel tourment, et tous s'émerveillèrent de sa valeur, dont fut toujours gardé le souvenir depuis.

     

    Mort de Hogni. Porte de l'église d'Austad.

    Mort de Hogni. Porte de l'église d'Austad.

     

    Alors ils le montrèrent à Gunnar, et il dit :

    " - Le puissant cœur de Hogni, si peu semblable au faible cœur de Hjalli, car s'il tremble un peu à présent, tremblait bien moins lorsqu'il reposait dans sa poitrine ! Mais maintenant, Atli, tout comme nous mourons, tu devras mourir. Et maintenant, je suis seul à savoir où est l'or, car Hogni ne peut plus le révéler à présent. Cette question a taraudé mon esprit tant que nous vivions tous deux, mais j'ai maintenant à décider seul pour moi-même. Que la rivière Rhin règne sur cet or plutôt que les Huns ne puissent mettre la main dessus. "

    Alors le roi Atli dit : "- Emmenez ce paysan au loin", et il en fut ainsi.

    Mais Gudrun appela ses hommes, vint à Atli, et dit :

    " - Que tout aille mal pour toi désormais, puisque tu as mal tenu ta parole envers moi ".

    Alors Gunnar fut enfermé dans une fosse à serpents, et de nombreux vers rampaient auprès de lui, et ses mains étaient liées. Mais Gudrun lui fit parvenir une harpe, et son talent était tel qu'il en joua habilement, avec ses orteils, et il jouait si bien que certains qui l'entendirent crurent que c'était avec les mains. Et il joua avec tant de force et de pouvoir que tous les serpents finirent par s'endormir, sauf une vipère, grande et affreuse, qui glissa sur lui et planta ses crochets en lui jusqu'à frapper son cœur. Et c'est ainsi qu'avec grande hardiesse, il termina ses jours.

     

    Gunnar dans la fosse aux serpents. Pierre de Gotland

    Gunnar dans la fosse aux serpents. Pierre de Gotland

     

    Voir aussi l'Atlamol en Grolenzka, et l'Atlakvitha en Grolenzka.

     

      volsunga saga                                                                                                                    volsunga saga


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  • ynglinga saga

    Ravenlord, Hammerfall.

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    ynglinga saga

     

    8- Odin le donneur de lois

    Odin établit en son pays les mêmes lois qui avaient été en vigueur en Asaland. Ainsi, il institua que par la loi, les morts devaient être brûlés, et leurs biens placés avec eux sur le bûcher, et les cendres jetées à la mer ou enfouies dans la terre. De plus, chacun irait à la Valhöl avec les biens qu'il avait eus, placés avec lui sur le bûcher. De même il pourrait profiter de tout ce qu'il avait lui-même mis en terre. Un tumulus funéraire devrait être érigé à la mémoire de tout homme de quelque importance, et une pierre levée pour tout autre guerrier s'étant distingué par sa bravoure. Cette coutume perdura longtemps après Odin.

    Au jour de l'hiver devrait être effectué un grand sacrifice de sang pour une bonne année, et de même au milieu de l'hiver pour obtenir une abondante récolte. Et le troisième sacrifice viendrait au jour d'été, pour obtenir la victoire dans la bataille. 

    A travers tout Svithiod, le peuple versait à Odin taxe ou impôt, fixé pour chaque tête. Car il avait à défendre le pays contre les ennemis et les troubles, et payait les dépenses des fêtes sacrificielles pour une bonne année.

     

    9- Du mariage de Njord

    Njord épousa une femme nommée Skadi. Mais elle ne voulut pas vivre avec lui et épousa Odin par la suite, et en eut de nombreux fils, dont l'un se nommait Saeming. Eyvindr Pilleur de Scaldes chanta ceci à son sujet :

    "La reine Skadi donna au fils d'Asaland

     Saeming, qui colora son bouclier de sang,

     La géante reine des rochers enneigés

     Qui appréciait fort de résider sous la terre,

     La descendante du haut sapin de métal

     Naquit d'entre les rocs qui dessinent la mer

     Et enfanta pour Odin de nombreux garçons,

     Héros de nombreuses victorieuses batailles."

     

    ynglinga saga, niord, njord

    Njord s'ennuie de la mer. Collingwood. 

    ynglinga saga, skadi, skadhi

    Skadi s'ennuie des montagnes. Collingwood.

     

    Le Jarl Hakon le Grand fait remonter ses origines jusqu'à Saeming. Cette partie de Svithiod fut nommée Terre des hommes (Mannheim), tandis que le Grand Svithiod fut appelé Pays des Dieux (Godheim). Et nombre de merveilles et de récits furent rapportés de Godheim.

     

    10- De la mort d'Odin

    Odin mourut dans son lit en Svithiod. Et lorsqu'il fut agonisant, il se perça lui-même de la pointe d'une lance, et dit qu'il partait pour Godheim, et qu'il y accueillerait tous ses amis, et que tous les guerriers valeureux devraient lui être consacrés. Alors les Suédois crurent qu'il s'était rendu à l'ancienne Asgaard, et qu'il y vivrait éternellement. Ainsi commença la foi en Odin, et le fait qu'on en appelle à lui. Les Suédois crurent qu'il se montrait souvent avant les grandes batailles, qu'à certains il donnait la victoire, et qu'il invitait les autres à ses côtés. Et ils considérèrent que les deux avaient de la chance.

    Odin fut brûlé, et son bûcher fut d'une grande splendeur. C'était leur croyance que plus la fumée s'élevait haut dans le ciel, plus fameux était celui dont le bûcher était haut. Et plus il était riche, plus de biens pouvaient être consumés avec lui.

     

     ynglinga saga                                                                                                               ynglinga saga


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  • volsunga saga

     Tyr, Another fallen brother (Valkyrja)

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    Ensuite, le roi Atli pensa qu'il avait remporté une glorieuse bataille, et parla à Gudrun, en se moquant grandement d'elle, ou en prenant des airs supérieurs en sa présence.

    "- Gudrun, dit-il, ainsi tu as perdu tes frères, et c'est toi-même qui a entraîné ça."

    Elle répondit : "- Tu vis dans une agréable satisfaction, alors que tu as ordonné ces meurtres devant moi, mais peut-être le regretteras-tu, lorsque tu subiras ce qui va s'ensuivre. Et de tout ce que je possède, ce qui vivra le plus longtemps sera le souvenir de ton cœur cruel, et rien n'ira bien tant que je vivrai avec toi."

    Il répondit et dit :

    "- Faisons la paix entre nous. Je vais expier pour tes frères avec de l'or et des biens de valeur, autant que ton cœur en désirera."

    Elle répondit :

    "- J'ai longtemps été dure dans nos relations et maintenant je dis que tant que Hogni était encore vivant, tu aurait mieux fait de l'accepter. Dorénavant, jamais tu ne pourras jamais être pardonné par mon cœur pour mes frères. Mais le plus souvent, les femmes sont assujetties par votre puissance, à vous, les hommes. En vérité, toute ma famille est morte ou au loin, et il ne reste que toi pour régir ma vie. Alors mon conseil est que nous préparions une grande fête au cours de laquelle nous célébrerons les funérailles de mes frères, et celles de tes parents également."

    Et elle se fit si douce et aimable dans ses manières et son discours, bien que d'autres pensées, en vérité, se développassent par en dessous, qu'il écouta joyeusement ses paroles, et crut en ses mots, tant elle avait rendu sa voix suave.

    Alors Gudrun se chargea des funérailles pour ses frères, et le roi Atli pour ses hommes, et cette fête fut tout à fait superbe et grandiose.

    Cependant, Gudrun n'oublia pas son deuil, mais le dissimula, pouvant ainsi œuvrer à un très grave méfait envers le roi. Et à la nuit tombée, elle prit avec elle les fils qu'elle avait donnés à Atli alors qu'ils jouaient sur le sol. Les enfants passèrent de la joie à la gravité et lui demandèrent ce qu'elle voulait faire avec eux.

    "- Ne me le demandez pas, dit-elle, vous allez mourir, tous les deux !"

    Alors ils répondirent : "- Tu peux faire de tes enfants ce que tu veux, nul ne peut t'en empêcher, mais c'est une honte pour toi que de commettre un tel acte."

    Alors elle leur coupa la gorge.

    Lorsque le roi demanda où étaient ses fils, Gudrun répondit : 

    "- Je vais te le dire, et réjouir ton cœur en te le contant. Car tu as fait surgir en moi une grande douleur en faisant exécuter mes frères. Alors écoute, et prête attention à mes explications et à mes actes. Tu as perdu tes fils, et leurs crânes sont devenus ces coupes sur la table, dans lesquelles tu as bu leur sang mélangé à du vin. Et j'ai pris leur cœurs, et les ai fait rôtir à la broche, et tu les as mangés."

    Le roi Atli répondit : "- Tu es abominable d'avoir assassiné tes fils, et de m'avoir donné leur chair à manger, et il y a peu d'espace entre ton acte maléfique et le Mal."

    Gudrun dit : "- Mon cœur aspirait à te faire le plus grand dommage possible. Mais jamais la mesure de malheur ne sera suffisante pour un roi tel que toi."

    Le roi dit : "- Tu as commis les pires actes dont un homme puisse avoir à parler, et un terrible manque de sagesse sous-tend des desseins si effrayants. Il aurait mieux valu que tu sois brûlée sur un bûcher après avoir été lapidée à mort, parce qu'ainsi, tu aurais trouvé la voie que tu t'es épuisée à chercher ailleurs."

    Elle répondit : "- Tu prédis ta propre mort, car une autre fin m'attend ".

    Et ils échangèrent bien d'autres paroles furieuses.

     

    Hogni avait un fils toujours en vie, le noble Niblung, dont le cœur était plein de rage contre le roi Atli. Et il fit savoir à Gudrun qu'il voulait venger son père. Elle agréa à ses mots, et ils tinrent conseil ensemble. Elle lui dit que ce serait une grande chose si ce projet pouvait aboutir.

    Alors, une nuit où le roi était ivre, il se retira dans son lit, et lorsqu'il fut endormi vinrent auprès de lui Gudrun et le fils de Hogni. Gudrun prit une épée et la passa à travers la poitrine du roi Atli, et ils accomplirent l'acte tous les deux, elle et le fils de Hogni. Le roi Atli s'éveilla à cause de la blessure, et hurla : 

    "- Nul besoin de m'attacher ou de me sauver ! Qui, qui a commis cet acte ? "

    Gudrun dit : "- Pour une part, c'est moi, Gudrun, et pour l'autre, le fils de Hogni. "

    Atli dit : "- Il te convient fort mal de l'avoir fait, bien qu'il y ait des torts entre nous. Car tu m'as été donnée en mariage par la volonté de tes parents, et que j'ai versé le douaire pour toi. Oui, trente bons chevaliers, et autant de servantes, et nombre d'hommes en plus. Et tu n'étais pas encore satisfaite, alors que tu pouvais régner sur les terres qu'avait possédées le roi Budli. Et tu laissais très souvent ta belle-mère assise et en pleurs. "

    Gudrun dit : "- Tu as dit beaucoup de mensonges, et je n'en tiens pas compte. Souvent, en effet, j'étais d'humeur maussade, mais tu y étais pour beaucoup. Bien souvent dans ta maison, les frères s'affrontaient, et le parent combattait le parent, et l'ami combattait l'ami, et des groupes se formaient les uns contre les autres. Les jours étaient meilleurs lorsque je vivais avec Sigurd, lorsqu'il tuait des rois, et s'emparait pour nous de leurs richesses, mais donnait la paix à qui la voulait, et lorsque les grands hommes se remettaient d'eux-mêmes entre nos mains, nous donnions des richesses à ceux d'entre eux qui les méritaient. Puis je l'ai perdu, et c'était si peu d'avoir à porter le nom de veuve. Mais ma plus grande douleur fut que je dus venir à toi, moi qui avais eu le plus noble de tous les rois, tandis que toi, tu n'as jamais rien pu ramener de la bataille que la pire part."

    Le roi Atli répondit : " - Tes paroles sont parfaitement mensongères, et ces mots ne vont en rien améliorer notre sort à tous deux, car tout est à présent réduit à néant. Mais maintenant, traite-moi convenablement, et vêts mon cadavre de manière séante. "

    " - Oui, cela, je le ferai, dit-elle, et je te ferai creuser une grande tombe, et construire pour toi un digne mausolée de pierre, et t'envelopper dans du lin clair, et prêter attention à tout ce qui est nécessaire ".

     

    La mort d'Atli. J. Villeclère.

    La mort d'Atli. J. Villeclère.

     

    Alors il mourut, et elle tint sa parole. Puis ils mirent le feu dans la halle.

     

    Gudrun met le feu. E. Coley Burne-Jones.

    Gudrun met le feu. E. Coley Burne-Jones.

     

    Lorsque les guerriers et les serviteurs de la demeure s'éveillèrent dans la peur et le tumulte, ils ne tâchèrent pas de contrôler le feu, mais se bousculèrent les uns les autres, et moururent ainsi. Alors ce fut le fin des jours du roi Atli et de tous ses gens.

    Gudrun n'avait pas la volonté de vivre plus longtemps après ces actes ainsi accomplis, mais sans aucun doute, son dernier jour n'était pas encore arrivé.

     

    Les Volsungs et les Gjukings, comme ont le raconte dans les histoires, ont été les plus courageux et les plus puissants de tous les hommes, ainsi que vous pouvez encore le voir écrit dans les chansons de l'ancien temps.

    Mais à ce moment, avec ces événements tout juste racontés, tous ces malheurs étaient encore en suspens.

     

     Voir aussi l'Atlamol en Grolenzka, et l'Atlakvitha en Grolenzka.

     

       volsunga saga                                                                                                                          volsunga saga


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