• Chapitre 39 : la fin d'Atli, de sa famille et de ses gens

    volsunga saga

     Tyr, Another fallen brother (Valkyrja)

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    Ensuite, le roi Atli pensa qu'il avait remporté une glorieuse bataille, et parla à Gudrun, en se moquant grandement d'elle, ou en prenant des airs supérieurs en sa présence.

    "- Gudrun, dit-il, ainsi tu as perdu tes frères, et c'est toi-même qui a entraîné ça."

    Elle répondit : "- Tu vis dans une agréable satisfaction, alors que tu as ordonné ces meurtres devant moi, mais peut-être le regretteras-tu, lorsque tu subiras ce qui va s'ensuivre. Et de tout ce que je possède, ce qui vivra le plus longtemps sera le souvenir de ton cœur cruel, et rien n'ira bien tant que je vivrai avec toi."

    Il répondit et dit :

    "- Faisons la paix entre nous. Je vais expier pour tes frères avec de l'or et des biens de valeur, autant que ton cœur en désirera."

    Elle répondit :

    "- J'ai longtemps été dure dans nos relations et maintenant je dis que tant que Hogni était encore vivant, tu aurait mieux fait de l'accepter. Dorénavant, jamais tu ne pourras jamais être pardonné par mon cœur pour mes frères. Mais le plus souvent, les femmes sont assujetties par votre puissance, à vous, les hommes. En vérité, toute ma famille est morte ou au loin, et il ne reste que toi pour régir ma vie. Alors mon conseil est que nous préparions une grande fête au cours de laquelle nous célébrerons les funérailles de mes frères, et celles de tes parents également."

    Et elle se fit si douce et aimable dans ses manières et son discours, bien que d'autres pensées, en vérité, se développassent par en dessous, qu'il écouta joyeusement ses paroles, et crut en ses mots, tant elle avait rendu sa voix suave.

    Alors Gudrun se chargea des funérailles pour ses frères, et le roi Atli pour ses hommes, et cette fête fut tout à fait superbe et grandiose.

    Cependant, Gudrun n'oublia pas son deuil, mais le dissimula, pouvant ainsi œuvrer à un très grave méfait envers le roi. Et à la nuit tombée, elle prit avec elle les fils qu'elle avait donnés à Atli alors qu'ils jouaient sur le sol. Les enfants passèrent de la joie à la gravité et lui demandèrent ce qu'elle voulait faire avec eux.

    "- Ne me le demandez pas, dit-elle, vous allez mourir, tous les deux !"

    Alors ils répondirent : "- Tu peux faire de tes enfants ce que tu veux, nul ne peut t'en empêcher, mais c'est une honte pour toi que de commettre un tel acte."

    Alors elle leur coupa la gorge.

    Lorsque le roi demanda où étaient ses fils, Gudrun répondit : 

    "- Je vais te le dire, et réjouir ton cœur en te le contant. Car tu as fait surgir en moi une grande douleur en faisant exécuter mes frères. Alors écoute, et prête attention à mes explications et à mes actes. Tu as perdu tes fils, et leurs crânes sont devenus ces coupes sur la table, dans lesquelles tu as bu leur sang mélangé à du vin. Et j'ai pris leur cœurs, et les ai fait rôtir à la broche, et tu les as mangés."

    Le roi Atli répondit : "- Tu es abominable d'avoir assassiné tes fils, et de m'avoir donné leur chair à manger, et il y a peu d'espace entre ton acte maléfique et le Mal."

    Gudrun dit : "- Mon cœur aspirait à te faire le plus grand dommage possible. Mais jamais la mesure de malheur ne sera suffisante pour un roi tel que toi."

    Le roi dit : "- Tu as commis les pires actes dont un homme puisse avoir à parler, et un terrible manque de sagesse sous-tend des desseins si effrayants. Il aurait mieux valu que tu sois brûlée sur un bûcher après avoir été lapidée à mort, parce qu'ainsi, tu aurais trouvé la voie que tu t'es épuisée à chercher ailleurs."

    Elle répondit : "- Tu prédis ta propre mort, car une autre fin m'attend ".

    Et ils échangèrent bien d'autres paroles furieuses.

     

    Hogni avait un fils toujours en vie, le noble Niblung, dont le cœur était plein de rage contre le roi Atli. Et il fit savoir à Gudrun qu'il voulait venger son père. Elle agréa à ses mots, et ils tinrent conseil ensemble. Elle lui dit que ce serait une grande chose si ce projet pouvait aboutir.

    Alors, une nuit où le roi était ivre, il se retira dans son lit, et lorsqu'il fut endormi vinrent auprès de lui Gudrun et le fils de Hogni. Gudrun prit une épée et la passa à travers la poitrine du roi Atli, et ils accomplirent l'acte tous les deux, elle et le fils de Hogni. Le roi Atli s'éveilla à cause de la blessure, et hurla : 

    "- Nul besoin de m'attacher ou de me sauver ! Qui, qui a commis cet acte ? "

    Gudrun dit : "- Pour une part, c'est moi, Gudrun, et pour l'autre, le fils de Hogni. "

    Atli dit : "- Il te convient fort mal de l'avoir fait, bien qu'il y ait des torts entre nous. Car tu m'as été donnée en mariage par la volonté de tes parents, et que j'ai versé le douaire pour toi. Oui, trente bons chevaliers, et autant de servantes, et nombre d'hommes en plus. Et tu n'étais pas encore satisfaite, alors que tu pouvais régner sur les terres qu'avait possédées le roi Budli. Et tu laissais très souvent ta belle-mère assise et en pleurs. "

    Gudrun dit : "- Tu as dit beaucoup de mensonges, et je n'en tiens pas compte. Souvent, en effet, j'étais d'humeur maussade, mais tu y étais pour beaucoup. Bien souvent dans ta maison, les frères s'affrontaient, et le parent combattait le parent, et l'ami combattait l'ami, et des groupes se formaient les uns contre les autres. Les jours étaient meilleurs lorsque je vivais avec Sigurd, lorsqu'il tuait des rois, et s'emparait pour nous de leurs richesses, mais donnait la paix à qui la voulait, et lorsque les grands hommes se remettaient d'eux-mêmes entre nos mains, nous donnions des richesses à ceux d'entre eux qui les méritaient. Puis je l'ai perdu, et c'était si peu d'avoir à porter le nom de veuve. Mais ma plus grande douleur fut que je dus venir à toi, moi qui avais eu le plus noble de tous les rois, tandis que toi, tu n'as jamais rien pu ramener de la bataille que la pire part."

    Le roi Atli répondit : " - Tes paroles sont parfaitement mensongères, et ces mots ne vont en rien améliorer notre sort à tous deux, car tout est à présent réduit à néant. Mais maintenant, traite-moi convenablement, et vêts mon cadavre de manière séante. "

    " - Oui, cela, je le ferai, dit-elle, et je te ferai creuser une grande tombe, et construire pour toi un digne mausolée de pierre, et t'envelopper dans du lin clair, et prêter attention à tout ce qui est nécessaire ".

     

    La mort d'Atli. J. Villeclère.

    La mort d'Atli. J. Villeclère.

     

    Alors il mourut, et elle tint sa parole. Puis ils mirent le feu dans la halle.

     

    Gudrun met le feu. E. Coley Burne-Jones.

    Gudrun met le feu. E. Coley Burne-Jones.

     

    Lorsque les guerriers et les serviteurs de la demeure s'éveillèrent dans la peur et le tumulte, ils ne tâchèrent pas de contrôler le feu, mais se bousculèrent les uns les autres, et moururent ainsi. Alors ce fut le fin des jours du roi Atli et de tous ses gens.

    Gudrun n'avait pas la volonté de vivre plus longtemps après ces actes ainsi accomplis, mais sans aucun doute, son dernier jour n'était pas encore arrivé.

     

    Les Volsungs et les Gjukings, comme ont le raconte dans les histoires, ont été les plus courageux et les plus puissants de tous les hommes, ainsi que vous pouvez encore le voir écrit dans les chansons de l'ancien temps.

    Mais à ce moment, avec ces événements tout juste racontés, tous ces malheurs étaient encore en suspens.

     

     Voir aussi l'Atlamol en Grolenzka, et l'Atlakvitha en Grolenzka.

     

       volsunga saga                                                                                                                          volsunga saga


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