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Chapitre 36 : du voyage des Gjuklings chez le roi Atli.
A présent, l'histoire raconte qu'il advint la même chose à Gunnar. Lorsqu'ils s'éveillèrent, Glaumvor son épouse lui raconta plusieurs rêves qui lui semblaient prémonitoires d'une tromperie à venir. Mais Gunnar les interpréta tous dans un sens différent.
"- L'un d'entre eux, dit-elle, fut qu'il me sembla qu'une épée sanglante était amenée dans la halle, sur laquelle tu étais embroché, et à chacune de ses extrémités, un loup hurlait."
Le roi répondit : "- Nos chiens peuvent me mordre, peut-être. Les armes ensanglantées représentent souvent les morsures de chiens."
Elle dit : "- J'ai rêvé à nouveau que des femmes venaient ici, pesantes et courbées, et te choisissaient pour époux. Il se pourrait qu'il s'agisse des femmes en charge de ton destin."
Il répondit : "- Ceci est délicat à interpréter, et nul n'est à même de prendre la mesure de ses jours, de même qu'il n'est pas impossible que le temps qui m'est imparti soit bref."
Puis ils se levèrent avec le matin, et s'affairèrent à préparer le voyage, mais quelques hommes les retardèrent sur place.
Alors Gunnar cria à l'homme nommé Fjornir.
"- Lève-toi et donne-nous à boire le meilleur vin des grands foudres, parce qu'il se pourrait que ce soit la toute dernière de nos fêtes. Peut-être que si nous mourons, le vieux loup surgira près de l'or, et cet ours ne se retiendra pas d'utiliser la morsure de ses crocs de guerre."
Puis tous les habitants de la maison les accompagnèrent sur la route en pleurant.
Le fils de Hogni dit : "- Soyez portés par une marée joyeuse."
La majeure partie de leurs gens restèrent en arrière. Solar et Gnoevar, les fils de Hogni, voyagèrent avec eux, ainsi qu'un grand champion, nommé Orkning, le frère de Kostbera.
Le peuple les suivit jusqu'aux navires, et tous les fêtèrent pour leur voyage, mais ne les touchèrent pas.
Alors Glaumvor parla : "- O Vingi, tant de malheur va découler de ta venue, et des événements terribles et funestes vont advenir pendant ton expédition."
Il répondit : "- Ecoute ma réponse, car je ne mens pas. Puissent les hautes potences et la plus grande fatalité avoir raison de moi, si je prononce un seul mot fourbe !"
Alors Kostbera cria : "- Portez-vous bien en des jours heureux."
Et Hogni répondit : "- Que vos cœurs soient heureux, et puissent-ils voyager avec nous !"
Et ainsi, ils se séparèrent, chacun partant vers son propre destin. Ils ramèrent vers le large, si fort et si vite que presque la moitié de la quille se souleva, et tirèrent si dur sur les rames que dames de nage et plat-bord rompirent. Mais ils réparèrent en atterrissant, puis chevauchèrent longtemps sur leurs nobles montures à travers les ténèbres de sombres forêts.
Et plus tard, ils virent l'armée du roi, et entendirent le grand tumulte du cliquetis des armes. Puis ils virent là un grand nombre d'hommes, et la variété de leurs équipements, ainsi qu'ils les avaient forgés là. Et toutes les portes de la ville étaient pleines d'hommes.
Ils chevauchèrent jusqu'à la place forte. Et les portes en étaient fermées, alors Hogni les brisa, et ils entrèrent dans le château.
Alors Vingi parla : "- Vous auriez peut-être mieux fait de vous abstenir. Avancez maintenant, restez ici pendant que je vais m'enquérir de votre potence. Doucement et patiemment, je vous ai amenés jusqu'ici, mais quelque chose de funeste s'y prépare. Avant peu, vous serez liés au même arbre !"
Hogni répondit : "- Nous n'allons plus hésiter dans cette affaire. Car nous n'avons jamais tourné les talons lorsqu'il s'agissait de combattre. Et tu ne peux te prévaloir ici de rien qui nous fasse peur. Tu as œuvré pour un bien maléfique plan."
Alors ils le jetèrent au sol, et le frappèrent avec leurs haches-marteaux jusqu'à ce qu'il meure.
Atli
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