• Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    38- La mort d'Harald Gormson

    Svein, le fils du roi Harald, qui fut surnommé par la suite Barbe Fourchue, demanda à son père une partie de son royaume. Mais tout comme précédemment, Harald ne voulut pas entendre parler de la division des domaines danois, ni de lui donner un royaume. Svein rassembla des vaisseaux de guerre, et signifia qu'il partait en expédition viking. Mais dès que tous ses hommes furent réunis, et que le viking de Jomsborg Palnatoke fut venu le soutenir, il se précipita en Sealand dans l'Isafjord, où son père était arrivé pour quelque temps avec ses navires prêts à partir en expédition. Svein livra bataille immédiatement, et le combat fut rude. Tant d'hommes vinrent rejoindre le roi Harald pour l'aider que Svein fut dépassé par le nombre et dut s'enfuir.

    Mais le roi Harald reçut une blessure qui mit fin à ses jours. Et Svein fut choisi comme roi du Danemark. A cette époque, Sigvalde était Jarl de Jomsborg en Vindland. Il était fils du roi Strutharald, qui avait régné sur Skane. Heming et Thorkel le Long étaient les frères de Sigvalde. Bue l'Epais de Bornholm et Sigurd son frère, étaient également chefs des vikings de Jomsborg. Il y avait de même Vagn, un fils de Ake et Thorgunna, et le fils de la sœur de Bue et Sigurd. Le jarl Sigvalde avait fait le roi Svein prisonnier, et l'avait emmené au Vindland, à Jomsborg, où il l'avait obligé à faire la paix avec Burizleif, roi des Vinds, et à le prendre comme médiateur de paix entre eux. Le jarl Sigvalde était marié à Astrid, une fille du roi Burizleif, et signifia au roi Svein que s'il n'acceptait pas ces termes, il le remettrait dans les mains des Vinds. Le roi savait qu'ils le tortureraient à mort, et accepta donc la médiation du jarl. Le jarl donna son verdict parmi eux, - que Svein devrait épouser Gunhild, la fille du roi Burizleif -. Et le roi Burizleif épouserait Thyra, une fille d'Harald et sœur de Svein. Mais chacune des parties conserverait ses propres domaines, et la paix serait instaurée entre les deux pays. Alors le roi Svein retourna chez lui au Danemark avec son épouse Gunhild. Leurs fils furent Harald et Knut le Grand. Les Danois menaçaient alors d'envoyer une armée en Norvège contre le jarl Hakon.

     

    39- Le vœu des vikings de Jomsborg.

    Le roi Svein organisa une fête magnifique, à laquelle il invita tous les chefs de ses domaines. Car il voulait donner une fête de succession, ou bière de l'héritage, pour prendre la suite de son père Harald. Peu de temps auparavant, Strutharald à Skane, et Vasete à Bornholm, père de Bue l'Epais et de Sigurd, étaient morts. Et le roi Svein envoya un message aux vikings de Jomsborg, disant que le jarl Sigvalde et Bue, et leurs frères, viendraient chez lui et boiraient le bière funéraire pour leurs pères lors de cette même fête que le roi donnait. Les vikings de Jomsborg vinrent à la fête avec leurs hommes les plus vaillants, quarante vaisseaux arrivant du Vindland, et vingt de Skane. Grande était la foule ainsi assemblée. Le premier jour de la fête, avant que Svein ne monte sur le haut-siège de son père, il but la corne à la mémoire de son père, et fit le vœu solennel qu'avant que trois hivers ne soient passés, il aurait rallié l'Angleterre avec son armée, et aurait soit tué le roi Adarald, soit chassé du pays.

     

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    Svein boit à la mémoire de son père. Frolich.

     

    Tous ceux qui étaient à la fête burent dans la corne consacrée à l'héritage. Puis pour les chefs des Vikings de Jomsborg fut emplie et bue la plus grande corne qu'on put trouver. Et lorsque la coupe fut vidée, tous les hommes burent à la santé du Christ. Et de nouveau, une pleine mesure de la boisson la plus forte fut versée pour les vikings de Jomsborg. La troisième corne fut dédiée à la mémoire de St Michel, qui fut bue par tous. Après quoi le jarl Sigvalde vida une corne commémorative en l'honneur de son père, et fit le vœu solennel qu'avant que soient passés trois hivers, il se rendrait en Norvège et soit tuerait le jarl Hakon, soit le chasserait du pays. Après quoi Thorkell le Long, fit le vœu solennel de suivre son frère en Norvège, et de ne pas quitter la bataille aussi longtemps que Sigvalde s'y trouverait engagé. Alors Bue l'Epais fit serment de les accompagner en Norvège, et de ne pas reculer tant que les autres vikings de Jomsborg y combattraient. Et à la fin, Vagn Akason promit qu'il irait avec eux en Norvège, et de n'en pas revenir tant qu'il n'aurait pas tué Thorkel Leira, et mit dans son lit sa fille Ingebjorg sans l'aval des amis de cette dernière. Nombre d'autres chefs prêtèrent des serments solennels sur divers projets.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    Les vœux des vikings. H. Egedius.

     

    Ainsi fut bue la bière de l'héritage en ce jour, mais le lendemain matin, lorsque les vikings de Jomsborg se réveillèrent, ayant cuvé la boisson, ils pensèrent qu'ils avaient parlé plus que de raison. Ils se réunirent pour discuter de la manière dont ils pourraient tenir leurs engagements, et déterminèrent de se préparer aussi vite que possible pour leur expédition. Et sans délai, les vaisseaux et les guerriers furent armés, et les nouvelles se répandirent rapidement.

     

    40- Eirik et Hakon lèvent une armée.

    Lorsque le jarl Eirik, fils d'Hakon, qui était alors en Raumarike, eut vent des nouvelles, il rassembla immédiatement des troupes, et se rendit dans les Uplands, puis à travers les montagnes à Throndhjem, et rejoignit son père le jarl Hakon. Thord Kolbeinson en parle ainsi dans le lai d'Eirik :

    "Les nouvelles du sud fusent aux alentours,

    Le bondi est venu avec un regard grave,

    Apporter la nouvelle de futurs combats

    Pour les hommes d'acier et les armes sonnantes.

    J'ai entendu dire qu'au pays des Danois

    Les vaisseaux aux longs flancs glissent le long des rives,

    Mis à flot à l'aide de la marée montante,

    Et que courront bientôt les destriers des mers."

     

    Les jarls Hakon et Eirik fendirent les flèches de guerre, et les firent tourner dans la région de Throndhjem. Et le même message fut envoyé dans les deux More, More Sud et More Nord, et dans le Raumsdal, et jusqu'au nord de Naumudal et d'Halogaland. Ils firent appel à tout le pays pour fournir à la fois des hommes et des navires.

    Ainsi, est-il dit dans le lai d'Eirik :

    "Maintenant le scalde doit chanter pour la guerre,

    Et louer la vaillante et robuste jeunesse

    Qui sur les océans se répandra bientôt,

    Avec navires, cotres, bateaux du grand nord.

    La puissante flotte se met à naviguer,

    Et la population court pour la voir glisser,

    Passer mât après mât, tout le long de la côte."

    Le jarl Hakon fit voile immédiatement vers le sud, vers More, en mission de reconnaissance et pour rassembler des hommes. Et le jarl Eirik recruta une armée dans le nord, pour le rejoindre ensuite.

     

    41- l'expédition des Vikings de Jomsborg.

    Les vikings de Jomsborg rassemblèrent leur flotte dans le Limafjord, d'où ils prirent la mer avec soixante voiles de navires. Lorsqu'ils arrivèrent à proximité des côtes d'Agder, ils tirèrent vers le nord en direction du Rogaland avec leur flotte, et commencèrent à piller dès qu'ils eurent accès au territoire du jarl. Puis ils poursuivirent vers le nord le long de la côte, ravageant et brûlant. Un homme, nommé Geirmund, naviguait sur un petit bateau avec quelques hommes vers le nord en direction de More, et là il rencontra le jarl Hakon, se tenant derrière sa table pour le dîner, et informa le jarl des dernières nouvelles, lui disant qu'une armée venue du Danemark était arrivée à l'extrémité sud du pays. Le jarl lui demanda s'il était certain de cette information. Alors Geirmund tendit un bras, dont la main avait été coupée, et dit : "Ceci est le signe que l'ennemi est dans le pays". Alors le jarl le questionna en particulier au sujet de l'armée. Geirmund répondit qu'elle était formée de vikings de Jomsborg, qui avaient tué beaucoup de monde et tout pillé autour. "Et ils ramaient vite et vivement", dit-il "et je suppose qu'il ne faudra pas longtemps pour qu'ils soient sur vous." 

     

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    Geirmund et le jarl Hakon. C. Krogh.

     

    Là-dessus, le jarl chevaucha dans chaque fjord, longeant une côte, puis l'autre, recrutant des hommes, nuit et jour. Il dépêcha des espions sur les plus hauts sommets des environs, et dans les fjords vers le sud. Puis il fit voile vers le nord pour retrouver Eirik et ses hommes.

    Ceci apparaît dans le lai d'Eirik :

    "Le jarl, bien habile en la guerre rapide

    Lors du sauvage assaut des destriers vikings,

    Lança depuis les rives les tiges élevées,

    Qui portèrent la mort aux vikings de Sigvalde.

    Les rouleaux s'écrasaient sous les quilles des naves,

    Les lames des rames claquaient sur la mer grise

    Et ceux qui donnèrent le festin aux corbeaux

    Ramèrent intrépides sur les flots bouclés."

     

    Eirik se hâta vers le sud avec ses forces par le plus court chemin possible.

     

    42- Des vikings de Jomsborg

    Le jarl Sigvalde se dirigea vers le nord aux alentours de Stad, et atterrit aux îles Herey.

    Comme les vikings étaient tombés d'accord avec la population de ces lieux, les gens n'ont jamais dit la vérité sur ce que faisait le jarl. Et les vikings continuèrent à piller et à dévaster. Ils laissèrent leurs vaisseaux à l'extrémité extérieure de l'île de Hod, débarquèrent, pillèrent, et conduisirent hommes et bétail à leurs navires, tuant tous les hommes capables de porter des armes.

    Alors qu'ils retournaient à leurs bateaux, arriva un bondi, marchant à côté des troupes de Bue, et qui leur dit : "Vous ne vous conduisez pas en vrais guerriers, en menant vaches et veaux à vos vaisseaux, alors que vous devriez chasser l'ours, puisque vous êtes à côté du repaire de l'ours." 

    "Que raconte ce vieil homme ?" demandèrent certains. "Peut-il nous dire quelque chose au sujet du jarl Hakon ?"

    Le paysan répondit : "Le jarl est venu hier dans le Hjorundarfjord avec un ou deux navires, certainement pas plus de trois, et il n'avait alors aucune nouvelle à votre sujet."

     

    Alors Bue descendit en toute hâte à ses vaisseaux, abandonnant tout son butin derrière lui. Bue dit :

    "Utilisant maintenant ces nouvelles du jarl que nous avons obtenues, et soyons les premiers à obtenir la victoire." En arrivant à leurs bateaux, ils quittèrent la terre. Le jarl Sigvalde les interpela, et leur demanda ce qui se passait. Ils répondirent : "Le jarl est dans le fjord". En conséquence, le jarl Sigvalde et toute sa flotte appareilla, et rama vers le nord depuis l'île Hod.

     

    43- Bataille contre les vikings de Jomsborg.

    Les jarls Hakon et Eirik avaient fait relâche à Halkelsvik, où toutes leurs forces étaient assemblées. Ils disposaient de cent cinquante navires, et avaient entendu dire que les vikings de Jomsborg arrivaient par la mer, et se trouvaient à l'île Hod. Alors ils ramèrent hors du port pour partir à leur recherche, et ils se rencontrèrent les uns les autres en un lieu nommé Hjorungavag, et les deux parties rangèrent leurs vaisseaux en ordre de bataille. La bannière du jarl Sigvalde se trouvait au milieu de son armée, et je jarl Hakon avait disposé ses forces juste en face pour l'attaquer. Le jarl Sigvalde lui même possédait vingt navires, mais le jarl Hakon soixante. Dans l'armée du jarl se trouvaient ces chefs : Thorer Hjort d'Halogaland, et Styrkar de Gimsar. Sur l'aile de l'armée adverse se tenaient Bue l'Epais, et son frère Sigurd, avec vingt vaisseaux. Contre lui, le jarl Eirik amenait soixante bateaux, et l'accompagnaient les chefs suivants : Gudbrand Hvite des Uplands, et Thorkel Leira de Viken. Sur l'autre aile des forces des vikings de Jomsborg était Vagn Akason avec vingt navires. Contre lui venait Svein fils d'Hakon, dans la division duquel allaient combattre Skegge de Yrjar d'Uphaug et Rognvald d'Aervik de Stad, avec soixante bateaux.

    Ceci est ainsi raconté dans le lai d'Eirik :

    "Les navires des bondis tout le long de la côte

    Ont navigué pour rencontrer l'ost ennemi.

    Les forts vaisseaux du jarl volant comme des aigles

    Ont fondu sur les Danes en un combat sanglant

    Les navires danois, plein d'hommes de la cour

    Furent vidés de leurs hommes et plus d'une coque

    Fut conduite déserte jusqu'au continent,

    Avec les cadavres encore chauds des morts."

     

    Eyvind Skaldaspiller en parle aussi dans le "Haleygja-tal"

    "Ce fut au point du jour que notre brave jarl

    Ouvrit la voie avec ses chevaux de la mer

    Bondissant, ses cors de guerre résonnant fort !

    Le matin se leva sans joie pour l'ennemi

    D'Yngve-Freyr, ces chrétiens, les combattants des îles,

    Qui se sont eux-mêmes rêvés à la maison."

     

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    L'assaut de Hjorungavag. G. Munthe.

     

    Alors les flottes s'affrontèrent, et un des combats les plus rudes commença. Nombre d'hommes tombèrent de part et d'autre, mais bien plus du côté d'Hakon. Car les vikings de Jomsborg se battaient avec la fureur du désespoir, et se montrèrent meurtriers, perforant les boucliers de leurs flèches. Tant de lances furent jetées sur le jarl Hakon que son armure fut bientôt en lambeaux, et qu'il l'enleva. Ainsi en parla Tind Halkelson :

    "Le manteau de mailles fait des plus forts anneaux

    Ne put pas endurer la grêle de ferraille,

    Bien que cousue avec grand soin et à grand peine,

    Par Norn1, dans l'intention de lui donner sa force.

    Le feu de la bataille rageait alentours,

    La chemise d'acier d'Odin se décousit !

    Le jarl jeta au loin son vêtement de mailles,

    Et les anneaux tintèrent sur le pont mouillé.

    Et puis une partie tomba dans l'océan,

    Et l'autre fut gardée, pour devenir la preuve

    De l'épaisseur puissante et acérée des flèches

    Tombant sur les coursiers des mers dans ce combat."

     

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    Pluie de flèches à Hjorungavag.  H. Egedius.

     

    1 Norn, une des Dises, se tenait auprès des femmes chargées de coudre les anneaux de fer sur les vêtements. Les aiguilles, dont certaines étaient d'or, étaient quelquefois dépourvues de chas et utilisées comme des alènes de cordonnier.

     

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    44- La fuite du jarl Sigvalde

    Les vikings de Jomsborg possédaient des navires plus grands et à bords plus hauts. Et les deux camps combattirent avec acharnement. Vagn Akason mit son navire bord à bord avec celui de Svein, fils du jarl Hakon, et Svein laissa son bateau lui céder la place et fut sur le point de s'enfuir. Alors le jarl Eirik arriva, et se plaça contre le bateau de Vagn, et ce fut Vagn qui céda la place, et les navires se trouvèrent dans la même position que précédemment. Puis Eirik passa sur l'autre aile, qui était un peu revenue, et Bue avait coupé les cordes1, dans l'intention de les poursuivre. Alors Eirik se plaça bord à bord à côté du vaisseau de Bue, et un violent combat mano a mano s'engagea. Deux ou trois des navires d'Eirik se disposèrent aussi auprès du seul bateau de Bue. Un orage survint à ce moment, et une forte tempête de grêle s'abattit, et chaque grêlon pesait le poids d'un penny. Le jarl Sigvalde coupa son cable, fit virer son navire et prit la fuite. Vagn Akason lui cria de ne pas s'enfuir, mais comme le jarl Sigvalde ne prêta aucune attention à ce qu'il disait, Vagn lui lança son javelot et le toucha au casque. Le jarl Sigvalde s'échappa avec trente-cinq de ses bateaux, en laissant vingt-cinq derrière lui.

     

    45- Bue se jette lui-même par dessus bord.

    Puis le jarl Hakon plaça son navire de l'autre côté de celui de Bue, et une attaque massive s'abattit sur les hommes de Bue. Vigfus, un fils de Vigaglum, se saisit d'une bigorne à extrémité pointue qui se trouvait sur le pont et sur laquelle un homme avait soudé la poignée de son épée peu avant, et comme il était un homme très fort, il la jeta à deux mains sur la tête d'Aslak Holmskalle, et elle acheva sa course dans son cerveau. Avant cela, aucune arme n'avait pu blesser Aslak, qui était le frère adoptif de Bue et commandant en second du navire, bien qu'il distribuât les blessures de droite et de gauche. Un autre homme parmi les plus courageux et les plus puissants était Havard Hoggande. Lors de cette attaque, les hommes d'Eirik abordèrent le bateau de Bue, et se ruèrent sur la dunette où se tenait Bue. Là, Thorstein Midlang frappa sur le nez de Bue de sorte que le nasal de son casque fut coupé en deux et qu'il subit une grande blessure. Mais Bue, en retour, asséna un coup sur le flanc de Thorstein, et l'épée le coupa en travers. Alors Bue leva deux coffrets pleins d'or, et dit à la cantonade : "Par dessus-bord, hommes de Bue !", et se jeta lui-même à la mer avec ses deux coffres. Nombre de ses hommes sautèrent aussi par dessus bord. Certains tombèrent sur le bateau, car il n'était pas l'usage de demander quartier. Le vaisseau de Bue fut vidé de ses hommes de la proue à la poupe, puis tous les autres, l'un après l'autre.

     

    46- Les vikings sont enchaînés ensemble en une seule chaîne.

    Le jarl Eirik s'était placé le long du vaisseau de Vagn, et ce dernier maintint une défense courageuse. Mais à la fin, ce navire aussi fut nettoyé, et Vagn et trente de ses hommes furent faits prisonniers, attachés, et conduits à terre. Alors arriva Thorkel Leira, qui dit : "Tu as fait le vœu solennel, Vagn, de me tuer, mais il semble maintenant plus vraisemblable que ce soit moi qui te tue." Vagn et ses hommes étaient tous assis sur une longue pièce de bois. Thorkel tenait une hache à la main, avec laquelle il décapita celui qui était assis à l'extrémité du rondin. Vagn et les autres prisonniers étaient liés par une corde qui attachait leurs pieds, mais gardaient les mains libres. L'un d'eux dit : "Je vais poser cette broche que je tiens à la main par terre, si je comprends bien, après que ma tête aura été coupée." Sa tête fut coupée, mais la broche tomba de sa main. Il y avait aussi un très bel homme avec de longs cheveux, qui tordait ses cheveux au-dessus de sa tête et dégageait sa nuque, et dit : "- ne salis pas mes cheveux avec du sang." Un homme prit les cheveux à la main et les cramponna. Thorkel frappa avec sa hache, mais le viking écarta sa tête si puissamment que l'homme qui tenait sa chevelure tomba en avant, et que la hache coupa sa main avant de se planter en terre. Le jarl Eirik arriva, et s'enquit : "- Qui est ce bel homme ? "

    Il répondit : "- Je me nomme Sigurd et je suis fils de Bue. Mais tous les vikings de Jomsborg sont-ils morts ?"

    Eirik dit : " Tu es sans doute un fils de Bue. Accepteras-tu maintenant la vie et la paix ? "

    "- Cela dépend, dit-il, de qui me les propose."

    "- Celui qui les offre a le pouvoir de les accorder. Jarl Eirik."

    "- Alors j'accepte, dit-il, de ses mains." Et il fut libéré de la corde.

    Alors Thorkel Leira dit : "Bien que tu puisses donner la paix et la vie à tous ces hommes, jarl, Vagn Akason ne doit pas en sortir vivant." Et il courut à lui, hache levée, mais le viking Skarde se balança dans la corde et se laissa tomber juste sous les pieds de Thorkel, de telle sorte que Thorkel tomba sur lui. Vagn se saisit de la hache, et porta à Thorkel un coup mortel. Alors le jarl demanda : "Vagn, accepteras-tu la vie ? "

    "- J'accepterais, dit-il, si vous la donnez aussi à tous."

    "- Libérez-les de la corde," dit le jarl, et ainsi fut fait. Quatre vingt furent tués, et douze eurent la vie sauve.

     

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    Sigurd, fils de Bue, et le jarl Eirik. C. Krohg.

     

    47- La mort de Gissur de Valders.

    Le jarl Hakon, et beaucoup d'hommes avec lui, étaient assis sur une pièce de bois, et un arc se détendit sur le navire de Bue, et la flèche frappa Gissur de Valders, qui était assis à côté du jarl Hakon, et était magnifiquement vêtu. Alors des hommes se rendirent sur le navire, et trouvèrent Havard Hoggande se tenant sur ses genoux, ses pieds ayant été coupés, avec un arc à la main. Lorsqu'ils montèrent sur le bateau, Havard demanda : "Qui est mort par ce tir ?"

    Ils répondirent : "Un homme nommé Gissur."

    "- Alors j'ai eu moins de chance que je ne pensais" dit-il.

    "- Assez grande fut la malchance, répondirent-ils, mais tu ne dois pas la faire croître encore." Et ils le tuèrent sur le champ.

    Les morts furent ensuite dépouillés, et le butin rassemblé pour être partagé. Et il y avait vingt-cinq navires des vikings de Jomsborg dans le butin.

    Ainsi en parla Tind :

    "Nombreux gisaient les corps des combattants vikings

    Tombés sur le pont en cette journée sanglante,

    Avant de trancher leurs liens séchés au soleil

    Et de pouvoir placer leurs espoirs dans la fuite.

    Celui que les corbeaux reconnaissent de loin

    Vida de leurs hommes vingt-cinq vaisseaux de guerre :

    Une preuve que dans les batailles furieuses

    Nul ne peut égaler la force des Nordiques."

     

    Puis l'armée se dispersa. Le jarl Hakon rentra à Throndhjem, et fut très mécontent que le jarl Eirik eut laissé la vie à Vagn Akason. On a raconté que lors de cette bataille, le jarl Hakon a sacrifié son fils, le jeune Erling, aux dieux, et qu'immédiatement était survenue la tempête de grêle, et la défaite et le carnage des vikings de Jomsborg.

    Le jarl Eirik se rendit dans les Uplands, et de là prit vers l'est vers son propre royaume. Le jarl Eirik maria Vagn à Ingebjorg, une fille de Thorkel Leira, et lui donna un bon navire et tout ce qui allait avec, et un équipage. Et ils se séparèrent bons amis. Alors Vagn rentra dans le sud au Danemark, et devint par la suite un homme fort considéré, et eut une descendance nombreuse et prestigieuse.

     

    48- La mort du roi Harald Grenske.

    Harald Grenske, ainsi qu'il a été raconté précédemment, était roi de Vestfold, et était marié à Asta, une fille de Gudbrand Kula. Un été (994), Harald Grenske monta une expédition dazns la Baltique pour acquérir des propriétés, et arriva en Svithjod. Olaf le Suédois était roi là-bas, un fils d'Eirik le Victorieux, et de Sigrid, une fille de Skoglartoste. Sigrid était maintenant veuve, et possédait de nombreux et vastes domaines en Svithjod. Lorsqu'elle apprit que son frère adoptif était arrivé dans le pays à si peu de distance d'elle, elle lui envoya des hommes pour l'inviter à un festin. Il ne refusa pas l'invitation, mais vint chez elle avec une grande suite de compagnons, et fut reçut de la manière la plus amicale. Lui et la reine prirent place dans les hauts-sièges, et burent ensemble à la tombée de la nuit, et tous ses hommes furent divertis de la façon la plus hospitalière. A la nuit, lorsque le roi alla se reposer, un lit fut installé pour lui, avec des tentures de lin fin tout autour, et du linge de grand prix. Lorsque le roi fut déshabillé, et au lit, la reine vint à lui, emplit elle-même une corne pour lui, et se montra très joyeuse, et le pressa de boire. Le roi avait bu plus que de raison, et sans doute, ils étaient ivres tous deux. Alors il s'endormit et la reine s'en alla, et se reposa aussi. Sigrid était une femme d'une grande intelligence, et habile en bien des domaines. Au matin, ils eurent également les meilleurs divertissements, mais comme d'habitude lorsque les gens ont trop bu, ils prirent garde le lendemain à ne pas se montrer excessifs. La reine était toujours très gaie, et elle et le roi conversèrent de nombreux sujets l'un avec l'autre. Entre autres choses, elle évalua ses propriétés et les domaines qu'elle avait en Svithjod, à rien de moins que ce que lui possédait en Norvège. De ce constat, le roi fut fort contrarié, et il ne trouva plus aucun plaisir à rien après cela, mais s'apprêta à partir et à passer cette journée de mauvaise humeur. Par ailleurs, la reine était toujours remarquablement enjouée, lui fit de nombreux cadeaux, et l'accompagna jusque sur la route. Puis Harald retourna en Norvège à l'époque des récoltes, et resta chez lui tout l'hiver. Mais il était très silencieux et abattu. En été, il retourna dans la Baltique avec ses navires, et se rendit en Svithjod. Il envoya un message à la reine Sigrid, disant qu'il souhaitait la rencontrer, et elle prit la route à cheval pour venir le voir. Ils parlèrent ensemble, et il fit bientôt valoir qu'elle devrait l'épouser. Elle répondit qu'il tenait des propos insensés, lui qui était déjà si bien marié qu'il devait se sentir fort à l'aise. Harald dit : "Asta est une bonne et talentueuse femme. Mais elle n'est pas si bien née que moi."

    Sigrid répondit : "- Il est possible que tu sois de meilleure naissance, mais je pense qu'elle est maintenant enceinte, avec vos deux fortunes. "

    Ils échangèrent ensuite peu de mots avant que la reine ne s'en aille.

    Le roi Harald était maintenant déprimé, et se prépara à nouveau à chevaucher dans le pays pour rencontrer à nouveau Sigrid. Nombre de ses gens l'en dissuadèrent. Mais il partit quand même avec une suite nombreuse, et se rendit à la demeure où Sigrid résidait. Le même soir arriva un autre roi, nommé Vissavald, de Gardarike (Russie). Un logement fut attribué à chacun des rois, et à tous leurs hommes, dans un vieux local d'un bâtiment hors de la maison principale, et tout le mobilier était de même type. Mais il ne manqua pas de boisson dans la soirée, et elle était si forte qu'ils furent bientôt tous éméchés, et les gardes tombèrent endormis, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Alors la reine Sigrid ordonna qu'on les attaque pendant la nuit, par le feu et par l'épée. La maison fut brûlée, ainsi que tous ceux qui se trouvaient à l'intérieur, et ceux qui dormaient dehors furent passés au fil de l'épée.

    Sigrid dit qu'elle voulait dissuader tous ces roitelets étrangers de venir la courtiser. Elle fut par la suite surnommée Sigrid la Fière (Storrada).

     

    1 Les navires étaient encordés par lignes les uns aux autres pendant les batailles.

     

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    49- La naissance d'Olaf, fils de Harald Grenske.

    Il arriva que l'hiver suivant la bataille contre les vikings de Jomsborg à Hjorungavag, lorsqu'Harald vint au pays de Sigrid, il laissa Hrane en arrière avec les navires pour s'occuper des hommes. Mais lorsque Hrane entendit que Harald avait été tué, il retourna en Norvège par le chemin le plus court et rapporta la nouvelle. Il se rendit en premier lieu auprès d'Asta, et lui narra tout ce qui s'était passé pendant le voyage, et aussi dans quelle intention Harald avait rendu visite à Sigrid. Lorsque Asta fut au courant de tout, elle rejoignit immédiatement son père dans les Uplands, lequel la reçut fort bien. Mais les deux étaient furieux du dessein que Harald avait poursuivi en Svithjod, et que le roi Harald ait prétendu la ravaler à une fort simple condition. En été (995), Asta, fille de Gudbrand, accoucha, et eut un fils, qui fut aspergé d'eau et nommé Olaf. Hrane lui-même versa l'eau sur lui, et l'enfant fut élevé d'abord dans la maison de Gudbrand et de sa mère Asta.

     

    50- Au sujet du jarl Hakon

    Le jarl Hakon gouvernait la partie occidentale de la Norvège, le long de la mer, et avait donc seize districts sous son empire. Les dispositions prises par Harald Haarfager, à savoir qu'il devait y avoir un jarl dans chaque district, furent maintenues longtemps. Et de la sorte, le jarl Hakon dirigeait seize jarls.

    Ainsi en parle le "Vellekla" :

    "Qui auparavant a jamais entendu dire

    Qu'un seul jarl pouvait commander à seize jarls ?

    Qui a déjà vu tout le pays de Norvège

    Conquis par la main d'un seul courageux héros ?

    Il restera longtemps gravé dans les mémoires

    Comment Hakon régna par le targe et l'épée.

    Quand circuleront les histoires de vikings,

    Sa louange résonnera dans chaque bouche."

     

    Tandis que le jarl Hakon régnait sur la Norvège, les récoltes étaient bonnes dans le pays, et la paix était préservée parmi les boendr. Le jarl, pendant la plus grande partie de sa vie, fut pour cela fort aimé des paysans. Mais il advint avec le temps que le jarl se mit à manquer de modération dans ses relations avec les femmes, et poussa cette intempérance si loin qu'il fit enlever des filles de personnes de considération et se les fit amener chez lui. Et, après les avoir gardées une semaine ou deux comme concubines, il les renvoyait chez elles. Il s'attira l'indignation des parents de ces filles. Et les boendr commencèrent à gronder sourdement, ainsi que le peuple de Throndhjem avait coutume de le faire lorsque quelque chose allait contre son jugement.

     

    21- Le voyage de Thorer Klakka

    Entre-temps, le jarl Hakon avait entendu des commérages disant que vers l'ouest, de l'autre côté de la mer du nord, il y avait un homme nommé Ole, qui était considéré comme un roi. De la conversation de certains, il put soupçonner que cet homme était de la race royale de Norvège. Il se racontait, sans aucun doute, que cet Ole venait de Russie. Mais le jarl savait que Trygve Olafson avait eu un fils nommé Olaf, qui était parti en son enfance en Gardarike, et avait été élevé par le roi Valdemar. Le jarl mena une enquête soigneuse au sujet de cet homme, et supposa qu'il s'agissait de la même personne qui s'était maintenant établie dans les pays de l'ouest. Le jarl avait un excellent ami nommé Thorer Klakka, qui s'était longtemps rendu en expéditions vikings, ou parfois en voyages commerciaux, de sorte qu'il avait des relations un peu partout. Le jarl Hakon envoya cet homme à travers la mer du Nord, et lui demanda de faire un voyage commercial à Dublin, ainsi que beaucoup avaient l'habitude de le faire, et de découvrir avec certitude qui était cet Ole. Comme il n'avait aucune assurance qu'il s'agissait bien d'Olaf Tryggvason, ou de quelque autre de la famille royale norvégienne, Thorer était chargé de l'attirer par quelque ruse et de l'amener en son pouvoir.

     

    52- Olaf Tryggvason vient en Norvège.

    Puis Thorer navigua vers l'ouest en direction de l'Irlande, et ouït dire qu'Ole se trouvait à Dublin avec le père de son épouse, le roi Olaf Kvaran. Thorer, qui était un homme convaincant, fit immédiatement connaissance avec Ole. Et comme ils se rencontrèrent souvent, et eurent de longues conversations l'un avec l'autre, Ole commença à demander des nouvelles de Norvège, et en particulier, des rois des Uplands et des personnages importants – lesquels étaient encore en vie, et quels pouvoirs ils avaient à présent. Il posa également des questions au sujet du jarl Hakon, et s'enquit de savoir s'il était très aimé dans le pays. Thorer répondit que le jarl était un homme tellement puissant que nul n'osait lui répondre d'une façon qui ne lui conviendrait pas. Mais que cela venait du fait qu'il n'y avait dans le pays personne d'autre vers qui se tourner.

    "- Mais en fait, à dire le vrai, je sais qu'il est dans l'esprit de nombre de braves gens, et de l'ensemble de la communauté, qu'ils préféreraient voir venir un roi de la race d'Harald Haarfager dans le pays. Mais nous ne connaissons personne convenable de la sorte, surtout maintenant qu'il a été prouvé combien était vaine toute attaque contre le jarl Hakon."

    Comme ils avaient souvent tous deux des conversations dans la même veine, Olaf confia à Thorer son nom et sa famille, et lui demanda son opinion, et si les boendr le prendraient pour roi qu'il venait à apparaître en Norvège.

    Thorer l'encouragea vivement dans cette entreprise, et loua hautement sa personne et ses talents. Alors l'inclination d'Olaf à recevoir l'héritage de ses ancêtres se fortifia grandement. En conséquence, il prit la mer, accompagné par Thorer, avec cinq navires. D'abord vers les Hébrides, et de là vers les Orkneys. A cette époque, le jarl Sigurd, fils de Hlodver, faisait relâche à Osmundswall, dans l'île de Ronaldsa sud, avec un vaisseau de guerre, sur sa route vers Caithness. Et juste à ce moment, Olaf faisait voile avec sa flotte depuis l'ouest des îles, et entra dans le même port, parce que la Passe de Pentland ne pouvait être empruntée à ce moment de la marée. Lorsque le roi apprit que le jarl se trouvait là, il le fit appeler. Et lorsque le jarl monta à bord pour parler avec le roi, après seulement quelques mots échangés entre eux deux, le roi déclara que le jarl devait être baptisé, de même que tout le peuple du pays, ou bien il serait mis à mort sans délai. Et il assura le roi qu'il ne laisserait que des ruines de cette terre, par le feu et par l'épée, si la population n'adoptait pas le christianisme. Dans la position où se trouvait le jarl, il préféra devenir chrétien, et lui et tous ceux qui l'accompagnaient se firent baptiser. Après quoi le jarl prêta serment auprès du roi, entra à son service, et lui donna son fils, dont le nom était Hvelp ou Hunde, comme otage. Et le roi emmena Hvelp avec lui en Norvège.

    Après quoi Olaf reprit la mer vers l'est, et atterrit sur l'île de Morster, où pour la première fois il toucha la terre de Norvège.

     

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    Arrivée d'Olaf Tryggvason en Norvège. P.N. Arbo.

     

    Il fit chanter une grand-messe dans une tente, et par la suite, à cet endroit, une église fut bâtie. Thorer Klakka dit alors au roi que pour lui, le meilleur plan serait de ne pas faire connaître qui il était, et de ne laisser filtrer aucune information le concernant, mais de chercher le jarl Hakon le plus rapidement possible et de lui tomber dessus par surprise. Ainsi procéda Olaf, naviguant vers le nord jour et nuit, lorsque le vent le permettait, sans laisser savoir aux gens du pays qui faisait voile avec une telle hâte. Lorsqu'il arriva au nord d'Agdanes, il apprit que le jarl se trouvait dans le fjord, et était en désaccord avec les boendr. En entendant cela, Thorer se rendit compte que les événements allaient différemment que ce à quoi il s'attendait. Car après la bataille contre les vikings de Jomsborg, tous les hommes en Norvège étaient les plus sincères amis du jarl du fait de la victoire qu'il avait remportée, et pour la paix et la sécurité qu'il avait données au pays. Et maintenant, malheureusement, il se trouvait qu'un grand chef arrivait dans le royaume au moment où les paysans prenaient les armes contre le comte.

     

    53- La fuite du jarl Hakon

    Le jarl Hakon était à un festin à Medalhus en Gaulardal, et ses vaisseaux se trouvaient à Viggja. Il y avait un bondi puissant, nommé Lyrgja, qui résidait à Bunes, et dont l'épouse se nommait Gudrun, une fille de Bergthor de Lundar. On la surnommait Soleil de Lund, car elle était la plus belle des femmes. Le jarl envoya ses esclaves à Orm, avec pour mission de lui ramener la femme d'Orm, Gudrun. Les thralls dirent quel était l'objet de leur expédition, et Orm les invita d'abord à s'asseoir pour le souper. Mais avant qu'ils n'aient mangé, de nombreux hommes des environs, qu'Orm avait fait prévenir, s'étaient rassemblés : puis Orm déclara qu'il ne voulait pas laisser partir Gudrun avec les messagers. Gudrun dit aux thralls de signifier au jarl qu'elle ne viendrait pas à lui, à moins qu'il ne renvoie Thora de Rimul. Thora était une femme de grande influence, et une des plus aimées du jarl. Les thralls dirent qu'ils reviendraient une autre fois, et que le bondi et son épouse se repentiraient de ceci. Puis ils partirent, après nombre de menaces. Orm, par ailleurs envoya un message à tout le pays avoisinant, message demandant d'attaquer le jarl Hakon et de le tuer. Il envoya également une demande à Haldor en Skerdingsstedja, lequel à son tour fit circuler le message. Peu de temps avant, le jarl avait enlevé la femme d'un homme nommé Brynjolf, et on n'était pas passé loin de l'insurrection avec cette affaire. Ayant reçu ces messages signés, le peuple décréta une révolte générale et se rendit en masse vers Medalhus. Lorsque le jarl le sut, il sortit de la maison avec ses gardes, et se cacha auprès d'un profond ruisseau, maintenant nommé Jarlsdal (Vallée du Jarl). Plus tard dans la journée, le jarl reçut des nouvelles de l'armée des boendr. Ils avaient envahi toutes les routes, mais pensaient que le jarl s'était enfui vers ses navires, dont son fils Erlend, un jeune homme extrêmement beau et prometteur, avait le commandement. Lorsque la nuit vint, le jarl dispersa ses hommes, et leur ordonna de se rendre en Orkadal par les routes de forêt. "- Car nul ne vous fera de mal, dit-il, si je ne suis pas avec vous. Envoyez un message à Erlend pour qu'il sorte du fjord, et retrouvez-moi à More. Dans l'intervalle, je me cacherai des boendr."

    Alors le jarl poursuivit sa route avec un esclave, ou un thrall, nommé Kark, pour le servir. Il y avait de la glace sur la Gaul (la rivière de Gaulardal), et le jarl y poussa son cheval, et laissa son manteau tomber sur la glace. Ils se rendirent ensuite dans une grotte, nommée depuis Jarlshell (la Caverne du Jarl), où ils dormirent. Lorsque Kark s'éveilla, il raconta son rêve – qu'un fou noir et menaçant était venu dans le trou, mécontent que quelqu'un y soit entré. Et que cet homme avait dit : "Ulle est mort." Le jarl dit que son fils Erlend devrait être tué. Kark se rendormit et fut à nouveau perturbé dans son sommeil. Et lorsqu'il s'éveilla, il raconta son rêve : le même homme lui était apparu, et lui avait ordonné de dire au jarl que tous les détroits étaient fermés. Avec ce rêve, le jarl suspecta qu'il ne lui restait plus que peu de temps à vivre. Ils se levèrent, et gagnèrent la maison de Rimul. Le jarl envoya le thrall chez Thora, et la pria de venir discrètement le rencontrer. Elle y consentit et reçut le jarl gentiment, et il la pria de le cacher quelques nuits, le temps que l'armée des boendr se disperse. "- Mais ici, autour de ma maison, dit-elle, vous serez pourchassés, aussi bien dehors que dedans. Soyez certain que je vous aiderais volontiers si je le pouvais. Il y a cependant un endroit non loin de la maison où ils ne penseront jamais à chercher un homme tel que vous, et c'est la soue à cochons."

    Lorsqu'ils y arrivèrent, le jarl dit : "- Bien, préparons cet endroit pour nous. Car sauver nos vies est le principal et le plus important."  L'esclave creusa un grand trou, porta à l'extérieur la terre qu'il avait excavée, et posa du bois par-dessus. Thora donna aussi au jarl la nouvelle que Olaf Tryggvason était entré dans le fjord, venant de la mer, et avait tué son fils Erlend. Alors Hakon et Kark entrèrent dans le trou. Thora acheva de le couvrir de bois, et remit de la terre et du fumier par dessus, et y conduisit les porcs. La soue était abritée sous une grande pierre.

     

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    Thora, Kark et je jarl Hakon. C. Krohg.

     

    54- La mort d'Erlend

    Olaf Tryggvason était venu depuis la mer dans le fjord avec cinq langskips, et Erlend, le fils d'Hakon, ramait en sa direction avec trois navires. Lorsque les vaisseaux furent à proximité les uns des autres, Erlend suspecta qu'il s'agissait d'ennemis, et retourna vers la terre. Lorsqu'Olaf et ses hommes virent des navires venir droit vers eux en toute hâte en sortant du fjord, ils pensèrent qu'il devait s'agir du jarl Hakon. Et ils firent force rames pour les suivre. Dès qu'Erlend et ses hommes se trouvèrent près du rivage, ils abordèrent immédiatement, sautèrent par-dessus bord, et vinrent à terre. Mais au même moment, Les vaisseaux d'Olaf arrivaient sur eux. Olaf vit un très bel homme qui nageait fort bien, saisit la barre de gouvernail et la lui lança. La barre frappa Erlend, fils d'Hakon le jarl, à la tête, jusqu'au cerveau, et Erlend y laissa la vie. Olaf et ses guerriers tuèrent beaucoup d'hommes, mais certains purent s'enfuir, et d'autres furent fait prisonniers, puis on leur laissa la vie sauve et on les libéra pour qu'ils puissent raconter ce qui s'était passé. Ils apprirent alors que les bondis avaient chassé le jarl Hakon, et qu'il s'était enfui, et que ses troupes étaient dispersées.

     

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    55- La mort du jarl Hakon

    Les boendr rencontrèrent alors Olaf, pour la joie des deux parties, et ils convinrent ensemble d'un arrangement. Les boendr prenaient Olaf pour roi, et résolurent, lui individuellement et eux collectivement, de rechercher le jarl Hakon. Ils se rendirent en Gaulardal. Car il leur semblait que si le jarl Hakon était dissimulé dans une maison quelconque, le plus probable était qu'il se trouvait à Rimul, car Thora était sa meilleure amie dans cette vallée. Ils s'y rendirent donc, et cherchèrent partout, à l'extérieur et dans la maison, mais ne purent le trouver. Alors Olaf tint un Thing privé, ou un conseil dehors dans la cour, et se tint sur une grosse pierre qui surmontait la soue à cochons. Il tint un discours aux gens, dans lequel il promit d'enrichir l'homme qui tuerait le jarl avec des récompenses et de le gratifier avec des honneurs. Ces paroles furent entendues par le jarl et le thrall Kark. Ils avaient une lumière dans leur pièce :

    "- Pourquoi étais-tu si pâle, demanda le jarl, et maintenant à nouveau sombre comme la terre ? Tu n'as pas l'intention de me trahir ?"

    "- En aucune façon !", répondit Kark.

    "- Nous sommes nés la même nuit, dit le jarl. Et il s'écoulera peu de temps entre nos morts."

    Le roi Olaf s'en fut dans la soirée. Lorsque la nuit commença, le jarl resta éveillé, mais Kark dormit, et fut perturbé dans son sommeil. Le jarl l'éveilla, et lui demanda : "- De quoi as-tu rêvé ?"

    Il répondit : "- J'étais à Hlader, et Olaf Tryggvason passait un torque d'or autour de mon cou."

    Le jarl dit : "- Ce sera un cercle rouge qu'Olaf mettra autour de ton cou s'il t'attrape. Pends garde à cela ! De moi tu peux espérer tout ce qui est bon, alors ne me trahis pas."

    Alors ils restèrent éveillés tous deux, chacun surveillant l'autre. Mais vers le lever du jour, le jarl finit par tomber endormi et son sommeil fut si tourmenté qu'il ramena ses talons sous lui, et renversa son cou comme s'il allait se lever, et se mit à hurler terriblement fort. Alors, Kark, terrifié et alarmé, tira un grand couteau de sa ceinture, frappa le jarl à la gorge et la lui trancha, et tua le jarl Hakon. Puis Kark lui coupa la tête, et s'enfuit. 

     

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    La mort du jarl Hakon. A.A. Miller.

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    C. Krohg

     

    Il arriva tard dans la journée à Hlader, où il livra la tête du jarl au roi Olaf, et lui raconta tous ses faits et gestes et ceux du jarl Hakon. Olaf le fit prendre et décapiter.

     

    56- La tête du jarl Hakon

    Le roi Olaf, et un très grand nombre de boendr avec lui, vinrent alors à Nidarholm, emmenant avec eux les têtes du jarl Hakon et de Kark. Cette chênaie était utilisée alors comme lieu des exécutions des voleurs et des malfaiteurs, et s'y trouvaient des gibets. Il y fit pendre les têtes du jarl Hakon et de Kark, et toute l'armée de boendr leur jeta des pierres, criant et hurlant que le moins valeureux des deux avait suivi l'autre. Puis ils envoyèrent chercher le reste du corps du jarl à Gaulardal. L'animosité du peuple de Throndhjem contre le jarl Hakon était telle que nul ne pouvait s'aventurer à le nommer autrement que Hakon le Mauvais. Et il fut ainsi nommé longtemps après ces jours-là. Pourtant, à dire le vrai au sujet du jarl Hakon, il avait en de nombreux domaines la capacité d'être un chef. D'abord parce qu'il descendait d'une grande race. Puis parce qu'il avait l'intelligence et le savoir pour gouverner. Ainsi qu'un grand courage dans la bataille, permettant de gagner la victoire, et de la chance pour tuer ses ennemis. Ainsi en parla Thorleif Raudfeldson :

    "La terre de Norvège n'a jamais connu

    De jarl plus courageux que le vaillant Hakon.

    En mer, sous la claire lumière de la lune,

    On ne pouvait trouver plus brave homme à combattre.

    Par la dextre d'Hakon neuf rois furent occis

    Et envoyés tout droit au royaume d'Odin !

    Les troupeaux de corbeaux furent très bien nourris,

    Et les loups bien repus de la chair des défunts !"

    Le jarl Hakon était très généreux. Mais les plus grands malheurs attendent de tels chefs à la fin de leur vie. Et la grande cause de cela était que le temps des sacrifices païens et des adorations idolâtres était voué à disparaître, et que la Sainte Foi et les bonnes coutumes étaient appelées à les remplacer.

     

    57- Olaf tryggvason élu roi.

    Olaf Tryggvason fut choisi à Throndhjem par le Thing général pour être le roi de tout le pays, comme l'avait été Harald Haarfager. Toute l'assistance et le peuple par tout le pays ne voulurent rien écouter d'autre que la nécessité de prendre Olaf pour roi.

     

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    Olaf Tryggvason choisi comme roi. P.N. Arbo.

     

    Alors Olaf se rendit partout dans le pays et y apporta sa loi, et tout le peuple de Norvège l'assura de sa soumission. Et de même les chefs dans les Uplands et à Viken, qui avaient auparavant obtenu leurs terres comme fiefs de la part du roi des Danois, devinrent les hommes du roi Olaf, et lui tinrent les mains. Il parcourut ainsi l'ensemble du pays jusqu'en hiver (996) et l'été suivant. Le jarl Eirik, fils du jarl Hakon, son frère Svein et leurs amis et parents s'enfuirent du pays et se rendirent dans l'est auprès du roi Olaf de Suède, qui leur fit bon accueil.
    Ainsi en parle Thord Kolbeinson :

    "O toi que les mauvais hommes ont conduit ailleurs,

    Après que les boendr eurent par tricherie

    Volé la vie d'Hakon ! Le destin poursuivra

    Ces loups couverts de sang, et leur fera payer.

    Lorsque l'hôte arriva venant de l'occident,

    Tel le mât élevé de quelque grand navire,

    J'ai pu voir se lever l'héritier de Tryggve

    Arpentant fièrement son royaume natal."

     et encore :

    "Eirik avait bien plus d'intentions dans l'esprit

    Contre le nouveau roi choisi par la Norvège

    Qu'il n'en laissait paraître à travers ses paroles,

    Et en réalité, c'était fort bien ainsi.

    Raides et entêtés sont les hommes à Throndhjem,

    Mais le jarl de Throndhjem y reviendra encore.

    En terre suédoise, il reste sans repos

    Une ardente colère s'assemble en son sein."

     

    58- Le mariage de Lodin.

    Lodin était le nom d'un homme de Viken, riche et de bonne famille. Il partait souvent en voyages commerciaux, et parfois en expéditions vikings. Il arriva un été qu'il partit commercer avec beaucoup de marchandises sur un navire qui lui appartenait. Il se rendit en premier lieu à Eistland, où se tenait un marché en été. A l'endroit où la foire était installée avaient été amenées de nombreux biens, ainsi que nombre de thralls ou d'esclaves à vendre. Là, Lodin vit une femme qui devait être vendue comme esclave. Et en la regardant, il la reconnut comme Astrid, fille d'Eirik, qui avait été mariée au roi Tryggve. Mais elle était à présent bien différente de ce qu'elle avait été la dernière fois qu'il l'avait vue. Car maintenant, elle était pâle, malingre et mal vêtue. Il s'approcha d'elle et lui demanda de ses nouvelles. Elle répondit : "Ce serait bien trop difficile à raconter. Car j'ai été vendue comme esclave, et j'ai été amenée ici pour être à nouveau en vente." Après qu'ils aient discuté un moment, Astrid le reconnut, et le supplia de l'acheter. Et de la ramener chez elle parmi ses amis. "A une condition, répondit-il, je te ramènerai en Norvège : que tu m'épouses." Alors, comme Astrid se trouvait dans une grande détresse, et qu'elle savait en outre que Lodin était un homme de haute naissance, riche, et courageux, elle lui promit d'accéder à sa demande comme récompense. Lodin l'acheta donc, la ramena en Norvège avec lui, et l'épousa avec le consentement des amis de cette dernière.

     

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    Lodin achète Astrid. E. Werenskiold.

     

    Leurs enfants furent Thorkel Nefia, Ingerid et Ingegerd. Ingebjorg et Astrid étaient les filles qu'Astrid avait eues avec le roi Trygve. Les fils d'Eirik Bjodaskalle étaient Sigird, Karlshofud, Jostein, et Thorkel Dydril, qu étaient tous des hommes braves et riches possédant des propriétés dans l'est du pays. Dans l'est de Viken résidaient deux frères, aisés et de bonne naissance. L'un était nommé Thorgeir, et l'autre Hyrning. Et ils épousèrent les filles de Lodin et Astrid, Ingerid et Ingegerd.

      

    59- Olaf baptise la région de Viken

    Lorsqu'Harald Gormson, roi du Danemark, avait embrassé le christianisme, il avait envoyé un message à travers tout son royaume demandant à son peuple de se faire baptiser, et de se convertir à la vraie foi. Il suivit lui-même son message, usant de son pouvoir et de violence où rien d'autre ne semblait pouvoir faire effet. Il envoya aussi deux jarls, Urguthrjot et Brimilskjar, avec une suite nombreuse en Norvège, pour y proclamer le christianisme. A Viken, qui était directement sous l'autorité royale, ce fut un succès, et beaucoup se firent baptiser parmi le peuple du pays. Mais lorsque Svein à la Barbe Fourchue, immédiatement après la mort de son père le roi Harald, partit en expéditions vikings en Saxe, Frise et enfin en Angleterre, les Norvégiens qui s'étaient convertis au christianisme retournèrent aux sacrifices païens, tout comme auparavant. Et le peuple dans le nord du pays fit de même. 

    Mais maintenant qu'Olaf Tryggvason était roi de Norvège, il resta longtemps pendant l'été (996) en Viken, où nombre de ses parents et certains de ses beaux-frères étaient installés, ainsi que de nombreux grands amis de son père, de la sorte qu'il y fut reçu avec la plus grande affection. Olaf réunit les frères de sa mère, son beau-père Lodin, et ses beaux-frères Thorgeir et Hyrning, afin de leur parler, et de s'ouvrir à eux avec le plus grand soin de l'affaire à laquelle il désirait qu'ils donnent leur accord, et dans laquelle il souhaitait qu'ils le soutiennent de tout leur pouvoir : à savoir, proclamer le christianisme dans tout le pays. Il voulait, déclara-t-il, que toute la Norvège soit chrétienne, ou meure. "- Je vous rendrai tous, dit-il, grands et puissants, si vous promouvez cette œuvre. Car je place toute ma confiance en vous, puisque vous êtes mes parents par le sang ou mes frères par la loi." Tous agréèrent à ce qu'il demandait, et acceptèrent de le suivre dans son projet. Le roi Olaf fit immédiatement connaître publiquement qu'il recommandait l'adoption du christianisme par tout le peuple dans son royaume, et son message fut bien reçu et approuvé par ceux qui lui avaient préalablement promis leur agrément. Et ceux-ci, les plus puissants parmi le peuple, se rassemblèrent, et les autres suivirent leur exemple, et tous les habitants des régions est de Viken se firent baptiser. Le roi visita ensuite le nord de Viken et invita chaque homme à accepter le christianisme, et punit sévèrement ceux qui s'opposèrent à lui, en tuant certains, en mutilant d'autres, et bannissant les derniers. A la fin, il amena cela si loin que tout le royaume sur lequel son père le roi Tryggve avait régné, ainsi que son parent Harald Grenske, accepta le christianisme. Et pendant cet été (996) et l'hiver suivant (997), tout Viken devint chrétien.

     

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    60- Du peuple d'Hordaland

    Tôt au printemps (997), le roi Olaf quitta Viken avec une grande force en direction du nord et d'Agder, et y proclama que chaque homme devait être baptisé. Ainsi, le peuple reçut le christianisme, car nul n'osa s'opposer à la volonté du roi, où qu'il se rende. En Hordaland, cependant, se trouvaient nombre de grands hommes courageux de la lignée d'Hordakare. Il avait eu quatre fils, à savoir : le premier Thorleif Spake ; le deuxième Ogmund, père de Thorolf Skialg, qui était le père d'Erling de Sole ; le troisième était Thord, père du Hersir Klypp qui tua le roi Sigurd Slefa, fils de Gunhild ; et enfin, Olmod, père d'Askel, dont le fils fut Asla Fitjaskalle.

    Et cette branche de la famille était la plus noble et la plus considérée en Hordaland. Lorsque cette famille eut connaissance de la mauvaise nouvelle de l'arrivée du roi Olaf avec une armée sur la côte est du pays, et qu'il était en train de rompre l'ancienne loi du peuple, et d'imposer des punitions et des châtiments à ceux qui s'opposaient à lui, ces parents convinrent d'une réunion pour s'entretenir entre eux, car ils savaient bien que le roi finirait par venir contre eux. Et ils décidèrent d'apparaître en force au Gula-Thing, afin de rencontrer le roi Olaf Tryggvason et de discuter avec lui. 

    61- Le baptême du Rogaland

    Lorsque le roi Olaf arriva en Rogaland, il rassembla immédiatement le peuple à un Thing. Et lorsque les bondis reçurent le message signal pour le Thing, ils se réunirent tout armés en grand nombre. Lors de cette réunion, ils décidèrent de choisir trois hommes parmi eux, les meilleurs orateurs de tous, qui pourraient répondre au roi Olaf et argumenter avec lui. Et qui seraient capables en particulier de refuser tout ce qui porterait atteinte aux anciennes lois, même si le roi le leur demandait. Lorsque les bondis s'assemblèrent au Thing, et que le Thing commença, le roi Olaf se leva et parla dans un premier temps avec bonne humeur au peuple. Mais ils remarquèrent qu'il voulait qu'ils acceptent le christianisme, sous ses paroles habiles. Et en conclusion, il leur laissa entendre que ceux qui le contrediraient, et ne se soumettraient pas à sa proposition, encourraient son déplaisir et son châtiment, et tout le mal qu'il serait en son pouvoir de leur infliger. Lorsqu'il acheva son discours, un des bondis se leva, qui était considéré comme le plus éloquent, et qui avait été choisi comme celui qui répondrait en premier au roi Olaf. Mais au moment où il allait se mettre à parler, une telle quinte de toux le saisit, et une telle difficulté à respirer, qu'il ne put prononcer un mot, et dut se rasseoir. Un autre bondi se leva, résolu à ne pas laisser le roi sans réponse, puisqu'il en était allé aussi mal avec le précédent. Mais il se mit à bégayer de telle sorte qu'il ne put articuler un mot, et toute l'assemblée se mit à rire, et le bondi s'assit à nouveau. Puis le troisième se leva pour faire un discours contre le roi Olaf. Mais lorsqu'il commença à parler, sa voix fut si enrouée et rauque que nul ne put entendre un mot de ce qu'il disait, et il dut également se rasseoir. Il n'y avait plus personne pour parler parmi les bondis, et comme nul n'avait parlé contre lui, il ne rencontrait aucune opposition. En conséquence, on en arriva à ce que tous soient d'accord avec ce que le roi avait proposé. Les participants au Thing furent donc tous baptisés avant que le Thing ne soit levé.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    Le Thing en Rogaland. H. Egedius.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason                                                                                                                          Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason  


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