• Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    62- La demande en mariage d'Erling Skjalgson.

    Le roi Olaf se rendit avec ses hommes au Gula-Thing. Car les boendr lui avaient fait savoir qu'ils voulaient répondre là à son discours. Lorsque les deux parties furent arrivées au Thing, le roi souhaita s'entretenir tout d'abord avec les chefs de la région. Et lorsque la réunion fut au complet, le roi communiqua l'objet de sa mission – qu'il voulait, selon sa proposition, qu'ils se fassent baptiser. Alors Olmond l'Ancien dit : "- Nous, parents, avons étudié ensemble cette question, et sommes parvenus à une résolution commune. Si tu penses, roi, nous forcer, nous qui sommes tes parents, à des choses telles que briser notre antique loi, ou à nous soumettre à ton pouvoir par quelque sorte de violence que ce soit, nous serons dans l'obligation de nous dresser contre toi de toute notre puissance. Et que la victoire revienne à celui pour lequel le destin l'a décidé. Mais si toi, roi, veux améliorer l'avenir de nos relations, alors tu pourras faire ce que tu désires, et nous te servirons tous avec zèle dans tes desseins."

    Le roi répondit : "- Que proposes-tu pour obtenir cet accord ?

    Alors Olmod dit : "- En premier, que tu donnes ta sœur Astrid en mariage à Erling Skjalgson, notre parent, que nous considérons comme le plus prometteur des jeunes gens de Norvège."

    Le roi Olaf répondit que ce mariage lui apparaissait très convenable, "car Erling est un homme de bonne naissance, et un bel homme dans son apparence. Mais Astrid elle-même doit donner une réponse à cette question."

    Là-dessus, le roi parla à sa sœur. Elle dit : "- Il n'est guère dans les usages, puisque je suis sœur de roi et fille de roi, que je doive épouser un homme qui n'a aucune haute dignité ou responsabilité. Je pense attendre encore quelques années pour un meilleur parti." Et ainsi s'acheva cette réunion.

     

    63- Le baptême de l'Hordaland.

    Le roi Olaf prit un faucon qui appartenait à Astrid, le pluma entièrement, et le lui envoya.

    Alors Astrid dit : "- Mon frère est en colère." Et elle se leva, et rejoignit le roi, qui la reçut aimablement, et lui dit qu'elle s'en remettait au roi pour décider de son mariage.
    "- Je pense, dit le roi, que je dois disposer de suffisamment de pouvoir dans ce pays pour pouvoir élever à mon gré n'importe quel homme à une haute dignité." Alors le roi convoqua Olmod et Erling à une réunion, ainsi que tous leurs parents. Et le mariage fut décidé, et Astrid promise à Erling. Après quoi, le roi rassembla le Thing, et recommanda le christianisme aux boendr. Et comme Olmod, et Erling, et toute leur famille participaient activement à accéder aux volontés du roi, personne n'osa s'opposer à cela. Et tout le peuple fut baptisé, et adopta le christianisme.

     

    64- Le mariage d'Erling Skjalgson

    Erling Skialgson se maria en été, et une foule de personnes se rendit à ses noces. Le roi Olaf s'y trouvait également, et offrit une charge de jarl à Erling. Erling répondit : "- Tous mes parents se sont contentés d'être Hersirs, et je ne veux aucun titre supérieur à celui qu'ils avaient. Mais j'accepterais de toi, roi, que tu me fasses le plus grand de ce titre dans ce royaume." Le roi y consentit. Et avant son départ, il investit son beau-frère Erling de la charge des terres au nord du Sognefjord et à l'est du Lidandisnes, dans les termes utilisés par Harald Haarfager pour donner ces terres à ses fils, ainsi que décrit précédemment.

     

    65- Le baptême des districts de Raumsdal et de Fjord.

    Lors des mêmes moissons, le roi Olaf appela les boendr à un Thing des quatre districts à Dragsteid, dans Stad. Et là, les peuples de Sogn, du district de Fjord, de More Sud et de Raumsdal se rassemblèrent pour la rencontre. Le roi Olaf vint avec de très nombreux hommes qui l'avaient suivis depuis l'est, et aussi ceux qui l'avaient rejoint en Rogaland et Hordaland. Lorsque le roi arriva au Thing, il proposa au peuple, ainsi que partout ailleurs, le christianisme. Et comme le roi était accompagné d'une armée si puissante, ils furent effrayés. Le roi leur offrit une alternative : soit accepter le christianisme, soit combattre. Mais les boendr se rendirent compte qu'il n'était pas question de pouvoir livrer bataille au roi, et décidèrent, par conséquent, que tout le monde accepterait d'être baptisé. Le roi se rendit ensuite à More Nord, et baptisa tout le district. Puis il fit voile vers Hlader, en Throndhjem, y fit raser le temple jusqu'à terre, prit tous les ornements et tous les biens à l'extérieur du temple, et ceux des dieux à l'intérieur. 

    Et parmi d'autres objets, il prit le grand anneau d'or que le jarl Hakon avait fait faire, et qui pendait au-dessus de  la porte du temple. Puis il fit brûler ce dernier. Mais lorsque les boendr le surent, ils envoyèrent une flèche signal de guerre par tout le district, demandant le rassemblement d'une sorte d'armée, et eurent l'intention de se dresser contre le roi avec. Entretemps, le roi Olaf avait navigué le long de la côte vers le nord, dans l'intention de se rendre au Halogaland et d'y baptiser les populations. En arrivant au nord de Bjarnaurar, il apprit qu'une armée qui s'était réunie en Halogaland attendait là pour défendre le pays contre le roi. Les chefs de cette force étaient Harek de Thjota, Thorer Hjort de Vagar et Eyvind Kinrifa. Entendant cela, le roi Olaf fit demi-tour et vogua vers le sud le long de la terre. Et en parvenant au sud de Stad, il fit relâche, et reprit tôt en hiver (998) la route à l'est de Viken.

     

    66- Olaf propose le mariage à la reine Sigrid.

    La reine Sigrid de Svithjod, surnommée la Fière, résidait en sa maison, et pendant le même hiver, des messagers circulèrent entre le roi Olaf et Sigrid pour proposer la mariage à cette dernière. Elle n'y fit aucune objection. Et l'affaire fut complètement et rapidement conclue. Puis le roi Olaf envoya à la reine Sigrid le grand anneau d'or qu'il avait pris de la porte du temple de Hlader, et qui était considéré comme un ornement remarquable. La réunion pour conclure l'accord fut fixé au pritemps sur la frontière, au bord de la rivière Gaut. Mais le grand anneau que le roi Olaf avait fait parvenir à la reine Sigrid était fort prisé de tous les hommes. Pourtant, les forgerons de la reine, deux frères, prirent l'anneau dans leurs mains, le soupesèrent, se consultèrent mutuellement et tranquillement à son sujet, de telle manière que la reine les appela auprès d'elle et leur demanda : "- Pourquoi sourire ainsi ?", mais ils ne voulurent rien dire, et elle leur ordonna de lui dire ce qu'ils avaient découvert. Alors ils lui révélèrent que l'anneau était faux. Elle ordonna donc que l'anneau fut cassé en morceaux, et on trouva ainsi du cuivre à l'intérieur. Alors la reine entra dans une colère folle, et déclara qu'Olaf la tromperait d'autres manières que celle-ci. La même année (998), le roi Olaf alla en Ringerike, et en fit baptiser aussi le peuple.

     

    67- Le baptême d'Olaf Haraldson

    Asta, la fille de Gudbrand, épousa peu après la mort d'Harald Grenske en seconde noces un homme nommé Sigurd Syr, qui était roi en Ringerike. Sigurd était un fils d'Halfdan, petit-fils de Sigurd Hrise, lui-même fils d'Harald Haarfager. Olaf, le fils d'Asta et Harald Grenske, avait vécu avec Asta, et avait été élevé depuis l'enfance dans la maison de son beau-père, Sigurd Syr. Et lorsque le roi Olaf Tryggvason vint en Ringerike pour y répandre le christianisme, Sigurd Syr et Asta se firent baptiser, en même temps qu'Olaf, fils de cette dernière. Et Olaf Tryggvason, beau-fils d'Harald Grenske, fut le parrain d'Olaf. Olaf avait alors trois ans.

     

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    Le baptême d'Olaf Haraldson. E. Werenskiold.

     

    Olaf retourna de là à Viken, où il resta tout l'hiver. Il était à présent depuis trois ans roi de Norvège (998). 

     

    68- La rencontre d'Olaf et Sigrid.

    Tôt au printemps (998), le roi Olaf se rendit vers l'est à Konungahella au rendez-vous avec la reine Sigrid, et lorsqu'ils se rencontrèrent, ils étudièrent l'affaire pour laquelle ils avaient été en relation l'hiver précédent, à savoir leur mariage. Et l'entreprise semblait sur le point d'être un succès. Mais quand Oalf insista pour que Sigrid se fasse baptiser, elle répondit ainsi : "- Je ne quitterai pas la foi à laquelle je tiens, celle de mes ancêtres avant moi. Et, d'un autre côté, je ne ferai aucune objection à votre foi en le dieu qui vous plaît le mieux. "

    Alors le roi Olaf se mit en colère, et répondit avec emportement : "- Pourquoi devrais-je me préoccuper de vous avoir, vieille femme fanée, et mégère païenne ? ", et immédiatement, elle le gifla avec la paire de gants qu'elle tenait à la main, se leva, et ils se séparèrent. Sigrid dit : "- Ce pourrait bien être votre mort, quelque jour." Le roi retourna à Viken, la reine en Svithjod.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason, sigrid

    Olaf et SigridE. Werenskiold.

     

    69- La crémation des sorciers.

    Ensuite le roi se rendit à Tunsberg, et y fit tenir un Thing, au cours duquel il déclara dans un discours que tous les hommes dont on saurait avec certitude qu'ils traitaient avec les esprits malins, ou qui pratiquaient la magie, ou étaient des sorciers, seraient bannis du pays. Puis le roi fit rechercher de tels hommes dans tout le voisinage, et les convoqua devant lui. Et lorsqu'ils furent amenés au Thing, se trouvait parmi eux un homme appelé Eyvind Kelda, un petit-fils de Ragnvald Rettilbeine, fils d'Harald Haarfager. Eyvind était un sorcier, particulièrement versé en magie. Le roi fit asseoir tous ces hommes dans une salle, qui était bien décorée, et leur fit servir un grand festin, et leur procura leur content de boisson forte. Et lorsqu'ils furent tous parfaitement ivres, il ordonna qu'on mît le feu à la maison, qui fut complètement consumée ainsi que tous ses occupants, tous sauf Eyvind Kelda qui parvint à s'enfuir par le trou à fumée du toit. Et lorsqu'il eut parcouru un long chemin, il rencontra des personnes sur la route se rendant auprès du roi, et il leur demanda de dire au roi qu'Eyvind Kelda s'était échappé de l'incendie, et ne se retrouverait jamais en le pouvoir du roi Olaf, mais continuerait à pratiquer plus que jamais son art de la sorcellerie. Lorsque ces gens arrivèrent auprès du roi avec ce message d'Eyvind, le roi fut fort dépité qu'Eyvind ait échappé à la mort. 

     

    70- La mort d'Eyvind Kelda

    Lorsque le printemps arriva, le roi Olaf quitta Viken (998) et rendit visite à ses grandes fermes. Il fit passer un message dans tout Viken disant qu'il lèverait une grande armée en été, et se dirigerait vers les régions nord du pays. Quand il se rendit à Agder, alors que Pâques approchait, il prit la route du Rogaland avec trois centaines1 d'hommes, et arriva le soir de Pâques au nord d'Ogvaldnes, dans l'île de Kormt, où une grande fête de Pâques avait été préparée pour lui. La même nuit, Eyvind Kelda arriva sur l'île, avec un vaisseau bien équipé, dont tout l'équipage était constitué de sorciers et autres passeurs de pactes avec les esprits malins. Eyvind débarqua de son navire avec tous ses suivants, et se livrèrent à terre à de nombreux de leurs tours de sorcellerie. Eyvind les habilla de coiffes d'obscurité et de brouillard si épais que le roi et ses hommes ne pourraient rien voir d'eux. Mais lorsqu'ils parvinrent aux alentours de la maison d'Ogvaldnes, il commençait à faire grand jour. Alors il en alla différemment de ce qu'Eyvind avait espéré. Car une telle obscurité se fit autour de lui et de ses camarades par la sorcellerie qu'ils avaient activée auparavant, qu'ils ne voyaient plus rien de leurs yeux que l'arrière de la tête du précédent, et qu'ils tournèrent en rond sur l'île. Lorsque les sentinelles du roi les virent aller ainsi, sans savoir qui étaient ces gens, ils en informèrent le roi. Alors il se leva avec ses gens, s'habilla, et lorsqu'il vit Eyvind errer alentours avec ses hommes, il ordonna à ses hommes de s'armer et de voir de qui il s'agissait. Les hommes du roi découvrirent que c'était Eyvind, le prirent et firent prisonnière toute sa compagnie, et les amenèrent au roi. Eyvind raconta alors tout ce qui avait été fait pendant son voyage. Alors le roi ordonna qu'ils soient attachés à un récif recouvert par la marée montante, et qu'ils y restent liés. Eyvind et tous ceux qui étaient avec lui laissèrent leur vie sur ces rochers, et le récif est toujours nommé Skrattasker.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    L'exécution des sorciers. H. Egedius

     

    71- Olaf et l'apparition d'Odin

    On raconte qu'un soir, alors que le roi Olaf était à cette fête à Ogvaldnes, vint à lui au coucher du soleil un vieil homme, très habile en paroles, un chapeau à large bord sur la tête. Il était borgne, et pouvait dire quelque chose de chaque pays. Il engagea la conversation avec le roi. Et comme le roi trouvait grand plaisir au discours de l'invité, il lui posa de nombreuses questions sur de nombreux sujets, auxquelles l'hôte donna de bonnes réponses. Et le roi resta assis jusque tard dans la nuit. Entre autres choses, le roi lui demanda s'il savait qui avait été cet Ogvald qui avait donné son nom à la fois à cette terre et à cette maison. Le visiteur répondit que cet Ogvald était un roi, et un homme très vaillant, et qu'il avait fait de grands sacrifices à une vache qu'il emmenait partout avec lui et dont il considérait qu'il était bon pour lui de boire le lait. Ce même roi Ogvald avait livré bataille à un roi nommé Varin, bataille au cours de laquelle Ogvald était tombé. Il avait été enterré sous un tumulus près de la maison, "et au-dessus se tient une pierre, et à proximité se trouve aussi la vache." Après quoi, le roi s'enquit de ce thème et de bien d'autres, et des événements anciens. Puis, lorsque le roi fut resté très longtemps éveillé dans la nuit, l'évêque lui rappela qu'il était temps d'aller se coucher, et le roi fit ainsi. Mais après qu'il se fut dévêtu, et mis au lit, l'hôte s'assit sur le tabouret au pied du lit, et continua longtemps à discuter avec le roi. Car, dès qu'une histoire était terminée, il en voulait une autre. Alors l'évêque fit observer au roi qu'il était temps de dormir. Et le roi obtempéra. Et l'hôte sortit. Peu après le roi s'éveilla, appela l'invité, et ordonna qu'on l'amène, mais l'hôte ne put être trouvé. Au matin, le roi fit quérir son cuisinier et son maître de cave, et leur demanda si quelque étrange personne s'était trouvée avec eux. Ils répondirent qu'alors qu'ils préparaient la viande, un homme vint à eux et remarqua qu'ils cuisinaient une viande bien médiocre pour la table du roi. Alors il leur donna deux pièces de bœuf bien grasses et bien épaisses, qu'ils firent cuire avec le reste de la viande. Alors le roi ordonna que fut jeté l'ensemble de la viande, et déclara que cet homme ne pouvait être qu'Odin que les païens avaient si longtemps vénéré. Et il ajouta : "- Mais Odin ne devrait pas nous abuser."

     

    1    360, donc.

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    72- Le Thing de Throndhjem.

    A l'été, le roi Olaf rassembla une grande armée dans l'est du pays, et fit voile avec elle vers le nord et Nidaros dans la région de Throndhjem. De là, il envoya un message-signal par tout le fjord, appelant le peuple de huit districts différents à un Thing. Mais les boendr changèrent le message-signal en message de guerre, et convoquèrent tous les hommes, libres et non libres, de tout le pays de Throndhjem. Lorsque le roi rencontra le Thing, chacun était venu tout armé. Dès que le Thing siégea, le roi parla, et invita les participants à adopter le christianisme, mais il avait parlé depuis seulement peu de temps lorsque les boendr lui demandèrent de faire silence, sans quoi ils l'attaqueraient et le chasseraient. "- Nous avons procédé ainsi, dirent-ils, avec Hakon, le fils adoptif d'Athelstan, lorsqu'il nous délivra le même message, et nous le tenions pourtant en plus haut respect que toi ". Alors quand le roi Olaf vit combien ils étaient furieux, et qu'ils avaient une force combattante à laquelle il ne pourrait offrir aucune résistance, il tourna son discours comme s'il voulait abonder dans leur sens, et dit : "- Je veux seulement bien m'entendre avec vous, comme par le passé. Et je viendrai à l'endroit où vous tenez votre plus grande fête de sacrifice, et verrai vos coutumes, après quoi nous envisagerons ce qu'il faudra faire."

    Et tous furent d'accord avec lui. Et comme le roi avait parlé doucement et aimablement aux boendr, leur réponse fut plus calme, et leur réunion avec le roi s'acheva paisiblement. A l'issue du Thing, il fut décidé qu'un sacrifice de mi-été serait effectué à Maeren, auquel assisteraient tous les boendr et tous les chefs, comme à l'habitude. Le roi en serait.

     

    73- Jarnskegge ou Barbe de Fer.

    Il y avait un grand bondi nommé Skegge, et parfois Jarnskegge ou Barbe de Fer, qui habitait Uphaug en Yrjar. Ce fut lui qui parla en premier à Olaf lors du Thing, et il était le premier des boendr pour parler contre le christianisme. Le Thing se conclut de cette façon pour cette fois, les boendr rentrèrent chez eux, et le roi se rendit à Hlader.

     

    74- Le festin à Hlader

    Le roi Olaf fit relâche avec ses vaisseaux dans la rivière Nid, et il avait trente vaisseaux, avec des équipages de nombreux hommes courageux. Car le roi lui-même était souvent à Hlader, avec les suivants de sa cour. Comme le moment où les sacrifices seraient faits à Maeren approchait, le roi prépara une grande fête à Hlader, et envoya des messages dans les districts de Strind, Gaulardal, et jusqu'à Orkadal, pour inviter les chefs et autres grands boendr. Lorsque le festin fut prêt, et les chefs assemblés, il y eu de beaux divertissements le premier soir, au cours duquel de grandes quantités de liqueurs furent distribuées et où les invités furent fort enivrés. La nuit suivante, ils dormirent tous en paix. Au matin, lorsque le roi fut habillé, il fit chanter la première messe devant lui. Et lorsque la messe fut achevée, il ordonna de faire sonner de la trompette pour convoquer un Thing local. Tous les hommes quittèrent donc les navires pour se rendre au Thing. Une fois installé au Thing, le roi se leva et parla ainsi : "- Nous avons tenu un Thing à Frosta, et là j'ai invité les boendr à se faire baptiser. Mais, de leur côté, ils m'ont convié à offrir un sacrifice à leurs dieux, ainsi que le roi Hakon, fils adoptif d'Athelstan, l'avait fait. Après quoi, nous sommes convenus de nous rencontrer à Maeren, et de pratiquer un grand sacrifice. Mais si certains d'entre vous s'avisent de se livrer à un sacrifice, je ferai le plus grand sacrifice qui soit, celui d'hommes. Mais je ne choisirai pas des esclaves ou des malfaiteurs pour cela, je prendrai seulement les plus grands des hommes pour les offrir aux dieux. Et pour cela, j'ai choisi Orm Lygra de Medalhus, Styrkar de Gimsar, Kar de Gryting, Asbjorn Thorbergson de Varnes, Orm de Lyxa, Haldor de Skerdingsstedja" et en outre, il nomma cinq autres des notables. Tous ceux-là, dit-il, seraient offerts en sacrifice aux dieux pour la paix et une saison prospère. Et il ordonna qu'ils soient immédiatement mis en détention. Les boendr se rendirent compte qu'ils n'étaient pas assez puissants pour tenir tête au roi, et demandèrent la paix, et se soumirent à son bon plaisir. Il fut alors décidé que tous les boendr qui étaient venus seraient baptisés et prêteraient serment au roi d'être fidèles à la vraie foi, et de renoncer aux sacrifices aux dieux. Le roi garda alors tous les hommes qui étaient venus à la fête comme otages, jusqu'à ce qu'ils lui envoient leur fils, leur frère ou un autre de leurs proches parents.

     

    75- Du Thing de Throndhjem

    Le roi Olaf vint avec toutes ses forces dans la région de Throndhjem. Et quand il arriva à Maeren, tous les chefs qui étaient les plus opposés au christianisme étaient rassemblés, et avaient avec eux tous les grands boendr qui avaient auparavant pratiqué le sacrifice à cet endroit. Il y avait une plus grande multitude de boendr que ceux qui s'étaient rendus au Frosta-Thing. Alors le roi fit s'assembler le peuple pour un Thing, où les deux parties vinrent armées. Et lorsqu'il fut installé, le roi fit un discours demandant au gens de se convertir au christianisme. Jarnskegge répondit de la part des paysans, et dit que leur volonté était à présent, comme auparavant, que le roi ne brise pas leurs lois. "- Nous voulons, roi, que tu offres un sacrifice, ainsi que l'ont fait les autres rois avant toi." Tous les boendr acclamèrent ces paroles par un grand vacarme, et confirmèrent qu'ils voulaient tout ce que Skegge avait dit. Alors le roi déclara qu'il irait dans leur temple avec eux, et verrait de quelle manière ils pratiquaient les sacrifices. Les boendr pensèrent du bien de cette façon de procéder, et les deux parties se rendirent au temple.

     

    76- Le peuple de Throndhjem est baptisé.

    Alors le roi entra dans le temple avec quelques-uns de ses hommes et quelques boendr, et lorsque le roi arriva où se trouvaient leurs dieux, il vit que Thor, le plus célébré parmi leurs dieux, s'y tenait, orné d'or et d'argent.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    Olaf dans le temple de Maeren. H. Egedius.

     

    Le roi leva sa hache incrustée d'or, et frappa Thor de sorte que sa représentation tomba au sol de son piédestal. Alors les hommes du roi firent de même avec les autres statues et je jetèrent à terre, et tandis que le roi se trouvait dans le temple, Jarnskegge fut tué hors des portes du temple, par les hommes du roi. Lorsque le roi en sortit, il proposa une alternative aux boendr : soit ils acceptaient le christianisme, soit ils l'affrontaient. Mais comme Skegge était mort, il n'y avait plus de meneur parmi les boendr pour élever une bannière contre le roi Olaf, alors ils choisirent l'autre possibilité, de se rendre aux volontés du roi, et d'obéir à son ordre. Alors le roi Olaf fit baptiser tous les hommes présents, et prit des otages parmi eux afin qu'ils soient fidèles au christianisme. Et il envoya ses hommes dans chaque district, et personne dans la contrée de Throndhjem ne s'opposa au christianisme, et tous prirent le baptême.

     

    77- Une ville dans la région de Throndhjem

    Le roi Olaf se rendit avec ses gens à Nidaros, et fit construire des maisons sur la rive plane de la rivière Nid, afin de fonder une ville marchande et de donner au peuple des terres pour construire des demeures. La maison royale qu'il fit bâtir se trouvait juste en face de Skipakrok. Et il y fit amener, en été, tout ce qui serait nécessaire pour y passer l'hiver, et garda beaucoup de monde avec lui à cet endroit.

     

    78- Le mariage du roi Olaf.

    Le roi Olaf organisa une réunion avec les parents de Jarnskegge, et leur offrit compensation et amende pour le sang versé. De nombreux hommes courageux qui avaient un intérêt dans cette affaire prirent parti pour cette solution. Jarnskegge avait une fille nommée Gudrun. Et il fut à la fin décidé par les deux parties qu'Olaf la prendrait pour épouse. Après le jour du mariage, le roi et Gudrun se rendirent au lit ensemble. Aussitôt que Gudrun, la première nuit qu'ils passèrent ensemble, pensa que le roi était endormi, elle tira un couteau, avec lequel elle tenta de se ruer sur lui. Mais le roi s'en rendit compte, lui prit le couteau, sortit du lit et alla voir ses hommes, leur disant ce qui s'était passé. Gudrun s'habilla également, et s'en fut avec tous les hommes qui l'avaient accompagnée jusque là. Gudrun ne revint jamais dans le lit du roi.

     

    79- La construction du navire "la Grue".

    Le même automne (998), le roi Olaf posa la quille d'un grand langskip sur les rives de la rivière Nid. Il s'agissait d'un snekkja. Et il employa de nombreux charpentiers à ce travail, si bien que tôt dans l'hiver, le navire était prêt. Il avait trente bancs de rameurs, était haut à la proue et la poupe, mais pas très large. Le roi l'appela Tranen (la Grue).

    Après la mort de Jarnskegge, son corps fut transporté au tumulus de Skegge à Austrat.

     

    80- Thangbrand le prêtre se rend en Islande. 

    Lorsque le roi Olaf Tryggvason eut été deux ans roi de Norvège (997), il vint un prêtre saxon en sa demeure, qui se nommait Thangbrand, un homme passionné, ingouvernable, et grand tueur d'hommes, mais qui était également un bon étudiant, et fort habile.

    Le roi ne voulut pas l'avoir dans sa maison du fait de ses méfaits, mais il lui donna pour mission de se rendre en Islande et d'y apporter la foi chrétienne. Le roi lui donna un vaisseau marchand. Et pour autant qu'on sache quelque chose de son voyage, il atterrit tout d'abord en Islande à Austfjord dans le sud de l'Alptfjord, et passa l'hiver dans la maison de Hal de Sida. Thangbrand proclama le chrétienté en Islande, et du fait de son pouvoir de persuasion, Hal et toute sa maisonnée, ainsi que nombre d'autres chefs, se firent baptiser. Mais nombreux étaient aussi ceux qui disaient leur désaccord. Thorvald Veile et Veterlide le Skalde composèrent une satire sur Thangbrand. Mais il les tua tous deux tout de suite. Thangbrand resta deux ans en Islande, et causa la mort de trois hommes avant de la quitter.

     

    81- De Sigurd et Hauk.

    Il y avait un homme qui s'appelait Sigurd, et un autre qui s'appelait Hauk, les deux d'Halogaland, qui faisaient souvent des expéditions commerciales. Un été (998), ils avaient fait un voyage en Angleterre. Et lorsqu'ils revinrent en Norvège, ils naviguèrent le long de la côte, et rencontrèrent les gens d'Olaf dans More nord. Lorsqu'il fut rapporté au roi que des personnes d'Halogaland était arrivées, et qu'elles étaient païennes, il ordonna qu'elles lui soient amenées, et il leur demanda s'ils consentiraient à être baptisés. Ce à quoi ils répondirent non. Le roi leur parla de différentes manières, mais en vain. Il les menaça de mort et de torture. Mais rien ne les faisait changer d'avis. Il les fit mettre aux fers, et les garda enchaînés dans sa maison quelque temps, et conversa souvent avec eux, mais en vain. Puis à la fin, une nuit, ils disparurent, sans que personne ne soit en mesure de dire comment ils s'étaient enfuis. Mais vers la moisson, ils arrivèrent au nord chez Harek de Thjotta, qui les reçut avec amabilité, et chez lequel ils firent relâche tout l'hiver (999), et furent divertis avec beaucoup d'hospitalité.

     

    82- D'Harek de Thjotta

    Il arriva, un jour de printemps où il faisait beau (999) qu'Harek était chez lui dans sa maison avec quelques hommes seulement, et que l'ennui pesait sur ses mains. Sigurd lui demanda s'il voulait aller ramer un peu pour s'amuser. Harek fut d'accord, et ils descendirent sur la grève, et mirent un esquif à six rames à la mer. Et Sigurd prit le mât et le gréement correspondant au bateau dans le hangar à bateaux, car ils avaient l'habitude de naviguer lorsqu'ils allaient sur mer pour s'amuser. Harel monta sur le bateau pour fixer le gouvernail. Les frères Sigurd et Hauk, qui étaient des hommes très robustes, étaient tout armés, comme ils en avaient coutume même à la maison parmi les paysans. Avant de grimper dans le bateau, ils y jetèrent une boîte de beurre et un coffre à pain, et portèrent à deux un grand tonneau de bière. Lorsqu'ils se furent un peu éloigné à la rame de l'île, les frères hissèrent la voile, tandis qu'Harek se tenait à la barre. Puis ils s'écartèrent de l'île. Ensuite, les deux frères se rendirent à l'arrière où était assis Harek le bondi, et lui dirent : "- Maintenant, tu dois choisir entre ces trois propositions : soit tu nous laisses, nous frères, diriger ce voyage, soit nous t'attachons rapidement et nous prenons le commandement, soit nous te tuons."
    Harek se rendit compte de la manière dont les événements tournaient pour lui. Seul, il n'était pas meilleur que l'un ou l'autre des frères, même s'il avait été aussi bien armé qu'eux. Il lui apparut ainsi plus sage de leur laisser diriger la course du navire, et s'engagea par serment à se soumettre à cette condition. Alors Sigurd prit la barre, et s'orienta le long de la côte, les deux frères prenant particulièrement soin de ne rencontrer personne. Le vent était très favorable. Et ils continuèrent à naviguer de la sorte jusqu'à ce qu'ils arrivent au sud de Throndhjem et de Nidaros, où ils trouvèrent le roi. Alors le roi appela Harek auprès de lui, et au cours de leur rencontre, lui dit qu'il désirait qu'il se fasse baptiser. Harek éleva des objections. Et bien que le roi et Harek en parlèrent de nombreuses fois, parfois en présence d'autres personnes, parfois en tête à tête, ils ne purent trouver d'accord.

     

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    Olaf et Harek. H. Egedius.

     

    A la fin, le roi dit à Harek : "- Maintenant, tu peux retourner chez toi, et je ne t'infligerai pas de blessure. En partie parce que nous sommes parents, tous les deux, et en partie parce que tu ne diras certainement pas que je t'ai attrapé en te tendant un piège. Mais tiens pour certain que je viendrai dans le nord l'été prochain pour vous visiter, vous les hommes de Halogaland, et que vous verrez alors si je suis incapable de punir ceux qui rejettent le christianisme." Il fut très agréable à Harek de partir aussi rapidement qu'il put. Le roi Olaf lui donna un bon navire de douze paires de rames, et le fit appareiller du meilleur des matériels nécessaires. Et il donna de plus trente hommes à Harek, tous des gars de la meilleure trempe, et bien équipés.

     

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    83- La mort d'Eyvind Kinrifa

    Harek de Thotta s'en fut de la ville aussi vite qu'il le pût. Mais Hauk et Sigurd restèrent dans la maison du roi, et prirent tous deux le baptême. Harek poursuivit son voyage jusqu'à parvenir à Thjotta. Il envoya immédiatement un message à son ami Eyvind Kinrifa du fait de la parole qu'il avait donnée, mais n'accepta pas lui-même de se faire baptiser. Le message l'informait en même temps que le roi Olaf escomptait venir en été vers le nord pour leur livrer bataille, et qu'il faudrait qu'ils soient à leurs postes pour se défendre. Il priait également Eyvind de venir lui rendre visite, le plus vite serait le mieux. Lorsque le message fut délivré à Eyvind, il se rendit compte combien il était nécessaire de tenir un conseil de manière à éviter de tomber dans les mains du roi. Il partit donc, dans un vaisseau léger avec peu d'hommes d'équipage, aussi vite qu'il put. Lorsqu'il arriva à Thjotta, il fut reçu par Harek de la manière la plus amicale, et la conversation entre eux commença immédiatement devant la maison. Après avoir discuté un petit moment, les hommes du roi Olaf, qui avaient secrètement suivi Harek vers le nord, surgirent, et firent Eyvind prisonnier, et l'emmenèrent au loin avec leurs navires. Ils ne firent aucune halte durant leur voyage jusqu'à Throndhjem, et se présentèrent devant le roi Olaf à Nidaros. Alors Eyvind fut conduit pour une réunion avec le roi, qui lui demanda s'il voulait être baptisé, comme tout le monde. Mais Eyvind répondit que décidément, il ne le voulait pas. Le roi insista, avec des paroles persuasive, et le pressa d'accepter le christianisme, et lui et l'évêque usèrent d'arguments pertinents. Mais rien ne put faire fléchir Eyvind. Le roi lui offrit des cadeaux et de grands fiefs, mais Eyvind refusa tout. Puis le roi le menaça de torture et de mort, mais Eyvind resta inébranlable. Alors le roi ordonna qu'un tas de charbons ardents soient placés sur le ventre d'Eyvind, qui se déchira de plusieurs plaies. Alors Eyvind cria : "Enlevez les braises, et je dirai quelque chose avant de mourir", ce qui fut fait. Le roi demanda : "Veux-tu à présent, Eyvind, croire en Christ ?". "Non, répondit Eyvind, je ne peux pas recevoir le baptême, car je suis un esprit malin placé dans le corps d'un homme par la sorcellerie des Finns, parce qu'autrement, mes parents n'auraient pas pu avoir d'enfant." Après quoi mourut Eyvind, qui avait été un des plus grands sorciers.

     

    84- Le Halogaland se christianise.

    Au printemps suivant (999), le roi Olaf fit préparer ses navires et recruter ses équipages, et commanda lui-même son vaisseau "La Grue". Il emmenait nombre d'hommes, et des plus audacieux, avec lui. Et lorsqu'il fut prêt, il fit voile vers le nord avec sa flotte au-delà de Bryda et vers le Halogaland. Où qu'il débarque, il tenait un Thing et demandait aux gens d'accepter la vraie foi et de se faire baptiser. Personne n'osa se dresser contre lui, et toutes les contrées dans lesquelles il passa devinrent chrétiennes. Le roi Olaf dut accueilli en hôte dans la maison d'Harek de Thjotta, qui fut baptisé avec tous ses gens. Lorsqu'ils se séparèrent, le roi Olaf donna à Harek de beaux cadeaux, et ce dernier entra au service du roi, et reçut des fiefs, et les privilèges d'un seigneur de la part du roi.

     

    85- La mort de Thorer Hjort.

    Il y avait un bondi, nommé Raud le Fort, qui habitait à Godey dans le fjord de Salten. Raud était un homme très riche, qui disposait de nombreux serviteurs. Et il était de même un homme puissant, qui pouvait avoir des servants finns lorsqu'il le voulait. Raud était un grand idolâtre, et très habile en sorcellerie, et un grand ami de Thorer Hjort, dont il a été question plus haut. Les deux étaient de grands chefs. Lorsqu'ils entendirent que le roi Olaf arrivait du sud vers le Halogaland avec une puissante force, ils assemblèrent ensemble une armée, réunirent des navires, et recrutèrent également nombre d'hommes à pied. Raud possédait un vaisseau imposant, avec une figure de proue dorée en forme de dragon, trente rangs de rameurs, ce qui pour ce type de navire était beaucoup. Thorer Hjort possédait également un grand bateau. Ces hommes naviguèrent vers le sud avec leurs navires à la rencontre du roi Olaf, et lui livrèrent bataille dès qu'ils le trouvèrent. Ce fut une grande bataille, et de nombreux hommes tombèrent, mais principalement du côté des Halogalanders, dont les navires furent vidés de leurs combattants, tant fut grande la terreur qui les envahit. Raud chevaucha son dragon pour se dégager, puis mit les voiles. Raud avait toujours bon vent où qu'il veuille aller, ce qui lui venait de son art de la magie, et pour abréger l'histoire, il revint à Godey. Thorer Hjort fuit les navires jusqu'à la terre. Mais le roi Olaf fit débarquer ses gens, poursuivit ceux qui s'étaient enfuis, et les tua. Le roi était habituellement le meilleur dans ce genre d'escarmouches, et il en fut encore ainsi. Dès que le roi vit dans quelle direction courait Thorer Hjort, qui était plus rapide à la course que quiconque, il le poursuivit avec son chien Vige. Le roi dit : "Vige ! Vige ! Attrape le cerf !" Vige courut droit devant lui, et Thorer s'arrêta, et le roi lui lança un javelot. Thorer frappa le chien avec son épée, et lui infligea une sévère blessure. Mais au même moment, la lance du roi vola sous le bras de Thorer, et le transperça de part en part, et ressortit de l'autre côté. Là, Thorer laissa la vie. Mais Vige fut ramené aux bateaux.

     

    86- Le voyage du roi Olaf à Godey.

    Le roi Olaf laissa la vie sauve et la liberté à tous les hommes qui le demandèrent et acceptèrent de devenir chrétiens. Le roi Olaf fit voile vers le nord le long de la côte, et baptisa toutes les personnes qu'il rencontra. Et lorsqu'il parvint dans le nord au fjord de Salten, il eut l'intention de naviguer dedans afin de chercher Raud, mais une tempête et un orage terribles faisaient rage dans le fjord. Ils restèrent là une semaine complète, durant laquelle le même temps continua dans le fjord, alors qu'à l'extérieur ne soufflait qu'une petite brise, parfaite pour continuer vers le nord en longeant le rivage. Alors le roi continua son voyage vers Omd, et tout le monde se soumit là-bas au christianisme. Alors le roi fit demi-tour et vogua à nouveau vers le sud. Et lorsqu'il arriva au nord du fjord de Salten, la même tempête s'y déchaînait, et la mer était grosse à partir du fjord, et le même genre de tourmente régna plusieurs jours pendant que le roi restait là. Alors le roi demanda à l'évêque Sigurd s'il avait quelque conseil à ce sujet. Et l'évêque répondit qu'il tâcherait de demander à Dieu de lui donner le pouvoir de contrer des arts du Diable.

     

    87- De la torture de Raud.

    L'évêque Sigurd passa sa robe de messe, se rendit à la proue du navire royal. Il demanda qu'on y allume des cierges et qu'on y dispose de l'encens. Alors il installa le crucifix sur la figure de proue du vaisseau, lut les évangiles et nombre de prières, aspergea l'ensemble du navire avec de l'eau bénite, puis ordonna de monter la tente du bateau et de rentrer à la rame dans le fjord. Le roi commanda à tous les autres vaisseaux de le suivre. Et lorsque tout fut prêt pour ramer à bord de "La Grue", elle entra dans le fjord sans que les rameurs ne rencontrent aucun vent. Et les vagues s'amenuisaient devant leur quille comme par temps calme, tant l'eau était plane et tranquille, tandis qu'autour d'eux, les vagues montaient si haut qu'elle leur cachaient les montagnes. Ainsi, chaque navire suivit le précédent dans la piste de mer calme. Et ils continuèrent de cette façon toute la journée et toute la nuit jusqu'à parvenir à Godey. Et lorsqu'ils arrivèrent à proximité de la maison de Raud, son grand vaisseau, le dragon, était à flots au bord de la côte. Le roi Olaf se rendit directement près de la demeure avec ses hommes, mena une attaque contre le bâtiment dans lequel Raud dormait, et l'ouvrit en fore. Les hommes se ruèrent dedans : Raud fut pris et lié, et certains des hommes qui étaient avec lui furent capturés et d'autres tués. Alors le roi Olaf se rendit au logement où dormaient les serviteurs de Raud, en tua certains, en enchaîna d'autres, et battit les derniers. Puis le roi ordonna que Raud lui fut amené, et lui offrit le baptême. "Et, dit le roi, je ne te prendrai pas tes propriétés, mais serai plutôt ton ami, si tu te comportes de manière à le mériter." Raud cria de toute sa puissance en refusant la proposition, disant qu'il ne croirait jamais en Christ, et tournant Dieu en dérision. Alors le roi se mit en colère, et déclara que Raud devait mourir de la pire des morts. Et le roi ordonna qu'il fut lié à un bastaing de bois, avec le visage au-dessus, et un bâton de pin rond entre ses dents pour l'obliger à garder la bouche ouverte. Puis le roi ordonna qu'un serpent fut enfoncé dans sa bouche. Mais le serpent ne voulut pas entrer dans la bouche, et retomba vers l'arrière lorsque Raud souffla dessus. Puis le roi ordonna qu'une branche creuse de racine d'angélique soit introduite dans la bouche de Raud. D'autres racontent que le roi plaça sa corne dans sa bouche, et força le serpent à entrer en tenant derrière lui un fer chauffé au rouge devant l'ouverture. Alors le serpent rampa dans la bouche de Raud, et le long de sa gorge, et le mordit sur son trajet, et ainsi Raud périt.

    Le roi Olaf s'empara de beaucoup d'or et d'argent, et d'autres biens comme des armes, et de nombres d'objets précieux. Et il baptisa tous les hommes qui étaient avec Raud, ou les fit mettre à mort ou torturer s'ils refusaient. Puis le roi prit le navire dragon que possédait Raud, et le barra lui-même. Car il était bien plus grand et plus beau que La Grue. A la proue se trouvait une tête de dragon, et à la poupe, une crosse qui tournait et se terminait par une queue de dragon. Le bois scupté de chaque côté de la proue et de la poupe était doré. Le roi nomma ce navire le Serpent. Lorsque les voiles étaient hissées, elles représentaient des ailes de dragon, comme si elles en étaient. Et ce vaisseau était le plus beau de toute la Norvège. Les îles où Raud résidait se nommaient Gylling et Haering, mais l'ensemble des îles était appelé îles Godey, et le principal courant entre les îles et le continent, le courant Godey. Olaf baptisa toute la population du fjord, puis fit voile à nouveau vers le sud en longeant le rivage. Et durant ce voyage se produisirent maints événements différents, qui sont relatés dans les contes et les sagas, à savoir comment les sorcières et les esprits tourmentèrent ses hommes, et parfois lui-même. Mais nous ferions mieux de raconter comment le roi Olaf rendit la Norvège chrétienne, ainsi que dans les autres pays où il fit avancer le christianisme. Le roi Olaf retourna avec sa flotte à Throndhjem le même automne, et atterrit à Nidaros, où il prit ses quartiers d'hiver.

     

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    Saltenfjord.

    Ce que je vais écrire à présent concerne les Islandais.

     

    88- Des Islandais.

    Kjartan Olafson, le fils du fils d'Hoskuld, et fils de la sœur d'Egil Skallagrimson, arriva d'Islande à Nidaros le même automne (999), et il était considéré comme le plus agréable et le plus prometteur des hommes ayant vu le jour en Islande. Il y avait également Haldor, un fils de Gudmund de Modruveller, et Kolbein, un fils de Thord, godi de Frey, et fils du frère de Brennuflose, arrivé avec Sverting fils du godi Runolf. Tous étaient païens. Et avec eux en étaient venus bien d'autres, quelques-uns d'une grande puissance, d'autres, hommes du commun sans propriétés. Il arriva aussi d'Islande des personnalités très importantes, qui, avec l'aide de Thangbrand, étaient devenues chrétiennes, à savoir Gissur le Blanc, un fils de Teit Ketilbjornson. Et sa mère était Alof, fille du hersir Bodvar, qui était le fils de Vigingakare. Le frère de Bodvar était Sigurd, père d'Eirik Bjodaskalle, dont la fille Astrid était la mère du roi Olaf. Hjalte Skeggiason était le nom d'un autre Islandais, marié à Vilborg, fille de Gissur le Blanc. Hjalte était également chrétien. Et le roi Olaf se montra fort amical pour ses parents Gissur et Hjalte, qui habitèrent avec lui. Mais les Islandais qui commandaient les navires, et étaient païens, tentèrent de naviguer au loin dès que le roi arriva en la ville de Nidaros, car il se racontait que le roi obligeait tout le monde à devenir chrétien. Mais le vent forcit contre eux, et les ramena à Nidarholm. Les capitaines des navires étaient Thorarin Nefjulson, le skalde Halfred Ottarson, Brand le Généreux, et Thorleik, le fils de Brand. On rapporta au roi qu'il y avait ici des Islandais avec des navires, et que tous étaient païens et avaient voulu s'enfuir pour ne pas rencontrer le roi. Alors le roi envoya un message leur interdisant de naviguer, et leur ordonna de ramener leurs navires à la ville, ce qu'ils firent, mais sans décharger les cargaisons. (Ils poursuivirent leurs affaires, et tinrent un marché au quai du roi. Au printemps, ils tentèrent trois fois de s'enfuir, mais n'y parvinrent jamais. Alors ils continuèrent à rester amarrés au quai du roi. Il arriva un beau jour où certains étaient sortis nager pour se distraire, et parmi eux se distinguait un homme qui excellait en tous les exercices physiques. Kjartan défia Halfred Vandredaskald de se mesurer en natation à cet homme-là, mais il refusa.

    "Alors je vais faire un essai", dit Kjartan, ôtant ses vêtements, et plongeant dans l'eau. Puis il se lança à la poursuite de l'homme, le saisit par le pied et le fit couler sous l'eau. Ils revinrent à la surface, et sans dire un mot, plongèrent à nouveau et restèrent sous l'eau plus longtemps que la première fois. Puis ils remontèrent, et sans dire un mot, plongèrent une troisième fois, jusqu'à ce que Kjartan pense qu'il était temps de remonter, ce qu'il n'aurait fait sous aucun prétexte, parce que ça aurait trop montré leur différence de force. Ils restèrent sous l'eau si longtemps que Kjartan était presque noyé. Ils remontèrent et nagèrent jusqu'à terre. L'homme du nord demanda quel était le nom de l'Islandais. Kjartan donna son nom.

    Il dit : " Tu es un bon nageur, mais es-tu expert aussi en d'autres exercices ?"

    Kjartan répondit qu'une telle expertise n'avait que peu de valeur.

    Le Norvégien lui demanda : "- Pourquoi ne te préoccupes-tu pas à mon sujet des mêmes sujets sur lesquels je t'ai questionné ? "

    Kjartan répondit : "- Il m'est égal de savoir qui tu es, ou quel est ton nom."

    "- Alors, dit-il, je vais te le dire : je suis Olaf Trygvason."

    Il posa à Kjartan beaucoup de questions sur l'Islande, auxquelles il répondit par des généralités, et voulut partir le plus vite possible. Mais le roi dit : "- Ceci est un manteau que je te donne, Kjartan." Et Kjartan prit le manteau, avec de grands remerciements.)1

     

    1 La partie incluse entre parenthèses ne figure pas dans l'Heimskringla, mais dans le Codex Frisianus. L'anecdote est néanmoins intéressante.

     

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    89- Le baptême des Islandais.

    Lorsque vint la St Michel, le roi fit donner une grande messe chantée avec une grandiose splendeur. Les Islandais y vinrent, entendant les beaux chants et le son des cloches. Et lorsqu'ils retournèrent à leurs vaisseaux, chaque homme donna son avis sur la manière d'adorer Dieu chez les chrétiens. Kjartan fit part de son plaisir, mais la majorité des autres tournèrent cela en dérision. Et il en alla donc selon le proverbe : "Le roi a de nombreuses oreilles", car ceci fut rapporté au roi. Il envoya le jour même, immédiatement, un message à Kjartan lui demandant de venir le voir. Kjartan vint avec quelques hommes, et le roi le reçut fort aimablement. Kjartan était un très bel homme, et très robuste, et agréable de conversation. Après que le roi et Kjartan eurent un peu discuté, le roi lui demanda de se convertir au christianisme. Kjartan répondit qu'il ne pouvait pas répondre non à cela, s'il obtenait avec l'amitié du roi. Et le roi lui promit sa complète amitié. Ils se mirent donc d'accord rapidement. Le lendemain, Kjartan fut baptisé, avec son parent Bolle Thorlakson, et tous ses compagnons de voyage. Kjartan et Bolle furent les invités du roi aussi longtemps qu'ils portèrent leurs vêtements de baptême, et le roi se montra très gentil avec eux. Où qu'ils se rendent, ils étaient considérés comme des personnes de distinction.

     

    90- Halfred Vandredaskald baptisé.

    Comme le roi Olaf marchait un jour dans la rue, quelques hommes le croisèrent, et celui qui allait devant salua le roi. Le roi lui demanda son nom, et il répondit qu'il se nommait Halfred.

    "- Es-tu le scalde ?" demanda le roi.

    "- Je peux composer de la poésie", répondit-il.

    "- Veux-tu adopter le christianisme et entrer à mon service ?" demanda le roi.

    "- Si je me fais baptiser, dit-il, ce sera à une condition : que tu sois toi-même mon parrain, car je n'en veux aucun autre."

    Le roi rétorqua : "- Alors je le serai." Et Halfred fut baptisé, le roi le tenant durant le baptême.

    Après quoi le roi demanda : "- Veux-tu entrer à mon service ?"

    Halfred répondit : "- J'étais auparavant au service de la cour du jarl Hakon. Mais à présent, je n'entrerai ni à ton service ni à celui d'aucun autre, à moins que tu ne me promettes qu'il ne m'arrivera jamais que tu me chasses loin de toi."

    "- On m'a raconté, dit le roi, que tu n'es ni assez prudent ni assez discipliné pour obéir à mes demandes."

    "- Dans ce cas, dit Halfred, mets-moi à mort."

    "- Tu es un scalde qui compose des problèmes, dit le roi, mais à mon service, Halfred, je vais t'accepter."

    Halfred dit : "- Si je dois être nommé Composeur de Problèmes, quel don me feras-tu, roi, au jour où j'acquiers un nom ?"

    Le roi lui donna une épée sans fourreau, et dit : "- Maintenant, compose-moi une chanson au sujet de cette épée, en utilisant le mot épée dans chaque ligne de la strophe."

    Halfred chanta alors :

    "Cette épée des épées sera ma récompense.

    Pour celui qui connaît comment manier l'épée,

    Et avec cette épée veut servir son seigneur,

    Et qui veut une épée, le destin est bien dur.

    J'aurais apprécié que mon bon roi m'offrît

    De choisir un fourreau pour cette bonne épée :

    Je vaux bien trois épées que les hommes utilisent,

    Mais maintenant je pleure pour un fourreau d'épée."

    Alors le roi lui donna le fourreau, faisant observer que le mot épée manquait dans une des lignes de la strophe. " "- Mais il y a à la place une ligne avec trois épées-, dit Halfred.

    " - C'est vrai ", répondit le roi

    Nous avons pris des lais d'Halfred la majeure partie des récits véridiques et fidèles qui sont ici relatés au sujet d'Olaf Tryggvason.

     

    91- Thangbrand revient d'Islande.

    Lors de la même moisson (999), Thangbrand le prêtre revint d'Islande auprès du roi Olaf, et lui raconta le manque de succès de son voyage : à savoir que les Islandais avaient écrit des pamphlets à son sujet. Et que certains avaient cherché à le tuer, et qu'il y avait peu d'espoir que cette région fût ainsi christianisée. Le roi Olaf fut tellement furieux à ces nouvelles qu'il ordonna que les Islandais soient réunis au son de la corne, et était sur le point de tuer tous ceux qui se trouvaient en ville, mais Kjartan, Gissur et Hjalte, avec les autres Islandais qui étaient devenus chrétiens, vinrent à lui et dirent : "- Roi, tu ne dois pas manquer à ta parole, qui dit que même si un homme te fâche à l'extrême, tu lui pardonneras s'il se détourne du paganisme et devient chrétien. Tous les Islandais ici présents sont volontaires pour être baptisés. Et à travers eux, nous trouverons le moyen de répandre le christianisme en Islande : car nombre d'entre eux sont des fils de personnalités importantes en Islande, et dont les amis pourraient faire avancer la cause. Mais le prêtre Thangbrand a agi là-bas de la même façon qu'ici à la cour, par la violence et le meurtre d'hommes, ce qui a conduit les gens à ne pas vouloir se soumettre à lui."

    Le roi prêta l'oreille à ces remontrances, et tous les hommes d'Islande qui étaient présents furent baptisés.

     

    92- Des exploits du roi Olaf.

    Le roi Olaf était plus habile en tous les exercices qu'aucun autre homme en Norvège dont la mémoire a été conservée jusqu'à nous dans les sagas. Et qu'il était plus fort et plus agile que la plupart des hommes, et nombre d'histoires ont été écrites à ce sujet. L'une d'elle narre qu'il a fait l'ascension du Smalsarhorn, et a fixé son bouclier au sommet du pic. Une autre dit que l'un de ses suivants a escaladé le pic après lui, jusqu'à ce qu'il arrive à un point où il ne pouvait plus ni monter, ni descendre. Mais le roi vint à son aide, grimpa jusqu'à lui, le prit sous son bras et le ramena ainsi jusqu'en terrain plat. Le roi Olaf pouvait courir sur les rames à l'extérieur de son navire pendant que ses hommes ramaient sur le Serpent. Il pouvait jouer avec trois dagues, de telle sorte que l'une était en l'air et qu'il prenne celle qui retombait par le manche. Il pouvait marcher tout autour de son navire sur le bastingage, pouvait frapper et taillader également des deux mains, et pouvait jeter deux lances en même temps. Le roi Olaf était un homme très joyeux et espiègle, gai et social, très violent à tous égards, très généreux, très tâtillon sur sa mise, mais surpassait chacun par sa bravoure lors des batailles. Il se distinguait par sa cruauté lorsqu'il était en colère, et tortura nombre de ses ennemis. Il en fit brûler certains, en fit mettre en pièces d'autres par des chiens fous, en mutila, ou les jeta depuis de hauts précipices. De ce fait, ses amis lui étaient très chaudement attachés, et ses ennemis le craignaient grandement. Et ainsi, il eut la chance de faire bien avancer ses projets, car certains obéissaient à sa volonté par zèle amical, et d'autres par terreur.

     

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    Olaf, Roi de Norvège.

     

    93- Le baptême de Leif Erikson.

    Leif, un fils d'Eirik le Rouge, qui le premier s'établit au Groenland, vint durant cet été (999) du Groenland en Norvège. Et comme il rencontra le roi Olaf, il se convertit au christianisme, et passa l'hiver (1000) avec le roi.

     

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    Leif Erikson

     

    94- La chute du roi Gudrod.

    Gudrod, un des fils du roi Eirik Hache Sanglante et de Gunhild, avait ravagé les régions occidentales depuis qu'il s'était enfui de Norvège devant le jarl Hakon. Mais l'été mentionné ci-avant (999), alors que le roi Olaf Tryggvason avait régné quatre ans sur la Norvège, Gudrod vint dans le pays, avec de nombreux vaisseaux de guerre. Il avait navigué depuis l'Angleterre. Et lorsqu'il se pensa à proximité de la côte norvégienne, il prit vers le sud le long de la terre, vers l'endroit où il était le moins probable que se trouvât le roi Olaf. Il fit ainsi voile vers le Sud et Viken. Et dès qu'il débarqua, il commença à piller et à se soumettre le peuple, et à demander qu'il l'accepte pour roi.

    Alors, quand les paysans virent qu'une grande armée arrivait vers eux, ils voulurent la paix et gagner du temps. Ils proposèrent au roi Gudrod d'envoyer un message de Thing dans tout le pays, afin de l'accepter comme roi au cours de ce Thing, plutôt que de souffrir de son armée. Mais il voulaient le retarder jusqu'à un jour déterminé, pendant que le message-signal pour le rassemblement du Thing circulait dans le pays. Le roi demanda qu'on l'entretienne pendant ce temps. Les bondis choisirent d'accueillir le roi comme un invité, à tour de rôle, aussi longtemps qu'il serait nécessaire. Et le roi accepta la proposition d'aller avec quelques-uns de ses hommes de place en place comme un hôte dans le pays, pendant que le reste de ses hommes garderait les bateaux. Lorsque les parents du roi Olaf, Hyrning et Thorgeir, le surent, ils rassemblèrent des hommes, équipèrent des navires et vinrent vers le nord à Viken. Ils arrivèrent de nuit avec leurs forces à l'endroit où le roi Gudrod résidait en tant qu'invité, et l'attaquèrent par le feu et les armes. Et là, le roi Gudrod tomba, et la plupart de ses suivants. De ceux qui étaient restés avec les bateaux, certains furent tués, d'autres purent s'échapper et s'enfuirent à grande distance. Ainsi, tous les fils d'Eirik et Gunhild étaient morts.

     

    95- La construction du navire "Long Serpent".

    L'hiver suivant, le roi Olaf vint d'Halogaland (1000), il avait un grand vaisseau construit à Hladhamrar, qui était plus grand que tous les autres bateaux du pays, et dont les socles de mât sont encore visibles. La longueur de la quille qui reposait sur l'herbe était de soixante-quatorze aunes.

    Thorberg Skafhog était le nom de l'homme qui était le maître d'œuvre du navire. Mais bien d'autres avaient travaillé dessus : certains pour couper le bois, d'autres pour le mettre en forme, d'autres pour fabriquer les clous, certains pour porter les poutres, et tout ce qui fut utilisé était de la meilleure qualité. Le navire était à la fois long et large, et à bords hauts, et solidement charpenté.

    Pendant qu'ils bordaient le navire de planches, il arriva que Thorberg eut à retourner dans sa ferme pour y régler quelque affaire urgente. Et comme il y resta longtemps, le navire était bordé complètement des deux côtés lorsqu'il revint. Dans la soirée, le roi sortit, et Thorberg avec lui, pour regarder à quoi ressemblait le bateau, et chacun disait qu'on n'avait jamais rien vu un navire de guerre aussi beau et aussi grand. Alors le roi retourna en ville. Tôt le lendemain matin, il retourna au vaisseau, et Thorberg avec lui. Les charpentiers y étaient avant eux, mais ils se tenaient devant eux avec leurs armes en travers. Le roi demanda : "- Que se passe-t-il ? "

    Ils dirent que le navire avait été détruit parce que quelqu'un était allé de la poupe à la proue en entaillant profondément planche après planche le revêtement du bordage, d'un côté du bateau. Lorsque le roi s'approcha plus près, il vit qu'il en était ainsi, et dit, comme un serment : "- L'homme qui a ainsi détruit ce navire sans raison doit mourir, s'il peut être découvert, et j'offre une grande récompense à celui qui le trouvera."

    "- Je peux vous dire, roi, dit Thorberg, qui a fait ce travail."

    "- Je ne pense pas, répondit le roi, qu'un autre que toi soit mieux à même que toi de le trouver."

    Thorberg dit : "- Je vais vous dire, roi, qui a fait ça. Je l'ai fait moi-même."

    Le roi répondit : "- Tu dois remettre tout cela dans l'état où c'était avant, ou tu le paieras de ta vie."

    Alors Thorberg alla, et rabota les planches jusqu'à ce que les profondes entailles soient toutes lissées et rendues identiques au reste. Et le roi et tous les présents déclarèrent que le bateau était bien plus beau sur le côté de la coque que Thorberg avait raboté, et le prièrent de mettre en forme aussi l'autre côté de la même manière, et le remercièrent grandement pour l'amélioration. Après quoi, Thorberg devint le maître d'œuvre du navire jusqu'à ce qu'il fut complètement achevé. Le bateau était un dragon, d'après celui qui avait été capturé en Halogaland. Mais il était bien plus grand, et façonné de manière bien plus soigneuse, dans toutes ses parties. Le roi nomma son navire le " Long Serpent ", et l'autre Serpent, le Court. Le Long Serpent avait trente-quatre bancs de rameurs. La tête et la queue arquée étaient tout dorés, et les parapets étaient aussi hauts que ceux d'un navire hauturier. Ce vaisseau était le meilleur et le plus cher des navires jamais construit en Norvège. 

     

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    Le "Long Serpent".  H. Egedius.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason                                                                                                              Heimskringla, snorri sturluson, olav tryggvason 


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