• Heimskringla : Saga d'Olaf Tryggvason X

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason

    55- La mort du jarl Hakon

    Les boendr rencontrèrent alors Olaf, pour la joie des deux parties, et ils convinrent ensemble d'un arrangement. Les boendr prenaient Olaf pour roi, et résolurent, lui individuellement et eux collectivement, de rechercher le jarl Hakon. Ils se rendirent en Gaulardal. Car il leur semblait que si le jarl Hakon était dissimulé dans une maison quelconque, le plus probable était qu'il se trouvait à Rimul, car Thora était sa meilleure amie dans cette vallée. Ils s'y rendirent donc, et cherchèrent partout, à l'extérieur et dans la maison, mais ne purent le trouver. Alors Olaf tint un Thing privé, ou un conseil dehors dans la cour, et se tint sur une grosse pierre qui surmontait la soue à cochons. Il tint un discours aux gens, dans lequel il promit d'enrichir l'homme qui tuerait le jarl avec des récompenses et de le gratifier avec des honneurs. Ces paroles furent entendues par le jarl et le thrall Kark. Ils avaient une lumière dans leur pièce :

    "- Pourquoi étais-tu si pâle, demanda le jarl, et maintenant à nouveau sombre comme la terre ? Tu n'as pas l'intention de me trahir ?"

    "- En aucune façon !", répondit Kark.

    "- Nous sommes nés la même nuit, dit le jarl. Et il s'écoulera peu de temps entre nos morts."

    Le roi Olaf s'en fut dans la soirée. Lorsque la nuit commença, le jarl resta éveillé, mais Kark dormit, et fut perturbé dans son sommeil. Le jarl l'éveilla, et lui demanda : "- De quoi as-tu rêvé ?"

    Il répondit : "- J'étais à Hlader, et Olaf Tryggvason passait un torque d'or autour de mon cou."

    Le jarl dit : "- Ce sera un cercle rouge qu'Olaf mettra autour de ton cou s'il t'attrape. Pends garde à cela ! De moi tu peux espérer tout ce qui est bon, alors ne me trahis pas."

    Alors ils restèrent éveillés tous deux, chacun surveillant l'autre. Mais vers le lever du jour, le jarl finit par tomber endormi et son sommeil fut si tourmenté qu'il ramena ses talons sous lui, et renversa son cou comme s'il allait se lever, et se mit à hurler terriblement fort. Alors, Kark, terrifié et alarmé, tira un grand couteau de sa ceinture, frappa le jarl à la gorge et la lui trancha, et tua le jarl Hakon. Puis Kark lui coupa la tête, et s'enfuit. 

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olaf tryggvason, duc hakon 

    La mort du jarl Hakon. A.A. Miller.

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    C. Krohg

     

    Il arriva tard dans la journée à Hlader, où il livra la tête du jarl au roi Olaf, et lui raconta tous ses faits et gestes et ceux du jarl Hakon. Olaf le fit prendre et décapiter.

     

    56- La tête du jarl Hakon

    Le roi Olaf, et un très grand nombre de boendr avec lui, vinrent alors à Nidarholm, emmenant avec eux les têtes du jarl Hakon et de Kark. Cette chênaie était utilisée alors comme lieu des exécutions des voleurs et des malfaiteurs, et s'y trouvaient des gibets. Il y fit pendre les têtes du jarl Hakon et de Kark, et toute l'armée de boendr leur jeta des pierres, criant et hurlant que le moins valeureux des deux avait suivi l'autre. Puis ils envoyèrent chercher le reste du corps du jarl à Gaulardal. L'animosité du peuple de Throndhjem contre le jarl Hakon était telle que nul ne pouvait s'aventurer à le nommer autrement que Hakon le Mauvais. Et il fut ainsi nommé longtemps après ces jours-là. Pourtant, à dire le vrai au sujet du jarl Hakon, il avait en de nombreux domaines la capacité d'être un chef. D'abord parce qu'il descendait d'une grande race. Puis parce qu'il avait l'intelligence et le savoir pour gouverner. Ainsi qu'un grand courage dans la bataille, permettant de gagner la victoire, et de la chance pour tuer ses ennemis. Ainsi en parla Thorleif Raudfeldson :

    "La terre de Norvège n'a jamais connu

    De jarl plus courageux que le vaillant Hakon.

    En mer, sous la claire lumière de la lune,

    On ne pouvait trouver plus brave homme à combattre.

    Par la dextre d'Hakon neuf rois furent occis

    Et envoyés tout droit au royaume d'Odin !

    Les troupeaux de corbeaux furent très bien nourris,

    Et les loups bien repus de la chair des défunts !"

    Le jarl Hakon était très généreux. Mais les plus grands malheurs attendent de tels chefs à la fin de leur vie. Et la grande cause de cela était que le temps des sacrifices païens et des adorations idolâtres était voué à disparaître, et que la Sainte Foi et les bonnes coutumes étaient appelées à les remplacer.

     

    57- Olaf tryggvason élu roi.

    Olaf Tryggvason fut choisi à Throndhjem par le Thing général pour être le roi de tout le pays, comme l'avait été Harald Haarfager. Toute l'assistance et le peuple par tout le pays ne voulurent rien écouter d'autre que la nécessité de prendre Olaf pour roi.

     

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    Olaf Tryggvason choisi comme roi. P.N. Arbo.

     

    Alors Olaf se rendit partout dans le pays et y apporta sa loi, et tout le peuple de Norvège l'assura de sa soumission. Et de même les chefs dans les Uplands et à Viken, qui avaient auparavant obtenu leurs terres comme fiefs de la part du roi des Danois, devinrent les hommes du roi Olaf, et lui tinrent les mains. Il parcourut ainsi l'ensemble du pays jusqu'en hiver (996) et l'été suivant. Le jarl Eirik, fils du jarl Hakon, son frère Svein et leurs amis et parents s'enfuirent du pays et se rendirent dans l'est auprès du roi Olaf de Suède, qui leur fit bon accueil.
    Ainsi en parle Thord Kolbeinson :

    "O toi que les mauvais hommes ont conduit ailleurs,

    Après que les boendr eurent par tricherie

    Volé la vie d'Hakon ! Le destin poursuivra

    Ces loups couverts de sang, et leur fera payer.

    Lorsque l'hôte arriva venant de l'occident,

    Tel le mât élevé de quelque grand navire,

    J'ai pu voir se lever l'héritier de Tryggve

    Arpentant fièrement son royaume natal."

     et encore :

    "Eirik avait bien plus d'intentions dans l'esprit

    Contre le nouveau roi choisi par la Norvège

    Qu'il n'en laissait paraître à travers ses paroles,

    Et en réalité, c'était fort bien ainsi.

    Raides et entêtés sont les hommes à Throndhjem,

    Mais le jarl de Throndhjem y reviendra encore.

    En terre suédoise, il reste sans repos

    Une ardente colère s'assemble en son sein."

     

    58- Le mariage de Lodin.

    Lodin était le nom d'un homme de Viken, riche et de bonne famille. Il partait souvent en voyages commerciaux, et parfois en expéditions vikings. Il arriva un été qu'il partit commercer avec beaucoup de marchandises sur un navire qui lui appartenait. Il se rendit en premier lieu à Eistland, où se tenait un marché en été. A l'endroit où la foire était installée avaient été amenées de nombreux biens, ainsi que nombre de thralls ou d'esclaves à vendre. Là, Lodin vit une femme qui devait être vendue comme esclave. Et en la regardant, il la reconnut comme Astrid, fille d'Eirik, qui avait été mariée au roi Tryggve. Mais elle était à présent bien différente de ce qu'elle avait été la dernière fois qu'il l'avait vue. Car maintenant, elle était pâle, malingre et mal vêtue. Il s'approcha d'elle et lui demanda de ses nouvelles. Elle répondit : "Ce serait bien trop difficile à raconter. Car j'ai été vendue comme esclave, et j'ai été amenée ici pour être à nouveau en vente." Après qu'ils aient discuté un moment, Astrid le reconnut, et le supplia de l'acheter. Et de la ramener chez elle parmi ses amis. "A une condition, répondit-il, je te ramènerai en Norvège : que tu m'épouses." Alors, comme Astrid se trouvait dans une grande détresse, et qu'elle savait en outre que Lodin était un homme de haute naissance, riche, et courageux, elle lui promit d'accéder à sa demande comme récompense. Lodin l'acheta donc, la ramena en Norvège avec lui, et l'épousa avec le consentement des amis de cette dernière.

     

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    Lodin achète Astrid. E. Werenskiold.

     

    Leurs enfants furent Thorkel Nefia, Ingerid et Ingegerd. Ingebjorg et Astrid étaient les filles qu'Astrid avait eues avec le roi Trygve. Les fils d'Eirik Bjodaskalle étaient Sigird, Karlshofud, Jostein, et Thorkel Dydril, qu étaient tous des hommes braves et riches possédant des propriétés dans l'est du pays. Dans l'est de Viken résidaient deux frères, aisés et de bonne naissance. L'un était nommé Thorgeir, et l'autre Hyrning. Et ils épousèrent les filles de Lodin et Astrid, Ingerid et Ingegerd.

      

    59- Olaf baptise la région de Viken

    Lorsqu'Harald Gormson, roi du Danemark, avait embrassé le christianisme, il avait envoyé un message à travers tout son royaume demandant à son peuple de se faire baptiser, et de se convertir à la vraie foi. Il suivit lui-même son message, usant de son pouvoir et de violence où rien d'autre ne semblait pouvoir faire effet. Il envoya aussi deux jarls, Urguthrjot et Brimilskjar, avec une suite nombreuse en Norvège, pour y proclamer le christianisme. A Viken, qui était directement sous l'autorité royale, ce fut un succès, et beaucoup se firent baptiser parmi le peuple du pays. Mais lorsque Svein à la Barbe Fourchue, immédiatement après la mort de son père le roi Harald, partit en expéditions vikings en Saxe, Frise et enfin en Angleterre, les Norvégiens qui s'étaient convertis au christianisme retournèrent aux sacrifices païens, tout comme auparavant. Et le peuple dans le nord du pays fit de même. 

    Mais maintenant qu'Olaf Tryggvason était roi de Norvège, il resta longtemps pendant l'été (996) en Viken, où nombre de ses parents et certains de ses beaux-frères étaient installés, ainsi que de nombreux grands amis de son père, de la sorte qu'il y fut reçu avec la plus grande affection. Olaf réunit les frères de sa mère, son beau-père Lodin, et ses beaux-frères Thorgeir et Hyrning, afin de leur parler, et de s'ouvrir à eux avec le plus grand soin de l'affaire à laquelle il désirait qu'ils donnent leur accord, et dans laquelle il souhaitait qu'ils le soutiennent de tout leur pouvoir : à savoir, proclamer le christianisme dans tout le pays. Il voulait, déclara-t-il, que toute la Norvège soit chrétienne, ou meure. "- Je vous rendrai tous, dit-il, grands et puissants, si vous promouvez cette œuvre. Car je place toute ma confiance en vous, puisque vous êtes mes parents par le sang ou mes frères par la loi." Tous agréèrent à ce qu'il demandait, et acceptèrent de le suivre dans son projet. Le roi Olaf fit immédiatement connaître publiquement qu'il recommandait l'adoption du christianisme par tout le peuple dans son royaume, et son message fut bien reçu et approuvé par ceux qui lui avaient préalablement promis leur agrément. Et ceux-ci, les plus puissants parmi le peuple, se rassemblèrent, et les autres suivirent leur exemple, et tous les habitants des régions est de Viken se firent baptiser. Le roi visita ensuite le nord de Viken et invita chaque homme à accepter le christianisme, et punit sévèrement ceux qui s'opposèrent à lui, en tuant certains, en mutilant d'autres, et bannissant les derniers. A la fin, il amena cela si loin que tout le royaume sur lequel son père le roi Tryggve avait régné, ainsi que son parent Harald Grenske, accepta le christianisme. Et pendant cet été (996) et l'hiver suivant (997), tout Viken devint chrétien.

     

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    60- Du peuple d'Hordaland

    Tôt au printemps (997), le roi Olaf quitta Viken avec une grande force en direction du nord et d'Agder, et y proclama que chaque homme devait être baptisé. Ainsi, le peuple reçut le christianisme, car nul n'osa s'opposer à la volonté du roi, où qu'il se rende. En Hordaland, cependant, se trouvaient nombre de grands hommes courageux de la lignée d'Hordakare. Il avait eu quatre fils, à savoir : le premier Thorleif Spake ; le deuxième Ogmund, père de Thorolf Skialg, qui était le père d'Erling de Sole ; le troisième était Thord, père du Hersir Klypp qui tua le roi Sigurd Slefa, fils de Gunhild ; et enfin, Olmod, père d'Askel, dont le fils fut Asla Fitjaskalle.

    Et cette branche de la famille était la plus noble et la plus considérée en Hordaland. Lorsque cette famille eut connaissance de la mauvaise nouvelle de l'arrivée du roi Olaf avec une armée sur la côte est du pays, et qu'il était en train de rompre l'ancienne loi du peuple, et d'imposer des punitions et des châtiments à ceux qui s'opposaient à lui, ces parents convinrent d'une réunion pour s'entretenir entre eux, car ils savaient bien que le roi finirait par venir contre eux. Et ils décidèrent d'apparaître en force au Gula-Thing, afin de rencontrer le roi Olaf Tryggvason et de discuter avec lui. 

    61- Le baptême du Rogaland

    Lorsque le roi Olaf arriva en Rogaland, il rassembla immédiatement le peuple à un Thing. Et lorsque les bondis reçurent le message signal pour le Thing, ils se réunirent tout armés en grand nombre. Lors de cette réunion, ils décidèrent de choisir trois hommes parmi eux, les meilleurs orateurs de tous, qui pourraient répondre au roi Olaf et argumenter avec lui. Et qui seraient capables en particulier de refuser tout ce qui porterait atteinte aux anciennes lois, même si le roi le leur demandait. Lorsque les bondis s'assemblèrent au Thing, et que le Thing commença, le roi Olaf se leva et parla dans un premier temps avec bonne humeur au peuple. Mais ils remarquèrent qu'il voulait qu'ils acceptent le christianisme, sous ses paroles habiles. Et en conclusion, il leur laissa entendre que ceux qui le contrediraient, et ne se soumettraient pas à sa proposition, encourraient son déplaisir et son châtiment, et tout le mal qu'il serait en son pouvoir de leur infliger. Lorsqu'il acheva son discours, un des bondis se leva, qui était considéré comme le plus éloquent, et qui avait été choisi comme celui qui répondrait en premier au roi Olaf. Mais au moment où il allait se mettre à parler, une telle quinte de toux le saisit, et une telle difficulté à respirer, qu'il ne put prononcer un mot, et dut se rasseoir. Un autre bondi se leva, résolu à ne pas laisser le roi sans réponse, puisqu'il en était allé aussi mal avec le précédent. Mais il se mit à bégayer de telle sorte qu'il ne put articuler un mot, et toute l'assemblée se mit à rire, et le bondi s'assit à nouveau. Puis le troisième se leva pour faire un discours contre le roi Olaf. Mais lorsqu'il commença à parler, sa voix fut si enrouée et rauque que nul ne put entendre un mot de ce qu'il disait, et il dut également se rasseoir. Il n'y avait plus personne pour parler parmi les bondis, et comme nul n'avait parlé contre lui, il ne rencontrait aucune opposition. En conséquence, on en arriva à ce que tous soient d'accord avec ce que le roi avait proposé. Les participants au Thing furent donc tous baptisés avant que le Thing ne soit levé.

     

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    Le Thing en Rogaland. H. Egedius.

     

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