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King of nothing, Stratovarius
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LII. Ici les métaphores coïncident, et celui qui interprète le langage de la poésie apprend à distinguer de quel roi il est question ; car il est correct d'appeler l'empereur de Constantinople roi des Grecs, et de même d'appeler le roi qui règne sur la terre de Jérusalem roi de Jérusalem, et aussi d'appeler l'empereur de Rome le roi de Rome, et d'appeler Roi des Angles celui qui gouverne l'Angleterre. Mais la périphrase citée précédemment qui nomme Christ Roi des Hommes pourrait être utilisée pour n'importe quel roi. Il est donc plus correct d'utiliser pour les rois les périphrases suivantes : Dirigeants de la terre, Gardiens de la terre, Conquérants de la terre ou Chefs des guerriers, Gardiens du peuple.
Ainsi chanta Eyvindr Skaldaspiller :
Celui qui nourrit les corbeaux
A été coupé de la vie
Par les Rois de la terre
A Öglo.
Et comme chanta Glúmr Geirason :
Le prince sous son heaume
Fit rougir l'épée aiguisée sur la pierre
Sur les Gots ; alors le Gardien de la terre
Se retrouva dans le vacarme grinçant des lances.
Harald Haarfager Ier de Norvège.
Ainsi que chanta Thjódólfr :
Mon souhait est que le glorieux chef
Des hommes d'armes, au cœur heureux,
Laisse à ses fils l'héritage
Et la terre de son vaste patrimoine.
Comme chanta Einarr :
Le gardien de la terre à l'âme vaillante
Porte le heaume sur sa tête solide ;
Le barde raconte devant les héros
La gloire du roi de Hördland.
Harald Sigurdarson Hardradi III de Norvège, le "dernier viking"
Il est également licite de nommer Christ Roi des roi, puisque les rois lui sont soumis. Un empereur est au-dessus d'un roi, et sous lui est le seigneur qui règne sous un peuple, mais chacun d'entre eux est l'égal des autres dans les périphrases utilisées en poésie. Auprès d'eux sont les hommes nommés comtes ou chefs, et ils sont en métaphore égaux au rois, à part qu'on ne peut leur appliquer la mention d'une nation.
Et ainsi chanta Arnorr Scalde du Comte au sujet du Comte Thorfinnr :
Laissons les hommes écouter comment le roi des comtes
Hardi en esprit, rechercha la mer ;
L'irrésistible seigneur
Ne manqua pas de déjouer l'océan.
A côté de ces figures poétiques existent celles dans lesquelles les hommes sont nommés chefs : on peut utiliser des périphrases pour les qualifier comme s'il s'agissait de rois ou de comtes, en les appelant : dispensateurs d'or, généreux en richesse, hommes des étendards et capitaines des hôtes, ou conducteurs des chars de la bataille ou des rangées de guerriers; en effet, chaque roi dirigeant une nation, régnant sur de nombreuses régions, désigne des rois secondaires et des comtes et les réunit sous son autorité, pour faire appliquer les lois du pays et le défendre contre les attaques jusque dans les zones les plus reculées et les plus éloignées du roi. Et dans ces dernières, ils doivent être considérés comme l'égal du roi lui-même lorsqu'ils rendent la justice et prononcent les peines. Il y a beaucoup de districts dans un seul pays; et c'est l'habitude des rois de nommer au moins autant d'hommes de loi qu'il y a de régions qu'il choisit de mettre entre leurs mains. Ces légataires sont nommés Chefs ou Hommes du pays en langue danoise, récifs (reeves) en saxon et barons en Angleterre. Ils doivent être des juges intègres et des guerriers loyaux pour la contrée qui leur est confiée pour y exercer leur gouvernance. Si le roi n'est pas à proximité, son étendard doit être arboré devant eux dans la bataille ; et ils sont alors des chefs de guerre presque aussi fiables que des rois ou des comtes.
Juste sous eux dans la hiérarchie se trouvent les hommes nommés hommes francs ; ce sont des propriétaires de grandes terres, d'honorable lignage, et riches de nombreuses possessions. On peut utiliser pour les désigner les périphrases suivantes : donateurs de richesse, protecteurs, et conciliateurs des hommes ; les jarls peuvent également porter ces titres.
Rois et comtes ont également dans leur suite des hommes nommés écuyers et uskarls ; les propriétaires terriens ont aussi à leur service des hommes nommés écuyers au Danemark et en Suède, et uskarls en Norvège, et ces hommes prêtent serment de les servir, de la même façon que les écuyers pour les rois. Les uskarls des rois étaient fréquemment nommés écuyers dans l'ancien temps du paganisme.
Ainsi chanta Thorvaldr Scalde Mêlé
Salut, Roi, rapide dans l'assaut !
Et tes uskarls vigoureux avec toi !
Dans leurs bouches, les hommes ont mes vers,
Fait pour une chanson de prière.
Le roi Haraldr Sigurdarson composa ceci :
L'homme plein de puissance attendit
Que soit occupé le siège du roi ;
Souvent j'ai vu, sur les talons du comte,
Des foules de uskarls.
Ecuyers et Uskarls peuvent être désignés sous les termes de Gardes de la Maison, ou troupe de mercenaires, ou hommes d'honneur.
Ainsi chanta Sigvatr :
J'ai appris que la troupe des guerriers mercenaires
Livra cette bataille sur l'eau
Récemment : Ce n'est pas la moindre
Des chutes de neige sur les boucliers dont je parle.
Et ensuite :
Lorsque sur le coursier des haubans
Atterrissait l'acier claquant
Ce n'était plus la même chose que lorsque les servantes
Apportaient l'hydromel des chefs aux vainqueurs de l'honneur.
Le salaire que les chefs donnent à leurs écuyers est nommé gages et dons ; ainsi chanta Óttarr le Basané :
Je dois choisir le Briseur
De la lumière des batailles des hommes courageux :
Ici se tient la veillée vaillante pour la guerre
Des rois sages assemblés.
Les comtes et les chefs et les écuyers sont nommés Conseillers ou Amis du Discours ou Compagnons de banc du roi, comme Hallfredr chantait :
Le conseiller, puissant dans la bataille,
Du Prince, à qui son audace plaît,
Laisse les mauvaises herbes promptes à la querelle de Högni,
Forgées sous le marteau, résonner sur lui.
Comme chanta Snaebjörn :
L'ami du discours du roi laissa
Le cheval de course à la longue coque et au gouvernail encordé
Stabiliser le bec d'acier semblable à une épée
Du vaisseau face aux rudes vagues.
Ainsi chanta Arnórr :
Mes jeunes fils portent pour mon compte
Le profond chagrin pour le meurtre
Du Comte, assassiné par un meurtrier,
Le compagnon de Banc du monarque.
On peut utiliser également la périphrase : ami du conseil royal. Ainsi chanta Hallfredr:
Il fut décidé en conseil
Que l'ami du roi, sage dans ses avis,
Devrait épouser la Terre, seule fille
D'Onarr, verte et boisée.
On peut également désigner l'homme par sa famille ; ainsi chanta Kormákr :
Que le fils du véritable ami de Harald
Prête l'oreille, et m'écoute :
J'élève ma chanson, le courant d'écume
Des monstres couverts de neige pour Sigurd.
Il nomme le Comte véritable ami du roi, et Hakon, fils du Comte, Sigurd.. Et Thjódólfr chanta également, au sujet d'Haraldr :
Autour du seigneur d'Olaf
A grandi la colère de la tempête des couteaux d'acier,
Puisque chaque acte de courage
Est digne de la récompense de la gloire.
Et encore :
Jarisleif put distinguer
La route empruntée par le roi :
Le courageux fils du saint seigneur
Vainquit par d'ardentes prières.
Et ensuite :
Il avait le souffle coupé,
Celui qui porta avant tout la récompense, ---
Du magnanime parent des chefs,
Le fils du frère de Haraldr.
Arnorr chanta aussi, dans la chanson de prière de Rögnvaldr :
Le parent d'Heiti, preux à la guerre,
Devint mon parent par son mariage ;
Le lien très fort du mariage du Comte
Nous restitua notre honneur.
Et encore, au sujet du Comte Thorfinnr, il chanta :
Les épées bien affûtées mordirent vivement
Le descendant du vieux Rögnvaldr, dans le sud
De la terre des hommes, où se ruèrent les robustes guerriers
Sous le cerclage protecteur des boucliers.
Et plus loin :
O Dieu, garde le glorieux
Et le meilleur des fils du grand Einarr
De tout dommage ; je prie, sois miséricordieux
Pour lui, aimé de ses chefs fidèles.
Et Einarr Ecaille-Sonore chanta :
Le pilier de la maison familiale
De Hilditönn ne manque pas
De hardiesse plus que généreuse :
Je persiste dans ma louange."
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Ce texte est la première partie d'un couple de poèmes nommé Svipdagsmal (les Dits de Svipdag), le second étant le Fjölvinnsmal.
Il est très intéressant de comparer l'usage protecteur que fait Groa des runes avec la magie noire et maléfique des imprécations de Busla. Le Grogaldr est le pendant du Busluboen, et dans ces deux textes, seule l'intention de l'incantatrice change. La magie runique est donc à double tranchant, et Groa semble spécialisée dans le soin et la protection : ce fut elle qui aida Thor après son combat contre Hrungnir. A noter, la ressemblance de certains des Galdr de Groa avec ceux que décrit Odin dans la dernière partie des Havamal.
L'incantation de Groa
Traduction de Régis Boyer modifiée par une traduction de la version anglaise de H.A. Bellows
Svipdagr chante :1. «Eveille-toi, Groa, éveille-toi, excellente mère,
Je t’appelle depuis les portes de la mort,
Rappelle-toi que tu prias ton fils
De quérir ton aide auprès du tertre funéraire.»
"Eveille-toi, excellente mère !" J. Bauer / L. Frolich
Groa chante :
2. «Quel souci mon fils unique a-t-il sur le cœur ?
Qu’est-ce qui cause ton malheur,
Pour que tu appelles ta mère, devenue poussière,
Et qui a quitté le monde des vivants ?»
Svipdagr chante :
3. «La maléfique femme que mon père prit dans ses bras
M'imposa un jeu funeste ;
Elle m'ordonna d'aller où personne ne va jamais
Chercher la jeune fille Mengloth.»
Groa chante :
4. «Long est le voyage, longtemps tu devras errer,
Mais durable aussi est l'amour ;
Il se pourrait que par chance tu obtiennes ce que tu désires
Si les Nornes t'accordent leur faveur !»
Svipdagr chante :
5. «Psalmodie pour moi les incantations les plus secourables,
Prends ton fils, mère, sous ta protection ;
Je ne voudrais pas périr sur ce chemin,
Je me trouve trop jeune en années.»
Groa chante :
6. «Voici que pour toi j’incante en premier lieu le charme fort utile,
Qu’incanta Rani pour Rind -,
Jette par-dessus ton épaule ce qui te semble funeste,
Tu seras toi-même ton propre secours.
7. Voici que pour toi j’incante en deuxième lieu : si tu dois errer
Sur des chemins sans but,
Que les verrous d’Urdr te gardent de tous côtés
Sur les routes que tu prendras.
8. Voici ce que pour toi j’incante en troisième lieu : si les fleuves menaçants
Mettent ta vie en péril :
Que Hrönn et Ud se détournent jusque chez Hel
Et décroissent toujours devant toi.
9. Voici ce que pour toi j’incante en quatrième lieu : si tes ennemis se tiennent
Prêts contre toi sur le chemin des potences,
Que leur cœur se dépose entre tes mains
Et que les guerriers désirent la paix.
10. Voici ce que pour toi j’incante en cinquième lieu : si d'aventure des fers
Se referment sur tes bras et tes jambes,
Je chante une incantation de délivrance pour tes membres,
Et tombent alors les chaînes de tes bras, et de tes pieds, les entraves.
11. Voici ce que pour toi j’incante en sixième lieu : même si les tempêtes marines
Dépassent tout ce qu'on en connaît,
Que jamais vent ou vagues ne te blessent,
Et que soit paisible la course de ton navire.
12.Voici ce que pour toi j’incante en septième lieu : si le froid
T'assaille et te menace de mort dans la haute montagne,
Que la mortelle froidure ne puisse atteindre ta chair
Et que ton corps reste intact.
13. Voici ce que pour toi j’incante en huitième lieu : si tu dois voyager de nuit
Sur des sentiers de ténèbres,
Que jamais la malédiction d'une chrétienne défunte
Ne t'atteigne par-delà sa mort.
14. Voici ce que pour toi j’incante en neuvième lieu : si tu te querelles
En paroles avec un géant armé pour la guerre,
Que les mots appropriés parviennent à suffisance
A ta bouche et à ton cœur.
15. Maintenant, emprunte le chemin où le danger attend,
Ne laisse jamais les tourments amoindrir ton amour !
Je suis restée au seuil des pierres fichées en terre
Pendant que je chantais ces charmes pour toi.
16. Emporte là-bas, mon fils, les paroles de ta mère,
Qu'elle demeure en ton cœur ;
La meilleure des destinées sera la tienne
Tant que tu te rappelleras mes paroles.»
Groa incante pour Svipdag. Collingwood.
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LIII. ''- Comment traite-t-on des termes impliqués dans la poésie ?''
"- En appelant chaque chose par son nom propre."
"- Quels sont les termes les plus simples pour Poésie ?"
"- On la nomme poésie, chant de gloire, louange et prière."
Bragi l'Ancien chanta ceci, alors qu'il voyageait à travers une forêt tard dans la soirée: une femme troll le héla en vers, en demandant qui passait :
Les trolls me nomment
------ de la Lune
------ du géant,
Balle du soleil de la tempête (?)
Compagne de misère de la Sibylle
Gardienne de la terre ceinte de l'anneau,
Dévoreuse annulaire des cieux,
Qu'est-ce qu'un troll à part cela ?
Il répondit donc :
Les scaldes me nomment
Artisan des formes de Vidurr,
Distributeur des cadeaux de Gautr,
Barde habile,
Porteur de la bière d'Ygg,
Arrangeur de chansons,
Adroit forgeron des vers,
Qu'est-ce qu'un scalde à part cela ?
Et comme chanta Kormakr :
C'est pour le grand fils de Hakon,
Que je chante, et de très loin, le plus de louanges :
Je lui paie le tribut poétique
Des dieux. Thor était assis dans son char.
Et comme chanta Thórdr Kolbeinsson :L'érable au bouclier laissa de nombreux vaisseaux
Et les navires marchands, et les rapides
Bateaux de guerre prendre la mer ;
Le scalde étire son chant d'éloge.
Louange, comme chanta Úlfr Uggason :
Maintenant les rivières viennent à la mer.
Mais auparavant, j'ai chanté la louange
Du messager de la pluie d'épées :
Alors j'entonne la prière des guerriers.
Ici, la poésie est aussi nommée prière.
L'enseignement du scalde. Engerlhard.
LIV."- Comment sont nommés les dieux ?
On les appelle Fers ou Entraves comme chanta Eyjólfr le Scalde Vaillant :
Eiríkr attire les terres à lui
Au plaisir des Entraves,
Et modèle les batailles de lances.
Et Cordes, Liens, comme chanta Thjódólfr de Hvin:
Habile à mystifier les dieux
Il se montra avec les Cordes rude dans le partage
Des os ; la tête encapuchonnée d'un heaume,
Il vit les Puissances bouillir de rage.
Puissances, comme chanta Einarr Ecaille-Sonore
Je dis que les Puissances influentes
Favorisent l'empire de Hakon.
Jolnar (Odin), comme chanta Eyvindr:
Nous avons organisé
La fête de Jolnar,
La chanson de prière du Prince,
Solide comme un pont de pierre1.
Divinités, comme chanta Kormákr :
Le Donneur de Terres, qui lie
La voile au sommet du mât avec un lien d'or
Honore celui qui déverse l'hydromel de la poésie des divinités.
Odin forgea des charmes pour Rind."
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Svipdag a voyagé sans encombres grâce à sa mère Groa, et arrive devant une demeure qui pourrait bien être celle de sa belle, mais qui est gardée de différentes manières.Probablement le texte le plus romantique de l'Edda Poétique avec le Sigdrifumal.
Traduction de la version anglaise de H.A. Bellows
17. Depuis le seuil de la maison, il vit venir quelqu'un
Vers la demeure des grands thurses.
Svipdag parla :
''Quel géant est-ce là, face à cette maison / Entourée de foyers allumés ?''
Svipdag et Fjolvinn. L. Frolich / J. van Stassen
18. Fjolvinn parla :
''Que cherches-tu ici ? A quoi tendent tes recherches ?
Qu'est-ce que, tu voudrais savoir, toi qui es sans compagnons ?
Par ces routes détrempées, faut-il donc que tu erres,
Car, gringalet, tu n'as pas de foyer par ici ?''
19. Svipdag parla :
''Quel géant est-ce là, devant la maison, / Qui dénie la bienvenue au voyageur ?''
Fjolvinn parla :
''Nulle part tu ne trouveras une pleine bienvenue / A moins que tu ne regagnes ton propre logis.
20. Je suis Fjolvinn, et on me dit savant, / Mais je suis économe avec la nourriture ;
Tu n'entreras jamais sous mon toit. / Poursuis ton chemin comme un loup.''
21. Svipdag parla :
''Peu ont les yeux brillants de joie / Lorsqu'ils aspirent à trouver leurs aimées ;
Les portes de la halle d'or sont éblouissantes, / Et je devrais jouir d'une demeure ici.''
22. Fjolvinn parla :
''Dis-moi maintenant, homme, qui fut ton père, / Et les ancêtres dont tu descends.''
Svipdag parla :
"Je suis Vindkald, fils de Varkald, / Et Fjolkald était son père.1
Réponds maintenant, Fjolvinn, à la question que je pose, / Car je voudrais à présent connaître la vérité.
Qui est celui qui possède et dirige pour son propre usage / Cette halle si magnifique ?''
23. Fjolvinn parla :
''Elle se nomme Mengloth, sa mère la mit au monde / Pour le fils de Svafrthorin;
C'est elle qui possède et dirige pour son propre usage / Cette halle si riche.''
24. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Comment s'appelle cette porte-là ? Parce que parmi les dieux,
Personne n'a jamais vu su spectacle si sinistre.''
25. Fjolvinn parla :
''Ils la nomment Thrymgjol2 ; elle a été faite par les trois, / Les fils de Solblindi3 ;
Et rapide comme un piège, se referme sur le voyageur, / Qui que ce soit qui soulève le loquet.''
26. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Comment appellent-ils cette demeure-là ? Parce que parmi les dieux,
Personne n'a jamais vu spectacle si sinistre.''
27. Fjolvinn parla :
''Elle se nomme Gastropnir4, je l'ai bâtie voilà longtemps / Des membres de Leirbrimir5 ;
Je l'ai si bien fortifiée qu'elle durera au moins aussi longtemps / Que le monde.''
28. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Comment appellent-ils cet arbre dont les branches s'étendent
Au-dessus de tous les pays ?''
29. Fjolvinn parla :
''Il se nomme Mimameith6, et nul ne sait
Quelle racine court en dessous ;
Et nul ne sait ce qui peut faire tomber l'arbre,
Car ni le feu ni le fer ne peuvent l'abattre.''
30. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Quel genre de fruit donne cet arbre si grand
Que ni feu ni fer ne peuvent abattre ?''
31. Fjolvinn parla :
''Les femmes malades de l'enfantement doivent chercher
Son fruit pour le donner aux flammes
Ensuite apparaîtra ce qui est caché dedans
Et qui est si puissant pour les hommes.''
32. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Qu'est-ce que ce coq, là, sur la plus haute branche,
Qui brille de tout son or ?''
33. Fjolvinn parla :
"Vithofnir7 est son nom et il brille maintenant
Comme l'éclair au-dessus des branches de Mimameith ;
Et grand est le souci dont il désole
Strophes perdues ?
35. Svipdag parla :''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Comment appelle-t-on les chiens qui devant la demeure
Se tiennent, si féroces et agressifs ?''
36. Fjolvinn parla :
''On les nomme l'un Gif et l'autre Geri, / Je sais quelle vérité tu voudrais apprendre ;
Ils sont grands, et leur puissance va croître / Jusqu'à ce que les dieux soient voués à la mort.''
37. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Se peut-il qu'un homme puisse entrer dans la demeure,
Pendant que les chiens affamés sommeillent ?''
38. Fjolvinn parla :
''Ils ne dorment jamais en même temps, ce qui a été décidé
Lorsque la garde de la demeure leur a été confiée.
L'un dort la nuit, l'autre le jour,
Ainsi, nul ne peut jamais entrer.''
39. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
N'y a-t-il aucune nourriture qu'on puisse leur donner
Pour se faufiler tandis qu'ils se repaissent ?''
40. Fjolvinn parla :
''Il faudrait que ce soit les ailes de Vithofnir,
Si c'est la vérité que tu veux connaître :
C'est la seule viande qu'on pourrait leur donner
Afin de se faufiler pendant qu'ils s'en repaissent.''
41. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Quelle arme peut envoyer Vithofnir visiter
La demeure souterraine de Hel ?''
42. Fjolvinn parla :
''Lævatein est là-bas, que Loptr avec des runes
Enchanta aux portes de la mort ;
Il est chez Sinmora, sur la poitrine de Laegjarn9,
Et neuf verrous le tiennent attachés solidement.''
43. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Peut-on se rendre là-bas
Et tenter de prendre l'épée.''
44. Fjolvinn parla :
''On peut se rendre là-bas,
Et essayer de prendre l'épée,
Si on emporte avec soi, ce que peu d'hommes peuvent gagner,
Un cadeau à donner à la déesse de l'or.''
45. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Quel cadeau peut emmener un homme
Pour agréer à la pâle géante ?''
46. Fjolvinn parla :
''Emporte dans ton bagage la brillante faucille10
Trouvée parmi les plumes de Vithofnir :
Donne-la à Sinmora, elle devra t'accorder
Que l'arme te reviendra.''
47. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Quel nom donne-t-on à la halle, ici environnée
De dansantes flammes magiques ?''
18. Fjolvinn parla :
''On la nomme Lyr11, et elle devrait rester longtemps
Sur la pointe vacillante d'une lance ;
De cette noble demeure, les hommes ont entendu parler,
Mais aucun n'en a su plus.''
49. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Lequel des dieux a bâti aussi grande
La halle devant laquelle je me trouve ?''
50. Fjolvinn parla :
''Uni et Iri, Bari et Jari,
Var et Vergdrasil
Dori et Ori, Delling, et là
Se tenait Loki, la terreur du peuple.''
51. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Comment nomme-t-on cette montagne sur laquelle la jeune fille
Si adorable à regarder est étendue ?''
52. Fjolvinn parla :
''Il s'agit de Lyfjaberg12, qui sera encore longtemps
Une joie pour les malades et les blessés ;
Toute femme qui grimpe ici s'en trouvera mieux,
Quel que soit le temps où elle aura git, dolente.''
53. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Qui sont ces jeunes filles qui aux genoux de Mengloth
Sont assises, si joyeuses ensemble ?''
Mengloth et les neuf vierges. Frolich.
54. Fjolvinn parla :
''Hlif est le nom de l'une d'elle, l'autre est Hlifthrasa
Et la troisième se nomme Thjothvara ;
Bjort et Bleik, Blith et Frith,
53. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Aident-elles chacun qui offre un cadeau,
S'il a besoin d'aide ?''
54. Fjolvinn parla :
''Sont aidés bientôt tous ceux qui déposent une offrande
Sur les saints autels élevés ;
Et si elles perçoivent un danger pour les fils des hommes,
Elles protègent chacun de ce qui est mauvais.''
55. Svipdag parla :
''Maintenant, réponds, Fjolvinn, à la question que je pose,
Parce que je veux à présent connaître la vérité :
Vit-il là, l'homme qui cherche le repos
Entre les bras blancs de Mengloth ?''
Mengloth-Freya. Jenny Nystrom.
56. Fjolvinn parla :
"Aucun homme ne cherche le repos
Entre les bras de Mengloth,
A part le seul Svipdag, puisque la vierge brillante de soleil
Est destinée à être son épouse.''
57. Svipdag parla :
''Qu'on ouvre les portes ! Qu'on élargisse le passage !
Ici, tu peux voir Svipdag !
Retire-toi donc pour voir si bientôt
Mengloth me donnera le bonheur.''
58. Fjolvinn parla :
''Ecoute, Mengloth, un homme est venu ;
Viens voir ton invité !
Les chiens font des courbettes, la grille s'ouvre grande,
Je crois bien que Svipdag est là.''
59. Mengloth parla :
''Sur les hautes potences les corbeaux affamés
T'arracheront bientôt les yeux
Si tu mens en disant qu'enfin
Le héros est venu à ma halle.
60. D'où es-tu venu jusqu'ici ? Comment y vins tu ?
De quel nom te nomment les tiens ?
Ta famille et ton nom je dois reconnaître comme un signe
Que tu es celui dont je dois devenir l'épouse.''
61. Svipdag parla :
''Je suis Svipdag, fils de Solbjart14 ;
Je vins ici par les chemins battus par les blizzards ;
Contre les mots de Urd aucun homme ne devrait lutter,
Quoique non mérités, ses dons lui seront accordés.''
Mengloth parla :
''Bienvenue sois-tu, j'ai attendu si longtemps,
Tu dois gagner le baiser de bienvenue !
Pour deux amoureux, la rencontre tant attendue
Est la plus grande de toutes les joies.
Longtemps je suis restée assise ici, sur Lyfjaberg
T'attendant jour après jour
Et maintenant, j'ai ce que j'ai toujours voulu
Puisque tu es enfin venu jusqu'à ma halle.
Nous avons soupiré de la même façon, je t'ai attendu,
Et toi tu as aspiré à mon amour :
Mais maintenant, à partir d'aujourd'hui, nous savons
Que nous vivrons ensemble notre vie jusqu'à la fin."
1 Vindkald: vent froid, Varkald, froid du printemps, et Fjolkald très froid: Svipdag essaie apparemment de persuader Fjolsvinn qu'il appartient à la race des géants du givre.
7 Serpent de l'arbre. Il s'agit apparemment aussi de Gollinkambi et Fjalar (Voluspa). Il surveille en permanence les faits et gestes des géants et donnera la première alarme lors de Ragnarok.
Svipdag et Mengloth. Collingwood / Stassen.
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