-
Par Thordruna le 1 Avril 2011 à 08:11
Il advint un soir, alors que Signy était assise dans ses appartements, que vint à elle une sorcière extrêmement experte en magie, et Signy lui parla en ces termes :
"- Je crois, dit-elle, que nous devrions échanger nos apparences ".
Elle répondit : "- Qu'il en soit ainsi que vous le souhaitez ".
Alors, par son savoir, elle fit en sorte qu'elles échangèrent leurs apparences, et la sorcière prit la place de Signy suivant sa volonté, et rejoignit le roi au lit cette nuit-là, sans qu'il ait le moindre soupçon qu'une autre que Signy était à ses côtés.
L'histoire raconte que Signy se rendit à la maison de terre de son frère, et le pria de lui accorder l'hospitalité pour la nuit:
"- Je me suis perdue dans cette forêt étrangère, et je ne sais pas où aller ".
Alors il répondit qu'elle pouvait rester, et qu'il ne refuserait pas l'hospitalité à une femme seule, espérant qu'elle ne lui revaudrait pas cette faveur en trahissant sa présence. Elle entra alors dans la maison, et ils partagèrent un repas de viande, et les yeux de Sigmund se posaient souvent sur elle, tant elle lui semblait belle et séduisante. Lorsqu'ils eurent fini de manger, il lui dit qu'il voulait qu'elle partage aussi son lit cette nuit. Elle ne déclina pas la proposition, et trois nuits de suite, il la garda dans son lit.
Ensuite, elle rentra chez elle, et y retrouva la sorcière, et lui ordonna que chacune recouvrît sa forme. Il en fut ainsi.
Le temps passant, Signy donna naissance à un enfant mâle, qui fut nommé Sinfjotli, et lorsqu'il grandit, il devint à la fois grand et fort, et de visage agréable, semblable en tout aux descendants de Volsung. Il avait à peine dix hivers lorsqu'elle l'envoya à la maison de terre de Sigmund. Mais cette épreuve qu'elle avait imposée à ses autres fils lorsqu'elle les avait envoyés à Sigmund, de leur coudre des gants sur les mains en perforant aussi la chair et la peau, s'était soldée pour eux par des cris de douleur et des pleurs. Elle recommença sur Sinfjotli, dont la contenance ne changea en rien. Alors elle déchira en plus sa tunique de manière que des lambeaux de peau vinssent aussi avec les manches, et déclara que c'était assez de tourment pour lui.
Mais il dit : "- Volsung aurait bien peu ressenti une si petite blessure."
Alors le garçonnet se rendit chez Sigmund, et Sigmund lui demanda de préparer leur repas, pendant qu'il irait chercher du bois pour le feu. Il lui donna le sac à provisions, et s'en fut dans la forêt, et lorsqu'il revint, Sinfjotli avait terminé de pétrir le pain. Alors Sigmund lui demanda s'il avait trouvé quelque chose dans le sac.
"- Je me suis douté qu'il y avait quelque chose de vif dans le sac lorsque je l'ai ouvert pour pétrir la farine, mais j'ai tout malaxé ensemble, le pain et ce qu'il y avait là-dedans, quoi que ce fût."
Alors Sigmund éclata de rire, et dit : "- Tu ne dois pas manger de ce pain ce soir, car tu y as mélangé le plus dangereux des serpents."
Car Sigmund était si vigoureux qu'il pouvait absorber du poison et n'en être point affecté, mais Sinfjotli, quoique non atteint par quelque venin que ce fut le touchant de l'extérieur par la peau, ne pouvait en manger ou en boire.
votre commentaire -
Par Thordruna le 5 Avril 2011 à 07:53
Seven days to the wolves, Nightwish
__________________________________
La légende raconte que Sigmund trouva Sinfjotli encore trop jeune pour l'aider dans sa vengeance, et décida qu'il devait d'abord l'endurcir par des actes virils. Alors, en été, ils arpentèrent la forêt et tuèrent des hommes pour leurs richesses. Sigmund était persuadé que Sinfjotli descendait bien sûr de la lignée de Volsung, mais il supposait, Siggeir étant son père, qu'il avait le cœur mauvais de ce dernier, en plus de la puissance et de l'audace des Volsungs. Il se gardait donc de trop le considérer comme son parent, car très souvent il remettait en mémoire de Sigmund ses griefs, et ce dernier l'incita vivement à l'aider à tuer Siggeir.
Après pas mal de temps passé à assembler des richesses dans la forêt, ils trouvèrent dans une maison deux hommes endormis qui possédaient un grand nombre d'anneaux d'or. Ces deux frères étaient des changeurs de forme prisonniers d'une malédiction, et des peaux de loups pendaient au-dessus d'eux dans la maison. Tous les dix jours, ils devaient sortir revêtus de ces peaux. Ils étaient des fils du roi. Alors Sigmund et Sinfjotli se vêtirent de ces peaux, et ne purent plus en sortir, bien qu'ils se sentissent de même nature qu'auparavant. Ils hurlaient comme des loups, mais comprenaient tous deux la signification de ces hurlements. Ils allèrent chacun de son côté dans la forêt, mais prêtèrent serment entre eux de trouver sept hommes à affronter, mais pas plus, et que le premier à les trouver devrait hurler à la manière des loups :
"- Suis bien ces instructions, dit Sigmund, car tu es jeune et de bel aspect, et les chasseurs se féliciteraient de l'aubaine, s'ils te prenaient."
Chacun suivit son propre chemin, et lorsqu'ils se furent séparés, Sigmund trouva des hommes, et émit un hurlement de loup. Dès que Sinfjotli l'entendit, il rappliqua, et les tua tous, et ils se séparèrent à nouveau. Mais, alors que Sinfjotli s'était beaucoup éloigné dans la forêt, il rencontra onze hommes, et les tua tous, se montrant fort imprudent avec eux en agissant de la sorte. Il se glissa sous un chêne pour se reposer. Alors vint Sigmund, qui demanda :
"- Pourquoi ne m'as-tu pas appelé ?"
Sinfjotli répondit : "- Je n'ai pas pris la peine de t'appeler pour me défaire de onze hommes seulement."
Alors Sigmund se rua sur lui si violemment qu'il chancela et tomba, et il le mordit à la gorge.
Il le mordit à la gorge. Frolich.
Le jour n'était pas encore venu où ils pourraient enlever leurs peaux de loups, mais Sigmund prit son compagnon sur son dos et le mit à l'abri, et maudit la race des loups et les voua aux trolls. Il observa plus tard deux belettes, et comment l'une sauta à la gorge de l'autre et la mordit, puis se précipita dans un buisson d'où elle revint avec une feuille, qu'elle posa sur la poitrine de l'autre. Son compagnon se releva immédiatement, tout à fait guéri. Alors Sigmund sortit de son refuge, et vit voler vers lui un corbeau tenant dans son bec une feuille de la même sorte de plante. Alors il la prit, et l'appliqua sur la blessure de Sinfjotli, qui se releva tout de suite, intact comme s'il n'avait jamais été blessé. Ils rentrèrent à leur maison de terre, et y restèrent ensemble jusqu'à ce que vint le jour où ils purent enlever leurs peaux de loups. Alors ils les brûlèrent, et prièrent pour qu'aucune autre blessure ne soit jamais infligée à l'un d'eux par l'autre. Mais sous ce déguisement, ils avaient accompli des hauts-faits maintenant célèbres dans le royaume du roi Siggeir.
A présent que Sinfjotli était parvenu à l'état d'homme, Sigmund considéra qu'il l'avait suffisamment éprouvé et que depuis très longtemps, il aiguillonnait son esprit vers la vengeance de son père. Il était temps d'agir. Alors, un jour, les deux hommes quittèrent leur maison de terre, et arrivèrent à la demeure de Siggeir tard dans la soirée. Ils pénétrèrent sous le porche d'entrée de la halle, là où étaient stockés les tonneaux de bière, et s'y tinrent cachés. La reine fut informée de leur présence, de l'endroit où ils se trouvaient, et désira les rencontrer. Et lorsqu'ils se virent, ils tinrent conseil et décidèrent d'une seule âme de venger Volsung cette nuit-même.
Signy et le roi avaient deux enfants d'âge tendre, qui s'amusaient avec des jouets d'or à même le sol, les faisant rouler sur les dalles de la halle et courant à côté. Mais un de ces anneaux d'or, cahotant, rebondit jusqu'à l'endroit où se tenait Sigmund et Sinfjotli, et le petit enfant courut après de même pour le récupérer, et se retrouva face à deux hommes assis, grands, effrayants à regarder, avec des heaumes sur la tête et des cuirasses blanches et brillantes. Alors il se hâta de traverser la halle vers son père, et lui raconta ce qu'il avait vu, et le roi pensa qu'il lui débitait quelque invention pour lui en faire accroire. Mais Signy entendit leur conversation, se leva, rassembla les deux enfants, les amena sous le porche et dit :
"- Regardez ! Ces petits vous ont trahis. Approchez-vous et tuez-les."
Sigmund répondit :
"- Je ne tuerai jamais ces enfants pour avoir dit où je me cachais."
Mais Sinfjotli en fit peu de cas, tira son épée et les exécuta, et les jeta dans la halle aux pieds de Siggeir.
Le roi se leva alors, et cria à ses hommes de se saisir de ceux qui s'étaient introduits secrètement sous le porche à la faveur de la nuit. Ils se précipitèrent, et voulurent les capturer, mais les deux héros se tinrent fermement et bravement sur la défensive, et conservèrent longtemps l'avantage. Puis ils furent submergés par le nombre de leurs assaillants, et pris. Ligotés, ils furent mis aux fers où ils restèrent toute la nuit.
Siggeir se demanda quelle pourrait être la plus longue et la pire des morts pour eux deux. Quand vint le matin, il fit élever un tumulus de pierre et d'herbes, et lorsque ce fut fait, il fit placer une haute dalle de pierre plate au milieu, de façon à ce qu'un des bords soit au plafond et l'autre sur le sol, et si grande qu'elle allait de mur à mur. Ainsi, nul ne pourrait passer d'un côté à l'autre.
Puis il demanda à ses gens d'amener Sigmund et Sinfjotli et de les placer sur le tumulus, chacun d'un côté de la pierre, parce qu'il pensait que le pire pour chacun d'eux serait d'entendre les paroles de l'autre, mais sans qu'aucun objet ne pût passer de l'un à l'autre.
A présent que les serviteurs couvraient le tumulus de chaumes, Signy s'en approcha, portant une brassée de foin, et la jeta près de Sinfjotli, et ordonna aux esclaves d'en garder le secret auprès du roi. Ils acquiescèrent puis le tumulus fut barricadé.
Mais lorsque la nuit tomba, Sinfjotli dit à Sigmund :
"- Apparemment, nous n'aurons pas besoin de viande pendant un moment, vu que la reine a envoyé de ce côté du bûcher un jambon bien enveloppé dans du foin." Ce disant, il prit le jambon et trouva dedans, cachée, l'épée de Sigmund. Il la reconnut à ses quillons, aussi noirs que s'ils avaient été au feu, et le dit à Sigmund. Et ils furent tous deux très contents de cette nouvelle.
Sinfjotli guida la pointe de l'épée bien haut dans la grande dalle, et la tira vers le bas, et l'épée mordit dans la pierre. Sigmund put ainsi la saisir par la pointe, et de cette manière, ils scièrent la dalle entre eux, sans s'arrêter jusqu'à ce que ce qui devait être scié le fut, ainsi que le chante la chanson :
"Sinfjotli scia,
Et Sigmund scia,
Les deux ensemble,
La pierre fut tranchée."
Ainsi, ils étaient tous deux libres du tumulus, et ils eurent tôt fait de trancher à travers la pierre et le fer, et de se glisser à l'extérieur. Alors ils retournèrent à la halle, où tout le monde dormait, et y amenèrent du bois avant d'y mettre le feu. A l'intérieur, tous furent réveillés par la fumée et la halle en flammes au-dessus de leurs têtes.
Alors le roi cria :
"- Qui a mis le feu ? Je brûle aussi ?
- C'est moi, répondit Sigmund, avec Sinfjotli, fils de ma sœur, et nous sommes soucieux que tu saches bien que tous les Volsungs ne sont pas encore morts."
Puis il pria sa sœur de sortir, et de recevoir de grands biens de ses mains, et d'être tenue en haute estime, et de profiter de cette manière d'un dédommagement pour tous ses chagrins.
Mais elle répondit :
"- Prenez garde, maintenant, et prenez en compte que j'ai toujours gardé rancune à l'endroit du roi Siggeir, et de la façon dont il a tué le roi Volsung ! J'ai fait tuer deux de mes fils, que je jugeai sans valeur pour venger notre père, je vins à toi dans les bois sous les traits d'une enchanteresse : et maintenant, regarde, Sinfjotli est notre fils, à toi et à moi. Et il est tellement hardi et féroce parce qu'il est à la fois le fils du fils de Volsung et de la fille de Volsung. Et c'est pour cette raison, et nulle autre, que j'ai tant œuvré, afin que Siggeir rencontre son malheur à la fin. Et toutes ces choses que j'ai faites pour accomplir ma vengeance devaient lui retomber dessus, et maintenant, je ne vais plus vivre très longtemps. Je vais à présent mourir avec joie en compagnie du roi Siggeir, bien que n'ayant jamais été heureuse en tant que son épouse."
Elle embrassa Sigmund son frère, et Sinfjotli, et retourna dans l'incendie, où elle mourut avec le roi Siggeir et ses hommes.
Les deux parents rassemblèrent le peuple et les vaisseaux, et Sigmund retourna vers le pays de son père, et en chassa ceux qui s'étaient installés comme rois à la place du roi Volsung. Alors Sigmund devint roi, un des plus réputés, sage et d'une grande élévation d'esprit. Il prit une femme nommée Borghild, en eut deux fils qu'ils nommèrent l'un Helgi1 et l'autre Hamund. Et lorsque Helgi naquit, les Nornes vinrent à lui et lui parlèrent, et lui dirent qu'il était temps que vienne le plus renommé de tous les rois. A ce moment, Sigmund était de retour chez lui après la guerre, et lui donna pour cette raison le nom de Helgi, et ce qui suit pour héritage : le Pays des Anneaux, la Colline illuminée de soleil et l'épée au tranchant acéré, et il pria pour qu'il grandisse en renom dans la droite ligne de la race de Volsung.
Ainsi, il grandit et son esprit s'éleva, et il fut bien-aimé, et supérieur à tous les autres hommes par ses prouesses. Et l'histoire raconte qu'il partit à la guerre lorsqu'il fut âgé de quinze hivers. Helgi était le seigneur et le commandant de l'armée, mais Sinfjotli avait obtenu d'être son compagnon. Les deux hommes commandaient ensemble.
1 voir aussi les Helgakvitha Hundingsbana
votre commentaire -
Par Thordruna le 9 Avril 2011 à 08:40
... Hodbrod et conquit son royaume, et épousa Sigrun.
La légende conte à présent que Helgi guerroya contre le grand roi Hunding, un souverain puissant, seigneur de bien des hommes et gouvernant de nombreux pays ; ils combattirent l'un contre l'autre, et Helgi y fit la démonstration de sa force si bien qu'à la fin, il remporta la victoire. Le roi Hunding était tombé, et nombre de ses guerriers avec lui. La gloire d'Helgi en fut considérablement augmentée, puisqu'il avait abattu un si grand roi.
Les fils de Hunding rassemblèrent alors une puissante armée pour venger leur père. De rudes batailles eurent lieu entre eux, mais Helgi traversa les rangs des hommes de ces frères, et parvint jusqu'à leur bannière, et tua ces fils de Hunding, Alf et Eyolf, Herward et Hagbard, et remporta encore une grande victoire.
Alors que Helgi se retirait du champ de bataille, il croisa nombre de femmes fort belles et agréables à regarder, qui voyageaient en noble équipage. Mais l'une d'elles les surpassait toutes. Helgi leur demanda le nom de cette dame, leur reine, et elle répondit elle-même se nommer Sigrun, et dit qu'elle était la fille du roi Hogni.
Helgi et Sigrun. Johannes Gehrts.
Ensuite, Helgi lui proposa :
"- Accompagnez-nous en ma demeure. Vous y recevrez bon accueil ! "
La fille du roi répondit :
"- Nous avons d'autres devoirs à accomplir que boire en votre compagnie. "
"- Et ce devoir est, fille de roi ?" dit Helgi.
"- Le roi Hogni m'a promise à Hodbrod, fils du roi Granmar, mais j'ai fais le vœu qu'il sera mon époux autant que s'il était fils d'un corbeau et non d'un roi. Et cependant, cet événement va se produire, mais si tu t'interposes et lèves contre lui une armée, tu pourras m'emmener au loin avec toi. Car en vérité, je ne vois pas sur quel roi je puis compter, à part toi."
"- Alors retrouve ta bonne humeur, fille de roi, dit-il, car lui et moi agirons de la sorte, ou bien tu lui seras donnée ; oui, nous saurons lequel prévaudra contre l'autre, et je m'y engage sur ma vie."
Helgi et Sigrun. Robert Engels
Ensuite, Helgi envoya des hommes avec de l'argent dans leurs mains pour rassembler son peuple autour de lui, et toutes ses forces furent appelées ensemble à Red-Berg. Helgi résida là jusqu'à ce qu'une grande armée le rejoigne depuis Hedinsey, et en même temps vint une puissante force depuis Norvi Sound à bord de grands et solides navires. Alors le roi Helgi appela le commandant de sa flotte, qui était le noble Leif, et lui demanda de lui décrire l'état de son armée.
" - C'est difficile à dire, Seigneur, répondit-il, sur les bateaux venus de Norvi Sound se trouvent douze mille hommes, et d'ailleurs, encore la moitié. "
La flotte du roi Helgi
Ensuite, le roi Helgi leur ordonna d'entrer dans l'estuaire, nommé estuaire Varin, et ils le firent. Mais alors s'abattit sur eux une si féroce tempête et une mer si forte que le battement des vagues sur les ponts et dans les gréements était aussi terrible à écouter que l'effondrement de hautes falaises.
Pourtant, Helgi dit à ses hommes de ne rien craindre, et de ne pas affaler les voiles, mais plutôt de les amener plus haut que jamais. Ils manquèrent de peu de sombrer, ou d'être drossés sur la terre, mais Sigrun, fille du roi Hogni, arriva sur la plage avec une grande armée et les guida de là à un havre nommé Gnipalund. Alors les habitants de ces terres les virent, et se précipitèrent vers le rivage. Le parent du roi Holbrod, seigneur d'une terre nommée Cairn de Swarin, cria dans leur direction et demanda qui était le commandant d'une si grande armée. A l'avant se tenait Sinfjotli, la tête couverte d'un heaume brillant comme un miroir, et une cuirasse aussi blanche que la neige. Il avait une lance en main, et dessus une bannière de grand renom, et un bouclier cerclé d'or suspendu devant lui. Il savait bien quel discours tenir aux rois.
"- Retourne-t-en, et raconte, lorsque tu auras terminé de nourrir tes porcs et tes chiens, et lorsque tu auras honoré à nouveau ta femme, que ceux qui viennent ici sont les Volsungs, que parmi nous se trouve le roi Helgi, si Hodbrod est désireux de le trouver, car son amusement et sa joie sont de se battre et d'augmenter sa gloire, pendant que tu étreins les servantes au coin du feu."
Alors Granmar répondit :
"- Tu ne sais pas du tout parler de telles choses selon les convenances, ni parler des actes dont se souviennent les anciens, à moins que tu ne racontes des mensonges sur les chefs et les seigneurs. Plus sûrement, tu as du être longtemps nourri de viande de loup au plus profond des forêts sauvages, et tu as dû tuer tes frères. Et la plus grande merveille, c'est que tu oses rejoindre la compagnie d'hommes bons et francs, toi qui as sucé le sang de plus d'un cadavre refroidi. "
Sinfjotli répondit :
"- La mémoire te fait à présent défaut, de l'époque où tu étais une sorcière sur Varinsey, et désireuse d'avoir un homme à toi, et que tu m'as choisi pour cet office de préférence à tout autre. Et de comment plus tard tu fus valkyrie à Asgard, et comment il faillit advenir que pour tes douceurs, tous les hommes ne se battent. Et de ce que j'engendrais dans ton corps sans grandeur neuf loups, et fus le père de tous. "
Granmar répondit :
"- Tu as un grand talent de menteur, puisque tu ne peux prétendre être le père de quoi que ce soit, vu que tu avais été castré auparavant par les filles du Géant des Immondices. Et tu es le beau-fils du roi Siggeir, qui avait l'habitude de dormir avec le peuple des loups dans les solitudes sauvages. Et infortunée a été la main dont tu t'es servie pour tuer tes frères, te donnant à toi-même un surnom plus que détestable."
Sinfjotli dit :
"- Tu ne te rappelles donc pas, alors lorsque tu étais la mère de l'étalon Grani, et comment je t'ai chevauchée à l'amble vers Bravoli, et lorsque tu fus après cela le troupeau de chèvres du géant Golnir ?"
Granmar répondit :
"- J'aimerais mieux nourrir la volaille de ta chair que de disputer plus longtemps avec toi."
Alors parla le roi Helgi :
"- Il serait meilleur pour vous, et bien plus viril, de vous battre, plutôt que de parler de choses honteuses à entendre. Les fils de Granmar ne sont pas mes amis ni ceux des miens, mais ils doivent tout de même être des hommes courageux."
Alors Granmar s'en fut pour rencontrer le roi Hodbrod, jusqu'à un lieu nommé Sunfells, et leurs chevaux à tous deux se nommaient Sveipud et Sveggiud. Les frères se rencontrèrent sous le porche du château, et Granmar donna à Hodbrod des nouvelles de la guerre. Le roi Hodbrod était revêtu d'une cuirasse et avait son casque sur la tête. Il demanda :
" - Quels hommes se tiennent là, pourquoi semblez-vous si furieux ?"
Granmar répondit :
"- Les Volsungs viennent par ici, et douze mille de leurs hommes sont au large des côtes, et sept mille se trouvent sur l'île nommée Sok, mais à l'endroit nommé Grindur se tient le gros des troupes, et maintenant, je suis certain que Helgi et ses compagnons veulent livrer bataille."
Alors le roi dit :
"- Envoyons un message par tout le royaume, et allons à leur rencontre, sans laisser personne en mesure de se battre rester assis à la maison. Envoyons un message aux fils de Ring, et au roi Hogni, et à Alf l'Ancien, qui sont de puissants guerriers. "
Alors les ennemis se rencontrèrent à Wolfstone, et un combat féroce s'y engagea. Helgi se rua à l'assaut des hommes de ses ennemis, et nombreux furent ceux qui tombèrent là. A la fin, les hommes virent une grande compagnie de vierges au bouclier, semblables à regarder à des flammes brûlantes, et Sigrun, la fille du roi, était venue jusque là. Alors le roi Helgi se rua sur le roi Hodbrod, le frappa, le tua sous sa bannière même, et Sigrun s'exclama :
"- Sois-tu remercié pour cet acte d'homme brave ! Nous allons pouvoir partager les terres entre nous, et c'est un jour de grand bien pour moi. Pour cette prouesse, puisses-tu recevoir honneur et renom, parce que tu as mis à terre un si puissant roi."
Alors Helgi s'empara de ce royaume, et y résida longtemps, une fois qu'il eut épousé Sigrun, et devint un roi très honoré et renommé, bien qu'il n'ait plus rien à faire dans cette histoire.
Helgi et Sigrun. Ernest Wallcousins
Voir aussi Helgakvitha Hundingsbana I et Helgakvitha Hundinsbana II.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique