• volsunga saga

    Sinfjotli, de Theudo

     ___________________________

     

    Les Volsungs revinrent à la maison, ayant acquis une grande renommée par ces actes. Mais Sinfjotli décida de retourner faire la guerre, car il avait des vues sur une femme d'une extrême beauté, et la désirait plus que toute autre chose. Mais cette femme était déjà promise au frère de Borghild, l'épouse du roi Sigmund. Ils se combattirent pour cette raison, et Sinfjotli tua ce roi. Par la suite, il guerroya au loin et dans de nombreux endroits, et fut toujours vainqueur, et s'acquit de cette manière plus d'honneur et de renom que tout autre. Avec les marées d'automne, il ramena chez lui ses nombreux navires et abondance de richesses. Alors il informa le roi son père de ces nouvelles, et de même la reine. Elle lui demanda, pour sa part, de bien vouloir quitter le royaume, et se comporta comme si elle ne voulait plus jamais le voir. Mais Sigmund répondit qu'il ne voulait pas le chasser, et que Sinfjotli lui avait offert un généreux dédommagement en or et en richesses pour la vie de son frère, bien qu'il n'ait jamais proposé de rançon auparavant pour la vie d'un homme qu'il avait tué. Il avait dans ce cas estimé qu'il n'y aurait aucune gloire à ne pas respecter les torts faits à une femme.

    Donc, voyant qu'elle ne pourrait parvenir à ses fins de cette façon, elle dit :

    "- Qu'il en soit fait selon ta volonté en cette affaire, ô mon Seigneur, car il est convenable qu'il en soit ainsi."

    Et elle organisa la fête des funérailles de son frère avec l'aide et le conseil du roi, et fit les préparatifs du mieux possible, y conviant de nombreux héros.

     

    Borghild empoisonne la bière de Sinfjotli. A. Rackham.

    Arthur Rackham.

     

    A cette fête, Borghild la reine trinqua avec les hommes, et elle s'approcha de Sinfjotli avec une grande corne, et dit : 

    "- Trinquons, à présent, mon beau-fils ! "

    Alors il prit la corne et regarda à l'intérieur, disant :

    "- Non, car cette boisson est ensorcelée."

    Sigmund demanda :

    "- Donne la moi, alors !" et il prit la corne, et la vida.

    Mais la reine demanda à Sinfjotli : 

    "- Pourquoi d'autres devraient-ils boire ta bière à ta place ?"

    Et elle revint une deuxième fois avec la corne, et dit : "- Viens à présent, et bois !" et l'y encouragea vivement par de nombreuses paroles.

    Et il prit la corne, et dit : "- Ce breuvage est une fourberie."

    Sigmund cria : "- Donne-le moi, alors !"

    Elle revint à lui une troisième fois, et lui ordonna de boire sa bière jusqu'à la dernière goutte, s'il avait le cœur d'un Volsung. Il posa les mains sur la corne, et dit : "- Il y a du poison là-dedans".

    "- Et bien, laisse tes lèvres éloignées de ça, alors, ô mon fils." dit Sigmund. Mais il était à ce moment légèrement pris de boisson, et parla ainsi pour cette raison.

     

    Sinfjotli boit la bière empoisonnée

     

    Alors Sinfjotli but, et tomba raide mort.

    Sigmund se leva et un chagrin mortel s'abattit sur lui. Il prit le cadavre dans ses bras et l'emmena au loin dans les bois, et marcha jusqu'à un fjord, où il vit un homme dans un bateau. L'homme lui demanda s'il voulait qu'il les emmène de l'autre côté du fjord, et il répondit par l'affirmative. Mais le bateau était si petit qu'ils ne pourraient pas y aller tous à la fois. Le corps y fut déposé en premier, pendant que Sigmund restait sur la grève. Mais bientôt, la barque et l'homme qui le gaffait disparurent aux yeux de Sigmund.

    Ensuite, Sigmund retourna chez lui, et répudia la reine, qui mourut peu après. Mais le roi Sigmund gouvernait toujours son royaume, et il resta à jamais considéré comme le plus grand champion et roi de l'ancien temps.

     

     Sigmund remet Sinfjotli à Odin. Johannes Gehrts

     Sigmund remet Sinfjotli à Odin. Johannes Gehrts

     

    Odin emmène Sinfjotli. Fredrik Sander.

    Odin emmène Sinfjotli. Fredrik Sander.

     

    Voir aussi Fra Dautha Sinfjotla

     

    volsunga saga                                                                                                                        volsunga saga


    votre commentaire
  • volsunga saga

    Stand up and fight, Turisas

    ______________

     

    ... et comment il dut renoncer à son épée.

    Il était un roi nommé Eylimi, puissant et de grande renommée, dont la fille s'appelait Hjordis, la plus belle et la plus sage de toutes les femmes. Sigmund en entendit parler en des termes qui lui firent penser qu'elle devait devenir son épouse, et celle de nul autre. Il se rendrait donc à la demeure du roi Eylimi, qui aurait à organiser une grande fête pour lui, puisqu'il ne viendrait pas en tant qu'ennemi. Alors des messages furent envoyés de l'un à l'autre pour prévenir que cette expédition était toute pacifique, et non destinée à la guerre. Et la fête fut préparée de la meilleure manière qui soit, pour accueillir de nombreux hommes. Des foires se tinrent en maints lieux, et toutes les dispositions furent prises pour rendre le voyage commode et confortable. Alors il se rendit à la fête, et les deux rois tinrent leur place dans la halle. Etait également présent le roi Lyngi, fils du roi Hunding, qui était lui aussi venu courtiser la fille du roi Eylimi.

     

    Mais à présent, le roi savait que les deux hommes étaient venus pour la même raison, et que la guerre et la peine pouvaient être attendues de la part de celui qui n'aurait pas gain de cause. Alors il parla à sa fille, et lui dit:

    "- Tu es une femme avisée, et j'ai déclaré que toi seule choisirais le mari qui te conviendra. Tu dois donc désigner celui qui t'agrée parmi ces deux rois, et ma décision sera semblable à la tienne."

    "- C'est une question délicate et complexe, dit-elle. Si je choisis celui de plus grande renommée, ce sera le roi Sigmund, bien qu'il soit déjà avancé en âge."

    Ce fut donc à lui qu'elle se fiança, et le roi Lyngi quitta les lieux. Alors Sigmund épousa Hjordis, et chaque jour, la fête fut plus belle et plus glorieuse que la veille. Puis à la fin, le roi Sigmund s'en retourna au royaume des Huns, et le roi Eylimi, son beau-père, avec lui, et le roi Sigmund revint à la tâche de gouverner son royaume.

     

    Mais le roi Lyngi et ses frères rassemblèrent une armée commune afin d'attaquer le roi Sigmund, parce que si en toutes choses ils avaient coutume d'obtenir la plus mauvaise part, cette dernière morsure était la plus douloureuse de toutes. Et ils voulaient l'emporter enfin sur la fierté et la puissance des Volsungs. Alors ils vinrent au royaume des Huns, et envoyèrent au roi Sigmund un message stipulant qu'ils ne le pilleraient pas, et qu'ils escomptaient qu'il ne fuirait pas loin d'eux. Sigmund répondit évidemment qu'il viendrait à leur rencontre dans la bataille, et qu'ils éprouveraient leur puissance les uns contre les autres, mais Hjordis avait été emmenée dans la forêt avec sa servante, et accompagnée de grandes richesses. Elle attendit là l'issue de la bataille.

    Alors les guerriers se ruèrent hors de leurs navires, innombrables et impossibles à contenir, mais Sigmund le roi et Eylimi levèrent leurs bannières, et les cornes mugirent pour appeler à la bataille. Le roi Sigmund fit sonner le cor que son père avait eu avant lui, et encouragea ses hommes à se battre, mais son armée était de loin la moins nombreuse.

    La bataille était maintenant bien engagée et féroce, et bien que Sigmund fut âgé, il combattit des plus bravement, et était toujours en tête de ses hommes. Ni bouclier ni armure ne tenait face à lui, et il allait toujours plus avant dans les rangs de ses ennemis, et nul ne pouvait prédire comment les choses tourneraient entre les protagonistes. Des pluies de flèches et une grêle de lance furent jetées dans les airs ce jour-là, et ses esprits protecteurs firent en sorte qu'il ne reçut aucune blessure, et nul ne put raconter ensuite l'histoire de ceux qui tombèrent devant lui, et ses deux bras étaient rouges de sang, jusqu'aux épaules.

    Mais lorsque les combats eurent duré un bon moment, un homme arriva au cœur de la mêlée, vêtu d'un manteau bleu, un chapeau rabattu sur la tête, borgne, et portant un bâton à la main. Et il fit face à Sigmund, leva son bâton contre lui, et comme Sigmund frappait farouchement avec son épée, elle heurta le bâton et se brisa en deux par le milieu.

     

    Odin brise Gramr

     

    Alors, le massacre et la consternation se retournèrent contre son camp, car la chance l'avait abandonné, et ses hommes furent tôt fauchés autour de lui. Mais le roi ne se préoccupa pas de lui-même, et encouragea plutôt ses guerriers. Mais ainsi que dit le proverbe : "Un seul ne peut rien contre beaucoup", ce qui fut prouvé en ce jour. Au cours de cette bataille tombèrent le roi Sigmund, et le roi Eylimi, son beau-père, à l'avant-garde de leur armée, et avec eux, la majeure partie de leurs gens.

     

     volsunga saga                                                                                                                 volsunga saga


    votre commentaire
  • volsunga saga

     Predestination, Bande originale de Fairy Tail I

     ______________________

     

    ... et comment Hjordis se rendit chez le roi Alf.

     

    A présent, le roi Lyngi s'était installé dans la demeure du roi, et avait dans l'idée de s'emparer de la fille du roi, mais ne parvint à trouver ni femme, ni richesses. Alors il voyagea à travers tout le royaume, et y gouverna les peuples, étant persuadé qu'il avait anéanti la race des Volsungs et qu'il n'avait plus rien à en redouter dorénavant.

    Mais Hjordis qui était allée parmi les morts la nuit-même de la bataille, arriva où se trouvait Sigmund, et lui demanda s'il pouvait être guéri, mais il répondit :

    "- Un homme peut vivre longtemps lorsque son espoir continue à croître, mais ma chance m'a abandonné, alors je ne supporterai pas d'être soigné, non plus qu'Odin ne souhaite que je tire l'épée à nouveau, puisque c'est mon épée et la sienne qui est cassée. Jusqu'à maintenant, j'ai guerroyé selon sa volonté."

    "- Je ne jugerai pas défavorablement, dit-elle, que tu puisses être guéri et venger mon père."

    Le roi dit : "- C'est le destin d'un autre homme. Ecoute, maintenant : tu es grosse d'un enfant mâle. Elève-le bien. Et avec un bon entourage, l'enfant devra être le plus noble et le plus fameux de notre race. Et prends aussi avec toi les fragments de l'épée, dont une bonne épée sera reforgée, qui devra être appelée Gramr. Notre fils devra la porter et aura un grand exploit à accomplir avec, un exploit tel que le temps ne l'amoindrira jamais, car son nom sera respecté et célébré aussi longtemps que le monde durera. Et qu'il en soit de même pour toi. Mais je suis épuisé par mes blessures, et je vais rejoindre nos parents qui sont partis avant moi."

     

    La mort de Sigmund. J. Gehrts.

    La mort de Sigmund. J. Gehrts.

     

    Alors Hjordis resta assise près de lui jusqu'à ce qu'il meure au point du jour. Ensuite, elle regarda autour d'elle, et se rendit compte que de nombreux navires arrivaient à la côte. Alors elle parla à sa servante :

    "- Echangeons céans nos vêtements, et fais-toi appeler par mon nom, et prétends que tu es fille de roi."

    Et elles firent ainsi, et les vikings s'étaient avisés qu'un grand massacre d'hommes avait eu lieu ici, et virent les deux femmes cheminer vers la forêt. Ils se dirent que quelque nouveauté avait du survenir et accostèrent, sautant à terre. Le capitaine de ces gens était Alf, fils de Hjalprek, roi de Danemark, qui naviguait avec ses troupes le long de cette terre. Ils vinrent sur le champ de bataille, parmi les morts, et virent combien d'hommes avaient été occis en cet endroit, et le roi ordonna d'aller quérir les deux femmes et de les lui amener, ce qui fut fait. Il leur demanda qui elles étaient, et, en accord avec ce qui semblait être les apparences, la servante répondit pour elles deux, racontant la chute du roi Sigmund et du roi Eylimi, et de maints autres hommes valeureux, et parlant de ceux qui étaient présents et avaient accompli ces actions.

    Alors le roi leur demanda si elles savaient où était caché le trésor du roi, et la servante répondit : "- Vous pouvez considérer avec certitude que nous savons où il se trouve."

    Et elle les guida jusqu'à l'endroit où les richesses avaient été celées, et ils trouvèrent là des richesses excédant même la grande fortune. Les hommes reconnurent qu'ils n'avaient jamais vu autant d'objets de valeur réunis en un même endroit. Ils transportèrent le tout sur les bateaux du roi Alf, et Hjordis et la servante les accompagnèrent.

    Tout en faisant voile vers leur propre royaume, ils racontèrent partout comment était tombé sur ce champ de bataille celui qui était sans nul doute le plus renommé des rois.

    Alors le roi s'installa à la barre, et les femmes s'assirent dans le gaillard d'avant, et il discuta avec elles, faisant grand cas de leurs avis.

    Le roi parvint de cette manière dans son royaume, avec de grandes richesses, et il était lui-même fort avenant à regarder. Mais après qu'il eut passé un peu de temps chez lui, la reine, sa mère, lui demanda pourquoi la plus séduisante de ces deux femmes portait le moins d'anneaux d'or et avait une tenue vestimentaire si simple.

    "- Je pense, dit-elle, que celle que nous laissons de côté est la plus noble des deux."

    "- J'ai moi aussi douté qu'elle ne fut qu'une esclave, et lorsque nous nous sommes rencontrés, elle a salué les hommes nobles de la manière appropriée. Et maintenant, nous allons faire une expérience pour en avoir le cœur net."

    Ainsi, tandis que les hommes étaient assis à boire, le roi prit place avec les femmes et dit :

    "- De quelle manière savez-vous décompter les heures, lorsque la nuit avance en âge, si vous ne pouvez voir les lumières des cieux ?

    Alors la servante répondit :

    "- J'ai ce signe que lorsque j'étais jeune, j'avais l'habitude de boire plus vers le matin, et même si je n'utilise plus cette méthode à présent, je suis toujours habituée à me lever au même moment, et ainsi, je sais que le jour se lève."

    Le roi se mit à rire et dit : "- Drôles de manières, pour une fille de roi !"

    Puis il se tourna vers Hjordis, et lui posa exactement la même question, mais elle répondit :

    "- Mon père me donna un jour un petit anneau d'or d'une nature telle qu'il devient froid à mon doigt à l'aurore, et par ce signe, je sais que le jour se lève".

    Le roi répondit : "- Que d'or là-bas, pour qu'une servante en porte aussi ! Mais voyons, tu t'es suffisamment cachée de moi à présent. Pourtant, si tu me l'avais dit dès le début, j'aurais agi comme si nous avions été tous deux les enfants d'un même roi. Mais au-delà de tes actes, je veux me comporter avec toi comme si tu devais devenir mon épouse, et je paierai ton douaire comme si tu m'avais donné un enfant."

    Elle conversa avec lui et lui dit toute la vérité sur elle-même. Elle fut alors tenue en grand honneur, et considérée comme la plus digne des femmes.

     

      volsunga saga                                                                                                                   volsunga saga


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique