• Chapitre 7 : de la naissance de Sinfjotli, fils de Sigmund.

    volsunga saga

    Il advint un soir, alors que Signy était assise dans ses appartements, que vint à elle une sorcière extrêmement experte en magie, et Signy lui parla en ces termes :

    "- Je crois, dit-elle, que nous devrions échanger nos apparences ".

    Elle répondit : "- Qu'il en soit ainsi que vous le souhaitez ".

    Alors, par son savoir, elle fit en sorte qu'elles échangèrent leurs apparences, et la sorcière prit la place de Signy suivant sa volonté, et rejoignit le roi au lit cette nuit-là, sans qu'il ait le moindre soupçon qu'une autre que Signy était à ses côtés.

    L'histoire raconte que Signy se rendit à la maison de terre de son frère, et le pria de lui accorder l'hospitalité pour la nuit:

    "- Je me suis perdue dans cette forêt étrangère, et je ne sais pas où aller ".

    Alors il répondit qu'elle pouvait rester, et qu'il ne refuserait pas l'hospitalité à une femme seule, espérant qu'elle ne lui revaudrait pas cette faveur en trahissant sa présence. Elle entra alors dans la maison, et ils partagèrent un repas de viande, et les yeux de Sigmund se posaient souvent sur elle, tant elle lui semblait belle et séduisante. Lorsqu'ils eurent fini de manger, il lui dit qu'il voulait qu'elle partage aussi son lit cette nuit. Elle ne déclina pas la proposition, et trois nuits de suite, il la garda dans son lit.

    Ensuite, elle rentra chez elle, et y retrouva la sorcière, et lui ordonna que chacune recouvrît sa forme. Il en fut ainsi.

    Le temps passant, Signy donna naissance à un enfant mâle, qui fut nommé Sinfjotli, et lorsqu'il grandit, il devint à la fois grand et fort, et de visage agréable, semblable en tout aux descendants de Volsung. Il avait à peine dix hivers lorsqu'elle l'envoya à la maison de terre de Sigmund. Mais cette épreuve qu'elle avait imposée à ses autres fils lorsqu'elle les avait envoyés à Sigmund, de leur coudre des gants sur les mains en perforant aussi la chair et la peau, s'était soldée pour eux par des cris de douleur et des pleurs. Elle recommença sur Sinfjotli, dont la contenance ne changea en rien. Alors elle déchira en plus sa tunique de manière que des lambeaux de peau vinssent aussi avec les manches, et déclara que c'était assez de tourment pour lui.

    Mais il dit : "- Volsung aurait bien peu ressenti une si petite blessure."

    Alors le garçonnet se rendit chez Sigmund, et Sigmund lui demanda de préparer leur repas, pendant qu'il irait chercher du bois pour le feu. Il lui donna le sac à provisions, et s'en fut dans la forêt, et lorsqu'il revint, Sinfjotli avait terminé de pétrir le pain. Alors Sigmund lui demanda s'il avait trouvé quelque chose dans le sac.

    "- Je me suis douté qu'il y avait quelque chose de vif dans le sac lorsque je l'ai ouvert pour pétrir la farine, mais j'ai tout malaxé ensemble, le pain et ce qu'il y avait là-dedans, quoi que ce fût."

    Alors Sigmund éclata de rire, et dit : "- Tu ne dois pas manger de ce pain ce soir, car tu y as mélangé le plus dangereux des serpents."

    Car Sigmund était si vigoureux qu'il pouvait absorber du poison et n'en être point affecté, mais Sinfjotli, quoique non atteint par quelque venin que ce fut le touchant de l'extérieur par la peau, ne pouvait en manger ou en boire.

     

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