• Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon

    10- De la première arrivée du roi Magnus en Svithjod

    Immédiatement après que Magnus Olafson vint en Svithjod depuis la Russie, Sigvat le rencontra en la demeure d'Astrid, et ils furent tous deux heureux de se voir. Sigvat chanta alors :

    "Tu es venu ici, jeune et brave seigneur !

    Tu es ici chez toi ! Et c'est avec bonheur

    Que tes gens et ton pays t'accueillent. De cette heure,

    Je me rallie moi-même à ta jeune puissance.

    Je ne pouvais me précipiter en Russie,

    J'étais céans le garde du corps de ta mère.

    Ce fut ma punition pour avoir baptisé

    Magnus de son nom, bien qu'à peine vivant."

     

    Après quoi Sigvat voyagea avec la reine Astrid, et suivit Magnus en Norvège. Sigvat chanta alors :

    "Aux foules ruisselant en direction du Thing,

    Pour voir et écouter leur souverain Magnus,

    Je dirai ma pensée, jeune roi, à voix haute :

    Dieu a été clément pour Ses populations

    S'Il a, Lui vers qui montent toutes les prières,

    Donné pour nous un fils aussi semblable

    A ce que fut son père, aucun peuple sur terre

    Ne peut bénir assez cette venue royale."

     

    Lorsque Magnus devint roi de Norvège, Sigvat l'assista, et fut son ami le plus cher.

    Il arriva qu'un jour la reine Astrid et Alfhild la mère du roi échangèrent quelques paroles acerbes l'une avec l'autre, et Sigvat dit :

    "Alfhild ! Bien que ce fut la volonté de Dieu

    De t'élever, il faut toujours te rappeler

    Qu'Astrid, fille de souveraine doit être par toi

    Traité avec tout le respect qui lui est du."

     

    11- Le tombeau du roi Olaf

    Le roi Magnus fit fabriquer un tombeau d'or et d'argent, décoré de joyaux. Ce sanctuaire fut façonné de sorte qu'il ait en aspect et en taille l'apparence d'un cercueil. Dessous était une arche, et lui fut érigé un toit surélevé, avec une tête et un fronton. Derrière furent tendues des tentures, et devant, installées des grilles avec des cadenas qui pouvaient être fermés à clé.

    Dans ce tombeau, le roi Magnus fit déposer les saints restes du roi Olaf, et nombreux furent les miracles qui survinrent alors. Sigvat en parla ainsi :

    "Pour lui fut fabriqué un tombeau tout doré,

    Pour celui dont le cœur n'eut jamais de frayeur

    Pour les hommes mortels – Pour le saint souverain,

    A qui le Seigneur Dieu a ouvert les cieux.

    Ici plus d'un homme peut sentir son empreinte,

    Complètement aveugle et inconscient du jour,

    Et devant le sanctuaire où gît le roi Olaf

    Chanter des prières pour recouvrer la vue."

     

    Il fut également inscrit dans la loi que le jour saint du roi Olaf devrait être fêté dans toute la Norvège, et que ce jour saint serait par la suite le plus grand des jours d'Eglise.

    Sigvat en parla ainsi :

    "Pour Olaf, père de Magnus, s'élèvent

    En ma demeure, des chants de prière !

    Avec joie,et chagrin, fêtons le jour

    Où Olaf fut appelé pour les cieux.

    Je me dois de conserver en mon cœur

    Un jour pour prier pour son saint repos

    Mes mains levées portant un anneau d'or

    De mon seigneur au bout de chaque branche1. "

     

    12- De Thorer Hund

    Thorer Hund (le chien) quitta le pays immédiatement après la mort du roi Olaf. Il fit tout le trajet jusqu'à Jérusalem, et nombreux furent ceux qui dirent qu'il ne revint jamais. Thorer Hund avait un fils nommé Sigurd, père de Ranveig qui était mariée à Joan, un fils de Arne Arnason. Leurs enfants furent Vidkun de Bjarkey, Sigurd Hund, Erling, et Jardthrud.

     

    13- Du meurtre de Harek de Thjotta

    Harek de Thjotta resta à la maison dans sa ferme, jusqu'à ce que le roi Magnus Olafson n'arrive dans le pays et n'y soit fait roi. Alors Harek se rendit dans le sud à Throndhjem chez le roi Olaf. A ce moment, Asmund Grankelson se trouvait dans la maison du roi. Lorsque Harek parvint à Nidaros et débarqua de son navire, Asmund se tenait avec le roi dans la galerie extérieure aux combles, et le roi et Asmund reconnurent tous deux Harek lorsqu'ils le virent.

    "- A présent, dit Asmund, je vais rétribuer Harek pour le meurtre de mon père." Il tenait à la main une petite hachette légère. Le roi le regarda et lui dit :

    "- Tu ferais mieux de prendre la mienne." Elle était à fer épais et armée d'un long manche.

    "- Tu dois savoir, Asmund, ajouta-t-il, que les os sont durs chez le vieux bonhomme."

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon

    "Tu ferais mieux de prendre la mienne". H. Egedius.

     

    Asmund prit la hache, descendit, traversa la maison, et lorsqu'il arriva à la croisée des chemins, Harek et ses hommes qui arrivaient le rencontrèrent. Asmund frappa Harek à la tête, de sorte que la hache pénétra jusqu'au cerveau. Et ce fut une blessure mortelle pour Harek. Asmund s'en retourna directement à la demeure du roi, et tout le tranchant de la hache avait été déformé par le coup. Alors le roi dit :

    "- Qu'aurais-tu voulu que fît ta hachette, puisque même celle-ci, si je ne m'abuse, est perdue ?" Après quoi le roi lui donna un fief et une charge en Halogaland, et il existe de nombreuses histoires sur le conflit entre Asmund et les fils d'Harek.

     

    14- De Thorgeir Flek

    Kalf Arnason eut le premier, et pour quelque temps, la plus grande part de la gouvernance sous le règne du roi Magnus. Mais peu après, quelques-uns rappelèrent au roi le rôle de Kalf à Stiklestad2, et il devint alors difficile à Kalf de satisfaire le roi en quelque matière que ce fut.

    Il arriva un jour que de nombreux hommes étaient venus présenter leurs doléances devant le roi ; Et Thorgeir Flek de Sula en Veradal, dont il est fait mention précédemment dans l'histoire de Saint-Olaf, vint également à lui à propos de quelque affaire urgente. Le roi ne prêta aucune attention à ses paroles, mais écoutait celles des personnes se tenant auprès de lui. Alors Thorgeir dit au roi, assez fort pour être entendu de tous ceux qui l'entouraient :

    "Ecoutez, monseigneur, l'ensemble de mes mots.

    J'y étais moi aussi, et eus à ramener

    Ma tête ensanglantée du port de Stiklestad :

    Car je m'y trouvais avec les hommes d'Olaf.

    Prêtez-moi attention : j'ai précisément vu

    Ces hommes en qui vous placez votre confiance

    Frapper des cadavres encombrant leur chemin,

    Bien que gisant à terre aussi morts qu'on peut l'être :

    Et frapper dans le sang de votre père mort."

    Un rugissement s'éleva instantanément, et certains dirent à Thorgeir de s'en aller. Mais le roi l'appela, et non seulement régla son affaire à sa satisfaction, mais lui promit amitié et faveur.

     

    15- Kalf Arnason fuit le pays

    Peu après, le roi se rendit à une fête à la ferme de Haug en Veradel, et à la table du dîner, Kalf Arnson s'assit à son côté, et Einar Tambaskelver à l'autre. On en était déjà au point où le roi n'accordait aucune attention à Kalf, ne s'occupant que d'Einar. Le roi dit à Einar : "- Chevauchons bientôt vers Stiklestad. Je voudrais voir les monuments commémoratifs des événements qui se sont passés là-bas." 
    Einar répondit : "- Je ne peux rien te dire à ce sujet. Mais entretiens donc ton père adoptif Kalf de cela, il pourra te renseigner sur tout ce qui s'est passé là-bas."

    Lorsque les tables furent enlevées, le roi se prépara, et dit à Kalf : "- Tu dois venir avec moi à Stiklestad."

    Kalf répondit : "- Ce n'est pas vraiment mon devoir."

    Le roi se leva avec emportement, et dit : " - Tu dois y aller, Kalf ! ", et là-dessus, il sortit.

    Kalf passa en toute hâte ses vêtements de voyage, et dit à son valet de pied : "- Tu dois te rendre directement à Eggja, et ordonner à mes serviteurs de charger tous mes biens à bord de mon navire avant le coucher du soleil."

     

    Le roi Magnus chevaucha alors vers Stikelstad, et Kalf avec lui. Ils descendirent de cheval et se rendirent à l'endroit où avait eu lieu la bataille. Alors le roi demanda à Kalf :

    "- Où est l'endroit où tomba le roi ? "

    Kalf étendit le manche de sa lance et dit : "- Il se tenait là lorsqu'il est tombé."

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon, kalf arnasson

    Magnus le Bon et Kalf Arnason à Stilkelstad.  H. Egedius.

     

    Le roi : "- Et toi, où étais-tu, Kalf ?"

    Kalf : "- J'étais où je me tiens maintenant."

    Le visage du roi devint rouge comme du sang : "- Alors ta hache peut très bien l'avoir touché."

    Kalf répliqua : "- Ma hache n'est pas allée auprès de lui", et il rejoignit tout de suite son cheval, sauta sur son dos, et s'en alla avec tous ses hommes.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon, kalf arnasson

    Kalf sauta sur son cheval. P.N. Arbo.

     

    Et le roi retourna à Haug. Kalf ne s'arrêta pas avant d'avoir atteint Eggja, dans la soirée. Là, son vaisseau était prêt à proximité du rivage, et ses affaires étaient à bord, et l'équipage constitué de ses domestiques. Ils larguèrent immédiatement les amarres et partirent à travers le fjord de nuit. Par la suite, ils voyagèrent jour et nuit, tant que le vent le permettait. Il navigua vers le large, vers l'ouest, et resta longtemps autour de l'Irlande, en la pillant, et autour des Hébrides.

    Bjarne Gullbrarskald en parle ainsi dans sa chanson au sujet de Kalf :

    "Le frère de Thorberg, qui toujours se tint bien

    Auprès du roi ! Dans un mouvement de colère

    Il est le premier à se séparer de toi,

    Qui méritait pourtant d'être bien estimé.

    Il est le tout premier dont l'amitié se brise,

    Car de fâcheux envieux ont conté des mensonges

    Et il est aussi le premier à regretter

    Que l'amitié se soit brisée entre vous deux."

     

    1 Les branches des mains : les doigts.

    2 Bataille de Stiklestad : bataille au cours de laquelle Saint-Olaf trouva la mort.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon                                                                                                                Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon


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    16- Les menaces des boendr

    Le roi Magnus ajouta à ses propriétés Veggia, dont Hrut avait été le propriétaire, et Kvistad, qui avait appartenu à Thorgeir, de même qu'Eggja, avec tous les biens que Kalf avait laissé derrière lui. Il confisqua ainsi pour le compte des domaines royaux nombre de grandes fermes, qui étaient auparavant détenues par ceux de l'armée des boendr qui étaient tombés à Stiklestad. De la même façon, il leva de lourdes amendes sur ceux qui avaient montré la plus grande opposition au roi Olaf. Il en expulsa quelques-uns du pays, préleva de grosses sommes sur d'autres, et fit abattre pour son usage le bétail des derniers. Alors les boendr commencèrent à murmurer et à se dire les uns aux autres : "- Va-t-il en être avec lui comme avec son père et les autres chefs, pour lesquels à la fin leur orgueil et leurs agissements illégaux sont devenus insupportables ?"
    Ce mécontentement se répandit largement à travers le pays. Le peuple de Sogn réunit ses hommes, et on raconte qu'ils étaient déterminés à combattre le roi Magnus, s'il passait dans le district de Fjord. Le roi Magnus se trouvait alors en Hordaland, où il était resté longtemps avec une nombreuse escorte, et avait pris la résolution de se rendre vers le nord, à Sogn. Lorsque les amis du roi le surent, douze hommes se réunirent, et résolurent de déterminer par tirage au sort lequel d'entre eux informerait le roi du mécontentement du peuple. Il advint que le sort désigna Sigvat.

     

    17- De la chanson de la libre-expression (Bersoglivisur).

    En conséquence, Sigvat composa un poème, qui nomma la "chanson de la libre expression", et dans laquelle il commençait en disant au roi qu'il avait trop longtemps retardé de pacifier le peuple, qui menaçait de se soulever contre lui dans sa colère.
    Il dit :

    "Ici dans le sud, depuis Sogn s'est répandue

    La nouvelle que la colère s'organise :

    Les boendr veulent s'opposer au souverain.

    Rois et peuples ne doivent pas être ennemis.

    Prenons les armes alors et partons bravement

    Pour le combat s'il doit vraiment en être ainsi.

    Défendons notre roi, mais regrettons encore

    Que sa terre soit à nouveau jetée en guerre."

     

    Cette chanson comprend également ces vers :


    "Hakon, qui à Fitjar rencontra son destin,

    Hakon le Bon, ne pouvait en rien supporter

    La loi des vikings et les bandes de voleurs

    Et se gagna ainsi l'amour de tous les hommes.

    Le peuple depuis a toujours en mémoire

    Les prescriptions d'Hakon, honnête et généreux

    Les hommes ne veulent pas voir venir le jour

    Où les lois d'Hakon ne seront plus respectées.

     

    Les boendr demandent seulement la justice.

    Le roi Olaf et tous les jarls, lorsqu'ils étaient

    A l'endroit où se tient aujourd'hui Magnus, leur assurèrent

    A tous leurs terres et leurs biens, aux grands comme aux petits,

    Brave fils de Tryggve et héritier d'Harald,

    Les rois Olaf, tandis qu'ils étaient sur la terre,

    Ont observé les lois qu'eux-mêmes avaient créées,

    Et personne n'était alarmé pour ses biens.

     

    Empêche tes conseils d'attiser ta colère

    Contre l'homme qui tient à te dire le vrai.

    Ton honneur tient beaucoup en ta royale épée,

    Mais plus encore dans ta royale parole.

    Et si les gens ne racontent pas de mensonges,

    Les nouvelles lois commencent à leur peser

    Pas aussi justes et généreuses que les lois

    Qui furent données à Ulfasund1 face au ciel.

     

    Terrible roi ! Qui te détermine à briser

    Ta parole donnée et puis à revenir

    Sur tes promesses faites, Toi brave guerrier ?

    Pourquoi ton propre peuple aurait-il confiance,

    Pourquoi croirait-il en ta parole donnée,

    Si tout le bénéfice n'en revient qu'à toi :

    Celui qui lève la tempête des combats

    Doit avoir la confiance de ses propres hommes.

     

    Qui te presse ainsi qui cherche la renommée

    A abattre les bêtes de tes paysans ?

    Nul roi auparavant ne prit la décision

    D'agir comme un viking en son propre pays.

    Les gens ne souffriront pas longtemps ces rapines,

    Et les conseils du roi partageront aussi

    Leur exaspération : une fois enflammés,

    Ils blâmeront le roi lui-même pour cela.

     

    Fais attention à ces avis de trahison

    Annoncés ça et là, n'y ajoute pas foi.

    Nous pendons le voleur, mais même à ce moment

    Nous prenons en considération sa défense.

    Je crois, grand souverain (qui veux réjouir bientôt

    Les aigles et les loups du fracas des batailles)

    Qu'il serait sage de ne pas te mettre à dos

    Tes paysans, ni faire d'eux tes ennemis.

     

    Je crains que ce ne soit un signe dangereux

    Lorsque les hommes aux barbes grises apparaissent

    Murmurant dans les coins aux alentours du Thing

    Comme s'ils avaient de mauvaises nouvelles à dire.

    Le jeune se tient droit – pas de cris, pas de rires -

    Et vaut mieux que ces mots qui passent, claironnant.

    Et l'on voit des groupes de têtes chuchotantes

    Sur des seins boutonnés, aux mines déconfites.

     

    Parmi les hommes de l'udal, certains affirment

    Que le roi, s'il en avait l'opportunité,

    Prendrait la terre de l'udal de ses boendr

    Et que les hommes libres devraient faire avec.

    En vérité l'homme à qui la terre d'udal,

    Par tout revers que les lois peuvent décréter,

    Serait enlevée et adjugée à son roi,

    Pourrait faire trembler homme et pouvoir royal.

     

    Cette strophe est la dernière :

    "- L'engagement sacré qui existe entre nous

    Me fait souhaiter un terme rapide à ce mal :

    - Le fainéant attend jusqu'à l'après-midi -

    Alors, grand Magnus, accorde-nous tes bienfaits !

    Et nous te servirons avec cœur et nos mains,

    Combattrons avec toi sur terre ou sur la mer :

    Avec l'épée d'Olaf, acquiers l'esprit d'Olaf,

    Montre-toi plus clément avec tes paysans. "

     

    Dans cette chanson, le roi est exhorté à respecter les lois que son père a établies. Cet appel eut un effet bénéfique sur le roi, car nombre d'autres hommes lui tinrent alors le même langage. A la fin, le roi consulta les hommes les plus avisés, qui résolurent toutes les affaires en accord avec la loi. Après quoi, le roi Magnus fit écrire un recueil de loi qui est encore en usage dans le district de Throndhjem, et est appelé l'"Oie Grise"2. Le roi Magnus devint par la suite très populaire, et fut aimé par tous le peuple des campagnes, et finit par être nommé Magnus le Bon.

     

    18 – Des rois d'Angleterre

    Le roi des anglais, Harald, mourut cinq ans après son père le roi Canute (1040), et fut enterré auprès de son père à Winchester. Après sa mort, son frère Hardaknut, second fils du vieux roi Canute, fut roi d'Angleterre, et en outre, roi de Danemark. Il régna sur ces royaumes durant deux ans, puis mourut de maladie en Angleterre, ne laissant aucun enfant. Il fut inhumé à Winchester auprès de son père. Après sa mort, Edouard le Bon, un fils du roi anglais Ethelred (et d'Emma, fille de Richard comte de Rouen) fut choisi pour être roi en Angleterre. Le roi Edouard le Bon était, du côté de sa mère, un frère des rois Harald et Hardaknut, les fils de Canute le Grand. Et la fille de Canute et d'Emma était Gunhild, mariée à l'empereur Henry de Germanie, qui était nommé Henry le Doux. Gunhild resta trois ans en Germanie, puis tomba malade, et elle mourut cinq ans après le décès de son père Canute le Grand.

     

    19- Du roi Magnus fils d'Olaf

    Lorsque le roi Magnus fils d'Olaf eut connaissance de la mort du roi Hardaknut, il envoya immédiatement des hommes au Danemark, porteurs d'un message à destination des hommes qui s'étaient eux-même engagés par serment au maintien de la paix lors de l'accord entre le roi Magnus et Hardaknut, et qui leur rappelait leur promesse. Il ajouta, en conclusion, qu'il viendrait en été (1042) au Danemark avec son armée pour prendre possession des domaines qui lui revenaient, aux termes de cet accord, ou pour tomber sur le champ de bataille avec son armée.

    Ainsi parla Arnor, scalde du jarl :

    "Sages furent les paroles, tout à fait sages,

    De celui qui apaise les cris affamés

    Des bêtes prédatrices, le seigneur des jarls.

    Et il les compléta bientôt avec ces mots :

    "De sa bonne épée, il prendra le Danemark

    Ou trouvera la mort sur la plaine sanglante,

    Et préférera, plutôt que d'abdiquer sa cause,

    Abandonner son corps aux griffes des corbeaux."

     

    1 Il s'agit des lois édictées par Olaf II à son arrivée en Norvège.

    2 L'Oie Grise (Gragas), ainsi nommée probablement à cause de la couleur de son parchemin, est un des plus curieux documents qui nous soit parvenu du Moyen-Age, et nous donne une vision étonnante de la condition sociale des norvégiens au XIème siècle. En effet, ils étaient légalement si avancés que non seulement les formules légales sont établies, mais également les détails des moindres violations de procédures qui entraînaient la perte de l'affaire. L'"oie grise" traitait en outre de sujets qui n'étaient certainement présents dans aucun autre code en Europe à l'époque : la provision pour les pauvres, la législation sur les poids et mesures, les règlements des marchés, des ports maritimes, des hôtelleries pour les voyageurs, la part réservataire pour les enfants illégitimes des pauvres, les gages des serviteurs et leur soutien en cas de maladie, la protection des femmes enceintes et même des animaux domestiques contre la maltraitance... Routes, ponts, vagabonds, mendiants, sont des sujets traités dans ce code.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon                                                                                                              Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon


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    20- De l'armement du roi Magnus.

    Après cela, le roi Magnus assembla une grande armée, et appela auprès de lui tous les propriétaires et les boendr puissants, et réunit des vaisseaux de guerre. L'armée une fois constituée avait belle allure, et était bien équipée. Il disposait de soixante-dix navires lorsqu'il navigua depuis la Norvège.

    C'est ce que dit Thjodolf le Scalde :

    "Souverain courageux ! Terreur des ennemis,

    Avec toi s'en iront nombre de longs vaisseaux.

    Soixante-dix voiles sont assemblées ici,

    En direction de l'est, gouvernées par le roi.

    Et au sud à présent glissent les quilles claires ;

    Sur les blanches vagues chevauche le Bison.

    Les voiles se gonflent, et craquent les bordages,

    Et les plus hauts des mâts s'amenuisent bientôt

    Sur le vaste océan, puis disparaissent enfin."

     

    Il est ici raconté que le roi Magnus possédait le grand Bison, que son père le roi Olaf avait fait construire. Il avait plus de trente bancs de rameurs, et portait à sa proue une grande tête de buffle, et à la poupe sur l'étambot se trouvait sa queue. Tête et queue, de même que les deux côtés du navire, étaient dorés. Ainsi en parle Arnor, Scalde du jarl :

    "La blanche écume fouaillant le pont

    Fit souvent trembler la tête dorée.

    La barre vers le bas, la poupe en haut

    Montra souvent son mât d'acier glacé.

    En progressant autour de Stavanger,

    Domptant les flammes blanches de la mer sauvage,

    Attaquant le courant en chantant bruyamment,

    Le destrier des tempêtes s'élance

    En direction de la plaine danoise."

     

    Le roi Magnus se dirigea par mer vers Agder, et poursuivit vers le Jutland.

    Ainsi chanta Arnor :

    "Je peux conter comment à travers la tempête

    Le courageux Bison arbora sa voilure.

    Offrant au vent son plat-bord, par-dessus les vagues,

    Et le roi à son bord, Magnus le courageux !

    Nous les hommes-liges du roi, bardés de fer,

    Etions juste heureux d'arriver au Jutland.

    Et tout aussi heureux se trouvèrent nos hommes

    De voir un roi maniant l'épée dans la bataille."

     

    21- Le roi Magnus vient au Danemark.

    Lorsque le roi Magnus arriva au Danemark, il y fut reçu avec joie. Il convoqua sans délai un Thing, et y appela le peuple du pays, désireux qu'il le prenne pour roi, en conformité avec les accords qui avaient été passés. Comme les plus grands des chefs de la région étaient liés par serment au roi Magnus, et voulaient respecter leur parole et leur promesse, ils s'efforcèrent avec zèle de promouvoir cette cause parmi le peuple. Y contribua également le fait que Canute le Grand et tous ses descendants étaient morts. Et une troisième aide vint de la sainteté et des miracles de son père, le roi Olaf, qui avaient grande réputation dans tous les pays.

     

    22- Le roi Magnus choisi comme roi du Danemark

    Par la suite, le roi Magnus ordonna que le peuple soit rassemblé à un Thing à Viborg. Dans les temps anciens ou plus récemment, le peuple de Danemark choisissait ses rois au Thing de Viborg. A cette Assemblée, les danois choisirent Magnus Olafson comme roi de tous les domaines de Danemark. Le roi Magnus resta longtemps au Danemark pendant l'été (1042). Et où qu'il se rende, le peuple l'accueillait joyeusement, et lui obéissait avec bonne volonté. Il partagea le pays en baronnies et districts, et donna des fiefs aux hommes puissants du pays. Tard en automne, il retourna avec sa flotte en Norvège, mais fit relâche quelque temps auprès de la rivière Gaut.

     

    23- De Svein Ulfson

    Il était un homme, nommé Svein, un fils du jarl Ulf, et petit-fils de Thorgils Sprakaleg. La mère de Svein était Astrid, une fille du roi Svein à la barbe fourchue. Elle était la sœur de Canute le Grand du côté de son père, et du roi de Suède Olaf Eirikson du côté de sa mère. Car sa mère était la reine Sigrid la Fière, une fille de Skoglar Toste. Svein Ulfson avait vécu longtemps auprès de son parent roi de Suède, dès que le roi Canute eut commandé l'exécution de son père Ulf, ainsi qu'il est relaté dans la saga du vieux roi Canute, et que son frère adoptif, le jarl Ulf, eut été tué à Roskilde. Et depuis, Svein n'était pas retourné en Danemark. Svein Ulfson était un des hommes les plus séduisants qu'il se put voir. Il était très vigoureux et fort, et expert dans tous les exercices, et en outre, habile en paroles. Chacun de ceux qui le connaissaient disait qu'il avait toutes les qualités pour devenir un bon chef.

    Svein Ulfson demanda à voir le roi Magnus tandis qu'il se tenait près de la rivière Gaut, et le roi le reçut aimablement, ainsi que certains lui en donnèrent le conseil, car Svein était un homme très populaire. Il parla pour lui-même au roi fort habilement, de sorte qu'il advint qu'il entra au service du roi Magnus, et devint son homme. Ils discutèrent par la suite fréquemment entre eux et en privé de maintes affaires.

     

    24- Svein Ulfson fait jarl.

    Un jour, alors que le roi Magnus était assis sur son haut siège, et que beaucoup de monde se tenait autour de lui, Svein Ulfson prit place sur un tabouret devant le roi. Le roi fit alors un discours :

    "- Qu'il soit connu de vous, chefs, et du peuple dans son entier, que j'ai pris la décision suivante. Ici se trouve un homme distingué, tant par sa famille que par son propre mérite, qui est entré à mon service et m'a prêté serment de fidélité. Ainsi que vous le savez, les Danois sont devenus cet été mes sujets, ce qui fait que lorsque je suis absent du pays, il lui manque un dirigeant. Et il ne vous est pas inconnu qu'il est ravagé par les hommes du Vindland, du Kurland et d'autres de la Baltique, de même que par les Saxons. Par conséquent, je leur ai promis un chef pour les défendre et gouverner leur pays. Et je ne connais aucun homme plus apte pour cette mission, à tous égards, que Svein Ulfson, qui par la naissance est à même d'être le chef de ce pays. Je le nomme par conséquent mon jarl, et lui remets le gouvernement de mes domaines danois tant que je suis en Norvège, tout comme le roi Canute le Grand remit à son père, le jarl Ulf, le gouvernement du Danemark lorsqu'il se trouvait en Angleterre."

    Alors Einar Tambarskelver dit : "- Un jarl trop puissant, mon fils1, un jarl trop puissant !"

    Le roi répliqua avec passion : "- Vous avez une bien piètre opinion de mon jugement, je pense. Certains considèrent que vous êtes de trop grands jarls, et d'autres que vous n'êtes bons à rien."

    Alors le roi se leva, prit une épée, et et la ceignit à la taille du jarl, prit un bouclier et l'attacha à ses épaules, posa un heaume sur sa tête, et lui donna le titre de jarl, avec les mêmes fiefs en Danemark que ceux que son père, le jarl Ulf, avait eus auparavant. Après quoi un autel fut amené, contenant de saintes reliques, et Svein posa la main dessus, et prêta serment de fidélité au roi Magnus. Alors le roi conduisit le jarl vers le haut-siège à ses côtés.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "Ce fut sur le rivage de la rivière Gaut

    Que Svein Ulfson jura, la main sur les reliques.

    Le roi Magnus parla premier pour ce serment

    Par lequel Svein Ulfson engageait sa parole.

    Les vœux solennellement prononcés par Svein,

    Sur les restes sacrés des saints du paradis,

    Parurent à Magnus à la fois justes et vifs.

    Il trouva qu'ils étaient trop loyaux pour durer."

    Le jarl Svein se rendit ensuite au Danemark, et toute la nation le reçut bien. Il établit une cour autour de lui, et devint bientôt un grand homme. En hiver (1043), il parcourut la contrée, et se fit des amis parmi les puissants chefs. Et, sans nul doute, il fut aimé du peuple de tout le pays.

     

    25- L'expédition du roi Magnus

    Le roi Magnus se rendit vers le nord et la Norvège avec sa flotte, et y passa l'hiver. Mais lorsque le printemps revint (1043), il assembla de larges forces, avec lesquelles il fit voile au sud vers le Danemark, ayant reçu la nouvelle depuis le Vindland que le peuple de Vindland, à Jomsborg, refusait de lui être plus longtemps assujetti. Les rois Danois avaient précédemment constitué un très vaste comté dans cette région, et ce furent eux qui fondèrent Jomsborg. Mais à présent, la place était devenue une véritable forteresse. Dès que le roi Magnus eut connaissance de ces faits, il ordonna qu'une flotte et une armée nombreuses soient levées en Danemark, et embarqua en été avec toutes ses troupes, qui formaient ensemble une armée considérable.

    Arnor, le scalde du jarl, en parla ainsi :

    "A présent en ces strophes, royale jeunesse !

    Je ne dis rien de plus que pure vérité.

    Tes équipages armés ont laissé au rivage

    De nombreuses traces de quilles sur le sable,

    Et jamais aucun souverain auparavant

    N'a conduit autant de vaisseaux sur une grève

    Que tu n'en amenas aux îles du Vindland :

    Les hommes du Vindland reculèrent d'effroi."

     

    Lorsqu'il arriva au Vindland, le roi Magnus attaqua Jomsborg, et prit bientôt la forteresse tuant nombre d'hommes, brûlant et détruisant aussi bien la ville que les alentours, et rassemblant le plus énorme des butins.

    Ainsi en parla Arnor, scalde du jarl :

    "Les brigands, débordés par la mort et le feu,

    Ne surent pas comment échapper à ton ire ;

    Par dessus les remparts du château de Jomsborg

    Ta colère pleuvait en feux tourbillonnants.

    Les païens appelaient leurs faux dieux à leur aide,

    Et tremblaient de terreur même dedans leur halle ;

    Et grâce à la lumière de sa propre flamme,

    Le roi devint le maître du fort des vikings."

     

    Nombreux furent les gens du Vindland à se soumettre au roi Magnus, mais bien plus s'enfuirent. Le roi Magnus retourna en Danemark, et se prépara à y passer l'hiver, et renvoya chez eux les Danois, ainsi que la plupart des Norvégiens qu'il avait amenés avec lui.

     

    1 Fils adoptif

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le bon

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode                                                                                                                          Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode


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  • Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode

    26- Svein reçoit le titre de roi

    Ce même hiver (1043) au cours duquel Svein Ulfson avait été élevé au rang de gouverneur de l'ensemble des domaines danois, était devenu l'ami d'un grand nombre des principaux chefs du Danemark, et avait obtenu l'affection du peuple, il endossa sur le conseil de certains des chefs le titre de roi. Mais lorsqu'il apprit au printemps suivant que le roi Magnus était venu du nord avec une grande armée, Svein s'en fut en Scanie, d'où il se rendit au Gautland, puis en Svithjod chez son parent le roi Emund, où il resta tout l'été, envoyant des espions au Danemark pour avoir des informations sur l'avancée du roi Magnus et les effectifs de ses troupes. Puis, lorsqu'il apprit que le roi Magnus avait renvoyé la majeure partie de son armée, et qu'il se trouvait dans le sud au Jutland, il quitta par voie de terre le Svithjod avec un grand nombre d'hommes que lui avait donné le roi suédois. Lorsque Svein arriva en Scanie, le peuple de ce pays le reçut fort bien, le traita comme son roi, et les hommes se joignirent à lui en foules. Puis il se rendit en Seeland, où il fut également bien accueilli, et tout le pays se rallia à lui. Puis il alla à Fyen (Fiona), et plaça toutes les îles sous sa domination, et comme le peuple se rassembla autour de lui, il réunit une grande armée et beaucoup de vaisseaux de guerre.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode, svein

    Le roi Svein. H. Egedius.

     

    27- Des forces militaires du roi Magnus

    Le roi Magnus eut connaissance de ces nouvelles, et en même temps, que le peuple du Vindland avait levé une armée. Il demanda à ses hommes de se rassembler autour de lui, et réunit également une armée en Jutland. De même, Otto, Duc de Brunswick, qui avait épousé Ulfhild, la fille du roi Saint-Olaf, et sœur du roi Magnus, le rejoignit avec force troupes. Les chefs danois pressèrent le roi Magnus de marcher contre le Vindland, et de ne pas permettre à ces païens d'avancer et de dévaster le pays. Il fut ainsi décidé que le roi Magnus se rendrait vers le sud jusqu'à Heidaby. Tandis qu'il bivouaquait près de la rivière Skotborg, sur la lande Hlyrskog, il reçut des informations au sujet de l'armée du Vindland, à savoir qu'elle était si importante qu'elle ne pouvait être dénombrée. Tandis que le roi Magnus avait si peu d'hommes qu'il semblait qu'il ne lui restait aucune chance, à part la fuite. Le roi, cependant, se résolut à combattre, s'il y avait la moindre probabilité qu'il pût remporter la victoire. Mais la plupart le dissuadèrent de s'engager dans pareille aventure, et tous, comme un seul homme, dirent que le Vindland disposait indubitablement de forces extraordinaires. Le Duc Otto, par contre, le pressait d'aller à la bataille. Alors le roi ordonna que toute l'armée soit rassemblée par les trompettes de guerre, et rangée en ordre de bataille, et que tous les hommes s'arment et dorment pour la nuit sous leurs boucliers. Car il se racontait que l'armée ennemie se trouvait dans le voisinage. Le roi était très pensif, vexé de penser qu'il pourrait être obligé de fuir, ce qu'il n'avait jamais expérimenté auparavant. Il dormit peu cette nuit-là, et chanta des prières.

     

    28- Le miracle du roi Olaf

    Le lendemain était la veille de la St Michel. Vers l'aube, le roi s'endormit, et rêva que son père, le roi Saint-Olaf, lui apparaissait et lui disait : "- Es-tu si triste et effrayé parce que le peuple de Vindland marche contre toi avec une grande armée ? N'aie pas peur des païens, fussent-ils nombreux. Car je serai avec toi dans la bataille. Prépare-toi donc à livrer bataille aux Vindlanders, lorsque tu entendras ma trompette."
    Lorsque le roi s'éveilla, il narra ce rêve à ses hommes, et le jour se leva. A ce moment, tous entendirent sonner les cloches dans les airs. Et tous ceux qui parmi les hommes du roi Magnus s'étaient rendu à Nidaros pensèrent qu'il s'agissait du son de la cloche nommée Glod, que le roi Olaf avait offerte à l'église de St Clément dans cette ville.

     

    29- La bataille de la lande Hlyrskog.

    Alors le roi Magnus se leva, et ordonna que résonnent les trompettes, et à ce moment, l'armée du Vindland arrivait contre lui depuis le sud en traversant la rivière. . L'ensemble de l'armée du roi se leva, et avança contre les païens. Le roi Magnus ôta et jeta au loin sa cotte de mailles, et il portait une chemise de soie rouge sur ses vêtements, tenant en mains la hache de bataille nommée Hel qui avait appartenu au roi Olaf.

    Le roi Magnus courut sus à l'armée ennemie devant tous ses hommes, et faucha sans délai de ses deux mains tous ceux qui se dressaient face à lui.

    Ainsi chanta Arnor, scalde du jarl :

    "Il rejeta son armure sur le sol

    Et fit tourner sa grande hache autour de lui.

    Et le roi de Norvège avança en puissance

    Face aux épées sonnantes au plus fort du combat.

    Maniant des deux mains sa large hache Hel,

    Faisant céder les heaumes, boucliers et crânes,

    Il partageait le monde avec la destinée,

    Et traita là-bas avec la mort et la vie."

     

    Cette bataille ne s'éternisa pas ; car les hommes du roi étaient des plus ardents, et en arrivant les hommes du Vindland tombaient en rangs serrés comme les enchevêtrements d'algues entassés sur le rivage par les vagues. Ceux qui venaient derrière entreprirent de fuir, et furent tués comme bétail à l'abattage. Le roi lui-même poursuivit les fuyards sur la lande, et des hommes tombèrent partout sur les bruyères.

    Ainsi en parla Thiodolf :

    "Et avant tout il poursuivit

    Et faucha l'ennemi fuyard ;

    A chaque coup un festin d'aigle,

    Casques brisés des vindlandais.

    Il les conduisit au foyer,

    Et ils fuirent la mort sanglante ;

    Mais la lande, sur un mile ou plus,

    Fut parsemée de cadavres."

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode, lyrskoghede

    La bataille de Lyrskoghede.  H. Egedius.

     

    Il se dit couramment qu'il n'y eut jamais plus grand massacre d'hommes sur les terres nordiques depuis l'avènement du christianisme, que celui qui eut lieu pour les hommes du Vindland sur la lande de Hlyrskog. Par ailleurs, il y eut peu de morts parmi les hommes du roi Magnus, bien que beaucoup fussent blessés. Après la bataille, le roi ordonna que les plaies fussent bandées. Mais il n'y avait pas assez de soigneurs dans l'armée pour subvenir à tous les besoins, alors le roi lui-même fit un tour dans l'armée et toucha les mains de ceux qu'il pensait les plus aptes à cette tâche. Après avoir ainsi palpé leurs paumes, il désigna douze hommes qui, pensait-il avait les mains les plus douces, et leur dit de panser les plaies des autres. Et bien qu'aucun d'eux ne l'ait jamais fait auparavant, ils devinrent après cela les meilleurs des guérisseurs. Il se trouvait deux Islandais parmi eux. L'un était Thorkil, un fils de Geire, de Lyngar, et l'autre Atle, père de Bard Svarte de Selardal, dont tant de bons médecins descendirent par la suite. Après cette bataille, le récit du miracle du à Saint-Olaf se répandit largement dans le pays, et il se disait couramment parmi le peuple que personne ne devrait s'aventurer à combattre le roi Magnus Olafson, car son père Saint-Olaf se tenait si près de lui que ses ennemis ne pourraient jamais le blesser.

     

    30- La bataille de Re.

    Le roi Magnus tourna immédiatement son armée contre Svein, qu'il nommait son jarl tandis que les Danois l'appelaient leur roi, et il rassembla ses vaisseaux et de grandes troupes, et des deux côtés, de grandes forces se firent face. Dans l'armée de Svein se trouvaient de nombreux chefs de Scanie, Halland, Seeland et Fyen, tandis que celle du roi Magnus comprenait principalement des hommes de Norvège et du Jutland. Il se hâta vers Svein avec ses troupes. Ils se rencontrèrent à Re, près de Vestland. Et ce fut une grande bataille qui s'acheva par la victoire du roi Magnus et la fuite de Svein. Après avoir perdu de très nombreux hommes, Svein se replia en Scanie, et de là au Gautland, qui lui était un refuge sûr et toujours ouvert pour lui. Le roi Magnus retourna au Jutland, où il resta tout l'hiver (1044) avec une suite nombreuse, et une garde pour surveiller ses navires.

    Arnor Scalde du jarl en parla ainsi :

    "A Re notre seigneur qui aime la bataille

    Empourpra son épée en un combat sanglant,

    A Re au-dessus des côtes occidentales,

    A nouveau dans le sang des guerriers du Vestland."

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode                                                                                                                       Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode


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