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Heimskringla : Saga de Magnus le Bon III
10- De la première arrivée du roi Magnus en Svithjod
Immédiatement après que Magnus Olafson vint en Svithjod depuis la Russie, Sigvat le rencontra en la demeure d'Astrid, et ils furent tous deux heureux de se voir. Sigvat chanta alors :
"Tu es venu ici, jeune et brave seigneur !
Tu es ici chez toi ! Et c'est avec bonheur
Que tes gens et ton pays t'accueillent. De cette heure,
Je me rallie moi-même à ta jeune puissance.
Je ne pouvais me précipiter en Russie,
J'étais céans le garde du corps de ta mère.
Ce fut ma punition pour avoir baptisé
Magnus de son nom, bien qu'à peine vivant."
Après quoi Sigvat voyagea avec la reine Astrid, et suivit Magnus en Norvège. Sigvat chanta alors :
"Aux foules ruisselant en direction du Thing,
Pour voir et écouter leur souverain Magnus,
Je dirai ma pensée, jeune roi, à voix haute :
Dieu a été clément pour Ses populations
S'Il a, Lui vers qui montent toutes les prières,
Donné pour nous un fils aussi semblable
A ce que fut son père, aucun peuple sur terre
Ne peut bénir assez cette venue royale."
Lorsque Magnus devint roi de Norvège, Sigvat l'assista, et fut son ami le plus cher.
Il arriva qu'un jour la reine Astrid et Alfhild la mère du roi échangèrent quelques paroles acerbes l'une avec l'autre, et Sigvat dit :
"Alfhild ! Bien que ce fut la volonté de Dieu
De t'élever, il faut toujours te rappeler
Qu'Astrid, fille de souveraine doit être par toi
Traité avec tout le respect qui lui est du."
11- Le tombeau du roi Olaf
Le roi Magnus fit fabriquer un tombeau d'or et d'argent, décoré de joyaux. Ce sanctuaire fut façonné de sorte qu'il ait en aspect et en taille l'apparence d'un cercueil. Dessous était une arche, et lui fut érigé un toit surélevé, avec une tête et un fronton. Derrière furent tendues des tentures, et devant, installées des grilles avec des cadenas qui pouvaient être fermés à clé.
Dans ce tombeau, le roi Magnus fit déposer les saints restes du roi Olaf, et nombreux furent les miracles qui survinrent alors. Sigvat en parla ainsi :
"Pour lui fut fabriqué un tombeau tout doré,
Pour celui dont le cœur n'eut jamais de frayeur
Pour les hommes mortels – Pour le saint souverain,
A qui le Seigneur Dieu a ouvert les cieux.
Ici plus d'un homme peut sentir son empreinte,
Complètement aveugle et inconscient du jour,
Et devant le sanctuaire où gît le roi Olaf
Chanter des prières pour recouvrer la vue."
Il fut également inscrit dans la loi que le jour saint du roi Olaf devrait être fêté dans toute la Norvège, et que ce jour saint serait par la suite le plus grand des jours d'Eglise.
Sigvat en parla ainsi :
"Pour Olaf, père de Magnus, s'élèvent
En ma demeure, des chants de prière !
Avec joie,et chagrin, fêtons le jour
Où Olaf fut appelé pour les cieux.
Je me dois de conserver en mon cœur
Un jour pour prier pour son saint repos
Mes mains levées portant un anneau d'or
De mon seigneur au bout de chaque branche1. "
12- De Thorer Hund
Thorer Hund (le chien) quitta le pays immédiatement après la mort du roi Olaf. Il fit tout le trajet jusqu'à Jérusalem, et nombreux furent ceux qui dirent qu'il ne revint jamais. Thorer Hund avait un fils nommé Sigurd, père de Ranveig qui était mariée à Joan, un fils de Arne Arnason. Leurs enfants furent Vidkun de Bjarkey, Sigurd Hund, Erling, et Jardthrud.
13- Du meurtre de Harek de Thjotta
Harek de Thjotta resta à la maison dans sa ferme, jusqu'à ce que le roi Magnus Olafson n'arrive dans le pays et n'y soit fait roi. Alors Harek se rendit dans le sud à Throndhjem chez le roi Olaf. A ce moment, Asmund Grankelson se trouvait dans la maison du roi. Lorsque Harek parvint à Nidaros et débarqua de son navire, Asmund se tenait avec le roi dans la galerie extérieure aux combles, et le roi et Asmund reconnurent tous deux Harek lorsqu'ils le virent.
"- A présent, dit Asmund, je vais rétribuer Harek pour le meurtre de mon père." Il tenait à la main une petite hachette légère. Le roi le regarda et lui dit :
"- Tu ferais mieux de prendre la mienne." Elle était à fer épais et armée d'un long manche.
"- Tu dois savoir, Asmund, ajouta-t-il, que les os sont durs chez le vieux bonhomme."
"Tu ferais mieux de prendre la mienne". H. Egedius.
Asmund prit la hache, descendit, traversa la maison, et lorsqu'il arriva à la croisée des chemins, Harek et ses hommes qui arrivaient le rencontrèrent. Asmund frappa Harek à la tête, de sorte que la hache pénétra jusqu'au cerveau. Et ce fut une blessure mortelle pour Harek. Asmund s'en retourna directement à la demeure du roi, et tout le tranchant de la hache avait été déformé par le coup. Alors le roi dit :
"- Qu'aurais-tu voulu que fît ta hachette, puisque même celle-ci, si je ne m'abuse, est perdue ?" Après quoi le roi lui donna un fief et une charge en Halogaland, et il existe de nombreuses histoires sur le conflit entre Asmund et les fils d'Harek.
14- De Thorgeir Flek
Kalf Arnason eut le premier, et pour quelque temps, la plus grande part de la gouvernance sous le règne du roi Magnus. Mais peu après, quelques-uns rappelèrent au roi le rôle de Kalf à Stiklestad2, et il devint alors difficile à Kalf de satisfaire le roi en quelque matière que ce fut.
Il arriva un jour que de nombreux hommes étaient venus présenter leurs doléances devant le roi ; Et Thorgeir Flek de Sula en Veradal, dont il est fait mention précédemment dans l'histoire de Saint-Olaf, vint également à lui à propos de quelque affaire urgente. Le roi ne prêta aucune attention à ses paroles, mais écoutait celles des personnes se tenant auprès de lui. Alors Thorgeir dit au roi, assez fort pour être entendu de tous ceux qui l'entouraient :
"Ecoutez, monseigneur, l'ensemble de mes mots.
J'y étais moi aussi, et eus à ramener
Ma tête ensanglantée du port de Stiklestad :
Car je m'y trouvais avec les hommes d'Olaf.
Prêtez-moi attention : j'ai précisément vu
Ces hommes en qui vous placez votre confiance
Frapper des cadavres encombrant leur chemin,
Bien que gisant à terre aussi morts qu'on peut l'être :
Et frapper dans le sang de votre père mort."
Un rugissement s'éleva instantanément, et certains dirent à Thorgeir de s'en aller. Mais le roi l'appela, et non seulement régla son affaire à sa satisfaction, mais lui promit amitié et faveur.
15- Kalf Arnason fuit le pays
Peu après, le roi se rendit à une fête à la ferme de Haug en Veradel, et à la table du dîner, Kalf Arnson s'assit à son côté, et Einar Tambaskelver à l'autre. On en était déjà au point où le roi n'accordait aucune attention à Kalf, ne s'occupant que d'Einar. Le roi dit à Einar : "- Chevauchons bientôt vers Stiklestad. Je voudrais voir les monuments commémoratifs des événements qui se sont passés là-bas."
Einar répondit : "- Je ne peux rien te dire à ce sujet. Mais entretiens donc ton père adoptif Kalf de cela, il pourra te renseigner sur tout ce qui s'est passé là-bas."Lorsque les tables furent enlevées, le roi se prépara, et dit à Kalf : "- Tu dois venir avec moi à Stiklestad."
Kalf répondit : "- Ce n'est pas vraiment mon devoir."
Le roi se leva avec emportement, et dit : " - Tu dois y aller, Kalf ! ", et là-dessus, il sortit.
Kalf passa en toute hâte ses vêtements de voyage, et dit à son valet de pied : "- Tu dois te rendre directement à Eggja, et ordonner à mes serviteurs de charger tous mes biens à bord de mon navire avant le coucher du soleil."
Le roi Magnus chevaucha alors vers Stikelstad, et Kalf avec lui. Ils descendirent de cheval et se rendirent à l'endroit où avait eu lieu la bataille. Alors le roi demanda à Kalf :
"- Où est l'endroit où tomba le roi ? "
Kalf étendit le manche de sa lance et dit : "- Il se tenait là lorsqu'il est tombé."
Magnus le Bon et Kalf Arnason à Stilkelstad. H. Egedius.
Le roi : "- Et toi, où étais-tu, Kalf ?"
Kalf : "- J'étais où je me tiens maintenant."
Le visage du roi devint rouge comme du sang : "- Alors ta hache peut très bien l'avoir touché."
Kalf répliqua : "- Ma hache n'est pas allée auprès de lui", et il rejoignit tout de suite son cheval, sauta sur son dos, et s'en alla avec tous ses hommes.
Kalf sauta sur son cheval. P.N. Arbo.
Et le roi retourna à Haug. Kalf ne s'arrêta pas avant d'avoir atteint Eggja, dans la soirée. Là, son vaisseau était prêt à proximité du rivage, et ses affaires étaient à bord, et l'équipage constitué de ses domestiques. Ils larguèrent immédiatement les amarres et partirent à travers le fjord de nuit. Par la suite, ils voyagèrent jour et nuit, tant que le vent le permettait. Il navigua vers le large, vers l'ouest, et resta longtemps autour de l'Irlande, en la pillant, et autour des Hébrides.
Bjarne Gullbrarskald en parle ainsi dans sa chanson au sujet de Kalf :
"Le frère de Thorberg, qui toujours se tint bien
Auprès du roi ! Dans un mouvement de colère
Il est le premier à se séparer de toi,
Qui méritait pourtant d'être bien estimé.
Il est le tout premier dont l'amitié se brise,
Car de fâcheux envieux ont conté des mensonges
Et il est aussi le premier à regretter
Que l'amitié se soit brisée entre vous deux."
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