• Heimskringla, snorri sturluson, olav kyrres

    9- Rencontre entre Olaf Kyrre et Saint-Canute

    Le roi Olaf Kyrre était un grand ami de son frère adoptif, le roi danois, Saint-Canute. Ils organisèrent un rendez-vous et se rencontrèrent à Konungahella sur la rivière Gaut, où les rois avaient coutume de tenir leurs entrevues. Là, le roi Canute proposa d'envoyer une armée en Angleterre, afin de prendre leur revanche, celle, d'abord et avant tout celle du roi Olaf lui-même, mais également du roi Canute.

    "De deux choses l'une, dit le roi Canute. Soit prends soixante vaisseaux, que je te fournirai, et sois-en le chef ; soit donne-moi soixante vaisseaux, et je les commanderai."
    Alors le roi Olaf répondit : "Ton discours, roi Canute, est en tous points en accord avec ma pensée. Mais il existe une grande différence entre nous. Ta famille a eu la chance de conquérir l'Angleterre, avec grande gloire, et en particulier, entre autres, le roi Canute le Grand. Et il est probable que cette bonne fortune accompagne ta race. D'un autre côté, lorsque le roi Harald, mon père, s'en alla vers l'ouest en Angleterre, il y rencontra sa mort. Et à ce moment, les meilleurs hommes de Norvège l'y suivirent. Mais la Norvège fut alors tellement vidée des hommes de cette trempe que de tels hommes n'ont pu être trouvés depuis dans ce pays. Cette expédition fut d'une excellente tenue, et tu sais à présent quelle en fut la fin. Alors, je suis conscient de mes propres capacités, et combien je suis fait pour prendre le commandement. Il serait donc préférable que tu y ailles, avec mon aide et mon assistance."
    Alors le roi Olaf donna soixante grands vaisseaux au roi Canute, avec un excellent équipement et des hommes loyaux, et plaça ses barons comme capitaines sur chacun d'entre eux, à charge pour eux de veiller à ce que leur armement soit le meilleur. On raconte également, dans les sagas de Canute, que les Norvégiens ne rompirent pas leur engagement, lors de la réquisition de l'armée, mais que les Danois refusèrent d'obéir aux ordres de leur roi. Le roi Canute remercia les Norvégiens, et les autorisa à commercer où bon leur semblerait dans son royaume, et envoya à cette époque de coûteux présents au roi de Norvège pour le remercier de son assistance. Mais de l'autre côté, il était furieux contre les Danois, et leur fit payer de lourdes amendes.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olav kyrres, saint canute

    Saint Canute

     

    10- Un paysan qui comprend le langage des oiseaux

    Un été, alors que les hommes du roi Olaf étaient partis dans la campagne collecter les taxes et les cotisations pour les terres, il advint que le roi, à leur retour, leur demanda à quel endroit, au cours de leur expédition, ils s'étaient le mieux divertis. Ils dirent que c'était dans la maison d'un bondi, dans l'un des districts royaux.
    "- Il y a là un vieil homme qui connaît bien des choses avant qu'elles n'adviennent. Nous lui avons posé beaucoup de questions, et il nous a répondu. Et maintenant, nous croyons qu'il comprend parfaitement le langage des oiseaux. "
    Le roi leur répondit : "- Comment pouvez-vous ajouter foi à une telle absurdité ?" et insista sur le fait qu'on ne pouvait croire en de telles choses.
    Il arriva peu après que le roi navigua le long des côtes ; et alors qu'il traversait un détroit, le roi dit : "- Quel est ce village, là-bas, dans la campagne ?".
    Ses hommes répondirent : "- C'est celui dont nous vous avons parlé, celui où nous nous sommes le plus divertis." Ils virent alors un cheval, se tenant à proximité de la maison.
    Alors le roi dit : "- Allez là-bas, prenez ce cheval, et tuez-le."
    Ils répondirent : "- Nous ne voudrions pas lui causer un tel dommage."
    Le roi : "- Je commande. Coupez la tête de ce cheval. Mais prenez garde à ne pas laisser de sang tomber sur le sol, et amenez le cheval jusqu'à mon navire. Allez, maintenant, et ramenez-moi le vieil homme. Mais ne lui dites rien de ce qui s'est passé, ou vous en répondrez sur votre vie."

    Ils firent ainsi qu'il avait ordonné, et allèrent voir le vieil homme, et lui délivrèrent le message du roi. Lorsqu'il arriva devant le roi, ce dernier lui demanda : "- A qui appartient la maison où tu habites ? "
    Il répondit : "- Majesté, elle vous appartient, et vous en percevez les revenus. "
    Le roi : "- Montre-nous le chemin autour de ce cap, car ici, tu dois être un bon guide. "

    Le vieil homme entra dans sa barque et se mit à ramer devant le navire du roi, et il avait ramé depuis un petit moment lorsqu'un corbeau survola le vaisseau, et croassa horriblement. Le paysan écouta le corbeau. Le roi demanda : "- Crois-tu, bondi, que cela signifie quelque chose ?"
    "- Majesté, sans aucun doute " répondit-il.

    Alors un autre corbeau passa au-dessus du navire, et cria affreusement. Le bondi fut si malade en l'entendant qu'il ne put plus ramer et que les rames tombèrent de ses mains. Le roi dit : "- Ton esprit est fort tourné vers ces corbeaux, bondi, et vers ce qu'ils disent."
    Le bondi répondit : "- A présent, je suppose que ce qu'ils disent est vrai."

    La troisième fois, un corbeau arriva en crissant de manière pire encore, et vint presque s'installer sur le navire. Alors le bondi jeta ses rames, s'en désintéressa complètement, et se redressa devant le roi.
    Le roi lui dit : "- Tu prends cela trop à cœur, bondi. Que disent-ils donc ?"
    Le paysan : "- Il semble que ce soit quelque chose qu'ils auront mal compris, ou bien c'est moi."
    "- Dis toujours ", fit le roi.

    Le bondi répondit par une chanson :

    "Celui qui est âgé d'un an

    Raconte pure absurdité.

    Ce que l'"âgé de deux ans" dit

    Est encore plus insensé.

    Le croassement de "trois années"

    De prodiges a voulu parler.

    L'oiseau nauséabond a dit

    Que je rame juste devant

    Le chef de ma vieille jument,

    Et il ajoute en sa chanson,

    Que le voleur en est

    Le maître du pays."

    Le roi dit : "- Qu'est ceci, bondi ? Oses-tu me traiter de voleur ?" Alors le roi lui donna de bons présents, et lui remit tout l'impôt de la terre sur laquelle il vivait.

     

    Ainsi en parla Stein :

    "Le pilier de notre royale famille

    Se tient à l'avant paré de toutes les grâces.

    Quel autre roi tira jamais telle fierté

    De distribuer ses dons avec cette largesse ?

    Entouré de boucliers qui brillent au loin,

    Il a déjà donné un navire marchand

    Avec des raies peintes entre les rangs brillants.

     

    L'homme d'armes en montrant son bracelet d'or

    Le vante comme présent de son souverain.

    A la table du roi, les hôtes sont assis,

    Richement habillés par la bonté du roi.

    Le roi Olaf, royal souverain de Norvège,

    Qui tira sa gloire du pays des anglais

    Arrose de ses mains toujours prêtes à donner

    Les enfants du pays de ses propres richesses.

     

    Il gratifia ses serviteurs de beaux habits,

    Honora ses gardes de hauberts et de heaumes.

    Ou les guerriers de Har gagnèrent haches et épées

    Et de lourdes armures pour combattre en plaine.

    Il s'acquitta aussi, pour service rendu,

    En bon or rouge et pur, et dûment soupesé,

    Paye le roi Olaf. Il aime rétribuer

    Tout service bien fait de manière royale."

     

    11- De la mort du roi Olaf Kyrres

    Le roi Olaf vécut principalement dans les grandes fermes de ses domaines. Alors qu'il se trouvait en Ranrike, dans son établissement de Haukby, il contracta la maladie qui le conduisit au trépas. Il avait été roi de Norvège pendant 26 ans (1068-1093), puisqu'il avait été fait roi de Norvège l'année suivant la mort du roi Harald. Le corps du roi Olaf fut emmené vers le nord à Nidaros, et enterré dans l'église du Christ qu'il avait lui-même bâtie là. Il fut le plus aimable roi de son temps, et richesses et cultures augmentèrent en Norvège sous son règne.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, olav kyrres

    Fouilles dans l'église du Christ, Nidaros, 1866.

     

    FIN DE LA SAGA D'OLAF KYRRES

     

     Heimskringla, snorri sturluson, olaf kyrre                                                                                                             Heimskringla, snorri sturluson, olaf kyrre


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  • Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux 

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux

    Magnus aux pieds nus

    Magnus le Déchaux

    Magnus III de Norvège

     

    1- Le début du règne du roi Magnus et de son cousin Hakon

    Magnus, fils du roi Olaf, fut proclamé roi de toute la Norvège à Viken, immédiatement après le décès du roi Olaf. Mais le peuple des Uplands, entendant parler de la mort du roi Olaf, choisit Hakon, le fils adoptif de Thorer, un cousin du roi Magnus, comme roi. Alors Hakon et Thorer partirent vers le nord, vers le district de Throndhjem, et, lorsqu'ils arrivèrent à Nidaros, ils convoquèrent l'Eyrathing. Et lors de ce Thing, Hakon sollicita des boendr le titre royal, et ils le lui accordèrent, et le peuple de Throndhjem le proclama roi de la moitié de la Norvège, de même que son père, le roi Magnus, l'avait été avant lui. Hakon releva le peuple de Throndhjem de tout droit portuaire, et leur octroya maints autres privilèges. Il supprima les cadeaux de Yule, et par là s'attira les bonnes grâces de toute la population de Throndhjem. Après quoi, Hakon constitua sa cour, et retourna vers les Uplands où il donna au peuple des Uplands les mêmes privilèges qu'à celui de Throndhjem ; et ainsi, les gens s'attachèrent tout à fait à lui et furent ses amis. Le peuple de Throndhjem chanta cette ballade pour lui :

    "Le jeune Hakon fut la fierté de la Norvège,

    Et Steig-Thorer, à ses côtés, le soutenait.

    Le jeune Hakon arriva depuis les Uplands,

    De naissance, de lignée et de nom royaux.

    Le jeune Hakon, par son royal droit d'aînesse,

    Demanda au souverain la moitié des terres :

    Magnus ne voudra pas diviser le royaume,

    Il le prendra entier ou alors rien du tout."

     

    2- La mort d'Hakon

    Le roi Magnus partit vers le nord en direction de la ville marchande (Nidaros), et, en arrivant, se rendit directement à la maison du roi, et y installa ses quartiers. Il y résida la première partie de l'hiver (1094), et garda sept langskips en eau libre sur la rivière Nid, à hauteur de la maison du roi. Mais lorsque le roi Hakon entendit cela, il vint de l'est à travers les Dovrefields puis le district de Throndhjem jusqu'à la ville marchande, où il s'installa dans la maison de Skuli, en face de l'église St Clément, et qui avait été auparavant la maison du roi. Les grands cadeaux faits par Hakon aux boendr pour gagner leurs faveurs avaient fort déplu au roi Magnus, qui pensait qu'avait été ainsi donné beaucoup de ses propres possessions. Cette idée irritait son esprit ; et il pensait avoir ainsi été l'objet d'une injustice de la part de son parent, puisqu'il percevait moins de revenus à présent que n'en avaient reçus son père et ses prédécesseurs avant lui. Et il en rejeta le blâme sur Thorer. Lorsque le roi Hakon et Thorer le surent, ils s'inquiétèrent de ce que le roi Magnus pourrait faire. Et ils trouvèrent suspect que Magnus garde des vaisseaux tout gréés à flot, et équipés de tentes.

    Au printemps suivant, après la Chandeleur, le roi Magnus quitta la ville de nuit avec ses navires, les tentes dressées, et des lumières allumées dans les tentes. Ils montèrent à Herring, et y restèrent toute la nuit, et allumèrent un feu à terre. Alors Hakon et ses hommes soupçonnèrent que quelque traîtrise était en cours, et firent sonner les cors pour rassembler les hommes sur les Eyrar, où tout le peuple de la ville vint à eux, et où il se rassembla durant toute la nuit. Au crépuscule du matin, le roi Magnus vit que la population de tous les districts s'était rassemblée sur les Eyrar. Il navigua hors du fjord et fit voile vers le sud, où se tient le Gulathing. Hakon remercia le peuple pour le soutien qu'il lui avait apporté, et se prépara à partir vers l'est en direction de Viken. Mais il tint d'abord une réunion dans la ville, où dans son discours, il demanda l'amitié du peuple, lui promettant la sienne. Et il ajouta qu'il avait des soupçons sur les intentions de son parent, le roi Magnus. Alors le roi Hakon monta sur son cheval, et fut prêt à voyager. Tous lui promirent leur bonne volonté et leur aide dès qu'il les leur demanderait, et ils le suivirent sur le chemin de Steinborg. De là, le roi Hakon traversa les Dovrefields. Mais, tandis qu'il passait les montagnes, il chevaucha toute la journée à la poursuite d'un lagopède, qui s'enfuyait devant lui, et contracta une maladie durant cette chasse, maladie qui le conduisit à la mort. Et il mourut dans les montagnes. Son corps fut ramené dans le nord, et arriva à la ville marchande un demi-mois après qu'il l'eut quittée. Tous les habitants de la ville vinrent voir son cadavre, se lamentant, et la plupart d'entre eux pleuraient. Car tous l'aimaient sincèrement. Le roi Hakon fut enterré dans l'église du Christ, et Hakon et Magnus avaient gouverné le pays pendant deux ans. Hakon était un homme accompli de vingt-cinq ans, et fut l'un des chefs les plus aimés du peuple. Il avait conduit une expédition au Bjarmaland, où il avait livré bataille et remporté la victoire.

     

    3- D'une incursion en Halland.

    Le roi Magnus prit la mer en hiver (1095) vers l'est en direction de Viken. Mais lorsque le printemps approcha, il fit voile vers le sud et le Halland, qu'il pilla en long et en large. Il dévasta Viskardal et nombre d'autres districts, et rentra dans son propre royaume avec un abondant butin.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende dans sa chanson sur Magnus.

    "Largement à travers Halland

    Fracas et cris firent écho.

    Les demeures brûlèrent,

    Le peuple fut en deuil,

    Largement à travers Halland

    Le roi du Nord bouta le feu,

    Lorsqu'il vint dans le Viskardal.

    L'incendie ravagea,

    Et les veuves pleurèrent,

    Le roi du Nord bouta le feu."

    Il est raconté ici que le roi Magnus fit de grands ravages au Halland.

     

    4- De Thorer de Steig

    Il y avait un homme nommé Svein, un fils d'Harald Fietter. Il était Danois par sa famille, un grand viking, un grand champion, et un homme très habile, de haute naissance dans son propre pays. Il resta quelque temps avec le roi Hakon Magnuson, et lui était très cher. Mais après la mort du roi Hakon, Thorer de Steig, son père adoptif, se défia de tout traité ou amitié avec le roi Magnus, au cas où ce dernier aurait le pouvoir sur l'ensemble du pays, du fait des prises de positions de Thorer à l'égard du roi Magnus et de l'opposition qu'il lui avait manifestée. Alors Thorer et Svein tinrent conseil, et décidèrent ensemble, ce qu'ils firent par la suite, de lever des troupes contre Magnus, avec l'aide de Thorer et ses hommes. Mais comme Thorer devenait vieux et lourd, Svein prit le commandement et le titre de chef des troupes. Plusieurs chefs prirent part à ce dessein, parmi lesquels le principal fut Egil Aslakson d'Aurland. Egil était un lenderman, marié à Ingebjorg, une fille d'Ogmund Thorbergson, sœur de Skopte de Giske. Un homme puissant et riche, Skjalg Erlingson, se rallia également à leur parti.

    Thorkel Hamarskald en parle ainsi dans sa ballade de Magnus :

    "Thorer et Egil ne furent pas raisonnables

    Et visèrent trop haut pour remporter le prix :

    Il n'y eut aucune sagesse dans leur plan,

    Qui lésa plus d'un propriétaire terrien.

    La pierre, bien trop lourde pour qu'ils ne la lancent,

    Retomba en arrière et les blessa d'éclats,

    Maintenant les paysans doivent regretter

    D'avoir été si fidèles à leurs amis."

    Thorer et Svein levèrent une troupe dans les Uplands, et descendirent à Sunmore par Raumsdal, où ils rassemblèrent des vaisseaux, avec lesquels ils voguèrent vers le nord et Throndhjem.

     

    5- Des aventures de Thorer

    Le lenderman Sigurd Ulstreng, un fils de Lodin Viggiarskalle, rassembla des hommes en envoyant à la ronde le message de guerre, dès qu'il entendit parler de Thorer et des troupes qui le suivaient, et donna rendez-vous à Viggia à tous les hommes qu'il put lever. De même, Svein et Thorer s'y retrouvèrent avec leurs gens, combattirent Sigurd et reportèrent le victoire, lui infligeant de lourdes pertes. Et Sigurd s'enfuit, et rejoignit le roi Magnus. Thorer et ses partisans prirent la direction de la ville (Nidaros), et restèrent quelque temps dans le fjord, où nombre d'hommes les rallièrent. Le roi Magnus, entendant ces nouvelles, leva immédiatement une armée et partit vers le district de Throndhjem, au nord. Lorsqu'il parvint au fjord, Thorer et son parti le surent, alors qu'ils se trouvaient à Herring, et ils étaient prêts à quitter le fjord. Et ils firent force rames en direction du détroit de Vagnvik, laissèrent les navires, et débarquèrent dans le Theksdal en Seliuhverfe, où Thorer fut porté en litière à travers les montagnes. Puis ils s'emparèrent de navires et firent voile au nord vers le Halogaland. Dès que le roi Magnus fut prêt à prendre la mer, il quitta Throndhjem à leur poursuite. Thorer et ses hommes partirent alors vers le nord et parcoururent tout le chemin vers Bjarkey. Et Jon, avec son fils Vidkun, s'enfuirent à leur approche. Thorer et sa troupe s'emparèrent de tous les biens mobiliers, et brûlèrent la maison ainsi qu'un bon langskip qui appartenait à Vidkun. Et tandis que la coque brûlait, le navire se coucha sur le côté et Thorer cria : "Difficile à tribord, Vidkun !".

    Quelques vers ont été composés sur cet incendie à Bjarkey :

    "La plus douce des fermes que j'ai vues

    Etait sur l'île verte de Bjarkey.

    A présent, où la maison se dressait,

    L'incendie crépite à travers le bois.

    La flamme, claire et rouge, brûlant haut,

    Clignote dans le sombre ciel nocturne.

    Jon et Vidkun, au cours de cette nuit,

    N'auront pas à cheminer sans lumière. "

     

    6- La mort de Thorer et Egil

    Jon et Vidkun voyagèrent jour et nuit jusqu'à rencontrer le roi Magnus. Svein et Thorer poursuivirent vers le nord avec leurs hommes, et pillèrent largement le Halogaland. Mais, alors qu'ils faisaient relâche dans un fjord nommé Harm, Thorer et sa troupe virent le roi Magnus arriver à la voile vers eux, et pensant qu'ils n'étaient pas assez nombreux pour l'affronter, ils prirent les rames et s'enfuirent. Thorer et Egil montèrent jusqu'à Hesjutun. Mais Svein navigua vers la haute mer, et d'autres vers les fjords. Le roi Magnus pourchassa Thorer, et leurs navires se heurtèrent tandis qu'ils atterrissaient. Thorer resta sur le gaillard d'avant de son bateau, et Sigurd Ulfstreng lui cria : "Tu vas bien, Thorer ?" Thorer répondit : "Les mains, ça va, mais je suis mal sur mes pieds !"

    Alors tous les hommes de Thorer s'enfuirent vers les terres, et Thorer fut fait prisonnier. Egil fut aussi capturé, car il ne voulut pas abandonner son épouse. Le roi Magnus ordonna alors qu'ils fussent tous deux conduits à Vambarholm. Et tandis qu'ils amenaient Thorer hors du navire, il chancela sur ses jambes. Alors Vidkun lui cria : "Plus à bâbord, Thorer !". 

    Tandis qu'il était amené à la potence, il chanta :

    "Nous étions quatre joyeux compagnons,

    Qu'il en reste un pendu au gouvernail."

    En arrivant au gibet, il dit : "A mauvais conseil, mauvaise conclusion". Alors Thorer fut pendu. Mais lorsqu'il fut hissé à la potence, il était si lourd que son cou céda et que son corps tomba au sol ; car Thorer était extrêmement robuste, très grand et aussi épais. Egil fut également amené au gibet, et, lorsque les serviteurs du roi lui passèrent la corde au cou, il dit: "Vous ne devriez pas me pendre, car en vérité, chacun d'entre vous mérite plus que moi d'être pendu." On chanta ces vers à ce sujet :

    "J'ai entendu, ma fille, ce qu'Egil a dit,

    Alors que vers la potence il était conduit,

    Que les servants du roi méritaient plus que lui

    D'être pendus à l'arbre du gibet ainsi.

    Peut-être était-ce vrai, mais quand la mort arrive

    Un homme se doit dire à lui-même le vrai,

    Finir une vie brave par une mort brave,

    Sans montrer de frayeur, de souci ou de doute."

    Le roi Magnus était assis à proximité tandis qu'ils étaient pendus, et entra en rage qu'aucun de ses hommes ne se soit montré assez hardi pour demander miséricorde pour eux. Le roi dit, alors qu'Egil tournait sur lui-même à la potence "Tes grands amis t'aident, mais pas quand tu as besoin d'eux." Les gens supposèrent à ces paroles que le roi aurait voulu être supplié d'épargner la vie d'Egil.

    Bjorn Krephende a parlé de cela :

    "Le roi Magnus, dans le sang des deux renégats,

    Teinta sa lame en rouge ; et autour du rivage

    Les loups hurlèrent pour leur délice sauvage,

    Vers les cadavres qui dansaient sous leur regard.

    N'avez-vous donc pas ouï parler de la manière

    Dont l'épée du roi a récompensé les traîtres ?

    De la façon dont les thralls du roi ont pendu

    Le vieux félon Thorer et tous ses compagnons ?"

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux

    La pendaison d'Egil. Wilhelm Wetlesen

     

    7- De la punition du peuple de Throndhjem

    Après quoi, le roi Magnus vogua vers Throndhjem, remonta le fjord et punit sévérement tous ceux qui s'étaient rendus coupables de trahison envers lui. Il en tua certains, et brûla les demeures des autres.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende :

    "Lui, qui méprise le rempart des boucliers,

    Apporta la terreur dans les champs de Throndhjem,

    Lorsque toute terre sur laquelle il passa

    Fut engloutie dans une inondation de flammes.

    Et je sais que celui qui nourrit les corbeaux

    Décapita d'un coup deux chefs de son épée.

    Les loups ne pouvaient guère se montrer voraces,

    Les albatros volaient au-dessus des potences."

    Svein, le fils d'Harald Fletter s'enfuit tout d'abord par la mer, et navigua jusqu'au Danemark, où il resta. Il finit par être en grande faveur auprès du roi Eystein, fils du roi Magnus, qui le prit tant en amitié qu'il en fit son échanson et lui témoigna beaucoup de respect.

    Le roi Magnus disposait maintenant seul de l'ensemble du royaume, et il maintint la paix dans le pays, et en extirpa tout viking et brigand. C'était un homme vif, belliqueux et capable, en tous points plus semblable à son grand-père le roi Harald qu'à son père.

     

     Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux                                                                                                        Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux


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    8- Du bondi Sveinke et de Sigurd Ulstreng

    Il y avait un homme nommé Sveinke Steinarson, qui était très riche et résidait à Viken sur la rivière Gaut. Il avait élevé Hakon Magnuson avant que Thorer de Steig ne le prenne avec lui. Sveinke n'avait pas encore fait allégeance au roi Magnus. Le roi manda Sigurd Ulstreng et lui dit qu'il l'envoyait auprès de Sveinke pour lui signifier de quitter les terres et domaines du roi.

    "- Il n'a pas fait acte de soumission à notre endroit, ni ne nous a montré le respect qui nous est dû." Il ajouta qu'il y avait quelques fermiers dans l'est de Viken, plus précisément, Svein Bryggjufot, Dag Eilifson, et Kolbjorn Klakke qui pourraient remettre cette question dans le droit chemin. Alors Sigurd dit : "- Je ne pensais pas qu'il existait en Norvège un homme contre lequel il serait nécessaire de faire intervenir trois hommes en plus de moi."

    Le roi répliqua : "- Tu n'as besoin d'accepter cette aide que si elle te semble nécessaire."

    Alors Sigurd se prépara pour le voyage, prit un navire et vogua vers Viken, où il appela les métayers auprès de lui. Un Thing fut alors convoqué à Viken, auquel furent invités ceux qui vivaient les uns près des autres auprès de la rivière Gaut ; aussi, ce fut une assemblée nombreuse. Lorsque le Thing fut réuni, il fallut attendre Sveinke. Peu après, on vit arriver une troupe d'hommes, bien équipés d'armes qui semblaient de glace étincelante. Ainsi vinrent Sveinke et ses hommes au Thing, et ils s'installèrent en cercle. Tous étaient couvert de fer, avec des armes luisantes, et ils étaient au nombre de cinq cents.

    Alors Sigurd se leva, et prit la parole : "- Mon maître, le roi Magnus, envoie les salutations de Dieu et les siennes à tous ses amis, fermiers et autres, ses sujets dans le royaume. De même aux boendr puissants, et au peuple en général, avec des mots aimables et des propositions d'amitié. Et il offre son amitié et sa bonne volonté à tous ceux qui lui obéiront. Maintenant, le roi, avec gaité et paix, veut se montrer un maître gracieux pour ceux qui se soumettront à lui, et à tous ceux qui se trouvent dans ses domaines. Il sera le chef et le défenseur de tous les hommes de Norvège, et il sera bon pour vous d'accepter son affable parole, et cette offre."

    Alors un homme se leva de la troupe des Elfgrims, qui était de haute stature et de visage sombre, vêtu d'un manteau de cuir, portant hallebarde sur l'épaule et un grand chapeau d'acier sur la tête. Il le regarda fixement, et dit : "- Il n'est nul besoin de roues, dit le renard, quand il tend le piège sur la glace." Il n'ajouta rien d'autre, et se rassit.

    Peu après, Sigurd se leva à nouveau, et parla ainsi : "- Nous avons peu de souci de vous et pas besoin d'aide de votre part en ce qui concerne les affaires du roi, Elfgrims, ni beaucoup d'amitié pour vous. Et pourtant, ce sont par de tels moyens que que chacun montre combien il se respecte lui-même. Mais à présent, je dois expliquer plus clairement quelle est la demande du roi." Puis il demanda les taxes foncières et les impôts, ainsi que les autres droits du roi, de la part des boendr. Il demanda à chacun de considérer la manière dont il s'était comporté à cet égard, et de mettre à présent son propre honneur en avant, et la justice du roi, s'ils avaient été un peu courts sur cette question jusque là. Et puis il s'assit.

    Alors le même homme de la troupe des Elfgrims qui avait parlé auparavant, souleva légèrement son chapeau, et dit : "-Les gamins glissent vite, disent les Lapons, qui ont des patins pour rien". Puis il se rassit à nouveau.

    Peu après Sigurd se leva, après s'être entretenu avec les métayers, et déclara qu'un message de poids comme celui d'un roi ne devait pas être traité à la légère comme une plaisanterie. Il était à présent un peu en colère, et ajouta qu'un message et un ordre du roi ne devaient pas être reçus avec tant de mépris, car c'était indécent. Il était vêtu d'un manteau rouge ou écarlate, recouvert par un autre de teinte bleue. Il ôta ce dernier, et dit : "- Les choses sont maintenant allées assez loin pour que chacun regarde en lui-même, et ne plaisante ou ne discutaille plus avec les autres. Car chacun doit montrer ce qu'il est. Nous n'avons pas besoin aujourd'hui de nous laisser dicter notre conduite par les autres. Car nous pouvons voir par nous-mêmes la manière dont nous devons être considérés. Cela peut être supporté, mais pas de traiter aussi dédaigneusement le message du roi. Car ainsi, chacun montre avec hauteur comment il se considère lui-même. Il y a un homme nommé Sveinke Steinarson, qui vit à l'est de la rivière Gaut. Et le roi veut de lui son juste dû, ainsi que sa terre, sinon il sera banni du pays. Il n'est nul besoin de se chercher des excuses, ou de répondre avec des mots tranchants, car il se trouve des personnes qui sont ses égaux en puissance et qui pourtant ne reçoivent pas nos paroles de si mauvais gré. Et il serait meilleur à présent de revenir dans le droit chemin, et de faire preuve d'honneur, plutôt que d'attendre la disgrâce pour son obstination." Et il se rassit.

    Sveinke se releva, jeta son chapeau d'acier en arrière, et proféra des mots de mépris pour Sigurd : "- Tut ! Tut ! C'est une honte pour les chiens, dit le proverbe, lorsque le renard est autorisé à jeter ses déjections dans le puits du paysan. Ici se produit un miracle ! Compagnon inutile ! Avec un manteau, sans armes, et avec un vêtement fait de jupes, tu veux m'envoyer hors du pays ? Ton parent, Sigurd Sac de Laine, a été envoyé ici auparavant pour cette mission, et un autre nommé Gille Dos de Voleur, et un autre, qui portait un nom pire encore. Ils se rendirent de nuit dans toutes les maisons, et volèrent où qu'ils allassent. Tu vas m'expulser du pays ? Jadis, tu n'étais pas si puissant, et ta fierté était bien moindre lorsque le roi Hakon, mon fils adoptif, était en vie. Il t'a tant effrayé lorsqu'il t'a rencontré sur la route, comme une souris dans un piège à souris, que tu t'es caché sous un tas de vêtements, comme un chien à bord d'un navire. Tu t'es tassé dans un sac de cuir, tel du blé dans un ballot, et a été chassé de la ferme, comme un poulain d'un an l'est loin des juments. Et tu prétends m'exiler hors du pays ? Tu devrais plutôt t'estimer heureux de pouvoir partir d'ici en vie. Debout, et attaquons-le !"

    Alors tous ses hommes se levèrent, et firent grand bruit avec leurs armes. Alors Svein Bryggjufot et les autres fermiers virent qu'il n'y avait aucune autre possibilité pour Sigurd que de le mettre à cheval, ce qui fut fait, et il chevaucha jusqu'à la forêt. A la fin, Sveinke rentra chez lui, et Sigurd Ulstreng retourna, avec bien des difficultés et en passant par le nord, à Throndhjem, auprès du roi Magnus, auquel il raconta le résultat de son expédition.

    "- N'avais-je pas dit, fit le roi, que l'aide de mes métayers pourrait être nécessaire ?"

    Sigurd était fort dépité de son voyage, et insista pour se venger, quoiqu'il en coûtât, et pressa le roi en ce sens. Le roi ordonna que cinq vaisseaux soient équipés, et dès qu'ils furent prêts à prendre la mer, partit vers le sud le long de la côte, puis vers l'est et Viken, où il fut reçu par ses fermiers dans de belles maisons d'hôtes. Le roi leur dit qu'il voulait partir à la recherche de Sveinke.

    "- Car je ne cèlerai pas que je le soupçonne de vouloir devenir lui-même roi de Norvège."

    Il répondirent que Sveinke était un homme à la fois puissant et impossible à gouverner. Alors le roi partit de Viken pour la ferme de Sveinke. Les fermiers demandèrent à être laissés sur la rive, d'où ils pourraient voir comment la situation évoluait. Mais lorsqu'ils arrivèrent à terre, ils se rendirent compte que Sveinke avait déjà quitté la ferme, et se trouvait sur la route avec bon nombre d'hommes bien armés. Les fermiers hissèrent un bouclier blanc en l'air en signe de paix. Et lorsque Sveinke le vit, il arrêta ses hommes, et ils s'approchèrent les uns des autres. Alors Kolbjorn Klakke dit : "- Le roi Magnus t'envoie les salutations de Dieu et les siennes, te prie de considérer ce que tu es en train de devenir et de lui obéir, et de ne pas te préparer à lui livrer bataille." Kolbjorn proposa de servir de médiateur entre eux, s'il le pouvait, et lui demanda d'arrêter ses troupes.

    Sveinke répondit qu'il attendrait là où il se trouvait. "- Nous sommes venus vous rencontrer, dit-il, afin que vous ne piétiniez pas notre blé."

    Les fermiers retournèrent auprès du roi et l'informèrent que tout était désormais selon son bon plaisir.

    Le roi dit : "- Le message de mon jugement est vite délivré. Il doit fuir le pays, et ne jamais revenir en Norvège tant que le royaume sera mien, et il doit laisser tous ses biens derrière lui. "

    "- Mais ne serait-il pas meilleur pour votre honneur, dit Kolbjorn, et pour acquérir une réputation plus grande parmi les autres rois, si, tout en le bannissant du pays, vous l'autorisiez à conserver ses biens, et à se montrer parmi les autres peuples ? Et nous prendrons prendre garde à ce qu'il ne revienne jamais, tant que nous vivrons. Réfléchissez-y par vous-même, Sire, et soyez assuré de notre respect."

    Le roi répliqua : "- Alors, qu'il parte immédiatement."

    Ils s'en retournèrent alors vers Sveinke, et lui rapportèrent les paroles du roi. Et aussi que le roi ordonnait qu'il quitte immédiatement le pays, et qu'il lui témoigne son obéissance, car il s'était oublié vis à vis du roi. "- C'est pour l'honneur de tous les deux qu'il faut que tu te montres obéissant au roi."

    Alors Sveinke dit : "- Il a dû y avoir de grands changements, pour que le roi me parle aussi aimablement. Mais pourquoi devrais-je fuir le pays et mes propriétés ? Ecoutez à présent ce que je dis. Il me semble préférable de mourir sur mes terres que d'avoir à quitter mes propriétés ancestrales. Dites au roi que je n'en bougerai pas, même sous une volée de flèches."

    Kolbjorn répondit : "- Ceci n'est guère prudent, ou juste. Car il est préférable pour l'honneur de chacun de céder au meilleur chef, que de courir à sa perte en s'y opposant. Un homme brave réussit où qu'il aille. Et tu seras le plus respecté où que tu ailles, des hommes de pouvoir, juste parce que tu as tenu tête si hardiment à un chef si puissant. Ecoute nos assurances, et prête plus attention à notre mission. Nous t'offrons de gérer tes établissements, et de les prendre loyalement sous notre protection. Nous engagerons nos vies et nos biens là dessus. Ne rejette pas les bons conseils, et évite ainsi le mauvais sort d'autres hommes de bien."

    Sveinke garda le silence un court laps de temps, et dit enfin : "- Vos efforts sont guidés par la sagesse. Mais je vous soupçonne d'avoir quelque peu modifié le message du roi. Prenant néanmoins en considération la bonne volonté dont vous faites preuve à mon égard, je vais tenir compte de vos conseils et quitter le pays pendant tout l'hiver, si, selon vos promesses, il m'est possible de conserver paisiblement mes domaines. Rapportez mes paroles au roi, et dites-lui que je consens pour vos efforts, non pour les siens."

    Ils retournèrent auprès du roi et lui dirent que Sveinke s'en remettait aux mains du roi. "- Mais il vous prie de bien vouloir respecter son honneur. Il s'en va pour trois ans, puis il reviendra, si telle est la volonté du roi. Qu'il en soit ainsi et que tout se déroule selon la volonté royale et selon notre prière, puisque maintenant l'affaire est entièrement entre vos mains, et que nous devons tout faire pour éviter que la situation ne se retourne contre votre volonté."

    Le roi répondit : "Vous traiterez cette affaire en hommes, et selon vos intérêts, et que tout se passe selon vos désirs. Dites-le lui."

    Ils remercièrent le roi et retournèrent auprès de Sveinke, et lui firent part des intentions pleines de grâce du roi. "- Nous serions fort heureux, dirent-ils, si vous vous réconciliiez. Le roi demande, cependant que ton absence dure trois années, mais, si nous voyons bien la réalité, nous nous attendons à ce qu'il se rende compte avant ce temps qu'il ne peut se passer de toi dans cette région du pays. Il serait bon pour ton honneur à venir, alors, que tu y consentes."

    Sveinke répondit : "- Quelles conditions pourraient être meilleures que celles-ci ? Dites au roi que je ne vais pas le contrarier en restant ici plus longtemps, et prenez mes biens et établissements à cette condition."

    Puis il rentra chez lui avec ses hommes, et s'en alla aussitôt. Car il avait tout préparé d'avance. Kolbjorn resta en arrière, et apprêta une fête pour le roi Magnus, qui y avait aussi pensé et s'y attendait. Sveinke, de son côté, chevaucha vers le Gautland avec les hommes dont il pensait qu'ils étaient aptes à l'accompagner. Le roi resta dans sa maison tant que durèrent les festivités, puis retourna à Viken, et les biens de Sveinke devinrent en droit ceux du roi, mais Kolbjorn en eut la gérance. Le roi fut installé dans une maison d'hôtes à Viken, puis repartit vers le nord, et la paix s'instaura quelque temps. Mais, à présent que les Elfgrims étaient dépourvus de chef, des bandes de maraudeurs envahirent la région, et le roi s'aperçut que cette partie est du royaume risquait d'être mise en coupe réglée. Il lui apparut alors des plus approprié et sage de faire en sorte de Sveinke lui-même endiguât ce flot, et il lui envoya des messages par deux fois. Mais il ne bougea pas jusqu'à ce que le roi lui-même vînt dans le sud du Danemark, où Sveinke et le roi se rencontrèrent, et se réconcilièrent pleinement. Sur quoi Sveinke regagna sa demeure et ses établissements, et resta par la suite le meilleur et le plus loyal des amis du roi Magnus, dont il renforça le royaume à sa frontière est. Leur amitié dura tant qu'ils vécurent.  

     

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    9- Le roi Magnus fait la guerre dans les Hébrides du Sud.

    Le roi Magnus entreprit une expédition hors du pays, avec nombre d'hommes talentueux et un bel ensemble de navires. Avec cette armement, il navigua dans les mers occidentales, et se rendit d'abord dans les îles Orkneys. Là, il fit prisonniers les deux jarls, Paul et Erlend, et les envoya en Norvège, et plaça son fils Sigurd comme chef dans les îles, lui laissant quelques conseillers pour l'assister. De là, le roi Magnus, accompagné de son escorte, se dirigea vers les Hébrides méridionales, et en y parvenant, commença à brûler et à dévaster les régions habitées, tuant les gens et pillant le pays où qu'il se rende avec ses hommes. Et le peuple se mit à fuir dans toutes les directions, certains dans les fjords d'Ecosse, d'autres vers le sud, à Cantire, ou vers l'Irlande. D'autres obtinrent la vie sauve et la sécurité en entrant à son service.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende :

    "Dans l'île de Lewis en éclats effrayants

    L'incendie s'amusa, détruisant les maisons.

    La population fuit vers collines et rocs,

    Redoutant tout abri autre que le ciel nu.

    A Uist le roi teinta d'un cramoisi profond

    Les éclairs que lançait son épée scintillante.

    Le paysan perdit sa terre et l'existence,

    Qui osa s'opposer à l'incursion des Norses.

    Les oiseaux des batailles, affamés, se gavèrent

    A Skye avec le sang des ennemis tombés,

    Et les loups sur les grèves isolées de Tyree

    Rougirent dans le sang leurs mâchoires hirsutes.

    Les hommes de Mull étaient fatigués de fuir.

    L'adversaire écossais ne voulait pas combattre,

    Et plus d'une fille des îles gémissait

    Tandis que nous portions la guerre par les îles."

     

    10- De Lagman, le fils du roi Gudrod.

    Le roi Magnus vint avec ses forces sur l'Île Sacrée (Iona), et accorda paix et sécurité à tous les hommes à cet endroit. On raconte que le roi ouvrit la porte de la petite église de la Colombe, mais n'entra pas et la referma immédiatement à clé, disant qu'aucun homme ne serait assez intrépide pour entrer dans cette église par la suite. Ce qui fut le cas en effet depuis lors. De là, le roi Magnus navigua jusqu'à Islay, où il pilla et incendia, et après s'être emparé de cette terre, il poursuivit sa route vers le sud, autour de Cantire, maraudant aussi bien en Ecosse qu'en Irlande, et poussa son expédition jusqu'à Man, qu'il saccagea.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende :

    "Sur les champs de Sandey ils espionnent nos targes :

    D'Isla s'est élevée la fumée vers les cieux,

    Tourbillonnant depuis l'incendie éclatant,

    Car les hommes du roi se dressaient sur cette île.

    Le peuple s'enfuyait dans le sud de Cantire,

    Effrayé par nos lames colorées de sang,

    Et nos braves champions allaient en avançant

    Pour affronter à Man les ennemis des Norses."

    Lagman (homme de loi) était le nom du fils de Gudrod, roi des Hébrides. Lagman fut envoyé défendre les îles les plus au nord. Mais lorsque le roi Magnus et son armée arrivèrent aux Hébrides, Lagman s'enfuit ici et là dans les îles, et à la fin, le roi Magnus s'empara de lui et de l'équipage de son navire tandis qu'il tentait de s'esquiver vers l'Irlande. Le roi le plaça dans les fers pour s'assurer de lui.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende :

    "Pour le fils de Gudrod, ni rocher ni caverne,

    Ni rive ni colline ne fut un refuge.

    Pourchassé alentours et allant d'île en île,

    Ce Lagman ne trouva aucun asile sûr.

    D'île en île à travers bras de mer et détroits,

    Il trouva l'ennemi toujours près de ses pas.

    Ce fut à Ness enfin que le maître d'Agder

    Le saisit et plaça sa force entre les chaînes."

     

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    Expédition en Ecosse. Frederick Leeko.

     

    11- De la chute du Jarl Hugo le Brave.

    Après quoi, le roi Magnus vogua vers le pays de Galles. Et lorsqu'il arriva dans le détroit d'Anglesey, une armée de Gallois vint contre lui, qui était dirigée par deux jarls, Hugo le Brave et Hugo le Fort. Ils livrèrent bataille immédiatement, et l'enchas fut violent. Le roi Magnus tirait à l'arc, mais Hugo le Brave était intégralement couvert d'une armure, si bien que rien n'était découvert à part un de ses yeux. Le roi Magnus lui décocha une flèche, de même qu'un homme du Halogaland qui se trouvait à ses côtés. Ils tirèrent en même temps. L'un des traits heurta le nasal du heaume, qui en fut plié en biais, et l'autre frappa l'œil du jarl, et lui traversa la tête. Et elle fut identifiée comme celle du roi. Le jarl Hugo tomba, et les bretons s'enfuirent, perdant maints hommes.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende :

    "Celui qui fait danser l'épée

    Se tenait au gué d'Anglesey.

    Sa flèche rapide partit,

    Le jarl Hugo en fut occis.

    Son épée brilla un moment

    A travers l'île d'Anglesey,

    Lorsque sa troupe de Normands

    Courut la lande d'Anglesey."

     

    Les vers suivants furent également chantés à ce sujet :

    "Sur les hauberts les flèches tombent en crépitant

    Quand le roi de Norvège prend part au combat.

    De dessous les heaumes coulent des flots de sang

    Quand le roi de Norvège tend sa corde d'arc.

    La corde nasille et ses grêlons mordants

    Cliquètent sur les cottes de maille d'anneaux.

    Dans cette contrée, en bataille meurtrière,

    Notre roi de Norvège prit la vie d'Hugo."

     

    Le roi Magnus remporta la victoire dans cette bataille, et s'empara donc de l'île d'Anglesey, qui était le territoire le plus méridional sur lequel les rois de Norvège avaient jamais étendu leur empire. Anglesey est la tierce partie du pays de Galles. Après cette bataille, le roi Magnus s'en retourna avec sa flotte, et se rendit en premier en Ecosse. Alors des hommes s'interposèrent entre le roi d'Ecosse, Melkolm, et le roi Magnus, et un accord de paix fut établi entre eux, stipulant que toutes les îles se trouvant à l'ouest de l'Ecosse et entre lesquelles et le continent pourrait passer un vaisseau équipé d'un gouvernail seraient dites appartenir au roi de Norvège.

    Alors quand le roi Magnus alla dans le nord à Cantire, il fit tirer un esquif sur la grève, et lui installa un gouvernail. Le roi lui-même s'installa sur la poupe, tenant la barre, et fit tirer le bateau, s'emparant du territoire situé du côté du large. Cantire est un grand district, meilleur que la meilleure des îles du sud des Hébrides, à part Man, et il y a une mince bande de terre entre lui et le continent d'Ecosse, à travers laquelle les langskips sont souvent tractés.

     

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    Olaus Magnus

     

    12- Mort des jarls d'Orkney

    Le roi Magnus resta tout l'hiver dans les îles du sud, et ses hommes se rendirent dans tous les fjords d'Ecosse, ramant autour de toutes les îles habitées comme inhabitées, et prenant possession pour le roi de Norvège de toutes les îles à l'ouest de l'Ecosse. Le roi Magnus établit un contrat de mariage entre son fils Sigurd et Biadmynia, la fille du roi Mykjartan. Mykjartan était un fils du roi d'Irlande Thialfi, et régnait sur la province de Connaught. L'été suivant, le roi Magnus retourna en Norvège avec sa flotte. Le jarl Erland mourut de maladie à Nidaros, et y est enterré. Et le jarl Paul décéda à Bergen.

    Skopte Ogmundson, un petit-fils de Thorberg, était un vaillant lenderman, qui résidait à Giske dans le Sunmore, et avait épousé Gudrun, une fille de Thord Folason. Leurs enfants étaient Ogmund, Fin, Thord et Thora, qui était mariée à Asolf Skulason. Les fils de Skopte et Gudrun furent des jeunes gens des plus prometteurs et populaires.

     

    13- Les querelles du roi Magnus et du roi Inge.

    Steinkel, le roi de Suède, mourut à peu près en même temps (1066) que tombèrent les deux Harald, et le roi qui vint après lui en Svithjod se nommait Hakon. Après quoi, Inge, un fils de Steinkel, fut roi à son tour, un roi bon et puissant, fort et robuste parmi les hommes. Il fut roi de Suède au moment où le roi Magnus l'était de Norvège. Le roi Magnus insista pour les frontières du royaume restassent ce qu'elles avaient été dans le passé, de sorte que la rivière Gaut séparât les territoires des rois de Suède et de Norvège, mais après le lac Vener et jusqu'au Vermaland. Alors le roi Magnus précisa qu'il était le maître de toutes les terres à l'ouest du lac Vener et jusqu'au Vermaland, qui étaient les disctricts de Sundal, Nordal, Vear et Vardyniar, et de toutes les forêts qui en dépendaient. Mais ils étaient restés longtemps sous la domination suédoise, et pour ce qui était des taxes, annexés au Gautland occidental. De plus, les colons forestiers de cette zone préféraient se trouver sous la gouvernance du roi de Suède. Le roi Magnus chevaucha de Viken jusqu'au Gautland avec une grande et belle armée, et se rendit aux installations forestières, qu'il pilla et incendia à la ronde. Après quoi le peuple se soumit et lui prêta serment de fidélité. Lorsqu'il arriva au lac Vener, l'automne était bien avancé, et il s'installa sur l'île Kvaldinsey et y établit une place forte de tourbe et de bois, ceinte d'un fossé creusé tout autour. Lorsque les travaux furent achevés, des provisions et tout le nécessaire y furent amenés. Le roi y laissa trois cents hommes, soigneusement choisis parmi ses forces, et Fin Skoptason et Sigurd Ulstreng en furent les commandants. Le roi lui-même s'en retourna à Viken.

     

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