• Chapitre 19 : de la mort de Reginn, fils de Hreidmar

    volsunga saga

    Chant du rossignol philomèle.

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    Ensuite, Reginn vint à Sigurd, et lui dit :

    "- Réjouis-toi, seigneur et maître, tu as remporté une noble victoire en tuant Fafnir, d'autant que nul avant toi n'a osé se mettre sur son chemin. A présent, cet acte fameux sera renommé tant que le monde durera."

    Puis Reginn resta immobile longuement, considérant la terre, et parla ensuite, l'humeur sombre :

    "- Tu as tué mon propre frère, et je peux difficilement être considéré comme innocent de cet acte."

    Alors Sigurd prit son épée Gramr, l'essuya sur la terre, et répondit à Reginn :

    "- Tu es parti au loin lorsque j'ai accompli cet acte et que j'ai utilisé cette arme avec ma main et ma force. J'ai eu à affronter toute la puissance physique d'un dragon, pendant que tu te terrais sous les buissons de bruyère, ne sachant pas si c'était la terre ou le ciel."

    Reginn dit :

    "- Ce ver serait resté encore longtemps couché dans son antre, si la lame acérée que j'ai forgée de mes mains n'avait été aussi bonne que tu en avais besoin. Nul n'aurait pu l'emporter contre lui sinon, ni toi ni aucun autre.

    Sigurd répondit :

    "- Quand un homme affronte son ennemi en combat, il vaut mieux un cœur brave qu'une épée aiguisée."

    Réginn répondit alors, lourdement : 

    "- Tu as tué mon frère, et je peux difficilement être considéré comme étranger à cet acte."

    Sigurd coupa alors le cœur du ver avec l'épée nommée Ridil. Mais Reginn but du sang de Fafnir, et dit :

    "- Accorde-moi ta bénédiction, et de faire une très petite chose pour toi. Porte ce cœur au feu et fais le rôtir, et donne le moi ensuite à manger."

    Alors Sigurd suivit cette consigne, et le mit à la broche. Ensuite, le sang bouillant goutta sur son doigt lorsqu'il en vérifia la cuisson. Il porta vivement son doigt à sa bouche, et lorsque le sang du cœur du ver toucha sa langue, il comprit instantanément le langage de tous les oiseaux, et entendit la conversation des pics caquetant dans les branches au-dessus de lui.

     

    Sigurd fafnisbani

    Sigurd le doigt dans la bouche.

     

    "- Tu es assis, toi Sigurd, rôtisseur du cœur de Fafnir pour un autre, alors que tu devrais le manger toi-même, et devenir ainsi le plus savant des hommes."

    Un autre parla : "- Là est couché Reginn, décidé à trahir l'homme qui lui fait confiance."

    Et ajouta un troisième : "- Tranche-lui donc la tête et reste le seul maître de cet or."

    Et le quatrième parla aussi et dit : "- Ah, le plus sage des hommes il serait, s'il suivait ce bon conseil, et se rendait au repaire de Fafnir, prenait pour lui le formidable trésor qui s'y trouve, puis chevauchait par delà Hinderfell, où dort Brunehilde. Pour cela, il obtiendrait un grand savoir. Ah, il serait tellement sage, s'il agissait selon nos avis, et pensait à son propre bonheur. "Car là où sont les oreilles du loup, les dents ne sont pas loin."

    Ainsi cria le cinquième "- Oui, oui, je le devine pas si sage que ça, s'il épargne celui dont il a déjà tué le frère."

    A la fin parla le sixième : "- Habileté et décision pour le tuer, et être maître du trésor !"

    Alors Sigurd parla :

    "- Le temps n'est pas arrivé où Reginn pourra décider de mon destin. Non, il vaut mieux que ces deux frères empruntent une même route. "

     

    Sigurd écoute les oiseaux. 

    Sigurd écoute les oiseaux.

      

    Alors il leva son épée Gramr et décapita Reginn.

    Puis Sigurd entendit le chant des piverts, ainsi que le narre le poème.

    Car le premier chanta :

    "Attache-toi, Sigurd, les brillants anneaux rouges !

    Il n'est pas digne de craindre quoi que ce soit.

    Je connais une belle, noble entre les nobles,

    Et ceinte d'or, et digne de ton attention."

     

    Et le second :

    "Verts sont les chemins vers la halle de Gjuki

    Que la destinée montre à celui qui s'y rend.

    Là-bas le riche roi a élevé sa fille.

    Tu obtiendras sa main, Sigurd, avec de l'or."

     

    Et le troisième :

    "Une halle se dresse en haut de Hinderfell

    Et tout autour d'elle dansent les flammes rouges.

    Des sages ont autrefois bâti cette merveille

    Avec la glorieuse lueur de l'or des flots."

     

    Alors la quatrième chanta :

    "Une vierge guerrière dort là-haut doucement

    Et avec elle joue le fléau des tilleuls.

    Odin la fait dormir du sommeil de l'épine,

    Car ne lui a pas plu son choix pendant la guerre.

     Va, fils, et libère celle qui sous le heaume,

    Celle que Vinskornir ramena du combat,

    Ne peut se détourner du tourment du sommeil,

    Cher descendant des rois, et en dépit des Nornes."

     

    Alors Sigurd mangea une grande partie du cœur de Fafnir, et conserva le reste. Puis il sauta en selle et chevaucha le long de la piste de Fafnir, directement jusqu'à sa demeure. Il la trouva ouverte, et remarqua que toutes les portes et tous leurs montants en étaient forgés en fer. Oui, et toutes les poutres de la maison, qui était creusée profondément sous terre. Là, Sigurd trouva de l'or en quantité incalculable, et l'épée Rotti. Il prit le heaume de terreur, et la cuirasse d'or, et de nombreux objets de bonne facture et de grande valeur. Il trouva tant d'or sur place qu'il aurait fallu deux chevaux, ou peut-être trois, pour tout emporter. Mais il rassembla tout l'or dans deux grands sacs, et les posa sur le dos du cheval Grani, et prit les rênes, mais l'animal refusa de bouger. Il ne voulut pas le frapper. Alors Sigurd comprit la pensée du cheval, et sauta sur son dos, et piqua des deux, et le cheval bondit comme s'il était à vide.

     

    Voir aussi le Fafnismol et le diaporama Sigurd Fafnisbani.

     

    sigurd fafnisbani, volsunga saga 

    Pierre de Ramsundsberget

    pierre de Ramsundsberget

    Gravures figurant sur la pierre de Ramsundsberget

    On y distingue les outils de la forge ayant servi à forger Gram (centre de la partie gauche), la mort de Fafnir (en bas à droite), Sigurd avec le doigt dans la bouche (centre gauche),les oiseaux sur l'arbre (en centre droit), la décapitation de Reginn (à gauche) et Otr (juste au-dessus), et Grani attaché à l'arbre et chargé d'or (plein centre).

     

     volsunga saga                                                                                                                           volsunga saga


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