• Le Fafnismol

    Fafnismol

    Drachenherz, de Siegfried

     ______________________________

     

    Le Fafnismol

    La Ballade de Fafnir

    Traduction de la version anglaise de H.A. Bellows

     

    Sigurd et Reginn se rendirent à Gnitaheith, et y trouvèrent la trace que Fafnir laissait lorsqu'il rampait vers l'eau. Alors Sigurd creusa une grande fosse en travers du chemin et prit place dedans. Lorsque Fafnir vint en rampant depuis son or, il souffla du venin, qui tomba sur la tête de Sigurd. Mais quand il glissa au-dessus de la tranchée, Sigurd lui passa son épée à travers le corps jusqu'au cœur.

     

    Sigurd occit Fafnir

    Sigurd occit Fafnir

     

    Sigurd occit Fafnir

     

    Fafnir se tordit et sa tête heurta sa queue. Sigurd bondit hors de la tranchée et chacun fixa l'autre. Fafnir dit :

    1. "Jeunesse, oh jeunesse ! De qui, jeunesse, es-tu né ?

    Dis de qui tu es le fils,

    Toi qui a rougi ta lame brillante du sang de Fafnir,

    Et frappé mon cœur de ton épée."

     

    Sigurd céla son nom parce qu'on croyait à l'époque que les derniers mots d'un mourant avaient un grand pouvoir pour maudire le nom de son ennemi. Il répondit :

     

    2. "Mon nom est Noble Cerf, et je vais,

    Homme sans mère, à l'étranger

    Je n'ai pas de père ainsi que les autres,

    Et je vis toujours dans la solitude."

     

    Fafnir parla :

    3. "Si tu n'as pas de père ainsi que les autres,

    Par quelle merveille es-tu né ?

    Bien que tu me caches ton nom au jour de ma mort,

    Je sais maintenant que tu es en train de mentir."

     

    Sigurd dit :

    4. "Ma race, je pense, est inconnue de toi,

    Ainsi que je le suis moi-même ;

    Sigurd est mon nom, et je suis fils de Sigmund,

    Qui t'ai donc frappé avec l'épée."

     

    Fafnir dit :

    5. "Qui t'a conduit à le faire ? Comment as-tu été amené

    A me faire perdre la vie ?

    Un père courageux a eu cette jeunesse aux yeux brillants,

    Tu es brave mais encore en enfance."

     

    Sigurd dit :

    6. "Mon cœur m'a conduit, a empli ma main

    De ma brillante épée si affûtée ;

    Rares sont les braves quand vient le grand âge,

    Qui ont été peureux dans leur enfance."

     

    Fafnir dit :

    7. "Si tu dois grandir parmi tes amis,

    On pourrait te voir te battre férocement ;

    Mais si tu es lié et pris dans la bataille,

    Les prisonniers sont enclins à la peur."

     

    Sigurd dit :

    8. "Tu me blâmes, Fafnir, de regarder de loin

    La richesse qui était celle de mon père ;

    Je ne suis pas lié, ni pris dans la bataille,

    Tu as vu que je vis en liberté."

     

    Fafnir dit :

    9. "Dans tout ce que je dis, tu vois de la haine,

    Alors que je ne dis que la vérité ;

    L'or sonnant, la lumineuse richesse rouge,

    Et les anneaux te seront funestes."

     

    Sigurd dit :

    10. "Certains ne devraient jamais détenir de trésor,

    Jusqu'à ce que vienne le jour du destin ;

    Il y a un moment où chaque homme

    Doit voyager jusqu'à Hel."

     

    Fafnir dit :

    11. "Tu trouveras le destin que te réservent les Nornes

    Devant le promontoire, et la condamnation d'un fou ;

    Tu te noieras dans l'eau si tu rames contre le vent,

    Chaque danger t'approche de la mort."

     

    Sigurd dit :

    12. "Dis-moi alors, Fafnir, réputé pour ta sagesse,

    Et tout ce que tu sais maintenant ;

    Qui sont les nornes, serviables dans le besoin,

    Et qui font venir le bébé de la mère ?"

     

    Fafnir dit :

    13. "Les Nornes1 peuvent être de nombreuses naissances,

    Puisqu'elles ne sont pas d'une seule race ;

    Certaines sont parentes des dieux, d'autres des elfes,

    Et certaines filles de Dvalin."

     

    Sigurd dit :

    14. "Dis-moi alors, Fafnir, réputé pour ta sagesse,

    Et tout ce que tu sais maintenant ;

    Comment se nomme l'île où tous les dieux

    Et Surt mêleront la sueur des épées ?"

     

    Fafnir dit :

    15. "Oskopnir2 est son nom, où tous les dieux

    Voudront jouer au jeu de l'épée ;

    Bifrost se brisera lorsqu'ils traverseront le pont,

    Et les coursiers devront nager dans les flots.

     

    16. Le heaume de terreur que je portais pour effrayer les hommes

    Lorsque je gardais mon or,

    Me semblait plus puissant qu'aucun homme,

    Car je n'en trouvais jamais de plus féroce."

     

    Sigurd dit :

    17. "Le heaume de terreur ne protège certainement personne

    Quand on a à faire face à un ennemi vaillant ;

    Souvent on trouve, lorsqu'on rencontre son ennemi,

    Qu'on n'est pas le plus courageux de tous."

     

    Fafnir dit :

    18. "Je soufflais du venin lorsque radieux j'étreignais

    Le trésor qu'avait mon père.

    Nul n'était assez puissant pour oser me rencontrer,

    Et je ne craignais ni arme ni ruse."

     

    Sigurd dit :

    19. "Luisant Wyrm, ton sifflement était grand,

    Et ton cœur s'est montré dur ;

    Mais plus encore était la haine que les fils des hommes

    Avaient pour le possesseur de ce heaume."

     

    Fafnir dit :

    20. "Je te conseille Sigurd, de prêter attention à mon discours,

    Et de chevaucher jusqu'à chez toi.

    L'or sonnant, la lumineuse richesse rouge,

    Et les anneaux te seront funestes."

     

    Sigurd dit :

    21. "Ton conseil est donné, mais je dois aller

    Vers l'or caché dans la bruyère ;

    Et toi Fafnir, tu devras combattre la mort,

    Gisant où Hel devra te prendre."

     

    Fafnir dit :

    22. "Reginn m'a trahi, et te trahira aussi,

    Il nous conduira tous les deux à la mort ;

    Sa vie, je pense, Fafnir doit perdre,

    Car tu as été le plus puissant des hommes."

     

    Reginn s'était éloigné à quelque distance pendant que Sigurd combattait Fafnir, et revint alors que Sigurd essuyait le sang sur son épée. Reginn dit :

     

    23. "Gloire à toi, Sigurd ! Tu fus victorieux,

    Et as tué Fafnir en combat ;

    De tous les hommes qui foulent la terre,

    Tu es, je pense, le plus courageux."

     

    Sigurd dit :

    24. "On ne sait pas, lorsqu'ils sont tous ensemble,

    (Les fils des Dieux glorieux)

    Ceux qui semblent nés pour être les plus braves :

    Certains sont vaillants, qui ne rougissent aucune épée

    Dans le sang de la poitrine d'un ennemi."

     

    Reginn dit :

    25. "Sois heureux, Sigurd, du gain de la bataille,

    Comme Gram que tu nettoies dans l'herbe ;

    Tu as tué mon féroce frère en combat,

    Et en quelque sorte, je l'ai fait moi-même."

     

    Sigurd dit :

    26. "Tu étais parti au loin lorsque Fafnir a fait rougir

    De son sang ma lame si affûtée ;

    J'ai éprouvé ma force contre la puissance du dragon,

    Tandis que tu te cachais dans la bruyère."

     

    Reginn dit :

    27. "Tu aurais pu rester longtemps dans la bruyère

    Caché là du géant des cendres,

    Si tu n'avais eu à disposition cette arme que j'ai forgée,

    La lame au tranchant acéré que tu portais."

     

    Sigurd dit :

    28. "Le cœur est meilleur qu'une lame puissante

    Pour celui qui veut se battre ardemment ;

    L'homme vraiment brave se bat et gagne,

    Même si sa lame est émoussée.

     

    29. Les hommes braves sont meilleurs que les lâches,

    Quand vient le fracas des batailles ;

    Et l'homme heureux mieux que l'homme morne

    Peut affronter ce qui lui fait face.

     

    30. C'est sur ton conseil, que je chevauchai

    De ce côté-ci par-dessus les hautes montagnes ;

    Le Ver Scintillant aurait encore richesse et vie

    Si tu n'avais pas mis ma vaillance en doute."

     

    Alors Reginn s'approcha de Fafnir et en préleva le cœur d'un coup de son épée, qui était nommée Rithil, puis but le sang de ses plaies. Reginn dit :

     

    31. ''Assieds-toi, maintenant, Sigurd, parce que je vais dormir,

    Et tiens le cœur de Fafnir au feu ;

    Car tout ce cœur doit être mangé,

    Maintenant que j'ai longuement bu son sang.''

     

    Sigurd prit le cœur de Fafnir et le mit à cuire à la broche. Lorsqu'il pensa qu'il était assez cuit, et que le sang du cœur s'était assez solidifié, il le toucha pour en vérifier la cuisson. Il se brûla le doigt, et le porta à sa bouche.

     

    Sigurd suce le sang de Fafnir sur son doigt

    Sigurd suce le sang de Fafnir sur son doigt

    Sigurd suce le sang de Fafnir sur son doigt

     

    Mais dès que le sang de Fafnir toucha sa langue, il comprit le langage des oiseaux. Il entendit les sitelles pépiant dans les fourrés.

     

    Sigurd et les oiseaux

    Les sitelles

     

    Une sitelle disait :

    32. "Là est assis Sigurd, éclaboussé de sang,

    Et qui cuisine le cœur de Fafnir sur le feu ;

    Sage serait le briseur d'anneaux, je pense,

    De manger les si brillants muscles de la vie."

     

    Une deuxième dit :

    33. "Là est étendu Reginn, et il fomente des plans

    Pour trahir le jeune qui lui fait tant confiance ;

    Il dira avec ruse des mots mensongers,

    Jusqu'à ce que que ce faiseur de malice ait vengé son frère."

     

    Une troisième dit :

    34. "Le bavard chenu le laissera plus petit d'une tête

    Aller d'ici jusqu'à Hel ;

    Alors il pourra user seul de toute la richesse,

    L'or que Fafnir gardait."

     

    Une quatrième dit :

    35. "Il paraîtrait sage s'il tenait compte

    Des bons conseils que nous sœurs lui donnons ;

    Il devrait dire sa pensée et réjouir les corbeaux,

    Il y a toujours un loup où l'on en voit les oreilles."

     

    Une cinquième dit :

    36. "Il paraîtrait moins sage, l'arbre de la bataille,

    Que ne me semblerait le chef des hommes,

    S'il laissait près de lui aller un frère,

    Alors qu'il est le meurtrier de l'autre."

     

    Une sixième dit :

    37. "Plus stupide il me semblerait s'il épargnait

    Son ennemi, le fléau du peuple,

    Là est étendu Reginn, qui l'a tant trompé,

    Même s'il n'en sait pas encore la fausseté."

     

    Une septième dit :

    38. "Que soit tranchée la tête du géant du givre

    Et que lui soient dérobés les anneaux ;

    Alors toute la richesse qui était celle de Fafnir

    N'appartiendra qu'à toi seul.''

     

    Sigurd dit :

    39. "Reginn ne doit pas avoir un destin si riche,

    Qu'il puisse raconter l'histoire de ma mort ;

    Bientôt, les deux frères devront trépasser,

    Et se rendre chez Hel."

     

    Sigurd trancha la tête de Reginn, et mangea le cœur de Fafnir, et but le sang de Reginn et Fafnir.

     

    La décapitation de Reginn

    La décapitation de Reginn

    La mort de Reginn

    La mort de Reginn

     

    Alors, Sigurd écouta ce que disait la sitelle :

    40. "Attache, Sigurd, les anneaux d'or ensemble,

    Il n'est pas royal de rien craindre ;

    Je connais une jeune fille, nulle n'est aussi convenable,

    Et riche d'or, si tu parviens à l'obtenir.

     

    41. Verts sont les chemins qui mènent chez Gjuki,

    Et le destin montre sa voie au voyageur ;

    Le vaillant roi a une fille,

    Que tu peux, Sigurd, obtenir en mariage."

     

    42. Une autre dit :

    "Une halle se tient en haut de Hindarfjoll,

    Tout entourée de flammes ;

    De sages guerriers l'ont bâtie autrefois

    Avec la lumière enflammée des flots.

     

    43. Sur la colline dort une vierge guerrière

    Et autour d'elle joue le fléau des forêts ;

    Ygg l'a ainsi enchantée avec l'épine,

    Car elle a abattu le combattant qu'il voulait épargner.

     

    44. Là tu pourras voir la jeune fille en armure

    Qui sur Vingskornir chevauchait depuis la bataille ;

    Le sommeil de la porteuse de victoire ne doit pas être interrompu,

    Même par toi, fils de héros, si les nornes ne l'ont pas décidé ainsi."

     

    Sigurd chevaucha le long de la trace de Fafnir jusqu'à son repaire, et le trouva ouvert. Les montants de la porte étaient en fer, et les portes également ; de fer aussi toutes les poutres dans la demeure, qui était creusée dans la terre. Là Sigurd trouva un impressionnant amoncellement d'or, et il en emplit deux pleins coffres, il prit le heaume de terreur, une cotte de maille dorée et l'épée Hrotti, et bien d'autres choses précieuses, et en chargea Grani, mais le cheval ne voulut pas avancer avant que Sigurd n'eut pris place sur son dos.

     

    Le chargement de Grani

    Le chargement de Grani

     

    1  Les Nornes mineures ou Dises, affectées à chacun.

    2  "Non-fait", un autre nom de Vigrith (Vafthrudismal)

     

      Fafnismol                                                                                                                                     Fafnismol


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