• Skaldskaparmal VII : Thor, les Asynes.

    Skaldskaparmal

    XVIII. Alors Ægir dit «- Je suppose que Hrungnir était d'une grande puissance. Thor a-t-il accompli des hauts-faits encore plus valeureux contre les trolls ?»

    Et Bragi répondit : «- Il vaut la peine de raconter comment Thor s'est rendu à la demeure de Geirrodr. A ce moment là, il n'avait pas son marteau Mjöllnir avec lui, non plus que sa ceinture de force, ni ses gantelets de fer: et tout était de la faute de Loki, qui s'y rendit avec lui. Un jour, volant avec le plumage de faucon de Frigg, il est arrivé à Loki de se rendre par curiosité dans l'enclos de Geirrodr. Là, il vit une grande halle, et se posa sur le mur et regarda à travers une fenêtre ; Geirrodr leva les yeux et le vit, et ordonna qu'on l'attrape et qu'on lui amène. Mais celui qui avait été envoyé, si grand fut-il, pouvait difficilement atteindre le sommet du mur ; et il sembla amusant à Loki de regarder l'individu tenter de le rejoindre dans l'effort et la peine, et il pensa qu'il avait encore bien du temps avant de devoir s'envoler pour fuir celui qui s'était lancé dans cette périlleuse ascension. Quand l'homme le pressa de plus près, il déploya ses ailes pour s'envoler, et bondit vivement, mais ses pieds avaient déjà été saisis. Alors Loki fut pris et conduit devant Geirrodr le Géant ; mais Geirrodr s'aperçut que ses yeux pouvaient être ceux d'un homme, et lui ordonna de répondre, mais Loki garda le silence. Alors Geirrodr enferma Loki dans une cage et l'affama pendant trois mois.

     

    Skaldskaparmal, loki, geirrod

     

    Puis il l'en sortit et lui intima l'ordre de parler, et Loki révéla qui il était; pour prix de sa vie, il jura à Geirrodr avec des serments qu'il parviendrait à amener Thor chez Geirrodr dépourvu de son marteau et de sa ceinture de force.

    Thor fut amené à passer une nuit chez la géante nommée Gridr, mère de Vidar le silencieux. Elle confia à Thor la vérité à propos de Geirrodr, qu'il était un géant habile et difficile à manœuvrer; et elle lui confia la ceinture de force et les gants de fer qu'elle possédait, ainsi que son bâton, nommé la Canne de Gridr. Alors Thor traversa la rivière nommée Vimur, la plus grande des rivières. Il ceignit la ceinture de puissance et s'arc-bouta à contre-courant sur la Canne de Gridr, pendant que Loki s'accrochait à sa ceinture. Lorsque Thor arriva au milieu du courant, la rivière était devenue tellement forte qu'elle se brisait contre ses épaules. Alors Thor se mit à chanter :

    Ne te gonfle pas tant, Vimur, / Car je veux te traverser

    Jusqu'à l'enclos du géant : / Si tu croîs, tu sais

    Que je ferais croître en moi la force divine / Jusqu'au ciel.»

    Puis Thor vit Gjalp, fille de Geirrodr, se tenant au-dessus du ravin, un pied de chaque côté, enjambant la rivière, et elle était l'origine de la crue. Alors Thor arracha un rocher de la rivière et le lui jeta en criant ces mots : «C'est à sa source que la rivière doit être endiguée.» Il ne manqua pas sa cible. Il arrivait à ce moment sur la rive, et saisit un bosquet de sorbier des oiseleurs pour s'extraire de la rivière, ce qui fait qu'à présent on nomme le sorbier des oiseleurs la délivrance de Thor.

     

    Skalskaparmal, thor, sorbier des oiseleurs

     

    Lorsque Thor arriva devant Geirrodr, lui et son compagnon furent accueillis dans l'entrée et invités au divertissement, et il fut convié à s'asseoir sur une chaise, et il s'assit sur ce siège. Alors il se rendit compte que la chaise bougeait sous lui et le projetait vers le plafond. Il arc-bouta alors la canne de Grid contre le plafond et poussa fort afin de faire tomber la chaise. Puis il y eut un grand fracas, suivi de hurlements. Sous la chaise se trouvaient les filles de Geirrodr, Gjalp et Greip; et il leur avait brisé le dos à toutes deux. Puis Geirrodr appela Thor dans la halle pour jouer à des jeux. Il y avait de grands feux sur toute la longueur de la halle. Lorsque Thor arriva en face de Geirrodr, ce dernier saisit une barre de métal portée au rouge avec des pinces et la lui jeta. Thor l'attrapa avec ses gants de fer et l'envoya dans les airs. Geirrodr esquiva derrière un pilier pour se sauver. Mais Thor tordit la barre et la jeta dans sa direction. La barre traversa la colonne, perfora Geirrodr et se planta dans le mur, puis dans la terre.

    Eilífr Gudrúnarson a ciselé des vers sur cette histoire, dans la Thorsdrapa (traduite sur une autre page de ce blog).

    1 L'interprétation et la traduction de ce texte ancien sont sujettes à controverse sur plusieurs points. D'après Snorri, Thor n'avait pas ses objets. D'après d'autres traducteurs ultérieurs disposant de tous les Codex, il a tué les géants avec son marteau. De même, il aurait eu du mal à traverser la rivière Vimur, pour Snorri. Ultérieurement, l'étude comparée des textes laisse penser qu'il adresse sa menace à l'océan. D'un autre côté, Snorri avait probablement eu accès aussi à la mémoire orale de sa culture d'origine...

     

    ________________________________________________________________________________

    Pour commencer le chapitre des Asynies, Frigga's web, d'Hagalaz Runedance

    _________________________

     

    XIX. «- Quelles périphrases employer pour Frigg ?»

    «- En la nommant Fille de Fjorgynn, épouse d'Odin, Mère de Balder, co-épouse de Iord et Rind et Gunnlod et Gridr, Belle-mère de Nanna, Dame des Ases et Asynes, Maîtresse de Fulla et du plumage de faucon et de Fensalir.

     

    Edda de Snorri

    Frigg, 1895, par H.E. Gerber

     

    Edda de Snorri

    Frigg et Fulla, 1874, par A. Murray

     

    XX «- Quelles périphrases employer pour Freyja ?»

    «- En la nommant Fille de Njord, Sœur de Freyr, Epouse d'Odr, Mère de Hnoss, Maîtresse des morts, de Sessrumnir, des Chats, de Brisingamen, Déesse des Vanes, Dame des Vanes, Déesse de la beauté en larmes, Déesse de l'amour. Toutes les déesses peuvent être nommées ainsi : en les appelant par le nom d'une autre, mais en citant leurs attributs personnels, ou leurs œuvres, ou leurs enfants.

     

    Edda de Snorri

    Freyja et Brinsingamen. John Penrose.

     

    XXI. «- Quelles périphrases employer pour Sif ?»

    «- En la nommant Epouse de Thor, Mère de Ullr, Déesse à la blonde chevelure, co-épouse de Jarnsaxa, Mère de Thrudr.

     

    Edda de Snorri

    Loki rend sa chevelure d'or à Sif sous le regard de Thor

     

    XXII. «- Quelles périphrases employer pour Idunn ?»

    «- En la nommant Epouse de Bragi, gardienne des pommes. Et les pommes peuvent être appelées Elixir de jeunesse des Ases. Idunn est également nommée Butin du géant Thjazi, selon l'histoire qui a été narrée précédemment et qui raconte comment elle a été ravie aux Ases.

     

    Edda de Snorri

    Idunn et les Ases, John Penrose, 1890.
     

    Thjódólfr de Hvin a composé des vers sur cette histoire dans la Haustlong.

    Comment pourrais-je m'acquitter / Equitablement pour le don de ce bouclier,

    Rempart de la Guerre, que me fit Thorleifr ? / J'observe la victoire incontestable

    Du combat de trois des Dieux parmi les plus grands / Et de Thjazi, sur la joue brillante

    Du pavois de la guerre. / Le ravisseur de la Dame

    S'envola rapidement avec fracas / Pour rencontrer l'illustre Seigneur des Dieux,

    S'en allant dans son plumage d'aigle ; / Autrefois, l'aigle de mer arriva

    Lorsque les dieux eurent mis la viande / Sur le foyer ; le géant des rochers

    Fut hélé sans arrière-pensée. / Habile à mystifier les dieux

    Il se montra avec les Ases / Intraitable dans le partage

    De la nourriture ; le grand Instructeur / Des Ases, la tête couverte d'un heaume,

    Vit les puissances en bouillir de rage ; / L'oiseau de mer, plein de cautèle,

    Leur parla du haut d'un vieux tronc; / Loki était mal disposé à son égard.

    Le monstre vorace ordonna / Au père de Meili de lui donner

    De la nourriture coupée par la trancheuse sacrée : / L'ami du Maître des Corbeaux

    Fut choisi pour attiser le feu ; / Le roi des géants, avide de viande

    Piqua vers le foyer où les dieux naïfs / Et sans malice s'affairaient ensemble.

    L'aimable seigneur de toutes choses / Commanda rapidement à Loki

    De partager la viande du taureau, abattu / Grâce à l'arc sonore de Skadi,

    Entre tous les convives, mais prestement, / Le fourbe voleur de viande

    Barbota à la barbe des Ases, les quartiers, / Tous les quatre, sur la large table.

    Lors le seigneur des Géants, affamé, / Avala gloutonnement la bête à joug

    Dans l'abri des branches du chêne. / Ceci se passa dans les temps anciens.

    Puis Loki l'avisé / Gardien du butin de guerre, le frappa,

    Le plus audacieux des ennemis du peuple de la terre, / Avec une perche, entre les épaules.

    Le fardeau des bras de Sygin, / Dont tous les dieux étaient les obligés,

    Se tint fermement fixé / Au père nourricier de Skadi ;

    Jusqu'à la place forte de Jotunheim, / La perche resta coincée, et les doigts

    De Loki aussi, compagnon de / Hœnir, aggripé au bout du bâton.

    L'oiseau de sang a volé vers le haut, / (Allègre dans son élément)

    Et fort loin avec Loki, / Le Dieu agile, Père du Loup,

    En était presque écartelé; / Le compagnon de Thor dut demander merci,

    Comme s'il pouvait négocier une telle paix, / Il supplia : quasi-mort était Loptr.

    Alors l'engeance d'Hymir ordonna / Au Dieu Habile, fou de souffrance,

    De lui procurer par ruse la Demoiselle / Gardienne de la jeunesse des Ases ;

    Avant longtemps, le voleur du collier, / Le pilleur de Brisingr, leurra sournoisement

    La Dame du Ruisseau de Brunnakr / Dans la demeure de Celui qui Dirige.

    Les habitants des pentes humides / Ne ressentaient aucune inquiétude ;

    C'est alors qu'Idunn / Fut enlevée par le géant

    Arrivant du sud et revenu parmi eux. / Toute l'éminente famille d'Ingvi-Freyr,

    Devenue chenue et âgée, tint conseil / En hâte ; hideux dans leurs manières

    Et repoussants étaient tous les dieux (partie manquante).

    J'ai entendu ceci, que le loyal ami  / De Hœnir - souvent par la suite

    Il trompa les Ases par ruse - / S'envola, camouflé sous des ailes de faucon ;

    Et le vil Seigneur des Géants, / Possesseur d'ailes aux puissantes plumes,

    Poursuivit sous forme d'aigle / Loki sous forme de faucon.

    Vivement, les dieux avaient allumé / un feu ; et les dirigeants souverains

    L'alimentaient avec des copeaux : / Roussi fut le géant volant,

    Il s'abattit en plein essor.  

     Ceci est peint sur le bouclier, / Que Thorleifr me donna.

     

    Edda de Snorri

    Thjazi et les Ases

    Edda de Snorri

    Loki dupe Idunn. J. Bauer.
     
    Voici la manière correcte d'utiliser les périphrases pour les Ases : appeler chacun par le nom d'un autre, et de le qualifier des termes de ses propres œuvres, de ses propres possessions ou de ses descendants.
     
     
     Skaldskaparmal                                                                                                                      Skaldskaparmal 

    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :