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Chapitre 17 : De la vengeance par Sigurd de...
...Sigmund son père.
BO Gladiator, Hans Zimmer.
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Sigurd alla voir les rois, et leur parla :
"- Ici, j'ai passé un long moment parmi vous, et je vous dois remerciement et gratitude pour votre grand amour et vos nombreux cadeaux, et l'estime que vous m'avez témoignée. Mais à présent, je dois quitter ce pays, et partir guerroyer contre les fils de Hunding, et leur signifier que tous les Volsungs ne sont pas morts. Et j'aurais besoin de votre puissance pour me renforcer dans cette tâche."
Alors les rois lui dirent qu'ils lui donneraient tout ce qu'il désirerait, et une grande armée se prépara, et tout fut apprêté avec le plus grand soin, les navires et engins de guerre, afin que le voyage soit des plus imposants. Sigurd lui-même barrerait le vaisseau-dragon, qui était le plus grand et le plus noble. Les voiles étaient richement brodées, et glorieuses à contempler.
Alors ils naviguèrent, et eurent bon vent à volonté. Mais après quelques jours, une grande tempête se leva sur la mer, et les vagues ressemblaient à l'écume du sang des hommes. Mais Sigurd ordonna à ses hommes de ne pas affaler les voiles, même si elles risquaient de se déchirer, mais plutôt de les amener plus haut que jamais. Puis tandis qu'ils doublaient le cap d'un détroit, un homme héla les vaisseaux, et demanda qui était le capitaine de cette flotte. Il lui fut alors répondu que le chef et seigneur en était Sigurd, fils de Sigmund, le plus renommé des jeunes gens de cette époque.
Alors l'homme dit : "Une seule chose, que tous disent de lui, est que nul parmi les fils de rois ne peut lui être comparé. Maintenant, je naviguerais volontiers un moment sur l'un de ces navires, prenez-moi à bord."
Alors ils lui demandèrent son nom, alors il chanta1 :
"- J'étais Hnikar,
Lorsque je réjouissais Hugin,
Et que guerroyait
Le brillant fils de Volsung,
Mais maintenant, vous pouvez m'appeler
Le paysan du haut de la falaise,
Feng ou Fjolnir."
Ils accostèrent, et l'homme monta à bord.
Alors parla Sigurd, comme le raconte la chanson :
"- Dis-moi, ô Hnikar,
Puisque tu connais parfaitement
Le destin des dieux, le bon et le mauvais des hommes,
Quels sont les meilleurs signes,
Lorsqu'au milieu de la bataille,
Autour de nous tournoient les fils d'épée."
Hnikar répondit :
"- De nombreux signes sont favorables,
Si les hommes savent les déchiffrer,
Lorsque les épées tournoient :
Je suis sûr que le corbeau aux ailes noires
Est un compagnon convenable,
A la guerre, pour le porteur d'arme.
Le deuxième présage heureux :
Lorsque tu pars au loin
Bien équipé pour la longue route,
Il est bon que tu voies
Deux guerriers debout,
Avides de gloire, devant ta maison.
Un troisième auspice bénéfique
Est de bien entendre
Hurler le loup
Au loin sous les bosquets de frêne.
Tu auras de la chance aussi,
Dans tes démêlés avec ceux
Qui sont coiffés d'un heaume,
Si tu les vois avant qu'ils ne te voient.
Aucun homme ne devrait,
En combattant, tourner son visage
Vers la sœur de la lune2
Lorsqu'elle est basse, à son couchant,
Parce qu'il remporte la victoire,
Celui qui voit le mieux
Au travers du centre du jeu de l'épée,
Et celui qui se place le mieux dans la pente.
Très funeste
Est de trébucher
Lorsque apprêté pour la guerre tu t'y rends
Parce que de tous côtés,
Les dises près de toi sont
Malignes, désireuses de tes blessures.
Que chaque guerrier
Soit bien coiffé, bien lavé,
Que la viande ne manque pas au matin,
Car qui peut prévoir
Le retour du soir ?
Il ne faut pas ramper devant le destin."
Alors la tempête se calma, et ils naviguèrent jusqu'à parvenir à terre au royaume des fils de Hunding, puis Fjolnir disparut.
Sigurd part en guerre. A. Kampf.
Alors ils libérèrent le feu et l'épée, tuèrent des hommes et brûlèrent leurs demeures, et dévastèrent tout autour d'eux : une foule d'hommes prit la fuite devant eux pour rejoindre le roi Lyngi et l'avertir que des guerriers investissaient son pays et progressaient avec une telle rage et une telle fureur que nul n'avait ouï parler de leurs pareilles, et que les fils de Hunding n'avaient guère été visionnaires en disant qu'il n'y avait plus rien à craindre des Volsungs, car arrivait là, comme chef de cette armée, Sigurd, fils de Sigmund.
Alors le roi Lyngi fit porter l'annonce de la guerre par tout son royaume, et ne montra aucune intention de fuir, mais appela auprès de lui tous ceux qui pourraient lui apporter de l'aide. Alors il vint à l'encontre de Sigurd avec une grande armée, lui et ses frères avec lui, et un combat d'une extrême férocité s'engagea. Nombreuses furent les lances et les flèches que l'on vit s'élever dans les airs, les haches qui cognèrent durement, les boucliers brisés et les cuirasses défoncées, les heaumes fendus, les crânes coupés en deux, et nombreux furent les hommes à tomber sur la terre froide.
Et lorsque le combat eut longuement duré de la sorte, Sigurd avança devant les bannières, sa bonne épée Gramr à la main, et frappa à mort à la fois les hommes et les chevaux, et se poussa au plus épais de l'enchas avec les deux bras rouges de sang jusqu'aux épaules, et les guerriers tombaient devant lui où qu'il aille, et nul casque ou armure ne protégeait contre lui, et nul homme n'avait jamais vu son pareil. La bataille durait depuis longtemps déjà, et nombre d'hommes étaient morts, et l'assaut était furieux. Tant et si bien qu'à la fin, ce qui arrive rarement, l'armée du pays s'effondra, quoi qu'elle fit, sans rien y pouvoir. Mais les hommes des fils de Hunding étaient si nombreux à être tombés que l'histoire de chacun ne peut être contée. Et à présent, tandis que Sigurd était à l'avant-poste, les fils de Hunding l'assaillirent, et Sigurd frappa le roi Lyngi, et lui fendit à la fois le heaume, la tête, et le corps bardé de maille, puis attaqua à son tour Hjorvard son frère, et finit par tuer tous les autres fils de Hunding encore en vie, et la majeure partie des guerriers qui leur restaient dans le même temps.
Sigurd tue Lyngi. H. Hamilton
Puis Sigurd rentra à la maison avec cette victoire justement gagnée, de nombreuses richesses et grand honneur, qu'il s'était obtenus au cours de son expédition, et des fêtes furent organisées pour lui lors de son retour dans le royaume.
Mais, alors que Sigurd était revenu depuis peu, Reginn vint le trouver pour lui parler, et lui dit :
" -Maintenant, tu auras peut-être la bonne volonté de faire plier la crête de Fafnir, ainsi que tu en as donné ta parole, puisque tu as vengé ton père et tous ceux de ton sang. "
Sigurd répondit : "- Ce sera fait, puisque nous l'avons promis, et que ça n'est jamais sorti de notre mémoire".
1 Traduction à comparer avec celle de Bellows dans le Reginsmal
2 La soleil
Tags : sigurd, sigmund, lyngi, volsunga saga
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