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Chapitre 2 : de la naissance de Volsung, fils de Rerir, fils de Sigi
Maintenant, Sigi vieillissait, et certains le jalousaient beaucoup et finirent par se retourner contre lui, même ceux en lesquels il avait le plus confiance, même les frères de sa femme. Ils regroupèrent de nombreux hommes avec eux, et l'attaquèrent lorsque par grande imprudence, il se retrouva avec peu de compagnons pour le défendre. Sigi tomba, et tous ses gens avec lui. Mais Rerir, son fils, ne connaissait pas les mêmes difficultés, et rassembla autour de lui ses amis et les grands hommes du pays en une force si puissante qu'il reconquit pour lui-même toutes les terres et le royaume de Sigi, son père. Lorsqu'il sentit qu'il avait bien assuré sa souveraineté, il se remémora le grief qu'il avait contre les frères de sa mère, qui avaient assassiné son père. Alors le roi leva une grande armée, et attaqua ses parents, estimant que s'il faisait peu de cas de cette parenté, eux avaient sans aucun doute les premiers forgé ce genre de trahison contre elle.
Il accomplit ainsi sa propre volonté, n'abandonnant pas le combat tant qu'il n'eut pas tué tous les meurtriers de son père, si terribles que semblèrent ses actes aux sages. Alors, il acquit des terres, de l'autorité et des biens, et devint plus puissant que son père avant lui.
Rerir gagna de grandes richesses en faisant la guerre, et put épouser une femme qu'il jugeait digne de lui. Ils vécurent longtemps ensemble, mais n'eurent aucun enfant pour hériter d'eux. Et ils en étaient tous deux chagrin, et ils priaient les dieux de tout leur cœur et de toute leur âme de leur accorder un enfant. Il se raconte qu'Odin entendit leur prière, ainsi que Freyja qu'ils prièrent avec non moins de ferveur. Alors elle, qui ne fait jamais défaut pour les conseils, demanda à une jeune fille, la fille de Hrimnir le géant, de lui amener son coffret, y prit une pomme et la déposa dans sa main et lui ordonna de la porter au roi. Elle emporta la pomme, se revêtit du plumage d'un corbeau, et vola jusqu'à trouver le roi assis sur une colline. Alors elle laissa tomber la pomme dans le giron du roi. Il prit la pomme et se dit qu'il savait comment elle serait judicieusement utilisée, de sorte qu'en rentrant chez lui en revenant de la colline, il alla voir la reine et on parle encore de la pomme qu'elle mangea à ce moment-là.
Ensuite, comme le raconte la légende, la reine sut bientôt qu'elle était enceinte, mais il s'écoula beaucoup de temps avant qu'elle ne puisse donner naissance à l'enfant. Il advint que le roi dut aller faire la guerre, ainsi qu'il est coutume pour les rois qui veulent conserver la paix à leur pays, et au cours de cette expédition, Rerir tomba malade et rencontra son destin, et son esprit rejoignit la demeure d'Odin, ce qui était désiré par tant d'hommes à cette époque.
Mais il n'en alla pas différemment que par le passé pour ce qui était des troubles de santé de la reine, pas encore allégée de son enfant. Et six hivers passèrent pendant lesquels la souffrance pesa encore sur elle. De sorte qu'à la fin, sentant qu'elle n'allait plus survivre très longtemps, elle ordonna que l'enfant soit séparé d'elle avec un couteau, et il en fut fait ainsi qu'elle le commanda. C'était un garçon, déjà grand lors de sa naissance, et il se raconte qu'il embrassa sa mère lorsqu'elle mourut. Un nom lui fut donné, et il s'appela Volsung. Il fut souverain du pays des Huns dans la halle de son père. Dès ses premières années, il était grand et fort, et plein d'audace dans toutes les actions et prouesses viriles, et il devint le plus grand des guerriers, de sorte qu'il n'advint que du bien de toutes les batailles de ses expéditions guerrières.
Lorsqu'il arriva pleinement à l'âge d'homme, Hrimnir le géant lui envoya sa fille Ljod, celle dont l'histoire raconte qu'elle apporta la pomme à Rerir, le père de Volsung. Alors Volsung se maria. Son épouse et lui vécurent longtemps ensemble, avec bonne fortune et grand amour. Ils eurent dix fils et une fille, et leur aîné fut le fameux Sigmund, et leur fille Signy, et tous deux étaient jumeaux. Le premier des fils du roi Volsung était le plus savant et le plus beau des enfants, et dans les légendes d'autrefois, il est raconté comment les Volsungs, glorieux entre tous, ont été augustes et nobles, bien supérieurs à la plupart des hommes, tant par leur intelligence, leurs prouesses et tous leurs actes nobles et décisifs.
Signy et Sigmund, Arthur Rackham
L'histoire raconte aussi que le roi Volsung fit bâtir si habilement une magnifique halle qu'un grand chêne poussait à l'intérieur, ses branches s'épanouissant au-dessus du toit tandis qu'en-dessous se trouvait son tronc, au sein de la demeure. Les hommes nommèrent ce tronc Branstock.
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