•  sif

    Sif, thor, loki

     

     Cette histoire est narrée dans les Skaldskaparmal.

     

      mythologie nordique                                                                                                                                                                             mythologie nordique


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  • Thrymskvitha

    Hrafnagaldur Odins

    Le Hrafnagaldur Odins n'appartient pas à l'Edda poétique, car, bien que les spécialistes ne soient pas d'accord sur la date exacte de son écriture, elle aurait eu lieu entre le XIVème et le XVIIème siècle, et probablement après la découverte du Codex Regius où le poème n'est pas consigné. Conçu et rédigé comme une introduction au Baldrs draumar, dans le même mètre (fornyrdislag) que les autres poèmes de la vieille Edda et en de très classiques strophes de 8 vers, ce texte traite des questions que les Ases se posent après divers rêves prémonitoires et pressentiments funestes qui les assaillent. Odin envoie alors Heimdall, accompagné de Loki et Bragi, rechercher et interroger Idun, tombée d'Yggdrasil dans le domaine de Hel dont elle ne peut plus sortir. 

     

    L'incantation-corbeau d'Odin

    ou Forspjallsljod (prélude au poème)

    D'après les traductions anglaises de Thorpe, Björnsson, Reaves, Lassen et Kodratoff.

     

    1- Odin possède le pouvoir,
    Les elfes la compréhension,
    Les Vanes ont la connaissance
    Et les Nornes montrent la voie,
    Les femmes-trolls ont des enfants,
    Les hommes doivent supporter,
    Les thurses doivent patienter
    Et les Valkyries soupirer.

    2- De funestes pressentiments
    Font souffrir les âmes des Ases
    Des esprits maléficieux
    Ont brouillé les runes du Dieu.
    Urd1 devait veiller Odrerir2
    Mais ne put le sauvegarder
    De la plus grande part du mal.

    3- Hugin3 est parti à la hâte
    Pour explorer les vastes cieux,
    Il cherche les peuples qui craignent
    Une catastrophe s'il tarde.
    La pensée de Thrainn4 est un rêve
    Dans un sentiment d'oppression,
    La pensée de Dainn5 est un rêve
    Bien plus énigmatique encore.

    4- La puissance des nains faiblit,
    Le monde sombre vers l'abîme,
    Vers la béance de Ginnung6.
    Asvildur7frappe fréquemment
    Depuis les hauteurs des cieux,
    Et aussi souvent il rassemble
    Auprès de lui les hommes occis.

    5- La terre autant que les cieux
    Petit à petit se corrompent,
    Sans jamais s'arrêter, sans cesse,
    Soufflent les vents empoisonnés.
    Toute la sagesse est cachée
    Dans le puits du glorieux Mimir.
    M'entendez-vous bien, ou alors ?

    6- Dans les vallées elle réside
    Cette Dise devineresse,
    Où elle est tombée d'Yggdrasil,
    Tombée du grand frêne du Monde,
    Appelée Idun par les Alfes,
    La plus jeune enfant d'Ivaldi7.

     

    Hrafnagaldur Odins

     Idun tombée de l'arbre du Monde. F. Stassen 

     

    7- Infortunée lors de sa chute,
    Elle se trouva enfermée
    Sous les branches de l'arbre dur.
    Habituée à résider
    En des demeures plus plaisantes
    Elle apprécia peu son séjour
    Au logis du fils de Nörvi8.

    Hrafnagaldur Odins

     

    8- Les déités de la victoire
    Voyant la peine de Nanna9
    Au foyer du destrier d'Ygg7,
    Lui offrirent une peau de loup.
    Elle s'emmitoufla dedans
    Ses sentiments se modifièrent
    Elle joua de l'illusion
    Et transforma son apparence.

    9- Viðrir7choisit le gardien de Bifrost
    Pour aller poser des questions
    Au montant de la porte de Gjöll9
    Sur ce qu'elle savait des mondes.
    Suivi de Bragi et Loki,
    Compagnons et témoins inquiets.

    10- Les Puissances et Divinités,
    A l'extrémité du monde,
    Chantèrent des incantations,
    Eurent pour montures des loups.
    Assit sur Hliðskjálf, attentif,
    Odin écouta, regarda,
    L'expédition des voyageurs.

    11- Le sage posa des questions
    A la serveuse d'hydromel9
    Sur les ancêtres et descendants
    Des dieux et sur leur destinée,
    Et il l'interrogea aussi
    Sur la naissance, la durée
    Et le destin des cieux, de Hel,
    Et de l'univers tout entier.

    12- Gefion9ne fut pas en mesure
    De révéler ce qu'elle pensait,
    Ni d'articuler un seul mot,
    Ni d'exprimer quelque bonheur.
    Son pouvoir était engourdi,
    Epuisé, comme anéanti.
    Des larmes se mirent à couler
    Des boucliers de son cerveau.

     

    Hrafnagaldur Odins

    Heimdall, Loki et Bragi interrogent Idun. L. Frolich.

     

    13- De même vient d'Elivagar,
    Des prairies des géants du givre,
    Depuis l'est lointain une épine
    Avec laquelle chaque nuit
    Dainn pique chaque personne
    Vivant sur la grande Midgard.

    14- Alors les actes s'affaiblissent,
    Les mains retombent lourdement,
    La stupeur envahit les têtes.
    L'insensibilité s'écoule
    Dans l'esprit de la femme-troll,
    Ralentissant tous les rouages
    De l'esprit humain tout entier.

    15- Jorun9parut pleine de peine,
    Impuissante à parler aux dieux.
    Plus ils la pressaient de questions,
    Plus elle refusait de répondre,
    Et tous leurs mots étaient en vain.

    16- Portant Gjallarhorn pour Herjan7,
    Le quêteur marcha en avant
    Et conduisit l'expédition,
    Choisissant pour l'accompagner
    Loki, le parent de Nal,
    Et pour rester en sentinelle,
    Bragi, poète de Grimnir7.

     

    Hrafnagaldur Odins

     Heimdall va quérir Idun aux enfers. 

     

    17- Aidés par les fils de Fornjot10
    Les émissaires de Vidar7
    S'en retournèrent à Vingolf.
    En entrant, salués par les Ases,
    Ils furent conviés au festin,
    Au gai banquet d'hydromel d'Ygg.

    18- Ils souhaitèrent à Hangatyr7
    D'être le plus chanceux des dieux,
    Et de présider du haut-siège
    A la fête de l'hydromel,
    Et en s'asseyant au festin
    Aux Ases, avec Yggjungur7,
    L'éternelle béatitude.

    19- A la demande de Bölverk7
    Les hôtes divins prirent place
    Sur les bancs et se rassasièrent
    De la viande de Saehrimnir.
    De la bouilloire de Hnikar7
    Skogull tirait avec des cornes
    L'hydromel du savant Mimir
    Pour les coupes de la mémoire.

    20- Depuis midi jusques au soir
    Bien des questions furent posées
    Par les Ases à Heimdallur
    Et par les déesses à Loki,
    Pour savoir si la prophétesse
    Avait dit de sages paroles,
    Prononcé des divinations.

    21- Ils jugèrent de leur mission,
    Peu glorieuse et infructueuse,
    Et dirent la difficulté
    De trouver un fin stratagème
    Pour obtenir de la voyante
    Une réponse à leurs questions.

    22- Omi7parla, tous écoutèrent :
    "- La nuit apportera conseil.
    Que réfléchissent à la question
    Tous ceux qui pourront y penser,
    Et de maintenant à demain, 
    Qu'ils apportent une solution
    Pour la grande gloire des Ases."

    23- Au-dessus des plaines de Rind,
    Au long des tourbillons du ciel,
    Lasse, courait la proie du loup11.
    Les Ases quittèrent la fête
    Et saluèrent Hropt7et Frigg,
    Tandis que le clair Hrimfaxi12
    Entreprenait son ascension.

    24- Le fils de Delling13 stimula
    Son cheval caparaçonné
    De riches pierres précieuses,
    Et la crinière du coursier
    Eclaira le monde des hommes,
    Emportant en tractant son char
    La clarté du jouet de Dvalin11.

    25- Loin dans le Nord, à la frontière,
    Au bout de la puissante terre,
    Sous la plus lointaine racine
    Du prince des arbres du monde,
    Les femmes trolls et les géants,
    Cadavres, nains et elfes noirs,
    Tous rejoignirent leur litière.

    26- Les dieux se levèrent au matin,
    Tandis qu'Alfröðull11accourrait,
    Njola14 retourna vers le Nord
    Et se dirigea vers Niflheim.
    A l'aurore, le fils d'Ulfrun15,
    Le souverain d'Himinbjorg,
    Se saisissant de Gjallarhorn,
    Fit retentir le son du cor.

     

    1  La norne du passé

    2  Odrerir : "celui qui conduit à la fureur sacrée". Un des chaudrons dans lesquels se trouve l'hydromel magique. 

    3   Pensée

    4   Thrainn : Menace, nom d'un nain ?

    5   Dainn : Mort, nom d'un nain ?

    6   Ginnungagap : Vide béant originel dans lequel les mondes se sont formés.

    7   Odin

    8   Fils de Nörvi : en fait, enfant de Nörvi, Nott, la nuit.

    9   La femme. Idun ?

    10  Les vents

    11  Le soleil

    12  Crinière de Givre, la Monture de Nott

    13  Dag, le jour

    14  Njola : autre nom de la nuit

    15  Heimdall

     

     Traduction plus littérale du texte : 

    1- Alfather exerce le pouvoir, les elfes comprennent, les Vanes connaissent, les Nornes montrent la voie, les femmes-trolls enfantent, les humains endurent, les thurses attendent, les Valkyries languissent.

    2- Les Ases souffraient de sombres pressentiments, les esprits mauvais avaient mélangé les runes du dieu. Sur Odrerir devait veiller Urd, mais elle ne put le protéger de la plus grande partie du mal.

    3- Hugin (la pensée) se hâte, explore les cieux. Il cherche les autres, les peuples risquent une catastrophe s'il tarde. Le rêve de Thrainn est oppressant, celui de Dainn énigmatique.

    4- La puissance des nains faiblit, les mondes sombrent vers l'abîme de Ginnung. Souvent Asvildur frappe d'en haut, et souvent réunit à nouveau les occis.

    5- Terre et ciel se corrompent peu à peu. Les vents empoisonnés ne cessent de souffler. Toute sagesse est cachée dans le glorieux puits de Mimir. Comprenez-vous, ou quoi ?

    6- Dans les vallées vit la Dise devineresse. Elle est tombée d'Yggdrasil, tombée du frêne, nommée Idun par les alfes aînés, la plus jeune des enfants d'Ivaldi.

    7- Malchanceuse lors de sa chute et accoutumée à des demeures plus agréables, et apprécia peu celle de l'enfant de Nörvi.

    8- Les dieux de la victoire virent la peine de Nanna dans le logis de la monture d'Ygg (Yggdrasil, chez Hel). Ils lui donnèrent une fourrure de loup. Elle s'en vêtit, changea de sentiments, joua de l'illusion, modifia son apparence.

    9- Viðrir choisit le gardien de Bifrost pour demander au montant de la porte de Gjöll ce qu'elle savait de chaque monde. Bragi et Loki en seraient les témoins inquiets.

    10- Ils psalmodièrent des incantations, chevauchèrent des loups, les Puissances et les Dieux, aux extrémités du monde. Odin, écoutant depuis Hliðskjálf, regarda l'expédition lointaine des voyageurs.

    11- Le sage (Heimdall) interrogea la serveuse d'hydromel sur les ancêtres et descendants des dieux et sur leurs propres chemins, et lui demanda si elle connaissait l'origine, la durée et la fin des cieux, de Hel et du monde. 

    12- Gefion ne put rien révéler de sa pensée, ni formuler une parole, ni exprimer quelque joie. Des larmes suintèrent des boucliers de son cerveau, son pouvoir était engourdi, épuisé, mort.

    13- Ainsi depuis Elivagar vient de l'est une épine, issue des champs des géants du givre, avec laquelle Dainn pique chaque nuit tous les hommes de la glorieuse Midgard.

    14- Les actes s'affaiblissent, les mains retombent lourdement, la stupeur plane sur l'épée du dieu blanc (la tête). L'insensibilité s'écoule dans le vent de la géante (dans son esprit), ralentit les rouages de l'esprit humain tout entier.  

    15-  Pleine de chagrin sembla Jorun aux dieux, incapable de parler. Ils insistèrent d'autant plus que toute réponse leur était refusée, tous leurs mots étaient en vain.

    16- Il voyagea en tête de l'expédition, le quêteur porteur de Gjallarhorn pour Herjan, prenant pour compagnon le parent de Nal, le poète de Grimnir restant en sentinelle.

    17- Les envoyés de Vidar revinrent à Vingolf, aidés dans leur retour par les fils de Fornjót. Ils entrèrent et furent salués par les Ases, conviés tout de suite au joyeux festin d'hydromel d'Ygg.

    18- Ils souhaitèrent à Hangatyr, le plus chanceux des dieux, de présider avec bonheur à la fête de l'hydromel depuis le haut-siège, et aux Ases bonne fortune en s'asseyant au festin, et la béatitude éternelle avec Yggjungur.

    19- Les hôtes divins, assis sur les bancs à la demande de Bölverk (Odin), se rassasièrent de Saehrimnir. Skogull tirait de la cuve de Nikar l'hydromel de Mimir à servir dans les coupes de la mémoire.

    20- De midi à la tombée du soir, beaucoup de questions furent posées par les dieux à Heimdall et par les déesses à Loki, pour savoir si la jeune femme avait prononcé de sages paroles ou des divinations.

    21- Ils jugèrent que leur mission, peu glorieuse, avait été infructueuse, et qu'il serait difficile de trouver un stratagème pour obtenir une réponse de la femme.

    22- Omi (Odin) parla et tous écoutèrent : "La nuit porte conseil. Qu'y réfléchissent jusqu'à demain tous ceux qui le pourront, et une solution sera apportée pour la gloire des Ases."

    23- Au long des tourbillons sur les plaines de Rind courait, fatiguée, la proie du loup. Les dieux quittèrent la fête et saluèrent Hropt et Frigg, tandis que Hrimfaxi commençait son ascension. 

    24- Le fils de Delling poussa son cheval, richement caparaçonné de pierres précieuses. La crinière du coursier illumina le monde des hommes, irradiant la lumière du jouet de Dvalin (le soleil) qu'il tractait en son char.

    25- Loin au nord, au bord de la terre puissante, sous la racine la plus éloignée du grand Arbre du Monde, les femmes trolls et les géants, les cadavres, les nains et les elfes noirs gagnèrent leur lit. 

    26- Puis les dieux se levèrent, Alfröðull accourut, Njola retourna vers le nord, vers Niflheim. Tôt, le fils d'Ulfrun, maître d'Himinbjorg, leva Gjöll (Gjallarhorn) et fit retentir le son du cor.

     

    Thrymskvitha                                                                                                                                                     Thrymskvitha

     


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