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Heimskringla : Saga de Magnus le Bon I
Magnus Ier de Norvège
1- Le voyage de Magnus Olafson dans l'ouest.
Après Jöl, Magnus Olafson commença son voyage dans l'est de Novgorod à Ladoga, où il gréa ses navires dès que les glaces se relâchèrent au printemps (en 1035). Arnor, le Scalde des jarls, en parle ainsi dans son poème au sujet de Magnus :
"Il ne fait vraiment aucun doute que celui
Qui veut commander sur la mer et sur la terre,
Fera ressentir dans le sang à l'ennemi
L'acier bleu tranchant de Hneiter, l'épée d'Olaf.
Ce jeune homme généreux, qui sème de l'or,
Courageux fils de Norvège, âgé de dix ans
Equipe ses navires sur les lacs de Russie,
Pour prendre sa couronne, aidé de ses amis. "
Au printemps, Magnus vogua de l'est vers Svithjod.
Ainsi parla Arnor :
"Le jeune teinteur d'épée rassembla un Thing
Où tous ses hommes pourraient rencontrer leur roi.
Les héros qui pourvoient les aigles en nourriture
Se tinrent tout armés devant leur souverain.
Et maintenant les planches incurvées de la proue
Clivent l'océan bleu. La charrue des marées,
Menée par les vents gris à travers l'étendue,
Parvient aux grasses plaines autour de Sigtuna."
Il est ici relaté que lorsque le roi Magnus et ses compagnons de voyage vinrent de l'est vers Svithjod, ils montèrent à Sigtuna. Emund Olafson était alors soi de Svithjod. La reine Astrid, qui avait été l'épouse du roi Saint-Olaf était également présente. Elle reçut avec joie et fort bien son beau-fils le roi Magnus, et convoqua immédiatement un Thing nombreux de suédois en un lieu nommé Hangrar. A ce Thing, la reine Astrid prononça ces paroles : "A présent est venu à nous un fils d'Olaf le Saint, nommé Magnus, qui envisage d'entreprendre une expédition vers la Norvège pour prétendre à l'héritage de son père. Il est de mon devoir de l'aider dans son projet, car il est mon beau-fils, comme tout le monde le sait, norvégiens comme suédois. S'il a besoin d'hommes ou d'argent, je les lui procurerais dans la mesure de mes moyens, afin que ses forces soient aussi importantes que possible. Et tous ceux qui soutiendront sa cause auront droit à mon entière amitié. Et je veux faire savoir que j'ai l'intention de l'accompagner dans sa tentative, de manière à ce que chacun voit que je n'épargne rien de ce qui est en mon pouvoir pour l'aider." Elle parla longtemps et habilement dans cette veine, mais lorsqu'elle eut terminé, ils furent nombreux à lui répondre ainsi : "Les suédois n'ont rien gagné d'honorable à suivre son père le roi Olaf en Norvège, et à présent, aucun meilleur résultat n'est à attendre, parce que cet homme est dans ses années d'enfance. Nous sommes donc peu désireux de nous lancer dans cette expédition."
Astrid répondit : "Tous ceux qui veulent être reconnus comme ayant un peu de courage ne devraient pas être dissuadés par de telles considérations. Si certains ont perdu des parents aux côtés du roi Olaf, ou eux-mêmes été blessés, il est à présent temps de montrer du cœur et du courage, et de retourner en Norvège pour se venger."
Astrid eut une telle réussite avec ces mots et ses encouragements que beaucoup d'hommes décidèrent de l'accompagner et de suivre le roi Magnus en Norvège.
Sigvat le Scalde en parla ainsi :
"A présent Astrid la reine veuve d'Olaf
-Elle qui avait vécu tant de changements-
Assembla les cadeaux de ces jours plus heureux,
Les joyaux, les anneaux, tout ce qu'elle put trouver
Et au Thing à Hangrar où vinrent les suédois,
Rassemblés en foule nombreuse, déclara
Ce que le fils d'Olaf se proposait de faire
Et leur montra ses biens, leur solde, à regarder.
Et pour les suédois, nul plan plus ingénieux,
Afin de révéler les hommes courageux,
N'eut pu être trouvé, Magnus eut-il été
Lui-même le descendant de la bonne reine.
Avec l'aide de Christ, elle espérait conduire
Magnus à devenir le seul roi de sa terre,
Comme le fut Harald, lui qui à son époque
S'acquit par dessus tout la souveraineté.
Et nous sommes heureux qu'elle ait si bien aidé
L'ami du peuple qui est maintenant son chef.
Et le bon roi Magnus a toujours témoigné
Sa grande reconnaissance à la reine Astrid.
Des belles-mères comme cette bonne reine
Ne se rencontrent en vérité que rarement.
Et comme une louange à cette noble dame
Le poète avec joie élèvera son chant. "
Thjodolf le Scalde dit aussi dans sa chanson sur Magnus :
"Quand ton brave navire abandonna la terre
Son pont courbé supportait difficilement
L'emportement de la tourmente rugissante,
Qui lacéra ta voilure multicolore.
Et plus d'un fort vaisseau, frappé par la tempête
Se retrouva perdu dans la bourrasque hurlante
Qui les ramena saufs aux bords de Sigtuna
Loin du vacarme mugissant de l'océan."
2- L'expédition de Magnus depuis Svithjod.
Le roi Magnus entreprit son voyage depuis Sigtuna avec une grande force, rassemblée en Svithjod. Ils se rendirent à pied de Svithjod en Helsingjaland.
Ainsi en parla Arnor, Scalde du jarl :
"Nombre de boucliers suédois rouge sombre
Marchèrent à son côté sur les champs de Suède.
Les gens des campagnes s'assemblèrent en foule,
Pour aider le fils de Saint Olaf à gagner.
Et des hommes de choix étaient conduits par toi,
Des hommes qui ont rougi la langue du loup.
Tous les boucliers blancs et les lances polies
Se réunirent alors en un splendide ensemble. "
Le voyage de Magnus. H. Egedius.
Magnus Olafson arriva de l'est en passant par le Jamtaland et l'épine dorsale du pays, et redescendit vers le district de Throndhjem, où chacun accueillit le roi avec joie. Mais dès que les hommes du roi Svein, fils de Alfila, entendirent que le roi Magnus était arrivé, qu'ils s'enfuirent de tous côtés et se cachèrent, de sorte que le roi Magnus ne rencontra aucune opposition. Car le roi Svein se trouvait dans les régions méridionales du pays.
Ainsi en parla Arnor, scalde du jarl :
"Celui qui colore les serres des aigles
Se rua depuis l'est sur les champs de Throndhjem.
La terreur inspirée par son heaume emplumé
Chassa ses ennemis, lâches, hors du pays.
Tes ennemis, grand roi, ne purent supporter
De voir se rapprocher la foudre en ton regard.
Effrayés ils s'enfuirent, juste préoccupés
Que tu épargnes leur misérable existence."
3- Magnus fait roi
Magnus Olafson se rendit à la ville, Nidaros, où il fut reçu avec allégresse. Il assembla alors le peuple à l'Eyra-thing. Et lorsque les boendr se réunirent au Thing, Magnus fut accepté comme roi pour tout le pays, sur les mêmes terres que son père avait possédées. Alors le roi choisit sa cour, nomma des barons, et plaça des baillis et des officiers dans tous les domaines et dans tous les postes. Immédiatement après la moisson, le roi Magnus ordonna la mobilisation dans toute la région de Throndhjem, et rassembla rapidement les hommes. Puis il partit vers le sud en longeant la côte.
4- La fuite du roi Svein
Le roi Svein Alfifason résidait dans le sud de l'Hordaland lorsqu'il apprit la nouvelle de la guerre. Il envoya immédiatement des signaux de guerre dans toutes les directions, réunit les boendr autour de lui, et fit savoir à tous qu'ils devraient le rejoindre avec leurs hommes et leurs navires pour défendre le pays. Tous les hommes qui étaient dans le voisinage du roi se présentèrent, et le roi réunit un Thing, au cours duquel il exposa son affaire. Il dit qu'il voulait aller à la rencontre de Magnus et lui livrer bataille, si les boendr voulaient lui prêter main forte. Le discours du roi ne fut pas très long, et ne rencontra guère l'approbation des paysans. Après quoi les chefs danois qui se tenaient autour du roi parlèrent longuement et avec habileté. Mais les boendr prirent la parole et leur répondirent. Et bien que nombre d'entre eux dirent qu'ils suivraient Svein et se battraient à ses côtés, certains s'y refusèrent carrément, d'autres conservèrent le silence, et les derniers déclarèrent qu'ils rejoindraient le roi Magnus dès qu'ils en auraient l'occasion.
Alors le roi Svein dit : "Il me semble que bien peu des boendr auxquels j'ai envoyé un message sont apparus ici. Et de ceux qui sont venus et nous jettent à la face qu'ils rejoindront le roi Magnus aussi vite que possible, nous avons rien attendre de plus que de ceux qui resteront tranquillement à la maison. De même que de ceux qui ne disent rien. Mais de ceux qui ont promis de nous nous aider, il n'y a guère plus à espérer que tous les autres, et cette force ne nous servira de rien contre le roi Magnus. C'est mon opinion, à présent que nous ne devrions pas accorder notre confiance à ces boendr, et mon conseil que nous regagnions à présent la terre où les gens sont sûrs et francs avec nous, et où nous pourrons rassembler une armée pour reconquérir ce pays."
Dès que le roi eut fait connaître sa volonté, ses hommes l'accompagnèrent, tournèrent la proue de leurs vaisseaux, et hissèrent les voiles. Le roi Svein se dirigea vers l'est le long de la côte, et tira directement vers le Danemark sans attendre, et Hardaknut reçut son frère Svein fort aimablement. Lors de leur première rencontre, Hardaknut offrit au roi Svein de partager le royaume de Danemark avec lui, proposition de le roi Svein accepta.
La fuite du roi Svein. W. Wetlesen.
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