• Heimskringla : Saga de Magnus Erlingsson IV

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus erlingsson

    25- Les lettres du peuple de Trondhjem

    Le même hiver, quelques danois vinrent par la terre à travers les Uplands, disant qu'ils se rendaient, comme c'était une pratique courante, aux fêtes du roi Saint-Olaf. Mais lorsqu'ils arrivèrent dans le district de Trondhjem, ils allèrent voir maints hommes d'influence, et leur exposèrent leur affaire. Laquelle était que le roi de Danemark les avait envoyés parce qu'il désirait leur amitié, et leur soutien, s'il venait dans le pays, leur promettant à la fois puissance et argent. Accompagnant ce message verbal se trouvait aussi la lettre du roi danois, et son sceau, et un message pour les gens du Trondelag, demandant qu'ils lui renvoient lettres et sceaux. Ils firent ainsi, et la plupart reçurent bien le message du roi de Danemark, après quoi les messagers retournèrent vers Lent. Erling était à Bergen, et au début du printemps, ses amis lui rapportèrent les dires évasifs de capitaines marchands qui étaient arrivés de Trondhjem, que le peuple de Trondhjem manifestait ouvertement son hostilité envers lui, et avait déclaré que si Erling venait dans le Trondelag, il ne dépasserait pas Agdanes vivant. Erling dit que c'était folie et bavardage. Puis Erling fit bientôt savoir qu'il voulait se rendre à Unarheim pour le Gangdag-Thing, et il ordonna que fut gréé un cutter à vingt bancs de nage, un de quinze bancs et un bateau de ravitaillement. Lorsque les vaisseaux furent prêts se leva une subite tempête de vent de sud. Le vendredi de la semaine de l'Ascension, Erling fit appeler ses gens pour le départ au son du lur, mais les hommes répugnaient à quitter la ville, et étaient peu enclins à ramer contre le vent. Erling amena ses navires à Bisupshafn. "- Bien, dit Erling, puisque vous êtes si peu disposés à ramer contre le vent, dressez le mât, hissez les voiles, et laissons les navires aller vers le nord." Ils firent ainsi, et naviguèrent jour et nuit. Le mercredi, dans la soirée, ils passèrent Agdanes, où ils trouvèrent assemblée une flotte de navires marchands, de bateaux, de barques à rames, tous se rendant vers la ville pour la célébration des fêtes, certains devant eux, certains derrière, de sorte que les gens de la ville ne prêtèrent pas attention aux langskips qui arrivaient.

     

    26- Erling et le peuple de Trondhjem

    Erling arriva en ville juste au moment où les vêpres étaient chantées dans l'église du Christ. Lui et ses hommes coururent dans la cité, vers l'endroit où l'on disait qu'Alf Rode, un fils d'Ottar Birting, était assis à sa table et buvait avec ses hommes. Erling lui tomba dessus par surprise, et Alf fut tué, avec presque tous ses hommes. Peu d'autres hommes furent abattus, car ils s'étaient presque tous rendus à l'église, puisqu'on était la veille de l'Ascension du Christ. Tôt dans la matinée, Erling appela les gens à un Thing au son des trompettes, à Eyrar. A ce Thing, Erling se livra à une charge contre le peuple de Trondhjem, l'accusant d'essayer de trahir le pays, et de le prendre au roi. Il mit en accusation Bard Standale, Pal Andreason et Razabard, qui présidaient alors aux affaires de la ville, et bien d'autres. Pour leur défense, ils nièrent l'accusation. Mais le scribe d'Erling se leva, produisant plusieurs lettres et sceaux, et leur demanda s'ils reconnaissaient leurs sceaux, qu'ils avaient envoyés au roi de Danemark. Puis leurs lettres furent lues. Se trouvait également avec Erling un danois qui était parti avec des lettres en hiver, et qu'Erling avait pris à son service pour cette raison. Il dit à ces hommes les mots exacts que chacun d'entre eux avait utilisés. "- Et vous, Razabard, avez parlé en frappant votre poitrine, et dit très exactement : "- Tous ces conseils sont issus de cette poitrine". Bard répondit : "- Ma tête s'était égarée, messieurs, lorsque je parlai ainsi." Il n'y avait à présent plus rien à faire à part soumettre entièrement le cas à la sentence qu'Erling pourrait énoncer. Il prit de grandes sommes d'argent à titre d'amendes de la part de beaucoup, et condamna tous ceux qui avaient déjà été tués à être hors-la-loi, et leurs actes furent déclarés hors-la-loi. Ce faisant, leur mort ne pouvait être sujette à aucune demande de compensation. Puis Erling retourna dans le sud à Bergen.

     

    27- L'expédition du roi Valdemar en Norvège

    Au printemps (1165), le roi Valdemar de Danemark assembla une grande armée, et se dirigea avec elle vers le nord et Viken. Dès qu'il parvint dans les domaines du roi de Norvège, une multitude de boendr se rassembla. Le roi Valdemar avançait pacifiquement, mais, en arrivant sur le continent, les gens leurs tirèrent dessus, ne fussent-ils que deux ou trois ensemble, et la mauvaise volonté des paysans à leur égard était évidente. En arrivant à Tunsberg, le roi Valdemar appela à un Hauga-Thing, mais personne des campagnes n'y vint. Alors Valdemar parla ainsi à ses hommes : "- Il est évident que les gens de la campagne sont contre nous. Et nous sommes à présent face à une alternative : soit nous traversons le pays, épée en main, n'épargnant ni homme ni bête, soit nous rentrons sans réaliser notre projet. Et mon inclination me porte plus à partir avec l'armée vers l'est lutter contre les païens, dont nous avons assez dans les contrées orientales, qu'à tuer des chrétiens ici, même s'ils l'auraient bien mérité." Tous les autres avaient un grand désir de raid. Mais le roi commandait, et ils rentrèrent tous au Danemark sans accomplir leur entreprise. Cependant, certains se livrèrent au pillage dans les îles, à distance, ou lorsque le roi ne se trouvait pas dans le voisinage. Puis ils rentrèrent au Danemark sans rien faire.

     

    28- L'expédition d'Erling au Jutland

     Dès qu'Erling apprit qu'une force danoise était arrivée au Viken, il ordonna une levée à travers tout le pays, de sorte qu'il réunit un grand ensemble d'hommes en armes. Et avec cette force, il se dirigea vers l'est en longeant la côte.Mais lorsqu'il arriva à Lidandisnes, il eut connaissance que l'armée danoise était retournée vers le sud au Danemark, après avoir pillé au passage le Viken. Alors Erling donna congé aux hommes mobilisés, mais lui-même, avec quelques barons, et de nombreux vaisseaux, navigua vers le Jutland à la poursuite des danois. Lorsqu'ils arrivèrent à un endroit nommé Dyrsa, les danois qui étaient rentrés d'expédition se trouvaient là avec nombre de navires. Erling leur livra bataille, et ce fut un combat au cours duquel les danois prirent bientôt la fuite en perdant beaucoup de leurs hommes. Et Erling et ses gens pillèrent les vaisseaux et la ville, et en retirèrent un grand butin, avec lequel ils rentrèrent en Norvège. Après quoi, pendant un temps, régna une certaine hostilité entre Norvège et Danemark.

     

    29- L'expédition d'Erling au Danemark

    La princesse Kristin se rendit à l'automne (1165) au Danemark, pour rendre visite à son parent le roi Valdemar, qui était son cousin. Le roi la reçut aimablement, et lui donna des fiefs en son royaume, de façon à ce qu'elle puisse assurer correctement son train de vie. Elle discutait souvent avec le roi, qui était remarquablement gentil à son égard. Au printemps suivant, Kristin envoya un message à Erling, et le pria de venir rendre visite au roi danois, et de faire la paix avec lui. En été, Erling se trouvait en Viken, où il gréa un langskip, l'équipa de ses meilleurs hommes, et navigua, avec ce seul vaisseau, vers le Jutland. Lorsqu'il entendit dire que le roi danois Valdemar se trouvait à Randaros, Erling s'y rendit à la voile, et arriva en ville juste au moment où le roi siégeait à la table du dîner et où la majorité des gens prenaient leur repas. Lorsque ses hommes se fussent préparés conformément aux ordres d'Erling, eurent dressé les tentes et amarré le navire, Erling débarqua avec douze hommes, tous en armure, portant chapeau par-dessus leur heaume, et épée sous leur manteau. Ils se dirigèrent vers le logement du roi, dont les portes restaient ouvertes, et où on amenait les plats. Erling et ses hommes entrèrent immédiatement, et allèrent tout droit devant le haut-siège. Erling dit : "- Nous désirons nous comporter pacifiquement et avec sécurité, sire, ici et en rentrant chez nous." Le roi le regarda et dit : "- Es-tu ici, Erling ?" Il répondit : "- Erling est ici, et dis-nous, une bonne fois, si nous pourrons avoir paix et sécurité." Il y avait quatre-vingt des hommes du roi dans la salle, mais tous désarmés. Le roi répondit : "- Tu trouveras la paix, Erling, selon ta volonté. Car je n'userai ni de force ni de vilénie à l'égard d'un homme qui me rend visite." Erling embrassa alors la main du roi, sortit, et retourna à son navire. Erling resta à Randaros quelque temps avec le roi, et ils discutèrent des termes de la paix entre eux et entre les pays. Ils convinrent qu'Erling devrait rester comme otage chez le roi de Danemark, et qu'Asbjorn Snara, frère de l'évêque Absalon, devrait se rendre en Norvège comme otage en contrepartie.

     

    30- Le roi Valdemar et Erling

    Lors d'une rencontre que le roi Valdemar et Erling eurent un jour, Erling dit : "- Sire, il me semble vraisemblable que si vous obteniez la partie de la Norvège qui vous a été promise lors de nos accords, cela conduirait à la paix entre nos deux pays, mais si cela advenait, qui y placeriez-vous comme chef ? Un danois ?"
    "- Non", répondit le roi, "aucun chef danois n'irait en Norvège, où il aurait à diriger un peuple dur et obstiné, alors qu'il est si facile de le faire ici avec moi."
    Erling : "- Ce fut sur cette considération-même que je suis venu ici. Car je ne voudrais pour rien au monde me priver de l'avantage de votre amitié. Au temps jadis, d'autres hommes, Hakon Ivarson et Finn Arnason, vinrent aussi de Norvège en Danemark, et votre prédécesseur, le roi Sveinn, les fit tous deux jarls. Aujourd'hui, je ne suis pas en Norvège d'un pouvoir moindre que le leur alors, et mon influence n'est pas plus faible que la leur. Et le roi leur donna la province de Halland à gouverner, qu'il possédait lui-même auparavant. Il m'apparaît donc, sire, que vous, si je devenais votre homme et vassal, pourriez m'accordez la direction d'un fief que mon fils Magnus ne me refuserait pas, et pour lequel je serai lié par le devoir, et prêt à entreprendre tous les services relevant de ce titre." Erling parla de telles choses, et plus encore, dans la même veine, jusqu'à ce qu'il advienne qu'Erling devint l'homme et le vassal de Valdemar. Et un jour, le roi conduisit Erling au siège du jarl, et lui en donna le titre, et Viken pour fief à gouverner. Le jarl Erling retourna par la suite en Norvège, et resta jarl aussi longtemps qu'il vécut. Après quoi la paix avec le roi danois fut à jamais assurée. Le jarl Erling eut quatre fils de ses concubines. L'un se nommait Hreidar, l'autre Ogmund, nés de mères différentes. Le troisième fut appelé Finn, et le quatrième Sigurd. Ils étaient plus jeunes, et leur mère était Asa la Blonde. La princesse Kristin et le jarl Erling eurent une fille, nommée Ragnhild, qui fut mariée à Jon Thorbergson de Randaberg. Kristin quitta le pays avec un homme appelé Grim Rusle, et ils voyagèrent jusqu'à Constantinople, où ils restèrent quelque temps et eurent des enfants. 

     

    31- Les débuts d'Olaf

    Olaf, un fils de Gudbrand Skafhaug, et Maria, une fille du roi Eystein Magnuson, furent élevés dans la maison de Sigurd Agnhot dans les Uplands. Tandis que le jarl Erling était au Danemark, Olaf et son père adoptif rassemblèrent une troupe, et de nombreux habitants des Uplands les rejoignirent. Et ils choisirent Olaf comme roi. Ils parcoururent les Uplands avec leur bande, et descendirent quelquefois en Viken, et parfois dans l'est vers les établissements forestiers. Mais ne se déplacèrent jamais à bord de bateaux. Lorsque le jarl Erling eut vent de l'existence de cette troupe, il se hâta vers Viken avec ses forces, et s'y trouva en été avec ses navires, et à Oslo en automne (1167) où il passa Yule. Il envoya des espions dans les campagnes auprès de cette troupe, et se rendit lui-même, accompagné de Orm, Frère des Rois, dans le pays pour la suivre. Et lorsqu'ils parvinrent à un lac nommé...., ils s'emparèrent de tous les bateaux présents sur le lac. 

     

    32- D'Erling

    Le prêtre qui assurait le service divin au lieu appelé Rydiokul, près du lac, invita le jarl à une fête pour la Chandeleur. Le jarl promit de venir, et, pensant qu'il serait bon d'entendre une messe ici, rama avec ses compagnons sur le lac la nuit précédant la Chandeleur. Mais le prêtre avait un autre plan dans sa manche. Il envoya des hommes prévenir Olaf de l'arrivée du jarl Erling. Le prêtre donna des boissons fortes à Erling dans la soirée, et lui en fit boire de grandes quantités. Lorsque le jarl voulut se coucher et dormir, les lits étaient prêts dans la halle à boire. Mais après avoir dormi un bref moment, le jarl s'éveilla, et demanda s'il n'était pas l'heure de matines. Le prêtre répondit que seule une petite partie de la nuit s'était passée, et lui dit de dormir en paix. Le jarl répondit : "- J'ai rêvé de différentes choses, cette nuit, et fort mal dormi." Il sommeilla à nouveau, et se réveilla bientôt, et dit au prêtre de se lever et de chanter une messe. Le prêtre demanda au jarl de dormir, et lui dit qu'il n'était que minuit. Alors le jarl se recoucha, dormit un petit moment, sauta hors du lit et ordonna à ses hommes de s'habiller. Ils obéirent, prirent leurs armes, gagnèrent l'église et laissèrent leurs armes à l'extérieur pendant que le prêtre chantait matines. 

     

    33- Bataille à Rydiokul

    Comme Olaf reçut le message dans la soirée, ils parcoururent six miles pendant la nuit, ce que les gens considérèrent comme une marche extraordinairement longue. Ils arrivèrent à Rydiokul alors que le prêtre chantait la messe, et il faisait nuit noire. Olaf et ses hommes entrèrent dans la salle, poussèrent un cri de guerre, et tuèrent quelques-uns des hommes d'Erling qui ne s'étaient pas rendu à la première messe. En entendant le cri de guerre, Erling et ses hommes se ruèrent sur leurs armes, et coururent à leurs navires. Olaf et sa troupe les rencontrèrent près d'une palissade, autour de laquelle eut lieu un rude enchas. Erling et ses hommes se replièrent le long de la barrière, qui les protégeait. Erling disposait de bien moins d'hommes, et nombre d'entre eux étaient tombés, et plus encore étaient blessés. Ce qui aida le plus le jarl Erling et ses compagnons fut que les hommes d'Olaf ne pouvaient les voir nettement, car il faisait trop noir. Et les hommes du jarl continuaient à se diriger vers leurs navires. Are Thorgeirson, père de l'évêque Gudmund, tomba là, et bien d'autres des courtisans d'Erling. Erling lui-même fut blessé au côté gauche, mais certains disent qu'il se blessa lui-même en tirant son épée. Orm Frère de Rois fut également sévérement touché. Avec grande difficulté, ils parvinrent à s'enfuir jusqu'à leurs vaisseaux, qu'ils poussèrent immédiatement à l'eau. Ceci fut généralement considéré comme le plus malchanceux des combats pour les hommes d'Olaf, car le jarl Erling aurait été à leur merci s'ils s'étaient comportés avec la plus élémentaire prudence. Il fut par la suite surnommé Olaf le Malchanceux, mais d'autres appelèrent ses gens les gars aux chapeaux. Ils parcoururent avec leurs bandes les Uplands comme auparavant. Erling rentra à Viken, récupéra ses navires, et y resta tout l'été. Olaf se trouvait dans les Uplands et parfois dans les districts forestiers, où lui et ses troupes séjournèrent tout l'hiver suivant (1168).

     

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