• Heimskringla : Saga de Magnus Berrfoetr V

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus berrfoetr

    19- La querelle du roi Magnus et de Skopte.

    Skopte Ogmundson entra en contradiction avec le roi Magnus, et ils se querellèrent au sujet de l'héritage d'une personne décédée, héritage dont Skopte avait la charge. Mais le roi le réclama avec tant de sérieux que sa requête prit une apparence inquiétante. De nombreuses réunions furent organisées pour cette affaire, et Skopte décida que ses fils et lui ne seraient jamais en même temps au pouvoir du roi. Il n'y avait en outre aucune nécessité de s'y placer.

    Lorsque Skopte se retrouva avec le roi, il lui exposa quelles étaient les relations entre lui et le roi, et que lui-même, Skopte, avait toujours été l'ami du roi, de même que son père, et que leur amitié n'avait jamais été ébranlée. Il ajouta : 
    "- Les gens savent que j'ai assez de bon sens, Sire, pour ne pas entrer en conflit avec vous, si j'avais tort dans ce que je demande. Mais j'ai hérité de mes ancêtres le droit de défendre mes droits à l'héritage contre qui que ce soit, sans distinction de personne." Mais le roi resta sur ses positions, et sa résolution ne fut en rien adoucie par ce discours. Alors Skopte rentra chez lui.

     

    20- L'intervention de Fin Skoptason

    Alors Fin Skoptason alla voir le roi, parla avec lui, et le supplia de rendre justice au père et au fils dans cette affaire. Le roi répondit avec colère, sèchement. Alors Fin dit : "- J'espérais de vous, Sire, quelque chose d'autre que l'usage des vexations de la loi à mon encontre, lorsque j'ai pris ma place à l'Ile Kvaldinsey, ce que peu de vos autres amis auraient fait. Comme ils disaient, et c'était vrai, tous ceux qui étaient laissés là-bas étaient abandonnés et auraient été destinés à la mort, si le roi Inge n'avait fait preuve de plus grande générosité à notre égard que vous. Bien que beaucoup considèrent que nous avons souffert honte et disgrâce seulement à cause de cela." Le roi ne fut pas ému par ce discours, et Fin retourna chez lui.

     

    21- L'intervention d'Ogmund Skoptason

    Alors vint Ogmund Skoptason auprès du roi. Et lorsqu'il arriva devant lui, il lui exposa sa requête, et pria le roi de faire en sorte que tout soit juste et bon pour son père et lui-même. Le roi insista sur le fait que le droit était de son côté, et lui répondit qu'il était "particulièrement impudent."

    Alors Ogmund dit : "- Il est très facile pour vous, qui détenez le pouvoir, de faire preuve d'injustice à l'égard de mon père et moi. Et je dois ajouter que le vieux proverbe est exact, qui dit que celui dont vous sauvez la vie ne vous rend rien, sinon du mal. Enfin, je dis que jamais plus je ne me trouverai à votre service, non plus que mon père, si je peux ainsi l'aider." Alors Ogmund s'en retourna chez lui, et ils ne se revirent jamais.

     

    22- Le voyage à l'étranger de Skopte Ogmundson.

    Au printemps suivant, Skopte Ogmundson se prépara à voyager hors du pays. Il disposait de cinq langskips, tous bien équipés, Ses fils, Ogmund, Fin et Thord, l'accompagnèrent dans son périple. Il était tard en saison lorsqu'ils furent prêts, et c'est en automne qu'ils partirent en Flandres, où ils hivernèrent. Tôt au printemps, ils prirent la route de l'ouest vers le Valland, et y restèrent tout l'été. Puis se rendirent en automne à Rome, où Skopte mourut. Tous, père et fils, décédèrent au cours de ce voyage. Thord, qui mourut en Sicile, vécut le plus longtemps. On raconte habituellement que Skopte fut le premier Norvégien à traverser le détroit de Gilbraltar. Et son voyage fut très réputé.

     

    23- Le miracle du roi Saint-Olaf lors d'un incendie.

    Il arriva un jour, dans la ville marchande de Nidaros où repose le roi Olaf, qu'éclata un incendie dans la cité qui s'étendit aux alentours. Alors le reliquaire d'Olaf fut sorti de l'église et placé face au feu. A ce moment survint un homme complètement fou, qui frappa le reliquaire, menaça le saint et déclara que tout serait consumé par les flammes, aussi bien les églises et les autres maisons, s'il ne les sauvait pas par ses prières. Alors l'incendie de l'église cessa, avec l'aide de Dieu Tout-Puissant. Mais le fou eut les yeux malades la nuit suivante, et il resta ainsi jusqu'à ce que le roi Olaf supplie Dieu Tout-Puissant de se montrer miséricordieux pour lui. Après quoi, il fut guéri en la même église.

     

    24- Le miracle du roi Saint-Olaf pour une femme souffrante

    Il arriva un jour dans la ville marchande qu'une femme fut amenée à l'endroit où repose le roi Saint-Olaf. Elle était si misérablement conformée qu'elle était toute repliée sur elle-même, que ses pieds formaient un cercle autour de ses reins. Mais elle était si diligente dans ses prières, suppliant souvent et formant des vœux pour le roi Olaf, qu'il guérit ses terribles infirmités. Ainsi, ses pieds, ses jambes et ses autres membres se redressèrent, et chaque membre et partie de son corps recouvra l'usage pour lequel il avait été créé. Auparavant, elle pouvait à peine se traîner jusque là, mais elle repartit avec énergie et vivacité vers sa famille et sa maison.

     

    25- La guerre en Irlande.

    Lorsque le roi Magnus eut été durant neuf années roi de Norvège (1094-1102), il se prépara à quitter le pays pour l'étranger avec de grandes forces. Il vogua vers l'ouest accompagné des meilleurs hommes qui se puissent trouver en Norvège. Tous les hommes puissants du royaume le suivirent, comme Sigurd Hranason, Vidkun Jonson, Dag Eilifson, Serk de Sogn, Eyvind Olboge, le marshal royal Ulf Hranason, frère de Sigurd, et bien d'autres grands hommes. Avec tout cet équipage, le roi navigua vers les Orkneys, où il prit avec lui les fils du jarl Erlend, Magnus et Erling, puis fit voile vers les Hébrides du Sud. Mais, comme il faisait relâche auprès des côtes écossaises, Magnus Erlendson s'échappa durant la nuit du navire royal, nagea jusqu'à la côte, s'enfuit à travers bois et arriva enfin à la cour du roi d'Ecosse.

    Le roi Magnus rallia l'Irlande avec sa flotte, et la pilla. Le roi Myrkjartan le rejoignit, et ils conquirent une grande partie du pays, à la fois Dublin et le Dyflinnarskire (Comté de Dublin).

    Le roi Magnus passa l'hiver (1102) à Connaught avec le roi Myrkjartan, puis disposa des hommes pour défendre les territoires dont il s'était emparé.

    Vers le printemps, les deux rois partirent avec leurs armées vers l'ouest et l'Ulster, où ils livrèrent de nombreuses batailles et qu'ils soumirent en grande partie avant que Myrkjartan ne rentre chez lui à Connaught.

     

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    26- Les incursions à terre du roi Magnus

    Le roi Magnus gréa ses navires, ayant l'intention de retourner en Norvège, mais laissa ses hommes pour défendre la cité de Dublin. Il relâcha en Ulster, prêt à prendre la mer avec toute sa flotte. Ainsi qu'ils le pensaient, ils avaient besoin de bétail pour l'approvisionnement. Le roi Magnus envoya un message au roi Myrkjartan, lui demandant de lui envoyer quelques têtes de bétail à abattre, et lui fixant rendez-vous le jour précédant la St Barthélémy, jour où ils arriveraient si les messagers lui parvenaient sans encombres. Mais le bétail n'avait pas fait son apparition au soir de la veille de la messe de St Barthélémy. Le jour de la messe lui-même, lorsque le soleil commença à se lever, le roi Magnus vint en personne sur la grève avec la majeure partie de ses hommes, pour s'enquérir de son peuple et emmener du bétail. Le temps était calme, le soleil brillait, et la route cheminait par les marais et les tourbières, que traversaient des sentiers. Mais il y avait des broussailles de part et d'autre de la piste. Lorsqu'ils furent arrivés assez loin, ils parvinrent à une éminence d'où ils eurent une vue largement dégagée. De là, ils virent un grand nuage de poussière s'élevant sur la campagne, comme celui que ferait une troupe de cavaliers, et ils se dirent les uns aux autres : "- Ce doit être l'armée irlandaise", mais d'autres disaient  : "- Ce sont nos propres hommes qui reviennent avec du bétail". Ils firent une pause à cet endroit, et Eyvind Olboge dit : 
    "- Comment, Sire, pensez-vous diriger notre avancée ? Les hommes trouvent que nous nous aventurons imprudemment. Vous savez que les irlandais sont perfides. Donnez donc un bon conseil à vos hommes."

    Alors le roi répondit : "- Allons donc diriger nos hommes, et tenons-nous prêts, au cas où ce serait une trahison." Ce qui fut fait, et le roi et Eyvind se placèrent à l'avant-garde. Le roi Magnus portait un heaume sur la tête, un bouclier rouge, sur lequel était incrusté un lion doré, et était ceint de l'épée de Legbit, aux quillons d'ivoire et dont la poignée était entrelacée de fils d'or. Et cette épée était extrêmement acérée. Il tenait à la main une lance courte, et une courte tunique de soie rouge, par dessus sa cotte, était brodée devant et derrière d'un lion de soie jaune. Et tous les guerriers reconnurent qu'ils n'avaient jamais vu d'homme plus vif et plus noble. Eyvind portait également un surcot de soie rouge, semblable à celui du roi. Et il était aussi un robuste et imposant combattant.

     

    27- La chute du roi Magnus

    Lorsque le nuage de poussière s'approcha plus, ils reconnurent leur propres hommes, conduisant un troupeau. Le roi d'Irlande s'était montré fidèle aux promesses faites au roi, et les avait tenues. Puis ils retournèrent tous aux vaisseaux, et il était alors la mi-journée. Lorsqu'ils parvinrent aux marais, ils allèrent lentement en ces lieux marécageux. Alors les irlandais surgirent contre eux de tous les buissons, et la bataille commença instantanément. Les Norvégiens voyageaient par petits groupes, de sorte que beaucoup d'entre eux tombèrent. Alors Eyvind dit au roi : "- Ce marais est funeste à nos hommes, et nous devons tout de suite trouver quelque bon plan".

    Le roi répondit : "- Appelez tous les hommes sous la bannière avec les trompes de guerre, et que ceux qui sont ici forment un rempart de leurs boucliers, et nous ferons ainsi retraite à travers les paluds. Et nous nous éclipserons assez vite quand nous serons sur la terre ferme. "

    Les Irlandais tirèrent hardiment, et même s'ils tombèrent en foule, ils y en avait toujours deux pour en remplacer un. Lorsque le roi parvint au fossé le plus proche, le passage fut très difficile car il n'y n'y avait que peu d'emplacements propices à la traversée. De sorte que de nombreux Norvégiens tombèrent là. Alors le roi appela son lenderman nommé Thorgrim Skinhufa, un homme des Uplands, et lui ordonna de défendre le fossé avec sa division. "- Nous vous protégerons pendant ce temps", dit-il, "de façon à ce que rien de fâcheux ne vous arrive. Allez ensuite jusqu'à ces chênes verts, et tirez sur eux de là-bas, car vous êtes bons archers."

    Lorsque Thorgrim et ses hommes passèrent le fossé, ils placèrent leurs boucliers dans leur dos, et coururent vers les vaisseaux.

    Lorsque le roi vit ce qui se passait, il dit "- Tu as trahi ton roi d'une manière indigne d'un homme. J'ai été fou de faire de toi mon lenderman, et de bannir Sigurd Hund du pays. Car jamais il ne se serait comporté ainsi."

    Le roi Magnus reçut une blessure, percé par une lance à travers les deux cuisses au-dessus des genoux. Le roi retira la javeline d'entre ses jambes, la brisa en deux, et dit : "- C'est ainsi que nous cassons les hampes de lances, les gars. Allons hardiment de l'avant. Rien ne me blesse." Peu après, le roi Magnus fut frappé dans le cou par une hache irlandaise, et ce fut une plaie mortelle. Alors ceux qui étaient derrière lui s'enfuirent. Vidkun Jonson tua immédiatement l'homme qui avait délivré au roi cette plaie mortelle, puis prit la fuite, après avoir été atteint trois fois, mais ramena la bannière royale et l'épée Legbit aux vaisseaux. Vidkun fut le dernier homme à s'esquiver. Celui qui le précéda de peu fut Sigurd Hranason, et le troisième avant lui, Dag Eilifson. Là tombèrent avec le roi Magnus Eyvind Olboge, Ulf Hranason, et bien d'autres grands hommes. La majeure partie des norvégiens tomba, mais bien plus encore d'irlandais. Les hommes du nord qui en réchappèrent firent voile tout de suite, ce même automne. Erling, fils du jarl Erlend, tomba avec le roi Magnus en Irlande. Mais les hommes qui s'étaient échappés d'Irlande allèrent aux îles Orkneys.

    Lorsque le roi Sigurd eu connaissance de la chute de son père, il partit immédiatement, quittant le fille du roi d'Irlande, et navigua en automne avec toute la flotte en direction de la Norvège.

     

    28- Du roi Magnus et de Vidkun Jonson

    Le roi Magnus régna dix ans sur la Norvège (1094-1105), et une bonne paix perdura dans le pays durant ce temps. Mais le peuple était cruellement opprimé par les taxes. Le roi Magnus était aimé de ses hommes, mais les paysans le trouvaient dur. Nous sont parvenus ces mots de lui, prononcés alors que ses amis faisaient observer qu'il se conduisait imprudemment lorsqu'il partait en expédition au loin : "- Les rois sont faits pour l'honneur, pas pour une longue vie."

    Le roi Magnus avait presque trente ans lorsqu'il tomba. Vidkun ne voulut pas s'enfuir tant qu'il n'eut pas tué l'homme qui avait mortellement blessé le roi, et pour cette raison, les fils du roi Magnus eurent pour lui une considération des plus affectueuses.

     

    FIN DE LA SAGA DU ROI MAGNUS BERRFOETR

     

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