• Heimskringla : Saga d'Olaf Tryggvason XIV

    Heimskringla, snorri sturluson, olav tryggvason

    89- Le baptême des Islandais.

    Lorsque vint la St Michel, le roi fit donner une grande messe chantée avec une grandiose splendeur. Les Islandais y vinrent, entendant les beaux chants et le son des cloches. Et lorsqu'ils retournèrent à leurs vaisseaux, chaque homme donna son avis sur la manière d'adorer Dieu chez les chrétiens. Kjartan fit part de son plaisir, mais la majorité des autres tournèrent cela en dérision. Et il en alla donc selon le proverbe : "Le roi a de nombreuses oreilles", car ceci fut rapporté au roi. Il envoya le jour même, immédiatement, un message à Kjartan lui demandant de venir le voir. Kjartan vint avec quelques hommes, et le roi le reçut fort aimablement. Kjartan était un très bel homme, et très robuste, et agréable de conversation. Après que le roi et Kjartan eurent un peu discuté, le roi lui demanda de se convertir au christianisme. Kjartan répondit qu'il ne pouvait pas répondre non à cela, s'il obtenait avec l'amitié du roi. Et le roi lui promit sa complète amitié. Ils se mirent donc d'accord rapidement. Le lendemain, Kjartan fut baptisé, avec son parent Bolle Thorlakson, et tous ses compagnons de voyage. Kjartan et Bolle furent les invités du roi aussi longtemps qu'ils portèrent leurs vêtements de baptême, et le roi se montra très gentil avec eux. Où qu'ils se rendent, ils étaient considérés comme des personnes de distinction.

     

    90- Halfred Vandredaskald baptisé.

    Comme le roi Olaf marchait un jour dans la rue, quelques hommes le croisèrent, et celui qui allait devant salua le roi. Le roi lui demanda son nom, et il répondit qu'il se nommait Halfred.

    "- Es-tu le scalde ?" demanda le roi.

    "- Je peux composer de la poésie", répondit-il.

    "- Veux-tu adopter le christianisme et entrer à mon service ?" demanda le roi.

    "- Si je me fais baptiser, dit-il, ce sera à une condition : que tu sois toi-même mon parrain, car je n'en veux aucun autre."

    Le roi rétorqua : "- Alors je le serai." Et Halfred fut baptisé, le roi le tenant durant le baptême.

    Après quoi le roi demanda : "- Veux-tu entrer à mon service ?"

    Halfred répondit : "- J'étais auparavant au service de la cour du jarl Hakon. Mais à présent, je n'entrerai ni à ton service ni à celui d'aucun autre, à moins que tu ne me promettes qu'il ne m'arrivera jamais que tu me chasses loin de toi."

    "- On m'a raconté, dit le roi, que tu n'es ni assez prudent ni assez discipliné pour obéir à mes demandes."

    "- Dans ce cas, dit Halfred, mets-moi à mort."

    "- Tu es un scalde qui compose des problèmes, dit le roi, mais à mon service, Halfred, je vais t'accepter."

    Halfred dit : "- Si je dois être nommé Composeur de Problèmes, quel don me feras-tu, roi, au jour où j'acquiers un nom ?"

    Le roi lui donna une épée sans fourreau, et dit : "- Maintenant, compose-moi une chanson au sujet de cette épée, en utilisant le mot épée dans chaque ligne de la strophe."

    Halfred chanta alors :

    "Cette épée des épées sera ma récompense.

    Pour celui qui connaît comment manier l'épée,

    Et avec cette épée veut servir son seigneur,

    Et qui veut une épée, le destin est bien dur.

    J'aurais apprécié que mon bon roi m'offrît

    De choisir un fourreau pour cette bonne épée :

    Je vaux bien trois épées que les hommes utilisent,

    Mais maintenant je pleure pour un fourreau d'épée."

    Alors le roi lui donna le fourreau, faisant observer que le mot épée manquait dans une des lignes de la strophe. " "- Mais il y a à la place une ligne avec trois épées-, dit Halfred.

    " - C'est vrai ", répondit le roi

    Nous avons pris des lais d'Halfred la majeure partie des récits véridiques et fidèles qui sont ici relatés au sujet d'Olaf Tryggvason.

     

    91- Thangbrand revient d'Islande.

    Lors de la même moisson (999), Thangbrand le prêtre revint d'Islande auprès du roi Olaf, et lui raconta le manque de succès de son voyage : à savoir que les Islandais avaient écrit des pamphlets à son sujet. Et que certains avaient cherché à le tuer, et qu'il y avait peu d'espoir que cette région fût ainsi christianisée. Le roi Olaf fut tellement furieux à ces nouvelles qu'il ordonna que les Islandais soient réunis au son de la corne, et était sur le point de tuer tous ceux qui se trouvaient en ville, mais Kjartan, Gissur et Hjalte, avec les autres Islandais qui étaient devenus chrétiens, vinrent à lui et dirent : "- Roi, tu ne dois pas manquer à ta parole, qui dit que même si un homme te fâche à l'extrême, tu lui pardonneras s'il se détourne du paganisme et devient chrétien. Tous les Islandais ici présents sont volontaires pour être baptisés. Et à travers eux, nous trouverons le moyen de répandre le christianisme en Islande : car nombre d'entre eux sont des fils de personnalités importantes en Islande, et dont les amis pourraient faire avancer la cause. Mais le prêtre Thangbrand a agi là-bas de la même façon qu'ici à la cour, par la violence et le meurtre d'hommes, ce qui a conduit les gens à ne pas vouloir se soumettre à lui."

    Le roi prêta l'oreille à ces remontrances, et tous les hommes d'Islande qui étaient présents furent baptisés.

     

    92- Des exploits du roi Olaf.

    Le roi Olaf était plus habile en tous les exercices qu'aucun autre homme en Norvège dont la mémoire a été conservée jusqu'à nous dans les sagas. Et qu'il était plus fort et plus agile que la plupart des hommes, et nombre d'histoires ont été écrites à ce sujet. L'une d'elle narre qu'il a fait l'ascension du Smalsarhorn, et a fixé son bouclier au sommet du pic. Une autre dit que l'un de ses suivants a escaladé le pic après lui, jusqu'à ce qu'il arrive à un point où il ne pouvait plus ni monter, ni descendre. Mais le roi vint à son aide, grimpa jusqu'à lui, le prit sous son bras et le ramena ainsi jusqu'en terrain plat. Le roi Olaf pouvait courir sur les rames à l'extérieur de son navire pendant que ses hommes ramaient sur le Serpent. Il pouvait jouer avec trois dagues, de telle sorte que l'une était en l'air et qu'il prenne celle qui retombait par le manche. Il pouvait marcher tout autour de son navire sur le bastingage, pouvait frapper et taillader également des deux mains, et pouvait jeter deux lances en même temps. Le roi Olaf était un homme très joyeux et espiègle, gai et social, très violent à tous égards, très généreux, très tâtillon sur sa mise, mais surpassait chacun par sa bravoure lors des batailles. Il se distinguait par sa cruauté lorsqu'il était en colère, et tortura nombre de ses ennemis. Il en fit brûler certains, en fit mettre en pièces d'autres par des chiens fous, en mutila, ou les jeta depuis de hauts précipices. De ce fait, ses amis lui étaient très chaudement attachés, et ses ennemis le craignaient grandement. Et ainsi, il eut la chance de faire bien avancer ses projets, car certains obéissaient à sa volonté par zèle amical, et d'autres par terreur.

     

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    Olaf, Roi de Norvège.

     

    93- Le baptême de Leif Erikson.

    Leif, un fils d'Eirik le Rouge, qui le premier s'établit au Groenland, vint durant cet été (999) du Groenland en Norvège. Et comme il rencontra le roi Olaf, il se convertit au christianisme, et passa l'hiver (1000) avec le roi.

     

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    Leif Erikson

     

    94- La chute du roi Gudrod.

    Gudrod, un des fils du roi Eirik Hache Sanglante et de Gunhild, avait ravagé les régions occidentales depuis qu'il s'était enfui de Norvège devant le jarl Hakon. Mais l'été mentionné ci-avant (999), alors que le roi Olaf Tryggvason avait régné quatre ans sur la Norvège, Gudrod vint dans le pays, avec de nombreux vaisseaux de guerre. Il avait navigué depuis l'Angleterre. Et lorsqu'il se pensa à proximité de la côte norvégienne, il prit vers le sud le long de la terre, vers l'endroit où il était le moins probable que se trouvât le roi Olaf. Il fit ainsi voile vers le Sud et Viken. Et dès qu'il débarqua, il commença à piller et à se soumettre le peuple, et à demander qu'il l'accepte pour roi.

    Alors, quand les paysans virent qu'une grande armée arrivait vers eux, ils voulurent la paix et gagner du temps. Ils proposèrent au roi Gudrod d'envoyer un message de Thing dans tout le pays, afin de l'accepter comme roi au cours de ce Thing, plutôt que de souffrir de son armée. Mais il voulaient le retarder jusqu'à un jour déterminé, pendant que le message-signal pour le rassemblement du Thing circulait dans le pays. Le roi demanda qu'on l'entretienne pendant ce temps. Les bondis choisirent d'accueillir le roi comme un invité, à tour de rôle, aussi longtemps qu'il serait nécessaire. Et le roi accepta la proposition d'aller avec quelques-uns de ses hommes de place en place comme un hôte dans le pays, pendant que le reste de ses hommes garderait les bateaux. Lorsque les parents du roi Olaf, Hyrning et Thorgeir, le surent, ils rassemblèrent des hommes, équipèrent des navires et vinrent vers le nord à Viken. Ils arrivèrent de nuit avec leurs forces à l'endroit où le roi Gudrod résidait en tant qu'invité, et l'attaquèrent par le feu et les armes. Et là, le roi Gudrod tomba, et la plupart de ses suivants. De ceux qui étaient restés avec les bateaux, certains furent tués, d'autres purent s'échapper et s'enfuirent à grande distance. Ainsi, tous les fils d'Eirik et Gunhild étaient morts.

     

    95- La construction du navire "Long Serpent".

    L'hiver suivant, le roi Olaf vint d'Halogaland (1000), il avait un grand vaisseau construit à Hladhamrar, qui était plus grand que tous les autres bateaux du pays, et dont les socles de mât sont encore visibles. La longueur de la quille qui reposait sur l'herbe était de soixante-quatorze aunes.

    Thorberg Skafhog était le nom de l'homme qui était le maître d'œuvre du navire. Mais bien d'autres avaient travaillé dessus : certains pour couper le bois, d'autres pour le mettre en forme, d'autres pour fabriquer les clous, certains pour porter les poutres, et tout ce qui fut utilisé était de la meilleure qualité. Le navire était à la fois long et large, et à bords hauts, et solidement charpenté.

    Pendant qu'ils bordaient le navire de planches, il arriva que Thorberg eut à retourner dans sa ferme pour y régler quelque affaire urgente. Et comme il y resta longtemps, le navire était bordé complètement des deux côtés lorsqu'il revint. Dans la soirée, le roi sortit, et Thorberg avec lui, pour regarder à quoi ressemblait le bateau, et chacun disait qu'on n'avait jamais rien vu un navire de guerre aussi beau et aussi grand. Alors le roi retourna en ville. Tôt le lendemain matin, il retourna au vaisseau, et Thorberg avec lui. Les charpentiers y étaient avant eux, mais ils se tenaient devant eux avec leurs armes en travers. Le roi demanda : "- Que se passe-t-il ? "

    Ils dirent que le navire avait été détruit parce que quelqu'un était allé de la poupe à la proue en entaillant profondément planche après planche le revêtement du bordage, d'un côté du bateau. Lorsque le roi s'approcha plus près, il vit qu'il en était ainsi, et dit, comme un serment : "- L'homme qui a ainsi détruit ce navire sans raison doit mourir, s'il peut être découvert, et j'offre une grande récompense à celui qui le trouvera."

    "- Je peux vous dire, roi, dit Thorberg, qui a fait ce travail."

    "- Je ne pense pas, répondit le roi, qu'un autre que toi soit mieux à même que toi de le trouver."

    Thorberg dit : "- Je vais vous dire, roi, qui a fait ça. Je l'ai fait moi-même."

    Le roi répondit : "- Tu dois remettre tout cela dans l'état où c'était avant, ou tu le paieras de ta vie."

    Alors Thorberg alla, et rabota les planches jusqu'à ce que les profondes entailles soient toutes lissées et rendues identiques au reste. Et le roi et tous les présents déclarèrent que le bateau était bien plus beau sur le côté de la coque que Thorberg avait raboté, et le prièrent de mettre en forme aussi l'autre côté de la même manière, et le remercièrent grandement pour l'amélioration. Après quoi, Thorberg devint le maître d'œuvre du navire jusqu'à ce qu'il fut complètement achevé. Le bateau était un dragon, d'après celui qui avait été capturé en Halogaland. Mais il était bien plus grand, et façonné de manière bien plus soigneuse, dans toutes ses parties. Le roi nomma son navire le " Long Serpent ", et l'autre Serpent, le Court. Le Long Serpent avait trente-quatre bancs de rameurs. La tête et la queue arquée étaient tout dorés, et les parapets étaient aussi hauts que ceux d'un navire hauturier. Ce vaisseau était le meilleur et le plus cher des navires jamais construit en Norvège. 

     

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    Le "Long Serpent".  H. Egedius.

     

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