• Vafthrudnismal

    Première ligne : la Thrymskvitha

    Puisque j'ai commencé une sorte de cycle donnant à parole à Odin, je vais poursuivre avec les Vafthrudnismal. Il s'agit encore d'une joute verbale entre Odin et son interlocuteur, un géant nommé Vafthrudnir et réputé comme étant le plus savant des géants. Odin poursuit sa perpétuelle quête du savoir. A noter le caractère pédagogique de ce texte, très important pour notre connaissance de cette mythologie, et le fait qu'Odin, comme beaucoup, n'écoute pas sa femme qui lui demande de rester à la maison...

     

    Vafthrudnismal 

      Reprise et modification des traductions françaises de Bergman et Boyer.

    Les Dits de Vafthrunir

     

    vafthrudnismal, edda poétique

    Odin et Vafthrudnir. Frolich.

     

    ODIN : Que me conseilles-tu, Frigg ? Il me tarde de partir pour aller voir Vafthrûdnîr ; J'ai, je l'avoue, une grande curiosité de converser des antiques savoirs avec ce lote qui sait tout.

    FRIGG : Père des Combattants, je voudrais te retenir chez toi, dans les palais des dieux : Car aucun lote, je pense, n'est égal en force à ce Vafthrûdnir.

    ODIN : J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, j'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances: Je veux donc aussi savoir comment Vafthrûdnir tient son ménage.

    FRIGG : Que ton voyage soit heureux ! Que ton retour soit heureux ! Que tu reviennes heureux auprès des Asynîes ! Puisse ta sagesse t'aider, ô notre Père de l'Univers, quand il te faudra disputer avec ce lote.

     

    Odin partit donc pour éprouver la sagesse de ce lote qui sait tout ; Il arriva à la demeure qu'habitait le père d'Imr; Le Circonspect y entra aussitôt.

    ODIN  

    Je te salue Vafthrudnir, je suis entré dans ta demeure pour voir ta personne :

    Je voudrais surtout savoir si tu es savant et versé en tout, lote!

    VAFTHRUDNIR.

    Quel est cet homme qui, dans ma halle, me provoque si brusquement ?

    Tu ne sortiras pas de ma demeure si tu n'es pas plus savant que moi.

    ODIN

    Je me nomme Gangrade, je viens de quitter la route,

    Altéré que je suis, pour entrer dans ta demeure :

    J'ai fait un long voyage, j'ai besoin de ton hospitalité et de ton accueil , ô lote !

    VAFTHRÛDNIR.

    Pourquoi, Gangrade, parles-tu là, debout dans le vestibule ?

    Viens prendre place dans la halle :

    Alors nous éprouverons lequel est le plus savant,

    De l'hôte ou de ce vieillard parleur.

    GANGRADE.

    Le pauvre qui entre chez le riche

    Doit parler avec discrétion ou se taire :

    La loquacité, je pense, porte malheur

    A quiconque se trouve avec un homme sévère.

    VAFTHRÛDNIR.

    Dis-moi, Gangrade : — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom du cheval qui amène

    Chaque fois le jour au genre humain?

    GANGRAÐE.

    Il se nomme Skinfaxi; c'est lui qui apporte

    Le jour lumineux au genre humain :

    Il est réputé pour le meilleur de tous les chevaux ;

    La crinière du coursier brille continuellement.

    VAFTHRUDNIR.

    Dis-moi, Gangrade : — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom du cheval qui amène, de l'orient,

    La nuit aux Grandeurs Bénignes ?

    GANGRADE.

    Hrimfaxi est le nom du cheval qui apporte

    Chaque fois la nuit aux Grandeurs Bénignes :

    Chaque matin il laisse tomber l'écume de son mors,

    D'où provient la rosée dans les vallées.

    VAFTHRUDNIR.

    Dis-moi, Gangrade :

    — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom du fleuve qui partage la terre

    Entre les fils des lotes et les dieux ?

    GANGRADE.

    Ilfing est le nom du fleuve qui partage la terre

    Entre les fils des lotes et les dieux 

    Sans jamais geler, il coulera éternellement ;

    Jamais il ne sera couvert de glace.

    VAFTHRÚDNIR.

    Dis ceci , Gangrade : — puisque debout dans le vestibule,

    Tu veux prouver ta supériorité. —

    Quel est le nom de cette plaine où se rencontreront au combat

    Surtur et les dieux paisibles ?

    GANGRADE

    Vigridr est le nom de la plaine où se rencontreront au combat- 

    Surtur et les dieux paisibles :

    Elle a cent journées de chemin en longueur et en largeur; 

    Voilà le champ de bataille qui leur est assigné.

    VAFTHRÛDNIR.

    Je vois, étranger, que tu es savant ; viens t'asseoir sur mon banc

    Et discutons ensemble étant assis.

    Etranger! Gageons nos têtes ici dans la salle,

    C'est à qui aura le plus de savoir.

    GANGRADE.

    Si ton esprit est assez fort et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette première question :

    D'où sont venus, au commencement, la terre et le ciel ?

    Dis cela, savant lote!

    VAFTHRÛDNIR.

    La terre a été créée de la chair d'Ymir,

    Les montagnes ont été formées de ses os,

    Le ciel a été fait du crâne de ce lote glacé,

    Et la mer a été produite par son sang.

    GANGRADE.

    Si ton esprit est assez fort et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette seconde question :

    D'où est venu Mâni qui passe par dessus les hommes ?

    D'où est venue encore Sol?

    VAFTHRÛDNIR.

    Mundilfoeri est le nom de celui qui est

    Le père de Mâni et de Sol également ; Chaque jour ils feront tous les deux le tour du ciel

    Pour compter aux mortels la durée de l'année.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes. la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette troisième question :

    D'où sont venus le Jour qui passe par dessus les peuples,

    Et la Nuit avec la nouvelle lune?

    VAFTHRÛDNIR,

    Delling est le nom de celui qui est le père du Jour ;

    Mais la Nuit est la fille de Norvi :

    Les Grandeurs bénignes ont créé la nouvelle lune et le premier quartier

    Pour compter aux mortels la durée de l'année.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette quatrième question :

    D'où sont venus au commencement l'Hiver et l'Été chaleureux

    Parmi les Grandeurs intelligentes?

    VAFTHRÛDNIR.

    Vindsvale est le nom de celui qui est le père de l'Hiver,

    Mais Svasuder est le père de l'Été :

    L'Hiver et l'Été alterneront toujours dans l'année,

    Jusqu'à ce que les Grandeurs périssent.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette cinquième question :

    Qui a été, au commencement des siècles,

    Le premier des Ases et le premier des enfants d'Imir ?,

    VAFTHRÛDNIR.

    Dans la rigueur des hivers,

    Avant que la terre fût créée, Bergelmir naquit;

    Thrudgelmir était son père,

    Et Aurgelmir son aïeul.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrùdnir, à cette sixième question :

    D'où est venu , au commencement,

    Orgelmir parmi les fils des lotes, dis cela, savant lote

    VAFTHRÛDNIR.

    Des gouttes de venin , jaillissant des fleuves Elivâgar,

    Se congelèrent jusqu'à ce qu'il en naquit un lote :

    A lui remontent toutes nos familles ;

    C'est pourquoi toute cette race est si robuste.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette septième question :

    Comment engendra-t-il des enfants, ce géant robuste,

    N'ayant point la jouissance d'une géante?

    VAFTHRÛDNIR.

    Sous le bras, dit-on, de ce Thurse se formèrent

    Ensemble un garçon et une fille :

    Un pied de ce lote intelligent engendra avec l'autre

    Un fils qui avait une tête à soi.

    GANGRADE

    Puisqu'on te dit si savant et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnîr, à cette huitième question :

    Quel est ton plus ancien souvenir ?

    Jusqu'où remonte ta science ? Réponds, toi, lote qui sais tout !

    VAFTHRUÐNIR.

    Dans la rigueur des hivers, avant que la terre fut créée, Bergelmir naquit :

    Mon plus ancien souvenir, c'est que ce lote intelligent s'est mis dans une barque.

    GANGRADE.

    Puisqu'on te dit si instruit et que tu possèdes la science,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette neuvième question :

    D'où vient le vent qui passe par-dessus les flots,

    Et qui est toujours invisible aux hommes?

    VAFTHRÛDNIR.

    Hræsvelg est le nom de celui qui est assis à l'extrémité du ciel

    C'est un lote sous un plumage d'aigle :

    De ses ailes provient, dit-on,

    Le vent qui souffle par-dessus le genre humain.

    GANGRADE.

    Puisque tu connais l'origine de toutes les divinités,

    Réponds, Vafthrûdnir, à cette dixième question :

    D'où venait Niordur chez les fils des Ases?

    Il préside à quantité d'enceintes et de sanctuaires.

    Et pourtant il ne descend point des Ases.

    VAFTHRUDNIR.

    Les Grandeurs intelligentes l'ont fait naître dans Vanaheim

    Et ils l'ont envoyé comme otage aux dieux :

    A la fin du monde, il s'en retournera chez les Vanes intelligents.

    GANGRADE.

    Puisque tu connais l'origine de toutes les divinités,

    Réponds, Vafthrudnir, à cette onzième question :

    Que font les Monomaques chez le Père des Combattants,

    Jusqu'à ce que les Grandeurs périssent ?

    VAFTHRUDNIR.

    Tous les Monomaques dans les enclos d'Odin, se livrent combat chaque jour ;

    Ils choisissent leur victime, reviennent à cheval du combat,

    Et s'assoient ensemble cordialement à table.

    GANGRADE.

    Comment as-tu pu connaître l'origine de toutes les divinités, 

    Réponds, Vafthrudnir, à cette douzième question :

    Sur les mystères des lotes et de tous les dieux,

    Tu viens de parler parfaitement bien, toi , lote qui es versé en tout !

    VAFTHRUDNIR.

    Je puis parler des mystères des lotes et de tous les dieux ;

    Car j'ai parcouru chaque monde,

    J'ai visité les neuf mondes, même Niflhel en bas,

    Où descendent les ombres venant de Hel.

    GANGRADE.

    Moi aussi, j'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Quels sont les hommes qui vivront,

    Quand ce grand et terrible hiver passera sur la terre?

    VAFTHRUDNIR.

    Ce seront Lif et Lifthrasir ;

    Ils seront ensevelis dans la colline de Hoddmimir ;

    Ils auront pour nourriture la rosée du matin :

    C'est d'eux que naîtront les hommes.

     

    vafthrudnismal, edda poétique

    Lif et Lifthrasir. Frolich.

     

    GANGRADE.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures.

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Comment Sol pourra-t-elle revenir dans le ciel désert

    Quand Fenrîr l'aura saisie ?

    VAFTHRUDNIR.

    Âlfrodull mettra au monde une fille avant d'être prise par Fenrir :

    Quand les Grandeurs auront péri,

    La vierge parcourra les routes de sa mère.

    GANGRADE.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Quelles sont ces vierges qui au-dessus de la mer des peuples

    Volent douées d'un esprit de sagesse ?

    VAFTHRUDNIR.

    Au-dessus des hameaux volent trois compagnies de filles de Mogthrasir :

    Toutes génies tutélaires de ceux qui habitent le monde,

    Bien qu'elles soient élevées parmi les lotes.

    GANGRAÐE.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures, 

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Quels sont les Âses qui présideront aux possessions des dieux

    Quand la flamme de Surt sera éteinte?

    VAFTHRUDNIR.

    Vidar et Vali habiteront les palais sacrés des dieux,

    Quand la flamme de Surt sera éteinte :

    Modi et Magni auront le Marteau,

    Et mettront fin au combat.

    GANGRADE.

    J'ai beaucoup voyagé , j'ai eu beaucoup d'aventures,

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances ;

    Quel sera le sort d'Odin à la fin des siècles,

    Quand les Grandeurs périront?

    VAFTHRUDNIR.

    Le Loup engloutira le Père du Monde qui sera vengé par Vidar :

    Luttant avec Vitnir,

    Vidar lui fendra sa gueule pernicieuse.

    ODIN.

    J'ai beaucoup voyagé, j'ai eu beaucoup d'aventures,

    J'ai mis à l'épreuve beaucoup de puissances :

    Qu'a dit Odin à l'oreille de son fils avant de le monter sur le bûcher ?

    VAFTHRÛDNIR.

    Personne ne sait ce qu'au commencement des siècles

    Tu as dit à l'oreille de ton fils.

    J'ai prononcé mon arrêt de mort en parlant de ma science du passé

    Et de l'origine des Grandeurs;

    Car j'ai osé rivaliser de sagesse avec Odin.

    Toi, tu es toujours le plus sage des hommes.

     

    vafthrudnismal, edda poétique

    Les derniers mots d'Odin à Baldr. Collingwood.

     

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