• Skaldskaparmal I : Thjazi et Idunn

    Skaldskaparmal


    bragi, snorri sturluson

    Bragi, dieu de la Poésie, par Carl Wahlbom

     

    Skaldskaparmal

    Snorri Sturluson

    Traduction de la version anglaise de Arthur Gilchrist Brodeur (1916)

     

    Un homme nommé Ægir ou Hler habitait une île maintenant connue sous le nom d'Ile de Hler (Læsso). Il était versé en l'art de la magie noire. Il entreprit le voyage vers Asgard, mais les Ases avaient eu la prémonition de son expédition. Il y fut reçu avec bonne humeur, et pourtant beaucoup d'illusions visuelles furent créées pour le duper. Vers le soir, lorsqu'il fut temps de boire, les épées disposées par Odin dans la halle étaient si lumineuses qu'il ne fallut aucun autre éclairage, tandis que tous prenaient place sur les bancs. Puis les Ases entrèrent pour le banquet, et s'assirent sur les hauts sièges les douze Ases qui ont été nommés pour être juges : voici leurs noms : Thor, Njôrdr, Freyr, Tyr, Heimdallr, Bragi, Vidarr, Vali, Ullr, Hœnir, Forseti, Loki, et pareillement les Asynes : Frigg, Freyja, Gefjon, Idunn, Gerdr, Sigyn, Fulla, Nanna.

    La vision qu'eut de la scène Ægir fut mémorable : les boiseries étaient couvertes de boucliers dorés, il y avait abondance d'hydromel mousseux. La personne assise à côté d'Ægir était Bragi, et ils partagèrent boisson et conversation : Bragi narra à Ægir les derniers hauts faits qui s'étaient passés chez les Ases.

    Il commença son récit lorsque trois des Ases, Odin, Loki et Hœnir, partis de chez eux et voyageant par les montagnes et les déserts se trouvèrent dépourvus de nourriture. Mais, en parvenant à un vallon, ils avisèrent un troupeau de bœufs, en prirent un et le préparèrent pour la cuisson. Lorsqu'ils pensèrent qu'il devait être cuit, ils éteignirent le feu. Mais il n'était pas cuit. Ils le remirent au feu un bon moment, puis l'en retirèrent une seconde fois. Il n'était toujours pas cuit. Alors ils tinrent conseil entre eux, se demandant ce que cela pouvait bien signifier.

    Ils entendirent alors une voix provenant du chêne au-dessus d'eux, avouant que celui qui était assis là était responsable de l'inefficacité du feu. Ils regardèrent vers le haut, et là était perché un aigle, et ce n'était pas un petit aigle. Alors l'aigle dit : «si vous voulez bien me céder quelque part de ce bœuf, alors il pourra cuire sur le feu.» Ils y consentirent. Alors il se laissa planer depuis sa branche et se posa dans la lueur du feu, puis sans tarder, leva pour lui même les deux cuisses du bœuf, et ses deux épaules. Alors Loki se fâcha, saisit une longue branche, la brandit de toutes ses forces et en frappa l'aigle. L'aigle se baissa violemment sous le coup puis prit son envol, le bâton coincé dans son dos, avec Loki agrippé des deux mains à l'autre extrémité. L'aigle vola à une hauteur telle que les pieds de Loki heurtèrent en bas les rochers et les collines et les arbres, et il pensa que ses bras allaient être arrachés de ses épaules. Il cria, adjurant l'aigle de bien vouloir faire la paix : mais l'aigle lui déclara qu'il ne serait jamais délivré, à moins qu'il ne fasse serment d'inciter Idunn à sortir d'Asgard avec ses pommes. Loki accepta, et, aussitôt libéré, rejoignit ses compagnons. Rien d'autre n'est rapporté de ce que fut le reste de leur périple, sinon qu'ils revinrent chez eux.

     

    edda de snorri

     

    Mais au moment voulu, Loki attira Idunn à l'extérieur d'Asgard, lui faisant miroiter qu'il avait trouvé dans une certaine forêt des pommes qui lui sembleraient tout à fait dignes d'intérêt. Et il la pria de prendre les siennes avec elle afin de les comparer à celles-là. Alors, Thjazi le géant, sous son plumage d'aigle, surgit et ravit Idunn, l'emportant dans sa lointaine demeure de Thrymheimr.

    Mais les dieux furent très ennuyés en l'absence d'Idunn, leurs cheveux blanchirent rapidement et ils devinrent vieux. Alors les Ases tinrent conseil et se demandèrent les uns aux autres qui avait le dernier eu des nouvelles d'Idunn ; et la dernière fois qu'elle avait été vue, c'était sortant d'Asgard avec Loki. Alors Loki fut saisi et amené devant le conseil, et menacé de mort et de torture ; une fois bien effrayé, il déclara qu'il irait chercher Idunn du côté de Jotunheim, si Freyja voulait bien lui prêter son plumage de faucon. Et lorsqu'il eut le plumage de faucon, il s'envola vers le nord en direction de Jotunheim, et finit par arriver à la maison de Thjazi le géant.

    Thjazi était parti en mer, et Idunn était seule à la maison. Loki la transforma en noix, s'en saisit entre ses serres et repartit à vive allure. Lorsque Thjazi rentra à la maison et se rendit compte de l'absence d'Idunn, il revêtit son plumage d'aigle et s'envola à la poursuite de Loki, faisant vrombir ses ailes dans son vol puissant.

    Mais lorsque les Ases virent que le faucon fuyait à tire d'aile avec la noix, et à quelle vitesse volait l'aigle, ils sortirent d'Asgard chargés de fagots de copeaux de bois. Dès que le faucon entra dans la citadelle, il se précipita sous les remparts du château ; alors les Ases boutèrent le feu aux ballots de copeaux depuis le chemin de ronde. Mais l'aigle ne put ralentir, maintenant qu'il avait manqué le faucon. Ses plumes prirent feu, et son vol cessa immédiatement. Les Ases étaient à proximité immédiate, et tuèrent le Géant Thjazi sous la porte d'Asgard, et cette mort est restée célèbre.

      

    edda de snorri

    Le retour d'Idunn. Carl Wahlbom

     

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