• Heimskringla : Saga de Magnus le Bon VII

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode

    31- Bataille d'Aros

     Svein Ulfson regagna immédiatement ses navires dès qu'il sut que le roi Magnus avait quitté sa flotte. Il attira à lui tous les hommes qu'il put, et rôda durant l'hiver autour des îles, Seeland, Fyen et autres. Vers Yule, il navigua vers le Jutland, et entra dans le Limfjord, où ceux qui se soumirent à lui furent nombreux. Il imposa des taxes à certains, mais d'autres rejoignirent le roi Magnus. Puis, lorsque le roi Magnus entendit parler des activités de Svein, il se rendit à ses navires avec tous les norvégiens, puis au Danemark avec une partie des troupes danoises, et se dirigea au sud le long de la côte. Svein était alors à Aros avec de grandes forces, et, entendant parler du roi Magnus, fit sortir ses navires de la ville et se prépara à la bataille. Lorsque le roi Magnus sut avec certitude où se trouvait Svein, et que la distance qui les séparait était courte, il réunit un Thing privé et s'adressa ainsi à ses gens : " Il m'a été rapporté que le jarl et sa flotte se trouvent non loin de nous, et qu'il dispose de nombreux combattants. Je veux maintenant vous faire savoir que je compte marcher contre le jarl et le combattre, bien que nous soyons moins nombreux. Nous placerons, comme avant, notre confiance en Dieu, et en Saint-Olaf, mon père, qui nous a quelquefois aidés à remporter la victoire, même lorsque nous avions des forces plus réduites que celles de l'ennemi. Maintenant, je voudrais que vous teniez prêts à rechercher l'ennemi, et à livrer bataille au moment où nous le trouverons à la force des rames, et à être tous déterminés au combat." Alors les hommes prirent leurs armes, chaque homme préparant sa place et lui-même. Puis ils se répartirent d'eux-mêmes à leurs rames. Lorsqu'ils virent les vaisseaux du jarl, ils souquèrent dans leur direction, et s'apprêtèrent à combattre. Quand les hommes de Svein virent ces forces, ils s'armèrent également, attachèrent leurs navires les uns aux autres, et commença alors une bataille des plus âpres.

    Ainsi en parla Thiodolf le scalde :

    "Bouclier contre bouclier, jarl contre roi

    Firent tinter entre eux épées et boucliers.

    Les héros aux casques dorés jouèrent un jeu

    Tel que les hommes aux chemises de fer de Hild

    Dirent qu'ils n'en virent pas de semblable avant

    Ni depuis sur un pont. Les braves grimacèrent

    Quand les lances et les flèches volèrent en sifflant,

    Pointes blanches, porteuses de mort, vives et vraies."

     

    Ils combattirent à la proue, ce qui fit que seuls les hommes de proue pouvaient frapper. Les hommes du gaillard d'avant chargeaient à la lance. Et tous ceux qui étaient plus loin tiraient des lances courtes ou des javelines, ou des flèches de guerre. Certains combattaient avec des pierres ou des piques courtes. Et ceux qui se trouvaient à l'arrière du mât tiraient à l'arc.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "Lances d'acier pointu et piques acérées

    Firent dessus le bras trembler le bouclier.

    L'aigle, planant dans les airs, se mit à crier

    Au-dessus du festin qui se préparait là.

    Les pierres et les flèches vite s'envolèrent,

    Abattant de nombreux courageux guerriers

    L'archer ne banda jamais aussi souvent l'arc

    Et ne lâcha son trait aussi souvent qu'alors ;

    Et en cette journée les archers de Throndhjem

    Ne furent pas les premiers lassés de ce jeu.

    Flèches et carreaux s'envolèrent, si rapides,

    Qu'on ne parvenait pas à les suivre des yeux."

     

    Il apparaît ici combien la bataille avec les armes de jet fut acharnée.

    Le roi Magnus se tint au début de la bataille derrière un rempart de boucliers ; mais lorsqu'il lui apparut que les événements se déroulaient trop lentement, il sauta par-dessus les boucliers, et se rua vers l'avant du navire, encourageant joyeusement ses hommes, et sautant sur la proue où le combat au corps à corps s'engageait. Lorsque ses hommes virent ceci, ils s'exhortèrent les uns les autres avec enthousiasme, et un hourra général s'éleva de tous les vaisseaux.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "En avant à nos navires ! A l'ennemi !

    Crièrent les hommes de Magnus. En avant !

    Les lances furieuses raclaient les boucliers,

    Jamais on ne vit de bataille plus terrible."

     

    A présent la bataille était extrêmement féroce. Et au cours de l'assaut, le vaisseau de Svein fut vidé de tous ses combattants sur le gaillard d'avant et ses côtés. Alors Magnus aborda le navire de Svein, suivi par ses hommes. Et l'un après l'autre, ils arrivèrent, et livrèrent une attaque si violente que les hommes de Svein cédèrent la place, et le roi Magnus nettoya le premier ce bateau, puis le reste, l'un après l'autre. Svein s'enfuit, avec une grande partie de ses gens. Mais il furent nombreux à tomber, et beaucoup eurent la vie sauve et la paix.

    Thjodolf en parle ainsi :

    "Magnus le Brave, jaillissant depuis la poupe

    Jusqu'à la proue où s'entrechoquaient les épées

    Sur le bec d'or de son corbeau des océans,

    Répandit la mort alentours. Brave ! Vaillant !

    Les combattants du jarl à présent commençaient

    A tomber, à sombrer, leurs rangs s'amenuisaient

    La chance du roi s'accroît, les ponts sont vidés,

    Des hommes combattant plus aucun n'apparaît :

    En tout premier alors le dispensateur d'or

    Accorda sa merci aux ennemis vaincus."

     

    Cette bataille fut livrée le dimanche précédant Yule. Ainsi l'écrivit Thjodolf :

    "C'était lors du matin d'un dimanche radieux,

    Qu'eut lieu cette bataille sanglante et fameuse,

    Où les hommes armés combattirent et moururent,

    Ou restèrent blessés sur les ponts écarlates.

    Et plus d'un combattant, condamné à la mort,

    Pour épargner sa vie sauta par-dessus bord,

    Mais sombra ; le salut n'était pas dans la mer,

    Et dans chaque vague roulait un homme mort."

     

    Magnus s'empara de sept des navires de Svein. Ainsi l'écrivit Thjodolf :

    "Le fils d'Olaf le Gros nettoya sept navires,

    Et gouverna son prix au sein de sa flottille.

    Les filles de Norvège ne seront pas tristes

    D'apprendre de telles nouvelles de leurs hommes."

     

    Il chanta également :

    "Les guerriers prisonniers vont beaucoup regretter

    D'avoir perdu le jarl Svein et leurs compagnons :

    Car il en prit bien mal à tous ceux qui s'enfuirent,

    Leurs blessés n'eurent pas droit aux lits de confort.

    Une terrible tempête, cette nuit-là,

    Surprit ceux qui s'enfuyaient du champ de bataille.

    Et les crânes et les os se disloquent à la ronde,

    Sous la mer ou sur le sol des rives sableuses."

     

    Svein s'enfuit immédiatement de nuit vers le Seeland, avec les hommes qui en avaient réchappé et inclinaient encore à le suivre. Mais le roi Magnus tira ses vaisseaux sur le rivage, et emmena ses gens avec lui de nuit dans le pays, et tôt au matin, ils étaient de retour sur la côte avec un grand butin de bétail.

    Thjodolf en parla :

    "Mais hier avec de lourdes pierres

    Nous brisâmes leurs os, écrasâmes leurs crânes,

    Et clairsemâmes leurs rangs ; alors aujourd'hui,

    A travers leur pays, nous avons voyagé,

    Et conduit leur troupeaux de bétail à la côte,

    Et empli nos vaisseaux de ravitaillement.

    Pour sauver son pays de nos épées rapides,

    Svein aura besoin d'autre chose que de mots."

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode

    Raid en Seeland. W. Wetlesen.

     

    32- La fuite de Svein

    Le roi Magnus vogua avec sa flotte depuis le sud vers le Seeland à la poursuite de Svein. Mais dès que le roi y parvint, Svein s'en alla avec ses hommes, et Magnus les suivit, et pourchassa les fugitifs, tuant tous ceux qu'il capturait.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "La fille de Seeland demande avec frayeur,

    "- De quel sang sont teintés lances et boucliers ?-

    Qui du jarl ou du roi a depuis le rivage

    Amené le plus grand nombre de combattants ?-"

    Nous avons parcouru leurs ruelles boueuses,

    Les forêts et les champs, et les plaines fangeuses.

    Leurs empreintes hâtives imprimées dans l'argile

    Montraient que leur chemin conduisait à Ringsted.

     

     Maculé de gadoue des talons à la tête,

    Notre brave seigneur conduisit ses guerriers

    Le jarl de Lund cessera-t-il sa vive fuite,

    Tentera-t-il sur le champ une autre bataille ?

    Sa bannière, le jour d'avant, avait été vue,

    Entre les bancs de sable et les vertes forêts,

    A travers la mousse et la boue vers le rivage,

    Rapide comme une flèche et quittant la terre."

     

    Alors Svein s'enfuit vers l'île de Fyen, et le roi Magnus porta le fer et le feu à travers le Seeland, et brûla tout sur son passage, car les hommes avaient rejoint les troupes de Svein au moment de la moisson.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "Parce que Svein durant l'hiver avait détruit

    La maison du souverain, le roi employa

    De grandes forces afin de garder le pays

    Et de le protéger des incursions du jarl.

    Un matin, il trouva une autre bande armée

    Qu'il assaillit si bien alors de tous côtés

    Que le neveu de Knut s'enfuit rapidement,

    Sous peine d'être emmené comme prisonnier.

     

     Notre roi de Throndhjem en son juste courroux

    Dévasta le pays par l'épée et le feu,

    Brûla chaque maison et puis par-dessus tout,

    Frappa de terreur les grands comme les petits.

    Il remboursa sans peine aux compagnons du jarl

    Leur haine mortelle et déchaîna sur eux

    Et les leurs une fureur tellement sauvage

    Qu'au loin, en toute hâte ils fuirent pour leurs vies."

     

     Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode                                                                                                                    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode


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