• La Saga de Gisli Sursson

    Sagas islandaises. Régis Boyer.

    La Saga de Gisli Sursson

     

    Quelquefois, en regardant des films de cinéma, je me navre de l’indigence du scénario, le plus souvent lorsqu’il est battu et rebattu, ou du fait de sa grande pauvreté. Même si les images sont belles ou les effets spéciaux trop bons.

    Pourtant, il est des textes, qui sans être d’une folle originalité, pourraient enrichir et revivifier l’imaginaire des scénaristes. Mais tant pis, je me fais mes films en lisant des livres.

    Le saga de Gisli Sursson est l’un de ces récits, qui partage avec les autres sagas (les vraies, les nordiques) sa sécheresse de ton, son manque d’enjolivures, sa hâte pour se précipiter vers son dénouement, et, comme beaucoup d’autres, cette fin survient lors de la mort du héros ; facteur probablement non négligeable du caractère inutilisable de ce genre d’ouvrage au cinéma, la happy-end me semblant souvent, pour ce qui est des films d’aventures, un pré-requis sine qua non.

    Bref, la saga de Gisli Sursson est une saga islandaise de type familial : elle raconte la vie de Gisli fils de Thorbjorn Surr (Ours de Thor « petit lait aigre ») et de ses proches, et commence comme il se doit pour des gens qui pouvaient réciter la liste de leurs ancêtres sur plusieurs générations, par la narration de quelques faits marquants au sujet des ascendants du héros principal, vers la fin du règne en Norvège du roi Hakon Haraldsson (Hakon le Bon) : combats en duel, mariages, querelles, incendies…

    C’est seulement après les scènes d’exposition des principaux personnages que l’intrigue se noue, après une bien curieuse cérémonie d’affrérage entre quatre hommes, Gisli, son ami Vesteinn, son frère Thorkell et son ami Thorgrimr : Gisli propose qu’ils affermissent leurs liens d’amitié par un serment de fraternité. Mais Thorgrimr, après être passé sous le pont de gazon1 et avoir mélangé son sang à celui des autres, émet très vite des restrictions en ce qui concerne Vesteinn, et tout de suite, Gisli relativise son serment en ce qui concerne Thorgrimr, puisque Vesteinn est à la fois son ami et son beau-frère.

    Mais les épouses des frères Sursson, Audr, sœur de Vesteinn, épouse de Gisli, et Asgerd, sœur de Thorgrimr et épouse de Thorkell, ont des sentiments trop bavards, puisque Thorkell surprend une de leurs conversations où Audr avoue à sa belle-sœur avoir eu un penchant pour Thorgrimr, tandis qu’Asgerd révèle un faible pour Vesteinn. Les deux femmes, sachant qu’elles ont été surprises, font amende honorable et chacune avoue ce qu'il en est à son mari, qui lui pardonne. Cependant, Gisli, inquiet, recommande à Vesteinn de ne pas venir dans la région pour les fêtes de l’hiver. Vesteinn, prévenu trop tard, passe outre et est tué d’un coup de lance lors d’une nuit de tempête. C’est Gisli qui arrache la lance du cadavre2, et se charge ainsi de la vengeance à venir.

    La maisonnée de Thorgrimr, qui comprend aussi Thorkell, son beau-frère, est fortement suspecte, et ce dernier plaide la tempérance auprès de son frère, le meurtrier le plus probable étant en effet Thorgrimr, son ami et associé. Au cours des jeux d’hiver, alors que Gisli et Thorgrimr s’affrontent, celui-ci avoue presque ouvertement sa responsabilité dans le meurtre de Vesteinn, et celui-là le menace à mots à peine couverts. L’hiver suivant, Gisli, usant de stratagèmes pour ne pas être vu, tue Thorgrimr au cours d’une nuit de fête, laissant lui aussi son arme, une lance reforgée avec le métal  de l'épée Grasida, dans le corps.

     

    La Saga de Gisli Sursson

    Gisli reforge Grasida.

     

    La Saga de Gisli Sursson

    Le meurtre de Thorgrimr.

     

    Thorkell et les parents du défunt, dont son frère Börkr, époux de Thurid Sursdottir, sœur aînée des frères Sursson, suspectent Gisli. Börkr fait faire une enquête par magie, pour savoir ce qu’il en est.

    Au cours des jeux qui suivent, Gisli, incapable de garder le silence, déclame une vitha à sens multiples qu’on peut interpréter comme un aveu.

     

    La Saga de Gisli Sursson

    Gisli aux jeux d'hiver

     

    C’est sa sœur qui l’entend, et la comprend. Elle en parle à son mari au printemps suivant, et lui conseille le procès. Börkr choisit de se venger directement, et part à la recherche de Gisli, qui, prévenu par son frère Thorkell, tiraillé entre fraternité et amitié, lui échappe de justesse. Lors du procès qui a lieu en parallèle, Gisli est mis hors-la-loi, et Börkr promet une récompense pour sa mort à Eyjolfr et Helgi l’espion. Commence alors une longue traque, où Gisli, sujet aux rêves prémonitoires, apprend la date de sa mort et trouve refuge auprès de ses amis et surtout de sa femme, Audr. La cavale dure six ans, entrecoupée de recherches, de ruses, de trahisons, de cachettes, de recours à la magie, de rêves de plus en plus explicites, et de vengeances collatérales.

     

    La Saga de Gisli Sursson

    Gisli, déguisé en esclave, échappe à Börkr

     

    Enfin découvert par ses poursuivants après les avoir ridiculisés pendant des années, Gisli succombe sous le nombre après un dernier combat héroïque où sa femme lui prête une indéfectible, quoique malencontreuse, assistance.

     

    La Saga de Gisli Sursson

    Gisli, Audr son épouse, et Gudrid, sa fille adoptive.

     

    Et au-delà de l’histoire, ce que j’aime dans les sagas, c’est le non-dit, l’humour souvent sombre et mordant des dialogues et de la narration, qui s’éclaire à la connaissance de la mentalité de l’époque.

    Quelques morceaux choisis (traduction de Régis Boyer) :

    - la cérémonie d’affrérage

    Lors de l’Althing, certains disent que l’amitié des quatre sera bientôt démentie. Gisli propose alors de renforcer ces liens d’amitié et de devenir frères de sang.

    « Ils dressent de longues bandes de gazon hors de terre, de telle sorte que leurs extrémités restent fichées en terre. Ils placent en dessous une lance incrustée, telle qu’un homme debout puisse atteindre de la main les cous qui fixent le fer au manche. Ils devaient passer là-dessous tous les quatre, Thorgrimr, Gisli, Thorkell et Vesteinn. Maintenant, ils s’ouvrent une veine et font ensemble couler leur sang dans le trou laissé par les mottes de gazon, et mêlent le tous, sang et terre. Puis ils tombent tous à genoux et font le serment de venger chacun d’entre eux comme son propre frère, et prennent tous les dieux à témoin. Et quand ils joignent tous ensemble leurs mains, Thorgrimr dit : "- Je suis bien obligé de faire cela avec Thorkell et gisli, mes beaux-frères, mais quant à Vesteinn, rien ne m'y oblige." et il retire sa main. "- Alors, nous serons plusieurs, dit Gisli, et je ne me lierai pas avec celui qui ne veut pas se lier avec Vesteinn, mon beau-frère".»

    Aussitôt dit, aussitôt défait...

     

    - La fuite de Gisli

    Après que Börkr a compris que Gisli avait sans nul doute tué son frère, il part à sa recherche. Pour lui échapper, Gisli, prévenu par son frère Thorkell, prend la fuite et use d’un stratagème…

    « Gisli prend son argent, et deux bêtes de trait qu’il mène à la forêt, son esclave, Thordr le Couard, l’accompagne. Alors Gisli dit : « - Tu m’as souvent été obéissant, et tu as fait selon ma volonté, et je dois t’en récompenser de la bonne manière. » C’est la coutume de Gisli d’aller en manteau bleu, de belle étoffe. Il enlève son manteau et dit : « - Je veux te donner un manteau, ami, et je veux que tu t’en serves tout de suite et que tu ailles en manteau. Reste assis dans le dernier traîneau. Je vais conduire les bêtes et porter ton capuchon. » Ainsi font-ils. Alors Gisli dit : « - S’il arrive que des hommes t’appellent, tu dois surtout prendre soin de ne jamais leur répondre mais si quelqu’un veut te faire du mal, alors vient jusqu’à la forêt. » L’intelligence de Thordr était tout fait équivalente à son courage, car il n’avait pas le moindre soupçon de l’une ni de l’autre. Gisli conduit donc les animaux. Thordr était un homme de grande taille et il avait l’air imposant dans le traîneau. Il se pavanait plutôt, s’estimant magnifiquement équipé. »

    Evidemment, Börkr prend Thordr pour Gisli et le poursuit, puis le tue, pendant que ce dernier s’éclipse. Pour la vie d'un thrall...

     

    - l’argent d’Eyjolfr.

    Eyjolfr, commissionné par Börkr, se rend chez Audr afin de trouver Gisli, et propose à la femme de la payer pour qu’elle trahisse son mari, pour une grosse somme d’argent. Audr ne refuse pas dans un premier temps, et lui demande de montrer et de compter l’argent, puis :

    « Eyjolfr vient de terminer de compter l’argent, et Audr dit : «  - En aucune façon, l’argent n’est ni moins abondant ni moins bon que ce que tu m’en as dit. Et tu admettras que j’ai le droit d’en faire ce que bon me semble. » Eyjolfr accueille ces paroles avec satisfaction, et la prie en effet d’en faire ce qu’elle veut. Audr prend donc l’argent et le verse dans une grande bourse, puis elle se lève et jette la bourse avec l’argent dedans sur le nez d’Eyjolfr, si bien que le sang en jaillit, et elle dit : « Reçois donc cela pour ta crédulité, et tout le mal avec. Il n’y avait aucun espoir que je te livre mon mari, à toi, mauvais homme. Reçois cela, et reçois avec honte et couardise à la fois. Tant que tu vivras, misérable, tu te rappelleras qu’une femme t’a châtié. Et tu n’obtiendras pas davantage ce que tu voulais. »

    Tuer une femme étant une infamie, ses compagnons en empêchèrent Eyjolfr, alors que c’était son premier mouvement.

     

    Plus tard, Eyjolfr en venant annoncer la réussite de sa mission à son mandataire Börkr se verra infliger une grande blessure à la cuisse par Thurid, sœur de Gisli et qui veut le venger, et femme de Börkr, juste avant qu’elle ne divorce de son mari. A la fin, Audr et Gunnhildr, veuve de Vesteinn, se convertissent au christianisme et partent en pélerinage dans le sud, dont elles ne reviennent pas, et Gudrid, la fille adoptive de Gisli, se marie et a de nombreux enfants. Une histoire qui ne finit pas si mal que ça.

     

    1 Il s’agit de découper des bandes de gazon et de faire une sorte de pont de terre sous lequel un homme peut passer mais relié à la terre à chacune de ses extrémités.

    2  Car il s’agit d’un meurtre caché : dans le cas d’un assassinat honteux, l’arme eût été retirée.

     

     viking                                                                                                                                                                                                 viking


  • Commentaires

    1
    Irien
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 21:04

    J'aime bien celle là, c'est une des premières que j'ai lues  (enfin, la toute première était celle de Hrolf Kraki, qui est classée dans les légendaires)

    Je me souviens d'avoir été impressionnée par le dilemne de Gisli: D'un côté, il ne peut pas s'abstenir de venger son frère juré, ce serait une mauvaise conduite, et d'un autre, tuer son frère tout court est tout autant une mauvaise conduite. Il n'a aucun moyen de s'en sortir, et il accepte d'aller jusqu'au bout avec une grande classe.

    S'agissant de 'l'impossibilité d'utiliser des sagas comme scénario de cinéma, faute de happy end, j'espère bien que les réalisateurs de la série Vikings (adaptée de la saga, et de la légende en général, de Ragnar aux braies velues) ne vont pas s'amuser à faire une happy end.......De jeunes fans sur Facebook se plaignent de se faire spoiler quand quelqu'un poste sur le superbe poème de Ragnar dans la fosse aux serpents...:)

    Parlant de films, j'ai découvert récemment qu'il existait ça:

    https://www.youtube.com/watch?v=DOi3ic3LYHM

    Hrafninn flygur, quand j'étais en Islande il y avait des affichettes pour assister à une unique rediffusion de ce film (apparemment culte chez eux) avec une mise en musique live dans la salle de cinéma par le groupe Solstafir (très chouette groupe Islandais, avant plutôt métal, maintenant...euh...ils se cherchent ;) )

    Je ne l'ai pas encore vu en entier, mais le début semble prometteur.

    A plus! Au Plaisir!

    Irien

    2
    Samedi 15 Novembre 2014 à 10:07

    Bonjour Irien,

    Oui, l'acceptation du Destin et la résolution des dilemnes font la force de ces sagas, une des plus illustratives étant celle de Sigurd Fafnisbani. Dans celle de Gisli, c'est à un point tel, combiné au "sens de l'honneur", qu'il n'arrive pas à garder le silence sur son acte.

    Je trouve plutôt amusant que le poème final de Ragnarr Lodbrok soit considéré comme un spoiler : comment peut-on spoiler une histoire publiée depuis 800 ans ? Mais il est sympa que les jeunes qui entrent dans ce monde par le biais de cette série, bien faite pour ce que j'en ai vu, soient aussi accros. Peut-être iront-ils plus loin ? Parce que ce n'est pas à l'école qu'ils apprendront quelque chose sur le sujet !

    Merci pour le lien, je regarderai le film dès que possible (j'ai un gros boulot en ce moment, même le week-end :). Ce qui me fait penser que dans la catégorie "films pas du tout au box-office", il faudrait que je déniche une version plus fraîche du film de Hrarn Gunnlaugsson, "dans l'ombre du corbeau", que j'ai sur une vieille K7 pourrie repiquée sur celle s'un copain qui l'avait enregistrée à la télé...Tristan et Yseult à la sauce islandaise.

    Bon week-end, Irien, @+

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    3
    Irien
    Dimanche 16 Novembre 2014 à 21:23

    Hum....pas trouvé "Dans l'ombre du corbeau" sur youtube, sauf doublé en espagnol (moi, l'espagnol me convient au niveau compréhension, mais c'est vrai que l'ambiance nordique en est un peu amoindrie, je donne quand même le lien, au cas où)

    https://www.youtube.com/watch?v=IoOG9Nd3GsM

    Sinon, sur les conseils d'un ami, comme on dit, voilà un lien vers un film sur justement la Saga de Gisli:

    Útlaginn: Outlaw: The Saga of Gisli (1981)
    Director: Ágúst Guðmundsson.

    https://www.youtube.com/watch?v=76AlJZuywXo

    Celui ci est en Islandais sous titré en anglais (les commentaires sur Youtube critiquent la traduction, mais mon pote n'avait eu qu'une version sous titrée en allemand, donc, bon....) :)

    Bon courage pour le boulot, à bientôt :)

    Irien (passée à Linux depuis deux heures, j'espère que tout marche comme d'habitude pour poster, normalement, ça devrait...)

    4
    Mardi 18 Novembre 2014 à 22:30

    Bonsoir Irien, 

    et merci pour tous ces liens. L'espagnol, je ne pratique pas du tout, alors je garde ma vieille K7 en attendant de trouver mieux.

    La suite et la fin de Hrafninn flygur tiennent les promesses du début. Un style narratif très sec, pas mal de non-dits, des dialogues rares plutôt "tranchants", des détails culturels et religieux très intéressants, et même (attention, spoiler !) une allusion au draugr, à la fin... Bref, je n'aurais pas dû, mais j'ai commencé à le regarder, et je l'ai vu en entier. Les islandais restent de bons conteurs de sagas sur pellicule. Par contre, la musique, à certains moments, ça ne va pas du tout (comme la BO de Lady Hawke). Mais j'explorerai Solstafir prochainement, et je regarderai Útlaginn (je l'ai aussi croisé sur la même page You Tube que le Vol des Corbeaux). Et il y en a d'autres, apparemment... 

    Il semble que Linux fonctionne bien, en tout cas pour poster ici, et c'est tant mieux :).

    5
    Irien
    Mardi 25 Novembre 2014 à 21:10

    J'ai bien aimé Hrafninn Flygur aussi, très bien construit avec la suggestion à la fin que la vengeance du petit garçon du début, une fois devenu adulte, va entraîner la même recherche de vengeance chez son neveu, parce que "ils sont assez grands pour en avoir trop vu". Mais je me suis fait exactement la même réflexion sur le côté Lady Hawke de la musique (pour Lady Hawke, c'est insupportable par moments, on aimerait couper le son!) :)

    J'ai trouvé ça aussi:

    Saga de Njal

    C'est très bien fait, mais l'auteur, je pense, c'est arrêté un peu abruptement avant la fin, vu que l'on ne voit pas la mort de Njal et on ne comprend pas trop pourquoi c'est lui qui doit mourir vu que c'est un peu le "type adorable" qui donne des conseils avisés et n'embête personne. En même temps, je ne l'ai pas encore lue, ça s'éclaircira sûrement à la lecture. Il y a demi heure de film, suivi des commentaires des réalisateurs et acteurs. (Les paysages sont encore plus beaux que dans  Hrafninn Flygur, et je trouve les acteurs très bons)

    Mes tentatives linuxiennes ont malheureusement tourné court, vu que je me suis fait voler mon PC portable dans le cambriolage de mon logement (avec mille photos d'Islande dedans, et oui, elles étaient sauvegardées sur un disque dur externe....qui a été volé également!) J'étais furieuse, envie de demander à Ragnar de me prêter une hache....;).....enfin, c'est comme ça....

    A plus!

     

     

    6
    Jeudi 27 Novembre 2014 à 20:17

    J'ai regardé la saga de Gisli. Pas mal pour l'ambiance, quelques petites libertés avec le texte, mais l'ensemble est costaud (velu !) et les principales scènes sont bien rendues, quoique les rêves ne soient pas tout à fait aussi explicites que dans la saga. Je pense lire celle de Njall le Brûlé avant de regarder le film, ce qui reporte... à 2015, probablement !

    Damned pour le cambriolage ! C'est le genre de perte qu'on ne peut pas assurer, 1000 photos d'Islande, je serais verte de rage. Je stocke celles auxquelles je tiens (celle de ma fille) sur un blog fermé, comme ça, en cas de crash ou de vol, il me restera quelque chose, et à elle aussi. Je vais planquer mon disque dur externe plus loin de l'ordi principal !

    Bonne soirée, @+ Irien.

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