• La Rigsthula

    La Rigsthula

    Ce texte explique en se basant sur la notion de destin la partition de la société en castes (esclave, paysan, guerrier), la dernière étant celle du prêtre-chamane, représentée par Kon. Il est particulier en ce sens qu'il serait d'origine celtique irlandaise. Il est manifestement incomplet, mais nul ne sait combien de strophes manquent à la fin. Pour plus d'informations : article de Wikipédia, plutôt documenté, notamment sur l'interprétation de Dumézil.

      

    La Rigsthula


    Le chant de Rig


     Traduction de la version anglaise de H.A. Bellows

    Il est narré, dans les anciennes légendes, que l'un des dieux, dont le nom était Heimdall, arriva au cours de ses voyages sur certaine grève, et parvint à une habitation, où il se fit connaître comme Rig. Ce poème raconte cette histoire :

     

    1. On dit qu'autrefois s'en vint,
    Par les vertes routes,
    Puissant et vénérable,
    L'Ase savant et sage,
    Valeureux et vigoureux,
    Rig, en cheminant.

    2. Il allait alors
    Par le milieu du chemin ;
    Il arriva à une maison,
    Le portail ouvert ;
    Il entra sans façons
    Le feu brûlait dans le foyer ;
    Un vieux couple était assis là :
    Aïeul et Aïeule
    Vêtus à l'ancienne mode.

    3. Rig avait bien
    Des conseils à leur donner ;
    Ensuite il s'assit
    Au milieu du banc,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.

    4. Alors l'Aïeule prit
    Une miche compacte,
    Epaisse et pesante,
    Et pleine de son ;
    Elle la posa
    Au milieu de la table
    Avec du bouillon dans une écuelle ;
    C'était du bouillon de veau,
    Le plus grand des régals ;
    Il se leva de table,
    Alla se mettre au lit.


    Rigsthula, edda poétique

    Rig chez Aïeul et Aïeule. Collingwood, 1908


    5. Rig avait bien
    Des conseils à leur donner ;
    Alors il se coucha
    Dans le milieu du lit,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.

    6. Il y resta
    Trois nuits pleines ;
    Il reprit alors son chemin
    Au milieu de la route ;
    Et neuf mois
    Furent bientôt passés.

    7. L'Aïeule enfanta d'un garçon,
    D'eau il fut aspergé,
    Ses cheveux si noirs couverts d'un linge,
    Et Thraell il fut appelé.

    8. Il se mit à grandir
    Et à gagner en force ;
    La peau de ses mains se rida
    Devint toute rugueuse,
    Jointures noueuses.
    Doigts épais,
    Visage repoussant,
    Dos voûté,
    Talons forts.

    9. Bientôt de ses forces
    Il fit bon usage
    A lier des écorces,
    A porter des charges ;
    Il porta à la maison
    Des fagots à longueur de journées.

    10. Arriva à l'enclos une fille,
    Dégingandée, jambes arquées,
    Pieds salis,
    Bras brûlés de soleil,
    Nez busqué ;
    Son nom était Thir.

    11. Au milieu du banc
    Ensuite elle s'assit ;
    S'assit auprès d'elle
    Le fils de la maison ;
    Parlèrent et conversèrent
    Thraell et Thir.
    Puis firent leur lit
    A la fin du jour.

    12. Ils eurent des fils
    - Ils vécurent contents - .
    Je crois qu'ils s'appelaient
    Hreim et Fjosnir,
    Klur et Kleggi,
    Kefsir, Fulnir,
    Drumb, Digraldi,
    Drött et Hösvir,
    Lut et Leggjaldi
    Réparèrent les enclos,
    Fumèrent les champs,
    Soignèrent les porcs,
    Gardèrent les chèvres,
    Récoltèrent la tourbe.

    13. Ils eurent des filles : 
    Drumba et Kumba,
    Okkvinkalfa,
    Et Arinnefja,
    Ysja et Ambatt,
    Eikintjasna,
    Tötrughypja
    Et Tötrubeina.
    De là provient
    La race des esclaves.

    14. Rig alla ensuite
    Par les chemins droits,
    Il arriva à une halle,
    Le portail était entrouvert,
    Se prit à entrer ;
    Il y avait du feu dans le foyer;
    Un couple était assis là,
    Vaquait à ses affaires.

    15. L'homme taillait dans le bois
    Une navette pour tisserand;
    Il avait la barbe faite,
    Les cheveux coupés sur le front,
    Une chemise ajustée;
    Il y avait un coffre sur le plancher.

    16. Une femme était assise là,
    Tournait une quenouille
    Déployait les bras,
    Préparait une étoffe;
    Elle avait un fichu sur la tête,
    Une blouse sur la poitrine,
    Un foulard autour du cou,
    Tenu par des broches aux épaules.
    Grand-Père et Grand-Mère
    Possédaient cette maison.

    17. Rig avait
    Des conseils à leur donner.

    18. Ensuite il s'assit
    Au milieu du banc,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.
    Grand-Mère emplit les assiettes
    De viande de veau bouillie
    Le meilleur des régals.

    19. Rig avait
    Des conseils à leur donner ;
    Se leva de table
    Alla bientôt dormir ;
    Ensuite il se coucha
    Au milieu du lit,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.


    Rig chez Grand-Mère. Carl Larsson.

    Rig chez Grand-Mère. Carl Larsson.

     
    20. Il y resta
    Trois nuits pleines ;
    Puis il s'en fut
    Par le milieu de la route
    Et neuf mois
    Furent bientôt passés.

    21. Grand-mère enfanta un garçon,
    L'enfant fut aspergé d'eau,
    Fut nommé Karl,
    Une femme l'emmaillota de linge
    Il était roux, les joues rosées,
    Les yeux vifs.

    22. Il se mit à grandir
    Et gagna en force.
    Il se mit à dresser les b
    œufs,
    A fabriquer les araires,
    A charpenter les maisons,
    A construire des fenils,
    A fabriquer des charrettes
    Et à mener la charrue.

    23. Arriva alors à la maison une fille,
    Clefs pendantes au côté,
    En tunique de cuir de chèvre,
    A Karl fut mariée ;
    Elle s'appelait Snör,
    S'enveloppa du voile de la mariée;
    Echangèrent des anneaux,
    Firent leur lit,
    Déployèrent des couvertures
    Et fondèrent un foyer.

    24. Ils eurent des fils
    - Et vécurent heureux -
    Qui se nommaient Hal et Dreng,
    Hauld, Thegn et Smid,
    Breid, Bondi,
    Bundinskeggi,
    Bui et Broddi.
    Brattskegg et Segg.

    25. Ils eurent des filles
    Dont les noms furent :
    Snot, Brud, Svanni,
    Svarri, Spraki,
    Fljod, Sprund et Vif,
    Feima, Ristill.
    De là proviennent
    Les races des hommes.

    26. De là Rig alla
    Par les chemins droits ;
    Il arriva à une salle :
    Vers le sud étaient tournées les portes,
    Le portail était clos,
    On l'ouvrait par un anneau.

    27. Il y pénétra.
    Le plancher était jonché de paille,
    Un couple était assis,
    Se regardaient dans les yeux,
    Père et Mère,
    Travaillant de leurs doigts.

    28. Le maître de maison était assis
    Et tressait une corde,
    Courbait un arc,
    Emmanchait des flèches ;
    Mais la maîtresse de maison
    Brossait des habits,
    Empesait des manches de chemises.

    29. Elle portait coiffe recourbée,
    Broche sur la poitrine,
    Ample manteau,
    Tunique bleue;
    Front plus brillant,
    Seins plus clairs,
    Cou plus blanc
    Que la plus pure des neiges.

    30. Rig avait
    Des conseils à leur donner;
    Puis il s'assit
    Dans le milieu du banc,
    De chaque côté de lui
    Les maîtres de céans.

    31. Alors Mère prit
    Une nappe brodée
    De lin blanc,
    La plaça sur la table ;
    Elle prit ensuite
    De minces pains
    De blanc froment,
    Les posa sur la nappe.

    32. Elle avança
    Des tranchoirs pleins,
    Bordés d'argent, sur la table,

    De la viande de porc
    Et des oiseaux rôtis ;
    Il y avait du vin dans les cruches,
    Des coupes à rebords dorés ;
    Ils burent et causèrent;
    Le jour s'écoula.

    33. Rig avait
    Des conseils à leur donner;
    Rig se leva ensuite,
    Firent le lit
    Il y resta
    Trois nuits pleines ;
    Puis il s'en alla
    Au milieu de la route ;
    Et neuf mois
    Furent bientôt passés.

    34. Mère enfanta un garçon,
    Il fut enveloppé de soie,
    Et fut aspergé d'eau,
    Ils l'appelèrent Jarl ;
    Blond pâle étaient ses cheveux.
    Brillantes, ses joues,
    Perçants étaient ses yeux
    Comme ceux d'un serpenteau.

     

    La Rigsthula, jarl

    Jarl. Albert  Edefelt.

     

    35. Jarl grandit là,
    Sur les bancs de la maison;
    Il se mit à brandir les écus de bois de tilleul,
    A tresser les cordes d'arcs,
    A courber les arcs,
    A emmancher les flèches,
    A lancer les traits,
    A brandir les lances,
    A monter les chevaux,
    A détacher les chiens,
    A manier les épées,
    A pratiquer la natation.

    36. Bientôt arriva de la forêt touffue
    Rig marchant,
    Rig marchant,
    Qui lui enseigna les runes ;
    Lui donna son nom,
    Le reconnut comme son fils ;
    Le pria de s'approprier
    Les champs allodiaux,
    Des anciennes contrées.

    37. Alors il chevaucha
    Par les sombres forêts,
    Les montagnes de givre
    Jusqu'à ce qu'il arrive à une halle ;
    Il agita sa lance,
    Brandit l'écu de bois de tilleul,
    Lança son cheval au galop
    Et dégaina son épée;
    Il se mit à combattre,
    A rougir la plaine,
    A abattre les guerriers,
    A conquérir le pays par les armes.

    38. Il posséda à lui seul
    Dix-huit domaines
    Se mit à répartir ses richesses,
    A tous accorda
    Trésors et bijoux
    Coursiers élancés ;
    Il éparpilla les anneaux.
    Ouvrit les bracelets.

    39. Ses messagers allèrent
    Par les routes humides,
    Ils parvinrent à la halle
    Où habitait Hersir,
    Il avait une fille
    Aux doigts déliés,
    Blanche et sage,
    Qui s'appelait Erna.

    40. Ils la demandèrent en mariage
    Et la ramenèrent à la maison,
    Où ils la donnèrent à Jarl ;
    Elle prit le voile de mariée ;
    Ils vécurent ensemble
    Dans un grand bonheur,
    Eurent des enfants
    Et coulèrent des jours heureux.

    41. Burr fut l'aîné,
    Et Barn, le second,
    Jod et Adal,
    Arfi, Mogr,
    Nidr et Nidjung,
    - Ils apprirent bientôt -
    Son et Sveinn,
    - A jouer aux tables et à nager -
    L'un s'appelait Kund,
    Kon était le plus jeune.

    42. Ils grandirent vite,
    Les fils de Jarl;
    Ils dressèrent les chevaux,
    Courbèrent les boucliers,
    Polirent les flèches,
    Entrechoquèrent les lances de frêne.

    43. Mais Kon le jeune
    Apprit l'usage des runes,
    Les runes salvatrices
    Et les runes de longue vie;
    Bientôt il sut
    Protéger les guerriers,
    Emousser les tranchants,
    Apaiser la mer.

    44. Il apprit le langage des oiseaux,
    A éteindre l'incendie,
    A endormir l'esprit,
    A calmer les chagrins ;
    Force et énergie
    De deux fois quatre hommes.

    45. Bientôt, il rivalisa
    En l'art des runes avec Rig-Jarl,
    Le dépassa en science
    Et en habileté ;
    Il réclama et obtint vite le droit
    De se faire appeler Rig
    Car il savait les runes.

    46. Kon le jeune alla
    Par les forêts et les fourrés,
    Lança les carreaux d'arbalète,
    Chassa les oiseaux.

    47. Alors une corneille chanta,
    Perchée sur un rameau :
    "Pourquoi veux-tu, Kon le jeune,
    Abattre les oiseaux?
    Il te siérait mieux
    De monter les chevaux
    Et d'abattre les guerriers."


    Kon et la Corneille. Collingwood.

    Kon et la Corneille. Collingwood.


    48. Dan et Danp
    Ont de précieuses halles,
    Patrimoine de plus grand prix
    Que celui que vous avez;
    Ils savent bien
    Mener les navires de combats,
    Eprouver les tranchants
    Et tailler les blessures.

     

    Il manque à l'évidence la fin du poème...

     

     La Rigsthula                                                                                                                                      La Rigsthula


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