• Heimskringla : Saga des fils de Magnus III de Norvège VI

    Heimskringla, snorri sturluson, magnussonnenes saga

    32- D'Aslak Hane

     

    Il arriva une autre fois que le roi Sigurd était d'humeur sombre, assis au milieu d'hommes dignes. C'était un vendredi soir, et le maître-cuisinier demanda quelle viande devait être préparée.

    Le roi répondit : «- Quoi d'autre que de la viande carnée ?» Et si rudes étaient ses mots que personne ne voulut le contredire, et qu'ils se sentirent tous mal à l'aise. Et lorsqu'ils se préparèrent à passer à table, des plats de viande furent amenés, et tous se turent, affligés par la maladie du roi. Avant que le benedicite ne fût prononcé sur la viande, un homme nommé Aslak Hane parla. Il avait longtemps voyagé au loin avec le roi Sigurd, et n'était pas issu d'une grande famille. Il était petit de taille, mais fier. Lorsqu'il se rendit compte de ce qui se passait, et que personne n'osait intervenir auprès du roi, il demanda : «- Qu'est-ce donc, Sire, qui fume dans le plat devant vous ?»

    Le roi répondit : « - Que veux-tu dire, Aslak ? De quoi penses-tu qu'il s'agit ? »

    Aslak : « - Il me semble que c'est de la viande, et j'aimerais mieux que ce n'en fût pas. »

    Le roi : « - Et si c'en était ? »

    Il répondit : « - Il serait fâcheux qu'un roi si glorieux, qui a gagné tant d'honneur dans le monde, puisse s'oublier ainsi. Lorsque tu revins de Jordanie, après t'être baigné dans les mêmes eaux que Dieu lui-même, avec des feuilles de palmiers dans les mains et la croix sur ta poitrine, tu promis autre chose, Sire que de manger de la viande le vendredi. Si un homme plus médiocre agissait ainsi, il mériterait un sévère châtiment. Cette royale halle n'est pas si bien fréquentée, puisqu'il me revient, à moi, homme du commun, de m'opposer à un tel acte. »

    Le roi resta assis, silencieux, et ne partagea pas la viande, et lorsque le temps du repas toucha à sa fin, le roi ordonna que le plat de viande fut enlevé, et que d'autres nourritures fussent servies à la place, de celles qui étaient autorisées. Et lorsque le moment du dîner fut presque passé, le roi se dérida et se mit à boire. Les gens conseillèrent à Aslak de s'enfuir, mais ils répondit qu'il ne le voulait pas.

    « - Je ne vois pas en quoi ça m'aiderait, et, à dire le vrai, il et aussi bien de mourir aujourd'hui, où j'ai pu agir à ma guise, et ai empêché le roi de commettre un péché. Il peut bien me tuer s'il lui plaît. »

    Vers le soir, le roi l'appela, et lui dit : « - Qui t'a permis, Aslak, de t'adresser à moi devant tant de monde avec une telle liberté de parole ? »

    « - Personne, Sire, sinon moi-même. »

    Le roi : « - Tu aimerais, sans doute, savoir ce que te vaudra une telle bravoure. Que penses-tu donc qu'elle mérite. »

    Il répondit : « - Si elle était bien récompensée, Sire, j'en serais heureux. Mais s'il doit en être autrement, c'est de ton ressort. »

    Alors le roi dit : « - Ta récompense sera plus petite que ce que tu mérites. Je te donne trois fermes. Il s'est avéré, ce qui n'aurait pu être prévu, que tu m'as empêché de commettre un grand crime – toi, et non les lendermen -, qui sont mes débiteurs pôur tant de biens. »

    Et cela s'acheva ainsi.

     

    33- D'une femme amenée devant le roi

     

    Un soir de Noël, alors que le roi siégeait dans la halle et que les tables étaient débarrassées, le roi dit : « - Qu'on m'amène de la viande. »

    On lui répondit : « -Sire, il n'est pas coutume qu'on mange de la viande le soir de Noël. »

    Le roi dit : « - Si ce n'est point la coutume j'en ferai la coutume. »

    Ils sortirent, et lui ramenèrent un dauphin. Le roi planta son couteau dedans, mais n'en mangea pas. Alors le roi dit : « - Qu'on m'amène une fille dans la halle. » Onj lui amena une femme dont la coiffe dépassait largement les sourcils.Le roi prit sa main dans les siennes, la regarda, et dit : « - Une fille laide ! »

    LACUNE : reste de l'histoire manquante.

     

    34- Harald Gille vient en Norvège

     

    Halkel Huk, un fils de Jon Smiorbalte, qui était lenderman à More, fit un voyage dans les mers occidentales, les parcourant jusqu'aux Hébrides du sud. Un homme originaire d'Irlande vint à lui, nommé Gillikrist, et se déclara être lui-même un fils de Magnus Berrfoetr. Sa mère vint avec lui et dit que son autre nom était Harald. Halkel reçut l'homme, et le ramena en Norvège avec lui, et se rendit immédiatement chez le roi avec Harald et sa mère. Lorsqu'ils eurent raconté leur histoire au roi, il débattit du sujet avec ses principaux conseillers, et leur demanda de lui donner leur opinion. Ils étaient d'avis différents, et tous s'en remirent à l'avis du roi, bien que certains y fussent opposés. Et le roi suivit sa propre opinion. Le roi Sigurd ordonna à Harald de se présenter devant lui, et lui dit qu'il ne lui refuserait pas de prouver, par ordalie, qui était son père. A la condition que même s'il parvenait à prouver son ascendance, il ne prétendrait pas au royaume de Norvège pendant la vie du roi Sigurd ou du roi Magnus. Et à ceci, il s'engagea par serment. Le roi Sigurd déclara qu'il devrait marcher sur du fer brûlant pour prouver sa filiation. Mais cette ordalie fut jugée par beaucoup trop sévère, puisqu'il devait prouver simplement qui était son père, mais sans prétendre au royaume. Pourtant, Harald accepta, et approuva l'épreuve par le fer : et cette ordalie était la plus difficile jamais réalisée en Norvège. Car neuf socs de charrues incandescentes furent disposées sur le sol, et Harald marcha dessus les pieds nus, en présence de deux évêques. 

     

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    L'ordalie d'Harald Gille. G. Munthe.

     

    Trois jours après l'épreuve du fer, l'ordalie fut jugée recevable comme preuve, et les pieds furent examinés et trouvés sans brûlure. Après quoi le roi Sigurd reconnut sa parenté avec Harald. Mais son fils Magnus conçut une grande haine à son égard, en quoi il fut suivi par de nombreux chefs.

    Le roi Sigurd avait tellement confiance en sa faveur auprès du peuple de tout le pays qu'il désirait que tout homme, sous serment, promette d'accepter Magnus comme roi après lui. Et tout le peuple prêta ce serment.

     

    35- La course entre le roi Magnus et Harad Gille

     

    Harald Gill était un homme grand et bien découplé, au cou long et au visage ovale, aux yeux noirs et aux cheveux sombres, vif et rapide, et il portait le plus souvent des vêtements irlandais courts et légers. La langue norvégienne lui était ardue, et certains de ses mots faisaient beaucoup rire. Harald restait longtemps à boire chaque soir. Il parla avec un autre homme de différentes choses relatives à l'Irlande, dans l'ouest, et entre autres, que les hommes en Irlande avaient les pieds si rapides qu'aucun cheval ne pouvait les surpasser à la course. Magnus, le fils du roi, l'entendit, et dit : « - Il ment, à présent, ainsi que d'ordinaire. »

    Harald répondit : «  - Il est vrai qu'il y a des hommes en Irlande qu'aucun cheval de Norvège n pourrait surpasser. » Ils échangèrent quelques mots à ce sujet, et les deux étaient ivres. Alors Magnus dit : « - Tu devrais faire un pari avec moi, et mettre ta tête en jeu, pour voir si tu serais plus rapide que moi sur mon cheval, et je gagerais ma bague en or. »

    Harald répondit : «  - Je n'ai jamais dit que je pourrais courir aussi vite, mais j'ai dit qu'il y a des hommes en Irlande qui le pourraient. Là-dessus, je parierais. »

    Magnus le fils du roi répondit : «  - J n'irai pas en Irlande pour autant. C'est ici que nous parierons, non là-bas. »

    Là-dessus, Harald gagna son lit, et ne voulut plus parler de ceci avec lui. Cela se passait à Oslo. Le matin suivant, lorsque la première messe fut dite, Magnus chevaucha dans la rue, et envoya à Harald le message de le rejoindre. Lorsque Harald arriva, il était vêtu ainsi : il portaiut une chemise et des pantalons qui étaient noués par des rubans sous ses plantes de pieds, un manteau court, un chapeau irlandais sur la tête, et une lance à la main. Magnus traça une marque pour la course.

    Harald dit : « - Tu a prévu une course trop longue. », mais Magnus la rallongea encore, et déclara que c'était encore trop court. Il y avait beaucoup de spectateurs. Ils commencèrent la course, et Harald suivit toujours le rythme du cheval. Et lorsqu'il parvinrent à la fin, Magnus dit : « - Tu t'es accroché à la sangle, et le cheval t'ai traîné tout au long. »

    Magnus avait un coursier rapide, un cheval du Gautland. Ils recommencèrent la course, et Harald courut tout le temps en avant du cheval. A la fin, Harald demanda : « - Ai-je tenu la sangle, cette fois ? »

    Magnus répondit : «  -Tu as pris le départ le premier. »

    Alors Magnus laissa son cheval souffler un peu, et lorsqu'il fut prêt, il piqua des deux, et partit au grand galop. Harald resta sur place, et Magnus se retourna, disant : « - Tu peux commencer. »

    Alors Harald courut si vite qu'il dépassa le cheval et arriva sur la ligne d'arrivée bien avant lui, si bien qu'il put se coucher et se relever afin de saluer Magnus lorsqu'il arriva.

    Alors ils rentrèrent en ville. Dans l'intervalle, le roi Sigurd s'était rendu à la grand-messe, et ne sut rien de cela jusqu'après le dîner. Alors il dit à Magnus, avec colère : « - Tu as défié inutilement Harald. Je pense que tu es un grand fou, qui ne connaît rien des coutumes des peuples étrangers. Ne sais-tu pas que dans d'autres pays, les hommes s'exercent à autre chose qu'à se remplir eux-mêmes de bière, et de se rendre fous eux-mêmes, et donc impropres à ce qu'ils savent déjà difficilement faire ? Donne cet anneau à Harald, et n'essaie pas de le faire à nouveau passer pour un imbécile, aussi longtemps que je suis sur cette terre. »

     

    36- De la nage de Sigurd

     

    Il arriva un jour que sigurd était sur son navire, dans le port. Et qu'il y avait un bateau marchand, appartenant à un commerçant islandais, à côté de lui. Harald gill se tenait sur le gaillard d'avant du navire du roi, et Svein Rimhildson, un fils de Knut Sveinson de Jadar, avait sa couchette tout près de lui. Se trouvait là également Sigurd Sigurdson, un brave lenderman, qui commandait aussi un vaisseau. Il faisait très beau, et la journée était bien ensoleillée, et nombreux étaient ceux qui nageaient, venant à la fois du longskip et du navire marchand. Un islandais, qui se trouvait parmi les nageurs, s'amusait à tirer sous l'eau ceux qui ne nageaient pas aussi bien que lui, ce à quoi riaient les spectateurs. Lorsque le roi Sigurd vit et entendit ceci, il ôta ses vêtements, je jeta à l'eau, nagea vers l'islandais, le saisit et le tira sous l'eau, puis l'y maintint. Et dès que l'islandais remontait, il le faisait à nouveau couler, à chaque fois.

    Alors Sigurd Sigurdson dit : « - Devons-nous laisser le roi tuer cet homme ? »

     

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    "Devons-nous laisser le roi tuer cet homme ?". G. Munthe

     

    Quelqu'un répondit : « - Personne ne souhaite intervenir. »

    Sigurd répliqua : « -Si Dag Eilifson était ici, Nous ne serions pas dépourvu de quelqu'un s'y risquant. »

    Alors Sigurd Sigurdson sauta par dessus bord, nagea vers le roi, se saisit de lui, et dit :  « - Sire, ne tuez pas cet homme. Chacun voit bien que vous êtes bien meilleur nageur que lui. »

    Le roi Répondit :  «  Laisse-moi tranquille, Sigurd, Je dois le tuer, sinon il détruira notre peuple sous l'eau. »

    Sigurd dit : «-Amusons-nous, d'abord. Et, Islandais, retourne sur terre. » Ce qu'il fit. Le roi se libéra alors de Sigurd, et nagea vers son navire, et Sigurd suivit son chemin. Mais le roi ordonna que Sigurd n'ose plus se présenter devant lui. Ce qui fut rapporté à Sigurd. Alors, il rentra chez lui.

     

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