• Heimskringla : Saga des fils de Magnus III de Norvège V

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    29- De Thorarin Stutfeld

     

    Il arriva un jour, alors que le roi Sigurd quittait pour vêpres la table à boire, que ses hommes étaient très ivres et joyeux. Et nombre d'entre eux s'assirent à l'extérieur de l'église en chantant le cantique du soir, mais leur chant était très inégalement juste. Alors le roi demanda : "- Qui est ce compagnon que je vois à l'extérieur de l'église avec une veste de peau ?"
    Ils répondirent qu'ils ne le savaient pas. Alors le roi dit :
    "- Cet homme vêtu de peau, dans son triste état,

    Fait s'envoler ici toute notre sagesse."

    Alors le compagnon s'approcha et dit :

    "- Je pensais devoir me faire connaître ici,

    Bien que mon vêtement soit pauvrement monté.

    Il est pauvre, mais je dois en être content :

    A moins, grand roi, qu'il n'entre dans tes intentions

    De m'en donner un meilleur, car je sais déjà

    Que mes chiffons et moi sommes des étrangers."

    Le roi répondit : "- Viens me voir demain lorsque je serai à la table à boire. " La nuit passa, et le matin suivant, l'islandais, qui se nommait en définitive Thorarin Stutfeld, vint dans la pièce à boire. Un homme se tenait devant la porte de la salle avec une corne dans la main, et dit : "- Islandais ! Le roi a dit que tu mériterais n'importe quel cadeau de sa part si tu composes une chanson avant de te présenter devant lui, et il te faut la faire au sujet d'un homme dont le nom est Hakon Serkson, et qui est surnommé Mostrut (compagnon petit, gras et énergique). Et parler de ce surnom dans ta chanson." L'homme qui lui parlait se nommait Arne Fioruskeif. Alors ils entrèrent dans la pièce, et lorsque Thorarin arriva devant le roi, il déclama ces vers :

    "Le souverain guerrier de Throndhjem a dit

    Que le scalde serait payé par des cadeaux,

    Si avant leur rencontre il pouvait réciter

    Pour Serk l'ami du roi quelque strophe en passant.

    Le généreux seigneur m'a aussi fait savoir

    Que ma strophe, pour plaire, doit être ainsi tournée

    Que mes pauvres versets exaltent le renom

    De celui qu'on appelle Hakon le lourdaud."

    Alors le roi dit : "- Je n'ai rien demandé de pareil, et quelqu'un a dû se moquer de toi. Hakon lui-même déterminera quelle punition tu mérites. Rends-toi dans sa suite."

    Hakon dit : "- Il devrait être le bienvenu parmi nous, car je vois bien de qui la blague vient." Et il plaça l'Islandais à son côté, tout près de lui, et ils furent très joyeux. Le jour tirait à aa fin, et l'alcool commençait à leur monter à la tête, lorsque Hakon demanda : " - Ne penses-tu pas, Islandais, que tu me dois quelque dédommagement ? Et ne vois-tu pas que quelque tour a été joué à tes dépends ? "

    Thorarin répondit : "- Il est vrai, sans aucun doute, que je te dois quelque compensation."

    Hakon dit : "- Alors nous serions quitte, si tu composais une autre strophe sur Arne. "

    Il répondit qu'il était prêt à le faire. Et ils traversèrent la pièce vers l'endroit où Arne se tenait assis, et Thorarin déclama ces vers.

    "- Fioruskeif a fréquemment répandu

    Son cœur mauvais et la tête vide,

    Déjections de l'aigle de la campagne,

    Toujours prêt aux pamphlets et mensonges.

    Nous connaissons tous ici ce vagabond,

    Qui peu nourrit les corneilles en Afrique,

    Car de toutes ses armes à la bataille,

    Ses préférées étaient heaume et bouclier ".

    Arne se leva instantanément, prit son épée, et s'apprêta à à lui tomber dessus. Mais Hakon lui demanda de le laisser tranquille, et lui ordonna de se rappeler que s'il en venait à une querelle, il en retirerait le pire pour lui-même. Thorarin se rendit ensuite après du roi, et dit qu'il avait composé un poème qu'il souhaitait que le roi entendît. Le roi y consentit, et le poème est connu sous le nom de chanson de Stutfeld. Le roi demanda à Thorarin ce qu'il avait l'intention de faire. Il répondit qu'il désirait se rendre à Rome. Alors le roi lui donna beaucoup d'argent pour son pélerinage, et lui dit de le visiter à son retour, et promit de lui donner des fournitures.

     

    30- De Sigurd et Ottar Birting

     

    On dit que le roi Sigurd, un dimanche, s'était assis à table avec de nombreuses personnes, parmi lesquelles se trouvaient beaucoup de ses amis. Et lorsqu'il prit place sur le haut-siège, les gens virent que son attitude était très sauvage, et qu'il avait pleuré, de sorte qu'ils furent effrayés de ce qui pouvait suivre. Les yeux du roi roulaient, et il regardait ceux qui étaient assis sur les bancs. Puis il saisit le livre saint qu'il avait ramené avec lui de l'étranger, et qui avait été tout écrit de lettres dorées, de sorte que nul autre n'avais jamais possédé de livre aussi coûteux en Norvège . Sa reine s'assit à son côté. Alors le roi Sigurd dit : "- Nombreux sont les changements qui peuvent survenir au cours d'une vie d'homme. Il y avait deux choses qui m'étaient plus chères que tout lorsque je suis revenu de l'étranger, et il s'agissait de ce livre et de la reine. Et maintenant je pense que l'une est pire et plus détestable que l'autre, et que je n'ai rien possédé que je déteste plus. La reine ne sait pas elle-même à quel point elle est hideuse, car une corne de chèvre lui sort de la tête, et autant je l'ai aimée auparavant, autant je la déteste à présent. " La-dessus, il jeta le livre dans le feu qui brûlait sur le sol de la halle, et donna à la reine un coup du poing entre les yeux. La reine pleura, plus du fait de la maladie du roi que du coup reçu ou de l'affront dont elle avait souffert.

    Alors un homme se leva devant le roi. Son nom était Ottar Birting, et il était l'un des porteurs de torches, quoique fils de bondi, et de service en ce jour. Il était de petite taille, mais d'apparence agréable, vif, brave, et plein de fantaisie, de cheveux noirs et de peau sombre. Il courut et arracha le livre aux flammes dans lesquelles le roi l'avait jeté, le lui présenta, et dit :

    " - Les temps étaient différents, Sire, lorsque vous revîntes en grand apparat et splendeur en Norvège, et avec grande réputation et honneur. Car alors tous vos amis se réjouirent de venir à votre rencontre, et furent heureux de votre retour. Tous comme un seul homme vous voulaient pour roi, et vous tenaient en les plus hauts estime et honneur. Mais maintenant, des jours de peine sont sur nous. Car pour cette sainte fête, nombre de vos amis sont venus à vous, et ne peuvent se réjouir du fait de votre mélancolie et votre mauvaise santé. On désire tant que vous soyez joyeux avec eux. Et pour se faire, roi, acceptez ce conseil salvateur, commencez d'abord par faire la paix avec la reine, et rendez heureuse celle que vous avez si grandement offensée, avec des mots amicaux. Et puis avec tous vos chefs, amis et serviteurs. C'est mon conseil ".

    Alors le roi Sigurd dit : "- Oses-tu me donner un conseil, toi gros empoté de fils de paysan !" Et il se leva, tira son épée, et la balança de ses deux mains comme s'il allait le couper en deux.

    Mais Ottar resta tranquille et debout. Il ne se retira pas de l'endroit, ni ne donna le plus petit signe de peur, et le roi fit tourner la lame de l'épée qu'il avait brandie au-dessus de la tête d'Ottar, et lui en toucha doucement l'épaule. Puis il se rassit en silence sur son haut-siège.

    Tous ceux qui se trouvaient dans la halle gardaient le silence, car personne n'osait prononcer une parole. Alors le roi regarda autour de lui, plus radouci qu'auparavant, et dit : "- Il est difficile de savoir comment sont faits les gens. Ici sont assis mes amis, et mes lendermen, barons et porteurs de boucliers, et tous les meilleurs hommes du pays. Mais aucun ne se dressa aussi bien contre moi que ne le fit cet homme, qui vous semble de peu de valeur comparé à n'importe lequel d'entre vous, bien qu'il m'aime apparemment plus. Je vins ici en homme fou, et aurais détruit mon bien précieux. Mais il a contrecarré mon projet, et n'a pas eu peur de recevoir la mort pour cela. Puis il a fait un discours honorable, ordonnant ses mots de façon qu'ils soient honorables pour moi, n'ajoutant rien qui puisse augmenter ma vexation, et en évitant même, à la vérité, ce qui aurait pu être dit. Si excellent fut son discours qu'aucun homme ici présent, aussi grande que soit son intelligence, n'aurait pu en tenir un meilleur. Alors je me levais dans une rage feinte, et simulais que j'allais le couper en deux. Mais il fut courageux comme s'il n'avait rien à craindre, et voyant cela, j'abandonnai mon projet, car il était après tout innocent. Maintenant, vous devez savoir, mes amis, comment je compte le récompenser : auparavant, il était mon porte-torche, et sera à présent mon lenderman. Et ce qui suivra sera plus, à savoir qu'il devra être le plus distingué de mes lendermen. Avance donc et assieds-toi parmi mes lendermen, et ne sois pas plus longtemps un serviteur."

    Ottar devint un des hommes les plus célébrés en Norvège, pour de nombreux actes valables et bons.

     

    31- Du rêve du roi Sigurd

     

    Dans les derniers jours du roi Sigurd, il se trouvait à un divertissement dans une de ses fermes. Et au matin, lorsqu'on l'habilla, il resta immobile et silencieux, de sorte que ses amis craignirent qu'il ne soit pas capable de se gouverner lui-même. Alors le régisseur de la ferme, qui était un homme courageux et de bon sens, entreprit de lui faire la conversation, et lui demanda s'il avait entendu des nouvelles d'importance telle qu'elles perturbaient sa jovialité. Ou s'il se passait quoi que ce fut d'autre auquel le peuple pourrait remédier.

    Le roi Sigurd dit que rien de ce qu'il avait mentionné n'en était la cause. "- Mais c'est parce que je pensais au rêve que j'ai fait dans la nuit."

    "- Sire, répondit-il, pourvu que ce soit un heureux rêve ! Je l'entendrais volontiers."

    Le roi : " - Je me croyais dans Jadar, et je regardais vers la mer. Et je vis quelque chose de très noir se déplaçant seul. Et lorsqu'il s'approcha, il apparut que c'était un grand arbre, dont les branches s'étendaient loin au-dessus de l'eau, et dont les racines plongeaient profondément dans la mer. Et lorsque l'arbre arriva sur le rivage, il se brisa en morceaux, et couvrit toute terre, à la fois le continent et les îles du large, les rochers et les grèves. Et il me sembla voir toute la Norvège le long de la côte, et des parties de cet arbre, certaines petites et certaines grandes, amenées dans chaque baie. "

    Alors le bailli dit : "- Il me semble que vous seriez vous-même le meilleur interprète de ce rêve. Et j'en écouterais volontiers votre interprétation. "

    Alors le roi dit : "- Ce rêve me semble parler de l'arrivée en ce pays d'un homme qui fixera son siège ici, et dont la postérité se répandra sur tout le pays. Mais avec une inégale puissance, comme le montre le rêve."

     

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