• Heimskringla : Saga des fils d'Eirik I

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    Heimskringla : l'Orbe du Monde 

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    Ou saga des fils d'Eirik.

     

    1- Le gouvernement des fils d'Eirik

    Lorsque le roi Hakon fut tué, les fils d'Eirik accédèrent à la souveraineté sur le royaume de Norvège. Harald qui était le plus âgé des fils restant en vie, fut placé au-dessus d'eux par le rang. Leur mère, Gunhild, qui fut nommée la mère des rois, se mêla beaucoup des affaires du pays. Il y avait nombre de chefs sur les domaines à cette époque : Trygve Olafson dans l'est, Gudrod Bjornson en Vestfold, Sigurd jarl de Hlader sur les terres de Throndhjem. Mais les fils de Gunhidd tinrent le milieu du pays dès le premier hiver. Des messages et des ambassadeurs furent échangés entre les fils de Gunhild et Trygve et Gudrod, et il fut établi par contrat qu'ils obtiendraient des fils de Gunhild les mêmes domaines qu'ils avaient auparavant gouvernés sous le règne du roi Hakon. Un homme nommé Glum Geirason, qui était le scalde du roi Harald, et un homme très courageux, écrivit cette chanson sur la mort du roi Hakon :

    "Harald a obtenu vengeance pour Gamle !

    Fameux est ton exploit, à toi vaillant champion !

    La rumeur de ton acte est parvenue à moi

    Au-delà de la mer dans les pays lointains,

    J'ai su comment Harald a donné aux corbeaux

    D'Odin pour leur repas le sang du roi Hakon."

     

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    Cette chanson fut très appréciée. Lorsque Eyvind Finson l'entendit, il composa celle qui a été citée plus haut, à savoir :

    "Notre indomptable roi, avec le sang de Gamle

    Abreuva encore et encore son épée... "

    Cette chanson aussi eut fut très prisée, et fut largement répandue à l'étranger. Et lorsque le roi Harald vint à l'entendre, il porta une accusation contre Eyvind, mettant sa vie en jeu, mais ses amis mirent fin à la querelle, à la condition qu'Eyvind fut à l'avenir le scalde d'Harald comme il avait été auparavant celui de Hakon. Il y avait aussi quelque parenté entre eux, parce que Gunhild, la mère d'Eyvind, était une fille du jarl Halfdan, et que sa mère était Ingibjorg, la fille d'Harald Harfager. Après cela, Eyvind fit une chanson sur le roi Harald :

    "Gardien de la Norvège, nous savons fort bien

    Que ton cœur ne trembla pas lorsque depuis l'arc

    La grêle des flèches perforantes sonna

    Sur les boucliers et cuirasses et que le bruit

    Des épées retentit dans l'épaisse mêlée

    Du combat, pareil à la glace qui éclate.

    Parce qu'Harald, le loup sauvage des forêts,

    Doit avoir son content de sang de l'ennemi."

     

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    Les fils de Gunhild résidaient principalement dans la partie centrale du pays, car ils ne pensaient pas qu'ils seraient en sécurité parmi les gens de Throndhjem ni de Viken, où vivaient les meilleurs amis du roi Hakon. Dans ces deux endroits se trouvaient également nombre d'hommes puissants. Des accords furent ensuite passés entre les fils de Gunhild et le jarl Sigurd, stipulant qu'ils ne recevraient aucune taxe de la contrée de Throndhjem, agrément confirmé par les deux parties et par serment.

    Le jarl Sigurd eut donc le même pouvoir sur le district de Throndhjem que par le passé, à l'époque du roi Hakon, et tous se considérèrent ainsi en paix. Tous les fils de Gunhild avaient la réputation d'être avares, et on raconta qu'ils avaient caché leur argent dans le sol. Eyvind Skaldaspiller écrivit une chanson à ce sujet :

    " Maître-mât de la bataille ! Harald le vaillant !

    Dans les jours d'Hakon, le scalde portait de l'or

    Au siège du faucon. Il portait la semence

    Que sema Hrolf Kraki, le jaune minerai

    Ensemencé par lui alors qu'il s'enfuyait

    Afin de ralentir le rancunier Adils,

    Et la moisson de l'or crût à travers la plaine.

    Mais en vain si enjouées les filles de Frodi

    Moulurent le repas de l'or, tandis que ceux

    Qui règnent en ennemis au royaume de Norvège,

    L'ont cachée dans le sein maternel de la terre,

    La richesse qu'Hakon, d'une main généreuse,

    Distribuait partout largement : le soleil

    Flamboyait dans les jours de ce grand souverain,

    Brillait au bandeau d'or sur le front de Fulla,

    Sur les anneaux d'or aux mains qui bandaient les arcs,

    Et aux mains des scaldes. Mais les rais lumineux

    De l'or étincelant, rutilant tel l'écume

    Des flots ensoleillés, nul ne les chante plus.

    Enterrés sont les chaînes d'or et les anneaux."

    Et lorsque le roi Harald entendit cette chanson, il envoya un message à Eyvind pour qu'il vienne le rejoindre, et lorsqu'Eyvind vint, il l'accusa de lui être infidèle. "Et ce sera mauvais pour toi, dit le roi, d'être mon ennemi, puisque tu es entré à mon service."

    Eyvind écrivit alors ces vers :

    "Je n'ai eu qu'un seigneur avant toi, roi Harald,

    Un seigneur bien-aimé ! Maintenant je suis vieux,

    Et ne désire pas en changer à nouveau,

    Car à ce bon seigneur, à travers lutte et peine,

    Je suis resté loyal. Fidèle au roi Hakon,

    A mon bon souverain, et à lui seulement.

    Maintenant je suis vieux, j'ai mûri vainement,

    Mes mains se sont vidées, la richesse est enfuie.

    Je suis comme un sapin qui prend trop peu d'espace

    Pour dans ta halle et dans ta cour prendre une place."

    Mais le roi Harald obligea Eyvind à se soumettre à sa clémence. Eyvind possédait un gros anneau d'or, nommé Molde, qui avait été déterré du sol depuis longtemps. Le roi déclara qu'il prendrait cet anneau pour dédommagement de l'offense subie. Et il n'y avait aucun moyen d'y échapper.

    Alors Eyvind chanta :

    "Je m'en vais à travers l'océan écumeux

    Patiner vivement vers ma maison d'Islande

    Sur les patins de l'océan, vite emmené

    Par les vents levés par la sorcière du feu.

    Parce que de la main qui porte le faucon,

    Harald a arraché le reptile doré 

    Que mon père portait. Il a pu sans la loi

    S'emparer de ce qui est à moi par le droit."

    Eyvind retourna chez lui, et on ne dit pas qu'il revint jamais auprès du roi.

     

    2- La chrétienté des fils de Gunhild. 

    Les fils de Gunhild s'étaient convertis au christianisme en Angleterre, ainsi qu'il est raconté précédemment. Mais lorsqu'ils accédèrent à la souveraineté sur la Norvège, ils ne firent aucun effort pour répandre le christianisme. Ils mirent simplement à bas les temples des idoles, et interdirent les sacrifices où ils en avaient le pouvoir, et s'attirèrent une grande animosité en agissant ainsi. Les bonnes récoltes du pays furent bientôt gaspillées à leur époque, car il y avait de nombreux rois, et que chacun entretenait sa cour. Ils avaient donc beaucoup de frais, et étaient très voraces. De plus, ils n'observèrent que les lois du roi Hakon qui leur convenaient.

    Ils étaient tous, cependant, remarquablement séduisants, robustes, forts, et experts dans tous les exercices. Ainsi en parla Glum Geirason, dans les vers qu'il composa au sujet d'Harald, fils de Gunhild :

    "La terreur des ennemis, le vaillant Harald,

    S'était acquis suffisamment d'or flavescent.

    Il avait assez de dents du cheval d'Heimdall1

    Et pratiquait au moins une douzaine d'arts."

    Les frères partaient quelquefois en expédition ensemble, et parfois chacun pour son propre compte. Ils étaient féroces, mais courageux et énergiques, et de grands guerriers, bénéficiant d'une grande réussite.

     

    3- Conseils entre Gunhild et ses fils 

    Gunhild mère des rois, et ses fils, se rencontraient souvent, et discutaient ensemble du gouvernement du pays. Un jour, Gunhild demanda à ses fils ce qu'ils comptaient faire de leur royaume de Throndhjem.

    "- Vous avez le titre de roi, comme vos aïeux avant vous. Mais vous possédez peu de terres ou de gens, et il y en a beaucoup à partager. Dans l'est, à Viken, il y a Gudrod et Trygve. Et ils ont quelques droits, par leur parentèle, à leur souveraineté. Il y a aussi le jarl Sigurd qui dirige tout le pays de Throndhjem. Et je ne vois aucune raison de laisser un si grand royaume gouverné par un jarl, et non par vous. Il m'apparaît extraordinaire que vous partiez tous les étés en expéditions vikings dans d'autres royaumes, et autorisiez un jarl dans ce pays à vous prendre votre héritage paternel. Votre grand-père, dont tu portes le nom, Harald, pensait que c'était bien peu de choses que de prendre la vie d'un jarl et sa terre, lorsqu'il se soumit toute la Norvège, et la conserva jusqu'à un âge avancé."

    Harald répondit :

    "- Ce n'est pas si simple, Mère, de tuer le jarl Sigurd que d'abattre un enfant ou un veau. Le jarl Sigurd est de haute naissance, dispose de puissantes relations, est populaire, et prudent. Et je pense que si le peuple de Throndhjem suspectait une inimitié entre nous, il prendrait tout entier son parti, et nous ne pouvons en attendre que du mal. Je ne pense pas qu'il serait bon que l'un d'entre nous, frères, tombe entre les mains du peuple de Throndhjem."

    Alors Gunhild dit :

    "- Nous devons alors œuvrer par une autre voie, et ne pas nous mettre nous-mêmes en avant. Harald et Erling devraient se rendre pour les moissons dans le nord de More, et je vous y rencontrerai, et nous nous réunirons à nouveau en conseil pour déterminer ce qui doit être fait. "

    Et ainsi fut fait.

     

    1 Le cheval d'Heimdall, Gulltop, était doré et avait des dents en or.

    Illustrations de Gerhard Munthe.

     

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