• Heimskringla : Saga des fils de Magnus III de Norvège I

    Heimskringla, snorri sturluson, magnussonnenes saga

     Heimskringla, snorri sturluson, magnussonnenes saga 

     

    Edvard Grieg. Sigurd Jorsalfar, Marche.

      

    Heimskringla, snorri sturluson, magnussonnenes saga, sigurd jorsalfar

    Saga de Sigurd le Croisé Jorsalfar et de ses frères Eystein et Olaf

     

     

    1- Le début du règne des fils du roi Magnus

    Après la mort du roi Magnus aux pieds nus, ses fils, Eystein, Sigurd et Olaf, reprirent le royaume de Norvège. Eystein eut le nord, et Sigurd le sud. Olaf était alors âgé de quatre ou cinq ans, et la tierce partie du pays qui lui revenait était gouvernée par ses deux frères. Le roi Sigurd fut choisi comme roi alors qu'il avait treize ou quatorze ans, et Eystein comptait une année de plus.

    Le roi Sigurd laissa l'ouest de la mer à la fille du roi d'Irlande. Lorsque les fils du roi Magnus furent choisis comme rois, les hommes qui avaient suivi Skopte Ogmundson rentrèrent chez eux. Certains s'étaient rendus à Jérusalem, d'autres à Constantinople. Et là-bas, ils s'étaient eux-mêmes bâti une renommée, et avaient des nouvelles de toutes sortes à raconter. Et du fait de ces récits extraordinaires, nombre d'hommes en Norvège furent incités à de telles expéditions. Il fut également rapporté que les hommes du nord qui s'engageaient au service militaire à Constantinople trouvaient bien des opportunités de s'acquérir des propriétés. Alors ces hommes du nord demandèrent avec insistance que l'un des deux rois, soit Eystein, soit Sigurd, les accompagne en tant que commandant dans l'expédition qui se préparait. Les rois en furent d'accord, et en portèrent l'équipement sur leurs frais communs. Beaucoup de grands hommes, à la fois des lendermen et des boendr, prirent part à cette entreprise. Et lorsque tout fut prêt pour le voyage, il fut déterminé que celui qui irait serait Sigurd, et qu'Eystein dans l'intervalle gouvernerait le royaume pour leur compte à tous deux.

     

    2- Les jarls d'Orkney

    Un ou deux ans après la chute du roi Magnus Berrfoetr, Hakon, un fils du jarl Paul, vint d'Orkney. Les rois lui confièrent pouvoir et gouvernement sur les îles Orkneys, de la même façon que les jarls avant lui, son père Paul ou son oncle Erland, en avaient disposé. Et le jarl Hakon fit voile immédiatement vers les Orkneys.

     

    3- Le voyage du roi Sigurd hors du pays.

    Quatre ans après la mort du roi Magnus (1107), le roi Sigurd navigua hors de Norvège avec ses gens. Il avait soixante vaisseaux. Ainsi en parla Thorarin Stutfeld :

    "Un jeune roi aimable et juste,

    Et des hommes à l'esprit loyal :

    - Ces preux furent bientôt d'accord -

    Naviguèrent au loin avec joie.

    Vers la lointaine Terre Sainte,

    Une troupe pieuse et vaillante,

    Pleine de joie et magnifique,

    Glissait sur soixante navires."

    Le roi Sigurd fit voile en automne, vers l'Angleterre, où Henry, fils de Guillaume le Bâtard, était alors roi, et Sigurd passa l'hiver avec lui.

    Ainsi en parla Einar Skulason :

    "Le souverain est sur les vagues !

    Vaillant il brave la tempête.

    Son destrier des océans,

    A la vélocité ailée,

    Il le fait bondir de l'écume,

    Et le presse vers l'Angleterre.

    Et là il passera l'hiver.

    Nul roi plus courageux

    Ne foula ces rivages."

     

    4- Du voyage du roi Sigurd

    Au printemps, le roi Sigurd et sa flotte firent voile vers l'ouest et le Valland (1108), et arriva en Galice en automne, où il résida le deuxième hiver (1109).

    Ainsi en parla Einar Skulason :

    "Notre roi, aux terres si vastes

    Qu'elles n'ont nul royaume voisin,

    Passa la mauvaise saison

    Dans le saint pays de Jacob,

    Y restant pour des œuvres pieuses.

    J'ai ouï dire du jeune prince

    Qu'il avait occis un des jarls

    Ayant triché avec le vrai.

    Notre brave roi n'admet pas

    Les interventions du Malin.

    Avec lui les faucons apaiseront leur faim."

    Il s'était produit ceci : le jarl qui gouvernait le pays avait conclu un accord avec le roi Sigurd, stipulant qu'il fournirait au roi Sigurd et à ses hommes un lieu de marché où ils pourraient acquérir des vitailles pendant tout l'hiver. Mais il ne respecta sa parole pas plus longtemps qu'après Jol. Il devint par la suite plus difficile d'obtenir de la nourriture et le nécessaire, car le pays était pauvre et stérile. Alors le roi Sigurd, avec une bonne troupe d'hommes, marcha contre un château qui appartenait au comte. Et le comte s'enfuit, car il ne disposait que de peu de monde. Le roi Sigurd se procura là de grandes quantités de victuailles et d'autres butins, qu'il chargea à bord de ses navires, et se prépara à progresser vers l'ouest et l'Espagne. Et il arriva, alors qu'il croisait au large de l'Espagne, qu'il rencontrât quelques vikings naviguant en quête de pillages avec une flotte de galères, et le roi Sigurd les attaqua. Ce fut la première bataille que le roi Sigurd livra à des païens. Il remporta la victoire et s'acquit huit galères.

    Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "Les courageux vikings, qui n'hésitaient jamais

    A se rendre au combat et mortelle mêlée,

    Rencontrèrent par hasard le roi de Norvège

    Et firent avancer vers lui leurs galères.

    Les courageux vikings perdirent nombre d'hommes,

    Et huit galères aussi, leur fret et équipage".

    Après quoi le roi Sigurd vogua contre une place forte nommée Sintre et livra une autre bataille. Ce château était en Espagne, et était occupé par de nombreux païens, lesquels pillaient les chrétiens à partir de là. Le roi Sigurd s'empara du château, et tua tous ceux qui s'y trouvaient, car ils refusaient d'être baptisés. Et il accumula ainsi un immense butin.

    Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "J'ai appris bien des nouvelles venant d'Espagne

    De ce qu'il advint de notre généreux roi.

    Il mit tout d'abord en déroute les vikings

    Puis occit les païens au château de Cintra.

    Il traita ces hommes comme ennemis de Dieu,

    Qui avaient osé s'opposer à la vraie foi.

    Il n'en épargna aucun qui se refusât

    A la foi chrétienne pour la gloire de Christ."

     

    5- Lisbonne est prise

    Après quoi le roi Sigurd navigua avec sa flotte vers Lisbonne, qui est une grande cité en Espagne, mi-chrétienne mi-païenne. Car à cet endroit se trouve la frontière entre Espagne chrétienne et Espagne païenne, et tous les districts qui se trouvent à l'ouest de la ville sont occupés par les païens. Là, le roi Sigurd combattit les païens par trois fois, et remporta la victoire, et avec elle, un grand butin. Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "Le descendant des rois sur les champs de Lisbonne

    Gagna une troisième et sanglante bataille.

    Lui et ses Norvégiens accostèrent vaillants,

    Tirant leurs robustes navires sur la grève."

     Puis le roi Sigurd fit voile le long des côtes occidentales et païennes de l'Espagne, et parvint à une ville nommée Alkasse, où il engagea sa quatrième bataille contre les païens, et il prit la ville, et tua tant de monde qu'elle en fut à demi vidée. Ils amassèrent aussi un immense butin. Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "On me parla d'une quatrième bataille,

    Que livrèrent notre roi du Nord et ses troupes,

    A Alkasse. Et à cet endroit à nouveau

    La victoire échut à nos braves Norvégiens."

    Et avec ces vers :

    "J'ai ouï dire qu'alors il passa dans la ville,

    Et que retentirent dans les halles désertes

    Les sauvages plaintes des veuves des païens.

    Car tous les hommes fuyaient ou trouvaient la mort."

     

    6- Bataille sur l'île de Formentera

     Ensuite, le roi Sigurd poursuivit son voyage et arriva à Norfasund. Et dans le détroit, il rencontra une large force viking, à laquelle le roi livra bataille. Et ce fut son cinquième engagement contre les païens depuis qu'il avait quitté la Norvège. Il remporta la victoire à nouveau. Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "Tu inondas ton épée sèche avec du sang,

    Tandis que tu passais à travers Norfasund.

    Les corneilles hurlantes eurent droit au festin,

    Tandis que tu faisais voile vers l'orient".

    Le roi Sigurd navigua alors vers l'est le long des côtes du Serkland, et arriva à une île nommée Formentera. Là se trouvaient nombre de mores païens ayant établi leurs logis dans une caverne, et qui avaient construit devant sa bouche un solide mur de pierres. Ils harcelaient le pays tout autour, et ramenaient leur butin à la grotte.
    Sigurd atterrit sur cette île, et se rendit à la caverne. Mais elle se trouvait dans un précipice, et un haut chemin tortueux menait au rempart de pierre, et le précipice donnait par dessus. Les païens défendirent le mur de roc, sans être effrayés par les armes des norvégiens. Car ils pouvaient leur lancer des cailloux, ou frapper les hommes du nord sous leurs pieds, tandis que les norvégiens, dans les mêmes circonstances, ne pouvaient oser monter. Les païens prirent leurs vêtements et autres biens de valeur, les étalèrent devant les hommes du nord, crièrent et les défièrent, et les traitèrent de couards. Alors Sigurd mit un plan au point. Il fit monter deux bateaux des navires, nommés barques, en haut du précipice, juste au-dessus de l'entrée de la grotte, et fit attacher de solides cordages autour de la proue, de la poupe et de la coque de chacun. Dans ces barques prirent place autant d'hommes qu'il se put, et les bateaus furent descendus avec les cordes en face de la bouche de la caverne. Et les hommes dans les barques tirèrent vers la caverne avec des pierres et autres missiles, et les païens furent ainsi écartés de la muraille de pierre. Alors Sigurd et ses troupes escaladèrent le précipice jusqu'au pied du mur de pierre, qu'ils parvinrent à écrouler, et purent ainsi pénétrer dans la grotte. Alors les barbares s'enfuirent derrière le rempart qui avait été érigé en travers de la caverne. Alors le roi ordonna que de grands arbres soient amenés à la caverne, en fit faire un grand tas à l'entrée, et y fit mettre le feu. Lorsque le feu et la fumée se furent bien développés, quelques-uns des païens moururent, et d'autres s'enfuirent. Certains tombèrent aux mains des Norvégiens, une partie d'entre eux fut tuée, l'autre brûlée. Et les hommes du nord s'emparèrent du plus gros butin qu'ils trouvèrent au cours de toutes leurs expéditions.

    Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "Formentera se retrouva

    Sur le chemin du victorieux.

    Les mâts de ses bateaux volaient

    Vers une éclatante victoire.

    Là-bas les hommes bleus

    Durent endurer le feu,

    Et l'acier norvégien

    Que sentirent leurs cœurs."

    Et aussi :

    "C'était un exploit de renom,

    Cette chaloupe descendue

    Avec un équipage brave,

    Devant l'entrée de la caverne.

    Et pendant que les rocs roulaient,

    Et que les compagnons grimpaient,

    Les hommes du nord avancèrent

    Et les hommes bleus furent occis."

    De même, Thorarin Stutfeld dit :

    "Les hommes du roi le long du flanc des montagnes

    Tractèrent deux bateaux des vagues de la mer,

    Deux bateaux qui semblaient des loups gris des collines.

    Maintenant ils balancent au-dessus des rochers,

    Emplis d'hommes, à de longues cordes attachés,

    Pour apporter la mort aux brigands païens bleus.

    Ils pendent à l'entrée de l'abri des voleurs."

     

    7- Des batailles d'Ibiza et de Minorque

    Après quoi le roi Sigurd poursuivit son expédition et parvint à une île nommée Ibiza, où il livra sa septième bataille et remporta la victoire.

    Ainsi en parla Haldor Skvaldre :

    "Il chevaucha ses vaisseaux jusqu'à Ibiza,

    Le roi, dont la renommée se répand fort loin.

    Et il entendit les porteurs de boucliers

    Exercer leurs armes à nouveau dans la mêlée."

    Par la suite, le roi Sigurd arriva à une île nommée Manork (Minorque), et y livra sa huitième bataille contre les païens, qu'il gagna. Selon Haldor Skvaldre :

    "Sur les plaines de la verte Minorque,

    Il remporta sa huitième bataille.

    Encore une fois l'ennemi païen

    Tomba sous la fureur du roi du Nord."

     

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    Illustrations : G. Munthe
    Encadrements de Bouloute Créations

     

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