• Heimskringla : Saga de Magnus le Bon VIII

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus den gode

    33- L'incendie de Fyen

    Dès que le roi Magnus eut entendu dire que Svein et ses troupes étaient partis à travers Fyen, il navigua à leur poursuite. Et lorsque Svein eut vent de ces nouvelles, il regagna ses navires et fit voile vers la Scanie, et de là en direction du Gautland, et enfin, arriva chez le roi de Suède. Le roi Magnus toucha terre à Fyen, et pilla et brûla les alentours. Et tous les hommes de Svein qui s'étaient réfugiés là s'enfuirent plus loin. Thjodolf en parla ainsi :

    "L'île de Fiona, autrefois douce et verte,

    Est maintenant noircie et l'air nauséabond ;

    Les brumes rouges montent épaisses et brûlantes,

    Des fermes incendiées couvertes de fumées.

    Les serfs regardent, les yeux fixes de terreur,

    Dans le haut et vaste embrasement qui tournoie

    Depuis les toits de chaume et les cloisons de chêne,

    Les superbes halles de leurs maîtres tombés.

     

    Ma fille, n'oublie pas que les hommes de Svein

    Qui trois fois ont croisé les guerriers de Norvège,

    Sur mer, sur terre, par l'acier et par le feu,

    Ont trois fois ressenti l'ire du roi du Nord.

    Les filles de Fiona sont blondes et gracieuses,

    Et nous partagerons, garçons, ce joli prix :

    Que certains se tiennent en armes en rang et aux rames,

    Et que les autres réussissent avec le feu."

     

    Après quoi le peuple de Danemark se soumit au roi Magnus, et ce fut la paix pour le reste de l'hiver. Le roi Magnus désigna alors certains de ses hommes pour gouverner le Danemark ; et lorsque le printemps s'avança, il navigua vers le nord en direction de la Norvège, où il resta la majeure partie de l'été.

     

    34- Bataille à Helganes

    Lorsque Svein entendit dire que le roi Magnus avait regagné la Norvège, il reprit sa chevauchée et emmena pas mal de gens du Svithjod avec lui. Le peuple de Scanie le reçut bien, et il rassembla à nouveau une armée, avec laquelle il traversa le Seeland, s'en empara, ainsi que de Fiona et de toutes les autres îles. Lorsque le roi Magnus le sut, il réunit les hommes et les navires, et vogua vers le Danemark. Dès qu'il sut où Svein se tenait avec ses bateaux, le roi Magnus s'y dirigea pour l'attaquer. Ils se rencontrèrent à l'endroit nommé Helganes, et la bataille s'engagea à la fin du jour. Le roi Magnus avait moins d'hommes, mais des navires plus grands et mieux équipés.

    Ainsi en parla Arnor, le scalde du Jarl.

    "A Helganes, ainsi qu'il se l'est raconté,

    Le courageux pourvoyeur du loup, sous les voiles,

    Fit sa proie de plus d'un élan des océans,

    Prit nombre de bateaux avant la fin du jour.

    Comme la nuit tombait, il pressa la bataille,

    Rapprochant le combat, corps à corps pour la nuit ;

    Au long de la moisson des sombres heures nocturnes

    S'abattit un déluge d'acier de bataille."

     

    Le combat fut très âpre, et comme la nuit s'avançait, le nombre des tués était déjà grand. Le roi Magnus, toute la nuit, jeta des lances.
    Thjodolf le narre ainsi :

    "Et là à Helganes, sombrèrent par dessus-bord,

    Grièvement blessés, des hommes de renom ;

    Et les tenants de Svein y perdirent leur cœur,

    En s'enfuyant devant l'envolée des carreaux.

    Le roi des Norvégiens laissa voler ses lances,

    Ajoutant des blessures mortelles à leurs peurs ;

    Car chaque lame de javeline se trempait

    Jusqu'à la hampe dans les caillots de leur vie."

     

    Pour résumer l'histoire, le roi Magnus remporta la victoire dans cette bataille, et Svein s'enfuit. Son navire fut vidé de ses hommes de la poupe à la proue ; et il en alla de même sur le pont de plusieurs autres de ses vaisseaux.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "Et le jarl Svein s'enfuit de son pont déserté,

    Navire sans pilote, épave solitaire ;

    Magnus le Bon, ami du peuple, exhorta

    Ses combattants à occire le traître Svein.

    Hneiter, l'épée d'acier qu'avait portée son père,

    De la pointe à la garde était tachée de sang ;

    Les épées éclaboussent les claires armures,

    Quand les rois pour la terre et le pouvoir combattent."

     

    Et Arnor dit :

    "Les navires du propre frère de Bjorn

    Passèrent bientôt d'un propriétaire à l'autre ;

    Le roi les prit et tout leur attirail ;

    Les équipages, pourtant, furent abattus."

     

    Un grand nombre d'hommes de Svein tombèrent, et le roi Magnus et ses guerriers eurent un riche butin à se partager. Ainsi en parla Thjodolf :

    "Lorsque les Norvégiens occirent les Danois

    Un bouclier gaut et un vrai haubert de plaque

    M'échurent comme part par le tirage au sort ;

    Et j'obtins dans le sud quelques objets de plus

    (Là les épées tintèrent pendant tout l'été)

    De belles armes, un heaume et du bon matériel,

    Que j'envoyai chez moi à mon tranquille amour,

    Avec la nouvelle que nous avions gagné."

     

    Svein s'enfuit à nouveau en Scanie avec les hommes qui s'étaient échappés avec lui. Et le roi Magnus et ses troupes pourchassèrent les fugitifs à travers le pays sans rencontrer aucune opposition, ni de la part des fidèles de Svein, ni de la part des boendr.

    Ainsi chanta Thjodolf :

    "Le brave fils d'Olaf donna alors des ordres,

    Tous ses équipages devaient vite atterrir :

    Le roi Magnus le Bon, en marchant à leur tête,

    Conduisit une noble bande de guerriers.

    Il fit une incursion à travers le pays ;

    Le Danemark trembla dans toutes ses parties,

    Les chevaux galopèrent par monts et par vaux,

    Eloignant les Danois de la puissance norse."

     

    Le roi Magnus passa à nouveau sur le pays avec l'épée et le feu. Ainsi en parla Thjodolf :

    "Les Norvégiens passaient alors, tempêtueux,

    Une foule nombreuse suivant sa bannière :

    L'oriflamme royal de Magnus flottait haut,

    Une étoile pour guide de notre périple.

    Jusqu'à Lund, par les champs paisibles de Scanie,

    Mon épaule porta mon inutile targe ;

    Je n'ai jamais foulé, ami ou ennemi,

    De terre plus fertile ou de route meilleure."

     

    Ils commencèrent à brûler les maisons alentours, et les gens fuirent en tous sens.

    Ainsi en parla Thjodolf :

    "Nous portâmes notre acier froid comme la glace,

    Nos armes en grand apparat auprès du roi :

    Les brigands de Scanie s'enfuirent à la vue

    Du fer et des hommes, tous vrais et acérés.

    Leurs demeures de bois flambèrent haut dans le ciel,

    Les lueurs rougeoyantes en couvrant la moitié.

    La cité ardente jeta loin sa lumière,

    Illuminant les couards au cours de leur retraite."

     

    Et il chanta également :

    "Le roi parcourut toutes les terres danoises,

    Avec son cortège de bouteurs d'incendie :

    Les demeures, les huttes les fermes, les villes,

    Toutes les maisons des hommes furent brûlées.

    Par les plaines danoises et les champs de blé,

    Par prés et marais furent vus nos boucliers :

    Et par-dessus tout victorieux, nous pourchassions

    Les gens blessés de Svein partout où ils étaient. 

     

    De même par les marécages de Fiona,

    Et les chemins bien piétinés par nos guerriers,

    Nous marchâmes à nouveau, jusqu'à ce que tout près,

    Dans la brume de l'aube l'ennemi se montre.

    Alors nos nombreux oriflammes flamboyèrent

    Dans l'air glacial du crépuscule du matin ;

    Et ceux qui avançaient aux ordres de Magnus

    Ne purent refuser cette brève bataille ".

     

    Alors Svein prit la fuite et longea la Scanie, et le roi Magnus retourna à ses navires, et barra vers l'est également le long des rivages de Scanie, s'étant préparé à se hâter à naviguer.

    Thjodolf chanta ceci à ce propos :

    "A bord de nos navires nous n'avions

    Nulle boisson mais l'océan salé,

    Tandis que, suivant notre souverain,

    A bord de nos navires nous sautâmes.

    Au large de la Scanie, nous avions

    Un dur labeur, sur l'océan salé ;

    Mais c'est pour le roi que nous œuvrions,

    Afin d'abattre tous ses ennemis."

     

    Svein s'enfuit au Gautland, et trouva refuge auprès du roi de Suède, avec lequel il resta tout l'hiver (1046), et chez qui il fut traité avec grand respect.

     

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    La fuite de Svein. L. Rousseau

     

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