• Heimskringla : Saga de Magnus Erlingsson I

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus erlingsson

     Heimskringla, snorri sturluson, magnus erlingsson

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus erlingsson

    Magnus V de Norvège

     

    1- Des débuts de Magnus Erlingsson

    Lorsqu'Erling eut une certaine connaissance des projets d'Hakon et de ses conseillers, il envoya un message à tous les chefs dont il savait qu'ils avaient été des amis constants du roi Inge, de même qu'à ses courtisans et à sa suite, qui avaient sauvé leur vie en fuyant, ainsi qu'aux hommes de Gregorius, et les convoqua tous pour une réunion. Quand ils se rencontrèrent, et discutèrent ensemble, ils résolurent de garder leurs hommes rassemblés, et confirmèrent cette décision par serment et serrements de mains les uns avec les autres. Puis ils examinèrent qui ils devaient choisir comme roi. Erling Skakke1 parla le premier, et demanda si c'était l'avis des chefs et des autres hommes de pouvoir que le fils de Simon Skalp, le fils de la fille du roi Harald Gille, soit choisi pour roi, et Jon Halkelson pris comme commandant de l'armée, mais Jon refusa. Alors il fut demandé si Nikolas Skialdvarson, un fils de la sœur de Magnus Berrfoetr, pouvait prendre le commandement des troupes, mais il répondit ainsi : qu'à son avis, seule une personne de sang royal pouvait être choisi comme roi, et comme chef de l'armée, quelqu'un dont l'aide et l'intelligence soient connues et recherchées : car alors, il serait plus facile de lever des troupes. On essaya ensuite de savoir dans quelle mesure Arne pourrait laisser l'un de ses fils, les frères du roi Inge, être proclamé roi. Arne répondit que le fils de Kristin, qui était la fille du roi Sigurd le Croisé, était le parent le plus proche, par le sang, de la descendance du trône de Norvège. "- Et il y a aussi un homme qui pourrait être son conseiller, et dont le travail serait de veiller sur lui et sur le royaume. Et cet homme est son père, Erling, qui est à la fois prudent, courageux, plein d'expérience de la guerre, et capable de gouverner le royaume. Il n'a pas même à réclamer les moyens de mettre ces conseils en application, pour peu que la chance soit avec lui." Beaucoup pensèrent du bien de cet avis. Erling y répondit : "- D'après ce que j'ai pu voir et entendre au cours de cette réunion, la plupart ont préféré s'excuser de ne pas prendre une charge aussi difficile à leur compte. Et il m'apparaît incertain, pour peu que nous entreprenions ce travail, que celui qui se placera lui-même à sa tête y gagnera quelque honneur, ni si les choses se passeront comme elles allaient autrefois lorsque quelqu'un s'engageait dans de tels projets de grande ampleur, à savoir qu'il y perdait toutes ses propriétés et parfois sa vie. Mais si cette décision est acceptée, il doit y avoir des hommes pour la réaliser. Celui qui se trouvera ainsi engagé devra chercher, de toutes les manières, à éviter une opposition de la part de ceux qui participent à ce conseil, ou d'encourir leur inimitié." Tous donnèrent l'assurance qu'ils entreraient dans cette confédération avec une parfaite loyauté. Alors Erling déclara : "- Je peux dire pour ma part que ce serait presque comme la mort que de servir le roi Hakon. Et, quel qu'en soit le danger, je préfère m'aventurer à suivre votre conseil, et prendre sur moi de conduire ces forces, si c'est la volonté du conseil, et désire de vous tous que vous vouliez bien vous lier à cet accord par serment." Tous acceptèrent. Et lors de cette réunion, il fut décidé de prendre pour roi Magnus, le fils d'Erling. Par la suite, ils tinrent un Thing en ville. Et lors de ce dernier, Magnus, alors âgé de cinq ans, fut élu roi de tout le pays. Tous ceux qui avaient servi le roi Inge entrèrent à son service, et chacun conserva la charge et la dignité qu'il avait eues sous le roi Inge (1161).

     

    2- Le roi Magnus se rend au Danemark.

    Erling Skakke se prépara au voyage, équipa les navires, et emmena avec lui le roi Magnus, ainsi que les hommes de sa maison qui se trouvaient sur place. Prirent part à cette expédition les parents du roi : Arne ; Ingerid, la mère du roi Inge, avec ses deux fils ; et en outre, Jon Kutiza, un fils de Sigurd Stork et homme d'Erling, ainsi que ceux qui avaient appartenu à la suite de Gregorius. Et ils avaient en tout dix navires. Ils partirent dans le sud, vers le Danemark chez le roi Valdemar et Burik Heinrekson, le frère du roi Inge. Le roi Valdemar était parent du roi Magnus par le sang, car Ingebjorg, la mère du roi Valdemar, et Malmfrid, mère de Kristin, mère du roi Magnus, étaient cousines. Le roi danois les reçut hospitalièrement, et Erling et lui eurent des réunions et conversations privées. Et ce qui fut su de ces conseils fut que le roi Valdemar aiderait le roi Magnus avec toute l'aide nécessaire de son propre royaume pour qu'il puisse conquérir et conserver la Norvège. En contrepartie, le roi Valdemar obtiendrait en Norvège le domaine que ses ancêtres Harald Gormson et Svein à la Barbe Fourchue avaient possédé, c'est à dire la totalité de Viken jusqu'à Rygjarbit. Cet accord fut scellé par serment et un traité écrit. Alors Erling et le roi Magnus se préparèrent à quitter le Danemark, et firent voile vers Vendilskage.

     

    3- La bataille de Tunsberg

    Le roi Hakon se rendit au printemps, après la semaine de Pâques, dans le nord, à Throndhjem, emmenant avec lui toute la flotte qui appartenait auparavant au roi Inge. Il y tint un Thing dans la ville marchande, et fut choisi comme roi de tout le pays. Ensuite, il fit Sigurd de Reyr jarl, et lui donna un comté, puis repris son voyage vers le sud et Viken avec toute sa suite. Le roi alla à Tunsberg, mais envoya le jarl Sigurd dans l'est à Konungahella, pour défendre le pays avec une partie des troupes dans l'éventualité où Erling viendrait par le sud. Erling et sa flotte arrivèrent à Agder, et montèrent directement vers le nord, à Bergen, où ils tuèrent Arne Brigdarskalle, officier du roi Hakon, puis se retournèrent immédiatement vers Hakon. Le jarl Sigurd, qui n'avait pas été informé du trajet d'Erling et de ses hommes depuis le sud, se trouvait alors sur la rivière Gaut, et le roi Hakon à Tunsberg. Erling passa par Hrossanes, et y passa quelques nuits. Dans le même temps, le roi Hakon procédait à des préparations en ville. Cependant qu'Erling et sa flotte arrivaient à la ville, ils prirent un navire marchand, le remplirent de bois et de paille, et y mirent le feu. Et le vent, soufflant droit vers la cité, amena le vaisseau vers les quais. Erling avait fait tirer deux cables à bord du vaisseau, et les avait attachés à deux bateaux, lesquels ramèrent en suivant le vaisseau qui était devant. Puis lorsque le feu fut à proximité immédiate de la ville, ceux qui étaient à bord des bateaux retinrent le vaisseau par les cordes, de façon à ne pas incendier la cité. Mais la fumée était si épaisse qui se répandit sur la ville que personne ne pouvait voir depuis les quais où se trouvaient les forces du roi. Alors Erling conduisit l'ensemble de la flotte dans la direction où le vent portait le feu, et tira sur l'ennemi.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus erlingsson

    La fumée était si épaisse... E. Werenskiold

     

    Lorsque les citadins virent que le feu s'approchait de leurs maisons, et que beaucoup étaient blessés par les archers, ils résolurent d'envoyer le prêtre Hroald, un brillant orateur au long cours, à Erling, pour le supplier de les épargner, eux et leur cité ; et ils rompirent les rangs de leur assemblée en faveur d'Hakon, dès que Hroald leur dit que leur prière était exaucée. Alors quand le rassemblement des gens de la ville se fut dispersé, le nombre des hommes sur les quais se retrouva fort amoindri : certains pressèrent les hommes d'Hakon de résister. Mais Onund Simonson, qui avait le plus d'influence sur l'armée, dit "- Je ne combattrai pas pour le comté du jarl Sigurd, puisqu'il n'est pas présent en personne." Alors Onund prit la fuite, et fut suivi par tous les hommes, et par le roi lui-même, et ils se hâtèrent de gagner la campagne. Le roi Hakon perdit beaucoup de forces, ici. et ces vers furent écrits à ce sujet :

    "Onund annonce qu'il ne souhaite pas aller
    Se battre contre l'ennemi du jarl Sigurd,
    Si Sigurd lui-même n' est pas non plus présent,
    Mais reste à la maison assis avec ses hommes.
    Le roi Magnus se rue à l'assaut de la rue,
    Pressé d'en découdre avec les troupes d'Hakon ;
    Mais les faucons d'Hakon, quelque peu hésitants,
    Tournent les talons et quittent vite la place."

    Thornbjorn Skakkaskald chanta également : 

    "Les guerriers de Tunsberg n'auraient pas tant tardé
    A risquer des blessures pour ta bonne cause ;
    Et ils savaient tous bien que le chef peut teinter
    Sur un champ de bataille la gueule des loups.
    Mais le champion de la cité a craint plutôt
    Le vif regard tranchant des lances élevées.
    Leur guerrier vêtu d'acier n'aime pas combattre
    Quand vibrent les arcs et vole le feu brillant."

    Le roi Hakon emprunta alors la route du nord vers Throndhjem. Lorsque le jarl Sigurd entendit parler de ces événements, il partit avec tous les navires qu'il put trouver par la mer, vers le nord, afin de rejoindre le roi Hakon là-bas.

     

    4- D'Erling et Hakon

    Erling Skakke s'empara à Tunsberg de tous les bateaux appartenant au roi Hakon, et prit également là le Baekisudin qu'avait possédé le roi Inge. Puis Erling continua sa progression, et réduisit l'ensemble de Viken à l'obéissance au roi Magnus, ainsi que dans toutes les régions plus au nord dans lesquelles il se montra, jusqu'à Bergen, où il resta tout l'hiver. Là, Erling tua Ingebjorn Sipil, le baron d'Hakon dans la partie nord du district de Fjord. En hiver (1162), le roi Hakon se trouvait à Throndhjem. Mais au printemps suivant, il ordonna une levée de troupes, et se prépara à marcher contre Erling. L'accompagnaient le jarl Sigurd, Jon Sveinson, Eindride Unge, Onund Simonson, Philip Peterson, Philip Gyrdson, Ragnvald Kunta, Sigurd Kapa, Sigurd Hiupa, Frirek Keina, Asbjorn de Forland, Thorbjorn, un fils de Gunnar le trésorier, and Stradbjarne. 

     

    5- Des gens d'Erling

    Erling était à Bergen avec une puissante force de frappe, et décida de prohiber la navigation de tous les navires marchands qui se rendaient au nord de Nidaros. Car il savait que le roi Hakon pourrait en obtenir prochainement des nouvelles de lui, si les vaisseaux naviguaient entre les villes. En outre, il souligna qu'il serait meilleur pour Bergen d'acquérir ces biens, même si leurs propriétaires étaient obligés de les vendre moins cher qu'il ne l'auraient voulu, plutôt qu'ils ne tombassent entre les mains des ennemis et ne les renforcassent ainsi. A présent, un grand nombre de navires étaient réunis à Bergen, car beaucoup arrivaient chaque jour, et aucun n'était autorisé à repartir. Alors Erling en fit hisser quelques-uns à terre, et répandit la nouvelle qu'il voulait attendre Hakon, et, avec l'aide de ses amis et parents, combattre l'ennemi ici. Il ordonna un jour une réunion des capitaines de navires et leur donna, ainsi qu'aux maîtres des navires marchands et à leurs timoniers la permission d'aller où bon leur semblerait. Lorsque les hommes qui avaient la charge des cargaisons, et étaient prêts à naviguer au loin avec leurs marchandises, certains pour commercer, d'autres pour différentes raisons, eurent obtenu congé de la part d'Erling Skakke, il soufflait vers le nord, tout au long de la côte, un vent léger et favorable. Avant la soirée, tous ceux qui étaient prêts avaient mis les voiles, et se hâtaient autant qu'ils le pouvaient, en fonction de la rapidité de leurs navires, chacun en lice avec les autres. Lorsque cette flotte arriva dans le nord, à More, celle du roi Hakon y était parvenu avant elle. Et lui-même était pleinement occupé à recruter des hommes, à réunir les barons, et tous ceux qui étaient susceptibles de servir sous ses ordres, sans même avoir eu, depuis longtemps, de nouvelles de Bergen. Alors il sut qu'aux dernières nouvelles, Erling Skakke avait fait hisser ses vaisseaux à terre à Bergen, et où il pourrait le trouver. Et aussi qu'il disposait de grandes forces. Le roi Hakon fit alors voile de là vers Veey, et envoya le jarl Sigurd et Onund Simonson rassembler du monde, et manda également des hommes dans les districts de More. Après être resté quelques jours dans la ville, il navigua plus loin, avançant vers le sud, pensant ainsi favoriser son voyage et permettre à de nouvelles troupes de le rejoindre plus tôt. Erling Skakke avait autorisé le dimanche tous les navires marchands à quitter Bergen. Et le mardi suivant, sitôt la messe dite, il fit sonner les trompes de guerre, appela à lui tous les hommes d'armes et les citadins, et fit remettre à l'eau tous les bateaux tirés à terre. Alors Erling convoqua un Thing domestique avec ses hommes et les troupes récemment levées, les informa de ses intentions, nomma des commandants pour les navires, et fit appeler par leur nom les hommes qui se trouveraient à bord du bateau du roi.

     

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    Erling convoqua un Thing domestique... W. Wetlesen

     

    Ce Thing s'acheva sur l'ordre qu'Erling donna à chaque homme de se tenir prêt dans sa couchette, à l'endroit où sa place lui avait été désignée. Et décréta que ceux qui seraient encore en ville après le départ du Baekisudin seraient punis par la mort ou la perte d'un membre. Orm, le frère du roi, ancra ses navires dans le port immédiatement ce soir-là, et bien d'autres, et le plus grand nombre étaient déjà à flot avant. 

     

    6- D'Erling Skakke

    Le mercredi, avant que la messe ne fut chantée dans la ville, Erling quitta Bergen avec toute sa flotte, constituée de vingt et un navires. Une brise fraîche soufflait vers le nord le long du rivage. Erling emmenait son fils le roi Magnus avec lui, ainsi que de nombreux barons accompagnés par les meilleurs hommes. Lorsqu'Erling arriva dans le nord, à proximité du district de Fjord, il envoya un bateau à terre vers la ferme de Jon Halkelson, et emmena Nikolas, un fils de Simon Skalp, et de Maria, la fille d'Harald Gille, le ramena aux navires et l'embarqua à bord du bateau du roi. Le vendredi, tout de suite après matines, ils firent voile vers Steinavag, et le roi Hakon, avec treize vaisseaux, faisait relâche dans un port du voisinage. Lui-même et ses hommes étaient à l'exercice sur l'île, et les barons étaient assis sur la colline, lorsqu'ils virent une barque ramant depuis le sud, avec deux hommes à son bord, fortement penchés en arrière vers la quille, et donnant de rapides coups de rames.

     

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    Ils virent une barque ramant depuis le sud. W. Wetlesen.

     

    En arrivant au rivage, ils n'attachèrent pas le bateau, mais s'en éloignèrent tous deux en courant. Les chefs, regardant cela, se dirent les uns aux autres : "- Ces hommes doivent avoir quelques nouvelles à donner !" et allèrent à leur rencontre. Lorsqu'ils se croisèrent, Onund Simonson demanda : "- Avez-vous quelque information sur Erling Skakke, pour courir si vite ?" Ils répondirent, dès qu'ils purent articuler un mot, car ils étaient hors d'haleine, "- Erling arrive contre vous, naviguant depuis le sud, avec vingt-et-un vaisseaux, ou à peu près, dont la plupart sont de grande taille. Et vous n'allez pas tarder à apercevoir leurs voiles." Eindride Unge prit alors la parole : "- Trop près du nez, dit le paysan, quand son œil s'est pris un coup." Ils se hâtèrent vers l'endroit où les exercices étaient en cours, et les cornes de guerre résonnèrent immédiatement, et lors de cet appel à la bataille, tout le monde se rassembla auprès des bateaux avec la plus grande célérité. C'était l'heure du jour où le repas était presque cuit. Tous les hommes se ruèrent vers les navires, et chacun se précipita vers celui dont il était le plus proche, de sorte que les équipages se retrouvèrent quantitativement inégaux. Certains se saisirent des rames, certains gréèrent les mâts, tournèrent la proue des vaisseaux vers le nord, et s'orientèrent vers Veey, où ils espéraient trouver de l'aide dans les villes.

     

    7- La chute du roi Hakon

    Peu après, ils virent les voiles de la flotte d'Erling, et les deux flottes furent en vue l'une de l'autre. Eindride Unge commandait un navire nommé Draglaun, qui était un grand langskip allongé, mais dont l'équipage était réduit. Car ceux qui y étaient affectés avaient rejoint en courant le bord d'autres vaisseaux, et il se trouvait à présent le plus en arrière de la flotte d'Hakon. Lorsqu'Eindride passa tout près de l'île Sek, le Baekisudin, qu'Erling Skakke commandait lui-même, fonça sur lui.

     

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    Bientôt, les deux bateaux furent attachés l'un à l'autre avec des cordes. Le roi Hakon et ses forces étaient arrivés à proximité de Veey, mais en entendant la corne de guerre, ils firent demi-tour pour porter secours à Eindride. Alors la bataille commença de part et d'autre, au fur et à mesure que les navires arrivaient. Beaucoup de voiles encombraient le pont médian des vaisseaux, passant en travers. et les navires n'étaient pas attachés les uns aux autres, mais se tenaient librement côte à côte. Le combat ne fut pas long avant que ne survienne la confusion à bord du navire du roi Hakon. Certains tombèrent, les autres se jetèrent par dessus bord. Hakon jeta sur ses épaules un grand manteau gris, et bondit à bord d'un autre bateau. Mais tout de suite, il sut qu'il était parmi ses ennemis. Car en regardant autour de lui, il ne vit personne de ses hommes ni aucun de ses vaisseaux à proximité. Alors il alla sur le Baeksudin, auprès des hommes du gaillard d'avant, et supplia pour sa vie. Ils le prirent sous leur garde, et lui firent quartier. Ce combat entraîna la mort de bien des hommes, mais principalement dans le camp d'Hakon. Sur le Baeksudin tomba Nikolas, le fils de Simon Skalp, et les hommes d'Erling furent accusés de l'avoir tué eux-mêmes. Il y eut alors une pause dans la bataille, et les vaisseaux se séparèrent. On avertit Erling qu'Hakon se trouvait à bord de son navire, que les hommes du gaillard d'avant s'en étaient emparés, et menaçaient de le défendre par les armes. Erling envoya des hommes à l'avant du bateau, porter aux hommes du gaillard d'avant l'ordre de bien garder Hakon, et d'éviter qu'il ne s'échappe. En même temps, il fit savoir qu'il n'élevait aucune objection à laisser vie sauve et sécurité au roi, pourvu que les autres chefs en soient d'accord, et à établir ainsi la paix. Tous les guerriers du gaillard d'avant portèrent haute estime et honneur à leur chef pour ces paroles. Puis Erling ordonna qu'à nouveau les trompes sonnent, et que soient attaqués les navires qui n'avaient pas perdu leur équipage, disant qu'ils n'auraient jamais une meilleure occasion de venger le roi Inge. De tous côtés s'éleva un cri de guerre, les hommes s'encouragèrent les uns les autres, et se ruèrent à l'assaut. Dans ce tumulte, le roi Hakon reçut sa blessure mortelle. Lorsque ses hommes virent qu'il était tombé, ils ramèrent de toute leur puissance contre l'ennemi, jetèrent leurs boucliers au loin, frappèrent des deux mains et ne prirent plus aucune précaution pour leur vie. Cette ardeur et cette insouciance se révélèrent désastreuses pour eux. Car les hommes d'Erling virent bien les parties non protégées de leurs corps, et où leurs coups pouvaient porter. La majeure partie des hommes d'Hakon restants tomba alors, et principalement par la faute du rapport de forces, car ils n'étaient pas assez nombreux pour se défendre. Ils ne pouvaient recevoir quartier, sauf ceux que les chefs prenaient sous leur protection et liaient à eux pour verser leur rançon. Les gens d'Hakon qui tombèrent furent les suivants : Sigurd Kapa, Sigurd Hiupa, et Ragnvald Kunta. Mais quelques équipages de navires partirent, ramèrent dans les fjords, et sauvèrent leur vie. Le corps d'Hakon fut emmené à Raumsdal, et y fut enterré. Mais par la suite son frère, le roi Sverre, fit transporter son corps dans la ville marchande de Nidaros, et le fit déposer dans le mur de pierre de l'église du Christ au sud du chœur. 

     

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    L'Eglise du Christ de Nidaros en 1733. Bartholomeus Rocque.

     

    8- La fuite des chefs des troupes d'Hakon

    Le jarl Sigurd, Eindride Unge, Onund Simonson, Frirek Keina, et les autres chefs gardèrent les troupes rassemblées, laissèrent les navires à Raumsdal, et montèrent dans les Uplands. Le roi Magnus et son père Erling firent voile avec leurs forces dans le nord, à Nidaros en Throndhjem, et soumirent le pays au fil de leur avancée. Erling appela un Eyra-Thing, au cours duquel Magnus fut proclamé roi. Erling, cependant, ne resta en ville que peu de temps, car il pensait que le peuple de Throndhjem n'était guère bien disposé à son égard et à celui de son fils. Le roi Magnus fut alors appelé Roi de tout le pays. Le roi Hakon avait été un bel homme d'apparence, bien découplé, grand et mince, quoiqu'un peu large d'épaules, raison pour laquelle ses hommes le surnommèrent Herdebreid. Quand il était jeune, ses barons gouvernaient pour lui. Il était gai et amical dans la conversation, enjoué et jovial dans ses manières, et très aimé du peuple.

     

    1 : Skakke : Tord-col. 

    Frise : G. Munthe

     

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