• Heimskringla : Saga de Magnus Berrfoettr I

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux 

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux

    Magnus aux pieds nus

    Magnus le Déchaux

    Magnus III de Norvège

     

    1- Le début du règne du roi Magnus et de son cousin Hakon

    Magnus, fils du roi Olaf, fut proclamé roi de toute la Norvège à Viken, immédiatement après le décès du roi Olaf. Mais le peuple des Uplands, entendant parler de la mort du roi Olaf, choisit Hakon, le fils adoptif de Thorer, un cousin du roi Magnus, comme roi. Alors Hakon et Thorer partirent vers le nord, vers le district de Throndhjem, et, lorsqu'ils arrivèrent à Nidaros, ils convoquèrent l'Eyrathing. Et lors de ce Thing, Hakon sollicita des boendr le titre royal, et ils le lui accordèrent, et le peuple de Throndhjem le proclama roi de la moitié de la Norvège, de même que son père, le roi Magnus, l'avait été avant lui. Hakon releva le peuple de Throndhjem de tout droit portuaire, et leur octroya maints autres privilèges. Il supprima les cadeaux de Yule, et par là s'attira les bonnes grâces de toute la population de Throndhjem. Après quoi, Hakon constitua sa cour, et retourna vers les Uplands où il donna au peuple des Uplands les mêmes privilèges qu'à celui de Throndhjem ; et ainsi, les gens s'attachèrent tout à fait à lui et furent ses amis. Le peuple de Throndhjem chanta cette ballade pour lui :

    "Le jeune Hakon fut la fierté de la Norvège,

    Et Steig-Thorer, à ses côtés, le soutenait.

    Le jeune Hakon arriva depuis les Uplands,

    De naissance, de lignée et de nom royaux.

    Le jeune Hakon, par son royal droit d'aînesse,

    Demanda au souverain la moitié des terres :

    Magnus ne voudra pas diviser le royaume,

    Il le prendra entier ou alors rien du tout."

     

    2- La mort d'Hakon

    Le roi Magnus partit vers le nord en direction de la ville marchande (Nidaros), et, en arrivant, se rendit directement à la maison du roi, et y installa ses quartiers. Il y résida la première partie de l'hiver (1094), et garda sept langskips en eau libre sur la rivière Nid, à hauteur de la maison du roi. Mais lorsque le roi Hakon entendit cela, il vint de l'est à travers les Dovrefields puis le district de Throndhjem jusqu'à la ville marchande, où il s'installa dans la maison de Skuli, en face de l'église St Clément, et qui avait été auparavant la maison du roi. Les grands cadeaux faits par Hakon aux boendr pour gagner leurs faveurs avaient fort déplu au roi Magnus, qui pensait qu'avait été ainsi donné beaucoup de ses propres possessions. Cette idée irritait son esprit ; et il pensait avoir ainsi été l'objet d'une injustice de la part de son parent, puisqu'il percevait moins de revenus à présent que n'en avaient reçus son père et ses prédécesseurs avant lui. Et il en rejeta le blâme sur Thorer. Lorsque le roi Hakon et Thorer le surent, ils s'inquiétèrent de ce que le roi Magnus pourrait faire. Et ils trouvèrent suspect que Magnus garde des vaisseaux tout gréés à flot, et équipés de tentes.

    Au printemps suivant, après la Chandeleur, le roi Magnus quitta la ville de nuit avec ses navires, les tentes dressées, et des lumières allumées dans les tentes. Ils montèrent à Herring, et y restèrent toute la nuit, et allumèrent un feu à terre. Alors Hakon et ses hommes soupçonnèrent que quelque traîtrise était en cours, et firent sonner les cors pour rassembler les hommes sur les Eyrar, où tout le peuple de la ville vint à eux, et où il se rassembla durant toute la nuit. Au crépuscule du matin, le roi Magnus vit que la population de tous les districts s'était rassemblée sur les Eyrar. Il navigua hors du fjord et fit voile vers le sud, où se tient le Gulathing. Hakon remercia le peuple pour le soutien qu'il lui avait apporté, et se prépara à partir vers l'est en direction de Viken. Mais il tint d'abord une réunion dans la ville, où dans son discours, il demanda l'amitié du peuple, lui promettant la sienne. Et il ajouta qu'il avait des soupçons sur les intentions de son parent, le roi Magnus. Alors le roi Hakon monta sur son cheval, et fut prêt à voyager. Tous lui promirent leur bonne volonté et leur aide dès qu'il les leur demanderait, et ils le suivirent sur le chemin de Steinborg. De là, le roi Hakon traversa les Dovrefields. Mais, tandis qu'il passait les montagnes, il chevaucha toute la journée à la poursuite d'un lagopède, qui s'enfuyait devant lui, et contracta une maladie durant cette chasse, maladie qui le conduisit à la mort. Et il mourut dans les montagnes. Son corps fut ramené dans le nord, et arriva à la ville marchande un demi-mois après qu'il l'eut quittée. Tous les habitants de la ville vinrent voir son cadavre, se lamentant, et la plupart d'entre eux pleuraient. Car tous l'aimaient sincèrement. Le roi Hakon fut enterré dans l'église du Christ, et Hakon et Magnus avaient gouverné le pays pendant deux ans. Hakon était un homme accompli de vingt-cinq ans, et fut l'un des chefs les plus aimés du peuple. Il avait conduit une expédition au Bjarmaland, où il avait livré bataille et remporté la victoire.

     

    3- D'une incursion en Halland.

    Le roi Magnus prit la mer en hiver (1095) vers l'est en direction de Viken. Mais lorsque le printemps approcha, il fit voile vers le sud et le Halland, qu'il pilla en long et en large. Il dévasta Viskardal et nombre d'autres districts, et rentra dans son propre royaume avec un abondant butin.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende dans sa chanson sur Magnus.

    "Largement à travers Halland

    Fracas et cris firent écho.

    Les demeures brûlèrent,

    Le peuple fut en deuil,

    Largement à travers Halland

    Le roi du Nord bouta le feu,

    Lorsqu'il vint dans le Viskardal.

    L'incendie ravagea,

    Et les veuves pleurèrent,

    Le roi du Nord bouta le feu."

    Il est raconté ici que le roi Magnus fit de grands ravages au Halland.

     

    4- De Thorer de Steig

    Il y avait un homme nommé Svein, un fils d'Harald Fietter. Il était Danois par sa famille, un grand viking, un grand champion, et un homme très habile, de haute naissance dans son propre pays. Il resta quelque temps avec le roi Hakon Magnuson, et lui était très cher. Mais après la mort du roi Hakon, Thorer de Steig, son père adoptif, se défia de tout traité ou amitié avec le roi Magnus, au cas où ce dernier aurait le pouvoir sur l'ensemble du pays, du fait des prises de positions de Thorer à l'égard du roi Magnus et de l'opposition qu'il lui avait manifestée. Alors Thorer et Svein tinrent conseil, et décidèrent ensemble, ce qu'ils firent par la suite, de lever des troupes contre Magnus, avec l'aide de Thorer et ses hommes. Mais comme Thorer devenait vieux et lourd, Svein prit le commandement et le titre de chef des troupes. Plusieurs chefs prirent part à ce dessein, parmi lesquels le principal fut Egil Aslakson d'Aurland. Egil était un lenderman, marié à Ingebjorg, une fille d'Ogmund Thorbergson, sœur de Skopte de Giske. Un homme puissant et riche, Skjalg Erlingson, se rallia également à leur parti.

    Thorkel Hamarskald en parle ainsi dans sa ballade de Magnus :

    "Thorer et Egil ne furent pas raisonnables

    Et visèrent trop haut pour remporter le prix :

    Il n'y eut aucune sagesse dans leur plan,

    Qui lésa plus d'un propriétaire terrien.

    La pierre, bien trop lourde pour qu'ils ne la lancent,

    Retomba en arrière et les blessa d'éclats,

    Maintenant les paysans doivent regretter

    D'avoir été si fidèles à leurs amis."

    Thorer et Svein levèrent une troupe dans les Uplands, et descendirent à Sunmore par Raumsdal, où ils rassemblèrent des vaisseaux, avec lesquels ils voguèrent vers le nord et Throndhjem.

     

    5- Des aventures de Thorer

    Le lenderman Sigurd Ulstreng, un fils de Lodin Viggiarskalle, rassembla des hommes en envoyant à la ronde le message de guerre, dès qu'il entendit parler de Thorer et des troupes qui le suivaient, et donna rendez-vous à Viggia à tous les hommes qu'il put lever. De même, Svein et Thorer s'y retrouvèrent avec leurs gens, combattirent Sigurd et reportèrent le victoire, lui infligeant de lourdes pertes. Et Sigurd s'enfuit, et rejoignit le roi Magnus. Thorer et ses partisans prirent la direction de la ville (Nidaros), et restèrent quelque temps dans le fjord, où nombre d'hommes les rallièrent. Le roi Magnus, entendant ces nouvelles, leva immédiatement une armée et partit vers le district de Throndhjem, au nord. Lorsqu'il parvint au fjord, Thorer et son parti le surent, alors qu'ils se trouvaient à Herring, et ils étaient prêts à quitter le fjord. Et ils firent force rames en direction du détroit de Vagnvik, laissèrent les navires, et débarquèrent dans le Theksdal en Seliuhverfe, où Thorer fut porté en litière à travers les montagnes. Puis ils s'emparèrent de navires et firent voile au nord vers le Halogaland. Dès que le roi Magnus fut prêt à prendre la mer, il quitta Throndhjem à leur poursuite. Thorer et ses hommes partirent alors vers le nord et parcoururent tout le chemin vers Bjarkey. Et Jon, avec son fils Vidkun, s'enfuirent à leur approche. Thorer et sa troupe s'emparèrent de tous les biens mobiliers, et brûlèrent la maison ainsi qu'un bon langskip qui appartenait à Vidkun. Et tandis que la coque brûlait, le navire se coucha sur le côté et Thorer cria : "Difficile à tribord, Vidkun !".

    Quelques vers ont été composés sur cet incendie à Bjarkey :

    "La plus douce des fermes que j'ai vues

    Etait sur l'île verte de Bjarkey.

    A présent, où la maison se dressait,

    L'incendie crépite à travers le bois.

    La flamme, claire et rouge, brûlant haut,

    Clignote dans le sombre ciel nocturne.

    Jon et Vidkun, au cours de cette nuit,

    N'auront pas à cheminer sans lumière. "

     

    6- La mort de Thorer et Egil

    Jon et Vidkun voyagèrent jour et nuit jusqu'à rencontrer le roi Magnus. Svein et Thorer poursuivirent vers le nord avec leurs hommes, et pillèrent largement le Halogaland. Mais, alors qu'ils faisaient relâche dans un fjord nommé Harm, Thorer et sa troupe virent le roi Magnus arriver à la voile vers eux, et pensant qu'ils n'étaient pas assez nombreux pour l'affronter, ils prirent les rames et s'enfuirent. Thorer et Egil montèrent jusqu'à Hesjutun. Mais Svein navigua vers la haute mer, et d'autres vers les fjords. Le roi Magnus pourchassa Thorer, et leurs navires se heurtèrent tandis qu'ils atterrissaient. Thorer resta sur le gaillard d'avant de son bateau, et Sigurd Ulfstreng lui cria : "Tu vas bien, Thorer ?" Thorer répondit : "Les mains, ça va, mais je suis mal sur mes pieds !"

    Alors tous les hommes de Thorer s'enfuirent vers les terres, et Thorer fut fait prisonnier. Egil fut aussi capturé, car il ne voulut pas abandonner son épouse. Le roi Magnus ordonna alors qu'ils fussent tous deux conduits à Vambarholm. Et tandis qu'ils amenaient Thorer hors du navire, il chancela sur ses jambes. Alors Vidkun lui cria : "Plus à bâbord, Thorer !". 

    Tandis qu'il était amené à la potence, il chanta :

    "Nous étions quatre joyeux compagnons,

    Qu'il en reste un pendu au gouvernail."

    En arrivant au gibet, il dit : "A mauvais conseil, mauvaise conclusion". Alors Thorer fut pendu. Mais lorsqu'il fut hissé à la potence, il était si lourd que son cou céda et que son corps tomba au sol ; car Thorer était extrêmement robuste, très grand et aussi épais. Egil fut également amené au gibet, et, lorsque les serviteurs du roi lui passèrent la corde au cou, il dit: "Vous ne devriez pas me pendre, car en vérité, chacun d'entre vous mérite plus que moi d'être pendu." On chanta ces vers à ce sujet :

    "J'ai entendu, ma fille, ce qu'Egil a dit,

    Alors que vers la potence il était conduit,

    Que les servants du roi méritaient plus que lui

    D'être pendus à l'arbre du gibet ainsi.

    Peut-être était-ce vrai, mais quand la mort arrive

    Un homme se doit dire à lui-même le vrai,

    Finir une vie brave par une mort brave,

    Sans montrer de frayeur, de souci ou de doute."

    Le roi Magnus était assis à proximité tandis qu'ils étaient pendus, et entra en rage qu'aucun de ses hommes ne se soit montré assez hardi pour demander miséricorde pour eux. Le roi dit, alors qu'Egil tournait sur lui-même à la potence "Tes grands amis t'aident, mais pas quand tu as besoin d'eux." Les gens supposèrent à ces paroles que le roi aurait voulu être supplié d'épargner la vie d'Egil.

    Bjorn Krephende a parlé de cela :

    "Le roi Magnus, dans le sang des deux renégats,

    Teinta sa lame en rouge ; et autour du rivage

    Les loups hurlèrent pour leur délice sauvage,

    Vers les cadavres qui dansaient sous leur regard.

    N'avez-vous donc pas ouï parler de la manière

    Dont l'épée du roi a récompensé les traîtres ?

    De la façon dont les thralls du roi ont pendu

    Le vieux félon Thorer et tous ses compagnons ?"

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux

    La pendaison d'Egil. Wilhelm Wetlesen

     

    7- De la punition du peuple de Throndhjem

    Après quoi, le roi Magnus vogua vers Throndhjem, remonta le fjord et punit sévérement tous ceux qui s'étaient rendus coupables de trahison envers lui. Il en tua certains, et brûla les demeures des autres.

    Ainsi en parla Bjorn Krephende :

    "Lui, qui méprise le rempart des boucliers,

    Apporta la terreur dans les champs de Throndhjem,

    Lorsque toute terre sur laquelle il passa

    Fut engloutie dans une inondation de flammes.

    Et je sais que celui qui nourrit les corbeaux

    Décapita d'un coup deux chefs de son épée.

    Les loups ne pouvaient guère se montrer voraces,

    Les albatros volaient au-dessus des potences."

    Svein, le fils d'Harald Fletter s'enfuit tout d'abord par la mer, et navigua jusqu'au Danemark, où il resta. Il finit par être en grande faveur auprès du roi Eystein, fils du roi Magnus, qui le prit tant en amitié qu'il en fit son échanson et lui témoigna beaucoup de respect.

    Le roi Magnus disposait maintenant seul de l'ensemble du royaume, et il maintint la paix dans le pays, et en extirpa tout viking et brigand. C'était un homme vif, belliqueux et capable, en tous points plus semblable à son grand-père le roi Harald qu'à son père.

     

     Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux                                                                                                        Heimskringla, snorri sturluson, magnus le déchaux


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