• Heimskringla : Saga de Magnus Berrfoetr IV

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus berrfoetr

    14- Des Norvégiens

     

    Lorsque le roi de Suède eut connaissance de ces faits, il rassembla ses gens et il est rapporté qu'il voulait chevaucher contre les norvégiens. Mais il y eut des retards dans cette expédition, et les Norvégiens firent ces lignes :

    "Le roi aux hanches épaisses et au ventre graisseux

    S'aperçut qu'il devait monter

    Avant de pouvoir chevaucher."

    Mais lorsque la glace s'installa sur le lac Vener, le roi Inge prit la route à cheval, accompagné de près de trois cents hommes. Il envoya un message aux Norvégiens qui se tenaient dans la place forte, les enjoignant à s'en aller avec leur butin et à rentrer en Norvège. Lorsque l'émissaire lui délivra ce message, Sigurd Ulstreng y répondit, disant que le roi Inge devait prendre la peine de venir lui-même, s'il souhaitait les conduire ailleurs comme du bétail hors d'une grasse pâture, et dit qu'il devrait s'approcher plus s'il voulait qu'ils partissent. Les messagers retournèrent vers leur roi avec cette réponse. Il chevaucha alors vers l'île avec toute son armée, et fit parvenir un nouveau message aux Norvégiens, leur demandant de partir avec leurs vêtements, leurs armes et leurs chevaux, mais de laisser leur butin. Ce qu'ils refusèrent. Le roi lança un assaut contre eux, et les deux partis échangèrent des tirs. Alors le roi ordonna que des poutres et des pierres fussent apportées, et en fit remplir le fossé. Puis il fit attacher des grappins à de longues perches qui furent agrippées aux bastaings des murs. Et par la force de nombreuses mains, le rempart s'écroula. Après quoi, un grand tas de bois fut incendié, et des brandons enflammés jetés au milieu d'eux. Alors les Norvégiens demandèrent quartier. Le roi leur ordonna de partir sans leur armes ni leurs manteaux. Comme ils s'en allaient, chacun reçut un coup de fouet, et ils s'en furent en Norvège, et tous les forestiers se soumirent à nouveau au roi Inge. Sigurd et ses hommes se rendirent auprès du roi Magnus, et lui contèrent leur revers de fortune.

     

    15- Le roi Magnus et Giparde.

     

    Lorsque le roi Magnus se trouvait à l'est, à Viken, vint à lui un étranger nommé Giparde. Il se présenta lui-même comme un bon chevalier, et offrit ses services au roi Magnus. Car il avait compris qu'il y avait quelque chose à faire dans les domaines royaux. Le roi le reçut bien. A cette époque, le roi se préparait à se rendre en Gautland, région sur laquelle il avait des prétentions. Et en particulier, il voulait faire payer aux gens du Gautland la disgrâce qu'ils lui avaient infligée au printemps, en l'obligeant à fuir devant eux. Il avait alors de grandes forces armées, et les habitants de l'ouest du Gautland, dans les districts du nord, s'étaient soumis à lui. Il installa son camp à la frontière, afin de se livrer à une incursion depuis cet endroit. Dès que le roi Inge le sut, il rassembla ses troupes et se hâta de faire face au roi Magnus. Et lorsque le roi Magnus eut vent de cette expédition, nombre des chefs du peuple le pressèrent de faire demi-tour. Mais le roi ne voulut pas les entendre et se rendit de nuit discrètement à la rencontre du roi de Suède. Ils s'affrontèrent à Foxerne. Et tandis qu'il plaçait ses hommes en ordre de bataille, il demanda : "- Où se trouve Giparde ?", mais on ne put le trouver. Alors le roi déclama ces vers :

    "Le chevalier d'ailleurs ne pouvait supporter

    Notre rude assemblée ? Où donc se cache-t-il ?"

    A la suite de quoi un scalde qui accompagnait le roi répondit :

    "Le roi demande où le guerrier d'ailleurs

    Chevauche à la bataille parmi notre armée :

    Giparde le guerrier s'est enfui au galop

    Quand nos hommes ont gagné la sanglante mêlée.

    Pour mouiller les épées le chevalier fut lent

    A rejoindre le front sur sa monture baie.

    Le chevalier d'ailleurs ne pouvait supporter

    Notre rude assemblée, et partit se cacher."

    Ce fut un grand massacre, et après la bataille, le champ était couvert de cadavres suédois, et le roi Inge en réchappa en prenant la fuite. Le roi Magnus remporta une grande victoire. Alors arriva Giparde, chevauchant depuis la campagne, et on parla de lui de manière peu amène pour n'avoir point participé au combat. Il s'en fut alors, vers l'ouest, en Angleterre, et durant le voyage, dans la tempête, Giparde resta au lit.

    Il y avait un homme, un islandais nommé Eldjarn, qui alla écoper à la cale, et lorsqu'il vit où Giparde se terrait, il dit ces vers :

    "A quoi ressemble un valeureux homme d'armes

    Quand il vient somnoler ici à fond de cale ?

    Le guerrier barbu doit faire face au danger :

    La fuite gagne rapidement le navire.

    Là, saisis-toi d'un seau ! Et qu'écope qui peut.

    Nous avons besoin du travail de tous les hommes.

    Notre cheval de mer est plein jusqu'au thorax,

    Fainéants et trouillards ne peuvent reposer."

     

    Lorsqu'ils arrivèrent en Angleterre, Giparde dit que l'homme du nord l'avait calomnié. Une réunion fut organisée, et un comte y vint, et le cas lui fut exposé, s'en remettant à son jugement. Il déclara qu'il n'était pas familier avec de tels procès, car il était jeune et peu expérimenté dans la matière. Et il ajouta que de toutes les choses, celle qu'il se sentait le moins apte à juger était la poésie. "- Mais entendons de quoi il s'agissait".

    Alors Eldjarn chanta :

    "J'ai ouï dire que lors de la guerre sanglante

    Giparde chassa tous nos ennemis en fuite :

    Le brave Giparde pouvait guetter l'ennemi

    Tandis que tous nos hommes couraient se cacher.

    A Foxerne la victoire fut remportée

    Par le seul courage du valeureux Giparde.

    Où était Giparde seul il se retrouvait.

    Nul ne pouvait survivre pour fuir ou combattre."

    Alors le comte dit : "- Bien que je ne m'y connaisse guère en art scaldique, ce que j'entends ici n'est point calomnie, mais plutôt grande louange et honneur."

    Giparde ne put rien dire contre, bien qu'il sentît que c'était moquerie.

     

    16- La bataille de Foxerne

     

    Au printemps suivant, dès que la glace se brisa, le roi Magnus, avec une grande armée, fit voile vers l'est et la rivière Gaut, dont il remonta le bras oriental, dévastant tout ce qui appartenait aux domaines suédois. Lorsqu'ils arrivèrent à Foxerne, ils débarquèrent de leurs vaisseaux. Mais comme ils passaient leur chemin à travers une rivière, une armée de natifs du Gautland vint contre eux, et une grande bataille s'engagea immédiatement, au cours de laquelle les Norvégiens furent submergés par le nombre, obligés de fuir, et beaucoup d'entre eux furent tués à proximité d'une chute d'eau.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, magnus berrfoetr

    Les chutes de Trollhattan, sur la rivière Gaut

     

    Le roi Magnus s'enfuit, et les habitants du Gautland poursuivirent et abattirent ceux qu'ils purent attraper à proximité. Le roi Magnus était aisément reconnaissable. Il était un homme très robuste, portant un manteau rouge, et de longs cheveux blonds semblable à la soie tombaient sur ses épaules. Ogmund Skoptason, un grand et bel homme, chevauchait à côté du roi. Il dit : "- Sire, donnez-moi ce manteau. "

    Le roi demanda : "- Que veux-tu en faire ?"

    Ogmund répondit : "- J'aimerais l'avoir, et vous m'avez offert des cadeaux de plus grand prix, Sire."

    Sur le chemin se trouvaient de grandes et vastes plaines, de sorte que Norvégiens et Gautlandais se trouvaient toujours en vue les uns des autres, sauf lorsque quelques bouquets d'arbres ou bosquets de buissons les cachaient les uns aux autres. Le roi donna son manteau à Ogmund, qui le passa. Lorsqu'ils furent à nouveau en plein champ, Ogmund et ses hommes partirent tout droit à travers la route. Les Gautlandais, supposant qu'il s'agissait du roi, chevauchèrent à leur poursuite, et le roi regagna ses vaisseaux. Ogmund s'échappa avec grande difficulté, mais parvint enfin à rallier ses navires en sécurité. Le roi Magnus navigua alors en redescendant la rivière, et partit vers le nord et Viken.

     

    17- La rencontre des rois à la rivière Gaut.

     

    L'été suivant, une réunion entre rois fut organisée à Konhelle sur la rivière Gaut. Et le roi Magnus, le roi de Suède Inge, et le roi danois Eirik Sveinson se rencontrèrent là, après s'être donné les uns aux autres des assurances de sécurité pour cette réunion. Lorsque le thing se fut assis, les trois rois s'avancèrent sur la plaine, à l'écart des autres participants, et ils discutèrent entre eux un petit moment. Puis ils retournèrent vers leurs gens, et un traité fut établi, stipulant que chacun posséderait les domaines que son grand-père avait eu avant lui, mais que chacun s'acquitterait auprès de ses propres hommes des pillages et morts d'hommes dont ils avaient souffert, et qu'ils se mettraient d'accord entre eux pour le règlement de cette question. Le roi Magnus devrait épouser la fille du roi Inge, qui fut nommée après cela Offre de Paix. Ceci fut proclamé devant le peuple. Et ainsi, en une petite heure, les pires ennemis devinrent les meilleurs amis.

    Il fut remarqué par le peuple que personne, jamais, n'avait autant eu l'apparence de chefs que ces hommes. Le roi Inge était le plus grand et le plus robuste, et, du fait de son âge, d'apparence la plus royale. Le roi Magnus apparut le plus vaillant et le plus vif, et le roi Eirik, le plus beau. Mais ils étaient tous de bel aspect, vigoureux, élégants, et habiles parleurs.

    Après ces déclarations, ils se séparèrent.

     

    18- Le mariage du roi Magnus

     

    Le roi Magnus eut Margaret, la fille du roi Inge, comme relaté précédemment. Et elle fut envoyée de Svithjod en Norvège avec une suite honorable. Le roi Magnus avait eu quelques enfants auparavant, dont les noms doivent ici être donnés. L'un de ses fils, d'une femme misérable, était nommé Eystein. Un autre, d'un an son cadet, se nommait Sigurd, et sa mère Thora. Olaf était le nom d'un troisième fils, bien plus jeune que les deux précédents, et dont la mère était Sigrid, une fille de Saxe de Vik, qui était un homme honorable de la région de Throndhjem. Elle était la concubine du roi.

    Le peuple disait que lorsque le roi Magnus revint à la maison après son expédition viking vers les pays de l'ouest, il ramena, ainsi que nombre de ses hommes, beaucoup des habitudes et des modes vestimentaires des contrées occidentales. Ils allaient dans les rues jambes nues, et portaient des tuniques courtes et des sur-manteaux. Alors ses hommes le nommèrent Magnus Pieds-nus ou Jambes-nues. Certains le nommaient Magnus le Grand, d'autres Magnus Amant de la bataille. Il se distinguait des autres hommes par sa haute stature. La marque de sa taille est inscrite dans l'église de Marie, dans la ville marchande de Nidaros, que le roi Harald avait érigée. Sur la porte nord furent sculptées trois croix, une pour Harald, une pour Olaf et une pour Magnus, de sorte que chacun pût sans effort embrasser la croix. La plus haute est celle de Harald, la plus basse est celle de Magnus, et au milieu, équidistante des deux autres, se trouve celle d'Olaf.

    On raconte que Magnus composa les vers suivants pour la fille de l'empereur :

    "L'anneau des bras où les épées bleues étincellent,

    Le hurlement des batailles et le cri des aigles,

    La joie de la guerre, plus rien ne peut me plaire :

    Matilda est au loin au-delà de la mer.

    Mon épée peut casser, mon bouclier se fendre,

    Je peux être chassé de ma terre, de ma vie,

    Et je pourrais dormir, car je ne me soucie

    Que d'elle, châtaine, au-delà de la mer."

     

    Il composa également ce qui suit :

    "Comme est long le temps qui enfante le retard,

    Le scalde se sent las de toutes ses chansons.

    Qui adoucit, éclaire et embellit la vie ?

    C'est une aimable femme avec un doux sourire.

    Je trouve le temps long aux affaires du Thing,

    Car au Thing n'apparaît jamais ma bien-aimée.

    Et les gens, bien habillés alors que je suis triste,

    Parlent et discutent. Puis-je être joyeux ?"

     

    Lorsque le roi Magnus eut connaissance des paroles amicales que la fille de l'empereur avait prononcées à son égard, qu'elle avait dit qu'un homme comme le roi Magnus lui était apparu comme un excellent homme, il composa ce qui suit :

    "L'amant a entendu - au-delà de la mer,

    Un mot favorable fut soufflé jusqu'à moi -

    La belle bien-aimée aux cheveux châtain clair

    Peut confier ses pensées à l'éther insensé.

    Ses pensées trouveront pensées semblables en moi.

    Et bien que je ne puisse entrevoir mon amour,

    Les pensées d'affection voyagent dans le vent,

    Et se rencontrent ainsi, aimables et sincères."

     

     Heimskringla, snorri sturluson, magnus berrfoetr                                                                                                                              Heimskringla, snorri sturluson, magnus berrfoetr


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Janvier 2013 à 12:01

    Très bonne année 2013 de la part des trois pierres

    amicalement

    yvesd

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