• Heimskringla : Saga d'Hakon den Gode VI

    Heimskringla, snorri sturluson, hakon den gode

    31- La mort de Skreyja et Askman.

    Le roi Hakon était très facile à repérer parmi les autres hommes, et d'autant plus quand le soleil faisait briller son casque, et de nombreuses armes furent donc dirigées vers lui. Puis Eyvind Finson prit un chapeau et le posa sur le casque du roi. Ensuite, il se mit à crier : "Le roi des hommes du Nord se cache, où a-t-il fui ? Où est le heaume d'or ?" Et Eyvind Skreyja et son frère Alf se mirent à pousser comme des idiots ou des déments. Le roi Hakon cria à Eyvind : "- Viens comme tu es en train de le faire, et tu pourras trouver le roi des hommes du nord ".

    Ainsi en parla Eyvind Skaldaspiller :

    "Lui qui lève la tempête des boucliers,

    Le conquérant victorieux des champs de bataille,

    Hakon le valeureux, ami du combattant,

    Dont la main libérale distribue de l'or,

    Entendit Skreyja le railler et se ruer

    Au plus épais de la poussée des fortes lances,

    Et tonna fortement pour lui donner réponse :

    " Si tu veux t'essayer à gagner la victoire,

    Bientôt tu trouveras le roi des Norvégiens !

    Pars maintenant, ami, si tu as un esprit !"

    Il se passa peu de temps avant qu'Eyvind ne parvienne à lever son épée et à infliger une blessure au roi. Mais Thoralf poussa si fort son bouclier contre Eyvind qu'il chancela sous le choc. Alors le roi prit son épée Kvernbit à deux mains, et fendit et le casque et la tête d'Eyvind, jusqu'aux épaules. Thoralf tua aussi Alf Askman.

    Ainsi chanta Eyvind Skaldaspiller :

    "C'est avec ses deux mains que le preux souverain

    Fit tourner son épée et c'est jusqu'au menton

    Qu'il traversa Eyvind : sa maille déloyale

    Ne put le protéger pas plus contre la lame,

    Que ne le peut le fin bardeau contre le choc

    Lorsque du navire le flanc heurte le roc.

    Par sa brillante épée au manche couvert d'or

    A travers casque et tête et cheveux fut scindé

    Le champion des Danois. Et de toutes leurs forces,

    Frappés par la terreur, ses hommes détalèrent."

     

    Après la mort des deux frères, le roi Hakon poussa un assaut si rude que tous les guerriers cédèrent la place devant lui. La peur gagna l'armée des fils d'Eirik, et les guerriers commencèrent à fuir. Et le roi Hakon, qui était à la tête de ses hommes, poursuivit les fuyards et frappa fort et souvent. Alors vola une flèche, du type nommé "flein", qui se planta dans le bras d'Hakon, dans les muscles sous l'épaule, et il fut rapporté par nombre de témoins que le serviteur de Gunhild en charge de ses chaussures et dont le nom était Kisping était sorti en courant de la mêlée des armes, criant : "- Faites place au tueur de roi ", et tira cette flèche sur le roi. D'autres pourtant dirent que nul ne savait qui avait atteint le roi, ce qui est le plus probable. Car des lances, des flèches et toutes sortes de missiles pleuvaient aussi dru qu'une averse de neige. Nombre des hommes des fils d'Eirik furent tués, que ce soit sur le champ de bataille, dans leur fuite vers les navires, ou sur la grève, et nombreux furent ceux qui se jetèrent eux-même à la mer. Nombreux aussi furent ceux, dont les fils d'Eirik, qui purent embarquer sur les vaisseaux, et qui ramèrent vers le large aussi vite qu'ils purent, poursuivis par les hommes d'Hakon.

    Ainsi en parla Thord Sjarekson:

    "Le loup, le meurtrier et le voleur

    Fuirent devant le souverain du peuple :

    Peu de briseurs de paix ont pu vieillir

    Face au si brave roi des Norvégiens.

    Quand le vaillant Hakon perdit la vie,

    Noir fut le jour et terrible la lutte.

    Ce fut le sombre échec des enfants de Gunhild,

    Conduisant leurs troupes de danois affamés

    Que de venir du sud et puis de devoir fuir

    Et de laisser mourir nombre de paysans

    Appuyant leurs têtes trop gravement blessées

    Sur les bancs de nage en guise de lit de plume.

    Thoralf fut le plus prompt à se mettre au côté

    Du courageux Hakon dans les flux et reflux

    Du combat. Sienne était la lame qui le mieux

    Sculpta la sanglante fête pour les corbeaux :

    Au milieu des monceaux des ennemis tués

    Il fut sur cette plaine appelé le plus brave."

     

    32- La mort d'Hakon

    Lorsque le roi Hakon sortit de son navire, sa plaie fut pansée. Mais le sang en jaillissait si fort et si constamment qu'il fut impossible de l'arrêter. Et lorsque le jour tira à sa fin, sa force commença à le quitter. Il dit à ses hommes qu'il voulait retourner dans le nord, dans sa maison de Alreksstader. Mais en allant vers le nord, en arrivant à hauteur des collines de Hakonarhella, ils atterrirent, car à ce moment, le roi était presque mort.

    Alors il appela ses amis autour de lui, et leur dit ce qu'il souhaitait que soit fait pour son royaume. Il n'avait qu'un enfant, une fille nommée Thora, et pas de fils. Alors il leur demanda d'envoyer un message aux fils d'Eirik, stipulant qu'ils pourraient être rois du pays, mais les enjoignant à traiter ses amis avec respect et honneur. " Et si le destin, ajouta-t-il, prolonge ma vie, je veux, à n'importe quel prix, quitter le pays et rejoindre une terre chrétienne, pour y faire pénitence pour tout ce que j'ai fait contre Dieu. Mais si je venais à mourir en terre païenne, faites-moi les funérailles que vous jugerez convenables. "

    Peu après, Hakon expira, sur la petite colline près du rivage à proximité duquel il était né. Si grand fut le chagrin qui suivit sa mort qu'il fut pleuré par ses amis et ses ennemis. Et ils déclarèrent que jamais par la suite la Norvège ne pourrait connaître semblable souverain. Ses amis ramenèrent son corps à Saeheim, dans le Nord de l'Hordaland, et édifièrent un tumulus dans lequel ils placèrent le roi revêtu de toute son armure et de ses plus beaux vêtements, mais sans autres biens. Ils firent son éloge sur sa tombe, à la manière des païens, et lui souhaitèrent de rejoindre la Valhöl.

    Eyvind Skaldaspiller composa un poème sur la mort du roi Hakon, et sur la manière dont il serait bien accueilli à la Valhöl.

    Ce poème se nomme le dit d'Hakon.

    "Une place vide dans la halle d'Odin

    Se réserve à un roi de la race d'Yngve.

    Et Odin déclara : "Allez, mes valkyries,

    Rendez-vous donc là-bas, mes anges de la mort,

    Gondul et puis Skogul, sur le champ de bataille

    Arrosé de la pluie sanglante du combat,

    Révéler à Hakon mourant, agonisant

    Qu'il pourra à présent résider à Valhöl."

     

    A Stord, antique rivage si solitaire,

    Retentirent les rugissements du combat.

    Les fulgurances étincelantes des épées

    Brûlèrent fièrement sur les rives de Stord.

    Des hautes hallebardes et des pointes de lances

    Dégoutta vermeil et vif le sang de la vie,

    Et le grésil mordant des flèches acérées

    Fouetta incessamment les rivages de Stord.

     

    Sur les nuées tonnantes des larges pavois

    Par la plaine éclata l'orage des épées.

    Sur les plaques de mailles crépita, sonore,

    En nuages serrés, la giboulée de flèches,

    Stridulante et rapide en nuées furieuses.

    Des torrents de lances balayèrent au loin

    De la clarté du jour les hommes courageux.

     

    Le bouclier battu, l'épée tachée de sang,

    Il reçut la blessure aux rivages de Stord,

    Et l'armure écrasée et fendue il s'assit,

    Un bien sombre et affreux spectacle à regarder.

    Et tout autour de lui, debout dans le chagrin,

    Se trouvaient les guerriers de sa troupe vaillante :

    Car le roi de l'antique famille de Dag

    Dans la halle d'Odin devait prendre sa place.

     

    Alors parla Gondul, se tenant à côté, 

    Se reposant sur sa longue lance de frêne,

    "- Hakon ! La cause des dieux se porte fort bien,

    Et tu dois demeurer dans les halles d'Odin !"

    Et le roi, à côté des rivages de Stord,

    Ecouta les paroles de la valkyrie,

    Qui était assise sur sa monture noire,

    Bouclier à son bras et casque sur la tête.

     

    Réfléchi, Hakon dit : "Dites-moi donc pourquoi

    Maîtresse des combats, la victoire est ainsi

    Distribuée sur les plaines rouges de Stord ?

    N'avons-nous pas mérité de la conquérir ? "

    Gondul lui répondit : "- N'entends-tu pas l'appel ?

    La plaine est dégagée, les ennemis s'enfuient

    Ce jour est le nôtre et la bataille est gagnée !"

     

    Alors Skogul parla : "Je me dois de hâter

    Mon cheval noir charbon vers la maison des dieux,

    Vers leur verte maison pour porter la nouvelle

    Que Hakon lui-même chevauche vers chez eux."

    Alors c'est à Hermod de même qu'à Bragi

    Qu'Odin dit : " -Le premier des hommes vient ici,

    Le courageux Hakon, le roi des Norvégiens,

    Allez lui apporter bienvenue de ma part.

     

    Juste venu du champ de bataille il arrive,

    Dégoulinant de sang, le roi des Norvégiens."

    "Il m'apparaît, dit-il, que l'intention d'Odin

    Est rude à mon égard et de mauvais augure ;

    Arracher aujourd'hui son fils de cette terre

    Et le déposséder aussi de sa victoire !"

    Mais Odin répondit : "- Que soit tienne la joie

    Que prodigue Valhöl, mon courageux enfant."

     

    Et Bragi ajouta : "- Ici huit de tes frères

    T'accueillent et t'encouragent à entrer dans Valhöl,

    Pour vider des hanaps ou te battre à nouveau

    Où Hakon a vaincu les jarls des fils d'Eirik."

    Lors dit le vaillant roi : "Puisse mon matériel,

    Heaume, cotte de maille, épée, hachette et lance,

    Etre à portée de main ! Il est bon de garder

    Avec soi les amis fidèles d'autrefois."

     

    Il a été bien vu qu'Hakon a réussi

    A sauver les temples de tous les embarras.

    Alors tout le conseil des Ases et des dieux

    Accueillit volontiers le roi en sa demeure.

    Bienheureux sont les jours où des hommes sont nés

    Qui comme Hakon méprisent les choses vulgaires,

    Gagnent comme des braves un nom si honoré

    Et meurent au milieu d'une gloire infinie.

     

    Bientôt Fenrir le loup dévorera les hommes

    Dans l'ensemble du monde et de rive à rivage,

    Sera comme un joyau pour le bandeau royal

    De l'audacieux Hakon qui veut la renommée.

    Vie, terres, amis, richesses, tout sera perdu,

    Et nous soupirerons réduits en esclavage.

    Mais le roi Hakon dans la demeure bénie

    Vivra à jamais parmi les dieux lumineux."

     

    Heimskringla, snorri sturluson, hakon den gode

    La tombe de Hakon. G. Munthe.
    (il s'agit en réalité de mégalithes préhistoriques)

     

     Heimskringla, snorri sturluson, hakon den gode                                                                                                                  Heimskringla, snorri sturluson, hakon den gode 


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