• Heimskringla : Saga d'Hakon den Gode V

    Heimskringla, snorri sturluson, hakon le bon

    27- Le lieu de sépulture d'Egil Ulserk.

    Le roi Hakon s'empara de tous les vaisseaux que les fils d'Eirik avaient abandonnés sur la grève, et les fit tirer assez haut, puis les fit amener sur la terre ferme. Ensuite il ordonna qu'Egil Ulserk et tous les hommes de l'armée qui étaient tombés fussent déposés à bord de ces navires, et complètement couverts de terre et de pierres. Le roi Hakon fit également amener nombre de bateaux sur le champ de bataille, et les tumulus au-dessus d'eux sont encore visibles aujourd'hui un peu au sud de Fredarberg. Au moment où mourut le roi Hakon, lorsque Glum Geirason, dans sa chanson, se vanta de la chute du roi Hakon, Eyvind Skaldaspiller composa ces vers sur cette bataille :

    "Notre indomptable roi, avec le sang de Gamle

    Abreuva encore et encore son épée :

    Il arrosa ainsi le bâillon de la bouche

    Du démon enchaîné, du loup monstre Fenrir1.

    Le cœur de nos guerriers se gonfla de fierté

    Lorsqu'il rejeta à la mer les fils d'Eirik,

    Et leur armée de Gauts. Mais au jour d'aujourd'hui,

    Nos guerriers se lamentent, Hakon est mis à bas."

     

    Une haute pierre levée marque l'emplacement de la tombe d'Egil Ulserk.

     

    28- Des nouvelles de la guerre parviennent au roi Hakon.

    Lorsque le roi Hakon, fils adoptif du roi Athelstan, eut été roi pendant vingt six ans après le départ de son frère Eirik du pays, il arriva qu'il se rendit à une fête (en 960) en Hordaland dans la maison de Fitjar sur l'île de Stord, et qu'il y eut avec lui à cette fête sa cour et nombre de paysans. Et juste au moment où il s'asseyait à la haute table, ses sentinelles, qui montaient la garde à l'extérieur, repérèrent de nombreux navires qui venaient à la voile depuis le sud, et n'étaient pas loin de l'île.

    A présent, se dirent-ils les uns aux autres, il fallait avertir le roi qu'une force armée venait les attaquer. Mais aucun ne jugea souhaitable d'être le porteur auprès du roi d'une telle alerte de guerre, car il punissait lourdement ceux qui donnaient l'alarme sans raison, bien qu'ils pensaient que le roi ne pouvait rester dans l'ignorance de ce qu'ils avaient vu. Alors l'un d'entre eux entra dans la pièce et demanda à Eyvind Finson de venir aussi vite que possible, car il y avait urgence. Eyvind sortit immédiatement et vint à l'endroit d'où il pouvait voir les navires, et il comprit tout de suite qu'une grande armée était en chemin. Il retourna en toute hâte dans la salle, et se mettant devant le roi, lui dit : "- Courte est l'heure pour l'action, et longue l'heure de la fête." Le roi posa les yeux sur lui, et demanda : "- Que se passe-t-il donc ?"

    Eyvind répondit :

    "Debout, roi ! Les vengeurs sont à portée de main !

    Les vaillants fils d'Eirik approchent de la terre !

    Ils ont un grand besoin du verdict de l'épée

    Contre leur ennemi. Je brave ta colère,

    Quoique je sache bien que ce n'est pas vétille

    D'apporter la nouvelle de la guerre au roi

    Ni de lui dire : pas de temps pour le repos,

    Debout ! Boucle ton armure sur ta poitrine :

    Ton honneur m'est plus cher que mon propre destin,

    Alors je déclare : debout pour le combat !"

     

    Alors le roi dit : "- Tu es un trop brave compagnon, Eyvind, pour m'apporter quelque fausse alerte de guerre."

    Les autres confirmèrent la véracité du rapport. Le roi ordonna qu'on enlève les tables, et sortit jeter un coup d'œil aux vaisseaux. Et lorsqu'il fut bien assuré qu'il s'agissait de navires de guerre, le roi demanda à ses hommes quelle résolution ils souhaitaient prendre : soit combattre avec les forces disponibles, soit embarquer sur les bateaux et faire voile vers le nord.

    "- Car il est évident, ajouta-t-il, que nous avons à présent à faire à une armée bien plus importante que toutes celles que nous avons combattues jusqu'à maintenant, bien que nous pensions la même chose la dernière fois que nous avons eu à combattre contre les fils de Gunhild."

    Nul ne sembla pressé de donner une réponse au roi, mais Eyvind finit par répondre à son discours.

    "Toi qui sur les champs de bataille a déversé

    Souvent des giboulées de puissants javelots !

    Il serait malséant pour nos braves guerriers

    De s'enfuir au-dessus des vagues océanes,

    De s'enfuir au-dessus des rouleaux bleus du Nord

    Alors que c'est du Sud que se profile Harald,

    Chevauchant fièrement bon nombre de navires

    Par-dessus la marée spumeuse de la mer,

    Et nombre de navires et de vikings du sud.

    Empoignons donc nos boucliers, courageux roi !"

     

    Le roi répondit : "- Ton conseil, Eyvind, est celui d'un homme, et selon mon cœur. Mais je veux entendre l'opinion des autres sur le sujet."

    Maintenant que les hommes du roi discernaient dans quel sens ce dernier inclinait, ils répondirent qu'ils préféraient tomber bravement et comme des hommes, plutôt que fuir devant les Danes, ajoutant qu'ils avaient souvent reporté la victoire contre l'avantage du nombre. Le roi les remercia pour leur résolution, et leur ordonna de s'armer. Et tous les hommes obéirent. Le roi revêtit son armure, et ceignit son épée Kvernbit, et plaça un heaume doré sur sa tête, prit une lance (Kesja) à la main et un bouclier à son côté. Il conduisit ainsi les hommes de sa cour et les boendr, et leva sa bannière.

     

    29- L'armement des fils d'Eirik.

    Après la mort du roi Gamle, le roi Harald, fils d'Eirik, devint le chef des frères, et il disposait d'une grande armée en Danemark. Cette armée comprenait aussi les frères de sa mère, Eyvind Skreyja et Alf Askman, tous les deux forts et capables, et grands tueurs d'hommes. Les fils d'Eirik amenèrent leurs navires au large de l'île, et on raconte que leurs forces étaient de six contre un, tant étaient supérieurs en nombre les fils d'Eirik.

     

    30- L'ordre de bataille du roi Hakon.

    Une fois que le roi Hakon eut placé ses hommes, on raconte de lui qu'il ôta son armure avant que la bataille ne commence.

    Ainsi chanta Eyvind Skaldaspiller, dans le Hakmarmal :

    "Ils trouvèrent courageux le frère de Blorn

    Debout comme autrefois dessous son oriflamme,

    Préparé au combat. L'ennemi avança.

    La ligne de front leva ses brillantes lances :

    Et alors commença la sanglante bataille !

    Alors débuta, sauvage, le jeu de Hild !

    Notre noble roi, dont le nom frappe de peur

    Au cœur chaque Danois, et dont la longue lance

    Maniée à une main a fait couler le sang

    De nombreux nobles du Danemark, se tenaient,

    Sous l'aile d'aigle de leurs heaumes rutilants,

    Parmi les combattants. Mais le courageux roi

    Enleva son armure, tandis que ses hommes

    Offraient leur poitrine dénudée à la pluie

    De lances et de flèches, sa cuirasse sonnait

    En repoussant les pierres. Et, volontaire et gai,

    En se ruant dans la plus épaisse mêlée,

    Hakon le preux prit part à la fête des morts."

    Le roi Hakon avait volontiers choisi pour sa garde ou sa cour des hommes qui s'étaient distingués par leur force et leur courage, ainsi que procédait son père le roi Harald. Et parmi eux se trouvaient Thorlaf Skolmson le Fort, qui se tenait aux côtés du roi. Il portait heaume et bouclier, épée et lance, Et son épée était nommée Footbreadth (large d'un pied). On a raconté que Thoralf et le roi étaient égaux en force. Thord Sjarekson en parle dans le poème qu'il composa sur Thoralf :

    "Les hommes du roi vinrent avec des mots joyeux

    Au choc brutal des boucliers et des épées

    Enflammées, lorsque les vagabonds de la mer

    Combattirent à Fitjar. Le robuste Thoralf,

    Vint auprès du héros des guerriers du nord,

    Répartissant au loin la flamme des batailles,

    Car dans la tempête de boucliers nul autre

    Que lui ne se risqua auprès du brave Hakon."

    Lorsque les deux lignes se rencontrèrent, ce fut un combat âpre, plein d'effusions de sang. Les combattants jetèrent leurs lances et tirèrent leurs épées. Alors le roi Hakon, et Thoralf avec lui, partirent en avant de la bannière, fauchant des deux côtés.

    Voici ce qu'en dit Eyvind Skaldaspiller.

    "Les manteaux d'acier nu, cottes tissées de fer,

    Coulaient comme de l'eau devant l'élan puissant

    De l'épée de Hakon, le champion-souverain.

    Autour du crâne de chaque homme du Gautland

    Se fendait le heaume, tel la glace sous le pas,

    Ouvert par la hache ou la lame d'épée,

    Et le roi courageux, premier dans la bataille

    Teinta de cramoisi le blanc immaculé

    De son targe argenté, du sang de l'ennemi.

    Montait de la bataille une clameur sauvage,

    Féroce et résonnant de rivage à rivage."

     

    1 Une épée tient ouverte la gueule de Fenrir, l'empêchant de mordre. Le bâillon de Fenrir est un kenning pour épée.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, hakon le bon, fitjar

    La bataille de Fitjar. C. Krohg.

     

     Heimskringla, snorri sturluson, hakon le bon                                                                                                              Heimskringla, snorri sturluson, hakon den gode 


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