• Heimskringla : Préface de Snorri Sturluson.

    Heimskringla, snorri sturluson

    Les deux textes de préface de l'Heimskringla ("Préface de Snorri Sturluson" et "Du prêtre Are Frode") trouvent chez moi un écho particulier. En tant que scientifique, j'ai été formée à toujours justifier mes assertions à l'aide de références considérées comme valables (publications dites peer-reviewed, "évaluées par des pairs"). C'est très précisément ce que fait Snorri dans ses écrits, après avoir posé les bases permettant de comprendre cette œuvre dans un contexte d'histoire des religions. Il explique pour quelles raisons ses références sont valables, et démontre à l'aide d'arguments logiques pourquoi il est légitime de les utiliser. J'avoue n'être pas assez calée en histoire pour juger de la pertinence des dits-arguments. Par contre, sa démarche est la bonne, et est restée la même 800 ans après.

     

    Heimskringla, Snorri Sturluson.


    ou la Chronique des Rois de Norvège
    par Snorri Sturluson

     

    Préface de Snorri Sturluson

     

    Dans ce livre, j'ai couché de vieilles histoires par écrit, telles que je les ai entendu raconter par des gens intelligents1, concernant les chefs qui ont dominé dans les pays du Nord, et qui parlaient la langue danoise, et également sur certaines des branches de leur famille, selon ce qui m'en a été dit. Certains de ces récits se trouvent consignés dans les registres de l'ancienne famille, dans lesquels la généalogie des rois et autres personnages de haute naissance est enregistrée, et une partie est rédigée d'après de vieilles chansons et ballades que nos ancêtres contaient pour leur divertissement. Maintenant, bien que nous ne puissions pas dire avec certitude quelle part de vérité ces textes renferment, nous avons la conviction que les anciens sages les ont tenues pour vraies.

    Thjodolf de Hvin a été le scalde de Harald Haarfager, et il a composé un poème pour le roi de la Haute-Montagne Rognvald, qui est appelé "Ynglingatal." Ce Rognvald était le fils d'Olaf Geirstadalf, le frère du roi Halfdan le Noir. Dans ce poème, une trentaine de ses ancêtres sont dénombrés, et la mort et la sépulture de chacun décrites. Il commence par Fjolner, un fils d'Yngvefrey, que les Suédois, longtemps après son époque, ont adoré et pour lequel ils se sont sacrifiés, et dont la race et la famille des Ynglings tirent leur nom.

    Eyvind Skaldaspiller aussi fit la liste des ancêtres du jarl Hakon-le-Grand dans un poème intitulé "Haleygjatal", composé sur Hakon, et il y mentionne Saeming, un fils de Yngvefrey, et il décrit de même le décès et les rites funéraires de chacun. Les vies et l'époque de la race des Ynglings ont été écrites à partir de la version de Thjodolf, et le récit s'est enrichi par la suite à l'aide des apports de personnes savantes.

    Quant aux rites funéraires, le premier âge en est appelé l'Age des Bûchers, parce que tous les morts étaient consumés par le feu, et des pierres levées étaient érigées au-dessus de leurs cendres. Mais après que Frey a été enseveli sous un cairn à Uppsala, de nombreux chefs ont élevé des cairns, aussi nombreux que les rochers, à la mémoire de leurs proches.

     

    L'âge des Cairns a vraiment commencé au Danemark après que Dan Milkillate eut fait ériger pour lui-même un tumulus funéraire, et eut ordonné qu'il fût enterré dessous après sa mort, avec ses ornements royaux et son armure, son cheval et son harnachement et d'autres biens de valeur, et nombre de ses descendants ont suivi son exemple. Mais la crémation des défunts continua, bien après cette époque, à être une coutume des Suédois et des Norvégiens. L'Islande a été occupée à l'époque où Harald Haarfager était roi de Norvège.

    Il y avait des scaldes à la cour d'Harald dont les poèmes sont connus du peuple par cœur même de nos jours, de même que toutes les chansons sur les rois qui ont régné en Norvège depuis son temps, et nous fondons notre histoire principalement sur les chansons qui ont été chantées en présence des chefs eux-mêmes ou de leurs fils, et tenons pour vrai tout que l'on trouve dans ces poèmes sur leurs exploits et leurs batailles : car bien que ce soit dans la manière des scaldes de louer ceux en présence de qui ils se trouvent, nul n'oserait relater à un chef ce que lui, et tous ceux qui l'entendent, savent être faux et imaginaire, et non pas un compte-rendu exact de ses actes ; parce que ce serait raillerie, non éloge.

     

    Heimskringla : l'Orbe du Monde

    Une page de l'Heimskringla

     

    1 : savants

     

    Heimskringla                                                                                                                                                               Heimskringla

     


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 25 Août 2013 à 18:18

    Le Loup remonte la piste... Et là je suis impressionné par cette description presque "à chaud" de l'évolution des pratiques funéraires qui peut nous éclairer sur les mêmes phénomènes à d'autres époques (je pense aux Celtes voire à plus anciens en Europe continentale).

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